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DISCUSSIONS 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 A LA RECHERCHE DE L’ÉQUILIBRE VIE PRO / VIE PERSO

A la recherche de l'équilibre vie pro/vie perso

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Cet ebook est la synthèse du Débat du mois RegionsJob consacré à la recherche de l'équilibre Vie pro/Vie perso. Une douzaine d'experts y ont contribué sous la forme d'articles, ainsi que plusieurs illustrateurs et de nombreux candidats et internautes.

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Il n’est pas toujours simple de bien gérer sa recherche d’emploi. L’évolution rapide des modes de recrutement complique encore la chose. Pour les candidats, il est important de connaitre les bonnes pratiques pour avoir plus de chances de trouver un emploi épanouissant. Une fois le job de rêve décroché, encore faut-il gérer sa carrière et son employabilité pour construire un projet professionnel sur le long terme. Pour vous apporter un éclairage sur des problématiques qui nous concernent tous, RegionsJob propose le « Débat du mois ». Un rendez-vous régulier autour d’un thème qui relie recruteurs, candidats et experts. Chacun peut s’exprimer en publiant des articles, en répondant à des questions ou en donnant son avis en commentaires. De nombreux canaux sont mis à votre disposition : Facebook, Twitter, les blogs… Les conseils de tous sont utiles pour parvenir à un guide pratique.

Ce document est la synthèse de notre premier Débat du mois. Il est consacré au difficile « équilibre vie privée/vie pro ». Notre travail peut en effet prendre une place importante au quotidien. Il empiète parfois sur la vie de famille, sur le temps consacré aux amis et aux loisirs. Un bon équilibre est pourtant nécessaire pour tenir sur le long-terme et éviter le « burn-out ». Démotivation, problèmes de santé, isolement ou encore baisse de la productivité… les effets négatifs d’une mauvaise conciliation entre les sphères personnelle et professionnelle sont nombreux.Pour vous aider à rétablir l’équilibre, nous avons demandé leur avis à une dizaine d’experts et professionnels des ressources humaines. En plus des conseils pratiques, plusieurs voies alternatives comme l’expatriation ou le télétravail sont aussi abordées. Différents illustrateurs ont enrichi le document en mettant ce sujet en images. Et bien sûr, de nombreux témoignages de candidats viennent compléter notre synthèse.

Bonne lecture !

INTRODUCTION

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SOMMAIREChApITRE 1 : DéfINITIONS ET ChAMp D’ApplICATION

Définitions de l’équilibre vie pro/vie perso, par Sylviane Lauro 5

Une vie équilibrée passe par l’entreprise, par Pierre Denier 8

Illustration de Jo L’Indien 10

Articuler vie professionnelle et vie personnelle : la quête d’un impossible absolu ? par Karen Demaison 11

ChApITRE 2 : ASTUCES ET CONSEIlS

Des idées pour un meilleur équilibre entre vie privée et travail, par Yves Deloison 14

la difficile conciliation entre vie pro et vie perso, par Gaëlle Picut 15

Illustration d’Anne Defréville 17

A la recherche du juste équilibre entre privée et vie professionnelle, par Laurent Rodriguez 18

6 conseils pour un meilleur équilibre vie pro/vie perso sur le web, par Lilian Mahoukou 19

ChApITRE 3 : TRAvAIllER AUTREMENT

Expatriation : vers une meilleure qualité de vie ? par Marion Lemarchand 21

Changer de métier pour mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle ? par Sylvaine Pascuale 22

Illustration de Shug 23

la mobilité en province, par Edouard Chabanon et Antoine Colson 24

le télétravail permet-il de concilier vie professionnelle et vie privée ? 25 par Xavier de Mazenod

ChApITRE 4 : TéMOIgNAgES

Témoignage de Vanessa Buchlin 28

Savoir se déconnecter quand on travaille dans le web 29

le difficile équilibre vie pro/vie perso pour un community manager, 33 par Flavien Chantrel

Illustration de Tony Gouarch 34

Synthèse 35

REMERCIEMENTS

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CHAPITRE 1

Définitions etchamp d’application

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SylvIANE lAURO

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TITRE

Sylviane Lauro est Intervenante en Prévention des Risques Professionnels, en charge de la prévention des risques psychosociaux au sein d’un établissement hospitalier (1050 agents). Elle s’occupe également de la gestion du site internet du centre hospitalier de Digne, est formatrice et consultante, et blogue sur IPRP. Vous pouvez aussi consulter son interview pour

en savoir davantage sur le métier d’Intervenant en Prévention des Risques Professionnels. en savoir davantage sur le métier d’Inter sle métier d’Intervenant en Prévention des Risques Professionnels.

« Parmi les personnes qui exercent une activité professionnelle, près de quatre sur dix trouvent que leur travail rend difficile l’organisation de leur vie de famille. » Etude 2004 Ministère de l’emploi, du travail et de la cohésion sociale.

PréambuleA l’heure où nous parlons de plus en plus de prévention des risques psychosociaux, la notion d’équilibre vie privée / vie professionnelle, prend une dimension de plus en plus prégnante et tous les experts s’accordent à dire que si la frontière est très poreuse entre ces deux dimensions, l’une ne va pas sans l’autre et lorsque l’une défaille, il est important que l’autre prenne le relai et inversement.

La notion d’équilibre, comme le terme l’indique, renvoie à l’image du funambule sur son fil, prêt à basculer d’un côté comme de l’autre, ne dit-on pas aussi « être sur la corde raide » ou encore être « borderline » Terme biologique qui renvoie également à cet équilibre interne que chaque individu maintient naturellement à chaque instant. Ou cette image de la balance et ses deux plateaux qui nous fait bien prendre conscience de la notion « équilibre-déséquilibre » :

1er plateau : les exigences du travail, la charge émotionnelle, l’autonomie et les marges de manoeuvre, les relations de travail, les conflits de valeur, l’insécurité socio-économique etc : La perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement

2ème plateau - vie privée : comprenant ce qui est de « l’intime », notre vie personnelle, familiale, amicale, nos loisirs, nos relations, notre hygiène de vie, nos aspirations, nos souffrances, notre affect, notre intelligence émotionnelle, nos valeurs, notre éthique, nos compétences, notre savoir faire, notre personnalité etc etc : La perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face

On parle d’ailleurs de stress au travail quand une personne ressent un déséquilibre entre ce qu’on lui demande de faire dans le cadre professionnel (vie professionnelle) et les ressources dont elle dispose pour y répondre (vie privée).

Définition

Le conflit entre le travail et la vie personnelle survient lorsque les exigences professionnelles et familiales sont incompatibles et qu’il devient par conséquent difficile d’assumer un rôle sans nuire à un autre (Edwards et Rothbard, 2000; Greenhaus et Beutell 1985). Cette définition sous-entend la présence d’une relation multidirectionnelle dans laquelle travail et famille s’influencent mutuellement (Frone, 2002). Lorsque ces deux dimensions entrent en conflit, il faut abandonner les gratifications dans un domaine pour pouvoir en recevoir dans un autre (Edwards et Rothbard, 2000). On peut voir le conflit entre le travail et la vie personnelle comme ayant deux composantes principales : les aspects pratiques associés aux horaires surchargés et aux conflits d’horaire (c. à d. nul ne peut se trouver à deux endroits au même moment) ainsi que l’impression d’être dépassé par les événements, surchargé et stressé en raison des pressions subies dans de multiples rôles. Dans le cadre d’une enquête canadienne, le conflit entre le travail et la vie personnelle comprend :

- La surcharge de rôles : Cette forme de conflit entre le travail et la vie personnelle survient quand les exigences totales en matière de temps et d’énergie associées aux activités à entreprendre sont trop importantes pour qu’une personne remplisse ses obligations adéquatement ou sans inquiétude

- L’interférence du travail dans la famille : Ce type d’interférence survient quand les exigences et responsabilités professionnelles rendent difficile l’exécution des responsabilités familiales (p. ex. de longues heures de travail rémunéré qui empêchent d’assister à une activité sportive d’un enfant, des préoccupations liées au travail qui ne permettent pas de participer pleinement à la vie familiale, les retombées du stress au travail sur le foyer, qui augmentent les conflits avec les membres de la famille).

- L’interférence de la famille dans le travail : Ce type d’interférence entre les rôles se produit quand les exigences et responsabilités familiales rendent difficile l’exercice des responsabilités professionnelles (p. ex. un enfant malade retient le parent à la maison ou des conflits familiaux nuisent à la concentration au travail).

- La pression sur le fournisseur de soins : Concept à plusieurs dimensions qui est défini du point de vue des « fardeaux » pesant sur le quotidien du fournisseur de soins et découlant de la nécessité de donner des soins à une personne (Robinson, 1983).

Quelles catégories de salariés ?Ce sont les travailleurs indépendants qui déclarent le plus de difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale. Les artisans, les commerçants et les chefs d’entreprise sont près de deux tiers dans ce cas. Quant aux salariés, ceux du privé mentionnent plus de difficultés que ceux du public. Parmi les salariés, les femmes cadres et les employées de commerce sont les plus touchées

Le fait que les indépendants, les cadres et les employées de commerce soient parmi les plus nombreux à faire état de problèmes de conciliation, s’explique principalement par leurs horaires detravail « atypiques » : certains ont des horaires journaliers

SylvIANE lAURO

Sylviane Lauro est Intervenante en Préven-tion des Risques Professionnels, en charge de la prévention des risques psychosociaux au sein d’un établissement hospitalier (1050 agents).

Elle s’occupe également de la gestion du site internet du centre hospitalier de Digne, est formatrice et consultante, et blogue sur IPRP.

DéfInITIons DE l’équIlIbRE vIE pRo/vIE pERso

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particulièrement longs, d’autres travaillent le samedi ou le dimanche, d’autres enfin travaillent de nuit ou effectuent de fréquents déplacements. Un certain nombre d’entre eux cumule plusieurs de ces contraintes, particulièrement les agriculteurs et, dans une moindre mesure, les artisans, les commerçants et les cadres.

Plus les horaires sont atypiques plus les actifs trouvent qu’il est difficile de concilier vie familiale et vie professionnelle. Mais ce sont les travailleurs de nuit qui font état le plus de difficultéspour organiser leur vie : 62 % de ceux qui travaillent de nuit au moins une fois par semaine déclarent que c’est difficile, voire très difficile. Travailler de nuit, le dimanche et les jours fériés, effectuer des déplacements fréquents pour son travail est alors ressenti comme source de grandes difficultés, particulièrement pour les mères de famille.(Enquête 2004 du Ministère de l’emploi).

Les nouvelles organisations de travail Si la frontière est bien poreuse, les nouvelles organisations de travail y sont pour beaucoup. Les frontières travail / hors travail étant de plus en plus revisitées, les rendant de plus en plus floues aux yeux des travailleurs mais aussi du législateur.

Avec l’avènement des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) le cadre et aujourd’hui de plus en plus chaque salarié, est relié en permanence à son travail : portable, courriels, réseaux sociaux etc. Autant d’outils qui permettent à la fois des gains de temps mais qui induisent également de nouvelles manières de travailler et de nouvelles gestions du temps de travail pas toujours à l’avantage des salariés.

On voit ainsi l’avènement de plus en plus de salariés dits « nomades » qui passent la plupart de leur temps hors de l’entreprise (en voyage d’affaire, séminaire etc ), une autonomie qui se rapproche du télétravail mais avec davantage de répercussions sur l’organisation de la vie personnelle.

Le temps de travail devient ainsi de plus en plus fragmenté, morcelé. Avec l’avènement des NTIC : téléphone portable, internet, télétravail, 3G , WiFi, e-mail etc décalent de fait le temps de travail (bureau-maison / semaine-week-end et surtout travail/vacances) :

- Temps de travail morcelé (interruption toutes les 12 minutes), délocalisé, partagé,

- 93 % des français passent plus de 4 heures par jour sur leur ordinateur,

- Près d’1 e-mail sur 3 revêt un caractère professionnel,

- 75 % indiquent interrompre leur travail pour regarder le contenu d’un nouveau message qu’ils viennent de recevoir,

- Pénibilité : nombreuses réformes, allongement durée de travail etc

Source : enquête ANACT 2010

Alors où les frontières travail/hors travail se situent-elles ? Nous assistons de plus en plus à des scènes atypiques : celle de vacanciers sur leur transat à la plage l’oreille collée à leur téléphone portable ou encore les yeux rivés sur leur ordinateur portable (reportage au 13 h de TFI cet été).

De même l’usage du web remanie nos façons de travailler : car le web est aujourd’hui omniprésent au sein de nos bureaux et sociétés (à l’image des agriculteurs qui suivent chaque jours le cours du blé en bourse). Ici encore la frontière vie privée, vie personnelle s’amenuise : 90 % des personnes interrogées lors de l’enquête ANACT reconnaissent qu’il leur arrive fréquemment de gérer des affaires personnelles au travail ou de se connecter sur les réseaux sociaux lors de leur temps de travail. Tout comme les réseaux sociaux s’invitent également au travail et changent ainsi les rapports entre collègues et même avec la hiérarchie.

Les femmes au travailCertains clichés ont la vie dure et notamment lorsque nous parlons des « impondérables » familiaux incombant de manière quasi-systématique aux femmes concernant la vie familiale. Bien qu’aujourd’hui toutes les études s’accordent à dire que l’absentéisme féminin découle de ses diverses tâches dites « féminines » : ainsi les aléas de la prise en charge de la sphère familiale (maladies des enfants, vacances, activités extrascolaires, réunions avec les professeurs ) entrent fréquemment en conflit avec les contraintes d’un emploi.

Or, les organisations du travail telles que nous les connaissons aujourd’hui restent sourdes à ces problématiques et deviennent même de plus en plus préoccupantes offrant des emplois déqualifiés aux femmes, avec l’accès aux postes à responsabilité de plus en plus difficile, d’importantes inégalités en terme de rémunération à compétences et diplômes égaux, des métiers peu intéressants voire répétitifs ou cantonnés à des postes administratifs de type secrétariat, des temps partiels imposés et/ou subis, voire décalés dans la journée et parfois tard dans la soirée.

« Pour les femmes qui occupent des emplois qualifiés, il est notoire que le fait de prendre le mercredi pour les enfants se solde souvent par le fait de devoir ramener du travail à la maison. Quand les « femmes actives » surveillent les devoirs d’un oeil, tout en enfournant la pizza surgelée de l’autre, tandis qu’elles répondent sur leur mobile à des appels professionnels, en même temps qu’elles bouclent un rapport pour le lendemain et démarrent une lessive, il devient une gageure de décrire leur activité et les savoir-faire

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mobilisés, comme de calculer avec certitude un « temps de travail ». (Molinier, 2000).

Marie PEZE, psychanalyste spécialiste de ses problématiques, évoque d’ailleurs des organisations de travail au « masculin neutre », y compris parfois dans les comportements et habillement (cheveux courts, peu de maquillage, tailleur pantalon etc). Sans parler purement de biologie, le travail aujourd’hui montre fort peu de compréhension pour les difficultés spécifiques que rencontrent les femmes qui veulent conjuguer vie professionnelle et vie familiale. Bien pire, nous assistons à de la discrimination à l’embauche, le chef d’entreprise se chargeant de rappeler à une femme qu’il embauche, qu’elle aura des enfants, des règles, une ménopause qui la rendront moins disponible qu’un homme sur le même poste. Les femmes entre elles, sont elles-mêmes peu compréhensives des situations : une DRH femme sera parfois encore plus intransigeante parce qu’elle fonctionne elle-même au masculin neutre, voire de plus en plus des collègues de travail entre elles.

Doit-on pourtant rappeler que ce sont majoritairement les femmes qui dans notre société prennent en charge la santé et l’entretien domestique de leur enfant au détriment bien souvent de leur propre santé et vie sociale (rendez-vous chez le médecin, le dentiste, le pédiatre, devoirs des enfants, rendez-vous parents-prof etc etc ) ? Et qui prennent en charge ainsi par leur précieux soutien le travail des hommes qui travaillent ? Marie PEZE pose ainsi la question aux femmes qui travaillent : quelle modification de l’organisation du travail faciliterait votre vie ?

A l’heure de la productivité, de la performance, de l’atteinte des objectifs et du toujours plus, gageons que la question mérite d’être posée lors de chaque embauche et tout au long de notre vie au travail. Des réajustements nécessaires qui permettront sans doute d’harmoniser et de concilier au mieux cette vie privée – vie professionnelle.

Les dérives

Depuis les affaires largement médiatisées concernant la souffrance au travail, moult experts se sont penchés sur le sujet, décriant largement les organisations de travail pathogène pour les individus. Pourtant malgré tout, le déni persiste. J’entends encore autour de moi ce type de jugement de valeur lors d’une dépression réactionnelle au travail ou encore d’un suicide lié au travail : « oui, mais il (elle) avait des problèmes personnels », « oui, mais il (elle) était trop fragile »... L’organisation du travail s’exonérant ainsi de toute responsabilité vis-à-vis de son salarié en faisant ainsi l’impasse de toute remise en cause. Pourtant les jurisprudences récentes sur le sujet ont confirmé la faute inexcusable de l’employeur, le législateur mettant en place dans le Code du Travail une obligation de résultats concernant la préservation de la santé physique et mentale des salariés.

Le travail parfois rend l’individu malade, c’est un fait, ne soyons plus dans le déni à ce sujet, et ne peut donc qu’engendrer problématiques en cascade à la maison : avec son (sa) conjoint(e), ses enfants, sa famille, ses proches etc… Nous assistons ainsi bien souvent à des délitements familiaux : conflits, isolement, pertes de repères, désinvestissement social, difficultés relationnelles, divorces…). Cela

est notamment très marqué lors de cas de harcèlement moral au travail où le salarié ressent une mésestime de soi et perd confiance non seulement auprès de la sphère sociale du travail (qui a pratiqué le harcèlement) mais également auprès de la société dans son ensemble.

Billets de références IPRP CONSEIL- A la recherche du temps perdu

- Workaholisme et dépendance affective : nouvelles addictions au travail

- Les questionnaires sur le stress remis en question ?

- Ces outils au service du stress

Pour conclureSi l’équilibre à trouver se situe entre « performances » au travail et qualité de vie, a-t-on vraiment pris la mesure du décalage qui est en train de s’opérer ? Changements à la fois sur les effets de ces nouveaux temps de travail (sans compter l’allongement sur la durée avec la nouvelle réforme des retraites), mais aussi sur les conditions de travail, sur les individus, qui risquent de s’isoler de plus en plus du collectif et/ou ne de plus avoir d’espace pour récupérer. Une longue réflexion collective doit être menée sur ces sujets, notamment en terme d’évolution de carrière.

A l’heure où les négociations semblent annoncées entre les trois fonctions publiques et les partenaires sociaux concernant l’introduction du télétravail chez les fonctionnaires, cette réflexion devra prendre en compte les mauvaises expériences des années France Télécom et autres, projets qui devront être accompagnés dès le temps d’ingénierie afin que le travail reste un lieu d’accomplissement de soi et non un lieu signe de troubles et de pathologies dégradant de fait la vie personnelle.

Alors peut-on aujourd’hui parler de choix ? Si nous avons en tout état de cause le choix de rester en santé ou pas vis-à-vis du travail, à chacun de savoir respecter ce choix et de faire au mieux pour que cet équilibre soit maintenu ; l’employeur, lui, n’a d’autre choix que son obligation de résultats concernant la préservation de notre santé physique et mentale (Art. L.4121-1 et suivants du Code du travail).

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Le thème de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie person-nelle a été abordé par bon nombre de coaches, conseillers, experts et reste pourtant cruellement d’actualité. Regardez l’impressionnante série de livres et manuels couvrant les étagères de nos libraires, un sujet récurrent, comme si, finalement, aucune solution n’apportait la garantie de trouver ce fameux point imaginaire construit de façon temporaire dans une existence en mouvement, instable et souvent imprévisible…

La quête d’un équilibre entre vie personnelle et vie personnelle ou familiale n’a pourtant rien d’imaginaire, n’avez-vous jamais éprouvé cette lassitude ou frustration de devoir mettre de côté une partie de vos objectifs pour vous consacrer physiquement ou intellectuelle-ment (les deux aussi) à une situation plutôt contrainte que réellement souhaitée ? Si bien sûr…

Souvent est opposée à la vie professionnelle, la vie personnelle, com-me si ces deux éléments, distingués, n’avaient rien à voir entre eux. Une chose les relie pourtant : le mot « vie ». Finalement, la question ne concerne pas la façon dont vont s’harmoniser ou se confronter les différents moments de nos existences, mais bien davantage sur ce que l’on veut faire de sa vie. Comment vais-je trouver un équilibre entre ce que je veux faire et ce que l’on m’impose de faire ? A quel moment aurai-je le sentiment d’avoir trouvé cet équilibre ? Un équi-libre dans ma vie : pour quoi faire ? Vaste sujet, non ? En tout cas, merci à RegionsJob de lancer le débat.

La notion d’équilibre est personnelle, elle dépend de toutes sortes d’éléments, de ce que l’on est, de ce que l’on veut, de ce qui nous en-toure. Elle est alors relative et chacun se détermine, de façon diffuse et changeante, selon les périodes de sa vie, en plaçant le « curseur » du point d’équilibre au gré de sa sensibilité. A quoi sert l’équilibre ? A ne pas tomber me répondrez vous… Bonne réponse, évidemment, il permet de garder le contrôle de ses choix, de ses actes pour ne pas subir, mais aussi, et c’est souvent le cas, pour survivre, du moins pour ne pas « tomber ». Trouver l’équilibre de l’instant n’est pas une lubie « new age », à la mode, c’est un besoin fondamental, celui qui nous met en condition de mener une existence voulue, davantage

que subie. Ce besoin répond à nos aspirations les plus profondes et ne constitue en aucun cas un luxe, puisqu’il est vital. Si je n’ai pas d’équilibre dans ma vie, je tombe. «La tendance la plus profonde de toute activité humaine est la marche vers l’équilibre» (Jean Piaget).

La quête de cet équilibre ressemble effectivement à une marche. Chaque pas rétablit l’équilibre, empêche de chuter et permet d’avancer vers le but que l’on s’est fixé. Nous corrigeons constamment notre posture en fonction des obstacles, de l’environnement, un peu comme l’on adapte aussi bien que possible nos emplois du temps selon nos obligations, devoirs et aspirations, tout ce qui ponctue nos existences. Cette correction, constante, est contraire à l’immobilisme. Si je sens que je tombe, alors une décision, un mouvement m’empêcheront de chuter – pourvu que je sois en mesure d’agir.

Cependant, ce n’est pas parce que l’on évite de tomber que l’on ressent la plénitude de l’équilibre… N’est-ce pas ? Le mouvement, l’action sont nécessaires, certes. Ils dépendent tous deux de notre capacité à réagir et à décider, cette capacité découlant largement de contraintes extérieures, dont celles de la vie professionnelle. Je m’attache à défendre, en toute occasion, l’entreprise dont les systèmes libèrent le collaborateur, estimant qu’il est de l’intérêt et du devoir de celle-ci de veiller à sa pérennité et sa prospérité en construisant avec l’ensemble de ses employés une démarche épanouissante de développement, si possible durable. Les pressions des clients, des parties prenantes nous entraveront toujours à un moment ou un autre, écartant d’autant plus le sentiment d’équilibre entre sa vie perso et sa vie pro. Partant du constat qu’un équilibre de vie sera continuellement remis en cause par les contraintes extérieures, notamment celles de l’entreprise, je ne crois pas aux recettes individuelles d’un jour et pense que les solutions appartiennent aux entreprises et à ceux qui les constituent… nous tous.

La finalité d’une entreprise est de pérenniser son activité et de la faire prospérer en mettant en commun l’ensemble des compétences humaines qui la compose au service d’un même objectif. La pression exercée sur cette dernière provient des clients ou de l’actionnariat, influençant considérablement nos existences, professionnelles d’abord puis personnelles. Les modèles d’entreprises se concentrant autour de leurs employés, les plaçant délibérément dans les conditions optimales d’auto-responsabilisation et de créativité, inversant les schémas classiques de hiérarchie pourraient constituer un pilier, un repère sur lequel chaque individu s’appuiera pour construire son équilibre et répondre à ses aspirations. Naïveté ? Non, simple constat d’échec des systèmes classiques existants, ne laissant aucune chance à qui que ce soit de trouver une harmonie personnelle dans un processus souvent déshumanisé, contraint et pressé par les exigences extérieures.

Placer l’individu au cœur des objectifs de l’entreprise, c’est se concen-trer autour d’une finalité de développement et non d’investissement, c’est surtout donner à chacun la capacité d’apporter et de contri-buer à la création de valeur en libérant des contraintes les plus chro-nophages et anxiogènes. Quelques exemples parmi tant d’autres : apprendre à rendre des comptes à ceux qui créent de la valeur (et non plus l’inverse), réinstaurer la confiance par l’exemplarité et

pIERRE DENIER

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unE vIE équIlIbRéE passE paR l’EnTREpRIsE

Fondateur de HLC.France – accompagnement des demandeurs d’emploi, conseils, conférences et animation du blog « Haut Les Cœurs !!! » .Directeur des Ventes Internationales chez Lippi Fencing Solutions – spécialisé dans le déploie-ment international de stratégie commerciale et de conquête de marchés, animateur de réseaux et d’équipes multiculturelles.

Compte Twitter : @pierredenier

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la bienveillance mais aussi, et plus simplement, éviter d’organiser une réunion tard le soir, s’interdire de remettre un dossier important à l‘un de ses collaborateurs juste avant de quitter le travail, réper-cuter les efforts commerciaux sur les productivités ou rendements de production… la liste est encore longue ! Je vous rassure, je ne suis pas dans le fantasme, quelques entreprises dont celle (PME in-dustrielle) pour laquelle je travaille met en place un tel système de management.

Vous l’avez compris, je doute fortement de notre capacité individuelle à trouver un jour, et de façon durable, notre équilibre de vie sans re-mettre en cause les systèmes classiques et actuels de management. Bien entendu, sur le papier, nous avons toutes les cartes en main pour décider nous-mêmes de nos destins, et assumer nos choix, ceci dit, il serait exagéré de penser qu’une simple décision de choix de vie permettra à une femme élevant seule ses enfants de trouver rapidement un sentiment d’équilibre dans son quotidien… pour se consacrer à ses propres objectifs, quels qu’ils soient.

J’évoquais plus haut le rôle de l’entreprise et de ses acteurs dans la transformation du système de management en un modèle libératoire. Nous sommes tous responsables de cette mouvance, seuls protago-nistes, nous avons les moyens, collectivement, d’œuvrer en ce sens. Se prendre en main, seul, pour trouver son équilibre me semble vain. En revanche, déterminer ensemble, au sein de l’entreprise, quels se-ront les chemins à suivre pour créer de la valeur, participer au déve-loppement, mais aussi mettre en place les conditions d’expression, de liberté et d’auto responsabilisation contribuerait, de mon point de vue, à construire durablement ce sentiment d’équilibre tant convoité individuellement. Changer de paradigme, ne pas subir l’entreprise mais au contraire s’appuyer sur la valeur collective pour trouver du-rablement sa place, au service de son développement économique mais également au service de son épanouissement. Rien n’est sim-ple j’en conviens, mais pourtant, il nous faudra bien passer par là pour arrêter de courir vainement après l’impossible sentiment.

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JO l’INDIEN

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IllusTRaTIon

«Jo l’Indien dans la ville», c’est avant tout un blog BD traitant de différents thèmes, comme les relations humaines, les passions personnel-les, les geekeries, en se basant sur «l’extra or-dinaire» vécu de Jo l’Indien et ses amis. Le blog propose en moyenne un article tous les deux jours avec des BDs sous différents formats : illustrations uniques, strips, planches en une

page ou histoires courtes en plusieurs planches. Humour, cynisme, second degré, théories, parodies, détournements, tout est dans «Jo l’Indien dans la Ville» !

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Comprendre pour mieux appréhender l’articulation vie professionnelle et vie personnelleComment pouvons- nous définir ce qu’est la vie professionnelle et la vie personnelle ?

La vie professionnelle peut être définie de la manière suivante : c’est le temps passé dans ou hors de l’entreprise dans le cadre de l’exercice d’un emploi. L’employeur définit des règles pour régir ce temps professionnel. En dehors de la relation entreprise/salarié, d’autres temps de vie apparaissent dont le temps familial. La littérature fait état du «hors-travail», concept étudié par Ariane Ollier-Malaterre. Ce temps hors-travail est plus général et comprend aussi bien le développement personnel, la famille et les engagements dans la société (association, politique, ).

Depuis ces dernières années, nous avons pu observer de nouveaux services proposés par des villes comme Paris, Rennes, Poitiers, Belfort ou Chambéry : le bureau des Temps. Pourquoi ce nouveau concept ? Un bureau des Temps permet de réorganiser les rythmes de la ville autour des rythmes des citoyen(/ne)s (attentes de l’habitant, du travailleur, de l’entreprise, de la municipalité et de tout visiteur.) L’objectif est de pouvoir articuler les différents temps : de travail, social, de loisirs et familial.

L’exemple de la ville de Rennes est significatif. Dès mars 2002, le projet EQUAL1 intitulé «Rennes égalité des temps» avait pour objectif une meilleure articulation vie professionnelle/personnelle sur le marché du travail et notamment pour la population des femmes

1. L’initiative EQUAL constitue un laboratoire d’idées au service de la stratégie euro-péenne pour l’emploi. Sa mission est de «promouvoir une vie professionnelle plus inclusive, en combattant la discrimination et l’exclusion basée sur le sexe, l’origine raciale ou ethnique, la religion ou les croyances, le handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle». Financé par le Fonds social européen (FSE), EQUAL est mis en oeuvre par et entre les Etats membres.

agents de propreté et cadres. Une nouvelle organisation du travail a été mise en place pour cette catégorie de personnel et cela a fait chuter l’absentéisme de 30 %.

Ainsi, Thierry PAQUOT2 parle-t-il «d’écologie du temps». En effet, nos rythmes de vie ont été modifiés notamment par l’émiettement du temps de travail avec la flexibilité des emplois et des horaires.

Les temps sociaux sont de plus en plus inégaux : temps de travail, temps parental, temps domestique, temps individuels, temps de formation, temps de la ville. Il semble qu’aujourd’hui le marché du travail se soit modifié. Que signifie cette mutation ?

La féminisation et la flexibilité du travail apparaissent comme les premières variables de cette mutation. La société a également évolué : le modèle du couple bi-actif est devenu la norme, la place du travail n’est plus la même et l’enfant occupe désormais une place centrale dans la société. En France, le contexte législatif et réglementaire accompagne désormais ces évolutions sociétales : négociation d’accords égalité professionnelle hommes-femmes dans les entreprises, élaboration d’un rapport annuel sur la situation comparée des conditions d’emploi et de formation des femmes et des hommes. Mais, il existe des freins en provenance de la politique familiale, de l’entreprise et de la famille. Comment articuler au mieux les temps sociaux et notamment les temps consacrés au travail et à la famille ? Quels leviers faut-il actionner pour permettre cette articulation ?

Agir pour mieux articuler vie professionnelle et vie personnelle, du côté des entreprisesDe nombreux freins sont présents au sein des entreprises en France pour pouvoir mieux articuler sa vie professionnelle et sa vie personnelle.

Identités et stéréotypes

La psychanalyste Sylviane GIAMPINO l’explique très bien : «les hommes aujourd’hui ont rejoint les femmes sur un point : ne pas tout miser sur le travail pour réussir sa vie. Les violences managériales, la financiarisation, les sièges éjectables à tous les étages, produisent leurs effets (...). Les hommes qui jusque dans les années 90, avaient misé sur l’investissement professionnel pour sécuriser leur avenir et celui de leur famille, ont fait depuis l’expérience que quel que soit leur mérite et leur compétence, l’entreprise n’est plus fiable envers eux».Plus les hommes ont des postes à responsabilités et plus ils sont soumis aux stéréotypes de disponibilité totale à leur entreprise et ainsi de présentéisme.

2. Philosophe, auteur, éditeur de la revue «Urbanismes», professeur à l’IUP Paris XII.

KAREN DEMAISON

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aRTIculER vIE pRofEssIonnEllE ET vIE pERsonnEllE : la quêTE D’un ImpossIblE absolu ?

Karen Demaison, 36 ans, fondatrice et dirigeante du cabinet de conseil « Critères de choix », conseil en stratégie humaine. Elle apporte ses connaissances et expériences aux entreprises pour remettre l’humain au cœur de l’organisation en conseillant les Directions Générales et Ressources Humaines sur les dispositifs et outils de management à déployer

dans l’entreprise, en formant les managers de proximité et les Res-ponsables RH sur l’articulation vie professionnelle – vie personnelle dans les pratiques de management et en réalisant une veille sur les pratiques dans le monde. Retrouvez-la sur son blog.

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Forte culture du présentéisme

La plupart des entreprises fonctionnent encore avec cette idée que pour être performant et motivé, les salariés doivent être présents, notamment tôt le matin et/ou tard le soir. Cette culture du présentéisme est évidemment un frein pour l’évolution de carrière des femmes. Mais, les hommes se sentent également floués par cette injonction. En effet, de plus en plus d’hommes souhaitent aujourd’hui avoir un modèle de vie plus équilibrée entre travail et famille : «deux pères cadres sur trois sont en quête d’équilibre de vie tout en souhaitant préserver leur engagement professionnel».3

Garder à l’esprit que « Il faut battre en brèche l’idée selon laquelle l’entreprise serait régie par des lois scientifiques ou par un déterminisme naturel car tout y est affaire de choix, de politique et de morale. »4

Pratiques d’articulation vie professionnelle - vie personnelle en France

Les pratiques d’articulation vie professionnelle – vie personnelle au sein de la Gestion des Ressources Humaines ne sont pas une nouvelle pratique. En effet, les pratiques paternalistes sont un exemple bien connu. L’exemple de l’entreprise Bata5 illustre le concept de paternalisme poussé à l’extrême : «les salariés Bata se voient ainsi proposés des hébergements et des loisirs de qualité, des produits de consommation à bas prix sans parler des salaires plus élevés qu’ailleurs. Tout est donc fait pour que les salariés trouvent tout ce dont ils ont besoin sur place et n’aient pas à quitter Bataville.»[ ] «Toute une infrastructure sociale paternaliste se développe avec la création de nombreuses associations ou clubs sportifs, des équipements collectifs [ ].» 6

Pourquoi actuellement les entreprises en France ont un rôle assez limité concernant les politiques d’articulation vie professionnelle – vie personnelle? Selon Ariane OLLIER-MALATERRE7, les différences de régime d’Etat-providence, les congés payés, les congés parentaux, la semaine de 35 heures n’expliquent pas tout. Les acteurs impliqués dans ces projets sont différents selon les pays. Aux Etats-Unis et au Royaume Uni, la DRH est sollicitée alors qu’en France, le CE, le CHSCT, la Médecine du Travail sont aussi impliqués dans les programmes d’articulation vie professionnelle / vie familiale. Ariane OLLIER MALATERRE, après avoir mené une étude en France avec 44 personnes de profil différent (DRH, partenaires sociaux, salariés et prestataires de service), a pu dégager 5 facteurs8 qui expliquent la moindre adoption de pratiques en France :

- La moindre légitimité des employeurs dans la sphère privée, par rapport à l’Etat providence. Les salariés français font appel aux services publics et la loi plus que vers leur employeur. Les employeurs ont une attitude prudente par rapport à ces questions car ils ne

3 Se référer à l’enquête Equilibres / Qualitemps «Les pères managers en quête d’équilibre, portrait d’une génération qui entend réconcilier travail et famille, 20084 Extrait de « Morts de peur, la vie de bureau » de Téodor Liman, Les empêcheurs de penser en rond, octobre 20075 L’entreprise Bata s’implante en France en octobre 1931, sur le domaine d’Hello-court, au sud du département de la Moselle, loin de toute agglomération.6 A. GATTI, (2003), « BATA, une expérience économique et sociale exceptionnelle», Revue internationale des relations de travail, vol. 1, n° 4, p. 125-137.7 A. OLLIER MALATERRE a soutenu une thèse concernant le sujet «Gérer le hors travail ? Pertinence et efficacité des pratiques d’harmonisation travail / hors travail aux Etats-Unis, au Royaume Uni et en France», Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, 20 octobre 20078 Les 5 facteurs d’explication sont issus de la thèse citée ci-dessus d’Ariane OLLIER MALATERRE

veulent pas être accusés d’être trop intrusif ou paternaliste.

- Le climat social inhibant notamment la faible tradition de négociation collective, les freins structurels au dialogue social et un relatif désintérêt des syndicats français pour cet enjeu, qui leur paraît plus anecdotique que, par exemple, la négociation du salaire ou du temps de travail,

- Le cadre législatif lourd (la gestion des congés et des 35 heures) qui prennent du temps et de l’énergie des Responsables de Ressources Humaines.

- Le manque d’expertise des Ressources Humaines en interne comme en externe car il y a très peu de recherches et de prestataires spécialisés.

- La faible contribution perçue des pratiques à la stratégie et à l’image de l’entreprise. Les dirigeants et les DRH en font une interprétation plus sociale qu’économique : il s’agit de bénéfices sociaux, d’égalité professionnelle hommes-femmes, de Responsabilité Sociale des Entreprises et non de compétitivité.

Les mesures proposées par les entreprises en France sont rarement ciblées et ne font que rarement l’objet d’une véritable politique cohérente intégrée à celle des Ressources Humaines par exemple. Ce sont encore souvent des mesures disparates liées au contexte même de l’entreprise, de la personnalité et des convictions du dirigeant, d’héritages historiques, des usages sectoriels plutôt qu’une politique formalisée.

Que peuvent faire les entreprises pour avancer sur ces sujets ?

Trouver les leviers pour faire évoluer la culture « vie professionnelle – vie personnelle » est clé. Et notamment pour aller vers une culture fondée sur les résultats au travail plutôt que sur la présence au bureau, une culture plus empathique face aux enjeux de l’articulation vie professionnelle – vie personnelle et une culture qui prend en compte le soutien à l’articulation des temps de vie dans les évaluations des managers et des collaborateurs.

Ainsi, faire de l’articulation de la vie sociale avec la vie professionnelle un objectif de la négociation annuelle obligatoire dans les entreprises et une clause des conventions de branche serait peut-être une piste de réflexion pour agir concrètement sur ce sujet sociétal.

Agir également sur les comportements demandera du temps et surtout une implication importante de l’ensemble des acteurs concernés : collectivités locales, villes, associations, organisations, entreprises.

«Pourrons-nous un jour, avant le quatrième millénaire, nous retrouver, hommes et femmes, pères et mères, ensemble, différents et si semblables, mais ensemble ? Dans le travail qui n’est pas toute la vie, et dans la vie qui est bien plus que le travail.»9

9 Patrick Ben Soussan, Article «Un po, ma non troppo ! Le père, le bébé, le travail, issu du livre La mère, le bébé, le travail, Editions Eres, (2002)

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CHAPITRE 2

Astuces et conseils

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Y a-t-il quelques règles de base à respecter ou « à s’imposer » pour trouver son équilibre vie pro et vie perso ?

La principale règle à respecter est de délimiter clairement le temps professionnel pour qu’il empiète le moins possible sur le temps per-sonnel. C’est pourquoi il faut par exemple se réserver des plages horaires sans aucune obligation, du type répondre aux appels télé-phoniques ou regarder ses mails. Une autre manière de ne pas se laisser déborder est d’éviter de se sentir responsable de tout. Il existe des tas de moyens de déléguer au sein de la famille, mais aussi à l’extérieur. Les services à la personne, avec les avantages financiers qu’on connaît, offrent nombre de possibilités de se décharger de cer-taines tâches. C’est un bon moyen d’avoir plus de temps à consacrer à soi ou à ses proches. On peut aussi favoriser l’entraide : puisqu’on va à l’école chercher ses enfants, on peut récupérer ceux de ses amis par exemple. Se rendre service permet de gagner du temps et d’en faire gagner aux autres. De quoi faire baisser la pression.

Existe-il, par exemple, des moyens simples et concrets pour ga-gner du temps lorsqu’on travaille toute la journée ?

Un des moyens consiste à s’organiser plus et mieux. Vous pouvez par exemple planifier votre temps étape par étape, mais aussi classer vos dossiers personnels et professionnels pour vous y retrouver plus facilement. Éteindre dès que possible téléphone portable, ordinateur et autres appareils capteurs d’attention permet de mieux se concen-trer au travail et de profiter complètement des moments de détente. Si vous travaillez chez vous, faites en sorte de séparer les différents lieux de vie pour favoriser la transition entre temps perso et temps pro.

La conciliation entre vie pro et vie perso reste encore une problé-matique féminine. Pensez-vous qu’à l’heure actuelle, les hommes ont tendance à s’impliquer plus qu’avant ?

Pas vraiment. Les statistiques sont formelles à ce sujet, la réparti-tion des tâches domestiques évolue très peu. Les femmes restent en charge de la plupart des responsabilités familiales qu’elles cumulent avec leur emploi.

Vous qui êtes spécialisé sur la question de la reconversion, pensez-vous que celle-ci peut amener un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle ? Car se reconvertir, c’est aussi souvent s’épanouir, non ?

La plupart des reconversions volontaires reposent sur l’envie de se réaliser mais aussi sur le désir d’améliorer sa qualité de vie. Au mo-ment de construire un nouveau projet professionnel, il faut donc tenir compte de ce second objectif. C’est pourquoi il faut observer dans le détail les conditions de travail et la réalité de la profession qu’on cible. Certains métiers ou statuts permettent de s’organiser plus ou moins facilement. Créer son job peut nécessiter de s’impliquer da-vantage mais si vous le faites dans le but de travailler chez vous, le temps de transport en moins ou la proximité de la maison facilitent les choses et font gagner du temps. Chaque cas est différent. Il faut donc prendre ses décisions en toute connaissance de cause. Oui, une reconversion peut contribuer à un meilleur équilibre entre vie pro et vie perso.

yvES DElOISON

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DEs IDéEs pouR un mEIllEuR équIlIbRE EnTRE vIE pRIvéE ET TRavaIl

Spécialiste des questions liées au changement et à la reconversion professionnelle, journaliste pour Courrier Cadres, Le groupe L’Etudiant puis Rédacteur en chef du magazine Changer tout et fondateur de la plate-forme Toutpourchanger.com.

Yves Deloison est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages. Le dernier en date, «Je veux changer de job !» est édité par Hachette Pratique.

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Vous avez interviewé de nombreuses personnes sur le sujet conci-liation vie privée/vie pro. Tout le monde est-il égal sur ce sujet ?

Non, absolument pas. Déjà, il existe de grandes différences entre les hommes et les femmes. Pour celles-ci, c’est une problématique sou-vent essentielle, à laquelle elles sont confrontées quasi-quotidienne-ment et pour laquelle elles se posent beaucoup de questions. Pour les hommes, cela l’est beaucoup moins. Pourtant, eux aussi conci-lient vie privée et vie professionnelle… mais en se posant moins de questions ! Bien sûr, je schématise et je généralise, mais disons que j’ai l’impression que cela concerne une majorité de femmes et une minorité d’hommes.

Ensuite, cette conciliation est vécue différemment par les personnes selon leur âge, le nombre et l’âge de leurs enfants, leur statut (sala-rié d’une petite ou grande entreprise, indépendant, etc.), leur lieu de travail, leur hiérarchie, leur secteur d’activité (culture plus ou moins forte du présentéisme), leur personnalité, leur histoire personnelle et familiale, leur conjoint… Bref, un ensemble d’éléments à la fois ob-jectifs et d’autres plus subjectifs, plus intimes.

Quelles sont les difficultés les plus couramment rencontrées ?

Le manque, principalement ! Manque d’un mode de garde pour leur enfant, de temps, de disponibilité, etc. Ce qui peut entraîner frustra-tion, culpabilisation, fatigue, voire épuisement, burn out…Mais aussi entreprise ou supérieur hiérarchique peu compréhensif, horaires à rallonge, pression au travail.

Indiquons également des difficultés plus spécifiques aux femmes, telle que celle de retrouver un emploi après une pause profession-nelle, ou encore la possibilité d’une discrimination à l’embauche ou à la promotion en raison de leur statut de mère de famille (ou de potentielle mère de famille).

Quels sont d’après vous les meilleurs conseils que l’on peut donner pour arriver à réussir cette conciliation ?

- Définir ses ambitions et ses priorités à la fois dans sa vie person-nelle et professionnelle- Faire des choix et les assumer le plus possible. - S’organiser pour alléger son esprit au maximum et pouvoir être la plus efficace possible. - Bien choisir, si possible, son entreprise et son employeur direct. - En parler régulièrement avec son conjoint- Ne pas hésiter à faire évoluer cet équilibre et à accepter des désé-quilibres temporaires.

Travailler plus pour gagner plus… Est-ce crédible en matière d’équilibre vie privée/vie pro ?

Je pense qu’à un certain niveau, cela devient difficile. Ou alors il faut que le conjoint accepte d’être plus disponible.A noter cependant que gagner plus permet également de déléguer de nombreuses tâches ménagères et contribue largement à pouvoir mettre en place une organisation confortable et solide par rapport à sa vie personnelle. Ce qui allège l’esprit et facilite la conciliation mais réduit en parallèle le temps et l’énergie que l’on peut consacrer à sa vie familiale.

D’une manière générale, quels salariés sont les plus touchés par des problèmes de conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle ?

Je pense plus spécifiquement aux salariés à horaires flexibles ou dé-calés, aux salariés précaires, aux salariés monoparentaux.

Les cadres en souffrent-ils davantage ?

Je pense qu’être cadre est à la fois un avantage (plus de flexibilité et de souplesse dans l’emploi du temps, moyens financiers supérieurs pour se faire aider à la maison, possibilité d’une plus grande porosité vie privée / vie pro grâce aux outils tels que portable, travail épa-nouissant et valorisant, etc.) et un désavantage (horaires élastiques, demande d’une grande implication, responsabilités et stress parfois importants qui n’aident pas la personne à conserver du temps et de la disponibilité pour sa vie personnelle et familiale, frontières vie pri-vée / vie professionnelle qui se brouillent, etc.).

L’ambiance est plutôt morose en matière d’emploi en ce moment. Doit-on s’attendre à une dégradation du rapport travail/vie perso ?

C’est une question difficile. Peut-être peut-on imaginer que le fossé va se creuser encore davantage entre les entreprises qui font des efforts pour prendre en compte l’équilibre vie perso/vie pro et la pa-rentalité de leurs salariés car elles se rendent compte que bien-être et efficacité sont liés…et les autres. En revanche, il est sûr que lorsque l’on est en situation défavorable sur le marché de l’emploi, on n’est pas vraiment en position pour négocier un aménagement du temps de travail, une flexibilité horaire, etc.

gAëllE pICUT

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la DIffIcIlE concIlIaTIon EnTRE vIE pRo ET vIE pERso

Gaëlle Picut, 38 ans, journaliste et blogueuse, avec 15 ans d’expérience professionnelle, 13 ans d’expérience maritale et 11 ans d’expé-rience parentale (x 3 !). Il y a 3 ans, elle a lancé En aparté, un blog consacré à la conciliation vie privée / vie profes-sionnelle et aux valeurs autour du travail.

Elle est actuellement journaliste pigiste, plus spécifiquement spécia-lisée dans les thématiques Emploi et Société.

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Finalement, l’implication et la passion dans son travail ne sont-ils pas les plus grands ennemis de la vie personnelle ?

Oui et non ! Non, car le fait de s’impliquer et d’aimer son travail favo-rise l’épanouissement de la personne et le sentiment de satisfaction. Ceux-ci rejaillissent positivement sur la vie personnelle. Les deux sphères étant étroitement imbriquées, si cela se passe bien au tra-vail, cela contribuera à ce que la personne se sente bien à l’extérieur. Même si elle a moins de temps à consacrer à sa vie personnelle et familiale, il est tout à fait possible d’avoir de vrais moments de qua-lité, d’écoute et de partage.

Oui, parce qu’effectivement une personne passionnée par son travail pourra à avoir du mal à s’arrêter, à faire une pause et les journées n’étant pas extensibles à l’infini, il y a un moment où le temps et l’énergie consacrés à la vie personnelle s’amenuisent. Le danger pour un (ou une) work-addict est d’oublier, voire de sacrifier sa vie privée et familiale.

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ANNE DEfRévIllE

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IllusTRaTIon

Anne Defréville est directrice artistique du groupe Libella (Editions Buchet-Chastel, Phébus, Noir sur Blanc, Le Temps Apprivoisé) et illustra-trice free lance pour la presse et l’édition (Figaro Madame Pocket entre autre). Elle habite à Bois le Roi et travaille à Paris.

Mère de deux enfants, elle a créé son blog Arsenic et petites bretelles pour illustrer avec humour et légèreté les difficultés du quotidien de la mère active

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La vie moderne avec son flot de sollicitations continuelles ne nous donne pas d’autres choix que de devenir un équilibriste de talent muni d’une perche avec à chaque extrémité deux sphères, d’une part la vie privée et d’autre part la vie professionnelle. Charge à chacun de nous de peser avec habilité à la fois sur chacune de ces sphères pour maintenir sa perche stable et avancer sur son fil de vie sans trop d’en-combre !

Ne pas maintenir ce savant équilibre et la chute peut s’avérer pé-rilleuse voire fatale ! S’enclenche alors la spirale infernale de la baisse de productivité, de la démotivation, de la mauvaise humeur et de la mauvaise santé… Le point de chute, tant redouté par tous, étant bien souvent le fameux «burnout», dont l’actualité nous fait bien souvent écho avec des issues fort dramatiques. La perte de cet équilibre est par ailleurs néfaste pour soi, mais aussi pour son conjoint, ses amis, sa famille, mais aussi pour votre entreprise.

Pour cela, elle doit s’appuyer sur son management et lui donner les moyens de communiquer clairement autour des priorités liées au bu-siness tout en prenant en compte les contraintes de ses collabora-teurs. Il est donc primordial de libérer la communication en entreprise et en finir avec les faux semblants, les non-dits et autres a priori, qui nous empêchent bien souvent d’exposer clairement nos contraintes et de trouver un terrain d’entente.Néanmoins, l’entreprise n’a pas pour vocation à régler, voire régir la vie privée de chacun. Les limites entre les deux sphères doivent être nettes, précises et claires pour tous ! Que penser alors des entrepri-ses qui proposent divers services de conciergerie à leurs employés ? N’est-ce pas alors le nec plus ultra de l’entreprise socialement res-ponsable, ou au contraire, cette dernière ne s’émisse-t-elle pas trop dans la sphère privée ? Ne crée-t-elle pas un lien trop pesant envers ses collaborateurs ? La frontière entre travail et organisation person-nelle devenant de plus en plus ténue, floue et par trop poreuse ! Tout ceci est-il vraiment du ressort de l’entreprise, ou du libre choix de chacun ?

Libre de nos choix et actions, nous sommes donc aussi un acteur essentiel dans cette recherche d’accord entre vie privée et profes-sionnelle. Car tel un équilibriste sur son fil de vie, nous recherchons constamment le juste choix, le juste milieu et surtout la meilleure satisfaction ! Dans une société qui porte au pinacle la réussite et la performance, nous sommes bien souvent pris entre deux feux : l’exi-gence de carrière et celle de réussir sa vie privée. Alors qu’aupara-vant le simple fait de réussir sa carrière semblait à de nombreuses personnes comme bien suffisant. Il apparaît de plus en plus évident à nos contemporains que savoir se donner à soi et se réaliser dans des activités extraprofessionnelles est aussi une exigence et donc un signe de réussite. Dans toute cette complexité et ces pressions socié-tales, il s’avère donc que de trouver le bon équilibre entre vie privée et professionnelle est un atout indéniable pour s’épanouir, être motivé, productif, heureux et serein !

Mais alors de quelles façons atteindre ce juste équilibre ? Pour vous aider dans cette quête, je vous propose d’adopter au moins l’un de ces quatre paradigmes :

- Organisez-vous ! Et surtout prenez tous vos congés ou tout du moins gérez vos congés épargnés avec justesse tel le stratège que l’on vous demande d’être au travail...

- Soyez pragmatique ! Travaillez plus pour une urgence est conceva-ble, mais il n’y a pas d’urgence tous les soirs...

- Embauchez ! Faites appel aux services d’aide à la personne pour vous décharger des contraintes et autres corvées pour vous donner du temps ainsi qu’à vos proches... En plus cela fera du bien à notre économie !

- Soyez acteur de votre carrière ! Choisissez une carrière à votre me-sure, à l’aune de vos priorités, de vos compétences et motivation. En effet, devenir Directeur Général, c’est savoir faire fi d’une partie de sa vie privée, c’est le prix à payer pour une telle carrière…

lAURENT RODRIgUEz

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a la REchERchE Du jusTE équIlIbRE EnTRE vIE pRIvéEET pRofEssIonnEllE

Laurent Rodriguez, 38 ans, diplômé d’un Master en GRH et d’un Master 2 en Gestion des entreprises, Blogueur-Recruteur depuis plus de 4 ans sur RegionsJob, concentre ses activités professionnelles sur le développement des Ressources Humaines depuis une dizaine d’années dans le

Conseil puis au sein de grandes entreprises françaises;

Découvrez son blog : Recruteur et Candidats et suivez-le sur Twitter : @laurent665

Celle-ci n’ayant rien à gagner à surcharger ses collaborateurs par des objectifs de plus en plus challengeant, mais aussi de plus en plus irréalistes voire irréalisables... Dans ce contexte, le management par objectif, poussé à son paroxysme, atteint donc ses limites. En effet, la productivité devient reine, ce qui ne fait qu’augmenter la pression, le stress et perturber l’équilibre entre vie privée et professionnelle. L’entreprise est donc un acteur essentiel dans l’atteinte d’un bon équilibre. En effet, elle se doit d’avoir une stratégie business propice à la croissance de ses profits, mais aussi une vision RH favorable à l’épanouissement de ses collaborateurs. Par essence une entreprise se présentant comme socialement responsable se doit donc de re-chercher le juste équilibre entre ces deux axiomes pour permettre à notre funambule d’avancer sereinement sur son fil de vie !

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Multiplication des moyens de connexion à Internet, à ses collègues et à son entourage. Temps passé sur les médias sociaux pour interagir, se tenir au courant des nouvelles de son secteur d’activité et conception de différents contenus. Cela ressemble au quotidien de pas mal d’entre vous.Comment trouver un équilibre vie privée/vie personnelle ? Je vais tenter de donner mon opinion à ce sujet, tout en sachant que chacun dispose de ses priorités, de son vécu, de ses atouts et de ses contraintes.

1. Priorité à la vie personnelleC’est elle qui apporte, en partie, la stabilité émotionnelle au travail et qui ressource. Cette priorité permet aussi de mieux encaisser certains coups durs au travail, et ainsi d’alterner entre tensions et le plus de relâchement possible. Régulièrement emmener du travail à la maison, ou bien régulièrement finir à des heures tardives, expose rapidement aux reproches de son entourage.Egalement, pour tout ce qui est surfing et temps passé sur les médias sociaux, la discipline est importante.

2. En parallèle, un projet professionnel cohérent et agileFace à cette priorité à la vie personnelle, il y a aussi celle du projet professionnel. Ce dernier participe à l’épanouissement.Derrière la question de l’équilibre en termes de répartition temps, il y a aussi celle de la synchronisation, de la cohérence.Un projet professionnel non cohérent et au piège de l’inertie, alimente un mal-être qui a de grandes chances de se répandre dans la sphère personnelle.L’objectif ici serait d’être en veille sur les signaux faibles, d’être en phase avec ses valeurs et ses aspirations; via une actualisation régulière et le recueil des différents feedbacks.

3. Apprendre à cultiver le qualitatif plutôt que le volumeAvec un excès d’enthousiasme, on peut rapidement en arriver à créer trop de présences web, à participer à trop d’événements ou encore à créer des “To Do Lists” à rallonge.Sur ces éléments-ci, essayez de faire la différence entre dispersion et montée en puissance.

Le premier alimente plutôt une fragmentation des actions et rend le résultat final insuffisant, du fait que plusieurs actions sont en fait exécutées à moitié. Le second met en avant la focalisation sur l’essentiel et l’avancement compact.Cela se traduit par des objectifs qui se veulent être précis et réalistes, des ménages de printemps réguliers et une rationalisation (tous les 6 mois), une présence web active sur quelques endroits seulement et une résistance à l’appel des innovations technologiques dont le buzz est important.

4. Cultiver la brièvetéC’est en ce sens-ci que Twitter est vraiment génial car tout va très vite. En 140 caractères, on en vient à aller à l’essentiel et (justement) dans le sens du qualitatif. La plupart des messages et des conversations ont la possibilité d’être raccourcis. Cela libère du temps pour d’autres initiatives.

5. Libérer du temps pour s’évader, réfléchir, prendre du reculL’expression “Métro, Boulot, Dodo” est bien connue et à travers celle-ci on perçoit surtout le fait de subir un rythme. On peut en venir à s’éloigner de ses réels objectifs et à ne pas se sentir avancer.Que ce soit pour 15 ou 30 minutes par jour, prendre un stylo et un carnet de notes suffit.Ceci constitue une petite gymnastique quotidienne et permet de développer, de maintenir un dynamisme. C’est aussi l’opportunité de se faire une opinion sur les sujets que l’on explore, de développer un esprit critique devant le flow d’informations disponibles et de se sentir grandir.Cela est un moyen parmi d’autres d’ajouter plus de plaisir sur la partie professionnelle.Le “prêt-à-penser” est très limitateur et n’encourage guère à creuser en soi. Ces moments de prise de recul permettent de diriger l’attention, de rester focalisé sur sa vision tout en se nourrissant et en restant ouvert aux autres propositions.

6. Travailler depuis chez soiLe monde connecté, l’accès aux informations depuis chez soi, les technologies “cloud” rendent les frontières floues entre vie privée et vie professionnelle. Encore une fois, des objectifs réalistes et une philosophie du travail axée sur le qualitatif plutôt que sur le volume, aident à ne pas tendre vers le manque de sommeil, l’épuisement, le déséquilibre vie privée/vie professionnelle.Pour optimiser cette expérience du travail à distance, il est important de garder un oeil sur la santé relationnelle, de manière à rendre l’expérience agréable au travail; d’où l’importance de rencontres physiques dans la mesure du possible.Pour conclure et pour rappel, au fur et à mesure de ses expérimentations et de son évolution, à chacun de trouver son point d’équilibre. Il n’existe pas une seule manière, universelle, de conjuguer vie privée et vie professionnelle.

lIlIAN MAhOUKOU

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6 consEIls pouR un mEIllEuR équIlIbRE vIE pRo/vIE pERso suR lE wEb

Lilian Mahoukou est associé chez Canden SAS, société qui propose des services d’accompa-gnement personnalisé en gestion de carrière, en ligne et à distance (id-carrières) et de conseil en stratégie Ressources Humaines pour les entre-prises, avec pour but d’établir un saut qualitatif, générateur de performance et d’attractivité (Canden RH)

Il intervient également sur le blog Doppelganger. Suivez-le sur Twitter : @LilianMahoukou

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CHAPITRE 3

Travailler autrement

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Est-ce que la volonté d’un meilleur équilibre entre vie pro et vie perso fait partie des raisons qui t’ont amenée à t’expatrier ?

La volonté d’un meilleur équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle n’a pas été la seule motivation pour expatrier notre famille à Montréal. La première raison était la mutation de mon conjoint et la deuxième l’envie de découverte et de voyage. Mon cas est un peu particulier puisque je suis arrivée à Montréal enceinte de 7 mois de mon deuxième enfant. A court terme, je savais que je serai donc centrée sur ma vie familiale et j’avais besoin de faire un break après 6 années d’expérience professionnelle intense en France. Maintenant que j’ai repris le travail, je suis agréablement surprise de mieux concilier la vie professionnelle et la vie professionnelle ici au Québec.

L’équilibre entre vie pro et vie perso est-il un sujet dont on parle beaucoup au Québec, par rapport à la France ?

Je ne sais pas si on en parle plus au Québec qu’en France mais je suis persuadée que cet équilibre est meilleur et se met en place plus naturellement ici.

Sais-tu si des mesures particulières sont prises par les entreprises, ou si des initiatives existent, pour une meilleure articulation des temps de vie ?

Tout d’abord, il faut considérer que l’heure de pointe dans le métro à Montréal se situe entre 16h30 et 17h. Les tours de bureaux du centre-ville se vident à cette heure là. Ce qui permet assurément de débuter une deuxième journée axée sur la vie personnelle.Par rapport à la vie de famille, citons par exemple que les crèches sont ouvertes toute l’année et que les écoliers ont beaucoup moins de vacances scolaires qu’en France. Cela simplifie le casse-tête des parents qui n’ont généralement pas autant de congés que leurs enfants.Certes, le nombre de semaines de congés est de deux semaines (minimum) au Québec. Cependant, il n’est pas rare de poser des congés sans solde, de prendre une année sabbatique ou de disposer

de la période maximale de 12 mois pour un congé maternité. Les «pauses professionnelles» sont, je crois, mieux tolérées.De plus, certaines entreprises mettent en place un horaire d’été qui permet de ne pas travailler le vendredi après-midi en juillet et août. Les heures sont récupérées en hiver. Ce qui permet, à la fois, de mieux s’adapter à la saisonnalité du business et de proposer un rythme motivant pour les salariés.

S’expatrier, cela signifie changer ses habitudes… Comment as-tu fait pour conserver un bon équilibre ?

Effectivement, les habitudes changent et il faut se reconstruire de nouvelles routines. Pour conserver un bon équilibre, il me semblait important de ne pas créer de rupture avec ma vie précédente et donc de rester en contact fréquent avec la famille et les amis. Créer un blog m’a notamment permis de garder ce lien. En même temps, changer ses habitudes c’est aussi très stimulant : vivre sous un autre climat, acheter des produits étranges au supermarché, être surprise de ne pas se faire comprendre en parlant sa propre langue. Les petites choses du quotidien deviennent source d’anecdotes et d’émerveillement.

Avec un peu de recul, quel regard portes-tu sur l’expatriation dans ton rapport vie privée / vie pro ? Ce dernier a-t-il évolué de manière positive depuis que tu es partie ? L’expatriation m’a permis de mettre ma vie personnelle au premier plan dans un premier temps. Actuellement en poste dans un service Ressources Humaines, le rythme est redevenu soutenu mais cet équilibre a définitivement évolué de manière positive.

Conseilles-tu à ceux qui ont du mal à concilier vie pro et vie privée dans leur vie actuelle de tenter l’expatriation ?

Non. La recherche de la conciliation de la vie personnelle et professionnelle ne peut pas justifier en elle même de s’expatrier. Ce serait déplacer le problème.

Quels seraient tes conseils pour qui souhaite s’expatrier pour travailler ?

Garder une attitude positive quels que soient les obstacles. Ne pas croire que l’Eldorado existe. Arriver avec de l’argent de côté pour vivre sereinement la période de recherche d’emploi et pour voyager. Accepter de sortir de sa zone de confort, écouter, s’ouvrir, s’adapter et profiter.

MARION lEMARChAND

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ExpaTRIaTIon : vERs unE mEIllEuRE qualITé DE vIE ?

Marion Lemarchand, 32 ans, s’installe en 2010 à Montréal avec sa famille. Originaire de Saint Malo et ex-salariée de RegionsJob, elle crée un blog sur JobTrotter dès son arrivée au Québec.

Diplômée de l’ESC Grenoble, elle poursuit son parcours professionnel dans les Ressources Humaines tout en s’imprégnant d’une nouvelle

culture. En parallèle, elle pratique la voile en compétition et s’investit dans la vie associative liée à la petite enfance.

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Pour ceux qui veulent mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle, la reconversion, longue et coûteuse, ressemble à une trop grosse montagne pour répondre à des besoins urgents à combler. Elle peut cependant être un véritable investissement à long terme, à effet durable, pour peu qu’elle soit soigneusement élaborée.

Quand il commence à se manifester, l’idéal d’une vie plus apaisée, plus équilibrée et qui permet de profiter de ses proches s’exprime souvent dans l’urgence, et trouver des recettes toutes faites à appliquer rapidement semble être la solution évidente.

Pourtant, lorsque le manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle génère un stress qui se rajoute à celui du travail, le ras-le-bol s’installe, s’amplifie, ces petites solutions sparadrap deviennent vite largement insuffisantes. Dans ces cas-là, changer de métier peut être un moyen de redessiner une vie non pas seulement professionnelle, mais aussi personnelle, et de construire un tout plus épanouissant et plus réjouissant.

La plupart du temps, lorsque la voie de reconversion qui a été identifiée est totalement cohérente avec les besoins personnels et professionnels du salarié, même s’il travaille beaucoup, le stress engendré est complètement différent. Ou en tout cas perçu totalement différemment. Du coup le temps personnel est beaucoup moins pollué par des distractions d’ordre professionnel. En d’autres termes : on est moins obsédé par le boulot, donc plus disponible dans son temps personnel. On en tire alors davantage de satisfaction. Même s’il la quantité de temps personnel augmente peu, sa qualité est une sacré compensation.

Et pour cela, voici 4 étapes nécessaires pour que changer de métier rime avec vie apaisée plutôt qu’avec cauchemar avéré.

1. Vérifier les moteurs

Si trouver un équilibre entre vie privée et vie perso est le seul moteur de reconversion, il y a de fortes chances pour que celle-ci soit difficile. Pour changer de métier avec succès, il est indispensable que la reconversion réponde à tous les niveaux de besoins. Concilier vie pro et vie perso n’est qu’un élément des besoins environnementaux, éventuellement des besoins en termes de valeurs et de sens, qui ne sont eux-mêmes qu’une partie de nos besoins. C’est donc un moteur insuffisant en soi, et il est indispensable d’explorer tous les niveaux de besoins (environnementaux, comportementaux, relationnels, besoins

en termes de capacités, de tâches, de convictions, de valeurs, de sens) pour s’assurer que le désir de reconversion est bien réel. Faute de quoi, il vaut mieux réfléchir à une autre manière d’exercer son métier.

Cette étape est indispensable pour que les bénéfices à changer de métier soient supérieur aux inconvénients générés par la période, plus ou moins longue, de formation, qui, si elle est menée en parallèle d’un emploi à temps plein, rend encore plus difficile la conciliation vie pro/vie perso !

2- Accepter la perte de statut pour le gain d’estime de soi

Lorsqu’on a atteint un niveau dans l’entreprise qui ne permet plus une conciliation sereine vie professionnelle/vie privée, la plupart du temps, une reconversion va impliquer de diminuer son niveau de responsabilités. Cela signifie l’acceptation de la perte de statut.

Pour nombre d’entre nous, le statut est essentiel : si le monde reconnaît nos accomplissements, alors c’est qu’ils ont de la valeur. C’est en réalité l’expression d’une estime de soi fragile, qui donne au regard de l’autre le pouvoir de l’évaluer. Du coup, la crainte de la perte de cette reconnaissance externe est un frein à une reconversion. Pourtant, les nourritures affectives gagnées dans une vie plus équilibrée alimentent la reconnaissance interne, qui est un allié bien plus sûr de l’estime de soi.

3- Accepter la perte de revenu pour le gain de bien-être

L’autre conséquence directe de la rétrogradation, c’est la perte financière. Cependant, gardons en tête que le bien-être a un coût. Un salarié moins stressé et dont les pensées ne sont pas entièrement phagocytées par le travail passera davantage de temps de qualité avec ses proches ou dans ses activités personnelles. La diminution de revenu peut être alors largement compensée par les bénéfices en termes de mieux-être personnel et familial.

4- Vérifier la réalité du métier

Parce que certains métiers nous font rêver, on peut en avoir une vision parcellaire et inexacte. On pense typiquement au syndrome de la chambre d’hôte : le rêve d’une vie paisible et harmonieuse, dans un environnement délicieusement rural ou tranquillement touristique. Or, c’est aussi un travail potentiellement très prenant, aux nombreuses tâches ingrates et dans lequel les horaires habituellement familiaux sont consacrés aux clients.

Vérifier la réalité d’un métier permet de prendre des décisions en connaissance de cause et d’éviter les mauvaises surprises. Rares sont les métiers totalement incompatibles avec une meilleure conciliation vie pro/vie perso, en revanche, c’est le fait de connaître avec précision la façon dont ils s’exercent qui permet de trouver des solutions adaptées.

Pour cela, il est nécessaire d’aller passer quelques jours avec un professionnel pour observer son quotidien. Des organismes proposent ce type de prestation à prix d’or, mais il suffit le plus souvent de prendre son téléphone et de contacter par soi-même des professionnels de sa région. Il n’est pas rare que ceux-ci soient ravis de partager leur expérience et de parler de leur métier.

SylvAINE pASCUAl

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changER DE méTIER pouR mIEux concIlIER vIE pERsonnEllE ET vIE pRofEssIonnEllE ?

Sylvaine Pascual, 44 ans, fondatrice et diri-geante du cabinet Ithaque Coaching et auteur du blog d’Ithaque : coaching des odyssées professionnelles.

Agrégée, ex-professeur de classes prépara-toires et membre du jury Mines-Ponts, je suis aujourd’hui coach spécialisée dans les évolu-

tions professionnelles, et en particulier la reconversion, avec pour objectif constant le mieux-être professionnel.

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ShUg

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IllusTRaTIon

Shug est consultante informatique et illustratrice amateur.Vous pouvez la contacter à cette adresse.

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Quelles sont les raisons principales qui poussent les gens à quitter Paris pour s’installer en province ? Est-ce justement la recherche d’un meilleur équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle ?

C’est sans aucun doute la recherche d’un meilleur équilibre personnel et professionnel. La vie parisienne est souvent vécue comme une course contre la montre, tant au boulot qu’au quotidien. Partir est donc le rêve de nombreux Franciliens, en particulier des cadres et des jeunes familles (55% des départs) qui arrivent difficilement à jongler entre un travail prenant et une vie familiale active. Poser ses enfants à l’école, aller au bureau, voir ses clients, prendre la voiture... ce quotidien est un cauchemar dès qu’il passe par le boulevard périphérique ou le métro ! La province est pour beaucoup la meilleure solution d’équilibre - les situations étant évidemment très différentes, entre une grande ville comme Marseille, une ville moyenne comme Poitiers ou Chalons en Champagne ou la campagne corrézienne !

En règle générale, est ce que vous observez une tendance plus forte à la mobilité ces derniers temps ?

Au delà des statistiques qui le prouvent (l’INSEE projette 300 000 départs par an en Province d’ici 2030), je pense que le principal changement est d’ordre culturel. Auparavant, Paris était l’endroit où faire carrière et celle-ci était la priorité. Aujourd’hui, le travail s’inscrit dans un choix de vie global et dans un choix de lieu de vie en particulier. Je constate que l’on choisit de plus en plus où l’on vit, parfois indépendamment de choix professionnels : c’est une grande nouveauté. Par ailleurs, les Français sont beaucoup plus mobiles qu’auparavant ; la mobilité étudiante en est la parfaite illustration. On dit des Français qu’ils sont casaniers, mais c’est faux ! Ils sont parmi les plus mobiles d’Europe.

Quelles sont les questions à se poser lorsque l’on souhaite se lancer dans un tel projet ?

C’est un projet que l’on doit avant tout construire ensemble si l’on vit en couple ou en famille. La plupart des échecs sont liés aux difficultés d’intégration du conjoint ou de la famille. Pour ne rien regretter, il faut également savoir ce que l’on gagne à partir et ce que l’on y perd.

En somme, il faut «choisir» sa mobilité - plutôt que fuir Paris et ses difficultés. De manière générale, il vaut mieux éviter de partir sur un coup de tête, et anticiper les aspects professionnels et financiers de cette démarche !

Quelles sont les difficultés auxquelles peuvent se heurter les candidats à la mobilité ?

La mobilité est un rêve qui se heurte aussi à certaines réalités. Des réalités professionnelles, matérielles, financières et sociales. La principale erreur, c’est de les ignorer. Il faut donc faire des repérages sur place à l’avance, ficeler un projet professionnel, partir avec un peu d’argent... et si possible rencontrer du monde et découvrir les «réseaux» de sa prochaine destination.

Dans quelle mesure le salon PROVEMPLOI aide-t-il les candidats à la mobilité ?

L’objectif de PROVEMPLOI est d’apporter toutes les clés de la mobilité professionnelle et personnelle sous un même toit. Au delà des offres d’emploi proposées dans toute la France, le Salon réunit aussi de nombreuses régions qui présentent les jobs actuellement à pourvoir sur place, les dispositifs pour créer / reprendre une entreprise, des réseaux de franchise, des déménageurs... Le salon permet aussi de trouver le déclic pour réaliser ce projet - auquel pensent près d’un Francilien sur deux ! D’ailleurs, six mois après le salon, près de 40% des visiteurs sont effectivement partis !

Quels sont les retours des personnes que vous avez aidées ? Avez-vous quelques anecdotes à ce sujet ?

Nous invitons les visiteurs à nous tenir au courant de leurs aventure ! Les trajectoires sont d’ailleurs très variées. Un couple passé sur le salon a créé une boutique de loisirs créatifs à Clermont-Ferrand en début d’année. Toujours en Auvergne, l’un des visiteurs travaille en freelance dans l’informatique depuis le Cantal. Nous avons également eu beaucoup de recrutements dans des grandes métropoles, à Nantes dans l’informatique, à Bordeaux dans le e-commerce, à Lyon dans la grande distribution... Le message que l’on reçoit le plus souvent de leur part ? «Aucun regret !»

pROvEMplOI

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la mobIlITé En pRovIncE

Edouard Chabanon et Antoine Colson sont les deux fondateurs du salon Provemploi. Celui-ci réunit des entreprises, des spécialistes de la mobilité, des régions... pour aider les candidats à la mobilité en

province. Pour plus d’informations et des témoignages de personnes ayant quitté Paris pour s’installer en région, vous pouvez également consulter le blog de Provemploi.

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Le télétravail isole, c’est un lieu commun connu. Il isole et serait aussi accusé de brouiller la frontière entre notre vie professionnelle et notre vie privée. La réalité est un peu plus subtile.Précisons d’abord que nous parlerons ici du télétravail dans son acception juridique stricte de mode d’organisation pour les salariés. Les indépendants qui travaillent à distance ne sont pas assujettis à un employeur. Ils ne risquent donc pas de le voir empiéter sur leur vie privée ni de l’entendre au téléphone à des heures indues. Même si les clients peuvent parfois être au moins aussi tyranniques qu’un patron.

En revanche, les deux catégories de travailleurs à distance rencontrent le même problème d’organisation de leur journée de travail qu’on abordera plus loin.

Le télétravail n’est pas une malédictionQuand le télétravail est mis en place dans une entreprise (ou une administration) avec soin, il apporte beaucoup de bénéfices. Concentrons-nous sur ceux qu’il apporte au télétravailleur.

Pour le salarié, le télétravail représente moins de déplacements domicile-travail et donc des économies de stress, de temps et d’argent gaspillés habituellement en trajets et en encombrements.

Il représente donc du temps personnel récupéré sur le temps consacré… à gagner sa vie. Imaginez tout ce que vous pouvez faire en gagnant 1 heure par jour télétravaillé.

Travailler à distance permet aussi de reprendre la main sur la gestion de son temps de travail. Plus de liberté, à condition, encore une fois, que le projet soit correctement géré par l’entreprise et que le management par objectifs mis en place fasse l’objet de formations préalables du salarié et de son manager.

Le problème de la disparition de la frontière vie privée-vie professionnelle doit lui être abordé lors de la mise en place du

télétravail, dans la négociation d’un avenant au contrat de travail ou d’un accord d’entreprise avec les partenaires sociaux.

Quant au patron abusif qui vous appelle à 11h du soir pour parler des dossiers en cours, est-ce son mode de management qui pose problème ou bien le télétravail ?

Le télétravail, un symptôme de changement de société ?Et si en fait la défense de cette frontière vie privée/vie professionnelle était un faux problème ? Juste la manifestation d’une peur d’un changement ?

Ne sommes-nous pas en train d’assister sous couvert de télétravail et de travail en mobilité à la manifestation de nouvelles aspirations des salariés, à la fin de l’auto-boulot-dodo avec ses durées de travail fixes dans des bureaux fixes ?

La mise en place du télétravail implique au préalable le développement d’un climat de confiance : on ne peut pas manager à distance sans confiance. Elle implique aussi des formes de management responsabilisantes, par objectif. Tout bénéfice pour le salarié.

D’ailleurs les salariés ne s’y trompent pas. Officiellement la France compte environ 10 % de salariés télétravailleurs mais 30% de salariés qui veulent télétravailler. Dans la réalité probablement plus car il est impossible de compter les télétravailleurs « gris », les occasionnels qui travaillent à distance sans cadre juridique.

La demande est forte et on le comprend. Je choisis de m’occuper de mes enfants pendant un après-midi ou d’aller au cinéma avec ma femme au lieu de travailler. Où est le problème si je m’organise pour quand même achever mon travail à temps et pour conserver un lien étroit avec mon collectif de travail ?

Hors de la méthode point de salutTravailler à distance, télétravailler, c’est souvent à la maison. Et c’est à domicile que risque donc de se dérouler la bataille pour la défense de la frontière vie privée-vie professionnelle.

On sait grâce à plusieurs études que le télétravailleur est plus productif que ses collègues restés au bureau. On sait aussi qu’il a tendance à plus travailler que la moyenne.

A l’inverse, c’est à la maison qu’il aura le plus de tentations pour procrastiner et ne pas se mettre au boulot. Sortir le chien, une vaisselle urgente, une petite sieste dans le canapé pour être plus efficace, un documentaire sur la poterie au Népal : tout peut être prétexte à distractions.

Le remède à ce trop ou à ce pas assez de travail est l’organisation, la méthode de travail.

XAvIER DE MAzENOD

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lE TéléTRavaIl pERmET-Il DE concIlIER vIE pRofEssIonnEllE ET vIE pRIvéE ?

Xavier de Mazenod est consultant-associé de la société Adverbe spécialisée dans la gestion de la e-réputation et cofondateur du groupement d’entreprises Les Propulseurs.

Il intervient ici comme spécialiste des nouvelles formes de travail dont il assure la promotion au travers de son site et réseau social, Zevillage.

net. Zevillage organise un Barcamp, à Caen, le 8 novembre pour aborder ces thèmes.

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Astreignez vous à des horaires réguliers et sortez-vous de la tête que les soirées et les week-end sont vos tampons horaires de sécurité pour le travail non accompli pendant vos journées de travail. C’est une règle connue : vous occuperez tout le temps que vous vous allouez. Si vous prévoyez 4 heures pour un travail d’une heure… votre travail prendra les 4 heures.

De plus, si vous travaillez avec des collègues ou des clients, il vaut mieux travailler aux mêmes horaires qu’eux.

Quand vous aurez bien assimilé vos règles de fonctionnement, et seulement à ce moment-là, vous pourrez les enfreindre.

Et si vous constatez avec le temps que vous avez du mal à travailler seul (ou plutôt avec les autres mais à distance) vous pouvez penser à la solution des tiers-lieux entre le bureau et la maison : les télécentres et espaces de coworking.

Vous y retrouverez vos pairs, pas forcément tous les jours mais quand vous en éprouvez le besoin. Et, en prime, dans ces tiers-lieux vous trouverez de l’entraide, des idées et des partenaires.

Le télétravail est une opportunité pour les salariés et pour les entreprises. Ni une manière de flemmarder à la maison, ni une menace pour la vie privée. A condition de bien le préparer, de former et d’accompagner les salariés et de savoir maintenir une relation de qualité, même à distance.

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Crédit : Fotolia

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CHAPITRE 4

Témoignages

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Quel est votre parcours professionnel ?

Après un BTS en alternance, je me suis mariée. J’ai passé mon BTS enceinte de 5 mois. Ensuite, je me suis rendue en région parisienne pour suivre mon conjoint, et mon premier poste a été assistante des ressources humaines. J’ai voulu continuer à me former : j’ai repris des cours du soir, en jonglant en permanence entre mon travail, mes cours, et ma vie personnelle. J’ai finalement validé un master.J’ai tout mené de front, je n’ai jamais pris de congé parental par exemple. C’est un choix, et il faut sans arrêt en faire ! J’ai fait ce choix de toujours avancer en menant de front vie pro/vie perso.

Quels conseils pourriez-vous donner aux personnes qui souhaitent préserver au mieux leur équilibre vie pro/vie perso ?

Il faut être très bien organisé ! C’est comme une mini-entreprise à la maison. Professionnellement, ça ne doit jamais apparaître : tout est géré, rien ne doit entraver son travail. On s’organise à la maison comme on s’organise au travail !Avant de prendre un poste ou avant d’aller vers quelque chose, il faut être sûr de l’assumer, et de bien le vivre. C’est vraiment une question d’organisation. Il faut aller voir du côté des mairies, des crèches... Ca dépend des régions, mais on peut avoir des alliés. Si on a de la route à faire par exemple, certaines garderies ouvrent plus tôt. Mais ça veut dire que l’enfant faire une amplitude horaire plus importante. Et c’est malheureusement parfois aussi une question de niveau de vie : il m’est arrivé de donner plus d’argent à ma nourrice que ce qu’il me restait ensuite... C’est une question d’arbitrage.Ne pas prendre un poste si on sait qu’on va le vivre mal, qu’il y aura des frustrations. Car on va être à la fois frustré dans son poste et à la maison. Si le sacrifice en vaut la chandelle, car on sait que tout ira mieux ensuite : allez-y ! Mais il faut toujours faire des choix en connaissance de cause.

Une meilleure conciliation de l’équilibre vie pro/vie perso a-t-elle été l’une de vos motivations pour lancer votre activité ?

Effectivement, j’ai fait le choix d’avoir une qualité de vie meilleure, mais avec moins de moyen. J’ai eu envie de tester. C’était le moment pour moi, une transition. Je n’avais plus envie d’avoir des horaires de travail de travail improbables ! Aujourd’hui, c’est réalisé en termes de qualité de vie : je suis davantage présente en cas d’enfant malade, de grève... Je peux m’organiser. Je choisis mes missions et mes horaires, la plupart du temps.

La difficulté, c’est qu’on est chez soi : pour les enfants, c’est difficile de se rendre compte que l’on travaille ! Et pour moi, j’ai tendance à travailler beaucoup la nuit... C’est à double tranchant ! Mais ça ne me pose pas de problème, car c’est mon choix.

Auriez-vous des conseils pour les entrepreneurs qui travaillent à la maison et qui souhaitent conserver au mieux leur équilibre vie pro/vie perso ?

Il faut essayer de ne pas culpabiliser : ne pas hésiter à laisser les enfants à la garderie par exemple, comme si vous étiez au travail. Sinon, si on vient les chercher à la sortie de l’école, c’est une heure à laquelle la journée de travail est loin d’être terminée !J’ai aménagé mon espace bureau dans la maison, je n’ai pas de pièce à part : mais il est bien délimité !

Ce qui est important, c’est de ne pas rester seul : s’insérer dans des réseaux professionnels (je suis membre de l’Andrh par exemple), aller à des réunions pour rencontrer ses confrères... C’est très positif à tous points de vue. Par exemple, en assistant dernièrement à une conférence, j’en suis ressortie avec un contrat, même si ce n’était pas le but original ! Il faut toujours être au courant de ce qu’il se passe dans son milieu professionnel, rester au coeur du sujet de son activité. Vraiment, il ne faut pas rester seul, même si cela signifie qu’on dépense plus de temps qu’en tant que salarié. Mais c’est excitant, et on est d’autant plus fier lorsque l’on arrive à faire quelque chose.

C’est long à mettre en place, mais le retour peut être positif ! La problématique, c’est de ne pas baisser les bras. Il faut se faire connaître etc. Quand vous devenez entrepreneur, il faut tout faire : commercial, financier, marketing...C’est le système D, l’entraide !

vANESSA bUChlIN

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TémoIgnagE

Après quinze années d’expérience dans les ressources humaines au sein de diverses entre-prises en région parisienne, Vanessa Buchlin a lancé sa propre activité de conseils, Alternative Pro.

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Les difficultés rencontrées Garder du temps pour sa vie privée

Un travail qui ne s’arrête jamais, cela laisse-t-il assez de temps dis-ponible pour les autres aspects de sa vie ? Plusieurs camps s’op-posent. Tout d’abord, il y a ceux pour qui le temps passe trop vite, mais dont l’intérêt pour le travail compense cette suractivité, comme Aurélia. «J’ai la chance d’être passionnée parce que je fais donc je ne le vis pas trop mal (mais c’est aussi le risque...). J’ai tout de même conscience que ce n’est pas forcément une bonne chose et j’aimerai avoir plus de temps dispo pour ma vie privée. »D’autres arrivent au contraire à jongler avec ces nouveaux outils pour trouver un équilibre, comme Kevin D. : « Oui, tout du moins je fais tout pour me garder du temps. Travaillant sur Facebook et Twitter cela permet tout de même de planifier du temps avec les amis et la famille tout en étant au travail. » Tout est également une question d’organisation, comme l’évoque Laurie : « passer toute une journée à préparer un dossier, un projet, ça laisse beaucoup moins de temps pour s’attaquer aux fourneaux, au ménage et aux tâches simples de la vie privée. Je n’ai pas d’enfants, donc c’est déjà plus simple pour moi. Mais j’ai un appart et un couple à gérer. Je me suis donc at-tribuée les week-ends pour souffler, me déconnecter et m’occuper entièrement de mon entourage. »Un autre type de problème se pose pour les indépendants. Quand votre lieu de vie est le même que votre lieu de travail, il n’est pas forcément simple de couper...Marie témoigne : « On peut à la fois être dérangé dans son travail par sa vie personnelle, et on est surtout tenté de travailler un peu n’importe quand dans la journée et même

dans la semaine ! Et puis, quand on est en phase de création et de lancement de son entreprise, il y a tout le temps quelque chose à faire pour la développer et la faire connaître... Sans compter que mon métier (la veille et l’animation d’espaces d’échanges sur le web so-cial) évolue sans cesse »

TéMOIgNAgES

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savoIR sE DéconnEcTER quanD on TRavaIllE Dans lE wEb

Nous vous proposons un focus sur les travailleurs du web. Ce secteur particulier est en effet représentatif d’une problématique actuelle : où placer la barrière entre travail et loisirs quand on a accès à son outil de travail en permanence ? Comment gérer son temps libre quand passion et métier se rejoignent ? Nous manquons encore de recul pour analyser les incidences de cette omniprésence du web dans nos vies. Pour voir plus en détails les problèmes qui se posent et bénéficier de conseils de personnes expérimentant cet état de fait au quotidien, nous avons interrogé 8 travailleurs du web aux profils différents. Salariés en agence ou chez l’annonceur, développeur web travaillant sur des projets annexes sur son temps libre, fondatrice d’une société spécialisée dans la veille, ils témoignent sur la manière dont ils concilient vie privée et vie pro. Un grand merci à eux pour leur contribution à ce débat.

Trouver du temps pour sa vie pro

Les journées ne font que 24 heures, c’est bien peu quand on a de multiples casquettes, comme c’est le cas pour Lionel : « J’ai une activité professionnelle IRL (en tant qu’urbaniste dans un hôpital) en plus d’une activité plus «virtuelle» dans la conception de sites Web & e-commerce. A cela s’ajoute l’édition du blog Websourcing.fr. Autant dire que c’est toujours la course au niveau du temps. Heureusement ma femme travaille aussi dans le milieu hospitalier, à un niveau de décision qui fait qu’elle comprend mon investissement. » Le constat est le même pour Kévin. « Avec le temps, un clivage naturel s’est mis en place entre la vie privée et la vie professionnelle, le vrai problème de mon côté se situant plutôt dans la séparation entre le dévelop-pement front-end de loisir, et celui pour la société pour laquelle je travaille. J’aime travailler pour des projets «loisir», tels que MinURL ou mon blog, afin de me permettre de progresser dans des axes que je n’aurais pas pu forcément explorer au travail. Malheureusement, trop s’investir au travail (et ne pas s’en rendre compte car on conti-nue à progresser) ne laisse que peu d’énergie, même pour un projet personnel passionnant. »

Illustration : Lili La Baleine Verte

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Se déconnecter

Le vrai problème quand on travaille dans le web, c’est finalement d’arriver à se déconnecter. Pas forcément simple quand son outil de travail est actif quand on a fini sa journée. Le positionnement par rapport aux amis et à la famille n’est alors pas forcément simple, comme le dit Aurélia quand elle explique les principales difficultés qu’elle rencontre dans la conciliation vie privée/vie pro : « Le fait de travailler «hors horaires classiques» et donc de se retrouver à parfois devoir travailler le week-end, un soir... Avoir des imprévus de dernière minute niveau travail qui viennent empiéter sur ma vie perso. Et du coup votre entourage qui vous dit voire reproche de trop travailler, d’avoir du mal à faire la coupure ... (ce qui n’est pas totalement faux...) ». Et potentiellement, l’accès à ses missions ne s’arrête jamais, comme le souligne Kevin D. : « Tous les appareils web (ordinateur + tablette + téléphone) étant tous reliés à un mo-ment au travail, il est difficile de ne plus penser au travail du tout même à l’autre bout du monde. »

Et souvent, le travail se rappelle à nous quand on n’y pense pas, comme pour David : « Si vous êtes dans le secteur du design, vous savez qu’on a toujours des réflexes qui reviennent... «Oh jolie typo sur ce menu de restaurant» ou encore «Ouhh la vi-laine ombre portée sur cette pub». Rien de grave, nous sommes toujours à l’affût d’inspiration. La limite entre vie privée et vie pro est très mince... » Et encore, c’est souvent une nécessité de rester connecté. David continue ainsi : « Au vu du temps passé à monter, créer, animer, mettre à jour mon identité web, mes sites internet, les réseaux sociaux, il me faut être réactif s’il arrive un problème. La concurrence est rude et l’erreur ne pardonne pas. »

La première consiste à se faire violence et à se déconnecter régu-lièrement, comme le fait Aurélia. Son conseil ? « En dehors de chez moi/lieux de travail, ne pas avoir d’accès à une connexion (éviter au maximum les smartphones par exemples, je m’en sers comme d’un téléphone et ne navigue jamais dessus). (…) Je m’oblige à une journée sans internet (le samedi ou le dimanche). » David continue : « je ne checke que mes mails perso et en rapport avec mes sites sur mon téléphone. Le reste, cela attend les «horaires de bureau». On a besoin de passer du temps avec les amis, la famille. C’est pour cela aussi que je ne poste pas le Week-end. »

Délimiter une frontière claire entre privé et perso

Cela passe aussi par le fait d’imposer ses conditions à son entourage pro, comme le fait Aurélia : « J’essaie de plus en plus de négocier de meilleurs délais avec les clients afin d’éviter de devoir travailler les week-ends, trop tard le soir, et donc tente de respecter des horaires plus classiques, cela me semble essentiel car on est en phase avec le rythme de son entourage et donc on fait plus de choses dans sa vie perso. » Savoir s’arrêter est indispensable. C’est ce que fait Lio-nel : « J’essaie de ne pas me laisser déborder et surtout je fixe des limites. Il y a des jours ou quoi qu’il arrive je rentre plus tôt chez moi. Parfois aussi je coupe mon activité sur Internet. »

Penser à séparer présence pro et présence perso sur les réseaux sociaux, même si ce n’est pas toujours simple comme l’explique Kevin D. : « Réussir à tenir plusieurs comptes pro/perso n’a jamais été une solution pour moi, cela demanderai bien trop de temps. Il faut se fixer des règles simples : ne plus consulter les notifications de la Fan Page après 19h par exemple, faire des listes claires dès le départ et segmenter les contacts, limiter la visibilité des posts trop personnels à ses vrais amis et pas aux rencontres web. » C’est aussi vrai pour sa boite mail, selon Kévin R. « Le plus important pour moi, des boites mails pro & perso toujours séparées. Pas de filtre pour «trier dans des dossiers», un coup d’œil aux mails pros au travail pouvant déraper sur du loisir, ou l’inverse chez soi. »

Pour les freelances et ceux qui ont créé leur structure, séparer lieu de travail et lieu de vie peut être une bonne idée, selon Marie. « Pour éviter que mon activité professionnelle ne prenne trop le pas sur ma vie personnelle, j’ai tout d’abord loué un bureau. L’air de rien, avoir un bureau structure et rythme les journées de travail. Le repas du midi a vraiment lieu entre midi et deux, et puis une fois rentré chez soi, la journée de travail est terminée ».

Utiliser les bons outils

Les outils sont également importants. La technologie peut aider à gagner du temps, quitte à ne pas décrocher totalement… Laurie ex-plique : « un lecteur de flux RSS, un planificateur de post pour les ré-seaux sociaux, de l’inspiration pour les articles de blog... et surtout, la tablette et le smartphone. Grâce à ces outils, on est directement averti des actualités et on peut agir sans être devant son bureau. » Même constat pour David : « J’utilise netvibes par exemple pour faire de la veille sur plus de 300 sites internet. Je cible, je connais mes besoins, mes attentes, je sais ou chercher à quel moment. »

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Illustration : loop_oh

Les astuces pour mieux gérer la conci-liation vie privée / vie pro

Savoir se déconnecter

Comment nos travailleurs du web s’arrangent-ils pour gérer de front leur vie professionnelle et leur vie privée ? Plusieurs astuces existent.

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Se créer des sas de décompression

Le salut peut aussi passer par des sas de décompression auxquels on n’aurait pas pensé en premier lieu. Benjamin nous donne ainsi de bons conseils. « Ce qui me permet de couper ma journée est de tra-vailler à Fougères, habitant à Rennes. Je m’explique, malgré les in-convénients indissociables de la voiture (pollution, fatigue, coût) et le fait que je n’ai pas vraiment d’autre choix pour me rendre au travail, elle représente pour moi un véritable sas de décompression dans lequel je peux me «déconnecter» en discutant avec mes covoitureurs, en écoutant de la musique ou en me reposant sur le trajet. Sinon, une de mes astuces est de m’obliger à suivre des activités hors-web (mu-sique et sport pour moi) ou de programmer des soirées entre amis durant lesquelles je ne serais pas tenté de jeter de fréquents coups d’œil sur mon smartphone. Je m’oblige aussi à ne pas ramener de travail chez moi quitte à finir bien plus tard de peur que cette frontière s’estompe petit à petit. »

Organiser son emploi du temps

Pour Marie, il est capital de gérer son temps au mieux pour se met-tre dans les bonnes conditions. « Je me suis organisé un emploi du temps hebdo dans lequel je me donne un certain temps pour ac-complir certaines tâches. Par exemple, se caler une bonne heure de prospection par jour, avec un objectif de x contacts qualifiés. Une fois cette «mission» terminée, je peux passer à autre chose, et surtout ar-rêter de me dire que j’aurai pu en faire toujours plus ! Quand on est à son compte, les journées de travail pourraient s’éterniser parce qu’il y a toujours quelque chose à faire pour développer son entreprise. »

Leur vision du futurLa question du devenir des travailleurs du web est cruciale. Nous avons encore peu de recul sur ce sujet, mais cette omniprésence du web dans notre vie de tous les jours pousse à la projection. Qu’ad-viendra-t-il après quelques années à un poste aussi prenant et pré-sent dans la vie quotidienne ?

Une meilleure gestion du temps

Certains espèrent avoir engrangé assez d’expérience pour mieux gérer leur quotidien, comme Aurélia : « J’espère peut-être travailler autant mais avoir gagné en efficacité et en organisation pour pouvoir avoir un rythme un peu allégé et des semaines mieux structurées. » Même constat pour Marie : « le fait de gérer une entreprise me de-mandera toujours d’être disponible dans les moments de forte acti-vité, ou au contraire, quand il faudra que je la développe davantage. Je pense aussi que cette expérience est un long apprentissage, qui comprend aussi la gestion du temps. Je connais des entrepreneurs du web qui ont des horaires de travail tout à fait «normaux» (sauf exception bien sûr ;). Et puis aussi parce-que je pense qu’on ne peut pas être toujours à 200%, au risque de s’épuiser, ou pire, de mal faire son travail. Et puis, j’ai toujours pensé que L’Œil au Carré pourra compter sur de nouvelles recrues, ce qui devrait se concrétiser pro-chainement ! »

Autre possibilité, calmer un peu le rythme pour privilégier la vie fa-miliale, comme Laurie : « Dans 10 ans, j’espère avoir des enfants. Je vais donc devoir ralentir ma vie actuelle pour m’occuper d’une famille. Je ne pense pas laisser tomber, c’est un job en or, mais pro-bablement moins m’impliquer et m’investir personnellement dans ce que je fais. »Mais d’autres ne comptent pas lever le pied, comme David : « Je pense que les technologies vont continuer d’évoluer, les outils de veille aussi. J’aime ce rythme, cette cadence de travail. Je me suis fixé une hygiène de vie. Elle sera la même dans 10 ans, voire plus soutenue puisque l’expérience sera aussi de la partie. (la nouvelle génération est aussi la donc il faut faire avec pour rester dans le coup... ). » Kevin D., pour sa part, espère surtout changer de cadre de vie « le rythme de travail ne me dérange pas, j’espère seulement que le cadre de vie aura changé, je commence déjà à me lasser de la vie en Ile-de-France et je songe de plus en plus aux solutions de télétravail (même 1 semaine par mois). Je pense que le cadre de vie influe énormément sur le travail et sa qualité, donc pour continuer comme cela sur le côté pro il faudra optimiser le coté privé. » Même constat pour Lionel : « J’envisage un glissement très progressif vers une activité online. A terme, cela devrait me permettre de pouvoir travailler un peu n’importe où, sans les contraintes d’un emploi IRL. » Kévin R. entend lui aussi trouver une solution en prenant les choses en main : « j’espère un jour trouver le projet personnel qui pourra de-venir un projet pro à plein temps, ou arriver à industrialiser suffisam-ment mon travail pour passer plus de temps avec famille / amis. »

Le web, un secteur particulier ?L’équilibre entre vie pro et vie privée est difficile à trouver quel que soit son métier. Le web reste tout de même un secteur particulier, de par l’accès permanent à son outil de travail où que l’on se trouve. C’est l’avis d’Aurélia : « cela peut-être plus difficile que dans d’autres secteurs, car si on veut on peut ne jamais s’arrêter, Il y a toujours une sollicitation à laquelle répondre, une info intéressante qui tombe à lire, à partager... Le web ne s’arrête jamais ! ». Laurie confirme également cette tendance : « Quand je compare avec mon entourage, oui, l’équilibre est plus compliqué. On m’appelle «la geek» parce que je suis constamment connectée et que je réagis à la moindre notifica-tion. Contrairement à un métier «classique», lorsqu’on ferme la porte du bureau, on est toujours susceptible de travailler. Et puis, après 24h, une information peut déjà être has-been. »Les smartphones et autres tablettes n’aident pas, comme l’explique Kévin D. : « un problème qui va devenir de plus en plus récurrent à mon sens (c’est déjà le cas aux USA), c’est les heures passées sur son téléphone pour le boulot sur les trajets et qui ne sont pas rémunérées ou compensées. Cela engendre une pression constante et perturbe particulièrement la vie privée des gens du web ». La perpétuelle évo-lution du web n’aide pas non plus, selon Marie : « nouveaux services, nouveaux outils, nouvelles techniques, etc. Le web me donne souvent l’impression d’être en constante version «beta» ! En conséquence, si on ne veut pas louper le train en marche, il faut suivre toutes ces évo-lutions, même de loin. Mais bon, en général, le «travailleur du web» aime plutôt expérimenter de nouvelles plateformes (parfois trop, au risque d’y perdre du temps !). »

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Comme le dit Kévin, la perméabilité entre utilisations professionnel-les et utilisations personnelles peut être un problème : « On utilise souvent les mêmes outils avec un aspect professionnel ou personnel (Facebook, Twitter, Gmail, et autres réseaux / sites), ce qui peut brouiller très vite les frontières. Est-on en train de travailler ? Est-on en mode «loisir» ? Le métier de développeur est également problé-matique : On peut travailler le week-end sur un concept qui nous plaît, et au final sera utile en semaine pour notre employeur. A-t-on travaillé pour son plaisir ? Pour son employeur ? Pour les deux ? »

Lionel, par contre, pense que le secteur est plutôt avantageux : « car il propose une souplesse sans égal. Vous pouvez partir en vacan-ces et continuer à maintenir une activité en ligne. » Et c’est bien sûr variable, comme l’explique Marie : « tout dépend des personnalités, des façons dont elles s’organisent et de ce que représente le travail pour elles »

ConclusionDur de déconnecter du travail quand on travaille sur le web... Il est pourtant important de se fixer des limites et de placer une frontière claire entre vie privée et vie professionnelle. Gare à la surchauffe dans le cas contraire, le burn-out guette, surtout à long terme. Cette problématique mérite d’être réfléchie, vous en serez d’autant plus productif dans votre métier.

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Merci aux 8 travailleurs du web aYant téMoigné :

Aurélia Courtot : après avoir travaillé côté annonceur, côté agence et en tant que freelance, Aurélia créé sa propre structure intervenant sur les stratégies de communication web, médias sociaux pour des problématiques liées à la solidarité et au développement durable. Vous pouvez la retrouver sur Viadéo et sur Twitter avec le pseudo @_aurelia.

Benjamin Yeurc’h : Webmaster et Assistant de Communication/Marketing pour Converse, New Balance et d’autres marques de chaussures au Groupe Royer. Retrouvez-le sur son site benjaminyeurch.com.

David alias Olybop : Webdesigner Freelance sur Nantes mais aussi blogueur pour Olybop.info et les-courts-metrages.fr. S’intéresse à tout ce qui touche au Design, aux réseaux sociaux mais aussi à tout ce qui touche à l’inspiration en général. Retrouvez-le sur Twitter @olybop.

Kévin Rocher : Développeur Front-End dans la société Colorz, où il intègre/développe des sites sous WordPress et des sites e-commerce sous Magento, Kevin travaille également sur des projets personnels comme le raccourcisseur d’URL minu.me. Actif sur Twitter sur le compte @darklg et blogueur sur darklg.me,

Kevin Dicop : Community Manager pour la page My Guerilla Marketing et contributeur au sein du blog My Community Manager. Retrouvez-le sur Twitter @kdicop et sur Facebook.

Laurie Diricq : passionnée par le web et la com-munication, Laurie est Community Manager pour RevolutionIT . Retrouvez-la sur Le blog de Tchewwyet sur Twitter @Tchewwy.

Lionel Roux : blogueur sur Websourcing et concep-teur de sites web et e-commerce. Retrouvez-le sur Twitter @lionelroux.

Marie Armand : gérante et fondatrice de L’Œil au Carré, société spécialisée dans la veille, le-répu-tation et le web social. Retrouvez-la sur Twitter @twitting_mary.

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Ce billet a initalement été publié sur le site MyCommunityManager.

L’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est un leitmotiv quand on aborde le monde du travail. Être efficace dans notre travail nécessite en effet d’être bien dans ses baskets et de prendre du temps pour soi, sous peine de flirter avec le burn-out. Et pour un community manager, comment cela se passe-t-il ? Nous avons encore peu de recul par rapport à ce métier, apparu récemment (en sa forme actuelle tout du moins). On connait la nécessité pour le Community manager d’être hyper actif et omniprésent. Mais jusqu’à quel point ? L’idée de ce billet est de se poser la question et d’échanger à ce sujet. Et non de faire de cas potentiels des généralités. Chacun gère la chose comme il le peut !

Une nécessaire omniprésence

Le Community manager se doit d’être présent en permanence sur les espaces qu’il gère. Le moindre dérapage le week-end lui sera attribué, mauvaise publicité pour lui et son entreprise comprise. Le web ne s’arrête pas aux horaires de bureau ! Vacances, soirs et week-end, l’actualité du web, la vie du réseau et l’activité des communautés ne prend jamais de pause. La conscience professionnelle du CM lui impose donc de rester connecté, ne serait-ce que d’un œil, lorsqu’il n’est pas à son poste.Pas de souci me direz-vous, le Community manager est avant tout un passionné. Pas de problème donc pour être connecté 24h/24. Les smartphones n’ont bien sûr rien arrangé. Travail la journée, conférence le midi, rencontres IRL et évènements le soir. Réveil Café/mails le matin, et les yeux rivés sur son portable ou son ordi pour boucher les trous. Les semaines peuvent passer vite. Mais quid de l’excès d’information et des pauses nécessaires pour s’oxygéner ? Qu’en est-il pour la vie de couple et la vie sociale ?

Quelle est la durée de vie du Community manager ? Cette question aurait pu être le titre de l’article. Dans les conditions pré-citées, combien de temps tiendra un Community manager avant de craquer mentalement ? Le profil type du CM présuppose une

personne jeune et motivée. Pas de problème donc pour les premières années. Mais une fois l’euphorie passée et le sujet moins à la mode, les choses risquent de changer. Le métier apparaitra peut-être comme moins sexy quand il sera banalisé et pleinement intégré dans les entreprises. Reste à voir combien d’années un Community manager doit accomplir avant de passer à un autre poste. Et quel poste ?Travailler potentiellement 24h/24 peut être stressant sur le long terme. Tout le monde a besoin d’être totalement déconnecté de temps en temps et de ne pas penser au travail. Le poste de CM est impliquant à l’excès et ne permet pas forcément cela, surtout quand on prend son métier trop à cœur. Il y a donc de fortes chances qu’un Community Manager ayant quelques années d’expérience cherche à occuper d’autres fonctions (même en restant dans le domaine du web). A moins qu’il ne trouve des astuces pour tracer des limites claires entre vie privée et vie pro.

Prendre son temps, parfois

En matière de conciliation vie prof/vie perso, la principale chose à faire pour un Community manager est d’accepter qu’il ne peut pas tout savoir. Une information lui passera toujours sous le nez, il aura toujours un temps de retard sur un nouveau service, tous ses mails ne seront pas traités dans la demi-heure. Et faire le point toutes les heures sur la diffusion des informations postées sur les réseaux sociaux ne changera rien aux chiffres. Accepter cet état de fait, c’est déjà avoir fait une bonne partie du chemin. Prendre du temps pour soi, c’est aussi prendre du recul et être plus performant dans son travail. Il ne faut donc pas hésiter à se déconnecter régulièrement ! Et surtout ne pas s’isoler en devenant monomaniaque, qu’importe l’intérêt que l’on porte à son travail. Trop de web tue le web, comme pour tout. Il y aura toujours des projets à lancer, des évènements auxquels participer, des informations à diffuser.

flAvIEN ChANTREl

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lE DIffIcIlE équIlIbRE vIE pRo/vIE pERso pouR un communITy managER

Flavien Chantrel est commmunity manager pour RegionsJob depuis 4 ans et formateur sur le thème du recrutement et des réseaux sociaux.

C’est également un blogueur assidu, très actif sur Twitter. Il a créé le Blog du modérateur lors de son arrivée à RegionsJob en 2007.

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ANThONy gOUARCh

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IllusTRaTIon

Diplômé de l’école d’art graphique OCE-MJM de Rennes section illustration publicité, je suis peintre illustrateur. Après avoir commencé en agence de pub et dans l’illustration jeunesse, je me consacre principalement au dessin de presse et d’humour. Je collabore à différents sites internet ainsi qu’à des journaux satiriques.

Retrouvez-moi sur mon blog : Un blog de traits et de mots.

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Qu’est-ce que l’équilibre vie pro/vie perso ?Quelques définitions pour commencer ! Les notions de vie privée et de vie personnelle peuvent être distinguées ainsi : «La vie professionnelle peut être définie de la manière suivante : c’est le temps passé dans ou hors de l’entreprise dans le cadre de l’exercice d’un emploi. L’employeur définit des règles pour régir ce temps professionnel. En dehors de la relation entreprise/salarié, d’autres temps de vie apparaissent dont le temps familial. La littérature fait état du «hors-travail», concept étudié par Ariane Ollier-Malaterre. Ce temps hors-travail est plus général et comprend aussi bien le développement personnel, la famille et les engagements dans la société (association, politique,…).» explique Karen Demaison.

On peut également conceptualiser la manière dont elles s’équilibrent entre elles. Pour Sylviane Lauro, «La notion d’équilibre, comme le terme l’indique, renvoie à l’image du funambule sur son fil, prêt à basculer d’un côté comme de l’autre» Cette conciliation est donc difficile à atteindre : trop privilégier l’un ou l’autre peut mener à des complications… et le spectre du burn out n’est pas loin, rappelle Laurent Rodriguez.

Si on en parle beaucoup en ce moment, c’est parce que la difficulté à concilier travail et vie privée apparaît comme de plus en plus difficile pour de nombreux salariés. Une étude de 2004 du Ministère de la Santé, citée par Sylviane Lauro, nous apprend que quatre personnes sur dix estiment que leur vie professionnelle les empêche d’organiser au mieux leur vie personnelle. Et finalement, cela risque de poser problème. «Le conflit entre le travail et la vie personnelle survient lorsque les exigences professionnelles et familiales sont incompatibles et qu’il devient par conséquent difficile d’assumer un rôle sans nuire à un autre»

En outre, la notion d’équilibre est assez personnelle. Si certains accepteront très bien de sacrifier leur vie privée au profit de leur travail, ce n’est pas le cas chez tout le monde… Comme l’indique Pierre Denier : «La notion d’équilibre est personnelle, elle dépend de toute sorte d’éléments, de ce que l’on est, de ce que l’on veut, de ce qui nous entoure. Elle est alors relative et chacun se détermine, de

façon diffuse et changeante, selon les périodes de sa vie, en plaçant le « curseur » du point d’équilibre au gré de sa sensibilité»

Un rapide sondage nous enseigne d’ailleurs que vous êtes très nombreux à vouloir protéger votre temps libre avant tout !

SyNThèSE

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conclusIon

Parce que le Débat du Mois est ouvert à tous, nous avons également questionné l’opinion des internautes sur la conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle. Comment l’envisagent-ils ? Quels sont leurs trucs et astuces pour l’améliorer ? Privilégient-ils leur travail, leur vie personnelle, les deux ?

Vous retrouverez également la synthèse des différentes contributions de ce guide.

Un grand merci à toutes les personnes ayant accepté de répondre à nos questions !

La vie professionnelle n’est plébiscitée que par peu de personnes… Quand elle passe avant toute chose, au détriment du reste, c’est souvent là que réside le danger. Selon Sylviane Lauro : «On parle d’ailleurs de stress au travail quand une personne ressent un déséquilibre entre ce qu’on lui demande de faire dans le cadre professionnel (vie professionnelle) et les ressources dont elle dispose pour y répondre (vie privée).»

L’opinion des salariésLe sujet de l’équilibre entre vie pro et vie perso vous a fait réagir. C’est en effet une problématique à laquelle chacun est confronté. Horaires peu flexibles, trop grandes distances entre l’entreprise et la maison, charge de travail trop importante… Les raisons d’une difficile conciliation sont nombreuses, et celle-ci se complique d’autant plus lorsque l’on a des enfants. Aurélie, qui travaillait comme responsable adjointe d’un magasin, samedi y compris, témoigne : «Je passais mon temps à courir! Tout ça pour ne même pas avoir de satisfaction au final, puisque je manquais à mes filles qui me le reprochaient, et ma responsable n’était pas satisfaite et me le faisait sentir si je ne dépassais pas mes horaires «programmés» d’1 heure minimum pour montrer mon implication au travail !». Quand le timing devient trop serré et l’équilibre intenable, le risque est de finir par tout négliger en même temps. Vanessa le souligne : « On va être à la fois frustré dans son poste et à la maison». Jacqueline, agricultrice, a des contraintes particulières dans sont travail. Mais le même sentiment domine : « Les enfants petits, pendant longtemps, j’ai cherché à avoir des horaires comme tout le monde... sauf, qu’en élevage laitier, on est tributaire des saisons, des jours qui raccourcissent, etc... et je n’arrivais à rien, l’impression de mal faire partout.»

Parmi les raisons invoquées à cette difficulté de concilier vie privée et vie professionnelle, le manque de flexibilité des horaires semble être principalement mis en cause. Vient ensuite le stresse au travail, qui complique forcément la vie quotidienne, et le manque de congés.

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Gaëlle, qui a rencontré de nombreux salariés éprouvant des difficultés à jongler entre vie personnelle et vie professionnelle, explique que l’une des raisons principales est sans aucun doute : « Le manque, principalement ! Manque d’un mode de garde pour leur enfant, de temps, de disponibilité, etc. Ce qui peut entraîner frustration, culpabilisation, fatigue, voire épuisement, burn out… Mais aussi entreprise ou supérieur hiérarchique peu compréhensif, horaires à rallonge, pression au travail.»

Alors, quelles solutions ? Pour Pierre, le respect de la vie privée passe indiscutablement par l’entreprise. En effet, « La finalité d’une entreprise est de pérenniser son activité et de la faire prospérer en mettant en commun l’ensemble des compétences humaines qui la compose au service d’un même objectif.» La recherche de la conciliation avec le temps personnel doit être en partie aux mains de l’entreprise. Interrogés sur les initiatives que vous souhaiteriez que la vôtre mette en place, vous êtes très nombreux à réclamer un aménagement des horaires. Une fois de plus, la flexibilité semble l’emporter sur l’envie de prendre plus de congés ! Pouvoir arriver et partir de son travail à des horaires qui vous conviennent mieux, dans des limites raisonnables, paraît être une amélioration finalement simple et peu contraignante pour l’entreprise, mais c’est vraisemblablement loin d’être le cas pour tout le monde.

Le télétravail, thématique sur laquelle nous reviendrons plus en détail au long de ces pages, complète le podium des solutions plébiscitées. Cette façon de travailler ne concerne pourtant que 10% des salariés français, rappelle Xavier de Mazenod, alors que 30% souhaiteraient pouvoir y avoir accès.

Ailleurs, des méthodes peuvent être mises en place avec succès. Ainsi, au Québec, où s’est installée Marion : «Certaines entreprises mettent en place un horaire d’été qui permet de ne pas travailler le vendredi après-midi en juillet et août. Les heures sont récupérées en hiver. Ce qui permet, à la fois, de mieux s’adapter à la saisonnalité du business et de proposer un rythme motivant pour les salariés.»

Bien entendu, ces différentes solutions dépendent uniquement de la volonté de l’entreprise. Mais chacun, à son échelle, peut essayer de mieux concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Et chacun a ses petites astuces ! Pour Carole : «Régler des problèmes d’assurance, de garde d’enfants, de prise de rendez-vous médicaux.... Il faut trouver le moment opportun et comment faire quand on a des journées compressées !! J’ai un truc : je m’occupe de ces problèmes en début de journée avant de commencer mes tâches ! Et j’essaie de séparer au mieux tâches persos et tâches pro, sinon je m’embrouille à fond !!» C’est un fait : si les petits soucis du quotidien sont gérés, on se sentira mieux au travail également… Et réciproquement.

L’organisation est le maître-mot pour beaucoup de salariés : «Il faut être très bien organisé ! C’est comme une mini-entreprise à la maison. Professionnellement, ça ne doit jamais apparaître : tout est géré, rien ne doit entraver son travail. On s’organise à la maison comme on s’organise au travail ! Avant de prendre un poste ou avant d’aller vers quelque chose, il faut être sûr de l’assumer, et de bien le vivre. C’est vraiment une question d’organisation», renchérit Vanessa. Même chose pour Aurélie: «Une super organisation! Rien ne doit être laissé au hasard et tout est programmé à la minute près !»

Mais parfois, cela ne suffit pas. Comment préserver au mieux son équilibre vie privée/vie professionnelle ? Des experts nous ont livré leurs conseils et leurs points de vue.

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Les conseils des expertsLes recruteurs et les professionnels des ressources humaines sont bien placés pour discuter de l’équilibre entre vie privée et vie pro. Pour Laurent Rodriguez, quatre piliers peuvent être mis en œuvre, à choisir selon ses possibilités. «Organisez-vous ; Soyez pragmatique ; Embauchez ; Soyez acteur de votre carrière». Encore une fois, une bonne organisation peut permettre de limiter les dégâts ! Comment mettre en place des règles simples pour ne pas se laisser déborder ? «Vous pouvez par exemple planifier votre temps étape par étape, mais aussi classer vos dossiers personnels et professionnels pour vous y retrouver plus facilement. Éteindre dès que possible téléphone portable, ordinateur et autres appareils capteurs d’attention permet de mieux se concentrer au travail et de profiter complètement des moments de détente.» conseille Yves Deloison. Pour Gaëlle Picut, la question du choix et des priorités se pose tout autant. Ses conseils ? «Définir ses ambitions et ses priorités à la fois dans sa vie personnelle et professionnelle. Faire des choix et les assumer le plus possible»

La vie professionnelle ne devrait pas être source de tracas. Lilian Mahoukou insiste : il faut donner la priorité à sa vie personnelle. Car «c’est elle qui apporte, en partie, la stabilité émotionnelle au travail et qui ressource. Cette priorité permet aussi de mieux encaisser certains coups durs au travail, et ainsi d’alterner entre tensions et le plus de relâchement possible. Régulièrement emmener du travail à la maison, ou bien régulièrement finir à des heures tardives, expose rapidement aux reproches de son entourage». Il faut savoir s’arrêter ! Mais également bien délimiter son temps, conseille Yves Deloison : «C’est pourquoi il faut par exemple se réserver des plages horaires sans aucune obligation, du type répondre aux appels téléphoniques ou regarder ses mails». Evidemment, privilégier absolument la vie personnelle à son travail n’est pas toujours chose aisée, et à la question : «Accepteriez-vous de quitter votre travail si cela améliorait sensiblement votre vie privée ?», les avis sont partagés.

Quitter son travail quand la situation devient intenable, oui, mais à la condition d’avoir une solution de repli. On peut chercher un autre travail, plus convenable en matière d’équilibre, mais aussi se tourner vers d’autres réponses, explorer d’autres pistes;

Des pistes de réflexionQuand le travail devient davantage source de souffrance que de satisfaction, il peut être bon d’envisager des voies différentes. On peut penser à la reconversion professionnelle par exemple, comme l’indique Sylvaine Pascual : «Quand il commence à se manifester, l’idéal d’une vie plus apaisée, plus équilibrée et qui permet de profiter de ses proches s’exprime souvent dans l’urgence, et trouver des recettes toutes faites à appliquer rapidement semble être la solution évidente. Pourtant, lorsque le manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle génère un stress qui se rajoute à celui du travail, le ras-le-bol s’installe, s’amplifie, ces petites solutions sparadrap deviennent vite largement insuffisantes.» Se reconvertir pour rechercher un meilleur équilibre, un travail dans lequel on s’épanouit pleinement, peut être une bonne piste, mais il faut évidemment y réfléchir.

Pour d’autres, c’est la vie parisienne qui finit par ne plus convenir : on pensera donc à la mobilité en province. Pour Edouard Chabanon et Antoine Colson, les fondateurs de Provemploi : «La vie parisienne est souvent vécue comme une course contre la montre, tant au boulot qu’au quotidien. Partir est donc le rêve de nombreux franciliens, en particulier des cadres et des jeunes familles (55% des départs) qui arrivent difficilement à jongler entre un travail prenant et une vie familiale active. Poser ses enfants à l’école, aller au bureau, voir ses clients, prendre la voiture... ce quotidien est un cauchemar dès qu’il passe par le boulevard périphérique ou le métro !» D’autres comme Marion, voient encore plus loin et partent s’installer à l’étranger. Bien que la recherche d’un meilleur équilibre entre vie pro et vie perso ne soit pas le seul moteur de l’expatriation, elle peut y contribuer.

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DISCUSSIONS

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Nous remercions toutes les personnes qui ont accepté de participer à ce Débat du mois !

Les auteurs : Vanessa Buchlin, conseillière en ressources humaines Edouard Chabanon et Antoine Colson, fondateurs du salon Provemploi Yves Deloison, journaliste spécialiste du changement Karen Demaison, conseillère en ressources humaines Pierre Denier, accompagnement vers le retour à l’emploi Sylviane Lauro, intervenante en prévention des risques professionnels Marion Lemarchand, conseillère en ressources humaines Lilian Mahoukou, accompagnateur en gestion de carrière Xavier de Mazenod, consultant en gestion de la e-réputation Sylvaine Pascual, coach spécialisée dans les évolutions professionnelles Gaëlle Picut, journaliste spécialiste de l’emploi Laurent Rodriguez, recruteur

Les illustrateurs : Anne Defréville Anthony Gouarch Jo L’Indien Lili La Baleine Shug

Graphisme : Morgane Maillard

Et un grand merci aux travailleurs du web ayant témoigné sur le sujet : Aurélia, Benjamin, David, Kévin, Kevin, Laurie, Lionel, Marie.

Ainsi qu’aux personnes qui ont contribué au débat en apportant leurs témoignagessur Facebook, les blogs, par mail...

Coordination : Flavien Chantrel et Anne-Laure Raffestin

REMERCIEMENTS ET CREDITS