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Demain on vit comment ? [HS Maison Française]

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Sortie le 13 novembre 2009

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MAISON FRANÇAISE • 1

PHOTOS:DR-ROBERTOFRANKENBERG-SERGEPICARD

Pour Maison Française, 25 architectes, designerset décorateurs ont rêvé la maison du futur.PAR ISABELLE FORESTIER AVEC GUY BLOCH-CHAMPFORT,MICHÈLE CHAMPENOIS,MICHÈLE LELOUP, JEAN-FRANÇOIS POUSSE,ÉLISABETH VÉDRENNE ET AGNÈS WAENDENDRIES

COMMENT VOYEZ-VOUSLAMAISONDEDEMAIN?

CHRISTIANDEPORTZAMPARC

«Onouvre laporte , et hoponpassede la ville à la savane.»«Cette maison serait multiple, ou-verte sur la ville le matin, sur un lieusauvage à midi, une forêt à cinqheures et le soir sur un lointain fa-buleux. Selon le principe d’un trainfantôme, c’est une maison linéaire,elle s’avance à chaque pièce sur unpaysage différent : les pièces sont sta-bles, c’est nous qui bougeons. Ellepartirait d’une placette urbaine avecdes bruits, surplomberait un terrainvague, s’immergerait dans la forêt, res-sortirait au bord d’une crique où ellerecevrait du bas la lumière réfléchiepar l’eau. Chaque jardin-paysage, depart et d’autre de la maison, serait séparé du suivant par un mur haut.Et puis je ne m’y vois pas seul. Concevoir et habiter, ce sont deuxchoses. Si je les fonds, c’est avec Elizabeth, ma femme. Cette maisonlinéaire aurait commencé il y a vingt ans, se déroulant comme unemétaphore de la vie, avec stratifications successives. Habiter, c’est pourmoi, architecte, l’envers du projet. Mais il faut une forme pour ques’écoule l’imprévu quotidien. Alors, ce serait cette succession de mursséparant plusieurs paysages, des microcosmes feuilletés.»

ÉDOUARDFRANÇOIS

«Primo:qu’ellenecoûtepas très cher. Secundo:qu’ellenenécessiteaucunentretien.»«Elle est forcément dans un siteintéressant, donc loin de Paris, etil faut pouvoir l’abandonner, la li-vrer à elle-même. Qu’elle soitcomme un jardin. Sans sortir,pouvoir manger des fruits, des lé-gumes. Une maison-frigo-toujours-plein. Sans avoirà l’alimenter par notre travail. Nous travaillons toutle temps, il faut trouver le temps de vivre, de fairela fête. S’arrêter d’accumuler, de s’encombrer debiens matériels. Se dégager des contingences.Forcément, c’est une maison vraiment écologique.À l’opposé de ce qu’on nous présente en ce mo-ment : parodier la maison moderniste en ajoutantdes ingrédients de haute technologie pour la ren-dre artificiellement écologique. Exemple : le cubede verre du milliardaire suisse dans la forêt avecdes triples vitrages. Une surdépense au départ pourque ça ne dépense pratiquement plus d’énergie en-suite. Absurde! J’ai présenté à la Fiac 2009 un sys-tème constructif très simple baptisé “So D.D.” : ven-tilation, température constante, autoproductiond’électricité. Ce sont des caissons à assemblercomme des briques géantes, contenant de la ouatede cellulose issue de nos journaux recyclés avecdes grains de glycérine qui passent du solide au li-quide, en phase avec la température extérieure. Lapeau extérieure du caisson est en membrane decaoutchouc tendu, sur laquelle sont vulcaniséesdes cellules photovoltaïques pour produire l’élec-tricité. La maison s’occupe d’elle-même.J’ai fait il y a dix ans à Montpellier “l’immeuble quipousse”. J’aime bien l’ombre, le feuillage, que la fo-rêt s’avance dans la ville, que la maison aille versla forêt. Pour le rêve, je vais le réaliser au Sénégal :une maison qui se garde elle-même, sur un rocherau milieu de la mer.»

Évolution

JEAN-MARIEMASSAUD

«Unemaisonpour vivre en l’air sanstoucher le sol.»«Elle s’élève autour d’un axe central verticaloù viennent s’accrocher de nombreux systèmesd’habitations, préfabriqués, en kit, les plus lé-gers et simples possibles. Elle serait sans fon-

dations ni racines, tout resterait concentré dans ce mât central. Ainsi,en l’enlevant, comme une herbe que l’on coupe, elle ne laisserait au-cune trace, le sol ne subirait aucun dommage, aucune pollution oucontamination. La maison du futur, désormais, ne peut fonctionnerque comme un laboratoire.»DESIGNER. DÉVELOPPE AVEC L’ONERA (OFFICE NATIONAL D’ÉTUDES ET RECHERCHESAÉROSPATIALES), LE MANNED CLOUD, UN HÔTEL VOLANT DE 20 CHAMBRES.

ARCHITECTE. EN COURS: LE CENTRE DE MARQUES LES COLLINES DEHONFLEUR, DANS LE CALVADOS.ARCHITECTE. EN COURS: LA CIDADE DA MUSICA À RIO DE JANEIRO, UN ENSEMBLE DE 90000 M2.

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INGOMAURER

«Touteespècede règleen lamatièreserait uncauchemar.»«Je pense qu’il est essentiel de davantage prendre en compte la lu-mière naturelle, et de façon plus intelligente. La lumière du jour pour-rait aussi être dirigée de façon à créer des impressions mystiques, spi-rituelles. Cet aspect de la lumière a toujours été très important pourmoi. Les aspects écologiques devraient également avoir la priorité. Lesjardins verticaux à la Patrick Blanc, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’ex-térieur, sont une façon très intrigante de combiner une esthétique in-téressante et un bénéfice pratique pour l’air et la température. En gé-néral, je pense que l’ensemble des types de lieux dans lesquels nousvivons, quelle que soit leur forme ou leur taille, peuvent prendre uneimportance plus grande dans nos vies si on les conçoit comme lieude retraite (refuge) pour nos familles et nous-même.»DESIGNER. A RÉALISÉ L’ÉCLAIRAGE DE LA STATION DE MÉTRO MÜNCHNER FREIHEIT À MUNICH,INAUGURÉE EN NOVEMBRE 2009.

2 • MAISON FRANÇAISE

PHOTOS:DR-

ÉvolutionLACATON&VASSAL

«C’est, bien entendu, unlogement pour chacun.»«Lamaison de demain, c'est n'importe quel logementd'une barre ou d'une tour des années 70, dont on auraréussi à éviter la démolition, en portant sur elle un re-gard positif. Ce logement aura été transformé en unevéritable villa au quinzième étage, avec balcon, jardind'hiver, vue sur le paysage et, au pied de l'immeuble,les équipements et services qui auraient dû norma-lement être toujours là, et d'autres encore.»ARCHITECTES. ONT CONÇU L’ÉCOLE D’ARCHITECTURE DE NANTES (2009).

RONANETERWANBOUROULLEC

«Ramener le végétal et lesanimaux dans lamaison.»«La maison du futur doit avant tout être moinsspécifique que les maisons actuelles, où les es-paces sont trop cloisonnés. Les volumes devrontêtre le plus ouvert possible, les cloisons transpa-rentes, légères, mobiles. Il faudra éviter les maté-riaux trop lisses, en utiliser des plus poreux commele plâtre sur les murs, excellent pour le son. Il seranécessaire d’éviter toute uniformité. Pour l’ameu-blement, il faut garder des traces du passé en mé-langeant meubles et objets ayant une histoire, àdes créations contemporaines.»DESIGNERS. ONT CRÉÉ LA «CHAISE VÉGÉTALE» POUR VITRA (2009).

MOATTI ET RIVIÈRE

«Elle ne sera plus un flacon,mais un parfum.»«La maison de demain sera un univers symbolique et familier oùl’on vit en harmonie en oubliant l’architecture, qui ne sera plus qu’uneextension du climat et des phénomènes naturels. Nous recevrons lalumière et non de l’électricité, le froid et non la climatisation. Les ob-jets techniques auront disparu et nous vivrons entourés de ce quenous aimons dans la nature, c'est-à-dire l’énergie perceptible du vi-vant. Les seuls objets que nous posséderons seront ceux liés à notremémoire ou qui ont un sens pour nous, nous aurons envie de cesobjets, et non plus besoin.»

FRANÇOISE-HÉLÈNE JOURDA

«Elleseraitbiodégradable.»«Totalement réalisée en matériaux renouvelables,en bois, en paille, en chanvre, en bambou, en plumeet en laine. Elle s'ouvrirait toute seule sur le ciellorsque le soleil brille, se rétracterait à ma demande,en interaction avec l'environnement et mes désirs.Une maison qui pousserait àla belle saison, s'épanouiraitau soleil, accompagnerait mavie et finirait par disparaîtresi je ne m'en occupais plus,pour renaître ailleurs, pourd'autres.»ARCHITECTE. A CONÇU LES SERRES DUJARDIN BOTANIQUE DE BORDEAUX (2007).

ARCHITECTES. ONT CONÇU LA CITÉ DE LA DENTELLE À CALAIS (2009).

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3 • MAISON FRANÇAISE

PHOTOS:DR-

Évolution

CHRISTIANBIECHER

«Un volume simple abrité sous unemembrane, à la fois bouclier etsurface d’échange avec l’extérieur.»

«Lamaison du futur: à la ville elle estverticale, à la campagne horizontale.Son volume s'adosse à la montagne(quand il y en a une) et regarde vers larivière (ou vers la rue). Elle est muniede pompes à chaleur et de capteurssolaires mais ne ressemble ni à unecabane ni à une tente camouflage. Aucontraire, son enveloppe alterne avecfierté surfaces vitrées, surfaces opaquesde couleur vive (ou blanc éclatant) is-sues de la filière bois et surfaces tech-nologiques qui permettent la ventila-tion, la production d'énergie.»ARCHITECTE. RESTRUCTURATION URBAINE DE LAVILLE DE LA GRANDE-MOTTE.

ARIK LEVY

«Le lieu où trouver l’amour.»«La maison du futur n’est pas celle qu’on croitqu’elle sera. Ce dont nous avons besoin est derester Humain, de continuer à être des Êtres…La technologie ne compensera pas les émo-tions, le contact et les sentiments, la construc-tion rapide (dans le sens “abusive”) non plus.Nous avons besoin d’espaces bien conçus,avec des volumes respectables et de bonnesproportions. Nous avons besoin de flexibilitépour le corps, la famille et l’esprit. »

DESIGNER. EXPOSE SON TRAVAIL CHEZ SLOTT, NOUVELLE GALERIE PARISIENNE (12, RUE DECHÂTEAU-LANDON, 75010), DEPUIS LE 10 DÉCEMBRE.

FRANÇOISERAYNAUD

«Un vêtement au plus prochedu corps humain.»«L’habitat de demain doit être l’habitat pour tous. Si lamondialisation a laissé sur place un grand nombre degens et de cultures, dans un monde multilocal, la soli-darité, l’entraide, le partage, l’échange, la mise en valeurdes spécificités des différentes cultures doivent permet-tre à chacun de trouver sa place, son logement. L’habi-tat de demain proposera des espaces communs pourles enfants, des espaces de buanderie et de lingerie, deslieux de réception qualitatifs, des chambres d’amis, tousces endroits qui ne servent que quelques heures par jour ou mêmepar mois. De la réduction de l’espace résultera une vision partagéede celle-ci. Chaque pièce, multifonctions, devra être mobile, adapta-ble. Son enveloppe, sa façade, évoluera en fonction des saisons. Lamaison de demain pourra se déshabiller en été pour mieux respireret se ventiler naturellement pour économiser les énergies et se cou-vrir en hiver pour réduire son besoin en consommation.»ARCHITECTE. LAURÉATE DU CONCOURS EDF BAS CARBONE (2009).

RUDYRICCIOTI

«Je n’ai pas de projetd’avenir pour lamaison.»«Ma maison rêvée, c’est la hutte en bois en mon-tagne, au bord du lac, ou sur une île en Nouvelle-Calédonie. J’ai déjà fait cela avec mes fils en tribukanake. Nous étions pêcheurs; pas d’électricité, del’eau seulement, des fruits à saisir et des poissons àgriller. Je n’ai pas d’idée, pas de vision, je suis réac-tionnaire. Surtout pas de technologie, surtout pas devirtuel, surtout pas de high-tech, surtout pas anglo-saxon, surtout pas minimaliste, surtout pas design,surtout pas moderne, surtout pas géniale. Le plusimportant? Le lit et la cuisine. Un objet? Un flinguepour tirer sur les cons! De façon générale, l’utopien’existe pas; seule la transformation du réel fait sens.»ARCHITECTE.ACONÇULESTADEJEAN-BOUINÀPARIS(LIVRAISONEN2012).

ODILEDECQ

«On s’y déplace sansobstacles.»«C’est une maison dans laquelle lecorps est libre, car tous les espacessont larges, sans ruptures et continus.Le sol est doux aux pieds nus et lalumière entre à flots. La vue est par-tout, vers l’horizon de la mer ou lestoits de la ville. Sinon, seulement vers le ciel pourêtre toujours en relation avec l’espace et le temps.»ARCHITECTE. A CONÇU LE MACRO, MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN ÀROME (OUVERTURE PRÉVUE EN AVRIL 2010).

PATRICKBLANC

«Avoir des fragments denature chez soi.»«Plus de la moitié de la population vit dans les villes.

Avec les murs végétaux, onpeut, sans que ça prenne dela place, avoir des fragmentsde nature chez soi. Profitonsdu réchauffement climatiquepour confondre le dedans etle dehors et inviter de plus en

plus de plantes dans nos intérieurs, nos patios, noscours, sur nos terrasses.»BOTANISTE. EN COURS: LE MUR VÉGÉTAL DE L’HÔTEL WESTIN RUE DECASTIGLIONE À PARIS (OUVERTURE EN 2010).

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NOÉDUCHAUFOUR-LAWRANCE

«Lamaison s’adapteraà nosmodes de vieet non l’inverse.»«La maison sera un objet que l'on pose, ayant unminimum de surfaces de contact avec le sol, à l'ins-tar des gérridés, que l'on appelle aussi araignéesd'eau. Une toiture végétalisée restituant en espace

vert son emprise au sol. Un objet àla composition modulable en fonc-tion des lumières et des flux. Un ob-jet transpercé par plusieurs patios.Un arbre à la place du foyer. Unecellule d’habitat qui évolue en fonc-tion de notre vie.»DESIGNER ET ARCHITECTE D’INTÉRIEUR. VIENTDE SIGNER LA CHARTE ARCHITECTURALE DESCORNERS YVES SAINT-LAURENT BEAUTÉ.

4 • MAISON FRANÇAISE

PHOTOS:DR-

ÉvolutionMARCELWANDERS

«Elle ne fera pas table rase du passé.»«Ma maison rêvée est un très beau vieux château où la technologie, qui n'est pasune chose très intéressante, sera invisible, dissimulée derrière les murs. Mais commenous sommes des êtres humains avec un corps, il y aura toujours des lits, des ta-bles, des chaises. Et comme nous avons tous une mémoire et une histoire, il y aurades objets traditionnels qui nous relient au passé et disent ce que nous sommes.»DESIGNER, DIRECTEUR ARTISTIQUE DE LA SOCIÉTÉ MOOOI. A AMÉNAGÉ LE KAMEHA GRAND HÔTEL À BONN EN

ALLEMAGNE (2009).

CLAUDIO COLUCCI

«Unemaisonvolanteetintelligentesansquecelasoitunvaisseauhigh-tech.»«J’imagine pour l’instant ma maison de demainconstituée de plusieurs maisons individuelles, pe-tites mais distribuées dans plusieurs endroits, commeune grande valise ou je pourrais laisser mes affairespersonnelles. Ces maisons pourraient se greffer dansdes sites exceptionnels, comme sur les toits de Pa-ris, sur la façade d'une tour à New York ou sur uneplage, les pieds dans l'eau, mais également sur l'eau,comme un petit bateau. Et pourquoi pas sous l’eau?Ces petites bulles de confort seraient comme desvitrines à sens unique (je voistout mais personne neme voit).Elles seraient équipées d’unedomotique de pointe et reliéesà un service prestigieux d’hô-tellerie avec un majordome fi-dèle au poste.»DESIGNER. A AMÉNAGÉ LE NOVOTEL VIEUX-PORT À MARSEILLE (2009).

JACQUES FERRIER

«Toutdécloisonnerpouroffrir unemaisonouverte.»«Parler de sensualité pour évoquer la ville de demain est assez dé-concertant, mais c’est mon leitmotiv. La ville et l’habitat ont longtempsreprésenté deux échelles très éloignées, ce temps-là est révolu : les ur-bains ont maintenant besoin de confort et de fonctionnalité autant

dans la rue que chez eux. “Adaptation”, “modu-lation” et “flexibilité” : voilà les maîtres mots de de-main, ou comment tordre le cou au guide Neu-fert, LA référence des bâtisseurs qui régit, depuisles années 1930, l’espace habitable selon des rè-gles hygiénistes dépassées.»ARCHITECTE. RÉALISERA LE PAVILLON FRANÇAIS DE L’EXPOSITIONUNIVERSELLE DE SHANGHAI (2010) SUR LE THÈME MEILLEURE VILLE,MEILLEURE VIE.

CHRISTIANGHION

«Aucunedomotique, juste troiscommandesOn/Off pour l’ensemblede lamaison.»

«Une cabane de Robinson Crusoé, mais dans laforêt. Avec un seul mur d’images, une ouverturesur le monde. Un grand jacuzzi, une cave à vinset un séchoir à jambons. Un seul outil de com-munication ultraperformant: un fax! J’y aurai pourme tenir compagnie une tortue, deux canaris et

une chatte, une vache, une chèvre et un cochon.»DESIGNER. A CRÉÉ UNE COLLECTION DE 4 COUTEAUX POUR LAGUIOLE ET UNE NOUVELLETASSE NESPRESSO (2009).

PIERO LISSONI

«Pourêtrebeauxàl’extérieur, il fautêtrebeauxà l’intérieur.»«Pourquoi la maison devrait-elle êtredifférente? L'homme y habite depuistoujours. Je ne crois pas aux maisons“futurables”. Je pense cependant queles maisons seront plus souples Sesparties seront plus facilement inter-changeables. J'essaierai toujours d’uti-liser une palette étendue de matériaux.Mes maisons seront le plus possible transparentes et ouvertes.»ARCHITECTE ET DESIGNER. A RÉHABILITÉ LE MAMILLA, PREMIER HÔTEL CINQ ÉTOILES ÀJÉRUSALEM (2009).

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LES FRÈRESCAMPANA

«Elle s’adaptera à n’importe quelenvironnement et à la nature.»«Avant tout, nous pensons que la maison du futur sera notre télé-phone et notre ordinateur ; nous vivons déjà avec, il nous reste à trou-ver, comment tenir dedans. De manière plus utopique, la maisondu futur sera faite d’une sorte de gaz,un gaz qui pourra prendre la formede murs ou de meubles. Elle pourras’agrandir et se rétrécir à volonté, seraopaque ou tranparente selon les be-soins. Ce gaz n’aura aucune odeur,offrira une bonne acoustique et unvrai confort thermique. Et sera sourcede lumière. »DESIGNERS. EXPOSENT LEUR TRAVAIL DE CESVINGT DERNIÈRES ANNÉES AU VITRA DESIGN MU-SEUM À WEIL-AM-RHEIN EN ALLEMAGNE,JUSQU’AU 28 FÉVRIER 2010.

YVES TARALON

«Elle sera un lieu de culte quiprotège, un cocon où tout tiendraitparmagie.»«Mamaison du futur est unemaison ouverte sur le ciel. Elle est commeune boîte rectangulaire sur pilotis. Avec une seule grande pièce mo-dulable, blanche, et des matières naturelles. L’espace se module au grédes envies grâce à des cloisons coulissantes en bois, en papier ou enverre. Il n'y a pas de meubles, juste un grand canapé confortable et ungrand lit. Pas de tissus, pas de couleurs mais des matières. Et sur le

mur du fond, une seule grande œuvre d’un artiste in-vité, comme un élu. C'est une maison pure et hygié-nique, très lumineuse, dotée des technologies depointe les plus performantes, invisibles.»DÉCORATEUR ET DIRECTEUR DE CRÉATION DES ARTS DE LA TABLE CHEZHERMÈS. TERMINE L’AMÉNAGEMENT D’UN HÔTEL PARTICULIER DUXVIIIE SIÈCLE À PARIS.

JACQUESGARCIA

«Elle sera culturelle.»«Malraux a dit : “Le XXIe siècle sera spirituel oune sera pas.” Pour moi, la maison de demainsera culturelle ou ne sera pas. Pleines d’amouret d’affection, les grandes belles maisons ontde tout temps été celles de la culture. Demain,elles refléteront l’âme de ceux qui les habite-ront. Avec des données nouvelles, bien entendu.Mais lesquelles? Si je le savais, je serais devin.»DÉCORATEUR. EN PROJET: LA RÉNOVATION DES SALLES DULOUVRE CONSACRÉES AUX XVIIE ET XVIIIE SIÈCLES(RÉOUVERTURE PRÉVUE POUR 2012).

5 • MAISON FRANÇAISE

PHOTOS:DR-BEATPFANDLER

Évolution

TERENCECONRAN

«Bondesign et designvert sont une seuleetmême chose.»«L’environnement est l’un des enjeux les plus sé-rieux auxquels est confrontée la société moderne.Les bâtiments sont actuellement les plus grandspollueurs de la planète. Plus écologique, la maisonde demain sera en phase avec le développementdurable et reflétera cette prise de conscience. Trou-ver des solutions respectueuses de l’environnementaux authentiques et graves problèmes qui mena-cent les générations futures est une opportunité for-midable pour les designers.J’ai toujours été optimiste surle rôle que peut jouer ledesign pour améliorer la qua-lité des vies humaines.»

FONDATEUR D’HABITAT ET DE CONRANSHOP. A CRÉÉ AVEC SA FEMME VICKI LEBOUNDARY À LONDRES, UN LIEU QUIREGROUPE UN HÔTEL DE 17 CHAM-BRES ET 3 RESTAURANTS.

MARIOBOTTA

«Lesmaisons sonttoujours dans la réalité,c’est notre chance. Le rêvedoit rester un rêve.»«La maison doit être ouverte vers de nouveaux ho-rizons: j’aime rechercher une position géographiquemerveilleuse avec le lac, la mer, la montagne. Lamaison est ancrée dans le paysage construit par letravail d’autres hommes avant nous. Elle nous donnel’énergie d’affronter la bataille de chaque jour. Quantà l’écologie, il n’y a pas que du bon dans ce qui sedit aujourd’hui. On crie à la “sustainabilité”, on veutdu “développement durable”. Bien. Mais la vérité estque l’on a perdu le cap. Il faut le retrouver avec lesmoyens de l’architecture – organisation de l’espace– et pas seulement avec des matériaux technolo-giques performants. La bonne architecture a tou-jours été écologique, un abri face aux intempéries,la pluie, le soleil. Habiter sous un arbre ne suffit pas.La bonne architecture a toujours en soi des élé-ments de médiation, de transition, entre le grandpaysage et l’espace intime. Des porches, des brise-soleil, des seuils, des filtres. Qu’elle soit vernaculaireou riche. On a brûlé tout cela et on a concentrétoutes les contraintes dans l’épaisseur d’une feuillede verre. On le paie très cher!»ARCHITECTE. A CONÇU LE CHAI DE CHÂTEAU FAUGÈRES À SAINT-ÉTIENNE-DE-LISSE EN GIRONDE (2009).

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MAISON FRANÇAISE • 32 • MAISON FRANÇAISE

Minimalisme

SANS FILSMAIS BRANCHÉ

Derrière les plus célèbres fenêtres de Paris:un écran qui descend du plafond, une hotte télescopique,

des enceintes invisibles. La modernité est affichée.TEXTE GUY BLOCH-CHAMPFORT • PHOTORAPHE ADRIEN DIRAND

Quai Anatole-France, face àla Concorde, l’appartement– entièrement transformé parJoseph Dirand – n’a gardé quesa cheminée Art déco du salon.Canapés blancs de Christian Liaigreet lampadaire de Serge Mouille.Sur la droite, l’immense baies’ouvre sur une terrasse dalléede marbre. Les murs desarmoires contenant ordinateurset haute technologie (systèmedomotique Vantage) sont recouvertsde poudre de marbre noir.Le système audio-vidéo est pilotépar deux écrans tactiles (Creston).

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4 • MAISON FRANÇAISE

Ci-dessus. Jeu de lignes verticales, horizontales, courbes, et vueimprenable sur la place de la Concorde. Page de droite. Le parquet est enérable teinté noir. Les arêtes des murs ont été moulées en atelier afinqu’elles soient parfaitement rectilignes. L’architecte a désiré recréer lescorniches de staff du plafond afin d’établir un lien avec l’histoire del’immeuble. Sous le parquet sont cachés quatre kilomètres de câbles.

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6 • MAISON FRANÇAISE

Qui n’a pas un jour rêvé de l’appartement en haut de cet immeuble cou-ronné d’un clocheton construit en 1905 sur le quai Anatole-France etdont on aperçoit l’immense baie cintrée depuis la place de la Concorde?La magie qui en émane est encore plus envoûtante le soir, quand leslumières s’allument. Lorsque le jeune architecte Joseph Dirand prenden charge le projet, l’appartement d’une superficie de 150m2 est des plusclassiques avec ses quatre pièces-cuisine-salles de bains et ses couloirs.Seule la cheminée de marbre Art déco sera préservée. Pour le client, pro-ducteur new-yorkais, l’espace sera totalement libéré et ouvert sur l’exté-rieur.Le lieu abrite désormais un salon avec un coin télévision, une par-tie salle à manger et cuisine, une chambre-bureau et une salle de bains.Tout est piloté par ordinateur et rien n’est apparent. Quatre kilomètresde câbles se cachent sous les parquets en érable teinté à l’encre de Chine,et permettent la commande de la lumière, programmée pour varier se-lon l’intensité de la luminosité extérieure, de la musique (les haut-par-

leurs Sound Advance sont invisibles sous le plafond) et des télévisions (l’une coulisse devant un ca-napé, l’autre glisse au pied du lit). Tout a été créé avec une exactitude, une sobriété et un raffinementqui tendent à la perfection. Le blanc des murs n’a été choisi que pour mieux refléter le ciel de Pariset ne laisser échapper aucune de ses nuances. Les structures d’acier de la cuisine, les revêtements desportes et des placards en poussière de marbre noir, et la simplicité luxueuse des rares meubles ontété voulus pour accueillir la lumière que plus rien n’arrête. Étrangement, se dégage de cet apparte-ment dans les nuages, que le noir et le blanc dominent, une fragilité impalpable �

JOSEPH DIRAND. 4, COUR ST-PIERRE, 75017 PARIS. TÉL.: 01 44 69 04 89 ET WWW.JOSEPHDIRAND.COM

Ci-dessus, à gauche.Le bloc de pierre blanche de la salle de bains, taillé en biseau, est quasiment plat.Unécrande télévision s’incline dans lemiroir afin quele maître des lieux puisse la regarder en se rasant.Àdroite.Les plaques de cuisson en vitrocéramique (Küppersbusch) ont été disposées telle une œuvre d’art.Les rayonnages, dont les fonds sont en verre émaillé noir, sont vides, mais s’ouvrent pour accueillir les rangements.

Àgauche. La baievitrée cintrée de cetappartement, qui avaitété mis en vedette parPhilippe Labro dans Rivedroite, rive gauche, et danslequel a longtemps vécuun prof de physique, brilledepuis un siècle près del’Assemblée nationale, surle quai Anatole-France.

Le coin cuisine est en acieret la hotte aspirante s’escamotedans le bloc d’Inox (conception etréalisation de Joseph Dirand). Les

placards en Inox reflètent lalumière venant de la baie.

La lumière estprogrammée

pour varier selonl’intensité de la

luminositéextérieure.

desconseilsd’architectessurcotemaison.fr MAISON FRANÇAISE • 7

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Le noir du parquet fait écho à la grandephoto de Nicolas Bruant qui, elle-même,répond à l’écran plasma 50 pouces (Sony)de la chambre. Page de droite. Le cointélévision du salon. L’écran plasma60 pouces (Sony) a été intégré dans unearchitecture robotisée par Joseph Dirand.Il disparaît dans le plafond pour laisserapparaître la fenêtre et sa vue sur la Seine.

Tout est piloté par ordinateur et rien n’est apparent.

MAISON FRANÇAISE • 98 • MAISON FRANÇAISE

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26 •MAISON FRANÇAISEMAISON FRANÇAISE • 27

Énergie solaire TRAVAILLERDUCHAPEAULe projet Dress Smart, Live Cool

d’Ismaël Studer et Virgile Thévoz (Écolecantonale d’Art de Lausanne) ou

l’histoire d’un chapeau qui serechargeait le jour et se déchargeait lanuit. Le système consiste en un élégantpanama blanc dont le bandeau est enréalité constitué d’unemultitude de

cellules. L’énergie solaire emmagasinéedans la journée permet le soir, une foisle chapeau remisé sur sa «base», de leconnecter directement à son téléphone

portable ou à tout autre enginélectronique, afin de les recharger.Comme quoi, on peut être à la fois

distingué et néanmoins ultrabranché,dans tous les sens du terme.

BEAUETHAUT-PARLEURL’enceintemonophonique autonome

Horn de Guillian Graves (Écolenationale supérieure de Créationindustrielle) diffuse, sans aucune

contrainte – en particulier, de câblesélectriques qui pendouillent ou qui

jonchent le sol – des sourcesmusicales numériques. Si sa forme

évoque l’antédiluvien pavillon degramophone, celle-ci permet en

réalité d’optimiser l’amplification duson, mais aussi l’efficacité des

cellules solaires, y compris dans unenvironnement de lumière diffuse.

100% DESIGN

LESOBJETSDE DEMAINDes étudiants de quatre écoles de design réputéesà travers le monde ont imaginé des objets dufutur à partir d’un nouveau matériau usantde l’énergie solaire: la cellule à pigment sensible.Le soleil n’a qu’à bien se tenir.PAR CHRISTIAN SIMENC • PHOTOGRAPHES TANATIUHAMBROSETTI ET DANIELADROZ

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28 •MAISON FRANÇAISEMAISON FRANÇAISE • 29

COUPDEBOLRÉGÉNÉRATEURBaptiséN47, ce «bol régénérateur» deChristopheMachet et Enrique Illánez

(École cantonale d’Art de Lausanne) estdestiné aux divers appareils portablesqui rassemblent toutes nos donnéesnumériques personnelles. Une fois

branché, l’appareil effectue une remise àjour immédiate, intégrant les dernièresinformations utiles à son propriétaire.

Placées perpendiculairement à lasurface dumatériau, les cellules solairesjouent sur son épaisseur et permettent

ainsi de dessinermoult motifs.

LACORDEAUCLOULe luminaire Solar Garden Glowd’Emma Castelton (Royal College

of Art de Londres) arbore uncordon qui s’enroule ou s’accroche

n’importe où. D’un côté duditcordon, la batterie, de l’autre, six

cellules solaires pourvue chacuned’une diode électroluminescente.

La nuit, la lampe diffuseun joyeux halo de lumière.

Énergie solaire

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30 •MAISON FRANÇAISEMAISON FRANÇAISE • 31

ORIGAMIDELUMIÈRELe principe de pliage dulampadaireSummerNight’sDream de Julia Roth et VéroniqueBaer (École cantonale d’Art deLausanne) engendre une évolutionmorphologique entre le jour et lanuit. Il se déploie intégralementsous le soleil pour faire officede parasol, puis se recroquevilletelle une fleur, la nuit venue,pour devenir lampe d’ambiance.

On a longtemps cru, sur Terre en tout cas, quele panneau photovoltaïque ou «panneau so-laire» était la panacée. Il n’en est rien. À l’heure

de l’écologie et du développement durable à touscrins, il serait même franchement sur la sellette. Laraison? Les matériaux qui le composent ne sont pastous recyclables – 15% des matières seraient très pol-luantes, voire toxiques. Bref, le panneau solaire a, sil’on ose dire, du plomb dans l’aile. D’autant que denouveaux matériaux font leur apparition et mêmesont déjà produits industriellement. Ainsi en est-il de

la cellule à pigment photosensible ou cellule solaire à colorant, une in-vention du chercheur et chimiste helvète Michael Graetzel et de son la-boratoire de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), en Suisse.Inspirée de la fameuse photosynthèse chère au monde végétal, cette cel-lule, d’ailleurs baptisée cellule Graetzel, permet de «dompter» l’énergiesolaire avec des surfaces fines, flexibles, colorées, transparentes. En clair :tout l’opposé du traditionnel panneau solaire. Ces qualités, quatre grandesécoles de design internationales – le California College of the Arts de SanFrancisco (CCA), le Royal College of Art de Londres (RCA), l’École can-tonale d’Art de Lausanne (ÉCAL) et l’École nationale supérieure de Créa-tion industrielle (ENSCI), à Paris – s’en sont emparées pour mener, deconcert, une recherche baptisée «Sunny Memories» (www.epfl-ecal-lab.ch/page32323.html), vaste workshop à l’échelle planétaire et à l’ob-jectif clair : offrir une nouvelle vision de l’énergie solaire. Résultat : la ré-flexion a abouti à la réalisation de 28 objets qui, ô surprise!, n’hésitent pasà s’affranchir des traditionnels codes esthétiques si souvent infligés auxprojets dits «environnementaux». Se dessinent ainsi trois catégories : lestravaux réalisables et fonctionnels aujourd’hui, ceux réalisables avec unpotentiel de diffusion à deux ou trois ans, enfin les projets prospectifs, se-lon des projections technologiques à dix ans. Cette trentaine d’objets vouésà notre quotidien du futur s’avère, dans l’ensemble, plutôt séduisante. Coupde projecteur (solaire évidemment) sur certains d’entre eux �

BANCPUBLIC La FloatingChair de Diana Chang (CaliforniaCollege of the Arts) est unmobilier urbain et lumineux.Grâce à son socle entièrement truffé de cellules solairesà colorant, ce banc public se pare, la nuit, d’un doux halolumineux qui lui donne une étrange impression d’apesanteur.

ÀL’HEURESOLAIREL’horloge numériqueOutdoorClockdeHye-YeonPark (RoyalCollege of Art) est aisément lisible,même en plein soleil, grâce à unaffichage qui tourne avec l’énergiedes cellules. Cettemanièreinnovante de représenter l’heures’avère également économe enénergie, conférant une autonomiecomplète à l’horloge, jour et nuit.

PIÈGEÀ INSECTESCherchant à créer un appareilécolo pour tuer les insectes, MingKyu Choi (Royal College of Art) aimaginé Insect Killer, un dispositifsubtil et cruel pour se débarrasserdesdites bestioles. Une diode UVattire la proie et laisse ensuiteune plante carnivore faire le reste.Délicatement barbare.

LAMPEDEPOCHEInspirée de l’accroche-porteDoNot Disturb en vigueur dansles hôtels, la lampe de pocheHang deGeorgesMoanack (RoyalCollege of Art) est un objet drôleà deux facettes. Sa face nocturne,phosphorescente, permet delocaliser la lampe, voire de lapersonnaliser pour une chambred’enfant. La face diurne, constituéede cellules solaires flexibles, sertà charger la batterie de la lampe.À l’extrémité de l’objet: une simplediode électroluminescente.

L’INFORMATIONENJEUNon dénués d’humour, les

modules souplesO-li-odeKennyHopper (California College of theArts) se plaquent sur les fenêtrespour s’alimenter en énergie. Les

motifs (chiffres ou logotypes) dontils sont recouvertsmasquent lesdiverses connections électriques.

Leur fonction: donner desinformations comme l’heure,la température ou lamétéo.

Énergie solaire