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Article de Michel Juvet paru dans Le Temps du 27 février 2012

Les informations de la présente ont été puisées aux meilleures sources. Toutefois, notre responsabilité ne saurait être engagée.

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QE I, QE II, QE III… LTRO 1… LTRO 2… la monnaie est désormais acronyme et, à défaut d’avoir une odeur, elle prend du poids

un peu partout dans le monde.

Grâce à leurs programmes de «quantifi cation moné-taire» QE I et QE II, les Américains ont pu jouir des avantages de l’embonpoint monétaire. L’achat massif de bons du Trésor par la banque centrale américaine (1000 milliards de dollars en deux ans, qui représentent aujourd’hui 60% de son bilan) a permis de fi nancer à bon compte la dette publique américaine en maintenant les taux d’intérêt au plus bas, et ce malgré la baisse du rating des Etats-Unis. Par symbiose, les ménages et les entreprises améri-cains ont également profi té de cet avantage pour se refi nancer et améliorer leur capacité d’endettement, et les investisseurs ont pu surfer, certes au rythme d’évolution des programmes QE, sur la hausse du prix des actifs fi nanciers. Enfi n, la croissance monétaire (+12% pour M2) et des crédits américains (+4%) est redevenue solide et a retrouvé un rythme de croissance pré-Lehman Brothers.

Aujourd’hui, l’Amérique n’est plus seule au royaume du XXXL monétaire, et la Banque centrale euro-péenne (BCE) n’a désormais plus à rien à envier à la Réserve fédérale américaine pour lutter contre la satiété du système bancaire. En décembre 2011,

dans une opération extraordinaire, les banques européennes ont pu emprunter auprès de la BCE près de 500 milliards d’euros à un taux d’intérêt très favorable. Cette semaine, pour maintenir la paix des marchés, la BCE confi rmera son rôle d’intermédiaire bancaire, ajustera son bazooka fi nancier et procédera à son deuxième tir. Mais malgré cela, en Europe, la croissance du crédit reste pour l’instant inexistante, car dans les banques les actifs sont à la station lavage et les fonds propres chez les maçons. Et puis en face il y a beaucoup d’entreprises qui nagent déjà dans les liquidités, mais qui ne veulent pas investir.

Les marchés fi nanciers eux adorent ces liquidités et ces opérations bazooka et ils ont ainsi progressé substantiellement depuis octobre 2011 (plus de 35% pour le DAX allemand par exemple!). Mais cette forte performance est-elle bien réelle ou n’est-elle, pour paraphraser nos météorologues inventifs, qu’une performance ressentie?

Dans cet environnement d’investisseurs devenus très optimistes face à l’incertain, alors que des bruits de vrais bazookas pourraient apparaître au Moyen-Orient et que la hausse du prix du pétrole devient, elle, bien réelle dans les revenus disponibles des ménages et des entreprises, il est probablement temps de penser à trier les «boums» et à transformer la performance ressentie en performance absolue…

Au coeur des marchés

Michel JuvetAnalyste fi nancier et Associé de Bordier & Cie

Bazooka mon amour