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Le coworking Une nouvelle philosophie Nicole Turbé- Suetens, experte dans la transformation de l’organisation du travail par la technologie, partner au cabinet LBMG Worklabs. Orange France magazine interne — Mars 2015 / n° 21 22 Tendance

Le coworking dans Orange Mag

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Le coworkingUne nouvelle philosophie

Nicole Turbé-Suetens,experte dans la transformation de l’organisation du travail par la technologie, partner au cabinet LBMG Worklabs.

Orange France magazine interne — Mars 2015 / n°Ê2122

Tendance

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L’idée de partager des bureaux est née à San Francisco, en 1995. Des professionnels indépendants (graphistes, consultants…) cherchaient alors une solution pour travailler autrement, de façon moins isolée, tout en minimisant leurs coûts de fonctionnement. Depuis, le coworking (1) s’est amplifi é. On compte aujourd’hui près de 300 000 coworkers à travers le monde. En France, ce mode de travail innovant concerne 16,7 % des travailleurs (contre 12,7 % en 2011) (2).

Comment définir le coworking et les coworkers ?

Nicole Turbé-Suetens :

Grâce aux nouvelles technologies, de plus en plus de métiers peuvent être exercés de n’importe où. Les coworkers l’ont bien compris. À la recherche d’un nouvel équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ils veulent travailler vite et mieux. Ils souhaitent aussi se mêler à un environnement confortable et fl exible qui soit aussi stimulant et porteur de valeur ajoutée. Les coworkers sont

essentiellement des indépendants, issus de métiers créatifs, liés, de près ou de loin, aux technologies et l’information et de la communication ; 78 % d’entre eux ont moins de 40 ans.Aujourd’hui, même si ce profi l demeure majoritaire dans les nombreux espaces de coworking créés, on y trouve également des entrepreneurs de tous types et des salariés itinérants préférant l’atmosphère de ces lieux à l’anonymat des cafés Wi-Fi ou autres lieux publics. L’expérimentation en cours « Quel bureau demain ? » (3) montre que ces tiers-lieux peuvent également séduire des salariés sédentaires en leur permettant de travailler plus près de chez eux et d’éviter ainsi le stress et le temps passé en trajets domicile-travail.

Serait-on à un tournant dans notre façon de travailler ?Les indépendants ouvrent la voie. Ils démontrent que l’on peut travailler autrement que selon les modèles traditionnels à domicile qui présentent deux

grands inconvénients : l’isolement du travail chez soi et le coût d’une location de bureau. Se regrouper par affi nités permet, en effet, de faire des économies et de créer une communauté cohérente dans laquelle s’expriment les complémentarités et se développe la collaboration.Les formules de coworking s’adaptent à toutes les confi gurations de besoins, depuis l’utilisation d’une salle de réunion à l’heure jusqu’à l’occupation d’un bureau personnel pour une durée choisie. Ces espaces ont un côté fourmilière en mode ébullition. Mais, si certains utilisateurs apprécient au quotidien la richesse de ce mouvement, d’autres vont, au contraire, rechercher le calme pour se rapprocher du collectif à des moments bien spécifi ques. Flexible, le fonctionnement du coworking est fondé sur le respect des autres et du bien commun. Quelques grandes entreprises s’intéressent au modèle et le testent actuellement. Elles apprécient qu’il soit fi nancièrement plus

abordable dans la durée que les formules classiques des centres d’affaires. Ces derniers n’ont pas été conçus pour créer ce brassage socioprofessionnel recherché par les salariés, ravis de sortir de leur écosystème direct.

Le coworking est-il appelé à se développer plus encore ?La mobilité devient une réalité dans le monde du travail. Or, il a été prouvé que les gens travaillent mieux – plus vite et pour une meilleure qualité – dans un environnement choisi. Par ailleurs, les salariés sont prêts à accompagner le changement à partir du moment où ils en comprennent l’intérêt. Les entreprises qui adoptent le coworking affi rment y gagner en motivation et en productivité. L’absentéisme y est également moins élevé. Enfi n, en contribuant au bien-être des professionnels et à l’attractivité de la marque employeur, les espaces de coworking jouent également un rôle important pour l’ancrage des talents en régions.

Chiffres clés

5 780Le nombre d’espaces de coworking dans le monde est passé de 600 en 2010 à 5 780 en 2014.

Villa Bonne Nouvelle

En octobre dernier, Orange a inauguré son espace de coworking, la Villa Bonne Nouvelle, située au 5, rue Mazagran, à Paris.

Cet espace de 350 m2, qui pourra accueillir une cinquantaine de personnes, se veut un espace de rencontre, d’échange et de collaboration entre les équipes projet Orange – présentes par intermittence – ainsi que des free-lances et des start-up issus d’horizons variés.

295 000Le nombre de coworkers a bondi de 21 000 à 295 000. On prévoit qu’ils seront 2 370 000 d’ici à 2018.

200On compte aujourd’hui plus de 200 espaces répartis sur l’ensemble du territoire, avec une plus forte densité en Île-de-France.

Source : « Deskmag », le magazine du coworking.

(1) Le coworking, ou travail coopératif, est un nouveau type d’organisation du travail regroupant deux notions : un espace de travail partagé et un lieu de socialisation qui offrent des services aux professionnels qui s’y installent.(2) Étude de l’Obergo (Observatoire du télétravail, des conditions de travail et de l’ergostressie).(3) L’expérimentation « Quel bureau demain », menée par le Centre Michel Serres et LBMG Worklabs, s’est déroulée entre mai et décembre 2014 auprès d’un panel de grandes entreprises et d’administrations publiques ayant accepté de tester des alternatives aux lieux de travail classiques.

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