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Tendances digitales : les usages en 2011
Ce blog étant dédié aux tendances, je ne pouvais me dispenser d’un billet sur les tendances
de cette nouvelle année 2011. Si beaucoup des prédictions 2011 se sont intéressées aux
technologies (et leurs acteurs), j’ai pris le parti pris de m’intéresser aux usages qui les ont
impulsé (quand il s’agit de « market-pull ») et/ou qu’elles vont générer. Mais il ne s’agira pas
de se focaliser sur les usages digitaux en tant que tels mais plus de les analyser à travers le
prisme des modes de vie (relations sociales, attitudes, aspirations, comportements, façons
de consommer…) : comprendre en quoi nos modes de vie favorisent l’adoption de ces
usages digitaux et comment ces usages à leur tour influencent les modes de vie.
10 tendances des usages digitaux ont été identifiées, à partir d’une synthèse des articles
prédictions/tendances 2011 diffusés sur la Tweetosphère complétée par des informations
glanées au cours de ma veille :
· Virtu-Réalité
· Internet everywhere
· Check-in
· Social shopping/ Recommandation sociale
· Consommation collaborative
· Bons plans
· Agrégation/ Curation
· Micro-communautés
· Gamification
· Déconnexion digitale
Afin d’alléger la lecture de ce mini-rapport de tendances, celui-ci se présente sous la forme
d’une série de billets.
Bonne lecture.
Tendance n°1 : Virtu-Réalité
J’ai volontairement commencé par la tendance Virtu-Réalité (soit l’imbrication des mondes
virtuels et réels), car il s’agit d’une des tendances qui me semble la plus importante
puisqu’elle est transversale à de nombreuses autres tendances.
Le online et le offline ne sont plus deux univers clos où l’on mènerait de part et d’autre des
activités sans liens et conséquences. La frontière entre ces deux univers devient de plus en
plus poreuse, rendant possible « de nouvelles interactions entre nos activités et identité
virtuelles (réseaux sociaux) et nos activités et identité réelles ».
Au moins quatre facteurs favorisent cet enchevêtrement dans différents aspects de notre
vie:
· L’essor des objets connectés, en particulier ceux mobiles (smartphones, tablettes),
combiné à la géolocalisation (et leur corollaire, le boom des applications
géolocalisées). Ces derniers deviennent ainsi des passerelles entre le réel et le virtuel.
Les réseaux sociaux ne favorisent plus seulement les rencontres « virtuelles » avec des
personnes aux quatre coins du monde mais aident de plus en plus à rencontrer « pour de
vrai » ses voisins (au sens de personnes situées à proximité). Des services de géolocalisation
(qui utilisent la puce GPS de notre mobile), comme Foursquare, Facebook Places, Twitter
Places, Google Latitude, Geomium ou encore Submate permettent aux individus d’indiquer à
leurs réseaux ou à leurs « voisins » où ils se trouvent pour éventuellement se rencontrer ou
de signaler leur présence dans un commerce (activité réelle) pour bénéficier de réductions.
On a également vu fleurir ces derniers mois des réseaux sociaux ciblés, s’appuyant sur la
fonctionnalité de géolocalisation, qui connectent les gens « en vrai ». Des sites comme
Planely, Eezeerator ou Find a flight buddy (application Facebook) permettent aux voyageurs
aériens de trouver des compagnons de vol tandis que d’autres facilitent le neighbor dining
(les repas entre voisins) ou le colunching (les déjeuners entre inconnus). « J’suis Sympa », un
réseau social qui a vu le jour en novembre 2010 se positionne même comme un réseau
« réel » privilégiant les rencontres dans la vraie vie. Les membres se voient remettre des
signes de reconnaissance (badge, t-shirt, bracelet) pour montrer qu’ils sont ouverts à la
discussion et à l’entraide.
· La réalité augmentée
Les applications de réalité augmentée sur smartphones favorisent l’interpénétration des
univers réels et virtuels en délivrant des informations ou des recommandations sur les lieux
(UrbanDive, Nomao), sur des objets (Google Goggles) ou des personnes (TAT Augmented ID)
que l’on rencontre, en surimpression de la réalité. (Pour en savoir plus)
L’usage de la réalité augmentée se développe également dans l’e-commerce pour permettre
de « combler l’écart d’intangibilité » de l’expérience d’achat online et de la rendre plus
« réelle », en proposant par exemples des essayages virtuels plus réalistes (je pense entre
autres aux applications qui permettent d’essayer virtuellement des lunettes) ou des
simulations de la présence d’un produit (chaise, canapé, commode, etc.) au sein de la pièce
censée l’accueillir. Mais on observe également le phénomène inverse, c’est-à-dire
l’introduction de la réalité augmentée mais aussi plus généralement des technologies dans
les points de vente physiques. Par exemple, Adidas a mis au point un mur tactile (adiVerse)
pour les points de vente physiques qui propose aux shoppers, de visualiser les chaussures
modélisées en 3D, ainsi que des informations, des contenus audiovisuels et les
recommandations qui se trouvent sur les réseaux sociaux. Il s’agit donc de combiner réel et
numérique pour rendre l’expérience d’achat plus riche pour le (e-)shopper.
· Le mobile tagging.
On voit de plus en plus de QR codes (codes barres en deux dimensions) sur les packagings,
sur les affiches publicitaires, sur internet, dans la presse… Ces codes barres 2D permettent
de stocker de façon codée des contenus (texte, adresse de site internet, numéro de
téléphone, SMS…). Pour les déchiffrer, il suffit de les scanner via un smartphone équipé d’un
appareil photo numérique et d’une application adéquate. Concrètement, cela peut par
exemple permettre à un shopper d’accéder in situ à des informations complémentaires sur
un packaging (informations nutritionnelles, traçabilité, prix dans les autres magasins, avis
des consommateurs, coupons de réduction). C’est une nouvelle manière de relier le monde
physique au monde numérique. (Pour en savoir plus)
· Les commandes par mouvement dans les jeux vidéos.
Ces technologies permettent une pratique de jeu plus immersive, de « s’aventurer plus
concrètement dans l’imaginaire » (Thomas Jamet). On connaissait déjà la Wiimote de
Nintendo qui intègre des capteurs de mouvements permettant de reproduire les gestes dans
le jeu. Plus récemment, Sony a lancé la Playstation Move et Microsoft le Kinect qui va même
plus loin en supprimant la manette et en la remplaçant par l’utilisateur (son corps) qui
devient l’interface.
D’autres initiatives plus symboliques témoignent aussi de cette réintégration de la vie
numérique dans la vie réelle. Il s’agit du phénomène Dead Drop (à l’initiative d’un artiste
new-yorkais Aram Bartholl) et de l’opération ‘Este regalo no es tuyo’ (à l’initiative de
l’agence de communication espagnole Honest & Smile) qui consistent à placer dans des villes
des clés USB où chacun peut déposer ses fichiers et récupérer ceux du précédent visiteur.
C’est une sorte de matérialisation des réseaux peer to peer (permettant aux internautes
d’échanger des fichiers), avec la ville comme nouvel espace d’échange.
Selon moi, ces usages (découlant sur une imbrication des univers réels et virtuels) encore
émergeants vont se développer en 2011 car ils répondent à deux types d’attentes
croissantes. D’une part, face à l’importance croissante du digital dans leur vie, les individus
veulent réinjecter de l’humain dans leur vie quotidienne et cherchent à avoir des
connections physiques avec les personnes. D’autre part, l’intégration du numérique dans le
réel répond à une volonté de profiter de la richesse d’informations et des commentaires
(qui sont de plus en plus consultés comme en témoigne la tendance « Shopping
sociale/Recommandation sociale ») présents sur la toile dans un contexte local d’usages et
de besoins.
Tendance n°2 : Internet everywhere
http://www.aximark.fr/blog/2011/01/2011-lannee-du-mariage-entre-le-social-et-le-business/
Internet était déjà très présent dans nos vies, cela va aller en croissant. Avec l’essor des
objets connectés, les individus et leurs objets du quotidien seront connectés en
permanence. Le mariage de l’électronique et de l’internet donnent naissance à des appareils
intelligents interconnectés et reliés à internet :
· Les téléphones mobiles équipent 91% des français de 15 à 60 ans (dont 21% de
smartphones). 48% se sont déjà connectés à Internet depuis leur mobile et 55%
d’entre eux le font au moins une fois par semaine (chiffres issus de l’étude AFMM
réalisée par Médiamétrie au deuxième trimestre 2010). Le taux de pénétration de
l’internet mobile va continuer de croitre en 2011, notamment grâce aux
smartphones, et va s’accompagner d’une démocratisation des usages. Selon une
étude Capgemini, le mobile sera le premier point d’accès à internet en 2014 en
France. Il est en passe de devenir « l’interface principale de nos vies technologiques »,
et permet d’être connecté partout et n’importe quand.
· Les tablettes tactiles vont devenir une nouvelle interface d’internet, en phase avec
des usages de plus en plus mobiles (en 2010, 1/4 des Français se sont connectés à
l’internet en situation de mobilité, selon l’Arcep et le Crédoc). En 2010, les Français
ont acheté 435 000 tablettes et 1 million de ventes sont prévues pour 2011, selon
GFK. La plupart des prédictions pour 2011 s’accordent pour faire de la tablette un des
équipements incontournables de cette année.
· Les TV connectées vont faire leur apparition dans les foyers, grâce aux box des
opérateurs (Free a ouvert la marche avec sa Freebox Revolution) et aux téléviseurs
équipés d’un ordinateur embarqué. Je pense que la croissance sera en 2011 surtout
impulsée par les box des opérateurs, car le renouvellement d’une télévision reste un
coût important et pour l’instant, seuls les plus curieux et technophiles se laisseront
tenter. Le téléviseur deviendra donc un nouvel écran de la toile et offrira divers
usages : obtention d’informations sur le programme en cours, visionnage de vidéos
en streaming, transfert facilité de contenus de son ordinateur, accès aux médias
sociaux, consultation de photos sur des sites de partage, … Mais une possibilité ne
fait pas forcément l’usage, il faudra donc attendre les premières études sur les TV
connectées pour voir l’adoption réelle qui sera faite de cette technologie.
· Les voitures connectées se développent (Ford, Toyota, BMW, Mini). Grâce à des
systèmes embarqués ou à des applications smartphones, il est désormais possible
d’intégrer le numérique dans son véhicule. La voiture connectée offre de nouveaux
services en matière de sécurité (système d’assistance géolocalisée, mise en
communication des véhicules pour limiter les accidents), d’informations pratiques sur
la manière de conduire de l’utilisateur (accélération, consommation) et sur
l’environnement extérieur (trafic en temps réel, points de recharge pour les véhicules
électriques), de loisirs (accès à de la musique ou des films, accès à ses réseaux
sociaux, à ses flux rss).
· Les objets du quotidien sont également connectés : la maison avec la domotique
(technologies visant à assurer des fonctions de sécurité, de confort, de gestion
d’énergie et de communication qu’on peut retrouver dans une maison.),
l’électroménager (le réfrigérateur peut être reprogrammé depuis n’importe où et
prévenir par SMS de la péremption d’un produit, le four télécharge recettes et
méthodes de cuisson et envoi un SMS lorsque la cuisson est terminée, le lave-linge
présente les meilleurs horaires pour consommer le moins d’énergie possible et payer
moins cher,… pour ne citer que quelques exemples présentés lors du CES 2011), les
appareils multimédias (les appareils photo se dotent d’une connectique Wi-Fi tel que
le Samsung SH100 qui permettra de partager ses images à distance, d’enregistrer
l’endroit où les clichés ont été réalisés grâce au GPS , les cadres photo numériques se
dotent aussi de connexion numérique et rapatrient automatiquement les clichés
partagées en ligne), jusqu’à la nouvelle cabine Photomaton qui permet d’envoyer ses
photos par email ou de les partager directement sur ses réseaux sociaux. Et bientôt
même le mobilier urbain sera intelligent.
· Nous devenons nous-mêmes connectés, à travers nos vêtements ou même
directement notre corps.
Ces objets connectés (ou cet internet des choses) illustrent bien l’extension d’internet au
monde physique (voir tendance « Virtu-Réalité »).
(Pour en savoir plus)
Tendance n°3 : Check-in
Le check-in est tout d’abord le fait de se géolocaliser (indiquer sa position géographique), à
un moment donné, avec son téléphone mobile.
En 2010, près d’un Français sur cinq (19 %) a utilisé les fonctions de géolocalisation sur
téléphone mobile. Les raisons avancées d’utilisation de ce type de service sont les suivantes :
partager des points d’intérêt (35%) ou sa position à des proches (32%), se distraire (25 %)
(cela renvoie à la dynamique de jeu avec des systèmes de badges, de récompenses comme
dans Foursquare) et obtenir des informations ou des services (27 % pour connaître l’avis
d’autres utilisateurs, 23 % pour noter les lieux fréquentés, 15 % pour recevoir des bons de
réduction) (chiffres issus d’un sondage réalisé par l’Ifop pour l’Atelier BNP Paribas).
Avec la démocratisation des smartphones, cet usage va continuer de croitre. D’autant que
les services de géolocalisation se multiplient (Foursquare, Facebook Places, Twitter Places,
Google Latitude, Dismoioù, Foodspotting, Geomium…), de même que leurs fonctionnalités
(partager sa position à ses réseaux sociaux, connaître celle de ses amis, trouver les bonnes
adresses à proximité et les avis de consommateurs, ajouter des commentaires et des photos
à ses check-in, recevoir les offres promotionnels des magasins à proximité…). Pour l’instant,
Il s’agit plutôt de services de niche, mais l’usage de Facebook Places devrait démocratiser le
check-in, puisque la motivation première est de partager des points d’intérêt et sa position
auprès de ses réseaux et que Facebook reste le réseau social le plus important (son taux de
pénétration en France est de 30% selon les statistiques Facebook). La « recommandation
sociale » (suggestion de contenus, de lieux, de produits de la part de ses pairs) sera
également un levier de croissance, comme nous le verrons dans le billet consacré à cette
tendance.
Mais au-delà du check-in des lieux, les individus « checkineront » également des contenus
en lien avec leurs centres d’intérêts. Il existe déjà des services permettant de « checkiner »
(partager et commenter) les programmes TV que l’on aime ou que l’on est en train de
regarder. Citons, Miso, Jakaa, Teleglu, Devantlatele, TweetYourTv ou encore Teleglu. Ce
check-in des contenus ne s’arrête pas aux programmes TV, mais peut concerner tous les
divertissements. Par exemples, GetGlue permet aussi de « checkiner » ses musiques, ses
livres ou ses jeux vidéos et Meebo les sites internet sur lesquels on surfe. Enfin, on peut
aussi « checkiner » des produits/marques. Untappd est un réseau social avec application
mobile pour les amateurs de bière qui souhaitent signaler à leurs réseaux la bière qu’ils sont
en train de déguster. Ils peuvent dire également avec qui et où ils la consomment.
Le check-in est une nouvelle manière de se définir auprès de ses pairs sur le web, d’enrichir
son identité en ligne. Il permet de partager ses centres d’intérêt, tout en apportant une
dimension « live » (où je suis ? qu’est-ce que je suis en train de faire ? qu’est-ce que je
consomme ?), qui est d’ailleurs en phase avec la dictature culture du temps réel qui
imprègne nos sociétés. Ces services de check-in permettent aussi de savoir ce que nos amis
sont en train de faire et d’assouvir notre « addiction à la vie séquencée des autres »
(Florence Hermelin). C’est également une façon de rendre des pratiques individuelles plus
communautaires, en connectant les gens par le biais d’expériences partagées, de
discussions en direct. Or, notre société est marquée par un fort désir de « faire ensemble »,
de redécouvrir le collectif, en réaction à un sentiment de solitude collective, de précarisation
de l’existence et à l’individualisme.
(Pour en savoir plus)
Tendance n°4 : Social shopping
/Recommandation sociale
http://www.flickr.com/photos/cultureculte/2307719232/
Le social shopping est un comportement d’achat lié à une dynamique communautaire de
partage et de recommandation avec d’autres consommateurs.
Il s’agit d’une tendance de fond qui a émergé avec le web 2.0, qui a mis à disposition des
outils (forums, avis client sur les sites…) permettant d’échanger des avis, de partager des
expériences produits/services, de noter, de comparer ses achats avec d’autres
consommateurs et de bénéficier ainsi d’une recommandation plus objective que celle du
vendeur. C’est une pratique commune puisque 63% des internautes consultent les avis des
autres consommateurs avant l’acte d’achat (Médiamétrie, 2010). La sollicitation des avis
dans le processus décisionnel dépasse la simple sphère du commerce pour s’étendre à de
plus en plus d’activités quotidiennes (la recherche d’information, la fréquentation de
lieux…). La recommandation sociale devient une véritable tendance de fond.
Cette tendance devrait considérablement se développer en 2011, drivée, en grande partie,
par Facebook, qui permet plus particulièrement de bénéficier non pas de la
recommandation d’autres consommateurs inconnus mais de l’avis de ses proches. Or, il
s’agit de la première source d’information des internautes puisque 81,8% s’informent auprès
des gens qu’ils connaissent et environ 60% s’informent auprès d’autres consommateurs
(ADETEM, Research Now et Socio Logiciels, 2008). On a vu se généraliser, en 2010, les
boutons « like » sur les sites (entre autres de e-commerce mais pas seulement), qui
permettent aux internautes d’indiquer à leurs réseaux de contacts qu’ils ont aimé un
contenu ou un produit, de les recommander. Par exemple, Levi’s a été une des premières
marques a intégré cette fonctionnalité, offrant ainsi la possibilité à ses utilisateurs de
« liker » leurs produits favoris ou de visualiser les produits favoris (les plus “likés”) de leurs
réseaux d’amis. Certains e-commerçants intègrent la technologie Open Graph de Facebook
sur leur site, permettant aux e-shoppers de se connecter avec leur compte Facebook et de
bénéficier ainsi de recommandations de produits en fonction des profils de leurs contacts ou
même de chatter avec eux pendant leur shopping. Ils peuvent ainsi savoir quels articles ont
été achetés et sont populaires parmi leurs amis et voir les recommandations de produits
qu’ils ont rédigées. Par exemple, sur TripAdvisor, les internautes peuvent choisir leur
destination de voyage à partir des avis de leurs amis, puisqu’une carte personnalisée indique
les destinations de voyages de leurs contacts et leurs commentaires. Cloud Shopper permet
d’avoir les opinions de nos amis sur des produits disponibles sur Amazon. ShopTogether ou
DoTogether permettent d’inviter ses amis à faire du shopping online et de chatter avec eux
au sujet des produits. Ce social shopping peut également prendre d’autres formes, comme
par exemples les recommandations automatiques pour faire des cadeaux. Ebay Group Gifts
facilite l’achat de cadeau en commun et propose des idées de cadeaux en fonction du profil
du destinataire du cadeau. Amazon informe des dates d’anniversaire de ses amis et donne
des suggestions de cadeau construites à partir des centres d’intérêt renseignés dans leur
profil. L’intégration la plus poussée du social dans le shopping est l’insertion d’un onglet d’e-
commerce sur sa page fan Facebook, via des applications telles que ShopTab, Lengow ou
Boosket, mais en termes de bénéfices utilisateurs, il s’agit au mieux des mêmes que ceux
cités précédemment.
Google se lance aussi sur le terrain de la recommandation avec Google Hotpot, son moteur
de recommandation locale basé sur les suggestions d’amis (accessible en application via
Google Places). Concrètement, avec ce service, il est possible de noter et de rechercher des
endroits, et notamment ceux fréquentés et commentés par nos amis. Par ailleurs, Google
rend aussi désormais visible les avis des consommateurs (une note moyenne) dans ses liens
sponsorisés, permettant aux internautes d’identifier plus facilement les marchands les mieux
notés. Mais au-delà des liens sponsorisés, c’est tout son moteur de recherche que Google
(.com) fait évoluer vers un moteur de recommandation. Grâce à la fonctionnalité Social
Search, les détenteurs d’un compte Google peuvent s’ils le souhaitent intègrer directement
dans les résultats de leur moteur les liens partagés par leurs contacts et leurs réseaux
sociaux.
Le secteur de la mode est particulièrement dynamique en matière de recommandation,
comme en témoigne les réseaux sociaux communautaires dédiés qui fleurissent sur la toile
et sous forme d’applications (Fashism.com, WizzMi.com, Looknbe.com, CLOZfor.me…) et qui
permettent de partager ses goûts et de recueillir l’avis des internautes sur une tenue depuis
son dressing réel ou fictif (constitué via ces plateformes) ou une cabine d’essayage.
La favorisation de la recommandation sociale, dans le domaine du e-shopping, est une
manière de rapprocher l’expérience d’achat sur internet de celle dans la vie réelle. En
faisant son shopping sur internet, le consommateur se retrouve seul devant son ordinateur à
surfer sur les sites des magasins et à choisir ses produits. En intégrant les autres dans cette
expérience, on tente de reproduire les usages de la vraie vie, à savoir les séances de
shopping entre amis ou en famille et le plaisir de faire du shopping.
La recommandation sociale devient aussi le fer de lance des applications mobiles, qui
deviennent de véritables guides communautaires. Il est donc désormais possible de
rechercher, en fonction des avis des consommateurs ou même de ses amis, les bonnes
adresses à proximité (Google Places, Dismoioù, Balumpa) ou les meilleurs produits (Google
Shopper). La recommandation fait aussi son entrée dans les points de vente physique,
comme on a pu le voir avec Adidas et son mur tactile adiVerse qui permet entre autres
d’accéder aux avis des consommateurs.
(Pour en savoir plus)
Tendance n°5 : Consommation collaborative
http://www.aximark.fr/blog/
La consommation collaborative est un mode de consommation alternatif à celui
actuellement à l’œuvre dans nos sociétés (quête de possessions individuelles et matérielles,
renouvellement rapide des biens) qui fait prévaloir l’usage sur la propriété. Il s’appuie sur
l’optimisation des ressources grâce au partage, à l’échange de biens et ressources entre
particuliers.
Concrètement, la consommation collaborative renvoie à la récente explosion des formes
traditionnelles de partage, d’échange, de vente, de location ou de don entre particuliers
rendues possibles par les technologies nouvelles du web (web 2.0 ou web collaboratif). Elle
s’étend à de nombreux biens : de la voiture (autopartage, covoiturage, location de voitures
entre particuliers) à l’habitat (colocation, location de logement entre particulier, partage
temporaire et gratuit de logement), en passant par l’espace de travail (coworking), les objets
dont on se sert ponctuellement ou dont on ne se sert plus, les productions individuelles
jusqu’aux compétences.
Plusieurs facteurs expliquent la remise au goût du jour de ces pratiques :
- Le web 2.0, en favorisant le partage de contenus online et l’usage des communautés
(notamment des réseaux sociaux), a banalisé ces usages en habituant les mentalités à cette
culture de partage et d’échange peer-to-peer in real life. Il a aussi généralisé ces pratiques à
des activités quotidiennes (et plus seulement dans des contextes de conjonctures
particulières) et à des inconnus (et non plus limitées au cercle de proches), grâce à
l’émergence d’espaces collaboratifs (places de marché, communautés peer-to-peer où se
font la redistribution, le partage ou l’échange) et à des systèmes de réputation (permettant
de « construire la confiance des acheteurs et d’entretenir la loyauté des vendeurs »*)
nécessaires à l’instauration de cette consommation collaborative.
- La crise économique, en entrainant une dégradation (réelle ou perçue) du pouvoir
d’achat, suscite une recherche d’optimisation des budgets et une vigilance quant au prix.
Cela favorise (et valorise) le développement d’une culture de l’achat malin et de la bonne
affaire, ainsi que la mise en place de système d’entraide, de solidarité. Ces pratiques sont
également l’occasion de générer un revenu supplémentaire, en transformant une possession
ou une compétence en cash.
- La préoccupation environnementale grandissante fait prendre conscience de la
nécessité d’une consommation plus durable, qui passerait notamment par l’optimisation des
ressources.
- La crise de sens, qui découle entre autres des deux facteurs précédents, amène les
individus à repenser leur façon de vivre et de consommer. Cette quête de sens se traduit,
d’une part, par la redécouverte du lien social (le collectif, la solidarité, la coopération). C’est
le « moi-nous » de la « ré-alliance » (Françoise Bonnal). D’autre part, elle débouche sur une
remise en question de notre façon de consommer (volonté de rupture avec le « toujours
plus ») afin qu’elle soit moins nuisible pour l’environnement mais aussi moins superficielle
pour soi. Nous entrons dans l’ère du « bien avoir » (Rémy Oudghiri, Directeur des Etudes
Prospectives à Ipsos)
Ce mouvement prend de l’ampleur comme en témoigne la récompense de deux entreprises
de la consommation collaborative (Super-marmite, prix de l’originalité et Deways, prix
public) lors de la compétition des startups de l’édition 2010 LeWeb. Sans parler des autres
startups apparues en France en 2010 et des projets prévus en 2011. Plusieurs signaux en
provenance des Etats-Unis, qui sont en avances sur les usages de l’internet, sont assez
révélateurs du potentiel de ce secteur (http://www.consommationcollaborative.com/640-
la-consommation-collaborative-phenomene-de-2011.html). Le développement de cette
offre répond à une demande elle-même croissante : 68% des Français ont pratiqué l’achat
ou la vente entre particuliers en 2010 (selon le baromètre du CtoC réalisé par OpinionWay).
En 2011 et dans les années à venir, on peut s’attendre à la diffusion de ce mouvement grâce
aux nouvelles opportunités offertes par numérique. Zilok, le site de location entre
particuliers, envisage d’intégrer la géolocalisation afin de rendre plus rapide la recherche des
objets et la recommandation sociale qui permettra de générer de la confiance et
d’évangéliser la pratique.
On observe également la multiplication des initiatives visant à partager des moments avec
des personnes que l’on ne connaît pas : partager des loisirs (coloisirs), un voyage
(cotravelling), un repas (colunching, neighbor dining) ou se réunir avec ses réseaux virtuels
(apéros Facebook ou apéritweet). On ne peut pas vraiment rattacher cela à de la
consommation collaborative mais ces nouvelles pratiques illustrent la diffusion d’un esprit
de collaboration au-delà de notre façon de consommer. Ce sont nos styles de vie qui
deviennent collaboratifs (et moins individualistes).
Pour en savoir plus sur la consommation collaborative, je vous renvoie sur ce très bon site
*http://www.consommationcollaborative.com/ qui a été ma source pour cette partie et sur
mon pearltrees.
Tendance n°6 : Bons plans
http://henrikaufman.typepad.com/
Comme je l’avais expliqué dans un billet précédent (« Portrait du nouvel individu-
consommateur »), la crise, en renforçant le sentiment de dégradation du pouvoir d’achat,
s’est traduite par la mise en place de stratégies d’achat malin. Ces dernières peuvent
prendre la forme d’achats de produits d’occasion ou de la location notamment entre
particuliers comme on l’a vu à travers la « consommation collaborative ». Mais l’achat malin,
c’est aussi la quête de bons plans, de promotions.
Un des indicateurs qui atteste le mieux de l’actualité et de la vigueur de cette tendance est
le succès de Groupon, un site internet d’achats groupés pour bénéficier de bons plans, de
prix réduits. Le site fondé en novembre 2008 aux Etats-Unis est maintenant disponible dans
plus de 35 pays, avec 50 millions de membres. Son chiffre d’affaires 2010 serait estimé à
près de 500 millions de dollars (et sa valeur à près de 5 milliards de dollars américains)
(Source). Pour ce qui est de la France, le premier deal aurait été conclu le 1er février 2010 et
depuis, ce serait 1 million de coupons qui aurait été vendu (Source).
L’attrait des Français pour le couponing va au-delà des deals de Groupon. En 2010, les
consommateurs français ont utilisé près de 380 millions de coupons de réduction, soit une
hausse de 15% par rapport à l’an passés (HighCo Data).
La croissance de 26,3% du chiffre d’affaires (en valeur) de l’e-commerce (Journal du Net,
janvier 2011) témoigne aussi de cette volonté des consommateurs de faire des économies. Il
s’agit d’ailleurs de la première motivation pour acheter en ligne. 56% des internautes
estiment que les prix y sont plus compétitifs et 80% y préparent leurs achats, notamment en
recourant aux comparateurs de prix (Médiamétrie, 2010).
La quête de bonnes affaires ne devrait pas aller en diminuant en 2011, bien au contraire.
D’autant que le marché des Deals connait une effervescence incroyable. Ces services se
multiplient depuis 2010 sous l’impulsion de nombreux acteurs qui se lancent dans l’achat
groupé mais aussi dans les deals géolocalisés (l’utilisation de la géolocalisation pour envoyer
des coupons de réduction aux consommateurs à proximité du point de vente). Vente-privée
et Club-Privé.fr ont créé leurs filiales d’achats groupés, Rosedeal et Dealgroop. Google
s’apprêterait à lancer Google Offers (un service d’achat groupé). Même Facebook s’y est mis
avec son offre de deals géolocalisés et une fonction d’achat groupé « Buy with friends »
(pour le moment à l’état de test). Ce marché voit aussi naître de nouvelles start-up telles que
Dealissime, Bon-privé, KGB Deals, ClubDeal et une nouvelle niche avec les
agrégateurs/comparateurs de bons plans (Tuttodeal, DealSurf, Gary Coupon, 123deal).
Il y a peu de risques à prendre en pariant que les marques vont saisir ces nouvelles
opportunités pour proposer des promotions à des consommateurs toujours en quête
d’économies. Avec les deals géolocalisés, le téléphone mobile va devenir un canal privilégié
pour offrir et dénicher des bons plans.
(Pour en savoir plus)
Tendance n°7 : Agrégation et Curation
Lien de la vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=qetufaD7JGM&feature=player_embedded
Voir les statuts de ses amis sur Facebook et jouer à Farmville, consulter ses mails puis les
actus de son compte Viadeo ou Linkedln (ou les deux), chatter sur Messenger, consulter son
agrégateur, faire sa veille sur Twitter, lire les commentaires et poster un billet sur son blog,
faire une petite tournée de ses sites favoris (YouTube, Ventes-privées, le blog de Garance
Doré…) … voici le rituel auquel se plient les internautes quotidiennement. Je force peut-être
un peu le trait, même peut-être beaucoup pour une part encore importante de la population
(française) car tous les internautes ne combinent pas tous ces usages d’internet, de manière
quotidienne. Mais je n’exagère pas en disant qu’internet occupe de plus en plus de temps
dans nos vies (la fréquence comme la durée de connexion sont en augmentation) et que nos
activités numériques deviennent de plus en plus chronophages et difficiles à gérer.
Entre autres, la multiplication de nos identités numériques (pseudos et rôles que l’on y
rattache) via nos adresses de messagerie, nos numéros de téléphone, nos blogs, nos
affiliations sur des sites (forums, jeux en ligne, ventes aux enchères…) ou encore nos réseaux
sociaux (selon l’Ifop, un internaute est en moyenne présent sur 2,9 réseaux sociaux et près
d’un tiers est membre de quatre réseaux sociaux ou plus) devient difficilement gérable.
D’autant que l’essor de réseaux plus ciblés pour chacun de nos centres d’intérêt (voir
tendance « Micro-communautés ») va dans le sens d’une augmentation de nos réseaux.
Cette « schizophrénie numérique » génère donc un besoin de solutions de gestion multi-
médias sociaux. Les agrégateurs de réseaux sociaux, comme Hootsuit, Yoono, Zbang,
Netvibes, Joinbox, Status Hopper devraient donc rencontrer un succès croissant. On voit
d’ailleurs aussi apparaître des agrégateurs dans d’autres domaines. Par exemple, Faveous
est un agrégateur qui permet d'agréger les contenus mis en favoris, via nos différents
comptes (Facebook, Twitter, You Tube, Google Reader...), facilitant ainsi notre veille et Fuz.li,
une galerie pour réunir et partager ses photos auprès de ses différentes réseaux sociaux. On
voit également de plus en plus d'agrégateurs de deals pour faire face à l’explosion des sites
de bons plans auxquels nous pouvons nous affilier (voir tendance « Bons plans »).
Autre usage sur internet nécessitant des solutions de gestion : la recherche d’informations.
Face à l’inflation de contenus sur le web social (comme en témoigne la hausse de la création
de blogs et de leur activité en 2010 ou encore les 100 millions de nouvelles inscriptions sur
Twitter) et de la vitesse de publication et de circulation, le sentiment d’infobésité s’aggrave
et il devient difficile de rechercher de l’information (de savoir quelles informations sont
importantes, où trouver du contenu qui nous intéresse, de chercher des informations dans la
profondeur du web…).
Un besoin de tri, de filtrage de ces contenus, « pour ne conserver que le meilleur», se fait
donc ressentir. Les internautes veulent accéder directement à des informations qui les
intéressent sur un sujet, déjà filtrées, organisées et résumées par leurs pairs (on voit encore
la tendance « Recommandation sociale » à l’œuvre) pour ne pas perdre de temps. Pour y
répondre, une nouvelle activité a fait son apparition : la curation, du moins surtout dans la
terminologie (le buzzword de 2011), car elle existait déjà d’une certaine manière à travers
l’annotation et l’organisation de bookmarks ou la recommandation de contenus. Mais le
contexte actuel d’augmentation du volume d’informations et la pénétration d’outils comme
Twitter, qui favorise le partage et la hiérarchisation de liens, lui donne de l’importance.
On peut définir la curation comme le fait de trier, filtrer de l’information que l’on a cumulé
et ensuite d’éditer ce contenu (contextualiser, enrichir, mettre en scène) pour l’adapter au
public qui va le recevoir. On distingue deux catégories de curation:
- Le data curating qui se fait sur la base d’un algorithme (cette catégorie n’est pas
toujours prise en compte dans la définition de la curation, qui correspond, pour certains, à la
réinjection de l’humain dans la sélection d’informations). Le choix des sources est humain
mais ensuite la sélection et le classement des informations sont réalisés par l’outil. Il s’agit
par exemples des social-magazines comme Paper.li ou Flipboard qui sélectionnent et
mettent en scène des informations issus des réseaux sociaux.
- Le social curating qui correspond au filtrage social, humain. Il existe des services qui se
sont spécialisés dans cette curation « humaine ». C’est le cas de Scoop.it qui permet de créer
une page où l’on collecte et commente les articles qui nous semblent pertinents sur un sujet
ou de Pearltree qui permet d’organiser graphiquement ses bookmarks.
Pour ce qui est des curators, ils « curationnent » pour :
- S’exprimer par passion sur leurs sujets favoris, sur leur domaine d’expertise auprès de
personnes qui partageront les mêmes centres d’intérêts (ceux qui n’est pas forcément le cas
sur Facebook par exemple) et créer en quelque sorte une communauté autour de cet intérêt
(besoin de partager sa passion et par la même occasion de définir son identité).
- Le plaisir d’informer les autres, d’apporter sa contribution au web social (besoin de
participation, de se sentir utile).
- Etre reconnu comme un référent sur un sujet (besoin de reconnaissance, de
valorisation sociale d’expertise).
- Partager du contenu, qu’ils n’ont pas produit, mais qu’ils ont sélectionné, organisé,
« mis en page » : se positionner comme le rédacteur en chef de leur propre espace, média
(besoin d’être acteur de l’information).
Le développement de plateformes dédiées à cette activité de curation devrait démocratiser
cet usage du web social. Tout un chacun pourra être curator dans son domaine de
prédilection. La curation s’inscrit plus largement dans une « tendance vers la simplification
de l’expression ». Comme l’explique Marc Rougier, le média par curation est l’étape suivante
après les blogs et les réseaux sociaux d’une simplification et démocratisation de l’accès à
l’expression. Il est désormais possible de s’exprimer, sans effort de création (contrairement
au blogging qui est une activité chronophage et qui demande des qualités rédactionnelles),
par le partage ou l’élection (et la qualification) de contenus pré-existants.
(Pour en savoir plus)
Tendance n°8: Micro-communautés
http://www.flickr.com/photos/flc/1344368986/
En 2011, nous rechercherons des contenus de qualité (voir tendance « Agrégation et
Curation ») mais aussi des interactions sociales plus qualitatives. Par « qualitatives »,
entendons des relations plus authentiques, plus affinitaires et plus enrichissantes. Au
« petit monde » qui nous est offert grâce aux réseaux techniques (la théorie des « six
degrés »), nous préférerons un « petit monde » qui soit plus fermé.
C’est ainsi que 2011 verra une multitude de réseaux sociaux de niche, de micro-
communautés se superposer sur le graphe social des gens, qui correspond à l’heure
actuelle bien souvent aux réseaux sociaux tels que Windows Live, Facebook et Copains
d’avant (les trois premiers réseaux sociaux auxquels appartiennent les Français selon
l’Observatoire des réseaux sociaux Ifop d’octobre 2010). Le caractère trop généraliste,
« médias de masse » de ces réseaux amènent les individus à se recentrer vers des sites plus
communautaires répondant mieux à certaines de leurs attentes. Parmi ces attentes, la
volonté d’échapper au sentiment de « solitude collective » (Dominique Cuvillier, 100
tendances d’aujourd’hui et pour demain), généré par l’accumulation de relations
superficielles, fragiles, peu porteuses de sens, qui se traduit par des « rapprochements
d’intérêt, d’affection », des « collusions de compétences ». De même, le déploiement du web
dans nos vies (voir tendance « Internet everywhere ») qui nous rend connectés en
permanence, qui rend « publique » notre vie privée fait naitre le besoin de « recréer des
espaces confinés et de qualité à l’intérieur du réseau ». D’une certaine manière, on peut
aussi dire que les réseaux techniques en favorisant l’électivité de nos réseaux sociaux (au
sens sociologique du terme, c’est-à-dire des relations entre des entités sociales) ont aussi eu
pour conséquence la moindre tolérance à composer avec ceux dont la présence s’impose à
nous et donc à un certain développement de l’entre-soi (Pierre-Yves Cusset). D’autant que
cet entre-soi est plus propice à la libre expression que les « médias de masse » qui obligent à
une certaine autocensure.
L’apparition des hashtag communautés sur Twitter (telles que #usguys), c’est-à-dire un
groupe de personnes qui se créent un hashtag (mots-clé) pour pouvoir communiquer,
converser autour d’un sujet et distinguer leurs messages parmi la marée de tweets, est assez
révélatrice de la volonté de se réorganiser en petits réseaux. Ce détournement de Twitter
vise à répondre à des « besoins communautaires », de « communication horizontale » non
satisfaits par les réseaux sociaux populaires. D’ailleurs, il existe maintenant des applications
pour créer des groupes sur Twitter, telles que Grouptweet, Tweetworks, Buzzable ou
TweetKnot. En octobre dernier, Facebook a lancé Facebook Group, une nouvelle
fonctionnalité permettant de créer des communautés plus restreintes et plus fermées et
accessibles sur invitation seulement. Ces groupes peuvent permettre d’échanger autour d’un
intérêt commun, de discuter en direct avec tous les membres du groupe ou de partager des
contenus uniquement avec son cercle intime.
Mais au-delà de ces nouvelles fonctionnalités des réseaux sociaux généralistes, se
développent des réseaux sociaux de niche que l’on peut regrouper en trois catégories :
· Les communautés d’expert
Les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook ont propagé les conversations rapides
(réflexions et états d’âme en 140 caractères, partage de liens) et « dans les nuages » (pour
reprendre Francis Pisani et Dominique Piotet qui désignent par là une communication souple
dans laquelle les destinataires ne sont pas spécifiés et ont la possibilité de répondre comme
et quand ils le désirent ou même qui n’appellent pas forcément de réponse) au détriment
des échanges de qualité.
Afin de revaloriser ces derniers, des espaces privilégiés, fondés sur l’expertise, l’exclusivité,
la cooptation, se créent pour abriter des communautés de qualité. C’est le cas par exemple
de Quora qui a fait le buzz ces dernières semaines. Il s’agit d’un réseau social de
questions/réponses sur laquelle il faut être invité pour devenir membre. Chaque membre
peut ensuite suivre des personnes et des sujets qui l’intéressent et poser des questions
ouvertes à la communauté ou des questions ciblées à un expert. Il en résulte des micro-
communautés d’experts avec des contributions de qualité et des échanges très riches.
· Les communautés de proches
On ne connaît pas un cinquième de nos contacts sur Facebook, tel est le constat qui ressort
d’une étude récente. Face à cette superficialité des relations, on assiste à un retour à
l’essentiel, à l’authenticité qui se traduit notamment par un recentrage autour des cercles
concentriques proches (famille, amis). Le lancement de deux réseaux sociaux anti-Facebook,
Diaspora en septembre dernier et Path en novembre, pourrait bien être un des signaux
avant-coureur de cette nouvelle tendance de réseaux se restreignant aux « liens forts ».
Diaspora est un réseau social qui se donne pour ambition de rendre à l’utilisateur le contrôle
de sa vie privée grâce à une architecture décentralisée (« réseau distribué, où des
ordinateurs distincts se connectent les uns aux autres directement, sans passer par un
quelconque serveur central »). Deux personnes pourront donc partager des informations,
des contenus de façon privée. Quant à Path, il s’agit d’un réseau social (pour smartphones)
de partage des photos/vidéos qui présente la particularité (son point fort) de limiter le
nombre de contacts à 50. « 50 » car ce serait « la frontière de nos réseaux personnels » selon
une étude menée par Robin Dunbar. Ce réseau « personnel » permet donc de partager des
données intimes uniquement à son cercle restreint de proches. Une manière de pallier aux
problèmes de confidentialité des réseaux sociaux comme Facebook.
· Les communautés d’intérêt
Nos « amis » sur les réseaux généralistes n’ont pas forcément par les mêmes centres
d’intérêt que les nôtres et ne sont pas forcément la meilleure source de contenus. C’est une
des raisons qui amènent les individus à s’affilier à des communautés de niche répondant
mieux à leurs attentes.
Une myriade de réseaux sociaux ciblés fait son apparition sur la toile pour satisfaire nos
différents intérêts : Sens Critique pour la littérature, Figment pour la littérature, Overbooke
pour la musique, Instagram pour la photo, Ciel pour les auto-entrepreneurs, Planely pour
mettre les voyageurs d’un même vol en contact pour n’en citer que quelques uns.
La multiplication des sites de rencontres basés sur des centres d’intérêt (littérature :
Alikewise sur la littérature, Tastebuds sur les goûts musicaux, Marmite Love sur les affinités
culinaires) est aussi révélateur de la volonté d’échanges, de rencontres par affinités.
En 2011, ces micro-communautés devraient continuer à se développer (du côté de l’offre et
de la demande) au détriment des réseaux sociaux généralistes (car le temps n’est pas
extensible), à moins que ces derniers développent des fonctionnalités de filtres ou de listes
pour faciliter la segmentation parmi ses contacts.
(Pour en savoir plus)
Tendance n°9 : Gamification
Flickr http://bit.ly/dUG534
La gamification est la « tendance à concevoir le monde comme un vaste terrain de jeu »
(ajouter une couche de jeu au monde).
En ces temps durs (crise, insécurité généralisée, pessimisme), nous avons besoin d’évasion,
de divertissement pour nous redonner le moral, pour réenchanter notre quotidien. Le jeu
répond à cette attente et c’est surement une des raisons qui explique qu’il gagne autant
notre quotidien. Il peut aussi se comprendre comme une manière de reprendre le pouvoir
sur sa « vie », d’être « maître du jeu ». On constate ainsi que ce loisir est de plus en plus
prisé et pas seulement par les gamers.
Plusieurs facteurs y concourent :
· L’élargissement du marché des jeux vidéos aux non-consommateurs relatifs grâce à
la sortie de consoles/accessoires (Wii, Nintendo DS, Kinect, Playstation Move) et de
jeux vidéos plus orientés grand public et famille. Cette nouvelle génération de jeux
vidéos déploie la mécanique du jeu dans de nombreuses activités comme
l’entretien de sa santé physique et mentale, l’éducation, la cuisine…
· L’intégration du gaming dans les réseaux sociaux (qui sont la première occupation
des internautes). Le social gaming rencontre un véritable succès, avec des jeux
comme FarmVille et CityVille. 58% des utilisateurs de réseaux sociaux jouent à des
social games. Au total, il y aurait plus de 13,5 M de joueurs de social games en
France (source). L’engouement est telle que certaines marques, comme La Redoute,
commencent à récompenser la fidélité de leurs clients par de la monnaie virtuelle
pour acheter des biens virtuels dans les social games.
· La démocratisation des smartphones et l’explosion du marché des applications
mobiles. Les jeux sont la catégorie d’applications la plus téléchargée en 2010, avec
Angry Birds qui arrive en tête. Avec les jeux sur mobiles, le temps et l’espace ne sont
plus des contraintes pour le jeu puisqu’on peut jouer quand on veut et où on veut.
· La croissance des réseaux sociaux géolocalisés qui s’appuient sur la dynamique de
jeu. Les exemples les plus marquants sont bien sûr Foursquare et Gowalla avec leur
système de compétition, de récompenses avec des badges. Mais citons également
l’application MyTown qui rencontre un très grand succès. Il s’agit également d’un
social game basé sur la géolocalisation mais qui s’apparente à une partie de
Monopoly géant. Ses utilisateurs peuvent acheter et valoriser les lieux qu’ils
fréquentent ou encore gagner de l’argent virtuel au passage des autres joueurs réels.
Ce type de jeux nous fait jouer dans la ville et illustre bien la fusion croissante des
mondes réels et virtuels.
· La libéralisation du marché des jeux d’argent et de hasard sur internet. En 2010, les
Français ont misé 5 milliards d’euros en ligne. Entre autres, le poker représente plus
de 4 milliards (et 2 millions de joueurs) et les paris sportifs 450 millions d’euros
(Source).
En 2011, la gamification continuera à s’amplifier et à s’appliquer à des champs toujours plus
variés : la grande consommation, la médecine, la culture et même les relations amoureuses.
D’autant plus que, comme l’explique Vanksen, les marques injectent de plus en plus de
« jouabilité » dans leur offre, en termes de parcours (on a vu ces derniers mois plusieurs
restaurants expérimenter le principe du jeu d’aventure urbaine avec des indices à trouver
pour découvrir le lieu du repas), de récompenses (badges, points/actions effectuées), de
classement. C’est une manière pour elles d’égayer le quotidien de leurs clients en leur
apportant du fun ludique et surtout c’est un outil marketing qui peut se révéler très efficace
(profiling, influencer les achats et les déplacements, encourager la fidélité…). Certaines
entreprises, comme Gamify, y ont vu une nouvelle opportunité de business : proposer aux
annonceurs d’ajouter des mécaniques du jeu (de « gamifier ») à leurs outils de
communication ou à leur offre. Enfin, les entreprises et les institutions recourent de plus en
plus au serious game à des fins pédagogiques.
(Pour en savoir plus)
Tendance n°10 : Déconnexion digitale
Digital Downtime http://bit.ly/hqeWAm
La déconnexion digitale, qui est la dernière tendance que je développerais dans cette série
de billets sur les tendances des usages digitaux, est peut-être celle qui est la plus émergente
et la moins développée, mais elle n’en est pas moins importante. Elle fait écho au discours
sur la volonté croissante d’un meilleur équilibre entre vie privée et vie digitale, d’un retour
à l’humain et marque peut-être le début d’une remise en cause des technologies. En effet,
le discours sceptique, parfois alarmiste, de certains experts sur l’impact des technologies
numériques dans notre vie (solitude, appauvrissement des relations, perte de contrôle de
notre vie privée, …) (voir ces deux articles du Guardian et du Monde) commence à trouver
un écho dans la population. Pour l’instant, ce mouvement concerne une faible frange de la
population mais il peut être annonciateur d’une évolution peut-être plus massive.
Face à l’infobésité, à la connectivité permanente, au multitasking et à notre plus grande
difficulté à filtrer ces stimuli et à gérer cette hyperactivité, on commence à voir pointer une
saturation, une « social media fatigue ».
Pour y remédier, certains adoptent une posture radicale (du moins sur le principe car dans
les faits, elle n’est que temporaire) en faisant l’expérimentation de la déconnexion (Digital
downtime). On peut lire sur internet de plus en plus de retour d’expériences de personnes
qui se sont débranchées pendant un laps de temps et qui racontent les frustrations mais
surtout les bienfaits de cette « pause ». Au-delà de ces initiatives personnelles et isolées, des
opérations pour nous faire décrocher de nos écrans voient le jour (« 10 jours sans écrans » ,
« 1 jour par semaine sans e-mails » ou encore la journée mondiale sans Facebook qui sera
lancée le 1er
avril 2011). Ces déconnexions peuvent être le signe d’une lassitude personnelle
et d’une volonté de plus de tranquilité et de simplicité. Mais elles peuvent aussi traduire un
acte politique (préserver sa vie privée, résister à l’asservissement des technologies, à la
pression sociale), être une manière de maitriser sa connexion ou encore de rendre aux
réseaux sociaux la place qui est la leur et privilégier les relations de proximité.
Cette remise en cause des technologies s’inscrit plus largement dans la remise en questions
de nos modes de vie (au même titre que notre mode de consommation).
(Pour en savoir plus : Les geeks se débranchent ; Marre d’être branché ?)
En résumé, en 2011, les individus pourront être connectés en permanence à la toile et à
leurs réseaux. Les jeux virtuels investiront de plus en plus notre quotidien, jusqu’à la
transposition de leur mécanique dans la vie réelle. Nous ferons des allers-retours entre le
offline et le online, afin de vivre des expériences plus riches (en puisant dans la richesse
d’informations du web, en sollicitant les avis de nos pairs) et de créer plus de connexions
physiques. « Ensemble » sera un mot qui caractérisera beaucoup de nos activités, et entre
autres la consommation, comme en témoigne le social shopping, la consommation
collaborative, l’achat groupé ou le check-in de contenus/produits (qui rend des pratiques
individuelles plus communautaires). Face à une vie numérique toujours plus intense mais
aussi plus intrusive et produisant des interactions sociales superficielles et beaucoup de
contenus inutiles, les individus privilégieront la qualité des contenus et des échanges.
Certains iront jusqu’à se déconnecter temporairement de cette vie numérique.
Cette liste des tendances n’est pas exhaustive. Il a également d’autres tendances mais je n’ai
recensé dans ce billet que celles qui prendront de l’importance et qui me semblent les plus
extensives (versus marginales), durables et nouvelles. Il est vrai que toutes ces tendances
identifiées sont liées plus ou moins directement au digital, mais au-delà de mon intérêt pour
ce sujet qui a eu une influence certaine, je pense que le choix de ces tendances fait écho à
l’importance que prend le numérique dans nos vies.
Voici quelques-unes des autres tendances, concernant plus largement les modes de vie,
qui marqueront 2011 :
· La consommation verte continuera de se développer mais au même rythme
qu’actuellement, c’est-à-dire assez légèrement. Elle est surtout présente dans les
discours mais se traduit encore peu par le passage à l’acte
(http://www.trendmark.fr/perspectives62_tendance3.html). Il s’agit pourtant d’une
forme de consommation alternative (consommation ajustée) comme la
consommation collaborative, mais cette dernière, à la différence de la consommation
verte, va vraiment se développer car non seulement elle permet d’entrer dans un
mode de consommation plus durable mais surtout elle permet aussi de répondre à la
recherche de prix bas, qui reste une des préoccupations principales des
consommateurs. De plus, la croissance de la consommation collaborative est
soutenue par le web 2.0.
· Le succès de l’achat direct auprès des fournisseurs se poursuivra. Manger plus frais,
connaître l’origine des produits, consommer local (pour soutenir l’économie locale et
limiter les émissions de CO2), des préoccupations qui font que cette solution séduit
de plus en plus de consommateurs. Mais encore une fois, ce seront les formes de
consommation qui permettent aussi de faire des économies qui se développeront le
plus. Les AMAP ne concernent encore qu’une faible partie de la population car elles
n’induisent pas forcément des coûts moins élevés mais relèvent avant tout d’un acte
militant. De même, plusieurs difficultés (développement et organisation de l’offre,
trouver des terrains) devront être levées pour démocratiser cette forme de
commerce. (Pour savoir en plus)
· La valorisation du « local » demeura. On a vu en effet que les réseaux sociaux se
mettent de plus en plus au service des liens de voisinage (proximité spatiale). Les
sites de e-commerce comme Groupon ou prochainement Google Local Shopping
revalorisent le commerce de proximité à travers leurs offres dans les magasins
physiques à proximité des consommateurs, de même que la géolocalisation et les
opportunités de couponing ciblé géographiquement vont aussi dans ce sens. Le
« local » est valorisé, également à travers des initiatives marketing de marque qui
utilisent la localité (l’origine géographique) comme argument commercial.
Cependant, la consommation axée sur le « local » (manger des produits de proximité
pour réduire les dépenses en énergie, retrouver les goûts du terroir et respecter le
principe de saisonnalité), qui est poussée à son paroxysme avec les locavores, est
encore loin d’être une pratique commune, pour les raisons évoquées précédemment
pour l’achat direct auprès des fournisseurs. On voit donc qu’en ce qui concerne la
consommation locale, il s’agit d’une pratique qui se développe surtout passivement,
dans le sens où elle est impulsée par l’offre mais que les démarches réellement
actives et qui reposent sur des convictions sont encore minoritaires.
· La valorisation du passé sera toujours d’actualité. La peur du présent et la fuite de
l’avenir amènent les individus à se réfugier dans le passé, à idéaliser notamment
l’époque des trente glorieuses (http://www.ipsos.fr/ipsos-public-
affairs/actualites/culte-france-vintage). Dans les faits, cela se traduit, par exemples,
par l’explosion du fait maison (Do It Yourself) en cuisine, en déco, en couture ou en
bricolage ou par la hausse de l’allaitement. La crise a rendu dépassé l’image de la
career woman des années 80 et a entrainé un repli sur le foyer qui est le lieu de
refuge protégeant des agressions extérieures, un recentrage sur la vie privée qui est
replacé à égal avec le travail. Ajoutons à cela le retour en force du naturalisme.
· Le retour des bons sentiments. La gentillesse, la bonne éducation, la bienveillance,
l’empathie, l’altruisme, le souci de l’autre, la sensibilité aux malheurs, les solidarités
de proximité, l’engagement humanitaire ont le vent en poupe. Conséquence de la
crise et de la lassitude face à l’égocentrisme, la brutalité et la superficialité de notre
société, l’humain redevient important et façonne une société de considération. Mais
ces sentiments sont aussi valorisés par les intellectuels, notamment dans les sciences
sociales, qui les ont pourtant longtemps attribués aux faibles d’esprit. Cette nouvelle
posture reflète un changement de paradigme - le passage d’une approche de
l’individu rationnel à une approche de l’«individu relationnel » – qui s’est fait en
réaction aux méfaits des temps modernes (crise économique et sociale dans un
contexte de libéralisation économique, délitement social dans une société
hyperindividualiste). « L’idéologie humanitaire est, quoi qu’il en soit, devenue notre
manière d’appréhender le monde ». (http://www.scienceshumaines.com/le-temps-
des-bons-sentiments_fr_26653.html ;
http://documentation.aacc.fr/Record4169003/4D343F7D.pdf).
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