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À chacun son métier

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À chacun son métier

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Une histoire dU QUébec

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son métierHélène-Andrée Bizier

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À c h a c u n s o n m é t i e r

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Direction éditoriale : Guylaine Girard

Direction artistique : Gianni Caccia

Direction de la production : Carole Ouimet

Infographie et traitement des photos : Bruno Lamoureux

Recherche iconographique : Hélène-Andrée Bizier

Libération des droits : Jeannine Messier-LaRochelle

Crédits photographiques

Première de couverture, photo principale (colorisée par Gianni Caccia) : salon de barbier, édifice du YMCA, Montréal, 1913 [Musée McCord ; photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-13324] ; photo du bas (colorisée par Gianni Caccia) : facteur télégraphiste à bicyclette, square Dominion, Montréal, ca 1935 [Musée McCord ; photo : anonyme (don de la Succession Omer Lavallée) ; MP-1992.22.36].

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bizier, Hélène-Andrée

À chacun son métier

isbn 978-2-7621-2975-5

1. Québec (Province) — Mœurs et coutumes — 20e siècle — Ouvrages illustrés. 2. Métiers — Québec (Province) — Ouvrages illustrés. 3. Québec (Province) — Histoire — 20e siècle — Ouvrages illustrés. I. Titre.

fc2918.b59 2010 971.4’040222 c2009-941451-1

Dépôt légal : 4e trimestre 2010Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Éditions Fides, 2010

Les Éditions Fides reconnaissent l’aide financière du Gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition. Les Éditions Fides remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Les Éditions Fides bénéficient du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du Gouvernement du Québec, géré par la SODEC.

imprimé au canada en octobre 2010

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Hélène-Andrée Bizier

son métier

Une histoire dU QUébec

en photos

À chacun

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Avant-propos

Depuis le jour où j’ai amorcé cette série d’ouvrages, en 2006, de nouveaux pans d’histoire visuelle ont continué d’être dévoilés par les centres d’archives régionales et nationales. À l’affût de centaines de thèmes, j’ai trouvé beaucoup et même plus que je n’espérais car il est impossible de concevoir l’étendue des sujets que les photographes amateurs ou professionnels ont cherché à immortaliser depuis près de 150 ans. C’est un peu ainsi, c’est-à-dire à la lumière des images progressivement délivrées par les centres d’archives, que le projet de ce livre a fini par prendre corps. Après un nombre incalcu-lable d’heures passées à consulter ces archives d’où j’ai tiré le matériel qui m’a permis d’écrire Une histoire du Québec en photos, Une histoire des Québécoises en photos, puis une Histoire des hommes du Québec en photos, le thème du travail s’est imposé.

La plupart des métiers et des professions ayant fait l’objet d’études particulières, je n’ai pas cru bon d’en relater l’évolution, mais j’ai pris soin de rappeler quand et comment certains de ces métiers ont commencé à être exercés ici. Parce que l’objectif des Français venus s’établir en Nouvelle-France au xviie siècle consistait avant tout à prendre possession de l’espace, ce livre s’ouvre sur certaines des transformations que la main de l’homme a imposées au paysage. Les photographies, prises à la fin du xixe siècle et tout au long du xxe siècle, sont éloquentes : pour vivre et évoluer au rythme de l’augmentation de la population, de l’industrialisation et des progrès successifs, l’homme a transformé, exploité, remodelé et, souvent, détruit des panoramas qui, on le voit, étaient grandioses.

On l’a dit et c’est vrai, les Européens ont beaucoup emprunté aux peuples qu’ils ont rejoints sur cette partie du continent nord-américain. Les autochtones ont partagé des savoirs qui vont bien au-delà du rôle de guide qu’ils ont assumé depuis Jacques Cartier. Le deuxième chapitre de cet ouvrage montre des Amérindiens dans l’exercice de quelques métiers qui ont fait époque : vannerie, trappage, fabrication de canots et de raquettes. Il montre aussi les métiers inspirés par le froid : la récolte de la glace étant à la fois utile et exceptionnelle ; le déneigement étant l’un des plus inattendus et essentiels.

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Une place a été accordée aux gens d’affaires. Souvent « partis de rien », ceux-là étaient tournés vers l’essor de l’industrie, de la région où ils s’installaient et de leur pays. Tout en veillant sur leur prospérité, certains commerçants et industriels étaient préoccupés par le bien-être de leurs employés dont la plupart, ouvriers, commis de bureau, publicitaires, voyageurs de commerce et autres, étaient issus de la ruralité. Voilà pourquoi le chapitre des gens d’affaires précède celui des gens de la terre qui ont nourri l’industrie en intelligence, en dévouement, en sueur et en sang.

Le cœur de ce livre d’images présente quelques enfants, mais surtout des femmes et des hommes photographiés dans leur environnement de travail. Certaines photos, entre autres celles signées par Jules-Ernest Livernois, William Notman, Joseph-Eudore Lemay et Elmina Lefebvre, sont des compositions qui relèvent d’une démarche esthétique par laquelle le métier du travailleur s’incarne dans l’outil plutôt que dans le geste. Dans cette section de plus de 200 pages, les métiers et les professions se découvrent dans l’ordre alphabétique, d’acteur à typographe, sans oublier la chiffonnière, le designer, le pêcheur, le photographe, le médecin, le forgeron, le gardien de phare, le scaphandrier, le tailleur de pierre et tant d’autres.

Restent, ici et là, des trous encore impossibles à combler, soit parce que l’état de la photographie ne permettait pas de saisir des scènes se déroulant dans des lieux mal éclairés ; soit parce que des métiers tels que l’embaumement répugnaient aux photographes ; soit parce les personnages auraient mal paru, soit enfin parce que des milliers de photos sont encore enfermées dans des boîtes, en attente d’être découvertes. Ce livre s’achève sur trois sections où sont explorés les métiers essentiels à la survie et au progrès de la société : l’alimentation, les ponts et chaussées et le bâtiment. Quand le bâtiment va, tout va...

À chacun son métier a été réalisé grâce à la contribution d’un grand nombre de personnes. Photographes, archivistes, collectionneurs ou héritiers d’un ou de plusieurs albums, ils ont accepté de partager avec vous, chers lecteurs, des images d’un temps révolu. Un merci tout particulier à Michel Maillé, directeur général des Éditions Fides, ainsi qu’à toute son équipe, pour avoir tout mis en œuvre pour que ce livre voit le jour.

Hélène-Andrée Bizier Juillet 2010

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C’est au milieu du xixe siècle seulement qu’un premier ouvrage d’importance, le pont Victoria, est jeté au-dessus du fl euve Saint-Laurent. Conçu par l’ingénieur anglais Robert Stephenson et réalisé sous la direction de l’ingénieur Alexander Mackenzie Ross, le pont est exclusivement destiné au trafi c ferroviaire. Lancés le 20 juillet 1854, les travaux ont pris fi n le 24 novembre 1859, quand un premier train a franchi l’ouvrage de 2 800 mètres de longueur qui avait toutes les apparences d’un tunnel suspendu. Le même jour, George Étienne Cartier, procureur général du Canada, l’avait franchi à pied avant de prononcer le discours d’inauguration offi cielle. Après 1898, le pont le plus long de l’Empire britannique, la « huitième merveille du monde », a été transformé par l’ajout d’une deuxième voie ferrée, d’une travée pour la circulation des véhicules et de trottoirs pour les piétons. Ici, des ouvriers du pont Victoria autour d’un caisson à claire-voie.

De main d’homme

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En 1534, Jacques Cartier croise l’île Percée, mais il n’en parle pas. Samuel de Champlain, qui se dirige vers la baie de Gaspé, qu’il appellera Gachepay, découvre cette sentinelle le 15 juillet 1603. Il s’agit d’un rocher fort haut, percé d’un grand trou dans lequel les chaloupes et les bateaux peuvent passer quand la mer est haute. Il note déjà que, quand la mer est basse, on peut s’y rendre à pied. Au sud-est de l’île Percée se trouve l’île de Bonaventure près de laquelle on pêche la morue, le hareng et le saumon. Dès le xviie siècle, des pêcheurs s’installent sur l’île de Bonaventure. Au siècle suivant, des Acadiens et des Loyalistes s’y établissent en permanence. L’île a été rendue à la nature à la fin des années 1950.

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L e Québec porte partout l’empreinte du travail, mais qu’avons-nous donc édifié, de ce côté-ci de l’Atlantique, au nom de l’incessante corvée qui

occupe l’Humanité ? Le temps, le progrès et l’industrie nous ont conduits à bouleverser un territoire que les Premières Nations s’étaient contentées de marcher. La quête des lieux construits et

de la trace du labeur invite à se remémorer le pays d’avant. À se souvenir des contours de paysages intacts, pareils à ceux où Jacques Cartier a surpris et trompé ses hôtes amérindiens. Là, à la jonction des rivières où ces cueilleurs, chasseurs et pêcheurs trouvaient à se nourrir, à s’abriter et à se vêtir, les Français et leur suite se sont installés. Ils ont creusé des routes boueuses sur des sentiers où, après s’être inclinée sous les pas, l’herbe continuait de pousser.

C’est dans ce paysage harmonieux que les anciens se sont mis à construire. Au bord de l’eau, les seigneurs ont fait élever des demeures vastes, mais sans luxe. Les maisons des premiers colons se sont élégamment rangées le long du fleuve Saint-Laurent et des chemins du roi. Les premières récoltes de blé ont imposé aux seigneurs l’obligation de faire bâtir ces moulins à farine qui justi-fiaient leur titre et leurs obligations à l’égard de leurs censitaires. Avec l’église et quelques maisons bourgeoises, ces bâtiments nous semblent être en parfait accord avec le panorama.

Les atteintes au paysage d’origine se sont pourtant multipliées. Il a fallu se mettre à l’abri au sommet d’une colline, dans l’enceinte d’un fort ou d’une ville, à l’intérieur d’une maison de pierre ou d’une église. Les tailleurs de pierre sont arrivés. Au nom de la survie, du confort et des besoins élémentaires du milieu rural, on a doté les maisons de bonnes cheminées. Les ramoneurs furent invités à immigrer. L’agriculture s’étant développée, il a fallu créer d’autres outils, remplacer les bœufs de labour par des chevaux. Pour les ferrer et les atteler convenablement, le forgeron fut convié à s’établir en permanence non loin de l’église. Chaque paroisse exigeait sa part d’ouvriers et d’artisans qui ont longtemps suffi à la demande. L’aubergiste, le boulanger, le ferblantier et le forgeron étaient au moins aussi utiles que le médecin, le notaire ou le curé. Leur

Peu après avoir fondé Québec, Samuel de Champlain se souvient d’un lieu qu’il a nommé « cap de Tourmente ». Après 1608, il décide de faire semer du foin sur les terres basses baignées par le fleuve et protégées par le rocher. Chaque automne, des ouvriers agricoles fauchent, lient et transpor-tent le foin à Québec où l’élevage du bétail se concentre. En 1626, c’est le bétail et des fermiers qui migrent vers cette plaine qui devient un lieu de pâturage collectif. Un mois plus tard, débute la construction d’une étable et de deux corps de logis. Cet établissement est détruit au mois de juillet 1628 par les frères David, Louis et Thomas Kirke qui ont décidé d’affamer la Nouvelle-France pour obtenir sa capitulation. Effectivement, le 14 septembre 1629, les Anglais prennent possession de la colonie. Ici, le cap Tourmente, vers 1925.

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présence attirait des étrangers ainsi que des fils de fermiers heureux de délaisser le travail de la terre pour exercer des activités traditionnelles de plus en plus nombreuses à devenir de petites industries : cardage, sciage, boucherie, laiterie, beurrerie, cordonnerie.

On se mit à raccorder les bouts de chemin entre eux. On construisit des ponts et des quais, on aménagea des places de marché à foin ou à denrées et produits domes-tiques, des couvents, des séminaires ainsi que quelques hôpitaux et écoles. Pour aller d’un lieu à un autre, d’un fournisseur à un autre, les routes se multiplièrent tout comme les véhicules et les chevaux. Malgré le bruit de la scie, du pic et de la pelle, on continuait d’entendre les voix d’enfants, le chant des femmes, le cri des oiseaux. Il ne manquait que l’électricité, le charbon et le pétrole pour qu’on s’éloignât des terres connues et que l’on puisse aussi développer le haut des côtes. À lui seul, le cheval ne pouvait pas vraiment tout transporter.

Toutes ces petites industries étaient pleines de charme, mais il faut bien dire qu’au xixe siècle, sans trop savoir ce que l’on voulait, on se mit à espérer mieux que le néces-saire. Éclairer les rues, par exemple. En 1892, on salua le génie industriel qui, grâce à l’électricité produite par le Sault de Montmorency, put éclairer quelques rues de Québec. Qui aurait osé se plaindre de ce qui survint, au début du xxe siècle quand, après avoir découvert le paradis de pêche qu’était la Côte-Nord, les frères George, James, John et William Clarke, éditeurs de l’Encyclopædia Britannica, s’attaquèrent à la rivière Sainte-Marguerite ? L’électricité qu’ils en tirèrent fit fonctionner leur usine de pulpe, créant Clarke City qui allait, en quelque sorte, devenir le berceau de la Sept-Îles industrielle.

Le même modèle s’est appliqué presque partout au Québec, en Mauricie, au lac Saint-Jean, dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie et en Abitibi. En son temps, et aujourd’hui encore, l’exploitation minière fait miroiter l’espoir d’une richesse indivi-duelle et collective. On vient du monde entier, mais surtout des régions agricoles québécoises, pour profiter d’une manne qui exigeait sueur et sacrifices. Qui voudrait, aujourd’hui, vivre sous terre et dans des conditions sanitaires inacceptables ? Au nom du travail et de leur survie, des milliers d’hommes ont accouru, suivis de leurs proches ainsi que des figures familières des villages d’en bas. Sauf que, désormais, le curé, le notaire et leur cohorte arrivent en même temps que les ouvriers du bâtiment et du chemin de fer, du maître de poste, du marchand général, de l’infirmière et, dans le meilleur des cas, du médecin. Dans ces régions développées autour des mines et des camps forestiers, des arpents d’une terre souvent ingrate sont laissés à l’agriculture.

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Ce n’est pas parce qu’on s’éloignait des régions agricoles qu’on allait se priver de manger car, en ces temps-là, les aliments voyageaient bien peu.

De ces paysages émouvants, il ne subsiste souvent que des fragments. Notre regard voit comme il le peut. Tout comme le photographe qui cadre son sujet, l’œil sélectionne la vue du moulin à vent. Simultanément, il escamote le salon mortuaire, le stationnement et l’enfilade de magasins disparates qui se sont littéralement greffés sur ses pierres. Au nom du travail, les arbres ont été abattus, le terrain a été morcelé et, petit à petit, l’asphalte a recouvert une terre jadis réservée aux pique-niques, à la pêche à la ligne, aux promenades et aux petits jardinages. Il faut en avoir lu la description pour imaginer les berges, les foins et les fleurs sauvages qui ont inspiré à des explorateurs du xviie siècle le projet d’y établir leurs compatriotes. Z

L’imposant Cap-à-l’Orignal, photographié en 1948. Cette falaise, comme les pics, les pointes, les îlets, les anses et les baies dont le fleuve est parsemé, fait partie du parc du Bic, qui a été créé en 1984 pour protéger l’extravagance dont la nature a fait preuve à cet endroit. La légende veut que ce rocher du parc national du Bic doive son nom à un orignal qui se serait jeté du haut de ce rocher pour échapper à des chasseurs. Des fouilles archéologiques effectuées dans ce parc ont permis de localiser une trentaine d’établissements amérindiens datant de six millénaires.

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Pendant la guerre de la Conquête, les officiers britanniques John Nairne et Malcolm Fraser auraient empêché la destruction des quelques bâtiments qu’on rencontrait alors aux environs de la rivière Malbaie. Le 27 avril 1762, la Conquête étant achevée, les autorités britanniques concèdent aux deux Écossais le territoire baigné par la rivière Malbaie. Les terres situées à l’ouest du cours d’eau (Pointe-au-Pic) sont attribuées à Nairne, celles de l’est (La Malbaie) à Fraser. Ils influencent la toponymie locale en imposant le nom du gouverneur James Murray à la rivière et à la « Pointe-au-Pic ». Ici, un pique-nique aux chutes Fraser, près de la rivière Malbaie, vers 1900. Les chutes font partie d’un secteur touristique auquel on attribue souvent encore le nom de Murray Bay.

Les premiers colons à s’établir dans l’île d’Orléans y arrivent en 1650, en provenance du Poitou et de la Normandie. La paroisse Sainte-Famille est créée pour eux dix-neuf ans plus tard. C’est là que l’on trouve aujourd’hui le plus grand nombre de maisons ancestrales au Canada. Ici, la vue qui s’offrait, en 1943, aux résidents de la ferme de la famille Labbé, à Sainte-Famille.

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Panorama impressionnant formé par le sommet du mont Barnston et de son voisin le mont Pinacle où le photographe a posé son trépied. La photo de ces rochers de granit, joyaux de la réserve écologique du parc Harold F. Baldwin, dans les Cantons-de-l’Est, ne montre pas l’activité qui règne alors autour du lac Lyster où une scierie a été construite en 1805, par Levi Barnston, un descendant de Loyalistes. Ses fils et petits-fils, industriels, marchands et politi-ciens, ont introduit l’électricité dans cette région où ils ont également promu le tracé d’une voie ferrée et ouvert des marchés aux agriculteurs en créant, entre autres, une fromagerie et une laiterie.

Un siècle après la prise de possession du Canada par Jacques Cartier, le 24 juillet 1534, la baie de Gaspé est aussi fréquentée que celle de Tadoussac. Elle accueille de très nombreux navires de transport qui y font escale pour s’approvisionner en eau, en vivres et en matières premières destinées à l’exportation. Ici, le port de Gaspé et ses entrepôts, prisonniers des glaces, vers 1910.

Un paysage intact, le pâturage communal de l’archipel du lac Saint-Pierre, en 1944. Créées au xviie siècle dans la plupart des paroisses, les communes permettaient aux propriétaires d’animaux de les faire paître sur des pâturages fertiles. Aujourd’hui encore, des cultivateurs qui paient les droits de commune peuvent conduire leurs troupeaux de vaches et de moutons et même des chevaux vers cette prairie.

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Pour trouver l’origine du nom de Black Lake, il faut remonter en 1796, quand un certain David McLane, un Américain qui se fait appeler Jacob Felt, est arrêté et condamné à mort pour avoir conspiré dans le but de livrer le Canada à la France... Peu après l’exécution de McLane, le 21 juillet 1798, John Black, Loyaliste d’origine, réclame la récompense promise aux dénonciateurs. Il recevra 53 000 arpents de terre dans les Cantons-de-l’Est, aux confins de la Beauce. Black Lake, qui lui doit son toponyme, s’est fait connaître grâce à ses mines d’amiante, les plus importantes au monde..

La transformation du versant nord de l’île Sainte-Hélène en site militaire défensif débute en 1819. Les travaux brisent la perspective que Longueuillois et Montréalais pouvaient admirer. L’île est fermée aux canoteurs, mais des dizaines d’ouvriers y trouvent du travail. Parmi eux, des tailleurs de pierre qui prélèveront une grande partie de ce matériau sur le site. La prise de possession des bâtiments militaires par la garnison transforme à jamais la seigneurie qui avait appartenu à Charles Le Moyne de Longueuil et à ses descendants. Le manoir seigneurial, qui faisait face à Longueuil, aurait été détruit en 1846.

Le moulin à farine, le moulin hydraulique, les vergers, les vignobles, les bâtiments de ferme ainsi que les quais ont disparu vers la même époque. Cette photo des fortifications de l’île Sainte-Hélène a été prise en 1929, pendant les travaux de construction du pont Jacques-Cartier dont on distingue la silhouette. Ce pont à voitures, le premier à relier Montréal et la rive sud du fleuve Saint-Laurent, est inauguré le 24 mai 1930. Il rend l’île plus facilement accessible. On profitera d’une séquence tardive de travaux de chômage, en 1936, pour nettoyer l’île et entreprendre les travaux qui la transformeront en parc public.

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Le manoir Couillard-Dupuis, construit vers la fin du régime français, et photographié vers 1925, est l’un des plus beaux vestiges du régime seigneurial et le plus impressionnant monument historique de la région Chaudière-Appalaches. Louis-Absalon Couillard-Dupuis, dernier seigneur de la Rivière-du-Sud, y est décédé le 22 janvier 1947. La maison familiale a été classée en 1961 et restaurée deux fois. Elle appartient à la ville de Montmagny et abrite le musée de l’Accordéon.

En 1672, alors que les soldats du régiment de Carignan s’apprêtent à retourner en France, l’intendant Jean Talon parvient à retenir dans la colonie quelques-uns des meilleurs capitaines : Saint-Ours, Berthier, Sorel, Contrecoeur, Jarret. Il leur concédera des terres sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, à mi-chemin entre Montréal et Trois-Rivières. Ces anciens officiers et les soldats qui les rejoignent ont pour mission de peupler cette région et de neutraliser les Iroquois pénétrant dans la colonie par la rivière Richelieu. François Jarret attribue le nom de Verchères à la seigneurie qui lui est concédée le 12 octobre 1672. Ce moulin, photographié en 1936, est l’une des neuf constructions de ce genre à avoir été répertoriées en 1851 dans la seigneurie de Verchères.

En 1691, Charles-Joseph Amyot de Vincelotte, premier seigneur de Cap-Saint-Ignace, fait construire un moulin à vent où les habitants porteront leur blé. Situé en bordure du fleuve Saint-Laurent, ce moulin est utilisé jusqu’au milieu du xixe siècle. Cette photographie le montre en 1910, alors qu’il est dans un état de décrépitude avancé. Il a été restauré en 1924 et en 1980.

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L’été 1832 a été marqué par une chaleur torride mais surtout par une foudroyante épidémie de choléra asiatique qui fit de Grosse-Île — en face de Saint-Thomas de Montmagny — une station permanente de quarantaine. Au Canada, l’alerte est officiellement donnée le 8 juin 1832. Un communiqué émanant du bureau de santé annonce alors qu’un navire — Le Carrick, en provenance de Dublin, en Irlande — s’est arrêté à Grosse-Île avec, à son bord, 133 passagers pouvant être atteints du choléra. Les passagers furent examinés et le navire, désinfecté, poursuivit sa route vers le port de Québec. Le surlendemain, la capitale enregistrait ses premières victimes. Le choléra disparut vers le 9 octobre après avoir fait près de 10 000 victimes au Québec seulement. Des ouvriers construisirent un quai devant Grosse-Île qui se couvrit de bâtiments sanitaires.

Longer le Saguenay exige des prouesses aux pionniers qui s’établissent dans cette région à compter de 1838. Vers 1905, à la hauteur de Rivière-du-Moulin, les débris des trottoirs de bois et des murets gâtent la splendeur du paysage. La crise économique, qui a débuté en 1929, incite les trois paliers de gouvernement à lancer de grands travaux qui fourniront du travail aux sans-emploi. Rivière-du-Moulin, au Saguenay, y gagnera un solide mur de soutènement ainsi qu’une promenade permettant d’admirer le Saguenay et de stopper l’érosion du rivage.

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Naviguant depuis Gaspé en direction de Québec, Champlain s’arrête à Tadoussac, le 3 juin 1608. Ce port naturel, l’un des plus vastes et des plus propices à l’ancrage, se présente sous la forme d’une anse à l’entrée de la rivière Saguenay. Après les pêcheurs venus récolter la morue et chasser les mammifères marins, voici les trappeurs qui s’installent à Tadoussac pendant la deuxième moitié du xviie siècle. La fourrure s’étant démocratisée en Europe, la demande en peaux d’orignal et de castor grimpe en flèche. Les Amérindiens vivant sur la côte, au lac Saint-Jean et même en Gaspésie, vont converger vers ce havre pour y troquer leurs fourrures.

En 1885, à Sainte-Marie-de-Beauce, des ouvriers jettent un pont de bois au-dessus de la rivière Chaudière. L’une des pires débâcles de l’histoire a lieu le 14 avril 1896. Deux jours plus tard, l’inondation débute. L’eau ne se retirera que le 22 avril suivant. Parmi la vingtaine de ponts qui jalonnent la Chaudière, quatre sont emportés par les glaces, et les débris naviguent en direction du fleuve Saint-Laurent. Il s’agit des ponts de Sainte-Marie, de Saint-Georges, de Saint-François et de l’Enfant-Jésus. Le pont de bois sera remplacé par un pont de fer qui sera détruit lors de la crue du 30 juillet 1917. Le second pont de fer résistera jusqu’à son démantèlement, en 2003.

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Au début du xixe siècle, grâce à l’énergie produite par la vapeur, plusieurs routes maritimes s’ouvrent sur le fleuve Saint-Laurent et sur la rivière Richelieu. Au mois de mai 1824, le Montréalais John Molson défie le courant Sainte-Marie, situé à l’est de sa brasserie, pour relier Québec et Montréal avec son premier navire à vapeur. Une vingtaine d’années plus tard, Jacques-Félix Sincennes, capitaine de navire, futur homme d’affaires et député, lance une entreprise communautaire qui fera le transport

du bois sur la rivière Richelieu. La péniche Sincennes et le bateau à aubes Richelieu sont construits dans le port de Sorel après 1845. Il s’agirait des deux premiers ouvrages à avoir été construits dans ce futur chantier maritime. Plusieurs sociétés de navigation imiteront Sincennes, y compris John Molson qui découvrit le potentiel de ce port où ses navires devaient faire escale pour s’approvisionner en bois pour le chauffage des chaudières. Ici, vers 1900, les vapeurs Polino et Passport ancrés pour l’hiver au port de Sorel.

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Inaugurés au début du xxe siècle, les travaux du pont de Québec ont pris fin le 27 août 1907, 5 heures avant que cette armature extraordinaire ne coule au fond du fleuve, emportant 75 ouvriers. Le 11 septembre 1916, une deuxième structure connaît le même sort. Le pont de fer qui est officiellement inauguré trois ans plus tard sera le bon. Ici, le pont de 1907, photographié peu après l’installation de la travée centrale.

C’est au fond de la baie Kelly, sur la rive québécoise du lac Témiscamingue que Ville-Marie s’est formée. Peu avant 1880, le frère oblat Joseph Moffet, dont la communauté était établie depuis 1872 sur la rive ontarienne du même lac, y sème du blé. Ses champs se transforment en ferme. Une première maison est construite. Elle accueillera les colons auxquels le missionnaire procure de l’ouvrage. Le travail rapporte puisque les récoltes sont vendues à des entrepreneurs forestiers. Ville-Marie est officiellement créée dans cette baie, renommée Baie-des-Pères, en 1886. Cet événement donne le signal d’un développement accéléré puisque, la même année, les sœurs Grises fondent une école et un hôpital, et que la construction de l’église Notre-Dame-du-Rosaire est planifiée. Cette photo du premier quai de Ville-Marie a été prise en 1900.

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L’industrie forestière du Saguenay et du lac Saint-Jean s’est développée sur une intuition de l’entrepreneur William Price qui voulait en exploiter les ressources forestières. Selon l’historien Russel Bouchard, l’entrepreneur planifia son action bien avant l’expiration des privilèges de la Compagnie de la Baie d’Hudson, prévue pour 1842. C’est Price, écrit Bouchard, qui « a parrainé sournoisement la création de la Société des Vingt-et-un et lui a donné comme mission d’ouvrir une chaîne de petites scieries entre Tadoussac et la baie des Ha ! Ha !… Cinq ans plus tard, après avoir acheté les propriétés de l’organisation fantoche, l’industriel passe à la seconde étape de son plan et s’associe au métis McLeod Junior pour qu’il entre-prenne la construction d’une première scierie à l’embouchure de la rivière du Moulin […]. » Après William Price, d’autres industriels se sont intéressés au potentiel forestier du Saguenay et du lac Saint-Jean. Parmi eux, Julien-Édouard-Alfred Dubuc, qui fonde Port-Alfred, dans la baie des Ha ! Ha !, en 1918. Le bois de pulpe y était acheminé pour être ensuite transporté vers la Pulperie de Chicoutimi, sur la rivière du même nom. Au faîte de sa carrière, J.-E.-A. Dubuc, surnommé « le Roi de la Pulpe », fournissait le quart de la pulpe produite dans le monde.

Vue saisissante d’un paysage qui a été mutilé dans le but de répondre aux besoins d’énergie électrique de l’industrie. Ici, vers 1925, surplombant la chute ou Sault de Montmorency, le vieux manoir Kent. Au pied du Sault, sous les embruns qu’il projette en toutes saisons, la manufacture de coton de la Dominion Textile, à Saint-Grégoire-de-Montmorency, sur la Côte-de-Beaupré.

Empiètements industriels sur la Côte-Nord : les usines de Clarke City, en 1946.

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Dominant la crête de la falaise, le Château Frontenac est prééminent dans le paysage de Québec. S’il n’appartient pas à l’histoire de la Nouvelle-France, il s’élève néanmoins à quelques pas du site du château Saint-Louis construit par Samuel de Champlain, après 1620. Les travaux de construction du Château Frontenac ont débuté à la fin du xixe siècle et ils se sont poursuivis jusqu’en 1924. Une aile lui a été ajoutée en 1993. Ici, des quais et hangars du port de Québec, au pied de l’hôtel du chemin de fer du Canadien Pacifique, vers 1900.

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Les « travaux de chômage » sont lancés à Montréal au printemps 1932, dans le cadre de la loi de l’aide aux chômeurs. Ils intègrent une fraction de la cohorte des sans-emploi parmi les employés des services publics municipaux. Certains des projets alors entrepris dans cette ville sont grandioses : le Jardin botanique, le lac des Castors, les sentiers et les étangs du parc Lafontaine ainsi que la construction ou la réfection de marchés publics. Ici, en 1938, des ouvriers creusant un bassin circulaire au Jardin botanique de Montréal.

À la fin du xviie siècle, les Sulpiciens sont les seigneurs de Montréal. Leur supérieur, François Vachon de Belmont, qui placera sa fortune personnelle au service de Montréal, y arrive en 1680. C’est lui qui jette les bases de l’actuel séminaire des Sulpiciens, sur une propriété située sur le sentier Ville-Marie, qui sera plus tard nommé rue Sherbrooke. Ses contemporains qualifient le séminaire de « paradis terrestre » et il est vrai que cet éden s’inspire des jardins français, mariant bosquets, vivier, pavillons, étangs, vignes et cellier. De cette féerie, il ne subsiste que deux des quatre tourelles, ou « poivrières », qu’il dessina et fit construire de 1694 à 1698. Quelques toponymes évoquent encore l’œuvre de Monsieur de Belmont et de ses successeurs : rue des Seigneurs, du Fort et... Towers !

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À la veille de la Confédération, Montréal est un important maillon du commerce continental intérieur. Le port change d’aspect et la ville se développe derrière une forêt de mâts. Au début du xxe siècle, la majeure partie du grain produit dans l’Ouest canadien est expédiée à Montréal. L’achalandage provoque l’essor brutal du port et la construction de bâtiments réservés au stockage. Aux mâts succèdent ces ouvrages massifs qui ont masqué le fleuve et témoigné du développement commercial

de la métropole. Ci-haut, l’élévateur à grains numéro 1. Il a été construit de 1910 à 1912, pour remplacer des silos en bois désuets. La Voie maritime du Saint-Laurent ayant provoqué le ralentissement des activités de manutention et d’entreposage des grains, le rôle de ce silo est estompé. Cet imposant témoin du passé a été détruit en 1978, afin de redonner aux Montréalais un panorama ainsi que l’accès au fleuve et au port.

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métier d’icimétier d’ailleurs

Amérindien venu vendre des objets à Montréal, en 1866. Dans ses mains, des mocassins et deux paires de raquettes.

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Une entreprise familiale, en 1943. Alfred Bellemare et sa famille dans l’atelier de la vallée du Saint-Maurice où sont fabriquées des raquettes.

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u moment de peupler le pays, il y a quatre siècles, Champlain renvoya chez eux les paresseux, qu’il comparait aux faiseurs d’aiguilles

dont on pouvait se passer. À cette époque lointaine, il était important de procéder avec ordre et méthode, puisque toute bouche inutile

était un fardeau pour les autres. Chacun devait donc accomplir une tâche particulière, complémentaire à celle d’autrui. Le colon, qui était à la fois bûcheron, défricheur et bâtisseur, avait besoin d’un notaire. Ce colon devait obligatoi-rement être soutenu par les charpentiers, menuisiers, maçons, couvreurs et autres gens du bâtiment. Dans la vie de tous les jours, il avait besoin d’outil, les plus coupants étant fabriqués par le taillandier, les autres, par le forgeron ; la présence de ces derniers s’imposait. Sa famille devait pouvoir compter sur le cordonnier, le chapelier, le sabo-tier et le chirurgien. S’il était illettré, comme plusieurs, il ne tarderait pas, grâce à un écrivain public, à corres-pondre avec la famille restée dans la mère patrie. Ces services seraient utiles pour acheter des biens ou pour réclamer diverses choses, dont sa part d’héritage ! Les soldats marchaient en compagnie des tambours, sonneurs de trompette, arquebusiers et armuriers. Les religieuses et les curés allaient de pair avec les églises, les couvents, les hôpitaux, les doreurs, les orfèvres et les chantres. Le gouverneur et l’intendant voyageaient avec un perruquier, un tailleur, des domestiques, dont leur cuisinier faisait partie. Une fois le blé poussé, le boulanger fut en demande et, quand le sol eut démontré qu’il convenait à la culture du houblon, on fit venir le maître brasseur.

Il aurait été utopique de penser que, dans cette partie du royaume français, ne vivaient que des sujets utiles et en bonne santé. Parmi les premiers arrivés, il y eut de la mortalité, mais aussi des estropiés, des malades, des infirmes, des vieillards, des paresseux ainsi que des incapables. La société s’ajusta. On toléra les communautés religieuses vouées à l’exercice de la charité, mais à condition qu’elles ne soient à la charge de personne. On apprécia la présence de bénévoles qui finançaient les soins de santé. Il aurait été plus utopique encore de croire qu’on n’exercerait, en Amérique du Nord, que des métiers pratiqués en France où un déneigeur n’aurait pas pu faire carrière, même en saison froide. Z

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Artisan micmac photographié au début des années 1970, devant une boutique de vannerie à Maria, en Gaspésie.

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Madame Martin Vachon, Innue de Betsiamites, laçant une raquette de type patte d’ours, près du cabanage rond, sur la rivière Manicouagan, en 1934.

Le traitement des peaux, le découpage, l’assemblage et la décoration des mocassins traditionnels font partie des métiers réservés aux femmes. Chacune cherchait à atteindre la perfection pour être admirée si leurs créations tombaient entre les mains de femmes d’autres groupes autochtones. Ici, Élizabeth Vachon, fille de Martin Vachon, cousant un mocassin en peau de caribou à l’entrée du wigwam familial, sur la rivière Manicouagan, en 1934.

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Mise en place de l’armature d’un canot en écorce, par l’artisan B. Brouillette, en 1942. Le mode de fabrication de ces embarcations a été transmis par les Amérindiens qui en appréciaient la souplesse et la légèreté. Des racines d’arbres étaient utilisées pour coudre les morceaux d’écorce.

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Artisan vannier photographié en 1943. Beaux gestes. Artiste créant une œuvre d’art constituée de branches de mélèze, au village cri de Waskaganish, une communauté située à l’embouchure de la rivière Rupert, au sud de la baie James.

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Trappeur algonquin et sa famille, devant une peau d’ours, trophée de la saison de chasse de 1945. Photo prise dans les bois de Kipawa, en Abitibi-Témiscamingue.

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Chasseurs de Lourdes-de-Blanc-Sablon, sur la Côte-Nord, photographiés en 1943 à la porte de leur maison. Sur la toiture de celle-ci, des peaux de loups-marins tendues ont été mises à sécher.

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Tannage du produit d’une saison de trappe, à la Canadian Fur Auction Sales, à Montréal, vers 1950. À cette époque, Montréal est au cœur du marché mondial de la fourrure.

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Enfants trappeurs de la réserve crie de Waswanipi, transportant des ballots de fourrures, en 1953.

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En 1794, Jacob Mountain, qui a été élevé au titre d’évêque anglican de Québec, vient d’être nommé au conseil législatif du Haut et du Bas-Canada. Séjournant au Château de Ramesay, à Montréal, il parle de la glace qui est utilisée à table. Dans cette ville, écrit-il, « on vous sert beaucoup de crème glacée et on rafraîchit la plupart des boissons, vins, cidres, bière d’épinette et l’eau sont toujours glacés ». Au château même, « l’eau de glace est excellente et le beurre servi au petit déjeuner dans une eau sembla-ble, avec petits morceaux de glace disposés en cercle, est excellent ». La glace découpée sur le fleuve Saint-Laurent et sur les autres cours d’eau du Québec est livrée à des particuliers qui l’entreposent dans des caves ou dans des grandes glacières pour la conservation des aliments. Couverte d’un paillis, la glace peut se conserver jusqu’à la fin de l’été. Ici, sciage manuel de la glace du fleuve Saint-Laurent, devant Montréal, vers 1885.

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Avant que nos saisons ne soient troublées par le réchauffement climatique, on disait que l’hiver québécois commençait le 20 juillet et prenait fin le 21 du même mois. Autant dire que les grosses chaleurs n’avaient pas le poids qu’elles ont aujourd’hui. Quoique… On a déjà entaillé les érables en janvier, organisé des croisières sur le Saint-Laurent au temps des Fêtes et il a beaucoup neigé le 16 juin 1816. Il a fait si froid le 29 mai 1845, qu’un journaliste de La Minerve, journal fondé à Montréal par Ludger Duvernay, coiffe son texte sur le temps qu’il fait par ces lignes désabusées : « Il paraît à peu près décidé que nous n’aurons pas d’été cette année. Nous passerons du printemps à l’automne sans avoir joui des chaleurs si nécessaires à la végétation et aux fruits de la terre. »

Avant d’être craint, fui, détesté et aimé, l’hiver a été observé avec méthode. On s’est penché sur sa rigueur et sur sa durée, mais rien n’égalera le texte d’Asseline de Ronval, l’un des premiers touristes français à avoir visité la Nouvelle-France par simple curiosité. Il s’y rend en 1662, consigne ses observations sur l’hiver, qu’on a pu lire dans son journal de voyage, où le déboisement semble être la solution toute désignée pour en venir à bout.

« Pourquoi il fait si froid en ce pays-là et qu’il tombe tant de neige, puisque Québec est presque la plus septentrionale des terres que nous habitons, qui est sous le même méri-dien que La Rochelle, et les autres encore plus méridionaux, c’est que la terre, étant entièrement couverte d’arbres qui y sont fort épais et fort hauts, le soleil ne peut échauffer la terre, ne pouvant percer à travers tous ces arbres, et, sous les arbres où il n’y a jamais eu de soleil, il y fait si froid, que l’on n’y peut demeurer sans y glacer ; mais, aux lieux qui sont défrichés, il y fait chaud en été comme en Europe sous leur même hauteur, et où je me suis baigné plusieurs fois pour la grande chaleur. »

Asseline de Ronval et d’autres se donnent pour mission de vanter le climat du Canada dont la réputation décourage l’immigration. Pas Voltaire, dont l’opinion est faite. Il connaît mieux la Louisiane que la Nouvelle-France, le Mississippi que le Saint-Laurent et il n’a jamais pu comprendre pourquoi la France avait investi au nord plutôt qu’au sud :

Non mais, quels hivers !

Le marchand de glace Georges Gingras, à gauche, et Maurice Dubois, sur la rivière Haricana, en 1938.

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« Je n’ai jamais conçu, écrivait-il au comte d’Argental, comment on a pu choisir les plus détestables pays du Nord qu’on ne peut conserver que par des guerres ruineuses et qu’on ait abandonné le plus beau climat de la terre, dont on peut tirer du tabac, de la soie, de l’indigo, mille denrées utiles et faire encore un commerce plus utile avec le Mexique. »

Ailleurs, dans son Précis du siècle de Louis xv, Voltaire écrit :

« On a perdu ainsi, en un seul jour, quinze cents lieues de pays. Ces quinze cents lieues, dont les trois quarts sont des déserts glacés, n’étaient peut-être pas une perte réelle. Le Canada coûtait beaucoup et rapportait très peu. Si un dixième de l’argent englouti dans cette colonie avait été employé à défricher nos terres incultes en France, on aurait fait un gain considérable ; mais on avait voulu soutenir le Canada et on a perdu cent années de peine avec tout l’argent prodigué‚ sans retour. »

Dans Candide ou l’optimisme, publié en 1759, alors que la Nouvelle-France agonise, Voltaire revient sur le sujet et fait dire à Martin, le compagnon de voyage de Candide à propos du monde où ils vivent, que la France et l’Angle-terre « sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que le Canada ne vaut […] ».

L’hiver était là pour rester, avec les tâches qu’il impose, les inventions qu’il suscite, sans compter qu’il précède de bien beaux étés.

L’hiver était une saison propice aux traversées entre les deux rives du fleuve. Tant que la glace était solide, les familles en profitaient pour se réunir et le commerce s’en trouvait ravivé. Ici, le pont de glace sur le fleuve, devant Québec, vers 1900.

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Pont de glace entre Québec et Lévis. Pour éviter que les gens ne s’égarent et meurent de froid, la route tracée sur les cours d’eau devait être balisée avec des branches d’épinette ou de sapin. Très souvent, comme c’était le cas sur la rivière des Prairies, entre l’Abord-à-Plouffe, sur l’île Jésus, et Montréal (Cartierville et Ville Saint-Laurent), des haltes étaient concédées à des tenanciers. On pouvait s’y reposer ou attendre la fin des tempêtes en prenant un « p’tit r’montant » pour se réchauffer le gosier, avant de reprendre la route vers l’autre rive.

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Livraison de glace à Montréal, vers 1870.

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Coupe de glace sur la rivière Saint-François, dans les Cantons-de-l’Est, en 1890.

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Bancs de neige, rue Craig, aujourd’hui rue Saint-Antoine, à Montréal, en 1869.

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Après une bordée de neige, l’accumulation de neige en venait à forcer les gens à entrer dans leur maison par les fenêtres du premier étage. Déneigement rue Dalhousie, à Québec, vers 1900.

Déneigement de la Grande-Allée, près de la rue Saint-Augustin et du Parlement du Québec, en 1904.

Transport de la neige à bord d’un tombereau sur patins et tassement de la neige le long du mur de pierre de la Grande-Allée Est, en 1904.

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Un chasse-neige électrique sur une voie de tramway, à Montréal, vers 1895.

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À une époque où on n’enlève pas la neige, le niveau des routes s’élève et on aplanit comme on le peut la surface glacée. Ici, Donat Lizotte et son rouleau à neige, à La Pocatière, vers 1930.

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Une souffleuse procède au dégagement de la route 30, près de Saint-Donat, dans les Laurentides, en mars 1951. La souffleuse a été inventée en 1924-1925 par le Montréalais Arthur Sicard. Sa « machine à neige », qui permet l’ouverture des routes à la circulation des automobiles et des camions, a valu à son inventeur un contrat de la British Commonwealth Air Training Plan. Depuis, la souffleuse est utilisée dans toutes les villes et aéroports du monde.

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Dans l’incessant combat qui lui est livré, la neige remporte souvent la victoire. Ici, à Amos, en mars 1947, le « train-souffleuse » immobilisé par la neige accumulée sur la voie ferrée.

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Richard Cloutier, passager à bord d’une autoneige, près de l’hôtel Cloutier.

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Passagers attendant de prendre place à bord d’une snowmobile, à Saint-Éleuthère, dans le Bas-Saint-Laurent, en 1947. Une quinzaine d’années après Arthur Sicard, qui a inventé la souffleuse à neige, Joseph-Armand Bombardier invente la snowmobile, qui combine chenilles et skis. L’habitacle n’est pas chauffé, les pannes sont fréquentes, mais le transport hivernal des marchandises et des personnes est facilité.

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Antoine Desrosiers, conducteur-troubadour de Montbrun, en Abitibi, devant son autobus-taxi sur chenilles qui effectuait le trajet entre Davangus et Montbrun, vers 1950. On remarque un grand-duc, ailes déployées, trophée qui orne le véhicule. Le nom Davangus a été donné à la gare de Destor, en hommage à Dave Angus, promoteur de la mine Duparquet.

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Ray Waldron conduisant une Chevrolet 490 transformée en voiture à ski, dans les Cantons-de-l’Est, en 1947.

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La bosse des affaires

Intérieur de l’agence de publicité McKim fondée à Montréal, en 1889. L’agence est une pionnière en matière de conception et réalisation de publicité destinée aux imprimés.

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Dites donc Dow ! William Dow, brasseur d’origine écossaise, immigre à Montréal vers 1820, soit une quarantaine d’années après que John Molson eut fondé sa brasserie. D’autres entreprises du genre existent ailleurs dans la province, dont celle de James Anderson, à Québec. En 1834, William Dow achète l’entreprise où il avait été contremaître et lui donne son nom. La Dow a été pendant plus d’un siècle l’une des plus populaires au Qué-bec. Une rumeur voulant que plusieurs consommateurs soient morts après avoir consommé cette marque de bière entraîna la vente de l’établissement et la disparition du nom de son fondateur. Sa motivation : réussir.

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n naît, paraît-il, avec la bosse des affaires. Certains l’ont, d’autres pas. Invisible, elle apparaît chez l’enfant soudain mû par le désir de vendre, d’échanger, d’additionner et de multiplier. Pendant longtemps, on a dit et répété que les Canadiens français étaient dépourvus du sens

du commerce et des affaires. Les édiles nourrissaient, dans le peuple, l’idée que la nation canadienne-française n’était en rien destinée au commerce. Tout au plus, pouvait-elle vivre d’agriculture, de chasse et de pêche ou, dans le cas des citadins, se consacrer à la fortune des autres. Ce préjugé sur l’apparente impuissance d’un peuple à conquérir la richesse était entretenu par l’Église qui cultivait la méfiance des catholiques à l’égard de l’argent. Quels péchés ne commettait-on pas pour s’en approcher ? La cupidité, l’envie ou l’appât du gain ne conduisent-ils pas au vol, au détournement de biens, au mensonge ou à la duplicité ? Depuis le Moyen Âge, l’imagerie populaire illustre l’Enfer où les flammes lèchent les doigts des spéculateurs, usuriers et prêteurs sur gages ; des flammes brûlant tout entier ceux et celles qui jouissent des avantages de la richesse que sont la gourmandise, le luxe et même la luxure, pendant qu’on y est. Il était permis et bien vu de devenir prêtre, médecin, notaire ou avocat, mais toucher aux affaires ? Jamais !

Le mythe de Séraphin Poudrier montre à quel point, au milieu du xxe siècle, l’argent est toujours méprisable et le succès en affaires, mal vu. Que n’a-t-on pas dit au sujet de la sombre origine de la richesse de quelques privilégiés ? Quiconque s’est enrichi il y a un siècle, a entendu les murmures de ceux qui prétendaient savoir comment cela s’était produit. Les dictons, les adages et les proverbes confirmaient péremptoirement les on-dit. Bien mal acquis… On ne prête qu’aux riches… Et, pour se consoler puisque la « revanche des berceaux » allait encore bon train : à pauvres gens, enfants sont richesse.

L’Église veillait de tout son poids sur l’enseignement. Dans les petites écoles, les enfants apprenaient à lire et à compter, un b.a.-ba enrichi par quelques notions d’arithmétique. Cela devait

o

Boulimique de travail et d’industrie, Hugh Allan arrive d’Écosse en 1826, riche d’un réseau d’appuis qu’il doit à son père, un négociant dont il représente les intérêts à Montréal. Il s’intéressera au télégraphe, au téléphone, aux banques et à l’immobilier. Il investira dans la production d’un éventail de biens de consommation. Il sera banquier, administrateur de la compagnie de navigation Allan qui stimulera l’immigration britannique vers le Canada et le commerce avec l’Europe, et principal promoteur du Chemin de fer Canadien Pacifique. Son atout : l’accès au crédit.

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Charles-Alfred Roy dit Desjardins, photographié vers 1890, en compagnie d’Émilie Dumont, sa femme, et leurs enfants, Marie-Émilie, Élisabeth, Elmina, Alfredine et Zoé-Éva qui deviendra l’un des premiers photographes de sa région. Vers 1870, après son apprentissage d’horloger, Roy dit Desjardins achète la boutique d’horlogerie qu’il transforme en fabrique de machines agricoles de tout genre qui, au début du xxe siècle, devient la Compagnie Desjardins. À la faveur du peuplement de l’Ouest canadien, l’entreprise entre dans une phase de prospérité qui rejaillit sur le village natal de

l’homme d’affaires. Touche à tout de génie, on le surnomma le « boss de Saint-André-de-Kamouraska ». Semblable à nombre d’industriels fortunés de son époque, il créa, posséda et exploita une partie des infrastructures municipales. Charles-Alfred Roy dit Desjardins représenta la circonscription de Kamouraska à Québec, de 1890 à 1897. Il est décédé en 1934. Ses biographes rappellent qu’il fut l’un des « premiers multimillionnaires canadiens-français ». Son avantage : l’utilité de ses initiatives.

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suffire à faire rouler une ferme ou un ménage. Le bagage acquis à l’école primaire ne conduisant les pauvres nulle part, seuls les fils et les filles de « riches » ou de privilégiés accédaient au secondaire et au cours classique. Ceux-là en apprenaient un peu plus, mais rien de comparable à la panoplie de cours et d’instruments d’apprentissage des lois du commerce chez les Canadiens anglais.

Le 24 juin 1893, la société Saint-Jean-Baptiste de Montréal inaugure le Monument national, créé dans le but de fournir aux ouvriers canadiens-français la formation qu’ils réclament en matière d’éducation et surtout en matière d’administration de leurs propres affaires. On y accourt en foule, ne serait-ce que pour apprendre à gérer un maigre budget. Cette fin de xixe siècle voit une lame de fond se former chez les Canadiens français désireux de contribuer à la croissance de la richesse du pays et de s’asseoir au banquet du partage de la prospérité entrevue.

On assiste ainsi à l’ouverture du collège La Salle et du collège Mont-Saint-Louis, à Montréal. Les cours commerciaux se multiplient ailleurs au Québec, mais ils ne conduisent malheureusement pas encore à l’université. Au début du xxe siècle, alors que l’enseignement universitaire est catholique et placé sous la férule de l’Université Laval, les affaires continuent d’être exclues des matières qu’on y enseigne. En 1907, la Chambre de commerce de Montréal fonde une école des hautes études commerciales qui connaît un succès prévisible. En 1920, après que l’Université de Montréal eut conquis son entière autonomie, l’école de commerce adopta le statut d’école affiliée, un statut qu’elle partage aujourd’hui encore avec l’école Polytechnique.

Ces préjugés ne paralysaient pas tout le monde. La bosse des affaires étant un curieux moteur, alimenté par la volonté et le désir de relever des défis, il n’était pas rare d’entendre des hommes nimbés de succès parler d’eux-mêmes en disant qu’ils s’étaient « faits tout seuls », c’est-à-dire sans appui ni instruction. Joseph Masson, par exemple, est auréolé du prestigieux titre de « premier millionnaire canadien-français ». Parti de rien, il passa de simple commis à négociant en drap à « bourgeois de Saint-Eustache ». Il entra dans la légende en décembre 1832, quand, pour payer la seigneurie de Terrebonne qu’il venait d’acheter à l’encan, il déposa, devant les témoins médusés, l’équivalent de 100 600 de nos dollars ! Z

Cyrille Duquet est né à Québec le 31 mars 1841. À l’âge de 13 ans, il choisit d’apprendre le métier d’orfèvre auprès de Joseph-Prudent Gendron. En 1862, il inaugure son propre atelier, au coin des rues Saint-Jean et de la Fabrique. C’est dans une boutique entièrement reconstruite au même endroit et dans une autre, inaugurée sur la rue Saint-Roch, qu’il donne la pleine mesure de son talent et goûte à la célébrité. Il invente de nombreux objets comportant des mécanismes complexes, dont le combiné téléphonique qui permet d’entendre et de parler sur un même appareil. Mise au point en 1877, cette invention, qu’il appelle le « téléphone français », a été brevetée le 1er février de l’année suivante. Duquet s’est également chargé de sa diffusion, une initiative contestée par une entreprise exploitant le brevet de Graham Bell. Il est décédé en 1922. Son talent : l’autopromotion.

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Au Québec, pendant le dernier quart du xixe siècle, la culture du blé cesse d’être rentable. Le responsable est vite trouvé : le train du Canadien Pacifique, qui fait voyager le blé de l’Ouest canadien vers les provinces de l’Est. Il y est distribué de gare en gare où les meuniers l’achètent à bon prix et le transforment en farine. L’entrée en scène des minoteries commerciales annonce la fin des moulins à farine traditionnels dont le produit est déclassé par les farines propres, blanches et sans résidus de pierre qu’elles mettent sur le marché pour la confection de pains, gâteaux et biscuits. Ici, Frederick W. Thompson, l’un des associés qui rachetèrent la Ogilvie Flour Mill, fondée vers 1850, par l’Écossais William Watson Ogilvie. Son pari : la diversification.

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Raymond du Tremblay et Philippe de Gaspé Beaubien, photographiés le 11 juin 1946, à leur arrivée à New York. Partis de Montréal en canot, les jeunes gens ont emprunté la rivière Richelieu jusqu’au lac Champlain et, de là, le lac George et la rivière Hudson. Pour le jeune Beaubien, à droite sur cette photo, cette arrivée très médiatisée au pays de l’Oncle Sam, rappelle le périple de ses ancêtres pionniers de Détroit et de Chicago. Ce voyage est également le prélude à une carrière d’homme d’affaires qui s’enclenchera à l’université de Harvard pour aboutir, des années plus tard, à l’édification de l’empire Télémédia.

Henry Birks est né à Montréal en 1840. À l’âge de 16 ans, il effectue un stage de quelques mois chez Jean-Baptiste-Arthur Chamberland, notaire de Rivière-du-Loup (aujourd’hui Louiseville). Maîtrisant très bien la langue française, il devient commis dans l’une des plus grandes bijouteries du Canada. En 1879, il ouvre un premier magasin de cadeaux et d’articles de luxe rue Saint-Jacques. Son succès est immédiat. L’orfèvrerie immortalisera son patronyme. En 1894, il a participé à l’élan qui a propulsé vers la rue Sainte-Catherine les principaux marchands du Vieux-Montréal actuel. Sa publicité affirme qu’il s’agit de la plus grande bijouterie de détail du continent. Son secret : une formation en commerce.

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Né à Mascouche en 1816, Prudent Beaudry grandit à Sainte-Anne-des- Plaines, dans la région de Lanaudière. Piqué, comme ses trois frères, par le virus de la bougeotte, Prudent est insensible aux notions de frontières entre le Canada et les États-Unis. À la recherche de l’aventure et de la richesse, il va donc d’un pays à l’autre et même en Europe qu’il visite fréquemment. À son retour, il tente un repli sur Montréal, mais c’est dans le village de Los Angeles, où il rejoint son frère Victor, après 1850, qu’il fait finalement fortune. Investisseur immobilier, il avait de l’instinct et il savait comment les villes se construisaient. Son principal titre de gloire : l’achat de Bunker Hill, en 1867. Il subdivisa la colline en plusieurs lots et il tira de la vogue immédiate de ce promontoire, une fortune appréciable. Sa réputation et le rôle qu’il joua dans la transformation du village californien en une ville d’avant-garde lui ouvrirent les portes de l’hôtel de ville où il occupa le fauteuil du maire de 1874 à 1876. Son frère, Jean-Louis, l’un des fondateurs de la Banque Jacques-Cartier, a été maire de Montréal à trois reprises entre 1866 et 1885. Le 26 mai 1875, Prudent Beaudry remettait 150 000 dollars à l’école Polytechnique de Montréal pour la création de la bourse Prudent Beaudry. Décédé à Los Angeles en 1893, il a été inhumé dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.

Prudent Beaudry était propriétaire d’un immense domaine près d’Arroyo Seco où il a établi son vignoble, le « San Rafael Winery », autour de 1875. Il vendit le « San Rafael Winery » et les terres adjacentes autour de 1887 à la famille Campbell-Johnston de Pasadena.

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Go West Young Man. Vers 1860, de nombreux Canadiens français répondent à l’appel des mystères et des richesses que recèle l’Ouest canadien et américain. Parmi eux, on remarque Rémi Nadeau, un maréchal-ferrant et homme d’initiatives aux talents multiples. Issu d’une famille originaire de Kamouraska, né au cours de la première moitié du xixe siècle, il débarque à Los Angeles en 1860 ou 1861. Après avoir emprunté quelques centaines de dollars à son compatriote Prudent Beaudry, il s’associe au frère de celui-ci, Victor Beaudry, et crée une compagnie de transport par mulets. Après avoir ouvert une boutique de forge dans sa ville d’adoption, Nadeau ouvre d’autres ateliers qui, jouxtés à des auberges de fortune, seront construits sur des chemins de plusieurs centaines de milles de longueur qu’il trace lui-même entre la Californie du Sud et des États voisins. En 1868, Nadeau poursuit sa carrière de transporteur en traçant la Bullion Road qui, via une soixantaine de stations, relie Los Angeles et la région minière et très montagneuse du Cerro Gordo. Nadeau s’y présente en tête d’un attelage de 18 mules de la Cerro Gordo Freighting Co, entreprise qu’il a mise sur pied pour le transport du minerai d’argent. En 1871, un journal de Los Angeles affirme qu’il a créé plus d’emploi, acheté le plus de produits et généré plus d’affaires que quiconque dans cette ville. À l’aube des années 1880, récompensé par une jolie fortune, Rémi Nadeau achète près de 30 000 acres de terre. Après avoir échoué dans la commercialisation de la betterave à sucre, il plante huit variétés de vignes. Trois ans plus tard, avec ses deux millions de vignes dont les grappes sont sur le point d’être récoltées, Rémi Nadeau est le pro-priétaire du plus grand vignoble du monde. Infatigable, il a construit le plus bel hôtel de la ville. Inauguré le 5 juillet 1886, le Nadeau Hotel est le premier établissement de Los Angeles à avoir été doté d’un ascenseur et de nombreuses salles de bains. Rémi Nadeau est décédé en 1887.

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Pousse crayon

Jusqu’au milieu du xixe siècle, l’avocat, le médecin et le notaire étaient presque les seuls à travailler dans un bureau, une étude, qui était souvent situé dans leur propre maison. En attendant l’essor du commerce de détail qui multipliera les magasins et les salles de montre, on a besoin de personnes pour accomplir ces tâches répétitives et lassantes qui consistent à remplir les commandes postales, commander des matériaux, reproduire manuellement lettres et documents, planifier le travail d’ouvriers ou organiser celui des commis voyageurs. Il faut des commis pour vendre de l’assurance à ceux qui n’y auraient jamais songé. Il faut des publicitaires pour convaincre les lecteurs de journaux de l’importance de produits dont ils s’étaient passés jusque-là. Cent et une personnes, gens d’affaires, commis et secrétaires, entretiennent ainsi un dialogue de paperasse avec des fournisseurs et des clients qui consomment ce que l’industrie leur fait la faveur de produire à leur intention.

George Washington Pacaud, photographié en 1898, dans son bureau, à la maison. Il était l’un des administrateurs de la Century Insurance fondée par son grand-père.

ci - contre

Jeune industriel de la ville de Québec photographié dans son bureau du quartier Saint-Roch, à Québec.

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La compagnie Royal Trust ouvre ses portes le 24 novembre 1899 sur la place d’Armes à Montréal. En 1920, quand cette photo a été prise, la société de placement avait des succursales dans les principales villes canadiennes.

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L’argent des uns et des autres

Prêter de l’argent est mal vu. Emprunter sans payer d’intérêts est bien commode pour celui qui emprunte, mais il y a des limites à ce qu’il est possible de supporter dans une société où ce qui est bon pour les uns devrait l’être pour tous. En 1817, après deux ou trois ans de gestation, la première banque canadienne, fondée avec un capital de 350 000 dollars, est inaugurée dans la ville dont elle porte le nom : Banque de Montréal. D’origine britannique, ses promoteurs ont néanmoins pu compter sur la collaboration et sur l’argent des Larocque, Bouthillier et Saint-Dizier, pour ne nommer que ceux-là. Du 1er octobre 1817 et jusqu’à l’obtention de sa charte, la Banque de Montréal imprimera et distribuera ses propres billets payables au porteur. Ils ne sont pas prisés des habitants des campagnes qui préfèrent encore entendre tinter les écus et les piastres. Ouverte le 3 novembre 1817, cette banque témoignait de la vitalité de Montréal puisqu’elle était la première banque à avoir été fondée au Canada, la deuxième en Amérique du Nord et la quatrième au monde !

La Banque Eastern Township est fondée en 1859, avec des succursales à Sherbrooke, Stanstead et Waterloo, pour répondre aux besoins des commerçants et investisseurs des Cantons-de-l’Est. Ces derniers réclamaient la création d’une banque honnête, susceptible de réinvestir ses bénéfices dans leur région plutôt que d’expédier cet argent ailleurs. Au début du xxe siècle, cette banque devint une composante de la Canadian Imperial Bank of Commerce. Ici, la succursale de Sherbrooke, vers 1900.

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Employés de la Banque d’Hochelaga ou Banque Nationale, photographiés en 1922, à Montréal, en compagnie d’un ex-camarade de travail, le jeune Camillien Houde que l’on reconnaît à l’avant-plan. Trois ans plus tôt, Houde avait quitté son emploi à la banque pour se lancer en affaires, mais c’est la politique qui l’emportera. Un an après cette séance de photo, il sera élu député conservateur de Sainte-Marie à l’Assemblée nationale. Il avait 34 ans.

En 1925, les enseignes de la Banque Canadienne Nationale se répandent à travers le Québec où elles remplacent celles de la Banque Nationale et de la Banque d’Hochelaga. Ici, la succursale de Bécancour, inaugurée dans la maison de la famille Lupien.

Commis ou directeur de la succursale de Chicoutimi de la Banque Nationale, en 1916. Cette institution a été fondée en 1859, à la demande de financiers de la ville de Québec, Eugène Chinic, Isidore Thibodeau, Ulric-Joseph Tessier, Olivier Robitaille, Cirice Têtu, David Dussault et Prudent Vallée. La banque a accueilli ses premiers clients l’année suivante. La fusion de cette institution avec la Banque d’Hochelaga, en 1924, entraîne une modification de la raison sociale qui devient Banque Canadienne Nationale.

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Voyageurs de commerce de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, immortalisés en 1906, dans l’élégance de leurs tenues estivales. Apparus au milieu du xixe siècle, ces vendeurs itinérants distribuent généralement leurs produits en faisant du porte-à-porte.

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Commis voyageur

Ils représentent un produit, une marque, une mode. Les commis voyageurs sont des vendeurs qui parcourent les chemins les plus reculés pour présenter leurs catalogues de produits aratoires, de semences et de remèdes de cheval. Leurs malles regorgent de matériel à chapeaux, tissus, boutons et colifichets. Ils proposent à ceux qui ne peuvent pas aller faire leurs emplettes en ville des vêtements tout faits, des livres, des images, des statuettes, des missels et des chapelets. Ils distribuent des pilules rouges pour les femmes et des baumes contre les rhumatismes et l’arthrite. Ils ont aussi des cannes, des béquilles et des dentiers et ils se baladent avec des lots de lunettes pour la vue. Ils vendront des glacières, des petits meubles, des aspirateurs, de la vaisselle, des batteries de cuisine et des trousseaux complets pour les jeunes filles désirant se marier.

Les mêmes commis voyageurs en tenue d’hiver, devant La Vieille Maison, en 1906. Les capots de chat qu’ils ont revêtus seront utiles puisque, en attendant l’automobile qui vient tout juste de faire son entrée au Québec, ces vendeurs itinérants voyagent en calèche et en traîneau !

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Joseph-Albert Boucher, représentant de la bière O’Keefe à Rouyn et aux environs, devant son camion de livraison. Les voyageurs de commerce spécialisés dans la distribution alimentaire vendent leurs produits dans les épiceries et les tavernes qui détiennent un permis, appelé « licence ». Il leur est interdit de vendre aux particuliers.

Commis voyageur représentant les produits de la marque Fuller Brush Co., fondée en 1906 par Albert Carl Fuller, 21 ans, originaire de Nouvelle-Écosse. Fuller, qui avait immigré aux États-Unis pour gagner sa vie, décroche un emploi de vendeur itinérant. Son idée d’organiser le travail, le discours et de dicter le comportement des vendeurs qui font des démonstrations s’impose comme un modèle du genre. Les vendeurs ne reçoivent aucun salaire, mais un pourcentage sur les ventes qu’ils réalisent. Le produit qu’ils vendent n’est ni indispensable, ni attrayant, car il faut se rappeler que les premières valises des « Messieurs Fuller Brush » ne contenaient que des brosses inusables, garanties à vie. Elles s’imposent comme un must et « Monsieur Fuller Brush » est une icône.

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Edmond Blanchette, représentant de commerce et gérant pour la marque Électrolux, à Chicoutimi, devant la Chevrolet Sedan 1941, mise à sa disposition par son employeur. La guerre faisant rage en Europe et les automobiles étant moins nombreuses sur les routes, Edmond partage la sienne avec trois collègues : Augustin Lapierre, qui pose au volant, ainsi que Napoléon Arguin et Charles Imbeau. Edmond Blanchette voyageait à travers le Saguenay pour vendre ses aspirateurs et pour former les nouveaux vendeurs.

Un an avant que cette photo ne soit prise, Edmond avait remporté la coupe des chefs d’équipe pour tout le Dominion et obtenu le poste qu’il convoitait à Chicoutimi. Il écrivait à Magella, sa femme, plusieurs fois par semaine. La lettre qu’il lui adresse, le 31 janvier 1940, nous éclaire sur les préoccupations des voyageurs de commerce :

« Bonjour ma chérie, comment vas-tu ce matin ? J’espère que tu passes de bonnes nuits, que tu dors bien. Pour moi ça va bien, je n’ai pas cassé la glace (vendu une balayeuse) encore cette semaine, mais j’espère qu’aujourd’hui ce sera ma journée, comme la semaine dernière. J’ai des appointements : 2 pour ce soir et 1 pour demain soir. Je change de classe de prospect aujourd’hui. Je vais en faire quelques-uns dans la haute classe. C’est dans cette dernière que j’ai fait mes deux ventes ‘cash’ la semaine dernière. J’ai reçu ta belle lettre hier soir après la veillée. C’est beau de te lire. J’ai hâte d’en recevoir d’autres. Hier, la fête de Lorraine. A-t-elle mangé son gâteau ? Embrasse-la bien fort pour moi. Miche est-elle revenue ? Daniel parle-t-il toujours de son pa-pa, pa-pa ? Un bonjour à papa.

Ton Edmond qui t’aime bien. »

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Marchand général

Si le curé sonde les âmes, le marchand général sonde les goussets de ses clients. C’est un homme d’affaires aux allures de confident. S’il y a quelqu’un qui peut faire crédit sans prêter d’argent ni encaisser d’intérêts, c’est bien lui. Les ardoises s’allongent. Honteux, les clients endettés n’osent plus passer sa porte. Alors, surtout en hiver quand les potagers ne produisent pas, il n’est pas rare de voir certains de ces marchands aller porter des victuailles chez la veuve et chez l’estropié. Pour leur part, les acheteurs de fusils, de bottes et de manteaux de chasse avaient intérêt à sortir leurs piastres !Magasin général Éphrem Poulin, à Saint-Georges-de-Beauce, en 1882.

Le magasin général de Jos Gagnon dit « l’Boss », à Saint-Georges-de-Beauce, au début du xxe siècle. Le bâtiment sera détruit par un incendie survenu le 9 avril 1926. Il abritait alors la Maison Édouard Lacroix, un magasin général qui desservait la clientèle locale et dont les bâtiments adjacents servaient d’entrepôt aux marchandises qu’Édouard Lacroix, homme politique et industriel beauceron, destinait à ses nombreux chantiers du Québec et du Maine. L’inauguration de ce magasin avait eu lieu le 22 mars 1922. Alléchés par la publicité, les clients attendaient en file sur le trottoir de bois, car, sur l’ordre du patron, tous les produits étaient offerts pour la moitié des prix pratiqués à Lévis, Québec ou Beauceville.

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Intérieur d’un magasin général du canton de Frampton, en 1890. Ces magasins sont au cœur de l’activité des villages. En général, on y vend peu d’aliments, mais beaucoup de produits utiles tels que des outils, des marteaux, des scies, des articles de chasse et de pêche et, dans les régions où une majorité d’hommes montent aux chantiers à l’automne, tout l’équipement du parfait bûcheron.

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Magasin général de George Millar, à Ulverton, dans les Cantons-de-l’Est.

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Façade et marchandises du magasin général de M.-A. Chamberland, à Georgeville, dans les Cantons-de-l’Est. M.A. Chamberland General Store, Georgeville.

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Du côté des cotons et des toiles au magasin général d’Alphonse Côté, à Saint-Bruno-de- Guigues, au Témiscamingue, en 1908.

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Gagnon & Frères, propriété de Louis Gagnon, marchand général qui pose, canotier sur la tête, derrière le comptoir de l’établissement du lac Saint-Jean. Le magasin est divisé en deux parties. À droite, l’épicerie, à gauche, bibelots et accessoires de maison. Le prospectus où figurait cette photo, vers 1905, précisait que les clients s’attroupaient devant le poêle pour se réchauffer et converser.

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Détaillant spécialisé

Rois dans leur village, les marchands généraux subissent la concurrence des marchands spécialisés qui proposent un éventail de produits d’un même type. Au tournant du xxe siècle, les plus prospères de ces magasins produisent des catalogues qui jettent de l’ombre sur les marchandises toujours pratiques, mais souvent poussiéreuses et démodées qui sont vendues au magasin du village.

Le magasin de meubles des frères Arthur, Gordon et Keith Edward, sur la rue Wellington, à Sherbrooke, vers 1915.

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Magasin de tissus et d’accessoires de couture C.-O. St-Jean, à Sherbrooke, vers 1915.

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T. Southwood, libraire et marchand de journaux, papier et articles de bureau de Sherbrooke, en 1912.

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A. Wiggett & Co., magasin de bottes et de chaussures, à Sherbrooke, vers 1915.

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Commis chez le marchand de tabac et de journaux John Morency, rue Cartier, ville de Québec, 1945.

La bijouterie Boisclerc, à Asbestos, vers 1950. Posant derrière le comptoir, Camille et Gonzague Boisclair avec deux clients.

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W. B. Le baron, magasin d’instruments de musique et d’articles pour mélomanes, à Sherbrooke, en 1912.

ci -dessous

Le magasin de tissus des « demoiselles » Anita et Rita Ouimet, de Sainte-Rose, sur l’île Jésus, en 1948.

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une terre si exigeante

Couple allant aux champs près de Drummondville, vers 1900. Dès que leurs enfants sont en âge de se garder tout seuls ou de les suivre aux champs, les fermières participent à l’exploitation de la terre familiale.

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La terre doit être assouplie à la bêche, un travail que ces travailleurs agricoles ont interrompu, le temps de poser pour François Fleury, en 1948.

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près la pêche et la chasse, l’agriculture est le premier des métiers exercés par les Français venus vivre en Nouvelle-France au xviie siècle.

La culture de la terre exigeant la sédentarisation de ceux qui la pra tiquent, les aspirants colons sont d’abord recrutés dans les

provinces où les travaux agricoles étaient coutumiers. Seuls ou accompagnés d’un ou de plusieurs de leurs fils, ces hommes s’engageaient pour une période de trois ans, rarement plus, à venir travailler dans une seigneurie, cadre physique et social où s’effectuait le découpage des terres concédées à des colons. Au terme de ce contrat rémunéré, ces hommes décidaient de rester ou de retourner vivre en France. Aucun de ceux qui choisissaient de s’installer dans la colonie ne pouvait plaider l’igno-rance devant l’ampleur de la tâche qui l’attendait. Il recevait une terre de quelques arpents et, s’il est un titre dont il se targuerait ensuite, c’était bien celui d’« habitant », signifiant qu’il s’était habitué au pays ; pays qu’il habitait en homme libre. Jamais un Fran-çais du Canada n’aurait accepté le nom de paysan car, en Nouvelle-France, mis à part quelques rede-vances et devoirs, un homme qui possédait son lopin de terre ne courbait jamais l’échine. Il était maître chez lui.

La plupart des colons des seigneuries décou-pées le long du chemin qui marche reçurent une terre « ayant front sur le fleuve » Saint-Laurent. Au fil du développement des seigneuries, des terres furent concédées le long des routes terrestres. Si le nouvel habitant était marié, sa femme et ses enfants traversaient l’Atlantique pour le rejoindre et se bâtir un vrai chez soi. S’il n’était pas marié, il espérait trouver un bon parti sur place, mais les familles étant neuves, les enfants bien jeunes et les filles rares, on fit venir des filles à marier et, sous l’intendant Jean Talon, des filles du roy, c’est-à-dire des demoiselles riches d’une petite dot royale qui injectait un peu d’or dans un trousseau qui en avait bien besoin. À propos de leur recrutement, l’intendant Jean Talon précise quel genre de femmes il veut voir immigrer. Elles doivent avoir « un âge convenable à la génération (maternité),

a

Les foins à Drummondville, vers 1900.

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Herboriste distribuant ses fines herbes à Montréal, en 1859.

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écrit-il le 27 octobre 1667, et surtout choisies bien saines ». Marie de l’Incarnation est plus incisive, écrivant, l’année suivante, que les filles des villes ne conviennent pas. « L’on ne veut plus demander que des filles de villages, propres au travail comme les hommes. L’expérience fait voir que celles qui n’y ont pas été élevées ne sont pas propres ici [...] »

Le travail de la terre était exigeant. Il fallait, comme on disait alors, « déserter » ; faire un « désert » de la forêt. Cela voulait dire abattre les arbres, arracher ou brûler les souches. Nettoyer ensuite cet abattis et déplacer les roches et les cailloux pour atteindre cette couche de sol que des siècles avaient rendu fécond. Avant de récolter le moindre grain d’avoine, de blé, d’orge, de sarrasin ou de houblon, il fallait travailler encore et encore. L’habitant labourait avec une charrue halée par un bœuf, plus rarement par un cheval, qu’on estimait trop cher, précieux et noble pour l’assujettir à de bas travaux. Le colon hersait pour aplanir les bosses formées par les labours et rendre à la terre la souplesse exigée par l’ensemencement. On semait à la main et on récoltait de même, en maniant la faux de l’aurore à la tombée du jour. On râtelait en formant des vailloches qu’on ramenait près des bâtiments où le grain devait être battu avant d’être engrangé, comme les ballots de foin qu’on avait liés. La roue du temps tournant sans fin, à l’automne, on retournait la terre en se préparant pour le printemps suivant…

Au début du xxe siècle, quiconque observait le travail de l’agriculteur pouvait croire que son travail était aussi exigeant que jadis. Et c’était vrai. L’homme qui prenait son déjeuner à six heures du matin avait déjà nourri les animaux et fait le train. Mille autres corvées l’attendaient. Z

Napoléon Saint-Arnaud, cultivateur de Sainte- Geneviève-de-Batiscan, en Mauricie, en 1920.

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L’agriculture n’est pas un passe-temps, mais une nécessité pour le colon qui y trouve une partie de sa sécurité. Après seulement quelques années de présence française, on se félicite des succès de l’agriculture et de l’élevage : « Le bétail et les lards, écrit Marie de l’Incarnation, sont une douceur au pays, qu’autrefois on n’osait espérer. » Au siècle suivant, on peut même parler d’abondance : le chevalier de Bougainville souligne que, même en hiver, l’habitant ne manque de rien : « Ses provisions d’herbages et de légumes pour tout l’hiver et ses provisions de viandes qui, étant gelées, se gardent trois ou quatre mois. »

Malgré cela, au xixe siècle, en certains endroits, on commence à chuchoter que la terre ne produit plus comme autrefois. Les rares journaux publiés ici regorgent de conseils aux agriculteurs. Il s’agit malheureusement de textes tirés de journaux américains ou d’extraits d’articles parus dans les journaux français. Vers 1820, des voix s’élèvent enfin pour parler de phénomènes que les Canadiens connaissent. Ces voix appartiennent souvent à des prêtres ayant étudié l’agronomie à l’étranger et que le sort de leurs compatriotes préoccupe. Leur voix et celle de quelques autres ne s’élèvent pas pour charmer, mais pour dire à l’habitant qu’il erre. Votre terre, lui dit-on, est usée par les labours répétitifs. Vos techniques de fertilisation sont archaïques, identiques à celles du Moyen Âge et il vous faut une panoplie d’instruments aratoires modernes.

La terre des chagrins et misères

Deux des rares photographies montrant des écoliers posant, bêche ou râteau à la main, dans des jardins scolaires. La formation qui est dispensée aux filles comme aux garçons doit les éclairer sur les notions d’agriculture moderne et inciter les garçons à s’inscrire, plus tard, à l’école d’agriculture du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Photo du haut : un jardin scolaire à Saint-Prosper, en Beauce, en 1914. Photo du bas : enfants apprenant à bêcher, à Saint-Philémon, dans la région de Bellechasse.

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S’il veut jouir d’un terroir où, chaque printemps, le miracle de la renaissance se répète, le cultivateur doit adapter son travail aux connaissances nouvelles. Il doit prendre ses distances par rapport à l’almanach et aux ajets et faire confiance aux experts. L’habitant prit tout son temps. Méfiant, craignant l’emprise des étrangers sur son bien et sur la manière de l’administrer, il fit le sourd. Au sortir de la Grande Guerre, il s’en trouvait encore quelques-uns pour critiquer les agronomes en veston et cravate qui arpentaient les fermes en humant le sol et en tâtant la poussière de leurs doigts fins.

La toute première école d’agriculture est fondée en 1670, à Saint-Joachim, sur la Côte-de-Beaupré, par Mgr de Laval. Elle est fermée depuis plus d’un siècle quand une école est fondée à Charlesbourg. Comme une ou deux autres par la suite, cette expérience est éphémère. La première école d’agriculture dotée d’assises solides, en l’occurrence le dévouement et la volonté qu’y injecteront ses fondateurs, de simples prêtres du collège de Sainte-Anne-de-La-Pocatière, est fondée en 1859, après 11 ans d’efforts. Le plan d’enseignement de l’agriculture de l’abbé François Pilote, supérieur du collège, préconisait trois « degrés » de formation. Le premier devait former des agronomes ; le deuxième, soutenir les cultivateurs dans l’apprentissage de « l’agriculture perfectionnée » et le troisième devait diffuser les mêmes notions dans les écoles rurales des niveaux primaires et élémentaires. Ici, groupe d’étudiants de la promotion de 1937, du cours agronomique du collège Sainte-Anne-de-La-Pocatière.

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Homme peignant une croix de chemin, vers 1940, sur un lot de colonisation qui n’est pas identifié.

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Défricheurs et colons de Saint-Dominique- du-Rosaire, en Abitibi, agenouillés pour la communion pendant une messe en plein air. La paroisse a été fondée en 1926. Cette photo illustre une coutume d’un temps révolu, alors que la pratique religieuse faisait partie intégrante du quotidien. Un témoin anonyme du passé écrivait, dans les Mémoires de la société généalogique canadienne-française, en 1962 : « J’évoque ici le souvenir de mon grand-père qui, avant de confier au sol sa première poignée de grains, espoir des moissons futures, enlevait son chapeau et se signait d’un grand signe de croix. »

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Les frères Lauréat et François Gaulin portant sa fille Françoise, pionniers et défricheurs de Mont-Brun. Ici, peu après leur arrivée, en 1937, alors qu’ils procèdent à l’essouchage de la terre.

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Essouchage d’une terre agricole à Saint-André-de-Restigouche, en Gaspésie, vers 1870. L’exploitation agricole des rives de la rivière Restigouche avait débuté une trentaine d’années plus tôt avec l’arrivée de colons d’origine acadienne et de fils d’agriculteurs des régions situées à l’ouest de la Gaspésie, là où la subdivision des terres entre héritiers n’était plus possible.

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Roche et cailloux récoltés pendant le défrichement de la terre de Zéphirin Baillargeon, en Beauce, à la fin des années 1940.

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Cultivateur et son attelage de bœufs de labour près de Neuville, dans la région de Québec, en 1929.

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Administrées par des cultivateurs du même village, les sociétés coopératives agricoles permettaient d’effectuer des achats de groupe et de partager la machinerie agricole. Ici, Paul-Aurèle Hudon au volant du tracteur du syndicat coopératif de Mont-Brun, aujourd’hui Rouyn-Noranda, en Abitibi.

Cultivateur labourant à l’aide d’une charrue tirée par un attelage de trois chevaux, en Abitibi, en 1943.

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Pulvérisation des pommiers dans le verger créé à Oka par les moines de l’abbaye cistercienne.

À l’automne 1942, dans les champs de la ferme Chevalier près du cap Tourmente, Robert La Rochelle, ouvrier agricole, assemble des gerbes d’avoine pour les faire sécher en groupes de quatre. Il travaille pour Phydime Bouchard, dont il épousera la fille en 1943. Monsieur Bouchard s’est occupé de la ferme Chevalier pour le compte du Séminaire de Québec de 1929 à 1960. La ferme fut démantelée par la suite.

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Moines trappistes ensemençant une terre, à Oka, vers 1900. L’origine de la Trappe d’Oka est associée aux menaces que la France républicaine faisait planer sur l’avenir des bénédictins de l’abbaye de Bellefontaine, une communauté alors en voie d’extinction. Les sulpiciens invitent les bénédictins à venir s’établir sur leurs terres d’Oka. En 1881, deux moines visitent les lieux et choisissent le site du domaine du moulin de la Baie. Rejoints par leurs confrères, ils vivent dans la maison du meunier avant de construire leur monastère, l’abbaye cistercienne de Notre-Dame-du-Lac. En plus d’avoir

contribué à l’essor de l’agriculture en bordure du lac des Deux-Montagnes, les moines ont ouvert une école d’agriculture qui a servi d’assises à l’Institut agricole d’Oka. Cette institution a fermé ses portes au milieu des années 1960, dans la foulée de la réforme de l’Éducation, qui faisait de l’Université Laval l’unique dispensatrice de l’enseignement supérieur de l’agriculture au Québec. On doit aux trappistes le célèbre fromage d’Oka, élaboré en 1893 par le frère Alphonse Juin qui reproduisit avec succès le produit le plus populaire de sa région d’origine, le Port-Salut…

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En 1985, près de Saint-Jean-des-Piles, aujourd’hui Shawinigan en Mauricie, un cultivateur dont la moissonneuse-batteuse est en panne profite des dernières heures de beau temps pour faire les foins à la mode d’autrefois.

ci -dessous

Les foins sur la ferme de l’école Moffet, à Ville-Marie, au Témiscamingue, vers 1900. Les défricheurs ont été attirés sur le rivage québécois du lac Témiscamingue par le frère oblat Joseph Moffet qui a démontré que le sol était assez fertile pour que des colons puissent y vivre.

Charrette à foin et des ouvriers agricoles, près de Sawyerville, dans les Cantons-de-l’Est, vers 1900. Ce village s’est dessiné, un siècle plus tôt, par des familles de fermiers américains qui ont traversé la frontière pour rejoindre le loyaliste Josiah Sawyer qui embauchait des hommes à la petite scierie construite à l’endroit d’abord appelé Sawyer’s Mill.

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Transport de foin sur le fleuve Saint-Laurent, en 1903. À noter les arbres piqués dans la glace pour baliser la route empruntée par les traîneaux qui se dirigent vers l’un des marchés à foin de Montréal. À l’époque où la ville de Montréal était fortifiée, ces marchés, aussi essentiels au transport que les stations services contemporaines, étaient installés aux portes de la ville et dans tous les marchés publics. Après la destruction des fortifications, au début du xixe siècle, les marchés à foin, encore situés à l’entrée des principaux axes de circulation, ont continué d’être fréquentés jusqu’à ce que le cheval soit remplacé par le cheval-vapeur.

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Cueilleurs de fraises à Sainte-Famille de l’île d’Orléans, en 1942.

Récolte des pommes de terre sur la ferme de la famille L’Heureux, à Charlesbourg.

Récolte de pommes à Saint-Hilaire, en Montérégie, en 1948.

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Récolte de tabac jaune à Lanoraie, en 1942. Depuis le milieu du xixe siècle, la région de Lanaudière a été une vaste tabatière. La culture du tabac a débuté à Saint- Jacques-de-l’Achigan, sur des terres réputées impropres à l’agriculture à une époque où fumer et chiquer du tabac étaient ancrés dans les mœurs. Une centaine d’années plus tard, on recensait 1 500 tabaculteurs dont la production était destinée aux cigariers et cigarettiers canadiens. L’adoption de lois restreignant l’usage du tabac et l’importation de tabac ont eu raison de ce marché traditionnel. En 2005, selon une analyse réalisée par Sophie Lacasse, étudiante en agronomie à l’Université Laval, il ne restait que trois tabaculteurs au Québec et leur disparition était annoncée pour l’année suivante.

ci -dessus à droite

Récolte de tabac chez Albert Dallaire, à Laforce, au Témiscamingue, en 1942.

ci - contre

Henri Dupont, de Saint-Étienne-des-Grès, comparant sa taille à celle de son maïs, en 1948.

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Soin du bétail

Au début du xxe siècle, sur le chemin de la Côte-des-Neiges, à Montréal. Au croisement des routes de la tradition et de la vie moderne. L’électricité est installée, les triplex font leur apparition dans un secteur de la ville qui, peu de temps auparavant, était la pleine campagne. La Côte-des-Neiges et la Côte-Saint-Laurent sont les deux premières routes à avoir été tracées au cœur de l’île de Montréal où les sulpiciens, seigneurs de Montréal, avaient concédé des terres à des colons.

Vétérinaires présents lors de la fondation du collège des médecins vétérinaires de la province de Québec, en 1902. Une loi réunit en une seule corporation les membres des quelques écoles de médecine vétérinaire qui existent alors au Québec. À Montréal, l’École de médecine comparée et de science vétérinaire est issue de l’École vétérinaire française de Montréal,

fondée en 1886 et affiliée à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Au moment de sa fondation et jusque vers 1920, les vétérinaires montréalais sont distribués dans quelques cliniques dont celle de la rue Craig (aujourd’hui rue Saint-Antoine) où ils se consacrent au soin des chevaux de trait des écuries de la compagnie de tramways.

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Le frère Wilfrid Châtelain de l’abbaye cistercienne d’Oka, créateur de la race Chantecler, avec deux élèves spécialistes, au printemps 1941. Ci-dessous, une poulette et un coq Chantecler, race mixte obtenue en 1918 par le religieux qui voulait produire une volaille typiquement canadienne, capable de résister aux températures hivernales et de produire des œufs et de la viande de qualité. Déclassée par l’industrie avicole à cause de la durée de sa croissance, la Chantecler était en voie d’extinction jusqu’à ce que l’industrie autorise sa commercialisation en 2008.

Heure de la traite pour Mme Arseneau, sur un pacage, à Pointe-Basse, sur l’île du Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine, vers 1990. Au loin, le phare de l’Échouerie.

Marie-France Marchand, de la ferme Marchand, à Marieville, en Montérégie. Le troupeau de cet éleveur est constitué de chèvres laitières, l’alpine et la saanen. L’élevage modernisé et l’intérêt réel des consommateurs pour des produits de spécialités permettent aux agriculteurs de proposer un éventail de produits. Pour Marie-France et Michel Marchand ainsi que d’autres spécialistes de l’élevage caprin, cela veut dire produire lait, fromage, viande, charcuterie, savon et laine…

Un éleveur de porc à Princeville, dans la région des Bois-Francs, en 1948.

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L’encan est une attraction, une occasion d’affaires et une source de renseignements sur la valeur de son propre bétail. Ici, encan d’animaux de ferme, chez Eugène Nobert, de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, en 1921. Ce genre d’encan privé peut être tenu après le décès d’un cultivateur ou quand un fermier sans successeurs vend sa ferme et le « roulant ».

Foule à l’exposition agricole de Saint-Pascal de Kamouraska, vers 1935. Les premières expositions ou foires agricoles auraient été organisées vers 1815 à Montréal et à Québec par des sociétés d’agriculture désireuses de soutenir et de stimuler l’effort des agriculteurs et des éleveurs.

Bénédiction des tracteurs à Saint-Isidore-de-Laprairie, sur la Rive-Sud de Montréal, en 1955.

Course de chevaux, sur la rue Principale, à Shawville, dans la région de l’Outaouais, en 1954. Organisée dans le cadre de l’exposition agricole annuelle, cette course permet d’évaluer les qualités du cheval et la compétence de l’éleveur.

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Bruno Gauvin, producteur maraîcher et producteur de petits fruits et légumes au potager Gauvin, dans le rang Séraphine, à l’Ange-Gardien, en Montérégie.

Culture de tomates en serre dans la région des Laurentides au milieu des années 1980.

Réjean Guertin, propriétaire du vignoble Artisans du Terroir, dans le rang de la Montagne, à Saint-Paul-d’Abbotsford. Créé en 1996, on y récolte surtout les cépages seyval et vidal blancs.

Automne 1992, Stéphane Plasse labourant la terre où l’on cultive du maïs, le long de la route 217, à Saint-Jacques-le-Mineur, en Montérégie.

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Une couturière, mademoiselle D. Cameron, ajuste la robe d’une comédienne du spectacle « Red & White Revue » présenté par des étudiants de l’Université McGill, le 13 février 1940.

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À la fin du xixe siècle, Elmina Lefebvre, en religion sœur Marie de l’Eucharistie, réunit dans l’atelier de photographie de la maison mère des sœurs de la Charité de Québec une vingtaine de personnages et des objets censés illustrer les métiers et les professions les plus répandus à cette époque. Intitulée « Un groupe d’hommes et deux religieuses », l’étude réalisée par la photographe montre, entre autres, un peintre, un briqueteur, un forgeron, un mécanicien, un électricien, un charpentier, un architecte, un jardinier, un balayeur, un boulanger, un violoniste, un agriculteur à la faucille, un chasseur, un menuisier et un cordonnier.

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l fallait, il faut encore et toujours, s’installer à l’abri, s’habiller, se nourrir, s’instruire… En somme vivre et mourir. Avec le temps, les tâches ont évolué. Chaque époque ayant ses temps modernes, des métiers ont disparu, d’autres continuent de survivre dans l’artisanat : où sont passés les armuriers et les arquebusiers ? De nouvelles tâches se sont imposées pour disparaître à

leur tour : que sont devenus les livreurs de pain et de lait ? On oublie qu’hier il n’y avait pas d’écoles et encore moins de brigadier scolaire. On lavait au ruisseau et nulle part ne trouvait-on de buanderie. Le serrurier gagne encore son pain, mais dans combien de temps la domotique rendra-t-elle son métier tout à fait obsolète ? De siècles d’illettrisme, on est passé à l’instruction publique, à la lecture, aux livres, aux auteurs, aux éditeurs et aux libraires, la plupart en voie d’extinction. On a connu l’ère des téléphonistes. Les pionnières ont disparu, laissant derrière elles des instruments de travail étranges dont quelques spécimens s’exposent dans des musées où l’on raconte l’histoire de la téléphonie, de Graham Bell jusqu’à l’installation de satellites dans l’espace. On a connu le bas de laine, la banque, les chèques, les billets et la monnaie, choses tan-gibles qui illustraient l’abondance ou le dénuement. Les voilà inutiles. L’employeur dépose le salaire des employés dans leur compte bancaire d’où ce qui reste après impôt est retiré par ponctions successives. On paie et on pense plastique. Plus personne, sinon un robot vous parlant en direct d’un autre pays et continent, n’est autorisé à répondre aux ques-tions pratiques, à propos de puces et de codes oubliés, qui vous tourmentent parfois. Au fait, qui sait encore dans quel contexte la modiste, le petit épicier, le commis voyageur et le bûcheron travaillaient autrefois ? Z

i

Vers quoi courent-ils donc tous ? Fonctionnaires, commis de banque ou employés de bureau, ils sont pressés d’aller poinçonner. Heure de pointe sur la place d’Armes, à Montréal, le 14 juin 1943.

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Membres de la troupe les Compagnons de Saint-Laurent, fondée en 1937, par le père Émile Legault. Sont présents sur cette photo prise vers 1950, Yves Létourneau, Jacques Létourneau, Aimé Major, Paulette de Guise, Hélène Loiselle, Madeleine Lévesque, Colette Courtois, Renée David et Guy Hoffman.

acteur

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Le comédien montréalais Rolland Bédard, campant le rôle du conducteur de train dans le film Big Red, tourné à La Malbaie au cours de l’été 1960. Le comédien tenait, jusqu’à cette époque, le rôle d’Onésime, l’un des personnages principaux de La famille Plouffe, téléroman de Roger Lemelin produit par la Société Radio-Canada. La photo de droite montre les comédiens Émile Genest, dont c’est le deuxième rôle dans un film des studios Walt Disney, ainsi que le jeune Gilles Payant, le défenseur du chien Big Red, véritable héros de ce film « familial ».

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Parterre de personnalités des milieux du théâtre, de la politique et de l’Église, réunies au Gesù, le 29 janvier 1949, pour célébrer la 100e repré-sentation de Tit-Coq, pièce écrite et mise en scène par Gratien Gélinas qui y tient le rôle principal. On reconnaît, au centre de la deuxième rangée, Gratien Gélinas et la comédienne Olivette Thibault. Assis devant elle, Gérard Delage et, sur la dernière marche, la journaliste, écrivaine et comédienne Laurette Larocque-Auger, mieux connue sous son pseudonyme de Jean Despréz.

La 100e de Tit-Coq a attiré les édiles du temps. On reconnaît dans la rangée d’honneur, le premier ministre Maurice Duplessis et, tourné vers lui, l’évêque de Montréal, Mgr Joseph Charbonneau, deux personnages qui s’opposeront lors de la grève d’Asbestos qui débutera le 13 février suivant. On remarque également le maire de Montréal, Camillien Houde, ex- opposant de Maurice Duplessis à la tête du Parti conservateur du Québec (Union Nationale).

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aiguiseur

Aiguisage à la meule dans une forge des Cantons-de-l’Est, vers 1900.

ci - contre , en haut

Résidents de l’Île-aux-Coudres, aiguisant une hache, vers 1941. L’eau versée sur la meule par l’homme qui l’actionne empêche le métal de chauffer.

ci - contre

Un aiguiseur de couteaux à l’œuvre en bordure du trottoir, sans doute sur l’avenue du Parc, à Montréal, le 18 septembre 1936.

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L’animateur Roger Beaulu interviewant Gabrielle Noël, seule Canadienne française à avoir survécu au naufrage du navire britannique Athenia qui faisait route vers Montréal quand il a été torpillé au large des côtes d’Écosse par le U-30, un sous-marin allemand. La tragédie est survenue le 3 septembre 1939, le jour même où l’Angleterre déclarait la guerre à l’Allemagne. Des 1418 passagers et membres d’équipage, 128 avaient perdu la vie.

animateur

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Mireille Lemelin débute comme comédienne dans le téléroman très urbain et « révolution tranquille » Les filles d’Ève, mais sa voix grave l’impose d’emblée dans le rôle d’animatrice à la station radiophonique CKAC-La Presse qui rayonne alors à travers tout le Canada. Quelques années d’expérience de co-animation lui permettent d’animer, en solo, une émission quotidienne. Elle devient célèbre avec Déjeuner Chansons où s’arrêtent les grands noms de la chanson française : Mireille Mathieu, Sacha Distel, Barbara, Johnny Hallyday ou Michel Fugain qu’elle s’apprête ici à interviewer.

Charles-Auguste Ouellet, annonceur à la station de radio CHGB de La Pocatière, vers 1940, à l’époque où les récepteurs se multiplient dans la région de la Côte-du-Sud. Les deux dernières lettres de l’indicatif rappellent le nom de l’agronome et journaliste Georges Bouchard qui est à l’origine de la station, fondée en 1938. L’abondant courrier reçu par l’animateur illustre la popularité de son émission.

L’animateur Guy Mauffette, en 1948, dans le studio de la station CKVL de Verdun, à Montréal. Il est alors animateur de La Parade de la chansonnette française, une émission créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour remettre la chanson française au goût du jour. L’animation en avait d’abord été confiée à Jacques Normand.

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arpenteur

En 1908, un traité canado-américain crée la Commission de la frontière internationale, dont la mission consiste à faire respecter, entre autres, les lois sur les douanes, l’immigration, la chasse et la pêche le long de la frontière. Dessinée en 1783, cette frontière est source de nombreux litiges entre le Canada et les États-Unis. Pendant la première partie du siècle suivant, diverses ententes mettent progressivement fin aux contestations et, après 1870, les arpenteurs dessinent un couloir de quelques mètres de

largeur traversant le continent d’un océan à l’autre. La végétation, sur ce que les Canadiens français vont surnommer « les lignes », est rasée et des bornes sont installées. Ici, photographiés après 1908, dans un environnement non identifié, des employés de la Commission de la frontière chargés de réaliser des travaux d’arpentage, de nettoyer la ligne frontalière et de reconstruire ou dégager les bornes des herbes qui les avaient envahies.

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Arpenteurs en Abitibi, en 1943. L’Abitibi fait partie des Territoires du Nord-Ouest jusqu’en 1898, alors que le gouvernement de Wilfrid Laurier cède aux pressions et permet l’annexion de cette région par le Québec. La province pourra donc être reliée au reste du Canada par le chemin de fer Transcontinental. Les premiers arpenteurs y débarquent en 1909 pour tracer cette ligne de chemin de fer le long de laquelle les premières paroisses de colonisation seront créées.

En 1999, sur l’autoroute 15. Travaux d’arpentage près du pont Notre-Dame, à Mirabel, dans les Laurentides.

Arpenteur établissant le parcours de la future route de Chibougamau.

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artisan

L’artisan et tisserand Cyrille Péloquin, de l’Annonciation, en 1939. Occupé à faire fonctionner un radio émetteur, le jeune homme est photographié en compagnie de sa mère dans une cuisine qui est aussi son atelier. À la droite du poêle se trouve le métier à tisser.

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Quand le talent et l’énergie de la femme lui permettent de vendre les articles d’artisanat qu’elle a produits et de gagner une partie de l’argent du ménage, on peut dire qu’elle exerce un véritable métier. Ici, à Rivière-du-Loup, en 1920, la mère Gamache tissant une catalogne.

ci - contre

Mise en scène aux fins de promouvoir l’artisanat québécois que le tricentenaire de Montréal a relancé, en 1942. Ici, pendant la période des Fêtes, de faux touristes se retrouvent chez Mme Plante, une authentique artisane de Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans pour y acheter des pièces d’artisanat.

Démonstration de la technique du fléché dans la confection manuelle d’une ceinture par Cécile Barot, artisane de Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. Cet accessoire vestimentaire doit son nom au motif en forme de flèche qui caractérise ce tissage. La ceinture fléchée était surtout portée par des hommes, coureurs des bois et simples habitants. Les Patriotes l’ont élevée, avec « l’étoffe du pays », au rang de symbole du savoir-faire traditionnel. Au xixe siècle, presque tous les clubs de raquetteurs étaient reconnaissables à la couleur dominante de leur ceinture fléchée et de leur tuque en laine. La ceinture traditionnelle est fabriquée à l’Assomption, au Québec.

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auteur

Les membres de l’Académie canadienne- française lors de la réunion de fondation, le 6 décembre 1944. Quinze écrivains font alors partie de l’organisme qui devient, en 1992, l’Académie des Lettres du Québec. Les fondateurs sont, de gauche à droite, Alain Grandbois, père Gustave Lamarche c.s.v., Rina Lasnier, Robert Rumilly, l’abbé Lionel Groulx, Victor Barbeau, initiateur du projet d’académie, Philippe Panneton, Marie-Claire Daveluy, Léopold Desrosiers, Guy Frégault et Robert Charbon-neau. Debout, Robert Choquette et François Hertel. L’Académie n’est pas un cercle littéraire et social, mais un organisme qui se donne, entre autres missions, celle de faire rayonner la littérature de langue française au Canada et à l’étranger. L’académie doit également soutenir les écrivains par la diffusion, la recherche de subventions et l’attribution de prix.

ci - contre

Réunion des compositeurs, auteurs et éditeurs du Canada, à l’Hôtel de Ville de Québec, en mai 1924.

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Au début de la Révolution tranquille, les Québécois redécouvrent un poète romantique, Émile Nelligan. Né à Montréal en 1879, instruit et raffiné, il exprime un tel talent pour la poésie, qu’il est rapidement publié et accueilli dans le cénacle des écrivains réputés. Auteur de grands poèmes dont « La romance du vin » et « Le vaisseau d’or », Nelligan est frappé par la maladie et interné à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu en 1899. Il y meurt en novembre 1941. Ici, le poète vers 1920.

Laurette Larocque-Auger emprunte le pseudonyme de Jean Despréz pour lui permettre d’accéder au métier d’auteur pour la radio et d’écrivain à part entière. Ici, dans son appartement montréalais, en compagnie de sa secrétaire, Réjane Hamel.

En 1938, après une carrière de journaliste, de pamphlétaire, sous le pseudo-nyme de Valdombre, et de fonctionnaire, Claude-Henri Grignon transforme Un homme et son péché, son deuxième roman, en continuité radiophoni-que. En 1956, l’œuvre sera adaptée pour la télévision sous le titre Les Belles Histoires des Pays-d’en-Haut. Ici, en 1942, Claude-Henri Grignon révisant un texte avec des comédiens. ( De gauche à droite : Albert Duquesne, Hector Charland, Guy Mauffette, Estelle Mauffette et Claude-Henri Grignon.)

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aviateurLe 22 mai 1910, le jeune comte Jacques de Lesseps, disciple de Louis Blériot qui vient de traverser la Manche à bord de son avion, réédite le même exploit. Un mois plus tard, il répond à l’invitation des organisateurs de la deuxième édition de la Semaine aéronautique de Montréal, un événement de calibre international, qui a lieu à Pointe-Claire, sur la rive sud de l’île de Montréal (photo ci-dessus), du 27 juin au 5 juillet. Le 2 juillet, l’invité vedette de l’événement survole Montréal à bord de son célèbre monoplan, le « Scarabée ». Cinq jours plus tard, il survole Toronto. Partout, devant l’évidence que l’homme peut voler, les témoins frissonnent. Après la Grande Guerre au cours de laquelle sa contribution a été héroïque, le comte se souvient du Québec où il revient avec un projet d’importance : procéder au relevé cartographique de la province grâce à la photographie aérienne.

Il est alors l’un des propriétaires de la Compagnie aérienne française, dont c’est la spécialité. Malgré l’opposition du gouvernement fédéral qui tient à ce que l’aéronautique soit réservée aux membres des forces armées canadiennes, Québec lui confie l’inventaire et la cartographie des forêts de la péninsule gaspésienne. Ce travail est effectué, en 1926 et en 1927, par Jacques de Lesseps lui-même, mais il a dû céder aux instances du gouvernement canadien qui exigeait que la société française se donne une filiale canadienne et qu’elle embauche des pilotes et du personnel spécialisé formés en Grande-Bretagne ainsi que des sujets britanniques. Le comte et ses associés créent donc la Compagnie aérienne franco-canadienne. La question des pilotes étant toujours en suspens, le célèbre pilote est en route pour Val-Brillant où il doit traiter de cette question avec un délégué

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du gouvernement canadien quand il perd la vie. Il est inhumé à Gaspé le 14 décembre 1927. La Compagnie aérienne franco-canadienne lui a survécu en se pliant aux exigences du ministère des Terres et Forêts en embauchant des pilotes qui, devenus chômeurs après la Grande Guerre, étaient en quête d’emploi. En 1929, en plein développement des premières grandes lignes aériennes européennes, la compagnie, qui projetait de relier Paris et Pointe-aux-Trembles, aménageait une piste et un hangar à l’est de l’île de Montréal. Le hangar, ci-dessus, est une œuvre de l’architecte Ernest Cormier. Il a été détruit au cours des travaux de construction du stade olympique de Montréal par l’entreprise qui s’y était installée pour fabriquer des poutres de béton.

Pilotes et passagers d’un avion en panne, tentant de faire redémarrer le moteur, au cours de l’hiver 1926-1927.

Groupe d’aviateurs, dont Jacques Thibault, devant un avion, vers 1940. L’hydravion est le seul moyen de transport qui permet d’atteindre les sites de forage situés dans des zones forestières. Ici, l’appareil de Percy Bradley vient de se poser au nord de l’Ontario avec l’équipement des foreurs de la compagnie Bradley Frères Limitée, de Rouyn-Noranda, en 1957.

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Un avion sur skis et son pilote, en 1947.

à droite

En 1954, prélude à l’aménagement d’une base et d’une piste militaire. Le ministère de la Défense nationale prend la direction de l’aéroport de Val-d’Or, construit cinq ans auparavant. En 1976, la base militaire est abandonnée et l’aéroport, qui a été considérablement modernisé, retrouve une vocation exclusivement civile. Ici, un avion de combat T-33, monté sur un socle de béton. Il s’agit d’un monument commémoratif offert par le ministère de la Défense à la ville de Val-d’Or.

ci - contre

Après son entraînement à l’École de pilotage de l’aéroport de Trois-Rivières, Maurice Goneau, à gauche dans la cabine, devient pilote de brousse pour La Tuque Air Service. Devenu pilote à Air Canada, il survole les plus beaux pay-sages du monde, mais c’est au Québec et au rythme de vie des pilotes de brousse qu’il reste attaché puisque pendant et après sa carrière auprès du grand transporteur aérien, il continue de piloter hydravions et hélicoptères vers les grands lacs et cours d’eau de l’Abitibi et de la Baie-James. On le voit ici en compagnie d’un confrère à bord d’un appareil Air Canada CRJ, lors du vol inaugural reliant Montréal et le centre-ville de Washington, en 1997.

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avocat

Avocat, animateur à la télévision, journaliste, gastronome et œnophile, Gérard Delage était un être hors du commun. Guidé par ses intérêts culturels et gourmands, ainsi que par ses talents, il s’est investi autant à la présidence de l’Union des artistes, poste qu’il occupa pendant 13 ans, que dans la vingtaine d’associations professionnelles et de sociétés gastronomiques dont il était membre. Il est l’un des fondateurs de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. On le voit ici, en 1954, versant du vin lors d’un dîner de l’Association des hôteliers de la province de Québec dont il a été vice-président pendant près de 40 ans.

en haut à droite

Assermentation de John Sheehan au poste de juge à la Cour provinciale (Cour du Québec), en août 1962. De gauche à droite sur le banc : John Sheehan, Joseph Bilodeau et Jos L. Duguay (juge en chef de la Cour et juge de la Cour Provinciale à New Carlisle). Debout : Jean-Paul Dionne, protonotaire. Assis : Rita Jones, secrétaire de maître Dionne, Irene Jones, secrétaire du juge Duguay et « Paddy », l’huissier.

ci - contre

Quand on s’aime on se marie, comédie de Joséphine Marchand, plus connue sous le nom de Mme Raoul Dandurand, interprétée par les avocats et futurs juges Charles-Édouard Dorion et Charles Archer ainsi que par Ernestine Marchand-Simard, en 1888.

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Bénévole

En attendant que l’État se mêle de la gouvernance des personnes âgées, malades et pauvres, c’est aux bénévoles que revenait la mission d’alléger leur fardeau. Parmi les moyens dont disposaient les associations de bénévoles, notons les loteries, tirages, tombolas, bazars et, plus tard, bingos. Ici, un groupe de bénévoles recrutées pour veiller sur la bonne marche du bazar des Victoria Rifles, à Montréal, en 1886.

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Les bénévoles de la Ladies Benevolent Institution, créée en 1832, à Montréal, ne font pas que passer dans la vie des enfants. Elles recueillent de l’argent et créent une maison d’hébergement située rue Ontario Est, sorte de crèche, où les enfants étaient hébergés, habillés et instruits. L’organisme aurait servi de modèle aux quelques crèches mises sur pied dans les quartiers industriels de Montréal, au xixe siècle.

ci -dessous

Bénévoles, guides et scouts, lors d’un rassemblement spécial, vers 1950.

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Bénévoles membres de l’Ambulance Saint-Jean lors d’une campagne provinciale de sécurité routière. Ici, vers 1950, simulation des conséquences d’un accident survenu à un enfant ayant « joué dans la rue » et « traversé entre 2 intersections ».

à gauche , en haut

Donneurs de sang de la Croix-Rouge récompensés par une tasse de thé et des biscuits, en décembre 1941.

ci - contre

Aline et Raoul Cloutier en compagnie de Jean-Yves, leur filleul de guerre, à la fin du premier conflit mondial. Des centaines de femmes et de couples ont adopté un soldat, lui écrivant, le consolant et lui expédiant des présents dont les plus populaires étaient les cigarettes et les bonbons. Wilhelmine Ratelle, qui inventa, en 1882, la tire Sainte-Catherine de marque Bélanger, vit son entreprise atteindre des niveaux de popularité inattendus au cours de la guerre de 1914-1918. Sa tire, vendue en papillote, pouvait voyager ! La production était expédiée outre-mer par les marraines de guerre, en même temps que le fudge, les bonbons clairs, les bonbons durs et les gelées, tous signés Bélanger.

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Bruiteur

Le bruiteur Roger Langlois, responsable de l’effet sonore produit par les personnages du radioroman d’Henri Deyglun, Les secrets du Docteur Morhanges, en 1945. Diffusée sur les ondes de Radio-Canada, l’émission mettait en vedette l’auteur lui-même, ainsi que la comédienne Mimi D’Estée.

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Brigadier scolaire

Dès la rentrée scolaire des écoliers du cours primaire, les brigadiers font leur apparition aux intersections les plus dangereuses des grandes villes du Québec. Le rôle des brigadiers, parfois tenu par des agents de la paix ou comme ci-dessus, par des adolescents formés à cette tâche, ne consiste pas seulement à interrompre la circulation des automobiles, mais à transmettre aux écoliers les bases du code de la sécurité routière. Les premières brigades scolaires québécoises ont été créées en 1929 par le Club automobile canadien, section Québec (caa-Québec).

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Buandier

Une sœur buandière près des laveuses rotatives de l’Hôtel-Dieu de Québec, en 1962.

ci -dessous à gauche

Repassage et pliage du linge de lit par des employées de l’hôpital Sainte-Justine, sous la supervision d’une religieuse des Filles de la Sagesse, en 1944.

ci -dessous à droite

Buandiers de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville.

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Le presseur Paul Wilner dans une buanderie du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, en 1980.

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Bûcheron, draveur et forestier

À vos haches !

Déjà, à l’époque où la France exploitait avec succès le commerce des fourrures en Nouvelle-France, Louis xIV jetait un regard intéressé sur d’autres ressources naturelles. Dans la mission qu’il confie le 5 mai 1663, au commissaire royal Louis Gaudais-Dupont, il est précisé que celui-ci devra vérifier s’il est vrai qu’il se trouve, en Nouvelle-France « une prodigieuse quantité d’arbres d’une hauteur extraordinaire dont l’on pourrait faire des mâts pour les navires […] ». Au cours du même siècle, un marchand aussi respecté que Charles Aubert de la Chesnaye suggère que la colonie puisse produire et fournir au marché de tels mâts. Le marchand sait que cela est possible puisque certains entrepreneurs ont déjà implanté une société

d’exploitation forestière dans la seigneurie de La Malbaie. À la veille du xviiie siècle, leur scierie livre annuellement une importante quantité de planches, ainsi que du bois destiné à la construction de navires et une centaine de mâts.

Au cours des siècles suivants, l’intérêt des marchands continue de porter sur les pins les plus hauts et les plus forts, qui sont prélevés sur des domaines situés à proximité des cours d’eau, seuls chemins que ces charges peuvent emprunter. Le commerce du bois prend véritablement son essor avec le blocus continental imposé par Napoléon en 1806, une mesure qui force le Royaume-Uni à renoncer au bois provenant, entre autres, des pays scandinaves. Pendant plus d’une soixantaine d’années, des centaines

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Draveurs sur la rivière Kinojévis à Mont-Brun, vers 1935. Deux ans plus tôt, inspirée par le député fédéral Édouard Lacroix qui est, paradoxalement, un entrepreneur forestier prospère, la presse québécoise dénonce les conditions de travail des ouvriers du bois. Il était grand temps car le Nord de l’Ontario et l’Abitibi sont agités par un courant de révolte que la propa-gande patronale attribue à la présence d’ouvriers venus d’Europe de l’Est, ouvriers qualifiés de « communistes ». Dans sa campagne en faveur d’un salaire décent, Lacroix est appuyé par Omer Héroux, l’éditorialiste au Devoir, qui qualifie de « formidable » le témoignage du député de Beauce. Une

partie de la classe politique s’unit aux ouvriers et aux journaux pour réclamer une législation qui y remédie. Une enquête est finalement accordée par le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau. Bien qu’elle ait été bâclée, elle a néanmoins forcé le gouvernement à imposer, en 1934, une taille universelle pour les cordes de bois (128 pieds), dimensions aléatoires qui permettaient aux employeurs de payer moins que ce qui était dû. Du même coup, le salaire minimum des bûcherons était fixé à 30 dollars par mois, une mesure rétroactive à l’hiver précédent. De gauche à droite, Aimé Dubois, Zémulda Tremblay, Lauréat Gaulin et Antoine Paré.

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de goélettes jetteront l’ancre sur le Saint-Laurent, à la jonction des grandes rivières chargées de billots, pour transporter ce bois dans le port de Québec ou de Montréal. Ce port réceptionnait également le bois provenant de la rivière Outaouais. Les billots arrivaient assemblés en radeaux que conduisaient des draveurs dont la tâche pou-vait se comparer à celle des vrais navigateurs, en particu-lier quand ils traversaient les rapides de Lachine. Le déclin de la navigation à voile, qui s’amorce au milieu du xixe siècle, coïncide avec l’épuisement des grandes pinè-des. Le pin que l’on abattra ensuite entrera surtout dans la finition et l’ornementation de l’intérieur des maisons. Vers 1850, l’industrialisation et l’augmentation des popu-lations ouvrent d’autres marchés. À Hull (Gatineau), l’Américain E. B. Eddy connaît du succès avec des pro-duits miniatures tels que les allumettes et les épingles à linge mais, dans la plupart des régions boisées du Québec,

la production de bois d’œuvre et de bois « à pâte » ou « de papier » s’intensifie, fournissant de l’emploi à des milliers d’ouvriers. Pour obtenir les essences qu’elles convoitent, les compagnies de papier, américaines pour la plupart, favoriseront la construction de voies ferrées. Le long de celles-ci surgiront des postes, ces villages en devenir, où leurs intermédiaires, nommés « jobbers », rassembleront leurs ouvriers. Presque toujours pour des salaires de misère, des milliers de fils d’agriculteurs allèrent tra-vailler, parfois s’établir, sur la Côte-Nord, au Saguenay, en Abitibi, en Gaspésie, dans les profondeurs du Bas-Saint-Laurent, dans les Bois-Francs et dans les Cantons-de-l’Est. D’autres, nombreux, ont abouti dans le Maine, le Vermont et l’État de New York où ils ont été conduits par les petits et gros entrepreneurs québécois descendus vers le Sud, au hasard des contrats qu’ils décrochaient de ce côté-là de la frontière canado-américaine.

Radeaux ou trains de bois dans les rapides de Lachine, en 1901. Au centre du radeau de gauche, on distingue les draveurs qui saluent le photographe et le mât où une voile peut être déployée. Sur le radeau de droite, on distingue le camp qui sert d’abri, de dortoir et de cuisine aux draveurs.

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Groupe de bûcherons, scierie Tourville, Drummondville, vers 1900.

ci - contre

Chaque matin, les bûcherons emportent le repas du midi qu’ils avalent rapidement, qu’il soit froid ou réchauffé sur un feu de bois. Ici, à Clova, en Abitibi, en mai 1943, pause repas des membres de la famille Théberge.

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Il faut nourrir les bûcherons qui entrent dans la forêt juste avant les premiers froids de l’automne et qui n’en ressortent qu’aux approches de Pâques. Le régime auquel ils sont contraints les fait grossir, mais il est si pauvre en nutriments que bien des hommes reviennent chez eux fatigués et malades. Le plat le plus répandu dans les chantiers est constitué de fèves au lard. C’est Joseph Papineau, père de Louis-Joseph, seigneur de Montebello et propriétaire de chantiers qui, au début du xixe siècle, se rend en Nouvelle-Angleterre pour savoir comment les bûcherons y sont nourris. Il en aurait ramené la recette des Boston Pork and Beans qui faisaient partie de leur menu quotidien. Joseph Papineau implanta cette recette dans ses propres chantiers d’où elle se serait répandue dans tous les chantiers ainsi que dans les familles des bûcherons. Le Beauceron Édouard Lacroix, l’un des plus importants entrepreneurs forestiers du Québec de la première moitié du xxe siècle était partisan des régimes alimentaires équi-librés. Il entretenait des jardins potagers dont le produit était redistribué dans ses chantiers. Ici, livraison de provisions dans un camp de la Gilmour and Hughson Company, au Québec.

Cuisiniers posant avec quelques éléments du menu quotidien d’un chantier québécois, dont des beignes et du pain de ménage dans une région et à une date inconnues.

Préparation de la fête de Noël dans un camp de bûcherons, vers 1930. Les cuisiniers de chantier ont généralement appris leur métier en imitant leur mère dont ils reproduisent tout au plus une quinzaine de recettes, incluant les « patates pilées » et les crêpes au sirop d’érable. Les hommes de chantier y restent même pendant la période des Fêtes. Interdit en tout temps dans les chantiers, l’alcool ne figure pas sur cette table de Noël. La seule carafe qui s’y trouve contient du sirop d’érable. À noter l’affiche de la statue de la Liberté et la nappe de Noël.

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À plat ventre sur un « bed » en rondins couvert d’un matelas constitué de branches d’épinettes et couvert d’une couver-ture, un homme étudie le plan d’une concession forestière. Sa chambre est située dans un décroché du camp, à l’écart des ouvriers. Sous le lit de l’inconnu, qui est peut-être un entrepreneur forestier, on distingue des mocassins et deux petites valises. Le crucifix côtoie le fusil et les raquettes mises à sécher sur le mur.

Le camp et tout le mobilier qu’il contient sont construits sur place, par les ouvriers qui s’installent sur un lot d’épinette que l’entrepreneur a pour mission d’exploiter à fond. Contrairement au patron ou aux visiteurs tels que le prêtre, traité avec des égards particuliers, les bûcherons passent la nuit dans un dortoir où ils partagent les paillasses et les poux qui y pullulent. Ils se lèvent à l’aube et se couchent tôt. Après le repas du soir et les prières, les musiciens jouent du violon, de l’harmonica et parfois du banjo. D’autres jouent des cuillères, chantent et tapent du pied. Au signal du chef de camp, tout le monde au lit.

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Arrivée d’un camion de billes de tremble dans la cour de l’usine de contreplaqué de Normick Perron, à La Sarre, en 1963. De gauche à droite, Arthur Carrier, conducteur du camion, Reynald Houle, propriétaire du véhicule, et Jean Perron, directeur général de l’usine. Ce dernier ainsi que ses frères, Normand et Michel, succédèrent à leur père, Henri. Fils d’un agriculteur de Saint-Stanislas, en Mauricie, ce dernier voulait échapper au métier de bûcheron et accéder au statut d’entrepreneur. En 1912, après avoir sué sang et eau sur l’île d’Anticosti et dans quelques chantiers du Québec, il se rendit dans la région de Cochrane, au nord de l’Ontario. De là, il monta à bord de l’un des premiers trains du Transcontinental pour se rendre en Abitibi et visiter la petite station de La Sarre où son ami Louis Ayotte était le premier et seul résident. Pour devenir « jobber » pour la Canadian International Paper, Henri Perron rassembla autour de lui ses parents, amis et connaissances mauri-ciennes. L’alternance d’années difficiles et d’années fastes conduisit à la création de Normick Perron, producteurs de bois d’œuvre. Sous l’administration des fils d’Henri, l’entre-prise s’est imposée comme l’une des plus importantes au Québec. Elle a changé de mains à la fin des années 1980.

Pour les entrepreneurs forestiers, l’une des voix les plus sûres vers la prospérité est le commerce du bois d’œuvre. Ici, un inconnu, photographié vers 1925, dans la cour à bois d’une scierie de Petit-Saguenay.

Raymond Corneau, de Gentilly, et son chien transportant du bois de chauffage dans un chantier de Clova, en mai 1943.

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Au milieu des années 1920, l’homme d’affaires Édouard Lacroix obtient un important contrat de la compagnie américaine Great Northern. L’entreprise qui veut exploiter les forêts du Maine situées en marge de la frontière canado-américaine s’appuie, entre autres, sur le génie de Lacroix et sur le fait que la Beauce et son bassin d’ouvriers sont plus proches des sites de coupe que ne le sont les bûcherons du Maine. En mai 1925, désirant accélérer l’exploitation des territoires qui lui sont confiés, Lacroix conçoit une route forestière inédite : un chemin de fer de 13 milles de longueur, qui ne vient de nulle part et qui ne va nulle part. Cette voie ferrée est intégrée à une route de 44 milles de longueur qui, traversant forêts et marécages, permet de transporter le bois jusqu’à la rivière Penobscot Ouest d’où il est dravé jusqu’à la scierie de la Great Northern, à Millinocket, sur la rivière Saint-Jean. L’ingéniosité de cette route allait susciter l’étonnement. Comment, par exemple, les locomotives ont-elles atteint leur destination ? Les a-t-on démontées et reconstruites sur place ? Toujours là, les vestiges de cette voie ferrée portent le nom de Eagle Lake and West Branch Railroad et le surnom de « Pulpwood Express ». Pour certains, il s’agit des restes du « Ghost Train », le train fantôme.

Bûcherons conduisant un attelage de chevaux dans un chantier de Clova, en Abitibi, en 1944.

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Après les bœufs de labour, voici les chevaux qui peinent et meurent à l’ouvrage. Ici, en 1955, au sud de Rouyn-Noranda, en Abitibi, un attelage dans un chantier forestier près duquel le petit village de Rapide-Sept s’est développé.

La crise économique de 1929 est fatale pour plusieurs grandes entreprises exploitant les forêts du Québec qui déclarent faillite. Même la Price Brothers qui assure le gagne-pain de milliers de travailleurs du Saguenay et des régions de Montmagny, de Rimouski et de Matane, est en péril. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, le marché du bois d’œuvre reprend de la vigueur dans l’est du Canada. Ici, les camionneurs de la Price Brothers, posant sur d’imposants chargements de billots d’épinette, aux environs de Rimouski.

Transport du bois sur un chemin glacé, quelque part au Québec, vers 1930. Les entrepreneurs et leurs employés palliaient l’absence d’équipement spécialisé en l’inventant et en l’ajustant aux besoins. « Si ça ne se trouve pas au magasin, on l’invente », était l’une des devises de l’entrepreneur forestier Édouard Lacroix.

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Intérieur d’un camp forestier. Le bois est souvent transporté, sur les chemins forestiers, vers les cours d’eau d’où il sera dirigé par les draveurs jusqu’aux lieux où ils sera prélevé, transporté par les bateaux ou transformé. Ici, billots de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi, vers 1920.

Préparation des cordes de bois pour leur transport vers un cours d’eau, au Saguenay, vers 1920.

Intérieur de l’usine de pâte à papier La Laurentides, à Grand-Mère, en Mauricie, vers 1895. La pâte est séchée, pliée en liasses et déposée dans une presse hydraulique.

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Ingénieur de train posant sur la locomotive électrique du Roberval-Saguenay utilisée dans le transport de la pulpe jusqu’au port de Chicoutimi.

Intérieur de la scierie des associés Durette et Guérette, à Rivière-Bleue, dans le Bas-Saint-Laurent, Témiscouata, en 1944.

La Carl Cass, à Martinville, dans les Cantons-de-l’Est, vers 1920. Cette entreprise, comme beaucoup d’autres qui sont établies en milieu agricole, achète le bois de ferme qui est souvent abattu et vendu par les agriculteurs aux marchands de bois.

Vers 1925, le Québec occupe le premier rang dans l’industrie canadienne de la pulpe et du papier. La cinquantaine d’usines qui fonctionnent à plein régime livrent au marché international près de 1 700 000 tonnes de pulpe et autant de tonnes de papier. Ici, papetiers de l’usine Belgo, en 1927. En raison de l’humidité régnant dans la salle des machines, les ouvriers travaillaient nu-pieds.

Chargement de papier journal à bord d’un transatlantique, à Port-Alfred au Saguenay, vers 1929.

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caricaturiste

Le caricaturiste Normand Hudon exposant et vendant ses dessins à l’exposition d’artisanat de Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, en décembre 1949.

André-Philippe Côté, illustrateur et auteur de bandes dessinées. Son humour pénétrant et parfois caustique lui vaut le poste de caricaturiste au journal Le Soleil, de Québec, qu’il occupe depuis 1997.

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céramiste

Au cours des années 1930, alors que la crise économique saigne les régions et pousse les fils et les filles d’agriculteurs vers les grandes villes, J.-W. Marceau, agronome de Beauceville, fait analyser un échantillon de terre rouge argileuse prélevé sur la ferme de Gédéon Doyon, le long du ruisseau Callway, à Saint-Joseph. L’hypothèse de l’agronome, qui croit qu’une industrie de la céramique maintiendrait plusieurs travailleurs en Beauce, est confirmée. En août 1940, le « Syndicat des céramistes paysans de la Beauce » est créé. Il est bientôt subventionné par le gouvernement et soutenu par les frères Maristes qui mettent un local à sa disposition. La formation débute sous la direction de Willie Chochard, un céramiste d’origine suisse, et de Raymond Lewis, un artiste et chimiste québécois, qui en devient le directeur artistique. Trois ans plus tard, l’entreprise qui se fera connaître sous le nom de Céramique de Beauce est déjà une véritable industrie dirigée par des céramistes ambitieux qui produiront des millions de produits d’usage courant dont plusieurs sont d’authentiques œuvres d’art que s’arrachent les collectionneurs. L’entreprise a été vendue en 1985, mais quatre ans plus tard, la concurrence qui lui était livrée par les produits en provenance de la Chine et du Japon a entraîné sa fermeture.

Ici, jeune céramiste polissant une théière, dans la fabrique de Saint-Joseph-de-Beauce, en 1947. Deux ans plus tard, pour s’imposer sur un marché plus exigeant et plus raffiné, l’entreprise délaissait l’argile rouge au profit de l’argile blanche et donnait naissance à l’appellation Beauceware.

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Élèves du collège du Sacré-Cœur de Beauceville, apprenant la céramique dans les locaux prêtés par l’institution au Syndicat des céramistes paysans de la Beauce, en 1943.

ci - contre

Claude Jalbert, céramiste et professeur de moulage à la Maison du Potier, en compagnie de Camillia Clarizio, en 1987.

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chanteur

Le chanteur de folklore Joseph Tremblay, de Saint-Joseph-de-la-Rive, dans Charlevoix, en 1916. Une croyance tenace et souvent vérifiée veut que le Canada français soit une pépinière de chanteurs naturels. Les rassemblements, célébrations et noces ne manquaient pas, ni les chanteurs de chansons anciennes dont la mémoire contenait des pièces remontant jusqu’au xviie siècle et même avant.

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La famille Blanchette, de Drummondville, chantant en plein air.

C’est par hasard, autour d’un feu de camp, que Joseph Rouleau, c.c. ; g.o.q. ; dr hc, né à Matane en 1929, découvre, à 16 ans, qu’il est doté d’une exceptionnelle voix de basse. Incité à suivre des cours de chant, il passe une audition auprès du professeur Édouard Woolley. Joseph Rouleau raconte ainsi la première conversation entre le maître et l’élève : « Qu’allez-vous me chanter mon petit ? Je n’avais rien préparé du tout, j’aurais pu lui chanter Au clair de la lune ou Alouette, j’ai entonné l’hymne national Ô Canada ! » Il étudie ensuite à Québec, à Montréal et à Milan. Sa carrière internationale prend son envol en 1955. Un an plus tard, il devient, pour une trentaine d’années consécutives, l’une des voix dominantes du Covent Garden de Londres. On le verra pendant huit ans à l’Opéra de Paris, mais aussi sur les plus grandes scènes du monde, auprès des plus grands dont il était l’égal.

Musicien accompli, le baryton d’origine belge Charles Goulet débuta comme chanteur à l’âge de 21 ans. On le voit ici dans le rôle d’un Franz Schubert amoureux et désespéré, dans l’opéra Blossom Time, présenté en 1940 à Montréal. Charles Goulet est le fondateur du chœur des Disciples de Massenet et cofondateur des Variétés lyriques avec le baryton Lionel Daunais.

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chausseur et cordonnier

Les employés de la manufacture de chaussures Adams Shoe Company, rue Saint-Vallier Est, à Québec, en 1894.

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Vue intérieure de la cordonnerie de Roméo Boucher, à Rivière-du-Loup.

en haut à droite

Cordonnier dans son atelier, à Jonquière, en 1980.

ci - contre

Au cours des années 1930, l’industrie de la chaussure est en plein essor dans les régions rurales, au Québec. Pour répondre à la demande en ouvriers compétents, l’apprentissage de la cordonnerie se structure et doit s’ajuster au marché. Ici, enfants handicapés travaillant dans l’atelier de cordonnerie de l’école Victor-Doré, à Montréal. À cette époque, ce métier est presque systématiquement réservé aux orphelins, aux personnes sourdes ou atteintes de problèmes de mobilité.

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Cireur de chaussures et un client, Lucien Bonhomme, rue Sainte-Catherine, à Montréal, vers 1930.

ci - contre

Fils de cordonnier ? Le plus jeune des fils de la famille L’Heureux de Charlesbourg, en 1943.

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chiffonnière

Chiffonnières de l’usine de papier Howard Smith, de Beauharnois, en Montérégie, vers 1915. Ce travail est souvent réservé aux jeunes filles qui peuvent rester debout pendant de longues heures. Elles posent ici devant les fenêtres de l’atelier où elles déchiquètent à la main des tissus de toutes provenances, y compris d’hôpitaux, avant leur transformation en papier fin.

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chimiste

Chimistes du laboratoire de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi, à Port-Alfred en 1918.

ci - contre à gauche

Laboratoire d’analyse d’une coopérative alimentaire de Granby, en 1947.

ci - contre à droite

Examens bactériologiques effectués par des chimistes des laboratoires du ministère de la Santé, en 1943.

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cinéaste et cameraman

Au tournant du xxe siècle, Révillon, maison de fourrures française réputée, puise à même l’immense réservoir de fourrures de la Côte-Nord et de la baie d’Hudson. Johan Beetz et les Montagnais sont les pourvoyeurs de l’entreprise pour les fourrures en provenance de la Côte-Nord, les Inuits fournissent celles de la baie d’Hudson. C’est Révillon qui confie au cinéaste américain R. J. Flaherty la mission de filmer les Esquimaux de Fort Harrison, au Québec. Le cinéaste, que l’on voit ici à l’œuvre, réalise un film muet intitulé Nanook of the North ou Nanouk l’Esquimau. Flaherty aurait été le premier à utiliser le mot « documentaire » pour désigner le genre de ce film qu’il acheva en 1922.

Le cameraman Jean Roy photographié en 1965, pendant le tournage du film de l’Office national du film intitulé La neige a fondu sur la Manicouagan, film réalisé par Arthur Lamothe.

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Gilles Carle et Chloé Sainte-Marie lors du tournage de Ô Picasso, à Montréal, en 1985. La carrière du cinéaste a débuté en 1961 à l’Office national du film où il réalise quelques documentaires avant de se tourner vers le film de fiction. Carle réalise, en 1965, La vie heureuse de Léopold Z qui le rend célèbre. Le cinéaste est décédé à la fin de l’année 2009. On le voit ici, dirigeant sa compagne et chanteuse Chloé Sainte-Marie, pendant le tournage d’Ô Picasso, un long métrage inspiré par la vie et l’œuvre du peintre Pablo Picasso.

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En 1936, Ross McLean, secrétaire de Vincent Massey, haut-commissaire du Canada à Londres, s’inquiète de la vacuité du cinéma canadien qui se contente alors de faire l’apologie du tourisme et des paysages nationaux. Le rapport produit par McLean incite Vincent Massey à suggérer qu’une étude à ce sujet soit confiée à John Grierson, alors leader des documentaristes londoniens. Le rapport déposé par Grierson au mois de juin 1938 préconise, entre autres, la création d’un office national du film. L’année suivante, Grierson est en poste, avec pour mission de donner corps à ses suggestions. C’est alors qu’il propose au cinéaste d’animation Norman McLaren de devenir responsable de la future section d’animation. La mission de ce secteur qui est constitué à l’heure même où la guerre débute : produire des courts métrages qui stimuleront l’effort de guerre exigé de la population. Ici, Norman McLaren, en 1949, dessinant directement sur la pellicule.

Le cameraman et bientôt réalisateur Michel Brault en compagnie du cinéaste Claude Jutra, pendant le tournage d’À tout prendre, une production de l’ONF, tournée en 1963. Ce film, qui requiert également les services de Jean-Claude Labrecque comme directeur photo, signe la naissance du cinéma d’auteur au Québec. Jean-Claude Labrecque décrit un tournage « qui se faisait sous l’impulsion du moment. Claude nous achetait des yogourts pour nourrir l’équipe, et c’était pas plus compliqué. Quand son appartement où avait lieu le tournage était trop le bordel, il allait coucher au YMCA. L’équipement était emprunté à l’ONF durant les moments où il était disponible, c’est-à-dire souvent le soir, la nuit, la fin de semaine. C’était des débuts extraordinaires […] »

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Au cours de l’été 1960, une équipe de tournage prend d’assaut les hauteurs de La Malbaie pour y tourner Big Red, une production des studios Walt Disney. Émile Genest, Janette Bertrand et Doris Lussier partagent la vedette avec le comédien américain James Haggin. Le film, qui raconte l’histoire d’un chien incapable de s’adapter à la vie domestique, est sorti en salles en 1962.

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Le cinéaste Jean-Pierre Lefebvre, aujourd’hui décrit comme le parrain du cinéma indépendant, en compagnie de Robert Charlebois et de Claudine Monfette (surnommée « Mouffe »), vedettes du film Jusqu’au cœur, tourné en 1968.

Les comédiens Marcel Sabourin, Monique Mercure et le cinéaste Jean Beaudin, à Cannes, en mai 1977. Monique Mercure, qui n’y était pas préparée, a reçu le prix d’interprétation féminine au festival de Cannes pour sa performance dans le rôle de Rose-Aimée, dans le film J.A. Martin photographe, une production de l’Office national du film.

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Le cinéaste Pierre Patry photographié sur le fleuve Saint-Laurent, dans les îles de Sorel, pendant le tournage du documentaire Germaine Guèvremont romancière, en 1958. Cinq ans et quelques films documentaires plus tard, Pierre Patry ose quitter l’ONF pour fonder sa compagnie de production, Coopératio, seule voie possible pour tourner ses propres films. Il s’attaque à une œuvre de fiction et tourne Trouble Fête.

c i -dessous

Richard Desjardins et Robert Monderie, pendant le tournage du film Le Peuple invisible, en 2007. Ce documentaire dévoile comment les Algonquins de l’Abitibi ont été dépossédés de leur culture et de leurs droits et dans quelles conditions misérables ils vivent au début du xxie siècle. (Photo : Jérémie Monderie-Larouche)

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coiffeur

Les maîtres chirurgiens-barbiers de Nouvelle-France exerçaient deux métiers. Chirurgiens, ils détenaient le droit exclusif de fabriquer et de distribuer les médicaments, de soigner les malades et de faire les pansements. Barbiers, ils allaient de maison en maison pour raser les barbes. Un contrat d’apprentissage passé en 1715 entre Simon Soupiran et François Pampalon dit Labranche, âgé de 15 ans, énumère certaines des obligations du garçon et de son maître :

« Faire toutes les barbes et autres choses qui lui seront commandées par ledit Soupiran. Le chirurgien Soupiran promet de montrer à son apprenti ce qu’il pourra apprendre concernant la chirurgie même de le laisser aller à l’hôpital lorsqu’il n’aura point d’affaires pressantes pour le service de son maître. »Ici, Pantaléon Hudon, barbier à La Pocatière, en 1921.

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ci -dessus à gauche

Barbiers-coiffeurs et leurs clients des deux sexes, au Mist Beauty Parlor, à Montréal, en 1938.

ci -dessus à droite

Barbier anonyme, posant chez un photographe, à Saint-Guillaume, dans les Bois-Francs, en 1925. À cette époque, le rasoir et le blaireau du barbier étaient au moins aussi importants que le peigne et le ciseau du coiffeur.

ci - contre

Figaro montréalais en démonstration.

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Célébrité montréalaise, le coiffeur Bernard dicte les tendances aux femmes de tous les milieux grâce à sa popularité auprès des comédiennes, mannequins et animatrices de radio et de télévision. Ici, en compagnie de clientes réunies pour une activité promotionnelle à l’hôtel Mont-Royal, en 1956. On reconnaît la comédienne Thérèse Cadorette assise à la droite du coiffeur.

Cours de coiffure dispensés à l’École centrale d’arts et métiers située rue Saint-Denis, à Montréal, dans l’immeuble autrefois occupé par l’Université de Montréal. Ici, en 1951, une étudiante applique sur une cliente la leçon de frisage en bouclettes qu’elle vient de recevoir.

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comptable

Sœur économe à l’Hôtel-Dieu de Québec, en 1960.

ci - contre

Cours de comptabilité au Montreal School Board, en 1946.

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conteur

Le conteur Joseph Mailloux, encyclopédie vivante d’histoires et de contes anciens, aux Éboulements, dans la région de Charlevoix, en 1916.

ci -dessous

Ainsi font, font, font les petites mains adroites... Au milieu des années 1950, Radio-Canada propose des émissions parfois calquées sur la vie quotidienne. Ainsi en est-il du concept de Maman Fonfon, animée par la comédienne Claudine Vallerand qui, à travers ses contes, récits et chansons, éduque les jeunes téléspectateurs. Le titre de l’un de ses livres, Le secret de Maman Fonfon. L’art d’éduquer vos enfants en les amusant, publié en 1962, témoignait justement de son désir de marier le jeu et les apprentissages. Mme Vallerand est décédée en 2001, à l’âge de 93 ans.

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L’heure du conte. Une patiente de l’hôpital Sainte-Justine de Montréal se concentre sur l’histoire qui lui est contée par une Fille de la Sagesse.

ci - contre

La carrière du conteur Michel Faubert se dessine au milieu des années 1970 quand, mû par un intérêt particulier pour la mémoire des anciens de Rigaud, en Montérégie, il s’en approche, enregistre leurs souvenirs et leurs chansons anciennes. Il découvre des complaintes et des récits qui ont bercé les rêves des enfants nés, comme lui, sur les bords du lac des Deux-Montagnes. Faubert est l’un des premiers conteurs à avoir cru que le conte pouvait être porté jusque sur scène, faire corps avec la musique traditionnelle et être enregistré sur disque.

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coutelier

Jacques Jobin est garde du corps pour les ministres du gouvernement du Québec quand, en 1985, il commence à s’intéresser à l’acier et aux objets qu’il peut en tirer. Six ans plus tard, prêt à devenir coutelier, il démissionne et ouvre un atelier à Lévis. Il a participé à une cinquantaine d’expositions internationales de coutellerie d’art, en Europe et aux États-Unis. Il ne réalise que des pièces uniques.

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curiosités

Édouard Beaupré, « Eddy » pour les Américains, meurt en juillet 1904, pendant une tournée de cirque aux États-Unis. Un agent fait « pétrifier » le corps qui pendant quelques années entreprend une étrange carrière puisqu’après avoir promené Beaupré, le monde du cirque continue de l’exploiter en invitant les visiteurs à venir le voir mort. En 1907, ayant été assez vu au sud du 45e parallèle, le géant réapparaît à Montréal, dans l’entrée du musée Eden, aménagé dans l’édifice du Monument national, boulevard

Saint-Laurent. Six mois plus tard, le corps de huit pieds et deux pouces est rangé dans un entrepôt du nord de la ville. Récupérée par le département d’anatomie de l’Université de Montréal, qui l’exposa à son tour, pour le bénéfice des curieux et des étudiants, la dépouille a été rendue à la famille Beaupré qui a pu donner à son illustre représentant une sépulture décente. Sur ces deux photos, Édouard Beaupré photographié en 1903.

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Danseur

ci -dessus à gauche

Le métier de danseuse n’étant pas convenable, les jeunes filles « bien » expriment leur talent vêtues de la tête aux pieds, dans des pièces et dans des circonstances où elles ne risquent pas de perdre leur réputation. Ici, saisie sur la scène du Her Majesty’s Theater, la Montréalaise Rita Taillefer, interprétant un menuet royal lors de la visite du comte de Minto, huitième gouverneur général du Canada.

ci -dessus à droite

Cours de danse offert par la Young Men’s Christian Association (YMCA) et dispensé aux militaires et aux civils qui les accompagnent par le professeur George Shefler.

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Décorateur

ci -dessus

Décorateurs-étalagistes du magasin Ogilvy, circulant avec des objets qu’ils viennent de retirer des vitrines de la rue Sainte-Catherine, à Montréal, en janvier 1944.

ci - contre

Claude-André Piquette, décorateur-ensemblier de Montréal, en 1988. Il est venu à ce métier par instinct, à une époque où on l’apprivoisait surtout par le biais de l’histoire de l’art, et l’a exercé auprès d’une clientèle privée canadienne et américaine.

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Démonstratrice

Démonstration des produits de beauté et cosmétiques de marque Donaldina, dans un hôtel de la région de Québec, en 1955.

ci - contre

Un emploi bien féminin, démontrer que le savon à lessive Rinso est le plus efficace au monde. « Avec Rinso ! À bas la saleté ! » Ici, une « soirée Rinso » au Capitol de Drummondville, en 1945.

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Dentiste

ci -dessus

Le docteur Ernest Charron pendant un cours de chirurgie dentaire, à la faculté de chirurgie dentaire de l’Université de Montréal, en 1954.

ci - contre

Dentiste de l’Unité sanitaire de Trois-Rivières, en Mauricie, en 1948.

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Designer

Le designer industriel Michel Dallaire naît à Paris en pleine guerre mondiale. À cette époque, son père, le peintre Jean (Jean-Philippe) Dallaire, arrêté pour ses origines britanniques, est détenu dans la région parisienne par les Allemands. Cet artiste, l’un des professeurs d’art et illustrateurs les plus talentueux du xxe siècle, est doté d’une personnalité originale et indépendante. Il interdira à son fils, Michel, la fréquentation du cours classique, l’obligeant, par ricochet, à renoncer à la carrière d’architecte dont il rêvait. Imprégné de valeurs universelles, de culture et d’esthétisme, Michel Dallaire se tourne vers le design industriel et la conception d’objets utiles où son succès est fulgurant. On le remarque dès 1967 alors qu’il signe l’aménagement de pavillons et de mobilier pour une suite du projet Habitat 67. C’est en 1976, alors que son atelier de design livre la torche officielle des jeux olympiques de Montréal, que son nom s’impose. Plusieurs dizaines de projets d’avant-garde ont retenu son attention. Parmi eux, la mallette Plasticase, le détecteur de mouvements Angelcare, les wagons du métro de Boston et, plus récemment, le célèbre BIxI, le vélo libre-service lancé à Montréal en 2009.

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L’Exposition universelle de 1967 confère à Montréal une réputation de ville d’avant-garde. Venus de la plupart des pays du monde, des centaines d’hommes et de femmes la visitent sans prévoir que, séduits, ils viendront s’y établir. Ces personnes feront leur marque dans les secteurs de l’éducation, de l’économie, des sciences, de la restauration, de l’hôtellerie et de la culture. Parmi eux, le designer d’origine suisse Frédéric Metz. Sa personnalité forte et flamboyante influencera le design d’ici via le grand nombre d’étudiants qu’il a formés au Centre de Design de l’Université du Québec à Montréal, ainsi que par ses propres créations. On lui doit, entre autres, le célèbre logo de cette université où il osa imposer un accent, curiosité graphique qui souleva une controverse, mais qui s’imposa néanmoins.

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Domestique

Ménagères de curé. La plupart des femmes « à la maison » portaient jadis le nom de ménagères, façon de rappeler qu’elles s’adonnaient aux soins du ménage. D’autres femmes, souvent célibataires, accomplissaient des tâches identiques dans les presbytères, évêchés et archevêchés. Ici, deux employées du presbytère de Havre-Saint-Pierre, vers 1920.

Les patrons les embauchaient pour servir à la maison ou autour. Les domestiques attachés à une famille ou à une demeure étaient aussi astreints à un mode de vie et à un code vestimentaire précis. Quiconque voyait un domestique appartenant à une maison bourgeoise pouvait identifier sa fonction. Appartenaient à cette catégorie d’employés dits subalternes, les chauffeurs, les cuisiniers et cuisinières, les jardiniers, les gouvernantes, les nurses, les bonnes et autres servantes sans statut. Ici, les domestiques de Wigston, en 1868.

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Gouvernante

Les enfants de Mme R. Masson et leur gouvernante, à Montréal, en 1863. Quand on s’élève dans la hiérarchie sociale ou économique, il est de bon ton de confier à des employés le soin et une grande partie de l’éducation de ses enfants.

Les gouvernantes et les enfants de la famille McDonald, à Montréal, en 1867.

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Service du thé dans le jardin des McKay, dans le secteur du Mille Carré Doré, au nord de la rue Sherbrooke Ouest, à Montréal, en 1895. La domestique porte l’uniforme sombre qui indique clairement qu’elle est là pour servir, dans la maison comme au jardin.

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ci - contre à gauche

Enfant du dentiste Arthur Barras dans les bras d’une nurse, en mars 1916.

ci - contre à droite

La jeune Rita Bernier, servante chez Charles Nadeau, dans la région du Bas-Saint-Laurent, en 1939. Les servantes exercent souvent leurs fonctions dans des familles à peine mieux nanties que la leur.

Plusieurs communautés religieuses comptaient sur une classe de serviteurs qui embrassaient la vocation religieuse tout en sachant que, malgré la vêture, ils accompliraient des tâches humiliantes. Né Alfred Bessette, le 9 août 1845, dans une famille pauvre de la Montérégie actuelle, celui qui deviendra célèbre sous le nom de frère André est destiné à exercer 36 métiers et à vivre 36 misères pour, dira-t-il, « mériter son pain ». Comme tant d’autres avant lui, il part chercher de l’ouvrage en Nouvelle-Angleterre. Pendant quatre ans, il va de filature en filature ; de Nashua à Plainfield, en passant par Moosup, Putnam et Danielson. Sa santé ne lui permettant pas de partager indéfiniment le quotidien difficile des ouvriers, il revient dans sa province natale en 1867. Il sait qu’il veut vivre en milieu protégé et servir pour mériter sa pitance. Trois ans plus tard, grâce à l’intervention du curé de Saint-Césaire, la porte du noviciat de la congrégation de Sainte-Croix s’ouvre enfin. Le 27 décembre 1870, il devient frère André. N’étant pas instruit, il devra user sa soutane dans l’accomplissement des tâches serviles : balayer, nettoyer, bêcher, veiller sur l’éclairage à l’huile, couper les cheveux, réparer les chaussures et surveiller la porte d’entrée du site du collège Notre-Dame. Il se garde un peu de temps pour prier saint Joseph, premier patron du Canada. Occupé à être utile, il n’hésite pas à conseiller des prières à saint Joseph à ceux qui cherchent à être entendus dans leur appel à Dieu. Puis, il y a l’huile bénie. Il suggère aux malades qu’il rencontre de l’utiliser pour guérir leurs blessures ou pour apaiser leurs douleurs. L’humble portier qui se surnomme « vieux chien de saint Joseph », croit comprendre que ce dernier veut s’établir sur le mont Royal. Pendant que les miracles se multiplient, le frère André monte y semer des médailles. Le premier oratoire Saint-Joseph, simple petite niche, prendra forme en 1904.

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Le capricieux parcours de la frontière canado-américaine résulte d’une ligne de crayon tracée en 1783, dans le cadre du Traité de Paris qui ramena la paix entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Des hommes qui n’avaient jamais mis le pied sur le continent et d’autres qui n’étaient pas allés plus loin que Washington déroulèrent des cartes approximatives pour, ensuite, tracer un parcours méandreux d’un peu plus de quatre cents kilomètres sur le territoire du Québec actuel. Du coup, lacs, rivières et montagnes sont coupés par le milieu et l’unité des régions de Témiscouata, Kamouraska, l’Islet, Montmagny, Bellechasse, Dorchester, Beauce et Frontenac s’en trouve affectée. Ce fut exécuté sans nécessité apparente, sinon celle d’étendre le territoire des États-Unis, en coupant la province de ses ramifications naturelles vers l’Aroostook, Somerset, Franklin et Oxford, dans le Maine d’aujourd’hui. Ici, douaniers devant la borne qui marque la frontière des deux pays, au cœur de la ville de Rock Island (Stanstead), dans les Cantons-de-l’Est. Photo du haut : intérieur de la douane canadienne à Rock Island. À noter que la Haskell Free Library, une bibliothèque publique qui abrite également une salle de concert, est fréquentée par des résidents de Derby Line, aux États-Unis, et par ceux de Rock Island. L’immeuble a été construit au début du xxe siècle sur un terrain à cheval sur la frontière des deux pays. Ce phénomène serait unique au monde.

Douanier

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Dresseur

Dresseur et son ours en visite au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, en 1894.

Joueur d’orgue de Barbarie et son singe, sur le trottoir de bois d’une rue de Montréal, vers 1900.

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Promenade en traîneau à chiens sur le boulevard Champlain, au pied du cap Diamant, au lieu-dit Cap-Blanc, à Québec, vers 1900.

ci - contre

Gaétan Lambert, originaire d’Authier, en Abitibi, et les chiens de traîneau qu’il dresse à Rivière-Rouge, dans les Laurentides.

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éditeur

Le hockeyeur Guy Lafleur, surnommé « le Démon blond », en compagnie du journaliste et auteur Georges-Hébert Germain, lors du lancement de sa biographie intitulée L’ombre et la lumière, publiée en coédition, en 1990. Debout : les éditeurs de l’ouvrage, Ara Kermoyan (Art Global) et André Bastien (Libre Expression).

Les premiers magazines québécois de facture moderne paraissent au début des années 1970. Leurs concepteurs explorent des thèmes, gens et fournisseurs familiers, ce qui tranche avec le contenu des périodiques importés. L’engouement pour ces publications est réel et durable si bien que, au cours des décennies suivantes, Quebecor, Rogers, les publications Charron, Transmo, Transcontinental, Télémédia et quelques autres, multiplient l’offre de périodiques spécialisés. Ici, le designer et éditeur André Vilder, véritable concepteur de magazines, dont la griffe a marqué, entre autres, les magazines Sel et Poivre, Allure, Filles d’aujourd’hui ainsi que Décoration chez soi et Les idées de ma maison, deux magazines qu’il a conçus et dirigés.

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éducateur

Pendant que l’Université Laval à Montréal se morfond dans un rôle d’université vagabonde, sans locaux susceptibles de nourrir l’esprit de corps entre ses écoles affiliées et ses quelques facultés, les Anglo-Montréalais se font un devoir d’enrichir l’Université McGill. Ici, après 1893, cérémonie d’inauguration de la bibliothèque Redpath, du nom de Peter Redpath, « le roi du sucre », qui la fit construire.

ci -dessus à droite

Membres de l’Institut des études médiévales de Montréal, créé en 1942 à l’intérieur de la faculté de philosophie de l’Université de Montréal, grâce au transfert de l’institut que les Dominicains avaient fondé à Ottawa. De gauche à droite : Louis M. Lachance, Jacques Baillargeon, Jean-Paul Giroux, Ceslas Forest, Paul Pilon, Mathias Marshall, Gregory Stanizowsky, Albert Éthier, et Albert-M. Landry.

ci - contre

C’est à l’instigation de Mgr Ignace Bourget, deuxième évêque de Montréal, que plusieurs communautés religieuses sont invitées à venir s’établir au Québec pour y jeter les bases d’enseignements spécialisés. Des membres de la communauté des Clercs de Saint-Viateur arrivent à Montréal en 1850 pour prendre en charge l’éducation des sourds-muets qu’ils vont préparer à exercer divers métiers dont celui de cordonnier. Ici, trois religieux ensei gnants et des enfants sourds, à Montréal, en 1868.

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La jeune Ludivine Lachance, sourde, muette et aveugle, entourée de l’aumônier et d’éducatrices de la communauté des sœurs de la Providence, lors de l’examen de fin d’année à l’Institution des sourdes-muettes, en juin 1914.

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En 1939, professeur lançant une balle dans la cour du séminaire de l’Université Laval, à Québec.

ci - contre

L’école mobile du Canadien National, vers 1930.

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Enseignantes du cours de puériculture dispensé à l’école ménagère provinciale, vers 1920.

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Enfants et leurs institutrices à l’extérieur d’une école de rang, vers 1915.

ci - contre

Le jeune compositeur et pianiste André Mathieu, à 11 ans, en compagnie de sa préceptrice, A. Groulx. Célèbre depuis l’âge de quatre ans, il fait l’unanimité dans le monde où plusieurs n’ont pas hésité à le comparer à Mozart et à le qualifier de génie.

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entrepreneur de pompes funèbres

ci -dessus

Employés des pompes funèbres déposant dans un carrosse le cercueil contenant les restes de l’ancien premier ministre libéral Sir Wilfrid Laurier, alors chef de l’Opposition, décédé à Ottawa le 17 février 1919. À noter la présence d’un cameraman parmi la foule de notables. La photo de droite montre l’un des landaus de fleurs, en l’occurrence des traîneaux, chargés des centaines de tributs floraux déposés par les Canadiens. Les funérailles d’État ont eu lieu le 22 février 1919, jour de deuil national, en présence de dizaines de milliers de personnes. Cinquante mille personnes avaient tenu à défiler devant le catafalque.

ci - contre

Corbillard de la maison Joseph Blackburn. Enregistré et photographié en 1938, à l’angle des rues Hôtel-Dieu et Riverin, à Chicoutimi.

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Funérailles de Sir Lomer Gouin, lieutenant- gouverneur du Québec, le 1er avril 1929. L’ex-premier ministre du Québec (1905-1920) est mort dans les murs de l’Assemblée nationale du Québec où il venait de participer aux cérémonies de prorogation de la Chambre. Après avoir été exposée en chapelle ardente à Spencer Wood, la résidence des lieutenants-gouverneurs à Sillery, la dépouille a été transportée en carrosse vers la basilique Notre-Dame-de-Québec, lieu de la cérémonie. L’inhumation a eu lieu au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.

Véhicules utilisés par Laval Ed. Fortier, entrepreneur de pompes funèbres de Lévis, vers 1910. L’homme d’affaires pose avec trois véhicules essentiels à l’exercice de son métier : le corbillard blanc réservé aux enfants, le noir pour les adultes et l’ambulance servant au transport des malades et des morts.

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épicier

Au Moyen Âge, les croisades conduisent des pèlerins des principales régions de l’Europe et de l’Angleterre vers Jérusalem. Au cours de leurs longs périples, les voyageurs découvrent des épices encore inconnues en Europe. La rareté et la popularité de la cannelle, de la muscade, du poivre et du girofle auprès de la noblesse propulsent les prix à un niveau élevé. La nécessité d’en contrôler les prix entraîne la création d’une nouvelle corporation, celle des épiciers. Rigoureusement réglementée, elle est longtemps la seule à pouvoir posséder, distribuer et monnayer les épices qui ne sont vendues

qu’aux nobles et aux bourgeois, le peuple devant se contenter des plantes des champs. Pendant quelques siècles, la vente du sucre, des confiseries ainsi que des produits de pharmacie élaborés à partir d’épices sera réservée aux épiciers. Solidaires devant la concurrence, ils s’étaient donné la devise qu’Alexandre Dumas leur empruntera un jour pour l’attribuer aux Trois Mousquetaires : « Tous pour un, un pour tous. » Ici, l’épicerie générale, un magasin hybride, où l’on trouve encore des produits vendus par les magasins généraux.

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La corporation des épiciers ne semble pas s’être matérialisée de ce côté-ci de l’Atlantique où les denrées comestibles sont offertes soit par le « magasin du roi », soit par des particuliers qui disposent d’un peu d’argent pour acquérir des biens et les revendre aux plus offrants. Les produits sont achetés au port de Québec ou pendant des séjours en France souvent organisés dans ce but. Même le jésuite Charles Albanel se livrait au commerce des produits comestibles. Selon l’explorateur Robert Cavelier de La Salle, qui le dénonce, « il vend le pain, le vin, le blé, le lard, et il tient magasin au Cap [de la Madeleine] ». Ici, l’épicerie de L.-H. Olivier, à Sherbrooke, en 1912.

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La profession d’épicier se dessine à travers la concurrence qui est livrée au marchand général par des commerçants désireux de se spécialiser. Du quincaillier au marchand de tissus, d’armes, d’articles de pêche, de meubles ou de vêtements, chacun a disputé au marchand général une part de marché. À gauche sur cette photo, Joseph-Célestin Bonhomme, devant son épicerie de la rue Saint-Maurice, dans le prolongement de la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal. L’établissement, démoli en octobre 1937, avait été consacré au commerce de l’épicerie pendant près de 100 ans.

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Extérieur et intérieur de l’épicerie de Joseph-Célestin Bonhomme, vers 1920. Les murs sont placardés de publicité vantant les produits en vogue, dont le fameux Bovril, lancé en 1883 pendant le premier carnaval d’hiver montréalais, par l’industriel Lawson Johnston. Des années plus tard, ce dernier sera chassé de la Pointe-Saint-Charles où son usine de cuisson et d’extraction des sucs de carcasses de bœuf répandait des odeurs nauséabondes.

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explorateur

ci -dessus

En 1923, ces canoteurs s’apprêtent à remonter la rivière Manicouagan, sur la Haute-Côte-Nord où rien ne semble avoir changé depuis que Jacques Cartier en mesura l’impétuosité, les dangers et la profondeur quatre siècles auparavant. Contrairement à l’explorateur breton, les hommes qui attendent ici le signal du départ pour une tournée de reconnaissance de la rivière, vont y entrer. Ils vont sans doute aussi évaluer le potentiel hydroélectrique de ses cinq chutes. Depuis le début du siècle, des investisseurs français, anglais et américains s’intéressent à la rivière Manicouagan mais c’est au début des années 1960 qu’Hydro-Québec en amorcera l’exploitation.

ci - contre

Sur la route des explorateurs. Bagages et nourriture pour plusieurs semaines pour les hommes qui s’apprêtent à partir en tournée de reconnaissance du canton de Chazel, en Abitibi, en 1943.

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Fleuriste

Vendeuse de fleurs sur la place Jacques-Cartier, dans le prolongement du marché Bonsecours, en 1943.

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Jeanne Lacoste fait partie d’une famille comptant sept femmes d’exception. Parmi elles, Justine fonda l’hôpital Sainte-Justine, Berthe fonda une prestigieuse entreprise de traiteur. Devenue veuve, Jeanne devient fleuriste, rue Laurier, à Montréal, juste au-dessous de l’appartement qu’elle occupait avec ses cinq filles. On la voit ici, dans la boutique, le 24 novembre 1944.

ci - contre

Horticulteur et fleuriste à l’intérieur des serres Aselman Mayflorist, sur l’avenue du Mont-Royal, en 1970. Les serres ont été démantelées vers 1995 et remplacées par des maisons unifamiliales.

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Fonctionnaire

Construit en 1861, le bureau d’enregistrement de Drummondville partageait les locaux du palais de justice. Sur cette photo prise en février 1901, posent trois fonctionnaires : Robert Robbins, commis de bureau, Charles M. Millar, le registraire, ainsi que M. Bernard, registraire adjoint.

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Forgeron

C’est dans une aile du pavillon Macdonald, sur le campus de l’Université McGill, que cette forge industrielle est aménagée vers 1890. Les premiers étages abritaient des ateliers liés à l’architecture et à la construction, dont une fonderie, un laboratoire de vapeur et de thermodynamique. Ici, la forge, vers 1901. L’édifice d’inspiration renaissance a été détruit par un incendie le 5 avril 1907.

ci - contre

Laurent Drapeau, forgeron à Saint-Pascal de Kamouraska, en 1983.

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Pivot de la vie agricole et industrielle des villages du Québec, le forgeron fabrique des outils ainsi que toutes les pièces de ferronnerie utilisées à la maison ou à la ferme. Le ferrage des chevaux lui est réservé. Ici, vers 1900, le forgeron Joseph Tremblay et son fils Paul-Hemel du village des Éboulements, dans Charlevoix.

ci - contre

Louis Palardy, devant sa forge, à Saint-Hyacinthe, en 1890. En 1895, le forgeron vendit cet emplacement à Thomas-Emerson Fee qui y construisit la maison aujourd’hui centenaire du 2610 de la rue Girouard.

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Moulage de croix de monuments funéraires à Baie-Saint-Paul, vers 1920.

ci - contre

On verse le métal en fusion dans les moules. La fonderie J.-A. Gosselin, aussi appelée Drummondville Engine & Boiler Works, a été construite en 1883, à Drummondville, dans les Bois-Francs. Avant de devenir l’une des industries les plus prospères de cette région, la fonderie répondait aux besoins des fermiers et des entreprises locales en produisant, entre autres, des articles destinés aux laiteries et aux beurreries. La fonderie a fermé ses portes en 1976, puis elle a été convertie en maison de retraite.

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Graveur

Intérieur d’un atelier de gravure sur argent, à Montréal, en 1923.

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Guérisseur

Surnommés « le Pape et la Papesse », surnoms attribués aux personnes douées de talents associés à la sorcellerie, les guérisseurs Giroux de Beauceville, photographiés peu après 1900. Le couple aurait eu 21 enfants.

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Garde Garde-chasse et garde-pêche

Ici, à la Macaza, scène d’une opération de chasse sélective au cours de laquelle des garde-chasse ont procédé, par piégeage et chasse au fusil, à l’élimination de loups qui ravageaient les chevreuils dans cette région des Laurentides.

ci - contre

Les garde-pêche Ovila Beaudoin et Hollis Labadie, patrouillant sur les côtes de Sept-Îles à bord du bateau d’Antoine Jones avant 1940.

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Garde forestier et garde-feu

Les premiers gardes forestiers sont nommés en 1874. Leur rôle : vivre en forêt et assurer la protection des bois et des forêts contre le pillage et les incendies. Ici, le garde forestier Gérard Bolduc, en 1941. Les hommes qui exercent ce métier agissent souvent comme garde-feux.

En 1889, 15 ans après l’implantation des premiers gardes forestiers, on constate que la lutte contre les incendies de forêts exige du personnel spécialisé ainsi qu’un ensemble d’activités préventives, telles que l’éducation des cultivateurs et de toute autre personne susceptible d’allumer un feu volontairement ou par inadvertance. Ici, cours pratiques à l’école des garde-feux de Duchesnay.

ci - contre

La tour de surveillance érigée près de Chandler, en Gaspésie. Au sommet, le garde-feu Albert Noël.

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infirmière

Infirmières en uniforme et religieuses dans la salle commune des femmes de l’hôpital Royal Victoria, en 1894.

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On célèbre Noël à l’hôpital de Saint-Georges- de-Beauce, le 25 décembre 1960.

ci -dessus à droite

Née à Timmins, en Ontario, mais vivant en Abitibi depuis son enfance, Roselyne Phillion étudie à la Marymount School of Nursing, de Sudbury, en Ontario. Elle sera infirmière à l’Hôtel-Dieu d’Amos, en Abitibi et, plus tard, au sanatorium Saint-Jean de Macamic. Ici, avec de jeunes scouts, en 1960.

ci - contre

On connaît la musique ! Infirmières musiciennes entre deux quarts de travail, dans la région du Bas-Saint-Laurent, en 1936.

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ingénieur

Bureau des ingénieurs au barrage La Loutre, en 1913. La construction de ce barrage situé à la tête de la rivière Saint-Maurice créera le réservoir Gouin, sorte de lac artificiel qui permet de maîtriser le débit de l’eau qui descend de la Haute-Mauricie vers le fleuve. Ici, des ingénieurs et des ouvriers photographiés en 1913. Pour réaliser ce projet, il a fallu, rappelle Pierre Thiffault, faire disparaître le village atikamekw d’Obedjiwan, pourtant situé à 130 kilomètres du barrage. « La Commission des eaux courantes n’accepta qu’avec réticence de remplacer et encore, de manière bâclée, les maisons des Amérindiens et la chapelle. En fait, il fallut l’intervention du premier ministre Taschereau pour que les choses puissent se régler… avec cinq années de retard. D’immenses territoires de trappe furent irrémédiablement perdus, sans aucune forme de compensation. Le pourrissement de la végétation inondée rendit l’eau impropre à la consommation, mais ce n’est que dans les années 1940 que les Atikamekw furent avisés de faire bouillir l’eau et, dans les années 1950, de réduire leur consommation de poissons… »

Guy Sicard, deuxième en partant de la droite, et ses compagnons, étudiants en géologie à l’Université de Montréal, au cours de l’été 1953. Cet été-là, ils explorent le Nord québécois, pour identifier formellement, nommer ou attribuer un numéro aux cours d’eau que les Amérindiens sont seuls à connaître. En 1954, aucun emploi de géologue n’étant disponible au Québec, Guy Sicard s’engage dans des études de génie spécialisé en étude des sols.

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Le Québec est une pépinière d’inventeurs, l’endroit au monde où ils sont les plus nombreux. Travailleurs solitaires, soupçonnés de paresse et de rêvasserie, ils sont, en réalité, confrontés à un problème qu’ils veulent à tout prix résoudre. La hantise d’être copiés et plagiés en pousse plusieurs à collectionner les brevets, parfois même sur plusieurs continents. À sa mort, en 1964, J.-Armand Bombardier en possédait une quarantaine ! Rarement humbles, ils croient au contraire que leur invention révolutionnera quelque chose, sinon le monde ! Mais à chacun son époque. Aujourd’hui, personne ne perdrait son temps à inventer un mécanisme d’ouverture automatique des portes d’église vers l’intérieur (quand la foule y entre), puis vers l’extérieur (quand elle en sort).

Jean-Baptiste Bertrand, de Saint-Roch, à Québec, y pensa ! En 1854, Pierre Gauvreau inventa un ciment élaboré à partir d’un concassé du rocher de Québec… Le ciment Gauvreau connut une belle popularité, mais il disparut heureusement avant d’avoir eu raison de la célèbre falaise ! Charles-Jean-Baptiste Dion inventa, pour les navigateurs, l’avertisseur de banquises et, pour les conducteurs de locomotive, le frein de chemin de fer. Le maître plombier Rodrigue Moore, de Montréal, inventa la soupape de sûreté Moore, détectrice de fuites d’eau ou de gaz. Paul Pouliot conçut le briquet Presto. Le docteur Norman Bethune inventa de nouveaux instruments chirurgicaux. Luc Lachance et Onil Poulin inventèrent l’igloo en ciment.

Louis-de-Gonzague Fortin et sa baignoire à mouton, à La Pocatière, sur la Côte-du-Sud, vers 1925.

inventeur et « patenteux »

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Venu vivre à Montréal vers 1900, le Belge Achille Hanssens se fait rapidement connaître grâce à ses multiples inventions techniques. En 1911, il dévoile « La Montréalaise », un aéroplane dont les ailes blanches ont une envergure de 40 pieds. Dans son édition du 22 septembre 1910, le journal La Presse rapporte que l’appareil « a été construit au Canada et avec des matériaux sortis des usines ou boutiques canadiennes ». Il s’agit, entre autres, du moteur à quatre cylindres, de la carrosserie, des réfrigérateurs, du réservoir à gazoline, de l’hélice, de la ferronnerie proposés par des fournisseurs trop heureux de contribuer à l’amélioration de l’invention du Français Louis Blériot.

ci -dessous

Véhicule adapté à la pratique du ski. Les pilotes de l’engin, qui l’ont peut-être aussi inventé, ont été photographiés à Montréal, vers 1930.

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Un inventeur montréalais connu seulement sous le nom de M. L’Espérance, posant devant le pare-choc modifié qu’il a fait installer sur une Buick Eight, en 1946. L’invention a été brevetée.

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L’inventeur Joseph Lemire, de Drummondville, méditant sur sa prochaine trouvaille. En s’attaquant systématiquement à ce qui fonctionnait de travers ou, encore, en cherchant à créer ce qui n’existait pas encore, ce résident de Drummondville a activement contribué à améliorer le quotidien de ses contemporains. Il a notamment perfectionné les aérateurs du lait et les attaches de harnais. Il rendit obsolète le système de signalisation ferroviaire par sémaphore en inventant les signaux lumineux automatiques. On doit à Joseph Lemire l’invention du système électrique pour actionner les cloches d’églises. Il inventa l’hélice horizontale qui ne s’accrochait pas dans l’herbage. Il a mis au point un arc à souder ultra rapide, un système d’alarme à circuit fermé, une pipe qui absorbe le jus de pipe ainsi qu’un tue-mouche pour frapper ou saisir les moustiques au plafond. Quelques-unes de ses inventions ont été améliorées ou commercialisées par d’autres. À Drummondville, un boulevard qui est en fait le rang où se trouvait la ferme familiale porte son nom.

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Journaliste

Vers 1915, Anne-Marie Gleason, plus connue sous le pseudonyme de Madeleine Huguenin, collabore à La bonne parole, journal qui revendique la place des femmes en politique. En 1919, elle fonde La revue moderne. Ce magazine est destiné à un lectorat féminin urbain et bourgeois. Son carnet mondain, l’art de recevoir et la culture y occupent une place prépondérante.

Tracey Ludington, journaliste aux affaires publiques au journal The Montreal Gazette pendant une vingtaine d’années, était, selon Conrad Black, proche sinon un intime de Maurice Duplessis dont il appuyait les initiatives dans le journal. Ici, Ludington cassant la croûte tout en travaillant, le 19 novembre 1942.

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Le 10 janvier 1910, le journal Le Devoir paraît pour la première fois. Henri Bourassa, journaliste, écrivain et homme politique, devient le défenseur par la parole et la plume du nationalisme canadien. Le 10 septembre suivant, devant les 10 000 personnes rassemblées à l’intérieur de l’église Notre-Dame de Montréal, il prononce le plus important discours de sa carrière. Sa réponse à Francis Bourne, archevêque de Westminster, qui venait d’exhorter les Canadiens catholiques à abandonner la langue française, fait de Bourassa un héros national. Son journal devient la lecture obligée des nationalistes et, plus encore, le thème de son discours, d’où il ressort que la langue est gardienne de la foi, servira d’assises au nationalisme canadien-français.

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Libraire

De 1937 jusqu’au début des années 1960, Henri Tranquille tenait une librairie rue Sainte-Catherine, à Montréal, près de l’actuelle Place des Arts. Les transformations subies par le quartier l’obligèrent à déménager ses pénates un peu plus à l’est. Il n’y retrouva pas ses clients habituels, les étudiants des collèges classiques et institutions que la réforme de l’éducation fit tomber. On s’y donnait rendez-vous, autant pour feuilleter que voler les ouvrages de la Nouvelle Revue française et ceux de La Pléiade. M. Tranquille, qui tenait à ce que les jeunes gens aient la tête bien faite, tolérait ces larcins quand ils étaient commis au nom de l’intelligence. Il est décédé en 2005, à l’âge de 89 ans.

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Luthier

M. Forget, luthier et réparateur d’instruments à corde, posant une table d’harmonie sur un violoncelle.

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Le luthier montréalais Denis Cormier, photographié à Montréal en 1985.

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médecin

Étudiants procédant à une dissection dans un ancien hôtel de la rue Notre-Dame, le Donegana, devenu hôpital Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal. Les cours théoriques se donnaient au château Ramezay, rue Saint-Paul. Pour les cours pratiques, les étudiants se rendaient à l’hôpital. C’est dans ces lieux que la faculté de médecine de l’Université Laval à Montréal (future Université de Montréal) est née, en 1879.

ci - contre

Le poète et médecin Guillaume Lahaise dont les œuvres ont été publiées au début du xxe siècle, sous le pseudonyme de Guy Delahaye. Né en 1888, dans une famille de notables de Saint-Hilaire, en Montérégie, il a 17 ans quand il se passionne à la fois pour l’œuvre d’Émile Nelligan, la poésie et pour la médecine. Diplômé à l’âge de 22 ans, il étudie à Paris et revient enseigner à l’Université de Montréal puis exerce la psychiatrie à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Mal accueillie au moment de sa publication, sa poésie a plus tard été saluée comme une œuvre avant-gardiste, prélude au langage provocateur des surréalistes. Ici, le docteur Lahaise, en 1916.

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Le docteur Hans Selye photographié en 1974, alors qu’il dirige l’Institut de médecine et chirurgie expérimentale qu’il a fondé en 1945, à l’Université de Montréal. Endocrinologue, il est à l’origine du concept du stress qu’il a abondamment documenté, une théorie qui lui a valu une renommée internationale.

ci -dessus à gauche

Médecins et infirmières appartenant au départe-ment de chirurgie de l’hôpital Royal Victoria, à Montréal, en 1899.

ci - contre

Tournée des malades à la salle Saint-Joseph de l’Hôtel-Dieu de Québec, en 1945.

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Chirurgiens au bloc opératoire de l’Hôpital général du Lakeshore à Pointe-Claire, dans l’ouest de l’île de Montréal, en 1985.

ci - contre

Médecin examinant les boxeurs du club Golden Gloves, en 1948.

Clinique médicale volante, installée à proximité d’un village amérindien, sur la Basse-Côte-Nord, vers 1940.

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militaire

Vers 1860, le Canada, colonie britannique, est au cœur du conflit qui oppose l’Angleterre à sa colonie américaine. Divers éléments, dont la crainte d’une invasion américaine et, plus tard, la rébellion des Métis du Nord-Ouest, incitent le gouvernement à recruter des volontaires parmi la population du pays. Ces volontaires doivent être formés et armés. Ici, en 1860, les officiers commandant les volontaires montréalais.

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Soldats britanniques sur un terrain d’exercice, près de la Citadelle, à Québec, au milieu du xixe siècle. Installés dans la capitale et ailleurs au Canada à l’issue de la défaite des plaines d’Abraham, les militaires sont rapatriés en Angleterre après la signature du traité de Washington, en 1871. Le 11 novembre de cette année-là, les membres du 60e régiment, ceux des Royal Artillery et Royal Engeneers défilaient pour la dernière fois dans les rues de Québec.

ci -dessous

Dernier hiver à Montréal pour les soldats du Royal Artillery, rassemblés sur la glace du fleuve Saint-Laurent, en face de la Citadelle, située au nord-est de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.

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En 1860, les États pontificaux, dont la province du Piémont, sont mis en péril par le désir des Italiens de procéder à l’unification de l’Italie en absorbant les enclaves indépendantes. Le pape Pie Ix ayant fait appel à la solidarité des Catholiques, près de 10 000 hommes, originaires d’une vingtaine de pays, viennent grossir les rangs de l’armée pontificale. Si plus de 400 Canadiens sont allés en Italie, la moitié seulement s’est rendue sur les champs de bataille et les morts qu’on a comptés ont été attribués à des accidents ou à la maladie. Photo de gauche  : le zouave pontifical Alfred Laroque, en 1868. Photo de droite : sur la rue du Roi, à Asbestos, en 1919. On distingue deux corps cadets, celui de l’armée régulière et celui des Zouaves pontificaux canadiens dans leur uniforme de parade.

Volontaires des Cantons-de-l’Est prêts à affronter les Féniens, en 1870. Des Irlandais vivant aux États-Unis ont ourdi le projet de s’emparer du Canada et de le rendre à l’Angleterre en échange de la libération de l’Irlande. L’attaque doit avoir lieu le 24 mai, jour de l’anniversaire de la reine Victoria, mais la diffusion du plan de campagne des Féniens permet la mobilisation des volontaires canadiens qui se joignent aux troupes régulières. Supérieurs en nombre, les Canadiens ne subissent que quelques accrochages sur la frontière des Cantons-de-l’Est, du côté de Frelighsburg et de Pigeon Hill.

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Soldats de la milice canadienne expédiés pour appuyer les briseurs de grève et les hommes de la Thiel Detective Service, à Buckingham, le 8 octobre 1906. La présence de ces militaires s’inscrit dans un conflit de travail à la compagnie forestière James MacLaren. Au cœur du litige qui oppose les employés à la direction, une réduction de salaire assortie d’une augmentation des tâches. À la fin du mois de juillet, les employés se réunissent en syndicat et réclament vainement l’intervention de médiateurs. Le 12 septembre, l’entreprise décrète un lock-out. Au cours des semaines suivantes, on assiste à une escalade de la provocation de la part de l’entreprise. Dans une étude portant sur cette affaire, Pierre Louis Lapointe raconte que, vers 13 heures, le 9 octobre, les grévistes vont parlementer avec des briseurs de grève qui ont l’intention de les attirer dans un guet-apens. « Un ordre sec claque soudainement dans l’air frais de ce 9 octobre : « Shoot them » ! Une rafale de coups de feu répond au commande-ment. Thomas Bélanger et François Thériault s’affaissent, foudroyés. D’autres sont blessés. Estomaqués, ahuris, révoltés, les unionistes montent à l’assaut et mettent en fuite ceux qui viennent d’assassiner leurs amis. Dans les heures qui suivent, John Edward Vallillee obtient l’intervention de la milice, et, en fin de soirée, 117 d’entre eux s’installent à Buckingham. Le 10 octobre, un contingent des Royal Canadian Dragoons, stationné à Saint-Jean, vient relever la milice. La ville est sous occupation militaire jusqu’au 23 octobre. » L’engagement fit deux victimes et une quinzaine de blessés. Photo ci-contre : foule rassemblée sur le parvis de l’église après les funérailles de Thomas Bélanger et de François Thériault, au lendemain de l’affrontement.

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Membres de la police montée, surnommés « Tuniques rouges », abreuvant leurs chevaux dans la rivière Saint-François, près de la ville de Sherbrooke, dans les Cantons-de-l’Est. La Gendarmerie royale du Canada est créée le 7 février 1920 par la fusion de la police montée du Royal North West et de la police du Dominion. C’est pour réprimer la révolte des Métis de Louis Riel que la police à cheval du Nord-Ouest a été mise sur pied, en 1874.

ci -dessous

Soldats canadiens à l’entraînement à Valcartier, en 1915. Le site a été inauguré l’année précédente pour accueillir les militaires devant s’embarquer dans le port de Québec, à destination de l’Angleterre.

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Le 4 août 1914, l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne, ce qui signifie que le Canada est lui aussi sur un pied de guerre et appelé à y contribuer humainement et financièrement. Le 18 août, le gouvernement fédéral se dote de pouvoirs spéciaux l’autorisant à arrêter, détenir et déporter des immigrants. Ici, à Montréal, en septembre 1914, arrestation d’un présumé espion. Une certaine inquiétude règne dans la ville. Elle est alimentée par des affrontements entre ouvriers d’origine étrangère qui reproduisent entre eux le conflit qui secoue l’Europe.

ci - contre

Les sept aviateurs composant l’équipage du bombardier Lancaster. Le Montréalais Guy Dagenais, deuxième en partant de la droite, était mitrailleur de queue. Il est mort au printemps 1944, en France, au cours de son 60e raid. Deux de ses compagnons ont connu le même sort. Leurs restes ont été recueillis par des Français et ensevelis dans le même cercueil. Guy Dagenais était le seul Québécois du groupe.

Retour en terre. Cortège de funérailles du soldat Therrien, rue Lafontaine, à Rivière-du-Loup, en 1915.

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Jour de lessive au camp.

ci - contre à gauche

Six soldats en forme et leur mascotte.

ci - contre à droite

Membre de la Réserve des Forces armées canadiennes faisant partie du Royal Montreal Regiment, prenant une pause au cours d’un exercice sur les manœuvres d’escorte de convoi à la base militaire de Farnham dans les Cantons-de-l’Est, en 1983.

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mineur

La recherche de métaux précieux et vulgaires obsède les explorateurs des deux continents américains. L’erreur de navigation commise par Christophe Colomb, qui croyait aller en Inde mais qui se rendit plutôt en Amérique du Sud, a enrichi l’Espagne et allumé un rien de cupidité dans l’âme de François 1er qui voulut connaître la clause du testament d’Adam qui l’excluait du « partage du Monde ». La recherche d’or fascine Jacques Car-tier qui n’hésite pas à mettre en jeu sa réputation pour ramener en France de faux diamants qu’il a vu briller sur le rocher de Québec. Plus tard, Louis xIII prend des dispositions pour que la Nouvelle-France justifie, par les reve-nus qu’elle rapporte, les dépenses qu’elle engendre. Il demande ainsi que

l’on fasse « soigneusement rechercher et reconnaître toutes sortes de mines d’or, d’argent, cuivre et autres métaux et minéraux, les faire fouiller, tirer, purger et affiner pour être convertis en usage et en disposer selon et ainsi qu’il est prescrit par nos édits et règlements […] ». Louis xIV voudra lui aussi qu’on recherche des mines. La mission des explorateurs, qui s’éloi-gnent des berges du Saint-Laurent pour aller vers les Grands Lacs jusqu’en Louisiane et, plus tard, jusqu’aux montagnes Rocheuses, contient toujours un volet minier. Ici, les prospecteurs Louis-Philipe Massicotte, J. P. Norrie et Charles-Édouard Massicotte, sur le site de la mine Bussières (Treadwell Yukon) découverte en 1930, dans le canton Pascalis, en Abitibi.

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Au milieu du xixe siècle, les découvertes se multiplient au Québec : du charbon dans la région de Québec et à La Prairie, du fer à Natashquan et sur la rivière Moisie, de la pierre à Montréal et dans l’Outaouais ainsi que du marbre aux confins de l’Estrie et de la Beauce. En 1874, l’Estrie révèle que son sol contient en outre de l’amiante. Les émeraudes du Saguenay et l’or de la Beauce ne seront jamais plus que des curiosités. Les années 1920 et l’exploitation des ressources minières de l’Abitibi-Témiscamingue comblent enfin le rêve de François Ier. Il y a de l’or au Québec. En quantité. À peine descendus du train, ces jeunes prospecteurs s’apprêtent à explorer les sources de la rivière Harricana où Val-d’Or naîtra, en 1935.

En 1960, une équipe de forage de la Bradley et Frères. Fondée en 1944, à Rouyn-Noranda, par Wallace Bradley. L’entreprise est spécialisée dans le forage au diamant, en surface et en sous-sol, ce qui lui vaut d’avoir expédié ses experts abitibiens dans la plupart des pays du monde.

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Paul-Émile Fleurant, Lucien Fleurant et M. Devine, maniant une foreuse à trois têtes à la mine East-Sullivan à Val-d’Or.

ci - contre

Juin 1933, dans la région de Val-d’Or. Ouvriers sur la voie ferrée reliant la mine Greene-Stabell, au lac de Montigny. Ces chariots sont utilisés dans l’expédition du minerai par chaland sur la rivière Harricana.

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L’exploitation de la mine de cuivre Huntington, à Bolton, dans les Cantons-de-l’Est, a débuté pendant la dernière moitié du xixe siècle, alors que la guerre de Sécession fait augmenter la demande pour ce métal. La mine appartenait déjà au journaliste, avocat, homme d’affaires et député Lucius Seth Huntington qui l’exploita d’une façon plutôt artisanale jusqu’à l’effondrement du marché. À cette époque, à part le transport des charges par des chevaux, le travail des mineurs était presque entièrement effectué à la main. Photo du haut à gauche : la fosse d’un puits protégé par un toit rudimentaire. Les mineurs y descendent et déposent le minerai dans des seaux qui sont hissés vers l’extérieur par une poulie. Photo du haut à droite : jeunes filles triant le minerai extrait de la mine Huntington.

ci - contre

Chercheur d’or sassant le lit de la rivière Gilbert, en Beauce, dans l’espoir d’y trouver des pépites de l’or alluvionnaire qu’on y a découvert en 1823 ou 1824, mais dont l’exploitation ne débute qu’en 1864. À cette époque, on a pu lire ce commentaire dans La Minerve : « Ces prétendues mines sont des sources de fortunes pour les hôtels, les maisons de pension et les charretiers. Le pauvre mineur qui part rempli d’espérances s’en revient le gousset vide. »

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Vers 1870, on découvre du phosphate dans les cantons de Hull, de Portland et de Templeton, dans l’Outaouais. Cinq ans plus tard, le Québec devient le premier producteur de phosphate au Canada, un titre bien éphémère, car ces mines sont déclassées vers la fin du siècle par les gisements découverts et exploités dans le sud des États-Unis. En 1940, la vallée de la Lièvre livrait seulement 40 tonnes de phosphate par année. Ici, des ouvriers d’une mine de phosphate à ciel ouvert, vers 1900.

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Marbriers et tailleurs de pierre de la Delwaide & Goffin, établie à l’angle des rues Hôtel-Dieu et Riverin, à Chicoutimi (Saguenay). L’entreprise réalise des monuments funéraires et d’autres ouvrages en pierre. Le grand feu de Chicoutimi du 24 juin 1912 ayant détruit les principaux édifices religieux, dont le séminaire, le couvent du Bon-Pasteur et la première cathédrale Saint-François-xavier, il faut tout reconstruire. Ici, les artisans de la Delwaide & Goffin sculptent des pièces destinées au fronton de la deuxième cathédrale qui a été inaugurée en 1915. Le cycle du feu n’était pas terminé, puisque, le 16 février 1919, elle brûla encore une fois.

ci - contre

Travailleurs de la carrière de granit appartenant à Amédée Bussières, à Sainte-Cécile-de-Whitton, vers 1925. On reconnaît le propriétaire au centre du groupe de droite, les mains sur les hanches et portant le complet-veston des patrons. Ces carrières situées du côté de la Beauce, de Frontenac et des Cantons-de-l’Est, aux confins de la frontière américaine, fournissaient la pierre servant à construire les usines, les collèges, les couvents et les églises qui surgissaient partout où il y avait du travail, des entrepreneurs, des ouvriers et leurs familles.

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Le forage en zone urbaine n’est pas si inusité. Ici, un puits d’exploration sur trépied, campé sur l’avenue Champlain, dans le secteur Bourlamaque de Val-d’Or, le 10 juin 1968.

Montréal, Texas... En 1944, le gouvernement du Québec autorise un prospecteur à procéder à une analyse en profondeur de ce qu’il prétend être un gisement de pétrole. Le hic ? Le gisement en question est situé à Montréal en pleine rue Sherbrooke, à l’angle de la rue du Fort et en face du Grand Séminaire... Le 21 juillet, un derrick est effective-ment construit à cet endroit. Résultats : nuls. C’est la preuve que, malgré ses rêves les plus fous, Montréal n’est pas Dallas ! Photo prise le 21 juillet 1944, lors du forage effectué sur l’ancien terrain de jeux des étudiants du Grand Séminaire. Même si on ne tira pas une goutte de pétrole, l’illusion inspira néanmoins l’Imperial Oil qui érigea son siège social au-dessus de ce présumé trésor liquide…

En mai 1894, des ouvriers d’une carrière de Stanstead, dans les Cantons-de-l’Est, arrivent à Montréal, transportant l’un des monuments les plus imposants à y être jamais entrés. Il s’agit d’un obélisque de pierre taillée prélevée dans l’une des carrières de Stanstead. L’aiguille, qui mesure 30 pieds de hauteur et pèse 17 tonnes, est installée sur la place d’Youville, où elle commémore le 250e anniversaire de l’arrivée de Paul Chomedey de Maisonneuve à Ville-Marie, en compagnie d’une cinquantaine de pionniers, le 18 mai 1642. Au début des années 1940, alors que de grands travaux sont entrepris dans le secteur de la place d’Youville, l’obélisque des Pionniers est déplacé vers la façade de la première maison de la Douane de Montréal. En 1983, le monument est finalement ramené sur la place d’Youville.

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mode et vêtements

La confection de vêtements est une activité importante dans la vie des femmes. La fondation de l’école ménagère provinciale de Montréal, en 1906, repose sur le postulat voulant que chaque étudiante découvre « ses devoirs » ainsi que la grandeur de « son triple rôle d’épouse, de mère et de ménagère ». Par le biais de l’enseignement qu’on y donne, on formera des artisanes et des ouvrières compétentes ainsi que de bonnes employées de maison qui sauront tout faire : coudre, cuisiner, prendre soin des enfants et des malades.

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Ouvrières dans un atelier spécialisé dans la fabrication de cols et poignets de chemises pour hommes, vers 1900.

ci - contre

Le tailleur Uldéric Jobin, au fond à gauche, un ruban à mesurer autour du cou, dans son atelier de vêtements pour hommes, à Chicoutimi (Saguenay), en 1909. L’entreprise, où hommes et femmes travaillent ensemble, était située rue Racine, près de la banque Molson.

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Groupe d’ouvriers de filature, au début du xxe siècle.

ci - contre

Repasseurs à l’usine de vêtements pour hommes Montreal Clothing Factory, en 1941.

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En 1865, le Montréalais Joseph Ponton aurait pris l’initiative d’acheter les costumes d’une troupe de théâtre qui, après s’être produite en tournée à Montréal, a manqué d’argent pour rentrer en Europe. Vingt ans plus tard, le coiffeur a vraiment tiré profit de son initiative puisqu’il se présente lui-même sous la triple fonction de coiffeur, perruquier et costumier. Ici, un employé de l’entreprise procédant à un essayage en 1943. L’entreprise est alors située au 35 de la rue Notre-Dame Est.

Marie-Paule Nolin est l’une des premières griffes haute couture du Québec. Animatrice de radio, propriétaire d’un atelier sur la rue Sherbrooke et arbitre du bon goût, elle incarne l’élégance. Le métier qu’elle a choisi et la manière très orthodoxe qu’elle applique en particulier dans le choix des matières ne rapportent pas fortune. Fondé à Québec en 1837 et établi à Montréal un siècle plus tard, le magasin Holt Renfrew de la rue Sherbrooke met sur pied une boutique de haute couture dont la direction lui est confiée. Le Salon Marie-Paule attire une clientèle fortunée, malheureusement trop peu nombreuse. Photographiée ici, en 1945, dans son atelier de Holt Renfrew, Marie-Paule travaille ensuite en solo à Westmount puis dans le Vieux-Montréal, toujours entourée de petites mains de grand talent. Elle abandonne le métier en 1973, à une époque où, même en France, le déclin de la haute couture est amorcé. Une bourse portant son nom a été instituée par le musée McCord d’histoire canadienne qui l’attribue chaque année à un designer canadien de la relève.

ci - contre

Couturières à l’usine de vêtements pour dames Laniel Maurice, de la rue Saint-Hubert, à Montréal, en 1941.

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Diplômé de haute couture en 1960, Michel Robichaud décroche une bourse qui lui permet d’aller étudier à l’École de la chambre syndicale de la haute couture parisienne et d’effectuer ensuite un stage chez Nina Ricci et Guy Laroche. De retour à Montréal, il monte un atelier appartement dans l’ouest de la ville où on se presse, autant pour assister à la présentation de ses premières collections que pour le voir travailler. Sa carrière est un enchaînement de succès où il en vient à incarner le talent québécois. En plus d’une clientèle jeune, il cultive un réseau d’entreprises qui, depuis l’Exposition universelle de Montréal, en 1967, réclame des uniformes portant sa griffe. À la veille des années 1980, le couturier se tourne vers le prêt-à-porter. Ici, Michel Robichaud en compagnie de l’actrice et mannequin Johanne Harelle au cours d’un essayage des modèles de sa première collection, en 1963.

Hôtesses du pavillon du Québec de l’Exposition universelle de Montréal de 1967, portant la tenue dessinée pour elles par le couturier Michel Robichaud.

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La Révolution tranquille n’a pas encore sonné le glas du métier de modiste. Fillettes, adolescentes et femmes portent encore le chapeau pour sortir, en particulier pour aller à la messe. Plusieurs font confectionner un chapeau pour l’assortir à une robe, un tailleur ou un manteau. Les modistes sont nombreuses à avoir pignon sur rue. Ici, Argentine Desroches, propriétaire d’un atelier de modiste de la rue Sherbrooke Ouest, à Montréal.

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Indice du rôle que la société attribuait aux femmes, l’école ménagère provinciale de Montréal a été affiliée à l’Université de Montréal, en 1937. Peu avant sa fermeture, à l’aube de la Révolution tranquille, elle devenait l’École des sciences ménagères. Ici, une étudiante de cette institution, défilant dans un manteau printanier réalisé dans le cadre des cours de couture, en 1953.

Mannequin vêtu d’une robe signée par un couturier québécois (qui n’est pas identifié) dans le Vieux-Montréal, en 1966. La photo a été prise dans le cadre d’un reportage monté par le ministère de l’Industrie et du Commerce et destiné à la presse européenne.

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En prévision de son couronnement à titre de Miss Radio-Télévision 1955, la comédienne Denise Pelletier, procède à l’essayage de sa robe de gala. Cette tenue est traditionnellement réalisée par les étudiants en haute couture de l’École centrale des arts et métiers (école des métiers com-merciaux) située rue Saint-Denis, dans l’immeuble qui avait abrité l’Université de Montréal.

Diplômée de l’école de dessin de mode Cotnoir Caponi au début des années 1960, Josée Desjardins amorce aussitôt une carrière d’acheteuse spécialisée. Partout dans le monde, on constate un intérêt grandissant pour la mode qui se diversifie, s’importe et s’exporte. À mesure qu’elles deviennent populaires et accessibles, les marques associées à des personnalités se multiplient. La tâche de Josée Desjardins consistera à créer et à approvisionner des boutiques de marques dans les magasins comme T. Eaton et Holt Renfrew à Montréal où elle dirigea les salons Dior et Saint-Laurent. Cette fashionista ouvre sa propre boutique de vêtements et d’accessoires, puis elle se fait connaître au Canada et aux États-Unis comme sty-liste, spécialiste de défilés de modes et de garde-robes individuelles. Ici, à Paris, en 1993, alors qu’elle est chargée de la diffusion des collections de Chanel auprès du réseau des acheteurs des boutiques Chanel aux États-Unis.

ci - contre

Mannequin défilant devant un parterre de membres de l’American Women’s Club, épouses et filles des citoyens américains vivant à Montréal, réunies à l’hôtel Windsor pour saluer la mode printemps-été 1939.

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monteur de ligne

Le 7 août 1847, dans son Journal d’un fils de la liberté, Amédée, fils de Louis-Joseph Papineau, annonce l’introduction du télégraphe aux États-Unis où, après avoir vécu en exilé, il complète sa formation d’avocat. « Depuis quatre ou cinq jours, écrit-il, nous jouissons de la grande découverte américaine. La communication électro-télégraphique est complète entre Washington et Montréal, via Baltimore, Philadelphie, New York, Buffalo et Toronto ! Entre Boston et Montréal, Saratoga et Montréal ! Dans quelques jours, les fils relieront Québec, dans quelques mois la Nouvelle-Orléans, à cette grande chaîne magique. Nos journaux de ce matin publient ce qui se passait hier soir à New York. Plus de distance pour la pensée, la parole humaine ! » Ici, des monteurs de lignes télégraphiques, en 1895.

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Jeune Montréalais employé par la Romande Énergie. On le voit ici à Gollion dans le canton de Vaud, en Suisse, utilisant une perceuse à gaz sur un poteau et sa contrefiche en vue d’un transfert d’énergie par câble sur une ligne résidentielle.

ci - contre

Conversion de 25 à 60 cycles de la fréquence du réseau électrique des villes minières de l’Abitibi. Ici, monteurs de lignes photographiés à l’intersection de la 4e Avenue et de la 6e Rue, à Val-d’Or, le 15 avril 1965.

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musicien

Peu avant le xixe siècle, les Écossais débarquent dans l’ancienne Nouvelle-France, bien résolus à toucher une part des activités commerciales que ce territoire verra surgir. Ces marchands de fourrure, constructeurs de chemins de fer et créateurs d’entreprises transportent avec eux des éléments de culture traditionnelle. Ici, le cornemuseur Peter McNeil, photographié à Montréal, en 1879.

La pianiste, organiste et professeur Victoria Cartier. Née à Sorel en 1867, elle est formée dans cette ville chez les sœurs de la congrégation de Notre-Dame. Elle dépasse bientôt ses formatrices, se produit en concert et enseigne à son tour avant d’aller se perfectionner à Paris où son talent est le sésame qui lui permet de travailler avec de grands musiciens parmi lesquels on remarque Camille Saint-Saëns. De retour à Montréal, elle fait carrière comme concertiste et professeur.

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En avant la musique ! Les musiciens Ernest Lavigne, deuxième à partir de la gauche, le chef d’orchestre et compositeur Guillaume Couture, le ténor Édouard Lebel et le musicien et compositeur Antoine Dessane sur le pont d’un navire effectuant la liaison Québec-Montréal, le 30 juillet 1899.

ci - contre

Lucien Daveluy devient organiste à l’église Sainte-Victoire de Victoriaville, en 1913, lors de la bénédiction du premier orgue paroissial, un orgue Casavant sur lequel il s’exécuta jusqu’en 1972. Le musicien enseigna l’orgue à son fils Raymond, qui, tout en menant une prestigieuse carrière internationale d’interprète et de compositeur, devenait, en 1960, titulaire de l’orgue de l’oratoire Saint-Joseph de Montréal.

Dans plusieurs familles, la musique est une passion partagée, un loisir rassembleur, le seul moyen d’entendre les airs classiques ou populaires. Les jeunes violonistes David et Vincent Morin accompagnent Rosaire Paradis, à l’harmonium.

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Enregistrement de l’émission radiophonique Fête au village à Saint-Joseph-de-Beauce, diffu-sée vers 1960, sur les ondes de Radio-Canada. Lucia Vachon est à l’accordéon. L’avocat et conteur Robert Cliche est debout, deuxième à partir de la gauche.

ci - contre

Les générations se rejoignent pour faire revivre les chants d’ici, lors de la Saint-Jean-Baptiste, en 1931.

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L’harmonica est de toutes les fêtes canadiennes-françaises. On entend le petit instrument à cinq cennes et le violon partout où les descendants des pionniers français s’établissent, que ce soit dans l’Ouest du Canada ou aux États-Unis.

ci - contre

Musique et danse en plein air à la Descente des Femmes, sur la rive du Saguenay, près de Chicoutimi, en 1944.

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L’Harmonie de Buckingham, dans l’Outaouais, peu après sa fondation, en 1903, par le futur journaliste, homme politique et historiographe québécois Léon Trépanier.

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L’orchestre du collège de l’Assomption, en 1908.

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Membres de l’orchestre du parc Sohmer, à Montréal, vers 1920. Ce parc d’amusement a été fondé en 1885 par le musicien cornettiste, chef d’orchestre et compositeur Ernest Lavigne. À la faveur d’un long séjour en Europe, Lavigne recrute des musiciens qui viennent d’abord jouer au square Viger où il dirige la Bande de la Cité. Ces musiciens le suivent ensuite au parc Sohmer dont il est l’initiateur et le fondateur. Certains des musiciens européens se seraient établis à Montréal.

ci - contre

Le saxophoniste Philippe Couet, membre du quatuor de jazz dancing avec Armand Duguay, père de Raôul, à Val-d’Or, vers 1940.

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Comptable le jour, musicien la nuit. Lucien Phillion, au piano dans un bar de Rouyn, vers 1950.

ci - contre

À gauche, Gervais Lessard, en spectacle au mois d’août 1998. Musicien de Lévis, il fonde avec Claude Méthé le groupe Le rêve du diable en 1970. À droite, Jacques Lessard, son père, photographié le jour de son 80e anniversaire, célébré par un spectacle donné à Saint-Jean-Port-Joli. Né à Charlesbourg, pépère Lessard a gagné sa vie en se produisant comme artiste de musique traditionnelle.

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navigateurMatelot

La St Paul Church ou chapelle des marins anglicans, située au lieu-dit Cap-Blanc, rue Champlain, à Québec, en 1889. Inaugurée en 1831, elle ferme ses portes en 1914.

ci - contre

Matelots de l’Empress of Canada aux amarres, dans le port de Montréal, en 1927. Deuxième des trois navires de la Canadian Pacific Steamship Company, à être ainsi nommé, l’Empress portait initialement le nom de Duchess of Richmond. Sa carrière a pris fin pendant un incendie dans le port de Liverpool, en 1953.

Née à Louiseville pendant le premier quart du xixe siècle, Louise Vanasse vécut travestie en homme. Les notes griffonnées à l’endos de cette photographie racontent l’histoire d’une femme qui, pour survivre à l’abandon de son mari et à la mort de ses deux petites filles, devint matelot à bord d’un navire. Après 18 années d’allers et retours entre Halifax et Liverpool, elle travailla dans un chantier de l’Outaouais avant d’aboutir à Montréal où elle apparut, « habillée à mode des voya[geurs] du temps », portant chapeau, mouchoir et « tour de cou » en soie, jupe et jupon de coton, cachant un pantalon. Surnommée « La Menaille », forte et dure, elle tirait du poignet et pouvait se battre. Elle revit son mari qui jouait d’un orgue de Barbarie, mais elle ne l’aborda pas. Après 32 ans d’absence, elle revint à Louiseville où elle mourut, en 1890. On la voit ici, flûte aux lèvres, dans son accoutrement de matelot.

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ci -dessus

Bateau de « levage » de la Commission du Havre de Québec photographié en 1881, devant le siège social de l’organisme, rue Leadenhall (aujourd’hui Saint-André), à Québec. Le bateau était utilisé dans les opérations de dragage du lit du fleuve Saint-Laurent, destinées à récupérer les ancres et les chaînes abandonnées.

ci - contre

Débardeurs chargeant du bois d’œuvre dans la baie des Ha ! Ha !, sur la rivière Saguenay, vers 1875. À cette époque où le marché réclame du pin, les pinèdes du Saguenay et celles de la Côte-Nord sont littéralement dévastées par les compagnies forestières.

Débardeur

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Débardeurs procédant au transbordement de sacs de grains d’un wagon du Canadien Pacifique vers un navire ancré dans le port de Montréal, vers 1920.

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Construction navale

Remorqueur en construction à la Pontbriand Ltée, Sorel, 1910.

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Construction navale à l’Anse-aux-Sauvages, en Gaspésie.

ci - contre

Ouvriers du chantier maritime de Gaspé, vers 1980.

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Pilote

ci -dessus

Équipage du vapeur S.S. Siscoe qui assure la liaison sur la rivière Harricana, entre le port d’Amos et le quai de la mine Siscoe dans la région de Val-d’Or. Le navire a été construit en 1929 par le capitaine Irénée Yergeau, surnommé « Père Caribou ». Neuf ans plus tard, le navire est amarré et transformé en restaurant. Il sera plus tard abandonné, converti en poulailler puis démoli.

ci - contre

L’équipage et le bateau-pilote à vapeur Eurêka, en service à Pointe-au-Père à compter de 1906. Le ministère canadien de la Marine prenait alors le contrôle du transport des pilotes du Saint-Laurent vers les navires qui s’apprêtent à entrer dans la partie du fleuve où la présence de ces navigateurs expérimentés est obligatoire. En 1959, la station de pilotage de Pointe-au-Père a été déplacée vers les Escoumins, sur la rive nord du fleuve.

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Gardien de phare

Un bateau-phare et son pilote solitaire sur les vagues du lac Saint-Louis, à l’ouest de l’île de Montréal, en 1902.

ci -dessous

James Ascah, premier gardien du phare de Pointe-à-la-Renommée. Né en 1830 en Gaspésie, désigné à ce poste le 2 septembre 1880, il a contemplé le fleuve, lancé des signaux, sonné la corne de brume et télégraphié les nouvelles jusqu’à sa mort, en 1915.

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ouvrier

Intérieur de l’usine de A. O. Norton Limited, fondée à Coaticook au début du xxe siècle. La spécialité des travailleurs consiste à fabriquer des leviers de chemins de fer surnommés « Norton Jacks » d’après le fabricant Arthur Osmore Norton, né à Barnston, dans les Cantons-de-l’Est. Ici, autour d’un casier d’obus, les ouvriers de l’usine réquisitionnée par le gouvernement fédéral pour la fabrication de matériel de guerre, au cours de la Grande Guerre.

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Banquet d’ouverture de l’usine de papier Rolland, à Mont-Rolland, en 1906.

ci -dessous

Chantier de Montréal, vers 1925. À l’arrière, un wagon du CPR.

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Employées d’une usine de fabrication d’ampoules électriques, à Montréal, en 1935.

ci - contre à gauche

Ouvriers de la compagnie RCA Victor de Montréal, soudant les moules de disques, en 1944.

ci - contre à droite

Ouvriers de l’usine d’assemblage de moteurs d’avions Canadian Wright Limited, de la rue Notre-Dame Est, à Montréal.

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Pêcheur

Dès l’an 900, les Vikings fréquentent la côte du Labrador et de Terre-Neuve où ils créent le Vinland, une colonie abandonnée au milieu du xive siècle. La preuve de leur présence sur la Basse-Côte-Nord n’est pas absolue, mais il est certain que, un siècle plus tard, les pêcheurs basques, bretons et portugais sont venus, à leur tour, chasser la baleine le long du détroit de Belle-Isle. Naviguant vers l’ouest, ils établirent des postes de pêche saisonnière sur la Basse-Côte-Nord, postes qu’ils quittaient avant les grands froids de l’hiver. Au xve siècle, une règle interdisait aux pêcheurs de livrer à quiconque des renseignements permettant de localiser les lieux où les équipages faisaient provision d’huile de baleine, d’huile de loup-marin, de hareng et de morue. Il fallut donc attendre 1534 et le premier voyage de Jacques Cartier pour que l’existence de la Côte-Nord du golfe Saint- Laurent soit enfin révélée. Le métier de pêcheur est le premier à avoir été exercé en ce pays, tant par les Amérindiens que par les Européens venus y vivre. Ici, pêcheurs de morue gaspésiens, à l’Anse-à-Beaufils, en 1945.

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Les baleiniers basques ainsi que les pêcheurs bretons et normands n’ont pas attendu les récits des expéditions de Cartier pour fréquenter la côte gaspésienne. Il semble que, après 1534, les bancs de Gaspé et de la Baie-des-Chaleurs aient été aussi fréquentés que ceux de la Côte-Nord. Un siècle plus tard, la baie de Gaspé, à l’égale de celle de Tadoussac, accueille nombre de navires de transport qui y font provision d’eau potable et de vivres avant de naviguer vers Québec. Gaspé et les environs de Percé servent égale-ment de halte de ravitaillement aux navires en route vers la France. Ici, séchage de la morue à la pêcherie de P. De Quetteville, à Blanc-Sablon. L’entreprise, originaire de l’île britannique de Jersey, s’était établie sur la Côte-Nord vers 1785 pour profiter des proverbiales pêches à la morue qu’on y pratiquait avant et pendant le Régime français. Quand cette photo a été prise, en 1875, la compagnie avait plié bagages deux ans plus tôt, jugeant que l’investissement ne rapportait plus assez. Les installations étaient passées en d’autres mains.

Pêcheurs de Belle-Anse, en Gaspésie, retirant des filets de pêche les harengs qui s’y sont pris.

Pêcheurs de homards à Saint-Godefroi, en Gaspésie, vers 1960.

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ci - contre à gauche

Pêcheur transportant à la perche une morue pesant 70 livres, vers 1920.

ci - contre à droite

Au bout de la perche de Freddy Caron, de l’Anse-à-Beaufils, une morue pesant 37 livres bien comptées.

ci -dessous

Découpage de la morue, sur la grève de Percé, en Gaspésie, en 1922.

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L’Europe catholique, qui avait longtemps compté sur le hareng comme protéine des jours maigres, se vit contrainte de se tourner vers la morue. À l’agenda des fidèles, chaque année amenait son lot de jours maigres, près de 170, qu’il fallait respecter à tout prix. Si les villes portuaires pouvaient déguster leur poisson en pleine fraîcheur, il était impossible de le faire voyager sans qu’il pourrisse vers l’intérieur des terres où vivaient des milliers d’autres fidèles. La morue était bien meilleure que le hareng avec, en plus, cette propriété exclusive de retrouver son moelleux et sa texture après un bon bain d’eau courante ! Moins d’un siècle après Cartier, Champlain dira que, en Nouvelle-France seulement, c’est-à-dire aux environs de Gaspé, on pêche chaque année près d’un million de morues dont se délecte l’Europe. Ici, le couple Roberts, préparant la morue pour le séchage, sur la place de Cap-des-Rosiers, en Gaspésie, en 1922.

ci - contre

Entassement en piles des morues séchées, à Grand-Étang, en Gaspésie, en 1922.

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Tant que l’animal est abondant, la pêche aux marsouins, proche parent du dauphin, est une industrie artisanale pratiquée pendant plus de deux cents ans à Rivière-Ouelle où elle était le gagne-pain d’une grande partie des familles de ce village. Ici, vers 1930, un troupeau de marsouins échoué sur la plage après avoir été piégé à l’intérieur d’un mur de perches qu’il n’a pas pu quitter quand la mer s’est retirée. Le marsouin était pêché depuis des siècles pour son huile et pour la qualité de son cuir.

ci -dessous à gauche

Dépeçage d’un béluga à Trois-Pistoles, devant l’île aux Basques, en 1929. Cette région a été le théâtre de grandes pêches aux mammifères marins que sont le phoque, la baleine et le marsouin.

ci -dessous à droite

Dépeçage de baleines face à l’île aux Basques, en 1929.

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Récolte des algues à Trois-Pistoles, en 1919.

ci - contre

Pêcheurs gaspésiens vers 1960.

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Pêche à l’alose dans les rapides de Lachine, vers 1875. Pendant qu’ils pêchent, les ouvriers sont dirigés et surveillés au même titre que les employés d’usines.

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Pêche industrielle à l’alose à l’arrière de l’église du Sault-au-Récollet, sur la rivière des Prairies, au nord de l’île de Montréal, en 1866.

Vers de terre à vendre, en 1957, sur la route d’une pourvoirie ou d’une rivière poissonneuse.

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Peintre

Hollandais d’origine, le peintre Cornelius Krieghoff s’établit au Québec vers 1840, où il épouse une Canadienne française, Émilie Gauthier. L’artiste a toutefois la piqûre des voyages qu’il effectue à l’extérieur du Québec, pour aller peindre à Toronto, travailler dans tout autre chose, ou pour aller perfectionner son art en Europe. Avant d’aller finir ses jours auprès de sa fille qui vit à Chicago, en 1872, Krieghoff a peint plus de 1 500 œuvres mettant en scène les Canadiens français, leurs maisons, leur environnement et leurs coutumes.

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En 1838, le peintre Antoine Plamondon peint un tableau qui met en scène Zacharie Vincent, Huron de L’Ancienne-Lorrette qui prétendait être le dernier de sa race, le seul Huron issu de purs Hurons. Impressionné par l’œuvre que Plamondon a réalisée, Vincent devient peintre à son tour. Motivé par le désir d’immortaliser les coutumes de son peuple, il réalisera plus de 500 dessins et tableaux entre 1838 et son décès survenu en 1896. Ici, Zacharie Vincent photographié par Louis-Prudent Vallée.

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William Fraser est l’un des peintres qui, comme son frère William Lewis Fraser, Cornelius Krieghoff et quelques autres, ont collaboré à la réalisation de photographies composites, alliant peinture et photographie, pour le compte du photographe William Notman. Le peintre pose ici, pour Notman, en 1871.

ci - contre

Le peintre Marc Garneau dans son atelier, à Montréal, en 1995. Originaire de Thetford Mines, dans les Cantons de l’Est, il s’est fait remarquer par des œuvres conçues pour mettre en valeur le relief et la texture des bois brûlés. « Suivant en cela la tradition de la peinture automatiste, mes tableaux, écrit le peintre, portent la trace d’un art spontané et intuitif, où les repentirs, les collages de toile, l’adjonction d’objets trouvés, l’accumulation d’ajouts variés et les marques des étapes de réalisation deviennent des composantes de l’œuvre en train de se faire. »

À Toronto, en 1920, sept artistes qui gagnent leur croûte comme graphistes ou dessinateurs commerciaux s’unissent sous le nom de Groupe des Sept. Ils affirment leur désir d’exercer librement leur art, en étant au diapason des artistes modernes d’Europe et des États-Unis. Leur contribution à la peinture a, entre autres, débouché sur une mise en valeur des paysages du Canada et du Québec. Ici, les peintres Arthur Lismer, résident de Montréal et A. Y. Jackson, qui y est né, réalisant une esquisse de la « tour » de Sainte-Famille, en 1925.

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Pharmacien

Extérieur de la pharmacie Copperfields à Rouyn, vers 1930. Le meuble posé devant la porte cache une radio qui retransmet des émissions musicales ou à caractère publicitaire, politique, religieux et sportif. Ce pharmacien, comme nombre d’autres marchands, a bien compris que l’attrait de la nouveauté peut transformer les flâneurs en acheteurs.

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Intérieur de la Chicoutimi Medicine Company, fondée en 1918 et plus tard renommée pharmacie Murdoch. Après son rachat par Justin Maltais, en 1937, l’établissement devient pharmacie Chicoutimi.

Mme Frigon, pharmacienne de Montréal, préparant des médicaments, en 1943.

ci - contre

Pharmacien anonyme photographié derrière le comptoir de sa pharmacie, vers 1925.

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Photographe

Au cours de la deuxième moitié du xixe siècle, la photographie gagne ses premiers adeptes au Québec. Ces novateurs sont tentés de reproduire les grands paysages à la manière des dessinateurs et des aquarellistes de guerre dont le rôle consistait à suivre les armées et à documenter la géographie, l’habitat et la population du pays conquis. Très étudiées, leurs photos montrent qu’ils recherchent des angles symboliques et charmeurs. Quand ils font poser leurs sujets humains, on devine leur désir de plaire à cette clientèle qu’ils représentent sous leur meilleur jour, dans un décor, dans des attitudes et entourés d’un ou de quelques accessoires révélateurs de leurs origines, classe sociale, éducation ou métier. Un chef d’entreprise pose de trois quarts, chaîne de montre en vue, le regard tourné vers l’infini qu’il domine. L’enfant est vêtu en conformité avec son milieu et l’objet abandonné sur le sol, poupée, chapelet ou livre de contes, renseigne aussi. Des décors étant plantés à l’intérieur des studios où les accessoires sont variés et nombreux, les personnes désargentées peuvent compter sur le photographe pour leur prêter une chemise à col cassé, une lavallière ou une cravate, un bel habit, une chaîne de montre et une colonne d’inspiration grecque pour s’appuyer nonchalamment ou une chaise pour s’asseoir. Satisfaction garantie : la fiancée qui recevra cette photo sera conquise. Bien peu de photos sont prises au naturel.

Pour peu que le photographe soit en tournée et qu’il veuille photographier l’ouvrier ou l’artisan, il les sort de

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chez eux pour les installer en pleine lumière. C’est ainsi, et vraisemblablement dans la région de Charlevoix vers 1920, qu’est née l’habitude de photographier le sculpteur, la femme au rouet et leurs semblables, sur la galerie de leur maison ou de leur atelier. Les membres des chorales sont conduits sur le parvis des églises, les participants des grands congrès posent en rangs sur les marches d’un escalier. Au pied de celui-ci, les notables sont assis sur des chaises dont les pattes s’enfoncent dans le sol et, les encadrant pour compléter la composition, quelques personnes sont en génuflexion ou, parfois, carrément allongées sur le sol. Qu’importe si la pose doit durer plusieurs minutes, les sujets sont figés, rarement souriants. Ne s’étant souvent jamais vus en photo, ils ne sont pas tentés de maîtriser leur image en présentant leur plus beau profil ou un sourire forcé.

Une photographe à la campagne, en juillet 1914.

Le photographe Conrad Poirier, le 4 avril 1939.

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Né à Longueuil, en 1830, Jules-Isaïe Livernois fait figure de pionnier de la photographie. Il débute vers 1855 à Québec. Grâce à son fils Jules-Ernest ainsi qu’à Jules, son petit-fils, l’entreprise fonctionnera jusqu’en 1973. Ici, la salle de montre du studio Livernois, vers 1886. Le fondateur étant décédé en 1865, c’est Jules-Ernest, photographié ici vers 1920, qui en devient alors le propriétaire.

Le photographe, artiste et avocat Paul-Émile Martin est originaire de Saint-Denis-de-la-Bouteillerie où il est né en 1875. Ses photos mettent en valeur sa région d’origine, sa famille ainsi que des personnages, des événements et des paysages qu’il saisit parfois comme des instantanés pleins de naturel. Plus de mille de ses photos sont conservées au musée du Bas-Saint-Laurent, à Rivière-du-Loup. Ici, canotier sur la tête, le photographe pose à côté de sa femme.

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Ici, campement de photographes du studio montréalais de William Notman, dans la région de Trois-Rivières, vers 1860. Écossais d’origine, Notman, que l’on voit à droite, a ouvert son studio au mois de décembre 1856. Vers 1880, il régnait sur une vingtaine de studios aux États-Unis et au Canada, et il jouissait d’une renommée internationale dont bénéficia son fils William McFarlane Notman. Charles, son frère cadet, vendit le studio en 1935. Une vingtaine d’années plus tard, l’Université McGill achetait les quelque 200 000 négatifs et autres éléments faisant partie des archives de William Notman. C’est le musée McCord qui administre cette inestimable collection.

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Fils de l’écrivain Pamphile Lemay, le photographe Joseph-Eudore Lemay est né à Québec, mais c’est à Chicoutimi qu’il s’établit, en 1906. Il a fait ses classes et il est prêt à documenter sa ville et sa région d’adoption. Vont défiler dans son studio les notables ainsi que les humbles qui veulent eux aussi se faire tirer le portrait. Ici, il pose au milieu de sa famille. La photo de droite montre son studio de la rue Racine et la verrière que la Compagnie du Téléphone Saguenay-Québec, propriétaire de l’immeuble, a fait construire pour que le photographe puisse profiter de la lumière naturelle qui, selon lui, adoucissait les traits de ses modèles. Sa fille Aline lui a succédé à la tête de l’entreprise familiale.

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Contrairement à Sally Eliza Wood qui apprend la photographie au studio de William Notman avant d’ouvrir le sien dans les Cantons-de-l’Est, en 1897, Marie-Alice Dumont est une autodidacte. Elle a déjà montré un grand intérêt pour la photographie, quand son frère Napoléon, professeur au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, lui offre son premier appareil. Elle dirigera son studio de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, de 1920 à 1960. En plus des commandes remplies pour sa clientèle, elle saisira les membres de sa nombreuse famille, dans des attitudes toujours plus spontanées et révélatrices de leur vie quotidienne, de leurs loisirs et de leur santé. Plus de 10 000 négatifs constituent le fonds Marie-Alice-Dumont qui est conservé au musée du Bas-Saint-Laurent, à Rivière-du-Loup. Ici, Marie-Alice Dumont, en 1951.

C’est l’actualité, avec ce qu’elle exige de rapidité et de présence d’esprit, qui inspire Joseph-Adélard Boucher, né au tournant des années 1880, à Notre-Dame-du-Portage. Établi à Rivière-du-Loup, il sera tour à tour propriétaire d’une salle de quilles, de garages, d’un magasin général et d’une pharmacie doublée d’un magasin de tabac. J.-A. Boucher est un homme actif. Il voyage et témoigne de son temps et de son environnement, photographiant le repêchage d’une voiture, les grands feux ou les inondations ayant marqué son époque. Près de 2000 photos constituent le fonds J.-Adélard- Boucher qui est conservé au musée du Bas-Saint-Laurent, à Rivière-du-Loup. Ici, le photographe et sa femme, Blanche, à bord du Canada, en 1911.

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Jacques Saint-Denis, photographe commercial effectuant, en 1996, un reportage pour l’Association touristique de l’Abitibi-Témiscamingue sur la mine Lamaque (aujourd’hui Cité de l’or). Entre 1940 et 1970, cette mine aurifère avait la réputation d’être la plus riche du Canada.

Guy Schiele, photographe professionnel établi à Montréal. Créateur, son champ d’expertise s’étend de la photo argentique aux nouvelles technologies numériques. On le voit ici, en 1998, rue Saint- Laurent près de l’avenue des Pins, pendant la vente de trottoir qui coïncidait chaque année avec le Grand Prix de formule 1.

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Placier

Placiers posant devant le cinéma Cartier, rue Cartier, à Québec, au cours de l’été 1942.

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Les placières de l’aréna de Saint-Jérôme entourent Claude-Henri Grignon lors de la première de la pièce Un homme et son péché présentée le 22 août 1942.

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Policier

ci - contre à gauche

Amédée Lavigne, premier chef de police d’Asbestos.

ci - contre à droite

Paul Gagné, originaire de la Beauce, qui a fait carrière dans la police de la communauté urbaine de Montréal.

Policiers à vélo, posant parmi les villageois réunis à l’hôtel Saint-Armand, pendant les fêtes du centenaire de Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette (aujourd’hui Loretteville), en 1894.

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Policiers de la ville de Montréal participant, vers 1930, au défilé annuel de la Saint-Patrick.

ci - contre

Policier ou homme de guet déambulant, en 1910, devant le Kent House, aujourd’hui manoir Montmorency, dans le parc du même nom, dans la région de Beauport. Construit en 1781 par le gouverneur général Frederick Haldiman, le manoir Haldiman est, plus tard, nommé d’après Édouard, duc de Kent, qui loua cette maison où il séjourna de temps à autre, de 1791 à 1793. Le duc de Kent est le père de la reine Victoria.

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Créée en 1883, contestée, mise au rancart ou sollicitée pour des tâches sans envergure, la Police provinciale du Québec ne jouit d’aucun prestige. Elle renaît en 1922, quand on la dote de quartiers généraux à Québec et à Montréal, pour devenir omniprésente sous le régime Duplessis. Associée à la répression de la population qui défraie néanmoins son salaire, on la voit sur les routes, les piquets de grève et partout où elle perquisitionne. Décriée pour avoir servilement exécuté les ordres du premier ministre, elle est restructurée au cours des cinq premières années de la Révolution

tranquille. Devenue Sûreté provinciale du Québec en 1938, l’ancienne Police provinciale est renommée Sûreté du Québec, en 1968. Photo de gauche : Donat Lizotte, de la Police provinciale de La Pocatière, vers 1930. Ce policier motard appartient à la Police de la circulation qui a été créée cinq ans plus tôt pour réduire l’anarchie qui règne sur les routes de campagne. Photo de droite : le policier Eugène « Jack » Corbeil de La Tuque, en 1940. En 1938, les policiers motards ou spotters avaient été intégrés à part entière dans les rangs de la Sûreté où ils étaient chargés de faire respecter les règles de sécurité routière.

ci - contre

Un miracle se produira-t-il ? C’est par milliers que des pèlerins du monde entier visitent l’oratoire Saint-Joseph dans l’espoir d’une guérison, d’un miracle. Des indulgences sont promises aux fidèles qui visitent l’institution et des cérémonies religieuses jalonnent la semaine des fidèles. Ici, le 7 février 1945, à l’issue d’une messe pour les malades, une paraplégique en fauteuil roulant est transportée par des policiers. L’oratoire a été fondé par le frère André, en 1904.

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Patrouilleurs de la police de Montréal, en 1954. Le 18 septembre 1968, 55 agents de la Sûreté du Québec de Val-d’Or, Malartic, Amos et Senneterre se livrent à des exercices de tir au révolver dans les gravières situées au sud-ouest de Val-d’Or, sous la supervision du capitaine Roberge.

Policier de la Sûreté du Québec utilisant un radar, en 1976. Les auto-patrouilles sont dotées de cet appareil de détection de vitesse depuis 1963, année où ces véhicules de patrouille ont arboré le vert forêt et le jaune soleil comme couleurs distinctives.

Membre de la Sûreté du Québec patrouillant en motoneige la piste no 93 du circuit de la Trans-Québec, non loin de Rouyn-Noranda.

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Politicien

Le chef mohawk Jean-Baptiste, né en 1840 à Caughnawaga (Kahnawake), est un homme politique et un homme d’affaires, mais aussi un athlète qui s’est posé en égal des citoyens de son temps. Son nom de naissance était Jean-Baptiste Raientonni, mais il préféra se donner le patronyme Canadien, si bien qu’on se souvient de lui sous le nom de Jean-Baptiste Canadien. Il a été draveur et pilote sur les rapides de Lachine, champion de crosse et grand voyageur. Canoteur d’exception, il effectua son voyage le plus remarquable en 1884, quand il fut recruté parmi d’autres athlètes du Canada pour aller libérer les forces britanniques en Égypte, pendant la guerre du Soudan. La tentative échoua, mais les canoteurs réussirent néanmoins à faire passer du matériel de guerre au-delà des cataractes du Nil. Ici, le leader de la communauté de Caughnawaga et M. Hughes, jouant à la crosse, en 1867.

Napoléon Dion, marchand, ferblantier et plombier de Trois-Pistoles. En 1900, il est recruté par les troupes du libéral Félix-Gabriel Marchand pour représenter la circonscription de Témiscouata au Parlement provincial. À droite, voyageant avec lui vers Gaspé en 1909, son confrère Charles A. Gauvreau, qui fut député fédéral de Témiscouata de 1897 à 1921.

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Les joutes oratoires, les envolées sincères ou mensongères, les engagements idéologiques et les promesses pratiques telles que le pavage des routes attirent les foules. Le public n’a pas d’autre moyen de voir et d’entendre les candidats en lice que de se rendre aux assemblées. Parce qu’elles voient converger vers les tribunes jusqu’à des milliers de personnes, ces assemblées

populaires ont souvent lieu pendant les week-ends et en plein air. Photo de droite : dans la région du Bas-Saint-Laurent, le docteur Louis-Eugène-Aduire Parrot, médecin à Rivière-du-Loup, candidat libéral dans Témiscouata en 1916. Photo de gauche : l’avocat Léo Bérubé, son adversaire conservateur et député sortant. Le docteur Parrot remporta la victoire.

ci - contre

Photo prise dans la région de l’Outaouais après 1930. On reconnaît, deuxième en partant de la gauche, Maurice Duplessis, en compagnie d’amis, dont Aimé Guertin, deuxième en partant de la droite, député conservateur de Hull à Québec. Ce dernier démissionne pour faire le saut sur la scène fédérale, en 1935, lorsque Duplessis devient chef du parti de l’Union natio-nale. On peut lire, à l’endos de cette photo, « Mon cher Aimé.... Maurice ».

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Réunion des commissaires de la ville de Montréal, vers 1915. On reconnaît le maire Médéric Martin, troisième en partant de la gauche, prenant connaissance d’un document. Ce bureau des Commissaires, ancêtre du Comité exécutif, avait été institué en 1909 pour contrer la corruption municipale en confiant la gestion de la ville à un nombre limité d’élus. Député libéral à Ottawa depuis 1908, Médéric Martin est élu maire de Montréal pour la première fois en 1914. Il cumulera les fonctions de maire et de député jusqu’en 1919. Défait en 1922, il sera réélu en 1924, mais en 1928, Camillien Houde, une personnalité d’avant-scène, le remplace à la mairie de Montréal.

ci - contre

Politique et rubans. Inauguration officielle, le 3 décembre 1938, du tronçon de chemin de fer reliant Val-d’Or à Rouyn-Noranda. Le ministre des Mines et des Pêcheries du Québec, Onésime Gagnon, coupe le ruban symbolique en compagnie de C.-D. Howe, ministre fédéral des Transports.

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Pompier

Le feu est une engeance au Québec où il a consumé des maisons, des villages et même des villes. Les règlements ne sont pas en cause puisqu’on en a édicté des centaines et que bien peu ont été respectés. Quand on demande au Canadien de couvrir de tôle le toit de sa maison, il opine, mais il reporte la dépense aux calendes grecques. Quand on lui demande de fixer une échelle à sa maison pour permettre aux volontaires d’accéder au toit, il prend son temps. De règlement en règlement, le Canadien gagne du temps et le feu, toujours plus de terrain. Au xviie siècle, il se répand de maison en maison grâce aux tisons qui s’échappent des cheminées. Il court de toiture en toiture et, au sol, sur la paille sèche que l’on met dans les boues des chemins pour les assécher. Il s’attaque même aux églises, balayant la croyance voulant qu’elles soient protégées par les reliques et les saintes espèces qu’on y gardait. L’un des premiers grands feux a eu lieu pendant

la procession de la Fête-Dieu, à Montréal, le 19 juin 1721. Un arquebusier tira en l’air, comme il se devait lors des processions, mais il visa la toiture de la chapelle de l’Hôtel-Dieu. Le feu se propagea en un éclair, rasant les deux tiers de la ville dont la plupart des bâtiments étaient en bois. Dans ce contexte, on nota l’activité de pillards qui, s’étant appropriés certains objets, les gardèrent chez eux jusqu’à ce que, le 4 juillet, les autorités les forcent à les restituer. En plus des mesures civiles qui visaient ces emprunteurs, un mandement de l’évêque de Québec, Mgr de Saint-Vallier, les menaçait d’excommunication. Les grandes industries, les hôpitaux psychiatriques, les aéroports et plusieurs autres institutions forment des corps de pompiers qui, exception faite des alertes générales, sont les seuls à avoir accès aux sites. Ici, la « brigade du feu » de l’asile Saint-Michel-Archange, en 1899.

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ci -dessus

Le mât de descente, un gage de vitesse d’accès au camion. Ici, le sapeur-pompier L. Godsmark et le lieutenant R. Daignault en font la démonstration à l’intérieur de la caserne de la rue Gatineau à Montréal.

en haut, à droite

Pompiers de Buckingham (Gatineau) posant avec leur camion à incendie, le 10 août 1935. Sont présents, Honoré Cadieux, pompier et entrepreneur de pompes funèbres, Émile Brisebois, chef pompier en costume blanc, Emmanuel Chénier, le conducteur, un certain Parker, Albert Cadieux, Frank Latour, Arthur Cadieux, Armand Bertrand, Jos. Jémus, un certain Sigouin et Arthur Latour, fils de Frank.

ci - contre

En 1957, Val-d’Or s’enrichit d’un camion à incendie tout neuf à bord duquel posent les pompiers.

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Groupe de pompiers volontaires posant avec leurs camions devant la caserne de la ville de Sutton, dans les Cantons-de-l’Est, en janvier 1997.

ci - contre

Pompiers sur le toit de la Standard Felt Company, rue Saint-Urbain, à Montréal, le 28 janvier 1938.

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Réal Gosselin exerce le métier de pompier à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, de 1964 à 1979. Il est le premier de trois générations de Gosselin à avoir exercé le métier de pompier dans cette ville. Son fils Guy a été pompier dans la même ville, de 1971 à 2004, et Éric, le fils de celui-ci, y travaille à son tour depuis 1997. Photo ci- dessus : Guy Gosselin et son confrère, Joscelyn Labrie, vers 1995, lors d’une activité de sensibilisation des écoliers.

ci - contre

Le 26 juillet 1949, les paroissiens assistent impuissants à l’incendie de l’église Saint-Etienne-de-la-Malbaie, construite en 1805.

L’incendie du Château Frontenac, à Québec, le 14 janvier 1926, provoque pour deux millions de dollars de dommages et détruit ce qui restait de l’immeuble d’origine.

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Porteur

Cultivateur transportant l’eau d’érable dans des seaux suspendus au joug ordinairement accroché au cou des bêtes à cornes, vers 1910.

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En 1934, un an avant la naissance officielle de Val-d’Or, la distribution d’eau potable en provenance de la source Gabriel est assurée par les frères Lionel et Raymond Morissette. Une chaudière d’eau se vendait cinq sous.

Enfants et chien transportant une barrique d’eau, à Clermont, en Abitibi, en 1942.

Porteurs quittant la cathédrale de Saint-Hyacinthe, le 24 janvier 1938, à l’issue du service solennel des victimes de l’incendie qui a ravagé le collège du Sacré-Cœur, le 18 janvier précédent. C’est une explosion de gaz, survenue à 2 heures du matin, qui répandit le feu presque instantanément. Réfugiés sur les toits, des enfants périrent en espérant des secours. Au total, 46 personnes perdirent la vie, soit 41 écoliers pensionnaires et 5 frères enseignants de la communauté du Sacré-Cœur. Trois corps ayant été formellement identifiés, les autres furent distribués en 15 cercueils qui furent conduits par 4 porteurs chacun. Un monument du sculpteur Émile Brunet recouvre les restes des victimes qui, après un séjour au cimetière, ont été inhumés sur les lieux de la tragédie.

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Postier

On commença par attendre « la malle » qui contenait le courrier et les effets venus d’ailleurs par bateau, par diligence ou par train. On continua de parler de la malle, même quand elle fut confiée à un courrier en chair et en os. Dès 1721, un service postal régulier relia Québec à Montréal. Le maître du courrier s’appelait Nicolas Lanouillier, celui-là même que l’on chargea de compléter le chemin du roi entre ces deux villes. En guise d’incitation, l’ordonnance qui le désignait à ce poste précise qu’on lui octroyait du même coup le privilège exclusif, pendant 20 ans, de tenir les postes pour lettres et courriers, tenir les messageries et autres voitures publiques pour aller par terre de Québec

à Montréal, passant par Trois-Rivières et revenir de Montréal à Québec. Il faudra attendre les années 1920 pour que la poste soit à peu près efficace dans les régions éloignées de ces grands centres, progrès rendu possible par les pilotes de brousse, fous du risque. Sur la Côte-Nord, même la mise en place du service postal aérien, en 1926, ne prive pas les chiens de leur rôle traditionnel. Les sacs de courriers sont lancés du haut des airs ; les traîneaux sont chargés et Fido s’élance. Photo de gauche : en 1950, le premier avion à relier Sept-îles et Blanc-Sablon, sur la Côte-Nord. Photo de droite : transport de courrier et de marchandises par traîneau, à Sept-Îles, en 1931.

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À Port-Menier, sur l’île d’Anticosti, atterrissage forcé d’un avion transportant le courrier.

Les personnes chargées de la livraison du courrier transportaient un peu de tout. Ainsi, en 1947, quand Joseph et Mariette Faucher ouvrent leur boulangerie artisanale, à Saint-Méthode de Frontenac, c’est au postier qu’ils confient la tâche de distribuer les pains, tourtes et gâteaux sous cellophane de la boulangerie Saint-Méthode. Ici, en Mauricie, un véhicule de livraison dit « camion de la malle », arrêté le long de la rivière Saint-Maurice, en 1942.

Un service postal hebdomadaire entre Montréal et les États-Unis est créé en 1797. Ici, en 1867, un employé des postes, posant comme s’il réceptionnait des sacs de courrier.

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ci -dessus à gauche

Le maître de poste et le personnel d’un bureau de poste du Témiscamingue, vers 1950.

ci -dessus à droite

Facteur distribuant le courrier de porte-à-porte, à Montréal, en 1947.

ci - contre

Facteur télégraphiste à l’emploi de la compagnie de chemin de fer Canadien National, distribuant les messages télégraphiques à bicyclette. Ici, au square Dominion, le nouveau quartier des affaires montréalais, vers 1935.

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Triage du courrier de Noël, au bureau de poste, à Montréal, le 23 décembre 1937.

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Le facteur est passé ! Photo de gauche : en 1947, les jeunes sœurs Baillargeon, de Princeville, ont reçu du courrier. Photo de droite : « la malle » est arrivée à Beaumont…

ci - contre

Le facteur est une figure familière. Il a sa « route », on lui parle, il accepte souvent de poster des lettres ou de rendre un petit service. On lui offre un rafraîchissement en été, un présent ou une pensée à Noël. Ici, distribution de courrier, rue Robitaille, dans le quartier habité par les membres de la coopérative d’habitation de Joliette, en août 1951.

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réalisateur

Roger Daveluy, réalisateur à Radio-Canada, est à l’origine de la diffusion en direct des opéras du samedi après-midi du Metropolitan Opera House de New York. La première de ces émissions avait exceptionnellement été mise en ondes un vendredi, le 25 décembre 1931.

Équipe de réalisation de l’émission La vie qui bat, enregistrée au lac Violon, à Saint-Émile de Montcalm, en 1966. Cette émission scientifique explorant toutes les facettes de l’environnement sauvage a tenu l’affiche de Radio-Canada de 1955 à 1968.

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Guy Mauffette, réalisateur de l’émission Frères d’armes, main en l’air, donne le signal d’entrée en ondes. À sa droite, l’auteur Ernest Pallascio-Morin. Photographie prise dans les studios de Radio-Canada en janvier 1944.

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religieux et religieuse

À quoi servent donc les bonnes sœurs ? En 1895, l’artiste et photographe Elmina Lefebvre, en religion sœur Marie-de-l’Eucharistie, réunit ses consœurs qu’elle fait poser dans des attitudes ainsi qu’avec des objets qui symbolisent les tâches qu’elles exécutent quotidiennement. Plusieurs reprisent, cousent ou tricotent, d’autres sont les lectrices attitrées de la communauté pendant les périodes de prière. Certaines prient ou enseignent. Les administratrices de la communauté des sœurs de la Charité de Québec pourraient être debout au fond de la salle commune. D’autres photos réalisées à la même époque montrent les sœurs cuisinières, fabricantes de sirop et de tire d’érable, musiciennes, peintres, sculpteures, doreuses, relieuses et tant d’autres.

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Les missionnaires sont souvent des bâtisseurs. Ici, au cours du mois d’août 1912, Normand Arsène Turquetil, Oblat de Marie-Immaculée, et ses deux compagnons, construisent la maison de la mission de Chesterfield Inlet dans l’Extrême-Nord canadien. Il s’agit de la première mission catholique à avoir été créée pour les Inuits de la baie d’Hudson.

L’abbé Édouard Martin est entré dans l’histoire de Sainte-Anne-de-la- Pocatière pour avoir supervisé et dirigé les travaux de reconstruction de l’église paroissiale qui avait été détruite le 8 décembre 1917. Celle-ci, la sixième pour cette paroisse, a été inaugurée en septembre 1920. Elle a brûlé en 1948. Ici, le prêtre, devant sa résidence, à Rivière-Ouelle où il a vécu.

L’oisiveté étant injustifiable en Nouvelle-France, Marguerite Bourgeoys dut prouver que ses compagnes, vouées à l’éducation, seraient utiles à la société et capables de subvenir à tous leurs besoins. Ici, des novices de la Congrégation de Notre-Dame occupées à des travaux d’aiguilles dans les jardins de la maison mère de la rue Sherbrooke Ouest, à Montréal, en 1946. Le site et les bâtiments sont aujourd’hui occupés par le Collège Dawson.

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En septembre 1930, l’Union missionnaire du clergé tient une exposition sur le thème des missions au manège militaire de la rue Craig (aujourd’hui rue Saint-Antoine), à Montréal. Fondé en Italie en 1916, l’organisme est représenté au Québec par la Société des missions étrangères du Québec qui en diffuse les principes. Tout est mis en œuvre pour préparer les missionnaires à leurs tâches. On tente également de susciter la ferveur du clergé, des communautés, des mouvements religieux, des familles et des individus à l’égard des missions. Au centre de cette photo, Mgr Georges Gauthier, qui succède, le 20 du même mois, à Mgr Paul Bruchési, au poste d’archevêque de Montréal. À sa droite, Louis-Adhémar Lapierre, fondateur de la Société des missions étrangères du Québec (1922) et premier évêque de Szepingkai, en Mandchourie.

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Les stands de l’exposition missionnaire présentent de la documentation — information et propagande — concernant les communautés missionnaires ainsi que des objets exotiques rapportés par les missionnaires canadiens-français qui, en 1930, sont actifs sur tous les continents. Y sont représentés, les pères blancs, les pères oblats, les religieuses du Sacré-Cœur, les sœurs de Sainte-Anne, les sœurs Grises de Montréal, premières missionnaires de l’Ouest canadien (1844), les sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, les frères de l’Instruction chrétienne, les sœurs du Précieux-Sang, les sœurs Franciscaines missionnaires de l’Immaculée-Conception ainsi que les sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception. L’autonomie de l’Église du Québec en matière de missions résulte des efforts conjugués de deux bâtisseurs. Délia Tétreault, qui a fondé en 1904 les sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception, est la première à réclamer l’indépendance des missionnaires du Québec dont les lieux de mission et les activités sont décidés à Rome ou ailleurs. En 1919, elle convainc l’abbé Louis-Adhémar Lapierre d’entreprendre les démarches qui aboutissent, trois ans plus tard, à la création d’une Société des missions étrangères du Québec, indépendante de celle de Paris qui recevait jusqu’alors les dons en provenance du Canada français, s’attribuant ainsi les mérites de son action et n’autorisant aucune initiative étrangère.

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À la fin de l’année 1924, soit une quinzaine d’années après qu’on y eut découvert le premier gisement d’or de l’Abitibi, des familles juives provenant pour la plupart d’Europe de l’Est et pressées de trouver un gagne-pain, s’installent à Val-d’Or. À la même époque, d’autres choisissent Rouyn. Ces petites communautés peuvent rapidement compter sur l’appui d’un rabbin et d’une synagogue. Ici, le rabbin Paul Wersberg officiant dans la synagogue de Val-d’Or, en 1948.

À l’hôpital de Sept-Îles, en 1945, des sœurs de la Charité en salle d’opération. L’une d’elles est chargée d’anesthésier une patiente.

En septembre 1950, le pasteur de l’Église baptiste évangélique Lorne T. Heron est arrêté et incarcéré sous le motif d’avoir prêché à une intersection, à Montréal.

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Fervent d’agriculture et propagandiste de la colonisation au cours des années 1930, l’abbé Maurice Proulx témoigne également de l’actualité religieuse. En 1959, pendant les cérémonies de béatification de mère Marguerite d’Youville, fondatrice de la communauté des sœurs Grises de Montréal, il tourne un film qui sera diffusé l’année suivante. On le voit ici à Rome, en xcompagnie du cardinal Paul-Émile Léger qui se dirige vers l’église canadienne de Rome.

ci -dessous

Début de vacances pour les écoliers du Jardin de l’Enfance des sœurs de l’Immaculée-Conception de Manille (Philippines), en mai 1950.

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Moines montréalais au service de malades et de démunis pendant la crise économique de 1929.

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Membres de la famille de Ludger Bérubé et de Rose-Anna Tardif, de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, photographiés en 1945. Des 21 enfants de ce couple, 7 sont entrés en religion. Deux filles, Marie-Anne et Marie-Jeanne, sont devenues religieuses. Cinq des garçons, Donat, François, Jean- Charles, Alfred et Adélard, ont porté l’habit des frères capucins, un ordre mineur de la famille des franciscains. Donat, qui reçut le nom de Camille, est décédé en 2007, à l’âge de 98 ans. Docteur en philosophie, il publia plusieurs ouvrages consacrés à la philosophie franciscaine et il a été professeur agrégé à l’Institut d’études médiévales de l’Université de Montréal, de 1947 à 1966.

ci - contre

Moines trappistes fossoyant dans le cimetière de la Trappe de Notre-Dame de Mistassini, vers 1900.

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réparateur

Un réparateur de réverbères, photographié à Montréal, en 1947.M. Bernier, réparateur de poupées, dans son atelier au 2027, avenue Metcalfe, à Montréal, vers 1940.

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Intérieur de l’atelier de réparation de Thibault Électrique, à Drummondville, vers 1950. En 1938, Jean-Louis Huard, un employé de l’entreprise, devenait célèbre pour avoir inventé un système de retransmission de signaux radio sur les bandes HF.

ci - contre

Janvier 1949, Louis Soccio, dans un atelier du service de ciné-photographie de l’Office du film du Québec, réparant un projecteur 16 mm.

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scientifique

Conrad Kirouac, mieux connu sous le nom de frère Marie-Victorin, est entré dans l’histoire à plusieurs titres, dont ceux de concepteur et de créateur du Jardin botanique de Montréal. Il a 20 ans quand, atteint de tuberculose, les médecins lui conseillent de consacrer le temps qui lui reste à contempler « les pierres, les oiseaux, les herbes ». Il s’y adonne passionnément, puis il chemine dans une insolite carrière d’homme de foi et de lettres, de bâtisseur, chercheur, collectionneur, orateur, professeur et penseur politique. Il enseigne, voyage et monte un herbier qui sert ensuite d’assises à l’Institut botanique. Il devient le premier titulaire de la chaire de botanique de la

faculté des sciences de l’éducation. Parallèlement, il parvient à manipuler les ficelles politiques, ce qui lui permet de mener à bien son projet de jardin qui est inauguré en 1937. Il publie des livres : Récits laurentiens, en 1919, et Croquis laurentiens, en 1920 et, cinq ans plus tard, une pièce de théâtre intitulée Peuple sans histoire. Ici, le frère Marie-Victorin, posant aux côtés de plantes, un pied de Phajus et, sur le tronc, une Broméliacée épiphyte, dans un ravin de la Sierra Maestra à Cuba, en 1939, pendant le deuxième des sept séjours qu’il y fit. Parmi ses contributions marquantes, il a découvert le palmier royal de Cuba, emblème de ce pays.

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sculpteur

Le sculpteur Louis Jobin posant au pied de Notre-Dame-du-Saguenay, l’œuvre qu’il exécuta en 1880 afin qu’elle puisse dominer le cap Trinité, à l’embouchure de la rivière Éternité, dans le fjord du Saguenay. Cet ouvrage, aussi surnommé « la grande Dame du Saguenay », est un ex-voto réalisé à la demande de Charles-Napoléon Robitaille, un représentant de commerce de Chicoutimi. En 1878, alors que les glaces du Saguenay se rompirent sous les pas de son cheval, il implora le secours de la Vierge, lui promettant de faire élever une statue en son honneur. « Miraculeusement » sauvé, puis inspiré par Mgr Dominique Racine, évêque de Chicoutimi, Robitaille choisit ensuite le site le plus en vue du fjord et partit à la recherche de donateurs. Sa campagne de financement ne produisant pas les résultats escomptés, il fit exposer la statue ici et là, recueillant quelques sous qui ne comblèrent pas son déficit. Louis Jobin produisit une statue en bois recouverte de plomb dont l’installation, complétée à la fin de l’été 1881, s’avéra plus complexe que prévue. Après avoir failli disparaître sous l’eau où elle tomba pendant son déchargement, la statue dut être découpée en plusieurs morceaux qui furent hissés au sommet où les ouvriers lui redonnèrent forme.

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Le sculpteur Jos-C. Morency, de Trois-Pistoles, dans l’atelier de modelage de l’École des Beaux-Arts de Québec, vers 1930.

Héritier d’une dynastie de tailleurs et de sculpteurs sur pierre, Jean-Émile Brunet choisit d’en faire un art. En 1924, alors qu’il étudie et travaille à Paris depuis peu, il réalise son premier monument d’envergure, un monument aux morts commandé par la ville de Longueuil. Pendant qu’il sculpte cette œuvre, il remporte le concours pour un ouvrage qui le rendra célèbre, le Monument à Sir Wilfrid Laurier qu’il exécute à Paris et qui sera installé devant le Parlement canadien, à Ottawa. La dernière œuvre remarquée de ce sculpteur, qui fut aussi un grand animalier, est la statue de Maurice Duplessis, érigée en 1976, devant l’Assemblée nationale, à Québec.

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Les sculpteurs Médard, André, Jean-Julien Bourgault et Léon Toussaint devant l’atelier de Médard Bourgault à Saint-Jean-Port-Joli, en 1934.

Atelier de sculpteurs sur bois dans la région de Drummondville, vers 1940. En plus des statues qui font leur renommée, ces artisans produisent pour une clientèle laïque des ornements de boiseries, corniches, escaliers et intérieurs des maisons bourgeoises.

Le sculpteur Clermont Gagnon, de Saint-Jean-Port-Joli, donnant forme à une représentation de saint Robert Bellarmin. L’œuvre, réalisée en bois de tilleul, a été installée dans l’église Saint-Robert qui fait aujourd’hui partie de la paroisse Saint-Germain.

En 1926, l’église unie Saint-James de Montréal, établie sur la rue Sainte-Catherine Ouest depuis les années 1890, manque d’argent. Pour renflouer leurs coffres, ses administrateurs autorisent la construction de magasins « temporaires » devant le parvis de l’immeuble. Ils masqueront l’église jusqu’en 2005, date de leur démolition. Ici, le sculpteur français Florent Lebon et l’une de ses gargouilles. Ce spécialiste de la restauration des cathédrales médiévales s’est joint à une importante cohorte d’artisans spécialisés qui ont refait une beauté au temple religieux.

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sellier

ci -dessus à gauche

Le sellier franco-canadien Léon Lortie devant son échoppe du 53 de la rue Rideau, à Ottawa, vers 1875.

ci -dessus à droite

Une trentaine d’années plus tard, l’atelier et magasin ouvert dans le Vieux-Montréal par son fils, Joseph-Édouard Lortie. Son propre fils Léon, détenteur d’un doctorat en sciences physiques de la Sorbonne, a enseigné la chimie et l’histoire des sciences à l’Université de Montréal, de 1927 à 1962. Au cours des cinq années suivantes, il a occupé le poste de secrétaire général de l’institution.

ci - contre

Andrée Perron, l’une des rares femmes à exercer le métier de sellier au Québec. Duracuir, son atelier de Pintendre, dans la région de Beauce-Appalaches, compte sur plusieurs fournisseurs spécialisés, dont les communautés Amish du Canada et des États-Unis. La jeune femme fabrique sur mesure des selles simples et doubles pour chevaux, chevaux miniatures, poulains et ânes. Elle conçoit des attelages pour les calèches et les carrioles de la région de Québec ainsi que pour les concours équestres, courses, sauts et défilés.

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tatoueur

M. Clément, tatoueur, dans sa boutique du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, en 1969.

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téléphoniste

La centrale téléphonique de la Compagnie de téléphone de Kamouraska, fondée en 1892 par des notables et des hommes d’affaires de Kamouraska, dont le célèbre Charles-Alfred Desjardins, dit « le Boss » de Saint-André. L’entreprise est en pleine croissance quand, en 1927, le financier rimouskois Jules-A. Brillant acquiert une entreprise concurrente, la Compagnie de téléphone nationale, qui a le pouvoir d’installer des lignes téléphoniques partout au Québec, sauf sur l’île de Montréal. Jules-A. Brillant étend rapidement ce réseau qui couvre la Gaspésie, la Beauce, ainsi que les régions de Portneuf et de la Mauricie. Son entreprise deviendra Corporation de téléphone et de pouvoir de Québec puis Corporation de téléphone de Québec, Québec Téléphone et enfin, Telus. Ici, en 1938, les téléphonistes de Kamouraska et leur superviseur. À cette époque, la compagnie de téléphone Bell détient la moitié des actions de cette entreprise.

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Équipe des téléphonistes de l’hôtel Chartier (Chartier House) de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, dans les Laurentides, vers 1945. De gauche à droite, Madeleine Chartier, Rita McCallen, Madeleine Sigouin, Marielle Ouellet-Chartier et Madeleine Giroux.

Les quatre téléphonistes de la Eastern Township Telephone, fondée par le bijoutier et horloger Carlos Skinner, de Waterloo, dans les Cantons-de-l’Est. En 1877, inspiré par un article décrivant l’invention d’Alexander Graham Bell, Skinner, aidé d’un ami, fabrique un téléphone et établit un premier lien téléphonique avec Montréal. Installé l’année suivante à Sherbrooke, il crée la People’s Telephone qui devient la E.T. Telephone, une entreprise assez populaire pour qu’elle n’ait pas à lutter contre la compagnie de téléphone Bell qui l’acheta néanmoins en 1953, 40 ans après le décès de son fondateur.

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tonnelier

En 1826, à Lachine, Thomas A. et James A. Dawes, fils du maître brasseur Thomas Dawes, créent la brasserie Dawes & Co, spécialisée dans la production d’ale et de porter, bières qui sont bientôt distribuées partout au Canada. En 1909, l’un des héritiers et descendants du fondateur réunit sous la bannière de National Breweries plusieurs brasseries indépendantes, dont les Eckers, O’Keefe et Dow, de Montréal, ainsi que les Beauport, Boswell

et Royale, de Québec. Loin d’être profitable à tous, cette coopérative com-merciale provoqua la disparition de plusieurs brasseries de moindre impor-tance. Propriétaires de trois vastes fermes où ils élevaient notamment des chevaux de course, les descendants du fondateur créèrent, en 1930, une bière devenue célébrissime, la Black Horse. Ici, tonneliers de la brasserie Dawes, dans leur atelier de Lachine, vers 1920.

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travailleur des transportsTransport de passagers

ci -dessus

Véhicules et chauffeurs de la compagnie Autobus & Taxis Ltée, de Chicoutimi, photographiés en 1934, non loin du terminus alors situé à l’angle des rues Racine et Riverin.

ci - contre

Transport d’écoliers sur les routes des Cantons de l’Est, vers 1930.

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Intérieur d’un autobus de touristes circulant dans les rues de Montréal, en août 1937. Garé à proximité de l’hôtel Windsor, en face du square Dominion, le conducteur tient un porte-voix.

Angle de la rue de Bleury et de l’avenue du Président-Kennedy, vers 1980. Un conducteur d’autobus à l’emploi de la Société de transport de Montréal complète un rapport avant de ramener chez eux les spectateurs du Festival international de jazz de Montréal.

Autobus de la compagnie G.P., du nom de Georges Paquet, premier propriétaire d’autobus à Buckingham, dans la région de l’Outaouais, vers 1920.

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Taxi

Traîneau de location et son conducteur, en attente de passagers au square Victoria, à Montréal vers 1885.

Avant d’offrir ses services de taxi à la population de La Pocatière, Noël Caron, que l’on voit ici vers 1920, avait été charretier.

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Transport de marchandises

Traîneau de livraison devant l’épicerie G. A. Brunet, à Amos, vers 1925.

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Rue Saint-Jean, à Québec, en 1937. Fourgonnettes de livraison à l’enseigne de la maison fondée au siècle précédent par le photographe Jules-Isaïe Livernois.

ci -dessus à droite

La laiterie Elmhurst Dairy est fondée vers 1910, par Thomas Anderson Trenholme, sur la ferme ancestrale de la famille Hurtubise, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. Ici, en 1942, une voiture de livraison devant la laiterie ouverte par l’entreprise au 7460, chemin Upper-Lachine (aujourd’hui rue Saint-Jacques), à Montréal.

ci - contre

En 1955, Antoine Maurais, propriétaire du magasin général Maurais, de La Pocatière, effectue encore lui-même la livraison, à bord d’une voiture surnommée « L’express ».

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Fourgonnette et employés de la société de distribution de tabac J.-P. Laberge, dans le Vieux-Montréal, vers 1930.

ci - contre

Fourgonnettes et chauffeurs de la Teinturerie Sainte-Anne, à Sainte-Anne-de-La-Pocatière, en 1951.

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Camion de livraison et employés de la brasserie Dawes, de Lachine, après la création de la bière Black Horse, en 1930.

ci - contre

Représentant des chocolats Laura Secord. Fondée à Toronto en 1913, l’entreprise se taille rapidement une place dans le marché des chocolats fins et de la confiserie en général où elle affronte de puissants rivaux américains. Adoptée au Québec, Laura Secord est une réfé-rence en matière de chocolat jusqu’au milieu des années 1970, alors que des artisans chocolatiers imposent progressivement des normes que l’industrie peine à reproduire. Au mois de février 2010, la confiserie a été achetée par la chocolaterie Nutriart, de Québec.

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Garage

Raoul Leduc, forgeron, mécanicien et pompiste à Chénéville, dans la région de l’Outaouais, vers 1940.

Jimmy Darou, propriétaire de la station-service Cheerio, avenue Westminster, à Montréal-Ouest, en 1940, en compagnie des pompistes à son emploi.

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Entretien d’une voiture dans la cour du garage Watkins, à Drummondville, vers 1930.

ci - contre

Le poste d’essence construit en 1939, à Dubuis-son en Abitibi, par Christian Saucier, qui lui donna la forme d’un petit d’avion. Ici, Philippe Bourque et Louis Morency posant devant cette attraction locale.

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Train

ci -dessus , à gauche

Vers 1905, à l’embranchement de La Tuque de la Compagnie du chemin de fer de Québec et du Lac Saint-Jean. Des ouvriers procèdent au nivellement du sol qui vient d’être dynamité et creusé à la main.

ci -dessus , à droite

Aménagement de la voie ferrée du chemin de fer reliant Sept-Îles à Schefferville, en 1952.

ci - contre

Ouvriers posant les rails servant au transport des gravats lors du creusage du tunnel du chemin de fer reliant Sept-Îles à Schefferville, en 1951.

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Ouvriers construisant la voie ferrée du Canadien National, à Rouyn-Noranda, en 1926-1927.

ci - contre

En 1907, le Quebec Central Railway atteint Saint-Georges-de-Beauce pour la première fois. Ici, le conducteur de la locomotive en compagnie des employés de la gare. Le territoire que cet immeuble domine prendra le nom de Saint-Georges-Station.

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Conducteur de train et personnel de service, de la compagnie du Canadien Pacifique, lors de l’arrivée à Sherbrooke du roi George VI et de la reine Elizabeth, en 1939.

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Tramway

Alfred Graham à bord du tramway Maple Avenue 201, de la Quebec Railway, Light and Power Co. Le véhicule faisait une pause sur la Grande-Allée, à Québec, en 1898.

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Le tramway 529 et son conducteur, longeant un trottoir de la rue Notre-Dame, à Montréal, en 1906.

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typographe

En 1945, riche d’un diplôme de la section arts graphiques de l’École technique de Montréal, Gérard Messier devient typographe au journal La Presse, à Montréal. La linotype sera son instrument de travail jusqu’en 1970. À cette époque, les journalistes dactylographiaient leurs articles sur papier. Ce texte était reproduit sur le clavier de la linotype. Chaque frappe aspirait en quelque sorte le plomb en fusion pour créer soit des caractères d’imprimerie isolés, soit des lignes complètes qui, une fois refroidies, étaient assemblées à la main pour former une page de livre ou de journal. Après 1970, La Presse modernise sa production. Les linotypes sont retirées du rez-de-chaussée de la rue Saint-Antoine et remplacées par des ordinateurs. Avec elles disparaissent les typographes qui sont remplacés par des employés de bureau. Ici, le 5 juillet 1960, Gérard Messier décrivant son travail à des étudiants de l’École technique de Montréal.

ci - contre

Typographes dans l’atelier de montage du journal Le Samedi, à Montréal, en février 1939.

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Vivre pour manger

Au tournant du xxe siècle, alors qu’il est devenu évident que le lait maternel, le lait concentré et le lait de vache peuvent jouer un rôle crucial dans la réduction de la mortalité infantile, on constate que le lait est, paradoxalement, l’un des vecteurs des maladies qui emportent les nourrissons. En 1907, le docteur J.-E. Dubé, médecin à l’Hôtel-Dieu de Montréal, publie, dans l’Union médicale du Canada, l’historique d’une traite qui aurait été prélevée un lundi matin, à Vaudreuil, en Montérégie. Le lait est versé dans des bidons dont la propreté est incertaine. Le lait de la traite du soir y est ajouté et les bidons fermés. Qu’on soit en hiver ou en pleine canicule, le lait attend jusqu’au lendemain alors qu’il est transporté à la gare. Vingt-quatre heures ont passé… Rares sont ceux qui y recourent, mais les principes de la réfrigération étant connus, certains agriculteurs immergent les bidons dans l’eau d’un puits ou dans un bassin d’eau à peine fraîche. À la gare, le lait attend le train, presque toujours en plein soleil. Dans l’exemple du docteur Dubé, il est transporté à Montréal où il est déchargé sur le quai. Cette fois, le lait attend le laitier. Le lendemain, soit 48 heures après la traite, le lait est distribué aux clients. Mais il arrive que 72 heures soient nécessaires ! Quant à la distribution, elle se déroule ainsi : le laitier verse du lait dans des bouteilles ou dans des pots laissés sur les balcons ou dans des escaliers. Tout y nage, y compris d’invisibles microbes. Ici, un fermier d’Ascot, dans les Cantons-de-l’Est, vers 1930.

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Visite de jeunes agriculteurs de Saint-Constant à la ferme Joubert à Laval-des-Rapides, sur l’île Jésus, en 1944. La laiterie montréalaise J.-J. Joubert a été la première à abandonner la coutume de verser le lait dans les contenants laissés par ses clients devant la porte de leur maison. Dès 1884, la laiterie de Montréal et de l’île Jésus livrait son lait dans une bouteille de verre stérilisée, créée par un médecin montréalais. Quelques années plus tard, l’entreprise innova encore en mettant au point un bouchon qui, vissé à la bouteille, prévenait la contamination de son produit au cours du transport.

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e terroir québécois a été découvert et exploité par les colons français établis en Nouvelle-France aux xviie et xviiie siècles. De très nombreux

documents témoignent de leur émerveillement devant une nature peut-être sauvage et brute, mais riche en produits nouveaux et abondants.

L’ancien paysan français, qui avait été soumis aux lois du servage, jouit en Nouvelle-France d’une liberté et de perspectives d’avenir impensables dans la mère patrie. Pour l’ordi-naire de sa table, il trouve, à portée de main, une infinie variété de poissons d’eau salée et d’eau douce. En hiver comme en été, il pêche l’anguille, le saumon, la truite, le brochet, le doré... La chasse est réglementée, mais le gibier est si abondant que les animaux se jettent littéra-lement dans ses pièges et filets de chasse. Il consomme davantage de viandes que ne le fait le Français de la même époque. Elles sont fumées, salées ou séchées. Au quotidien, les viandes sont bouillies ou braisées. Les temps de cuisson importent peu, puisqu’elles mijotent près du feu à longueur de journée.

L’enfant boit du lait frais, l’adulte le mange caillé, avec un peu de sucre du pays ou de cassonade. S’il y a assez de caillé, il est égoutté et traité en fromage. Généralement, il y a du pain sur la table, des volailles, des œufs, du porc ainsi que des poissons, conservés en saumure, ou fumés selon les méthodes amérindiennes. Au dessert, le Canadien se contente de fruits sauvages et cultivés. Le vin d’Espagne et de Bordeaux est importé, comme le riz, les fruits confits et les fruits secs. Les femmes boivent des eaux aromatisées aux petits fruits et les hommes quelques « liqueurs fortes », dont le rhum des Antilles françaises. Le sucre de canne, la cassonade, la mélasse proviennent aussi des îles. Au xviiie siècle, le sucre d’érable est devenu une denrée courante et des fermiers produisent des fromages qui sont vendus sur les places de marché.

Ce portrait mérite quelques nuances. La colonie n’est pas entièrement autosuffisante. Une partie des provisions de bouche provient souvent de France. Quand la farine manque parce que les blés n’ont pas donné ou que les récoltes ont été infestées, la Nouvelle-France subit de graves disettes et parfois de longues

L

Uldéric, Robert et Georges Grisé distribuant les pintes de lait affichant leur marque, en 1938, à Drummondville.

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périodes de famine. Malgré l’horreur qu’ils en ont, les habitants ont parfois mangé des bourgeons et des légumes-racines dont la fameuse pomme de terre que, malgré les ordonnances, ils refusent de cultiver. Ils organisent des manifestations publiques pour protester contre l’obligation d’abattre et de manger les chevaux dont ils sont si fiers.

En 1760, un siècle et demi après sa création, la petite colonie passe sous domination anglaise. La défaite s’explique, en partie, par la longueur de cette guerre et par la disette qui dure depuis 1755. Pendant cette période, les denrées expédiées par la France ne sont pas toujours parvenues jusqu’à Québec et, dans la colonie, les cultivateurs ont été forcés de remplacer la bêche par le fusil. Devenus miliciens, ils ont délaissé les travaux de ferme et leur terre a, par conséquent, cessé de produire. La défaite, puis la cession définitive de la colonie à l’Angleterre, en 1764, révèlent des sentiments ambigus chez les Canadiens d’alors. Elle est, en tout cas, une délivrance pour une partie du peuple qui peut retourner à ses affaires plutôt que de vivoter et de se battre.

Les Anglais s’installent dans les villes de Québec et de Montréal. Les relations avec la France sont interrompues ; plus rien n’est directement importé de la mère patrie. L’Angleterre prend la relève et, comme le Français l’avait fait auparavant, l’Anglais cherche à trouver sur sa table ce qu’il appréciait chez lui. Ce faisant, il influence le goût des Canadiens. À la fin du xviiie siècle, la vallée du Saint-Laurent est devenue trop étroite pour sa population qui, en se multipliant et ne pouvant plus continuer dans la voie de la subdivision des terres ancestrales, s’éloigne du fleuve pour pénétrer les régions périphériques et éloignées. C’est le début de la colonisation des régions encore inexploitées, une aventure qui va se prolonger jusqu’au milieu du xxe siècle.

Où qu’ils aillent, ces pionniers auront toujours besoin de lait, de pain et de beurre. Z

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Transport de seaux remplis de lait entre l’étable et la laiterie, en 1948. La première école de laiterie au Québec a ouvert ses portes à Sainte-Marie-de-Beauce, en 1882. Comme toutes celles qui suivront, à Louiseville, à Laterrière et à Saint-Hyacinthe, elle voudra d’abord inculquer des principes d’hygiène dans l’entretien des étables, la traite des vaches, le traitement et le transport du lait du producteur jusqu’au consommateur.

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La Voie lactée

On dit que les navigateurs d’autrefois transportaient des couples de lapins qu’ils abandonnaient sur les terres et les îles qu’ils croisaient. C’était un geste posé en faveur des naufragés qui y échoueraient peut-être et qui survivraient grâce à ce gibier redevenu sauvage. Les explorateurs du Nouveau Monde étaient aussi chargés d’établir des postes temporaires ou permanents et de nourrir ceux qui les accompagnaient. Une vingtaine de vaches auraient voyagé avec Jacques Cartier en 1541. On ne sait pas quel sort leur a été réservé, mais il est probable qu’après avoir fourni du lait, elles aient été mangées.

Les troupeaux qui arrivent vers 1608 sont destinés au petit groupe des fondateurs de Québec qui les exigent. Génisses, vaches et taureaux ne sont pas promis à l’abat-tage, mais bien à la reproduction et, dans le cas des vaches, à la production laitière. Leur apport à la survie de la colonie est déjà si important qu’un des premiers gestes des frères Kirke qui vont s’emparer de Québec en 1629 consiste à détruire le cheptel que Samuel de Champlain a rassemblé à la ferme du Cap Tourmente.

De retour à Québec en 1633, les Français transportent d’autres bêtes à cornes. Les bœufs labourent, les vaches produisent du lait ; ensemble, ils fournissent le fumier dont on « engraisse » les terres. S’instaure alors une cou-tume qui a ses racines dans la Vieille France : louer une vache, seul moyen pour ceux qui n’en possèdent pas de se procurer du lait, de la crème et du beurre.

Ces produits sont si importants dans l’alimentation quotidienne que des parents, qui par un acte de donation se défont de leurs biens au profit de leurs enfants, ont

exigé qu’une vache soit mise à leur disposition jusqu’à la fin de leurs jours. Il s’agit ni plus ni moins de ce que cer-tains contrats appellent « une vache immortelle », expres-sion qui oblige les héritiers à remplacer une vache blessée, malade ou tarie, par une vache jeune, en bonne santé, capable de vêler chaque année.

Pendant près de trois siècles, le Québec est une vaste ferme où le soin des vaches, la traite et la transformation du lait sont des activités partagées par les femmes. À elles la séparation du lait de la crème ; sa transformation en caillé, en beurre et, plus rarement, en fromage. L’augmen-tation de la population et l’urbanisation entraînent une augmentation de la production laitière, la création de lai-teries artisanales, l’embauche d’ouvriers et la création de systèmes de distribution.

La laiterie Auguste Doyon, à Saint-Joseph-de-Beauce, vers 1950.

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Fermier transvidant le lait de la traite dans des bidons réservés au transport du lait. Ici, des chiffons servent de filtres. En 1943, à l’épo-que où cette photo a été prise, le cultivateur peut consommer le lait de sa ferme, mais il ne peut pas le commercialiser, celui-ci devant d’abord être pasteurisé dans une laiterie agréée et distribué par des entreprises spécialisées.

Mise en bouteille du lait à l’usine d’embouteillage de la compagnie J.-J. Joubert de la rue Saint-André, à Montréal, en 1951.

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Ce qu’on a reproché au lait, on l’a reproché au beurre. Les règlements imposés pour l’application de règles d’hygiène dans la production artisanale et industrielle du lait lui ont beaucoup profité. La fraîcheur du lait utilisé dans le barat-tage a eu raison du goût et de l’odeur rances souvent reprochés au beurre artisanal. Salé, il a gagné en durée de conservation. Aliment sacré au Québec, il a rapidement remplacé l’économique gras de porc, la graisse de rôti, obtenue après cuisson des parties grasses du cochon. Ainsi, peu avant la crise économique de 1929, la plupart des citadins et des villageois qui « graissaient » leur pain avaient commencé à le beurrer. Malgré la crise, le beurre est si populaire qu’on en manque. En 1930, le Canada signe un accord commercial avec la Nouvelle-Zélande qui s’en-gage à acheter du papier fabriqué au Québec et des auto-mobiles assemblées en Ontario. En contrepartie, le Canada doit favoriser l’entrée du beurre de Nouvelle-Zélande. La question du beurre devient un enjeu politique.

Pour affronter la concurrence, les beurreries québécoises sont forcées de réduire leurs prix, de sorte que la livre de beurre qui coûtait 45 cents n’en coûtait plus que 28. En 1948, malgré l’importation de millions de livres de ce produit, le Canada continuait d’en manquer et le prix de la livre de beurre dépassait les 75 cents. Au printemps, les défenseurs de la margarine entrèrent en campagne au nom du Canadien « pauvre » qui réclamait le droit de tartiner son pain avec ce succédané. Au Québec, on avait vu du « beurre artificiel » dans quelques

marchés publics. Des contrebandiers en avaient distribué au cours de la Seconde Guerre mondiale. Maurice Duplessis, premier ministre du Québec, régla la question, affirmant du même coup la « différence » du Québec : il n’y aura pas de margarine au Québec. En 1948, une loi sanctionne cet avis qui sera confirmé en 1953. Légalisée en 1961, la margarine sera, jusqu’en juillet 2008, handicapée par la couleur blanche qui la différenciait du beurre.

Parce que du beurre, c’est du beurre !

Famille de l’Île-aux-Coudres réunie à l’extérieur de la maison avec la baratte à beurre artisanale. Observée par sa fille, la mère tient une motte de beurre représentant la quantité de beurre qui aurait été obtenue en une seule opération de barattage. La tâche est généralement réservée aux femmes. Contrairement à ce que le photographe a voulu montrer, elles travaillent à l’intérieur de la laiterie, à l’abri des moustiques et des intempéries.

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Émile Chevalier, beurrier de la société coopérative agricole de Louiseville en 1948, pendant la campagne populaire en faveur de la libéralisation de la vente de marga-rine au Canada. Cette coopérative est née, 10 ans plus tôt, du désir des agriculteurs de recevoir une portion équitable des bénéfices issus de la vente de leurs produits. Photo de droite  : devant la baratte commer-ciale, Émile Chevalier utilise un moule traditionnel en pin, pour former une livre de beurre.

Les beurriers Josaphat Thérien père et fils, dans leur beurrerie de Sainte-Germaine, aujourd’hui Lac Etchemin, vers 1930. Le père pose dans le laboratoire de l’établissement pendant que son fils est debout près d’une baratte où la crème fournie par les agriculteurs locaux est transformée. Mille huit cents livres de crème donnent 1 450 livres de beurre en moins de 60 minutes. Celui-ci est ensuite réparti dans des boîtes de 56 livres. Les boîtes de beurre sont placées dans une chambre froide pendant la nuit pour le refroidissement. Le lendemain, le bloc de beurre est divisé en blocs d’une livre et emballé sous l’étiquette « La Coopérative agricole de Sainte-Germaine ». Les analyses effectuées dans le petit laboratoire visent, entre autres, à mesurer la densité de la crème.

Famille du beurrier Josaphat Thérien, père. De gauche à droite dans la première rangée : Jeanne d’Arc Thérien, Josaphat Thérien, Marie-Paule Thérien et le petit Daniel, petit-fils de l’aïeul. Dans la deuxième rangée : Josaphat Thérien fils et sa femme, Aimée-Rose. Régina Casavant-Thérien se tient derrière son mari, à côté de leur fille Marie-Anne et de Gilles Lefebvre, son mari. À l’extrême droite : Rita Thérien-Grégoire. Sont absentes, Béatrice et Marie-Ange Thérien-Jacques.

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La saveur des fromages fabriqués au Québec sous le régime français s’est perdue, mais aujourd’hui encore on évoque le modèle d’entre tous, le fromage de Saint-Pierre de l’île d’Orléans. En visite en Nouvelle-France, en 1749, le botaniste suédois Pehr Kalm rédige un journal de voyage dans lequel il consacre quelques lignes à ce fromage : « On fait du fromage en maints endroits, souligne-t-il, mais celui de l’île d’Orléans est regardé comme le meilleur. Petit, mince, rond de forme et de quatre à la livre de France, il se vend trente sous la douzaine […]. » En 1965, Gérard Aubin est le dernier fromager de l’île à détenir le secret de sa fabrication. Des règlements plus sévères l’obligent à interrompre la fabrication de son fromage. En 2004, après des années d’études, Jocelyn Labbé et Diane Marcoux lançaient une fromagerie consacrée au fromage unique de l’île d’Orléans.

Si Pehr Kalm peut dire que l’on fabrique plusieurs fromages au Canada, on est bien en peine de les identifier. On sait que les Français en ont transporté et reproduit quelques-uns, dont le gruyère. Sous le régime anglais, les fromages dont on parle sont les cheddars importés et ceux que l’on fabrique, d’abord dans les Cantons-de-l’Est, puis dans la plupart des régions où la production laitière a pris de l’importance. Au tournant du xxe siècle, le Canada, mais surtout le Québec et l’Ontario, figuraient parmi les principaux fournisseurs de ce fromage en Angleterre.

Au xxe siècle, entre les deux guerres mondiales, le Québec est la cible de campagnes promotionnelles suisses, françaises et hollandaises qui visent à populariser plusieurs fromages dont le gruyère, le roquefort et l’edam. La guerre de 1939-1945 suspend les importations et stimule la créativité de producteurs laitiers qui se découvrent une vocation de fromagers, une activité encouragée depuis toujours par l’École laitière provinciale de Saint-Hyacinthe ainsi que par le gouvernement. L’un des succès les plus durables de cette période est l’inauguration, en avril 1943, de la fromagerie des bénédictins de Saint-Benoît-du-Lac où débuta la fabrication de l’Ermite, un fromage de type roquefort, mais fabriqué avec du lait de vache.

Fromage à la française…

En 1865, un an après la fondation de la coopérative fromagère ontarienne Pioneer, première à fabriquer un cheddar canadien, Dunham, dans les Cantons-de-l’Est, accueille la première fabrique de cheddar du Québec. Ici, une fromagerie, à Perryboro, à l’est de Coaticook, à la fin du xixe siècle.

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Peu après leur arrivée au Québec, les moines de l’abbaye cistercienne d’Oka fabriquent un fromage de type gruyère. En juillet 1893, 12 ans après la création de leur ferme, sur les hauteurs du lac des Deux-Montagnes, les moines lancent un deuxième fromage. Inspiré du Port-Salut, c’est une création du frère Alphonse Juin qu’on a fait venir d’un monastère du Kentucky où il vivait. Ce fromage prend le nom du village d’Oka. Un an plus tard, la fromagerie ne suffisant pas à répondre à l’extravagante demande des consommateurs, le frère Juin écrit : « Tout le monde demande mon fromage ! Que vais-je faire ? Il ne m’en reste presque plus dans les caves ! »

Au début des années 1930, La Malbaie possède une richesse exclusive, une fromagerie où l’on produit un fromage de type gruyère. L’abbé Jean Bergeron, promoteur de l’agriculture et de la colonisation, évoque le souvenir de cette fromagerie. « La belle industrie de fromage Gruyère de la Malbaie ? Il eût été intéressant de faire l’autopsie de son cadavre, comme il serait intéressant de connaître l’influence occulte qui a empêché l’industrie du sucre d’érable de naître avant aujourd’hui. » Ici, les employés de la fromagerie où l’on produisait le gruyère de La Malbaie, vers 1930.

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Marius Lamontagne, à la célèbre fromagerie d’Albert Perron de Saint-Prime, au lac Saint-Jean, effectuant un test d’acidité, en 1970, année où le célèbre cheddar remportait le titre de meilleur fromage au monde dans sa catégorie, lors de l’International Dairy Show tenu à Londres.

Les Français Adrien Clément, Marie-Louise Guillot et leur fils Roger, originaires de la Touraine, s’établissent au Québec vers 1910. Huit ans plus tard, alors qu’ils vivent à Beloeil Station (aujourd’hui Saint-Mathieu-de-Beloeil), Marie-Louise, qui est alors domestique dans une famille du village, reproduit le camembert de sa province d’origine. Deux ans plus tard, son fils Roger A. le commercialise sous l’appellation « Madame Clément ». Populaire et recherché, au début des années 1940, sa distribution était confiée à la compagnie Kraft du Canada.

Étudiants et professeurs de l’École de laiterie provinciale de Saint-Hyacinthe, en 1953.

ci - contre Chambre à maturation du fromage Cheddar à Saint-Hyacinthe, vers 1942.

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Vers le pain blanc

Depuis que l’homme a découvert le blé ou les grains dont il a pu tirer une farine, la délayer et produire du pain, cet aliment est vénéré. Le pain des débuts est une bouillie s’il est cru, une galette s’il est cuit. Il faudra du temps, beau-coup de temps avant de le voir gonfler, lever sous l’action des levures. Le pain de blé froment, celui des pionniers de l’Amérique du Nord, n’est pas blanc car en France, la « farine fleur », la farine obtenue au premier broyage du grain, est réservée à l’élite. Il est normal que les pauvres rêvent d’un pain blanc et qu’ils méprisent spontanément les pains d’épeautre, d’avoine, de seigle, d’orge ou de millet. Leur pain blanc est gris. Ils y trouvent du sable provenant des pierres et de la meule, mais il s’agit tout de même d’une denrée précieuse. On crée, pour le pain, ces armoires qui ferment à clé. On boulange une fois par semaine et on le mange plus souvent rassis que frais, car il est à la base de la soupe-repas : un morceau de pain déposé au fond d’un bol, sur lequel on verse le bouillon, un liquide contenant de pauvres herbes, en période de famine, ou de la viande et des légumes quand les temps sont cléments.

Au xxe siècle, on y arrive enfin, le pain est blanc. Victime de l’appétit des meuneries nationales qui sur-blanchissent la farine, le pain n’est guère mieux traité par les boulangeries. Pressées d’imiter les Pom et les Weston, les petites boulangeries participent innocemment au nivellement du goût du pain, de sorte qu’au moins une génération de Québécois n’a connu que le pain industriel. Autrement dit, un adolescent né en ville à l’ère de la livraison du pain à domicile pouvait n’avoir rien goûté

d’autre qu’un pain tranché étouffé dans un sac de cellu-lose. Un produit fade, mou et collant dont on sacrifiait les croûtes sans verser de larmes.

Il était pourtant bien parti, le pain. Aliment de base, il était vénéré à l’égal du blé. Les prophètes, qu’ils aient parlé à travers le Coran, la Torah ou la Bible, l’ont placé au cœur des prières et ils ont livré un enseignement qui l’a élevé au rang des nourritures sacrées. Aujourd’hui encore, en pays chrétien, le boulanger réclame la bénédiction du Ciel et il conjure le mauvais sort en traçant une croix sur les miches. Même s’il est entouré d’une symbolique empruntée à la magie, on redécouvre que la main de l’homme lui est toujours essentielle.

Meunerie de la Cookshire Flour Mill Company.

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Au xixe siècle, la modernisation de la navigation et la création du chemin de fer, conjugués à l’industrialisation et à l’ouverture des marchés internationaux provoquent une hausse de production du grain et de la farine. Leur circulation brise le cycle des années de famine. Ici, dans le port de Montréal, préparation d’un chargement de farine, en 1917.

ci - contre

La boulangerie de l’Hôtel-Dieu de Québec, en 1942.

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W. Courchesne, cuisinier et boulanger au barrage La Loutre, qui a été construit en 1916 et 1917, à la source de la rivière Saint-Maurice.

Laurent Martin et ses trois fils, dans la boulangerie ultramoderne de Black Lake, vers 1940.

Le boulanger du lac des Polonais (Lac D’Argent), M. Paul Guénette, qui faisait du pain pour les travailleurs, à Sainte-Anne-du-Lac, entre 1944 et 1955.

Cuisinier préparant le pain au chantier Bernard, sur la rivière Cascapédia, en Gaspésie, en 1958.

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L’apprenti boulanger George Weston a 18 ans quand, en 1882, il achète un petit réseau de distribution de pain, puis un autre. À son décès, en 1924, l’industrie de pains et biscuits est encore modeste, mais son fils W. Garfield Weston est en selle pour en faire l’une des plus importantes au monde. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il brasse des affaires au Royaume-Uni, ses mandataires font l’acquisition d’une ancienne usine de guerre de Longueuil, en Montérégie. En 1949, la George Weston Limitée inaugure Interbake qui produit bientôt jusqu’à 2 000 pains à l’heure. Une dizaine d’années plus tard, le nom Weston est synonyme de pain blanc dans les régions de Montréal, des Laurentides, de la Mauricie et de l’Outaouais.

Emballage du pain à la boulangerie Vanier, sur le boulevard des Laurentides, à Pont-Viau, sur l’île Jésus, en 1962.

Intérieur de la boulangerie Poulin et Bourque, à Saint-Prosper, en 1960. Tout le monde a droit au pain blanc. Les grandes meuneries approvisionnent les boulangeries en farine blanche, puis blanchie, puis surblanchie. Elles fournissent aux boulangers qui ne veulent plus s’épuiser à leurs tâches nocturnes, des modes d’emploi simplifiés, adaptés à la mécanisation progressive du pétrissage.

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Être riche, en ce pays, c’était posséder son cochon, sa vache et avoir de quoi s’offrir du bœuf de temps en temps. On aimait posséder son mouton, surtout pour la laine. On élevait les poules pour les œufs, gagne-pain des femmes et on mangeait rarement du poulet, car mieux valait laisser pondre les jeunes poulettes. De nombreux récits évoquent la place du bétail dans la vie quotidienne, un rôle qui a son importance. Au xviie siècle, à la ville ou à la campagne, tout le monde possédait un cochon. Il vivait tranquille autour de la maison, se nourrissant d’épluchures et des restes, s’il y en avait. Quiconque possédait un porc avait l’assurance d’avoir le gigot et l’échine, trophées des ripailles du temps des fêtes. Seuls les gens à l’aise possédaient des bêtes à cornes. C’est qu’il faut nourrir et loger ces gros animaux, c’est-à-dire posséder une terre et des bâtiments pour les abriter et conserver les fourrages.

Quand une personne voulait illustrer la profondeur de son dénuement, elle faisait comme François Girard, de Chambord, au lac Saint-Jean, qui écrivait à propos de ses premières années comme colon dans cette région : « On a été des années qu’on mangeait de la soupe aux pois pas de viande dedans. » Hyppolite Lessard, qui vivait à Saint-Gédéon vers 1875, décrivait les temps durs en ces termes : « Dans l’hiver, papa et maman avaient été se

promener à La Malbaie ; leur cheval s’était estropié, ils avaient eu l’heur d’en revenir. Au printemps, on avait perdu une vache. Dans l’avant-midi, maman avait tond les moutons et en finissant d’en tondre un il était tombé mort. Maman dit : “C’est toujours bien terrible d’être si malchanceux. Je sais pas, à c’t’heure si la misère est finie…” Et cet après-midi-là, notre camp a brûlé. On était bien, ce printemps-là, on avait de la viande et de quoi manger : tout a été brûlé. »

Transport de carcasses de porc jusqu’au marché, à Québec, vers 1885.

Boucherie & charcuterie

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Marché de viande dans une gare de Montréal, en 1895. À remarquer, le wagon réfrigéré portant la marque Swift, une compagnie fondée une vingtaine d’années plus tôt à Chicago et spécialisée dans la distribution de viande fraîche.

Intérieur de la boucherie et charcuterie G.-A. Légaré, à Sherbrooke, en 1912. Des saucissons à la bolognaise et des jambons sont suspendus à des crochets à la température de la pièce.

Les clients du boucher L. L. Leslie, de Sherbrooke, sont priés de ne pas manipuler la viande et de payer leurs achats rubis sur l’ongle.

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Découpage de carcasses de bœuf dans un entrepôt réfrigéré à Montréal, vers 1930.

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L’enseigne de la boucherie de J. Bruneau, à l’angle des rues Jurés et Hermine, à Montréal, énumère, en anglais, quelques-uns des produits carnés les plus en vogue dans cette ville, vers 1905.

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Delphis Gignac, boucher, Rolland Dubreuil et un cheval « fleuri », à l’occasion de Pâques, vers 1930.

Juillet 1951. Traitement des carcasses de porc à l’entrepôt frigorifique que la Canada Packers de Montréal a occupé dans le Vieux-Montréal, de 1937 à 1980. L’entreprise, qui a été créée à Toronto, en 1927, par la fusion de deux abattoirs, a été absorbée par la compagnie Maple Leaf en 1991.

Le professeur Jean-Pierre Branchaud et deux élèves du cours de boucherie de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, photographiés en 1969, un an après la fondation de l’établissement d’enseignement.

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Ponts et chaussées

Munis de pics et de pelles, ouvriers affectés à la construction de la route Saint-Roch, en Mauricie, vers 1940.

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En 1937-1938, pendant les travaux de prolongement de la route 117 qui perce le parc de La Vérendrye en reliant la région de Montréal et les Laurentides à l’Abitibi-Témiscamingue.

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u printemps de l’année 1683, Marguerite Bourgeoys, qui a un compte à régler avec l’évêque de Québec, Mgr François de Montmorency de Laval,

chausse ses raquettes et quitte Montréal pour se rendre à Québec. Elle a 63 ans ! L’anecdote en dit long sur l’intrépidité de la pionnière ainsi

que sur les problèmes de transport entre la capitale de la colonie, les postes de Trois-Rivières, de Montréal et les seigneuries créées de part et d’autre du Saint-Laurent. Aucun pont n’a encore été jeté au-dessus du fleuve Saint-Laurent. Il faudra donc attendre l’invention du chemin de fer et l’inauguration du pont ferroviaire Victoria par trois locomotives auxquelles sont accrochés des wagons chargés de pierre, le 15 décembre 1859, pour qu’un premier lien tangible unisse les deux rives du Saint-Laurent.

Une quinzaine d’années avant le périple de la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame, un premier grand voyer avait été nommé pour réali-gner des routes, construire et réparer des ponts le long du chemin du roi, entre Québec et Montréal. On voudra bientôt rendre carrossables tous les chemins du roi, nom donné aux routes principales qui traversent les seigneuries. On en trouve à Lévis et à Rivière-du-Loup, ainsi que dans les parties concédées sur l’île de Montréal, qu’un chemin du roi divise en deux, à la hauteur de la rue Jarry actuelle.

Le grand voyer et ses successeurs n’ont jamais été populaires. Ne disposant pas de budget pour payer les ouvriers, le grand voyer procédait par corvées obligatoires visant les garçons et les hommes riverains d’une route à participer aux travaux. Avant tout, l’habitant devait céder les bandes de terre nécessaires à l’élargissement du chemin. Il démontait les clôtures qu’il devait ensuite reconstruire. Le réalignement du chemin pouvait débuter. L’opération, imposée par la nécessité de circuler de paroisse en paroisse, de halte en halte, consistait à souder les uns aux autres les bouts de chemin tracés sur le devant de toutes les terres « ayant front » sur le chemin du roi. Non seulement force-t-on le Canadien à donner de son temps à un ouvrage qui ne lui

A

Entretien des chemins. Employé de la municipalité de Stanstead et la charrette à citerne utilisée pour mouiller les chemins de campagne les jours de canicule.

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rapporte pas, mais il doit fournir gratuitement les matériaux et renoncer à percevoir les droits de passage qu’il imposait aux voyageurs ou aux voisins, quand ceux-ci devaient traverser ses clôtures ou passer sur le pont qu’il avait jeté au-dessus de son ruisseau. Tout ça pour quoi ? Pour avoir le privilège de voir de parfaits étrangers passer devant chez lui ! Non, mais ! Ceux qui ne se prêtaient pas à ces travaux forcés étaient mis à l’amende.

En 1730, malgré les ordonnances à répétition, rien ou presque n’avait bougé. La nomination de Jean-Eustache Lanouiller de Boisclerc au poste de grand voyer de la Nouvelle-France débloque les travaux. Sept ans plus tard, le chemin du roi qui relie Québec à Montréal est censé être terminé, mais il faut quatre ou cinq jours pour se rendre d’une ville à l’autre. Pour Lanouiller, ce chemin serait praticable pour les voitures « s’il y avait des bacs sur les rivières de La Prairie, de Trois-Rivières et de Batiscan, parce qu’on peut faire et construire des ponts sur les autres rivières, la plupart étant guéables et en ayant construit sur celles de Portneuf et de la Chevrotière et devant en faire construire un sur la rivière Champlain ».

Travaux de soutènement d’une route tracée à flanc de montagne, dans la région de Québec, en 1944.

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Les grands voyers disparaissent en 1832. Ils sont remplacés par des « commissaires de chemins » affectés à des districts précis. À cette époque, la question des chemins et des ponts est plus cruciale que jamais. La population a augmenté et elle s’est répandue dans des régions que l’absence de voies de communication isole. La Beauce, les Bois-Francs, les Cantons-de-l’Est sont particulièrement touchés, comme le Saguenay le sera, le parlement du Canada-Uni crée un bureau des travaux publics doté d’un budget devant permettre la « construction des ponts sur les grandes rivières qui se trouvent entre Québec et Montréal, et dont le passage en certaines saisons est très dangereux et accompagné quelquefois de la perte de la vie des voyageurs ». Deux ans plus tard, ce problème particulier était réglé. À l’heure de multiplier les ponts, creuser des égouts, canaliser les ruisseaux, paver les chemins, le cultivateur pouvait revenir à ses champs et laisser à d’autres le soin d’expérimenter de nouveaux métiers. Z

Chemin de terre tracé dans les Laurentides et pont de bois pendant une débâcle, vers 1945.

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Construction d’un viaduc de l’autoroute des Laurentides ou autoroute 15, vers 1960. Les travaux ont débuté deux ans plus tôt. En 1964, l’autoroute atteint Sainte-Adèle. Elle aura raison du train du Nord du curé Antoine Labelle que les villégiateurs délaisseront en faveur de l’automobile.

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Aménagement de la route, à l’entrée du village de Saint-Prosper, en Beauce, et construction de trottoirs, au début de l’automne 1960.

ci - contre

Concasseur à vapeur de la compagnie Paquin-Lemay utilisé dans l’épierrage des rues de Rouyn, peu après la fondation de la future capitale du cuivre, en 1926. Le véhicule, tiré par deux « teams de chevaux » forts, est photographié rue Gamble, devant l’hôtel Nickle Range.

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Delphis Gignac, de la Compagnie des tramways de Montréal, et un chargement d’asphalte, vers 1937.

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Préparation du cadre de trottoirs, avant le coulage du ciment, sur la rue Brochu, à Sept-Îles, sur la Côte-Nord, en mai 1954. Travaux d’asphaltage au Sault-au-Récollet, aujourd’hui Ahuntsic, à Montréal, vers 1930.

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L’aménagement du Jardin botanique de Montréal a débuté, en 1932, par la destruction des terrains de rugby et de football ainsi que des bâtisses de l’ancien parc Maisonneuve, situé rue Sherbrooke Est. Suspendus après quelques mois pour défaut de financement, les travaux reprennent le 26 mai 1935. Télesphore-Damien Bouchard, ministre des Affaires municipales, annonce que le gouvernement du Québec s’apprête à « mettre à la disposition de la Commission du Jardin botanique plusieurs centaines de chômeurs qui pourraient être divisés, par exemple, en deux équipes de 300 chacune ». Ce secteur de la ville n’étant desservi par aucun transporteur public, c’est à pied que, le 27 août 1937, 25 000 personnes viennent assister à l’inauguration officielle du jardin qui est ouvert gratuitement aux visiteurs. L’enthousiasme de la foule fait dire au frère Marie-Victorin : « On calomnie le peuple quand on dit qu’il n’aime pas les belles choses et les choses utiles. » Ici, creusement des voies d’accès au Jardin botanique, en 1936.

ci -dessous

Aménagement d’une promenade le long du fleuve Saint-Laurent, à Lachine, en juin 1938. On distingue, en arrière-plan, le navire Imperial et le nouveau pont Mercier.

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Curieux et ouvriers observant un scaphandrier à la sortie d’eau Delorimier, au pied de la rue Notre-Dame, entre l’ancienne prison du Pied-du-Courant Sainte-Marie et la brasserie Molson, à Montréal. Les premiers travaux d’aque-duc au pays et peut-être en Amérique du Nord ont été financés par l’inten-dant Jean Talon et par l’Hôtel-Dieu de Québec. En 1672, mère Juchereau de Saint-Ignace, la supérieure de l’institution, écrit à propos des travaux : « Nous fîmes faire des pierreries [canalisations] jusqu’à plus de trente arpents de chez nous et on conduisit l’eau des sources dans des canaux fermés de plomb ou de bois jusqu’ici : ce qui réussit fort bien, de sorte que, par le moyen de ces canaux et de quelques robinets, nous avions des fontaines très commodes dans plusieurs endroits de l’hôpital. Il y en avait une dans les lieux des hommes et une autre dans ceux des femmes pour rincer les bassins ; une dans la salle des hommes pour laver les mains, une dans le jambage de la cheminée de la salle des femmes, qui servait au même usage et qui coulait en toutes saisons – quand on voulait, elle était chaude en hiver – une autre dans la cave et enfin une dans la buanderie. »

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Premiers assauts d’employés de la voirie dans la partie la plus ancienne de la municipalité de Sainte-Rose, sur l’île Jésus, pour y construire un système d’égout public. Ce n’est qu’une des premières blessures subies par le boulevard Sainte-Rose et d’autres grandes et petites voies publiques au Québec. L’élargissement des routes pour les adapter à la circulation automobile aura raison de belles rangées d’arbres ainsi que de jardins fleuris.

ci -dessous

Construit par Pascal Persillier Lachapelle en 1848, le premier pont jeté au-dessus de la Rivière-des-Prairies relie Cartierville, sur l’île de Montréal, à Saint-Martin, aujourd’hui Chomedey, sur l’île Jésus. L’Abord-à-Plouffe a été nommé d’après l’un des premiers passeurs à avoir assuré la liaison entre les deux îles. Une quarantaine d’an-nées plus tard, ce pont de bois est remplacé par un pont d’acier et, en 1929-1930, on construit un deuxième pont d’acier, moderne et à trois voies pour convenir à la circulation automobile. Nommé pont Persillier-Lachapelle puis Legault, il porte officiellement le nom de pont Cartierville.

Le service de passeurs appelé Traverse à Sigouin est créé en 1838 pour relier le Sault-au-Récollet (île Jésus) à Saint-Vincent-de-Paul (île de Montréal). Il est si lucratif que deux ans plus tard, ses concurrents construisent le pont Persillier-Lachapelle à plusieurs kilomètres de là. Ici, passagers au quai de Saint-Vincent-de-Paul.

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Ouvriers du pont Victoria, travaillant 7 mètres sous l’eau du fleuve, à l’intérieur du batardeau numéro 11, en 1859. Le batardeau est une construc-tion permettant d’assécher ou d’isoler un chantier pour effectuer des tra-vaux qui ne pourraient être réalisés autrement.

ci -dessous

Construction d’un ouvrage au-dessus des chutes de la Famine, sur la rivière Famine, à Saint-Benjamin de Beauce, en 1927.

Ouvriers du pont Pambrun à Chénéville, dans l’Outaouais, vers 1910. Les ponts de bois étaient souvent teints ou peints en rouge. L’usage de cette couleur s’est généralisé dans plusieurs régions au Québec. Certains prétendent qu’une peinture de couleur rouge était gratuitement fournie par les gouvernements subventionnaires. D’autres affirment, sans plus de preuve, que le bois des ponts recevait une couche de sang de bœuf, un traitement autrefois appliqué aux meubles de fabrication artisanale. Quelle que soit la provenance de sa couleur, le pont de Chénéville a été surnommé « pont Rouge », comme tant d’autres constructions du genre au Québec.

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De 1892 à 1899, des ouvriers creusent à la main le canal de Soulanges qui mesure 23 kilomètres et demi de longueur pour une profondeur de près de 3 mètres. L’ouvrage doit permettre aux navires d’éviter les rapides que l’on rencontre dans les lacs Saint-François et Saint-Louis, sur le fleuve Saint-Laurent, en aval de Montréal. Le canal était déjà désuet quand l’ouverture de la Voie maritime du Saint-Laurent, en 1959, a mis un terme à ses activités. Ici, construction des fondations du déversoir et du pont-route, à la section 13 du canal.

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Début des travaux de construction du pont Honoré-Mercier ou « pont de Caughnawaga », reliant Montréal à Kanawahke, sur la rive-sud de Montréal. Les travaux ont débuté en novembre 1932, et le pont a été inauguré le 22 juin 1934. Ici, démolition de la maison située sur l’emplacement du pilier numéro 1, à La Salle, sur la rive nord du fleuve. À droite des ruines de la maison, des employés de A. Janin Construction procèdent au sondage du sol où s’élèvera ce pilier. Après le pont Victoria, le pont de Québec et le pont Jacques-Cartier, le pont Mercier est le quatrième à avoir été jeté au-dessus du Saint-Laurent. Il est surtout le premier à avoir été entièrement réalisé par des ingénieurs canadiens-français diplômés de l’École Polytechnique de Montréal. Malgré leurs protestations, ceux-ci avaient été systématiquement écartés des projets antérieurs en raison, prétendait-on, de l’insurpassable compétence des ingénieurs américains et britanniques. Les ingénieurs du pont Honoré-Mercier s’appelaient J.-A. Beauchemin, Paul Brodeur, J.-A. Brunet, Robert Guay, Gérard Lacasse, Henri Lavoie, Olivier Lefebvre, Armand Léger, Charles Tremblay, Yvan Vallée et François Valiquette.

ci - contre

En 1960, une entente fédérale-provinciale établit que la construction de l’autoroute transcanadienne comprendra une section québécoise. Deux ans plus tard, il est clair que la traversée du Saint-Laurent s’accomplira grâce à un pont-tunnel creusé sous le lit du fleuve, entre l’île de Montréal et la rive-sud. Les travaux vont durer de juillet 1963 jusqu’au printemps 1967. Ici, construction des caissons qui abriteront les ouvriers pendant la construction du pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, en 1965.

Incluant ses approches, le pont Honoré-Mercier, nommé en souvenir d’un ancien premier ministre du Québec, mesure près de 1 400 mètres. Ici, un contremaître ou un ingénieur ainsi que quelques ouvriers à l’intérieur de la chambre de travail construite sous l’eau du fleuve et alimentée par une pression d’air de 162 livres.

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Chambre de travail du caisson numéro 3, montrant le commencement des opérations de creusage de l’emplacement où sont posées les fondations d’un des piliers du pont Mercier, le 10 janvier 1933.

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En 1832, Montréal devient « port d’entrée » sur l’intérieur du Canada, titre qu’elle arrache à la ville de Québec, en même temps que les services d’inspection des marchandises et de la douane. Le lit du fleuve présente des variations de niveau qu’il faut uniformiser. Les premiers travaux de dragage du fleuve sont exécutés à la herse, vers 1840. L’instrument n’est efficace que dans les sols sablonneux et argileux et encore ne sert-il qu’à niveler les fonds. En 1850, après avoir été autorisés à creuser un chenal continu entre le lac Saint-Pierre et Montréal, les commissaires du port recourent à des méthodes de dragage qui s’apparentent à celles que l’on connaît aujourd’hui. La profondeur du chenal passe d’une dizaine de pieds à une vingtaine, puis à une trentaine de pieds. Deux ans après le début de ces travaux, Montréal célèbre dans la liesse l’un des événements qui symbolisent le mieux les ambitions commerciales d’une généra-tion d’hommes d’affaires : l’entrée du Genova dans le port de Montréal. C’est le début du service naval régulier entre Montréal, Liverpool et certaines villes d’Europe. En peu de temps, le port de Montréal devient l’un des plus importants et des plus fréquentés d’Amérique. Ici, des ouvriers draguant le Saint-Laurent à la hauteur de Sorel, vers 1900. La construction de la centrale hydroélectrique de la Chute-Hemmings,

qui débute en 1920, est à l’origine de l’essor économique de Drummondville, dans les Bois-Francs. Ici, le barrage, en 1925.

En 1917, construction du réservoir Gouin, réser-voir de tête érigé sur le bassin de la rivière Saint-Maurice, par la Shawinigan Water & Power. En 1944, le réseau était achevé, comprenant huit centrales et neuf réservoirs qui régularisaient le débit d’une dizaine de cours d’eau et produisaient l’électricité.

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À la fin du xixe siècle, la preuve est faite : l’électricité n’est pas une mode, mais bien le moteur du dévelop-pement industriel et un élément qui transformera le quotidien de tout le monde. On se prend à rêver de tâches qui seraient exécutées par des machines et à un quotidien où l’éclairage ne dépendrait plus d’huile à lampe. Dans la course à l’électricité qui débute vraiment après 1860, Montréal ainsi que les régions qui dépendent de l’industrie forestière, soit la Côte-Nord, la Mauricie, l’Outaouais et le Saguenay–Lac-Saint-Jean, sont en tête de peloton. Ici, en juillet 1907, le barrage de Saint-Féréol, sur la rivière Sainte-Anne.

ci - contre

Intérieur du tunnel du barrage Belding, à Coaticook, pendant et après sa construction, en 1926 et 1927, alors que plusieurs municipalités procèdent à la municipalisation des petites centrales d’électricité construites et exploitées par des particuliers ou de petites entreprises. De gauche à droite (sur la photo de droite), les conseillers municipaux A. Bouchard et D. Moyle, le directeur de la Belding Corticelli Ltd J. F. Meade ainsi qu’un travailleur anonyme.

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Quand le bâtiment va

Menuisier posant avec un marteau, l’outil qui l’identifie à son métier, vers 1920.

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L’immeuble d’appartements de prestige Le Château est construit à Montréal en 1925, dans le Mille Carré Doré. Situé rue Sherbrooke, dans un périmètre où l’hôtel Ritz-Carlton et le musée des Beaux-Arts de Montréal sont déjà les fleurons, il compte 136 appartements. Queques années plus tard, le quartier accueillera le magaszin de mode Holt & Renfrew.

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ien n’est plus simple que de pouvoir vivre dans une maison ou dans un logement déjà construits. En Nouvelle-France, la tâche d’ériger les bâtiments privés et publics reposait, comme dans plusieurs autres

secteurs, sur des « maîtres ». Ces hommes possédaient une maîtrise leur conférant le droit exclusif d’exercer un métier et d’en transmettre

les secrets. Les parents consciencieux plaçaient leurs enfants dans cette école de la vie. L’apprentissage pouvait débuter dès l’âge de six ans, mais l’initiation aux métiers exigeant force et endurance débutait plus tard. Un acte notarié officialisait cet engagement réciproque car, si les parents de l’enfant s’engageaient en son nom à ce qu’il travaille pour le maître, celui-ci promettait de le former jusqu’à la parfaite maîtrise de son art. Il disposait généralement de six années pour transmettre son savoir à l’enfant qui, après avoir accompli les tâches d’apprenti, passait au statut de compagnon, puis à celui de maître. Une fois ce niveau atteint, l’élève pouvait travailler avec une égale compétence ou, encore, succéder à son formateur. Apprendre valait cher, l’enfant payait ces études par son labeur, son assiduité et son zèle. En 1664, devant les difficultés de recrutement d’hommes de métiers, un règlement est adopté en France pour reconnaître le statut de maître à quiconque « avait exercé leur art et métier dans l’Amérique pendant dix années ». L’apprentissage demeurait, mais un bon ouvrier pouvait être formé sur un chantier jusqu’à ce que sa compétence soit reconnue. C’est la formule qui prévaut aujourd’hui dans l’industrie de la construction.

Dans l’échelle des salaires, certains métiers étaient et sont encore plus lucratifs que d’autres. Les métiers liés à la guerre et à la terre, ceux de laboureur, de simple soldat ou de scieur, sont les moins bien payés. Les travailleurs grâce auxquels on peut s’abriter, se vêtir, se nourrir et disposer d’outils pour travailler gagnent un peu plus. On s’élève dans la hiérarchie économique quand on exerce un métier essentiel à la survie collective. Le chirurgien n’était pas de ceux-là, mais le matelot et le canonnier l’étaient ! C’est au milieu des années 1950 seulement que les ouvriers de la construction ont commencé à toucher des salaires qui reflétaient l’im-portance de leur rôle. Leur salaire est alors passé de un à deux dollars l’heure ! Z

R

Le 30 octobre 1894, Sir J.-Adolphe Chapleau, lieutenant- gouverneur du Québec, signe la proclamation faisant du premier lundi de septembre une « fête légale non juridique » au Québec. L’année suivante, la plupart des associations ouvrières participent en grande pompe au premier défilé de la fête du travail dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, à Québec. Ici, des membres de l’Union des ferblantiers plombiers dans un char allégorique.

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En 1869, l’Irlandais Timothy Eaton ouvre un premier magasin à rayons à Toronto. En mars 1925, Robert Young Eaton, son neveu, prend le virage de l’expansion en ouvrant une succursale dans la métropole du Canada. Il acquiert, pour la somme colossale de 5 294 525 dollars, le magasin Goodwin, un immeuble de trois étages de la rue Sainte-Catherine Ouest, à Montréal. Les travaux d’agrandissement prennent fin le 13 août suivant. Eaton ouvre ses portes avec 200 employés qui vont gérer une foule considérable et appliquer un rabais général sur toute la marchandise. Fait nouveau, le marchandage, le barguignage, n’a pas cours dans ce magasin. Par conséquent, tout y est vendu « argent comptant » et « à prix fixe ». De plus, toutes les marchandises portent une garantie générale : « satisfaction garantie ou argent remis », du jamais vu dans le commerce de détail. Des difficultés financières ont entraîné la vente du magasin Eaton qui a fermé ses portes en 1999. Ici, ouvriers creusant les fondations du nouveau magasin T. Eaton, à Montréal, en 1925.

En 1942, la ville de Montréal souligne le 300e anniversaire de sa fondation en créant un projet résidentiel familial appelé « Cité-Jardin du Tricentenaire, 1642-1942 ». Situé loin du centre de la ville, dans l’actuel quartier Rosemont-Petite-Patrie, l’ensemble, aussi nommé Parc Cité-Jardin, propose aux acheteurs une structure communautaire de style paroissial comprenant notamment une école, une chapelle, une caisse populaire, une coopérative alimentaire, des aires de jeu pour les enfants, des sentiers et une profusion d’arbres aux essences variées. L’ensemble s’inspirait de projets similaires réalisés en Angleterre et en Europe depuis le début du xxe siècle et relancés après la Seconde Guerre mondiale dans le but de décongestionner les agglomérations urbaines et de procurer des logements aux familles, tout en structurant de nouvelles banlieues. Ici, construction des fondations des maisons, en 1942.

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En 1913, le promoteur immobilier Ucal-Henri Dandurand fait construire un immeuble de dix étages à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Denis. Cette tour à bureaux, la première à avoir été complétée à Montréal, est située en face de la quincaillerie Omer DeSerres, à un jet de pierre du siège social du journal La Patrie et de la future université de Montréal.

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Enfin la charpente. Corvée pour la construction de la grange de Lauréat Gaulin, oncle de Jean-Marie Gaulin, à Mont-Brun en Abitibi, en 1943. L’appel à l’entraide s’inscrit dans la tradition inaugurée au xviie siècle, quand les hommes vivant sur un territoire donné, seigneurie, rang ou village, se rassemblaient pour construire, à tour de rôle, la maison et les bâtiments des uns et des autres.

ci - contre

Corvée familiale organisée au début des années 1970 pour refaire le toit de la maison de Thomas Quirion, cultivateur de Saint-Cœur-de-Marie, aujourd’hui Adstock, près de Thetford Mines. De gauche à droite : François Grandbois, ouvrier de la Paterson Roofing Material, manufacture de produits pour toitures de Montréal, Maurice Quirion, buandier à l’hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu, Marc Garneau, étudiant âgé de 13 ans, Gérard Garneau, serveur au manoir Hébert, à Thetford Mines, Thomas Quirion, le bénéficiaire de la corvée, et Michel Quirion, ouvrier de la Power Battery, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Corvée de parents et d’amis réunis pour construire la nouvelle grange de Jean-Marie Gaulin, fils de François Gaulin, habitant du rang Hudon, à Mont-Brun, en 1989.

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Maçons élevant les murs de pierre de l’aile Saint-Joseph du collège de Sainte-Anne à La Pocatière, en novembre 1901.

ci - contre

En 1935, un groupe d’hommes et de femmes quittent la région de Joliette pour aller vivre dans le canton de Rémigny, au Témiscamingue. Cette partie du plan Vautrin prend forme sur une presqu’île où ils fondent la paroisse Saint-Urbain de Rémigny. Ici, en 1942, les murs de l’église dédiée à saint Urbain construite en pierres des champs de 1941 à 1949.

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L’implantation de la Dominion Textile à Magog, 15 ans après la fondation de cette ville, confirme une vocation industrielle axée sur l’industrie textile depuis les années 1890. Dès cette époque, on constate le retour de familles ouvrières qui quittaient leur emploi dans les manufactures de Manchester et d’ailleurs, aux États-Unis, pour se faire embaucher à la « Dominion » de Magog. La vocation touristique de Magog s’est dessinée au début du xixe siècle, quand le site de la future municipalité située à l’extrémité nord du très beau lac Memphrémagog est découvert par les villégiateurs montréalais. Magog s’est ensuite trouvé au cœur d’un axe de transport ferroviaire reliant le Vermont et le Québec et d’une route de transport par diligence, reliant Sherbrooke et Montréal. Ici, construction de l’usine de la Dominion Textile, en 1927.

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En 1934, le fortuné baron Louis Empain, d’origine belge et légataire d’une fortune évaluée à près d’un demi-milliard de dollars actuels, visite le Québec pour la première fois. L’année suivante, visiblement épris de Sainte-Marguerite du-Lac-Masson, dans les Laurentides, il y achète plus de 15 000 acres de terre. Louis Empain est à l’origine du domaine de l’Estérel dont l’architecture qui se démarque de l’image traditionnelle des Laurentides est, en partie, le fruit de la collaboration de deux de ses compatriotes, les architectes Antoine Courtens, de Bruxelles, célèbre pour sa contribution à l’art déco et Louis Nicolas, de Montréal. Ici, journalier transportant des gravats pendant la construction du manoir de la Pointe Bleue, sur la rive du lac Masson, en novembre 1936.

Les travaux de finition exigent la contribution de spécialistes. Ici, revêtement extérieur en stuc de l’une des maisons de la Cité-Jardin à Montréal, en 1943.

Maçons à l’œuvre à Cartierville, vers 1950.

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Peintres travaillant à la réfection de l’église Saint-Pascal de Kamouraska, en 1950.

ci-dessous à gauche

Polissage d’un plancher en pierre, par des employés de la Smith Granite Company, à Montréal, en 1908.

ci-dessous à droite

Gilles Tremblay et Jacques Vincent, apprentis électriciens à l’École des arts et métiers de Maisonneuve, rue Hochelaga à Montréal, en 1949.

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Plombiers réparant un radiateur, en 1909. Joseph Michaud et ses confrères, peintres en bâtiments, photographiés dans la région du Bas-Saint-Laurent, en 1935.

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Ouvriers et patron de la manufacture de portes et de châssis George Matthew, dans les Cantons-de-l’Est, en 1910.

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On déménage avec la maison ! Scène de rue, à Cartierville, sur l’île de Montréal, vers 1950.

Jusque vers la fin des années 1980, la coutume des déménagements était bien implantée à Québec et à Montréal où les locataires étaient plus nombreux que les propriétaires. La tâche de déplacer leurs maigres biens est générale-ment effectuée par les locataires eux-mêmes. En 1866, le code civil avait fixé au 1er mai la date d’échéance des baux résidentiels. Les problèmes suscités par l’intégration des élèves dans de nouvelles classes, à un mois de la fin de l’année scolaire, ont abouti, en 1974, à l’adoption d’une nouvelle loi par l’Assemblée nationale. Effective l’année suivante, cette législation abrogeait l’obligation de se soumettre à ces dates et, par conséquent, de déménager à date fixe. La coutume s’est rapidement instaurée de profiter d’un jour férié, notamment celui de la fête du Canada, le 1er juillet, pour transporter ses pénates d’un lieu vers un autre.

On laisse la maison derrière ! En ce 30 avril 1938, veille du grand dérangement des ménages québécois, des déménageurs conduisent leur chargement sous la pluie, le long du boulevard La Salle, à Verdun, dans l’île de Montréal.

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Crédits photographiques

Archives institutionnellesArchives de l’Oratoire Saint-Joseph-du-Mont-Royal (Montréal) : p. 169h.

Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne (La Pocatière) : p. 17bd ; p. 44h et p. 200 (Collection Imprimerie Fortin ; photo : Arthur Gendreau) ; p. 83 ; p. 96hd ; p. 107bg ; p. 152 (photo : Arthur Gendreau) ; p. 171g ; p. 190b (photo : Corporation touristique du Kamouraska) ; p. 258h ; p. 278hg ; p. 297bd ; p. 301h ; p. 317b ; p. 319b ; p. 320b (photo : Raymond Boutet) ; p. 377h.

Archives de la Société d’histoire Héritage Sutton (Sutton) : p. 234.

Archives des Éditions Fides (Montréal) : p. 113bg.

Bibliothèque et Archives Canada (Ottawa) : p. 130d (photo : Office national du film du Canada. Photothèque).

Bibliothèque et Archives nationales du Québec • Centre d’archives de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec (Rouyn-Noranda) : p. 129bd ; p. 130g ; p. 133hg / Fonds Canadien National : p. 87b ; p. 282b ; p. 325h / Fonds Euclide Blais : p. 69h ; p. 291hg / Fonds xstata Cuivre Canada. Fonderie Horne. Série Vavasour & Dick : p. 64h ; p. 265 ; p. 359b.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec • Centre d’archives de l’Estrie (Sherbrooke) : p. 71 ; p. 72 ; p. 73 ; p. 75h ; p. 181 ; p. 182 ; p. 348bg.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec • Centre d’archives de l’Outaouais (Gatineau) [Photos : Centre régional d’archives de l’Outaouais] : p. 115bg / Collection André Joyce : p. 215b / Collection Comité des Fêtes de Chénéville : p. 322g ; p. 364hd / Fonds Aimé Guertin : p. 281b / Fonds Richard Ritchie : p. 178h / Fonds Rodolphe Léger : p. 215h ; p. 284hd ; p. 316b.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec • Centre d’archives de la Côte-Nord (Sept-Îles) : Fonds Groupe d’Action et de Développement économique et culturel de la Basse-Côte-Nord : p. 195b ; p. 289d / Fonds Société historique de Havre-Saint-Pierre : p. 166g ; p. 289g ; p. 290hg ; p. 300h.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec • Centre d’archives de la Mauricie et du Centre-du-Québec (Trois-Rivières) : Fonds Henri Sauvageau : p. 162b.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec • Direction du Centre d’archives de Montréal : Collection Charles Robert William Gordonsmith : p. 326 (photo : Canadian Newsphoto Service Reg’d) / Collection Famille Massue : p. 301b (photo : Cap Bros.) / Collection Lionel Audet-

Lapointe : p. 16b / Collection Pont Mercier : p. 366g, p. 366hd, p. 367 (photos : Associated Screen News Ltd) / Fonds Camillien Houde : p. 61h / Fonds Charles Goulet : p. 140bg / Fonds Claude-Henri Grignon : p. 113d (photo : Roger Bédard) ; p. 275 / Fonds Conrad Poirier : p. 24h ; p. 64b ; p. 98 ; p. 101 ; p. 105b ; p. 107hg ; p. 106 ; p. 110 ; p. 113hg ; p. 120hg ; p. 121 ; p. 123bg ; p. 142b ; p. 153hg ; p. 157d ; p. 160d ; p. 161h ; p. 178b ; p. 188h ; p. 202 ; p. 204d ; p. 207 ; p. 211hg ; p. 225hd ; p. 228b ; p. 229b (photo : Maurice Laniel enr.) ; p. 229hg ; p. 229hd ; p. 231 ; p. 233bg ; p. 244bg ; p. 253h ; p. 253bg ; p. 253bd ; p. 266bd ; p. 267 ; p. 268g ; p. 278bg ; p. 284hg ; p. 285b ; p. 288b ; p. 291d ; p. 292 ; p. 295 ; p. 297h ; p. 304g ; p. 304d ; p. 316hg ; p. 319hd ; p. 322d ; p. 329b ; p. 361b ; p. 374hd ; p. 374bd ; p. 379hd ; p. 380bd ; p. 383bd / Fonds Famille Bourassa : p. 244hd ; p. 287 (photo : Notman & Son) / Fonds Famille Landry : p. 131bg / Fonds Hector Drolet : p. 84h ; p. 321b / Fonds Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine : p. 24b (photo : Office du film du Québec/Henri Rémillard) ; p. 34b (photo : Jean Pratte) ; p. 35 (photo : Joseph Morin) ; p. 44b (photo : Office provincial de publicité/Claude Décarie) ; p. 96bg ; p. 96hg (photo : Joseph Guibord) ; p. 104h et p. 104b (photos : Office provincial de publicité/Claude Décarie) ; p. 111hd (photo : Office provincial de publicité/Paul Girard) ; p. 117hg ; p. 120d

* Pour les pages comportant plus d’une photo, nous utilisons les abréviations suivantes : h (haut), c (centre), b (bas), g (gauche), d (droite).** Tous les efforts ont été faits pour rechercher les ayants droit des photos contenues dans cet ouvrage. Malgré tout, certains ayants droit n’ont pu être identifiés ou rejoints. Ils sont invités à communiquer avec l’éditeur.

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(photo : Jean Pratte) ; p. 122 (photo : Gabor Szilasi) ; p. 136g et p. 145bd (photos : Jacques Desjardins) ; p. 145bg (photo : Claude Décarie) ; p. 154d ; p. 154g (photo : Joseph Guibord) ; p. 155b (photo : Claude Décarie) ; p. 188b (photo : Henri Rémillard) ; p. 195h ; p. 232g ; p. 233hg (photo : JA. P.) ; p. 232d (photo : Adrien Hubert) ; p. 230b (photo : Paul Girard) ; p. 261d (photo : Albert Courtemanche) ; p. 279hg ; p. 293b (photo : Joseph Guibord) ; p. 294d (photo : Gabor Szilasi) ; p. 305b (photo : Paul Girard) ; p. 332 et p. 337hd (photos : Claude Décarie) ; p. 342hg (photo : Claude Gosselin) ; p. 342bd ; p. 346b ; p. 351b, p. 357g et p. 357d (photos : Claude Décarie) ; p. 358 (photo : Gabor Szilasi) ; p. 366bd (photo : Gilles Richard) / Fonds William Murray : p. 268d.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec • Direction du Centre d’archives de Québec : Collection Centre d’archives de Québec : p. 39h (photo : L. P. Vallée, Québec) ; p. 53 ; p. 56h (photo : Elite, T. E. Stanton, Los Angeles) ; p. 159g et 159d (photos : Office du film du Québec) ; p. 225g ; p. 297bg / Collection initiale : p. 16h ; p. 61bg (photo : Edgar Gariépy Photographie Artistique & Industrielle, Montréal) ; p. 112b ; p. 114 ; p. 175 (photo : Albert Dumas) ; p. 179hg ; p. 179hd ; p. 180h ; p. 180b (photo : A. R. Roy) ; p. 298 ; p. 299 ; p. 307 / Collection Nelson Cazeils : p. 23 / Fonds Famille Taché : p. 108 / Fonds Félix-Gabriel Marchand : p. 117bd (photo : J. E. Livernois) / Fonds Fred C. Würtele : p. 42h ; p. 42bg ; p. 172h ; p. 244hg ; p. 245h (photo : J. E. Livernois) ; p. 369h / Fonds Jules-Ernest Livernois : p. 14g ; p. 19b ; p. 38 ; p. 42bd ; p. 269hg ; p. 269hd ; p. 303b ; p. 319hg / Fonds Les Sœurs de la Charité de Québec : p. 100 et p. 296 (photos : Sœur Marie-de-l’Eucharistie [Elmina Lefebvre]) ; p. 283 (photo : A. R. Roy) / Fonds Lida Moser : p. 102 / Fonds Ministère de l’Environnement et de la Faune : p. 199h ; p. 290bg ; p. 345bg ; p. 368hd / Fonds Ministère de la Culture,

des Communications et de la Condition féminine : p. 10 (photo : Docteur Labrie) ; p. 13 et p. 14d (photos : J. W. Michaud) ; p. 15bg (photo : Roland Fournier) ; p. 22bg (photo : E. L. Désilets) ; p. 28 (photo : H. Paul) ; p. 31 (photo : Benoît Brouillette) ; p. 32g (photo : Neuville Bazin) ; p. 33 (photo : C. E. Clinton) ; p. 34h (photo : Vadim Dimitrovicht Vladykov) ; p. 78 (photo : François Fleury) ; p. 92hg (photo : Herménégilde Lavoie) ; p. 92hd (photo : Paul Carpentier) ; p. 92b (photo : Neuville Bazin) ; p. 93hg (photo : Omer Beaudoin) ; p. 93hd (photo : Donat-C. Noiseux) ; p. 93b (photo : Omer Beaudoin) ; p. 95bc (photo : François Fleury) ; p. 105g (photo : Herménégilde Lavoie) ; p. 109hg (photo : Georges Côté) ; p. 109d (photo : C. H. Leblanc) ; p. 111b (photo : Raymond Audet) ; p. 116g (photo : Arthur Boucher) ; p. 133d et p. 135hd (photos : J. W. Michaud) ; p. 137 (photo : Omer Beaudoin) ; p. 138h (photo : Paul Carpentier) ; p. 143b (photo : Neuville Bazin) ; p. 163b (photo : Paul Carpentier) ; p. 186h (photo : E. Lafrance) ; p. 186b (photo : Jean-Pierre Faguy) ; p. 187 (photo : Herménégilde Lavoie) ; p. 196g (photo : Roger Gosselin) ; p. 196c (photo : Léon Saint-Amand) ; p. 239g (photo : Maurice Hébert) ; p. 254 (photo : E. L. Désilets) ; p. 288hd (photo : Herménégilde Lavoie) ; p. 293hg (photo : Omer Beaudoin) ; p. 293hd (photo : Neuville Bazin) ; p. 334 (photo : Omer Beaudoin) ; p. 337hg (photo : H. Paul) ; p. 338 (photo : Herménégilde Lavoie) ; p. 339hg et p. 339hd (photos : Omer Beaudoin) ; p. 342bg (photo : Paul Carpentier) ; p. 352 (photo : Herménégilde Lavoie) ; p. 356 (photo : Arthur Boucher) ; p. 377b (photo : Donat-C. Noiseux) / Fonds Ministère des Terres et Forêts : p. 11, p. 22hg et p. 115hg (photos : Compagnie Aérienne Franco-Canadienne, Montréal) / Fonds Paul-Émile Duplain : p. 119b ; p. 162h / Fonds Philippe Gingras : p. 18h ; p. 141 ; p. 276b ; p. 327 ; p. 373.

Centre d’archives de la région de Thetford (Thetford Mines) : p. 16h (ca 1915 ; Fonds Alfred Lloyd Penhale ; Don du Musée minéralogique et minier de Thetford Mines).

Centre de ressources pour l’étude des Cantons de l’Est (Sherbrooke) : p. 15d ; p. 40 ; p. 47 ; p. 60 ; p. 68h ; p. 68b ; p. 70h ; p. 70b ; p. 90hg ; p. 105hd ; p. 135hg ; p. 170h ; p. 170b ; p. 214b ; p. 216h ; p. 313h ; p. 315b ; p. 340 ; p. 343 ; p. 355 ; p. 382.

Fonds Henri Tranquille (Université de Sherbrooke) : p. 206d.

Getty Images : p. 150d (© Ralph Gatti) ; p. 176h (© Kurt Hutton) ; p. 176b (© Boyer/Roger-Viollet) ; p. 210hd (© John Olson/Time Life Pictures) ; p. 216b (© Mansell/Time Life Pictures) ; p. 217hd (© Topical Press Agency) ; p. 300bg (© Yale Joel/Time Life Pictures).

Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec : p. 351d (photo : Office du film du Québec).

iStockphoto : p. 9 (© Richard Goerg) ; p. 27 (© William Mahar) ; p. 49 (© Christian Pound) ; p. 77 ; p. 99 (© Luis Albuquerque) ; p. 331 (© RTimages) ; p. 353 (©Stefan Klein) ; p. 371 (© Steve Carroll).

Journal La Presse (Montréal) : p. 201h ; p. 206g (Fonds Henri Tranquille, Université de Sherbrooke ; photo : Pierre McCann, Journal La Presse).

Journal Le Soleil (Québec) : p. 136d (photo : Jean-Marie Villeneuve).

Kerr-McGee Corp. : p. 57cd.

Maison du Granit (Lac-Drolet) : p. 224b.

Municipalité de Sainte-Anne-du-Lac : p. 345bd.

Musée Beaulne (Coaticook) : p.251 ; p. 369bg ; p. 369bd.

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Musée canadien des civilisations (Gatineau) : p. 129hg / Fonds Édouard Zotique Massicotte : p. 81 ; p. 90hd ; p. 96bd / Fonds J. C. Audet : p. 309hg / Fonds Marius Barbeau : p. 139 ; p. 156d ; p. 194 ; p. 239d ; p. 256hg ; p. 256b ; p. 257h ; p. 257b ; p. 262 ; p. 264hd ; p. 330.

Musée de la Gaspésie (Gaspé) : p. 29 (Collection du Centre d’archives de la Gaspésie ; photo : Gérard Lacombe) ; p. 117hd (Collection du Centre d’archives de la Gaspésie ; Fonds Charles-Eugène Bernard) ; p. 196d (Collection Ildège Des Landes) ; p. 248h (Dossier «Un peuple de la mer») ; p. 248b (Fonds Pierre Côté) ; p. 250b (Fonds Phare de Pointe-à-la-Renommée) ; p. 255bg, p. 255bd, p. 256hd et p. 345h (Fonds Charles-Eugène Bernard).

Musée des Sciences et de la Technologie du Canada (Ottawa) : Collection du Canadien National : p. 17bg ; p. 341b.

Musée du Bas-Saint-Laurent (Rivière-du-Loup ; www.mbsl.qc.ca) : p. 45b (ca 1920 ; Fonds Aline Cloutier ; NAC c273) ; p. 46h (1947 ; Fonds Chamberland-Breton ; Studio Proulx ; NAC cb322) ; p. 111hg (1920 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m02066) ; p. 120b (ca 1920 ; Fonds Aline Cloutier ; NAC c271) ; p. 142hg (Fonds Belle-Lavoie ; NAC bl0932) ; p. 169bd (1939 ; Fonds Marie-Alice Dumont ; NAC d2707) ; p. 198b (1936 ; Fonds Marie-Alice Dumont ; NAC d2236) ; p. 217hg (1915 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m07070) ; p. 237hg (1913 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m10044) ; p. 269b (1918 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m04030) ; p. 272g (1951 ; Fonds Marie-Alice Dumont ; NAC d5523) ; p. 272d (1911 ; Fonds J-Adélard Boucher ; NAC m09026) ; p. 277b (1910 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m09026) ; p. 280d (1909 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m02044) ; p. 281g et p. 281d (1916 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m07051 et m10013) ; p. 286hd (1926 ; Fonds Paul-Émile Martin ; NAC m10004) ; p. 303h (1945 ; Fonds Marie-

Alice Dumont ; NAC d8335) ; p. 312 (1938 ; Fonds Belle-Lavoie ; NAC b10856) ; p. 348bd (Fonds Belle-Lavoie ; NAC b10948) ; p. 380h (1950 ; Fonds Jean-Paul Martineau ; NAC jm00406a) ; p. 381d (1941 ; Fonds Marie-Alice Dumont ; NAC d3375).

Musée McCord (Montréal) : Première de couverture, photo principale (colorisée par Gianni Caccia) : salon de barbier, édifice du YMCA, Montréal [1913, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-13324] ; photo du bas (colorisée par Gianni Caccia), page de titre et page 291, photo du bas : facteur télégraphiste à bicyclette, square Dominion, Montréal [ca 1935, photo : anonyme (don de la Succession Omer Lavallée) ; MP-1992.22.36] ; p. 8 [1859, photo : William Notman (don de M. James Geoffrey Notman) ; N-0000.193.96.1-2] ; p. 15hg [ca 1910, photo : anonyme (don de M. Stanley G. Triggs) ; MP-0000.1218.1] ; p. 20 [1898, photo : anonyme (don de M. Stanley G. Triggs) ; MP-0000.1015.8] ; p. 26 [1866, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-20033] ; p. 36 [ca 1885, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-1488] ; p. 41 [1869, photo : James Inglis (don de Mme J. B. Learmont) ; MP-0000.2871] ; p. 43 [ca 1895, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-2816] ; p. 48 [1903, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-145305] ; p. 50 [1863, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-6841.1] ; p. 51 [1871, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-63545.1] ; p. 54 [ca 1912, photo : anonyme (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-196620.0] ; p. 55g [1884, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-73073] ; p. 58g [1898, photo : anonyme (don de Mlle Lucille Pacaud) ; MP-1983.39.2] ; p. 59 [1920,

photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-19552.1] ; p. 76 [ca 1900, photo : Annie G. McDougall (don de M. Leslie Millar) ; MP-1974.129.99] ; p. 79 [ca 1900, photo : Annie G. McDougall (don de M. Leslie Millar) ; MP-1974.129.98] ; p. 80 [1859, photo : William Notman (don de Mme W.P.D. Forster) ; N-0000.5.19] ; p. 85b [ca 1870, photo : Alexander Henderson (don de M. Stanley G. Triggs) ; MP-0000.1828.17] ; p. 86b [1929, photo : Robert Bruce Bennet (don de Mme Elizabeth Lewis) ; MP-1992.9.2.115] ; p. 89 [ca 1900, photo : Wallis & Shepherd ; MP-0000.27.139] ; p. 91 [1903, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-3618] ; p. 94h [ca 1900, photo : Wallis & Shepherd ; MP-0000.27.69] ; p. 115hd [1926-1927, photo : Frederick W. Berchem (achat) ; MP-1984.127.72] ; p. 118 [1886, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-82023] ; p. 119h [1909, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-174417] ; p. 127 [1901, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-4274] ; p. 128h [ca 1900, photo : Charles Howard Millar (don de M. Leslie Millar) ; MP-1974.133.123] ; p. 133b [ca 1930, photo : anonyme (don de M. Stanley G. Triggs) ; MP-0000.25.1093] ; p. 144 [ca 1915, photo : E. Gendron (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-18451.0] ; p. 146g [1920-1921, photo : Samuel Herbert Coward (don de Mme Dorothy Martin) ; MP-1976.24.79] ; p. 166d [1868, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-34932.1] ; p. 167g [1867, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-26231.1] ; p. 167d [1863, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-7804.1] ; p. 168 [1895, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-111790] ; p. 171d [ca 1900, photo : anonyme ; MP-1974.2.14P] ; p. 174g

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[ca 1893, photo : anonyme (don de M. Stanley G. Triggs) ; MP-0000.25.250] ; p. 174bd [1868, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-30751.1] ; p. 190h [ca 1901, photo : anonyme (don de M. Stanley G. Triggs) ; MP-0000.25.286] ; p. 191h [ca 1900, photo : Père Adrien Malo (don de Mlle Lucille Tremblay) ; MP-1987.48.30] ; p. 193 [1923, photo : anonyme (achat de M. Fritz Arnold) ; MP-0000.587.90] ; p. 197 [ca 1894, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-105911] ; p. 210hg [1899, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-128417] ; p. 212 [1860, photo : William Notman ; N-0000.187.3] ; p. 213b [1870, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-43926] ; p. 214hg [1868, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-34892.1] ; p. 222hg [1867, photo : William Notman (don de Mme William Molson) ; N-0000.94.60] ; p. 222hd [1867, photo : William Notman (don de Mme William Molson) ; N-0000.94.56] ; p. 223 [ca 1900, photo : anonyme ; MP-0000.245] ; p. 227hg [ca 1901, photo : N. M. Hinshelwood (don anonyme) ; MP-1985.31.181] ; p. 227hd [ca 1901, photo : N. M. Hinshelwood (don anonyme) ; MP-1985.31.180] ; p. 236d [1879, photo : Notman & Sandham (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-51332.1] ; p. 241 [1908, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-169921.1] ; p. 245b [ca 1875, photo : James George Parks (don de Mme J. B. Learmont) ; M13095] ; p. 246 [ca 1920, photo : anonyme (achat de M. Fritz Arnold) ; MP-0000.587.126] ; p. 247 [1910, photo : Desjardins (don de M. John L. Russell) ; MP-1979.155.225] ; p. 249b [1909, photo : Hugh A. Peck (don de M. Richard H. Peck) ; M2000.113.6.2] ; p. 250h [1902, photo : Paul Jobin (don de M. Paul Jobin) ; MP-1986.7.2.7] ; p. 255h [1875, photo : R. Eager (don de Mme P. W. Brodie) ; MP-0000.1865.1] ; p. 259b [ca

1960, photo : Anne Kew (don de Mme Anne Kew) ; M2002.77.5004.3] ; p. 260 [1866, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-21472.3] ; p. 261g [ca 1875, photo : W. A. Cummings ; MP-0000.1750.25] ; p. 264hg [1871, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-64898.1] ; p. 270g [ca 1860, photo : William Notman (don de M. James Geoffrey Notman) ; N-0000.193.81.2] ; p. 270d [1869, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-41522.1] ; p. 277h [ca 1930, photo : anonyme (achat de Napoleon Antiques) ; MP-1978.107.123] ; p. 280g [1867, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-28973] ; p. 290d [1867, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-29183.1] ; p. 302h [ca 1930, photo : anonyme (achat de Napoleon Antiques) ; MP-1978.107.47] ; p. 302b [ca 1930, photo : anonyme (achat de Napoleon Antiques) ; MP-1978.107.45] ; p. 314 [ca 1920, photo : anonyme (achat de M. Fritz Arnold) ; MP-0000.587.128] ; p. 317h [ca 1885, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-2218] ; p. 324hd [ca 1906, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-4147] ; p. 328 [1906, photo : anonyme (don de M. Edgar Tissot) ; MP-1986.53.6] ; p. 344h [1917, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; View-17113] ; p. 347 [1917, photo : anonyme ; MP-0000.2200] ; p. 348h [1895, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; II-112830] ; p. 349 [ca 1920, photo : anonyme (achat de M. Fritz Arnold) ; MP-0000.587.92] ; p. 350 [ca 1905, photo : anonyme (don de M. et Mme Claude Bruneau) ; MP-1974.118] ; p. 360hd [ca 1925, photo : anonyme (achat de M. Fritz Arnold) ; MP-0000.587.135] ; p. 362 [1919, photo : anonyme (don de M. John L. Russell) ; MP-1979.155.395] ; p. 364hg [1859, photo : William Notman (don de M. James

Geoffrey Notman) ; N-0000.193.154.1] ; p. 365 [1898, photo : C. H. Puihey ; MP-0000.2400.99] ; p. 368hg [ca 1900, photo : anonyme (don de M. Bruno Bargelletti) ; MP-1985.12.4.2] ; p. 372 [1925, photo : anonyme (achat de Anglin-Norcross Ltd) ; MP-0000.2081.92] ; p. 374g [1925, photo : E. W. Bennett (achat de Anglin-Norcross Ltd) ; MP-0000.2092.2] ; p. 375 [1913, photo : W. W. K. (don de M. Deakin) ; MP-1977.140.6.16] ; p. 378 [1927, photo : anonyme (achat de Anglin-Norcross Ltd) ; MP-0000.2089.3] ; p. 380bg [1908, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; view-8778] ; p. 381g [1909, photo : William Notman & Son (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; view-8803] ; p. 383h [1930, photo : anonyme (don de M. Earl Preston) ; MP-1984.105.19] ; p. 390 [ca 1930, photo : anonyme (achat de M. Fritz Arnold) ; MP-0000.587.130] ; p. 392 [1870, photo : William Notman (achat de l’Associated Screen News Ltd) ; I-44564.1].

Musée régional de la Côte-Nord (Sept-Îles) : p. 30g ; p. 30d ; p. 211b ; p. 324hd ; p. 324b ; p. 360b.

Office national du film du Canada (Montréal) : p. 146d et p. 151h (photos : ONF) ; p. 147, p. 148h, p. 148b et p. 150g (photos : Cinémathèque québécoise) ; p. 151b (© Jérémie Monderie-Larouche ; photo : Cinémathèque québécoise).

Pasadena Museum of History (Pasadena, Californie) : p. 56b.

Société d’histoire d’Amos (Amos) : p. 45h ; p. 84b ; p. 219 ; p. 318 ; p. 354.

Société d’histoire d’Asbestos (Asbestos) : p. 276hg / Fonds Armand Lefebvre : p. 74b / Fonds Gonzague Dubois : p. 214hd.

Société d’histoire de Drummond (Drummondville) : p. 123bd ; p. 140hg ; p. 153hd ; p. 189 ; p. 192b ; p. 203 ; p. 238b ;

Page 389: À chacun son métier

p. 279bg ; p. 305h ; p. 309bg ; p. 323h ; p. 333 ; p. 345bc ; p. 368b.

Société d’histoire du Témiscamingue (Ville-Marie) : p. 21b ; p. 90b.

Société d’histoire et de généalogie de l’Île Jésus (Laval) : p. 75bg ; p. 75bd ; p. 125 ; p. 252b ; p. 346hd ; p. 363h ; p. 363bg ; p. 363bd.

Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or (Val-d’Or) : Fonds Armand Beaudoin : p. 225b ; p. 235g ; p. 279hd ; p. 284bd / Fonds Benjamin Sirois : p. 249h / Fonds Céline Bouchard : p. 288hg / Fonds Denise D’Aragon : p. 220h / Fonds Jean L’Houmeau : p. 300bd / Fonds L’Écho Abitibien : p. 116hd / Fonds Lorenzo Gauthier : p. 221h / Fonds Louis Morency : p. 323b / Fonds Yvan Bélisle : p. 221b.

Société du patrimoine des Beaucerons (Saint-Joseph-de-Beauce) : p. 19h ; p. 66h ; p. 66b ; p. 67 ; p. 82h ; p. 82b ; p. 129hd ; p. 132h ; p. 198hg ; p. 222b ; p. 228h ; p. 238h ; p. 325b ; p. 336 ; p. 346hg ; p. 359h ; p. 364b.

Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice (La Tuque) : Fonds Madame Marie-Paule Filion Witkowski : p. 278hd.

Société historique du Saguenay (Chicoutimi) : p. 61bd / Fonds Joseph-Eudore Lemay : p. 18b ; p. 21h ; p. 22hd ; p. 62 ; p. 63 ; p. 69b ; p. 169bg ; p. 179b ; p. 224h ; p. 227b ; p. 266hd ; p. 271g ; p. 271d ; p. 315h.

Société Radio-Canada (Montréal) : p. 156g (photo : André Le Coz).

Université de Montréal, Service de la gestion de documents et des archives : p. 209b ; p. 236g ; p. 237hd ; p. 306 / Collection Baby : p. 213h ; p. 263 / Collection de pièces diverses : p. 209h / Fonds Bureau de l’information : p. 163h (photo : Henri Paul) / Fonds de l’École ménagère provinciale : p. 177 ; p. 226 / Fonds de l’Institut agricole d’Oka : p. 88g ;

p. 95hg ; p. 95bg ; p. 341h / Fonds de la Faculté de médecine vétérinaire : p. 94b / Fonds Département d’études classiques et médiévales : p. 174hd / Fonds Léon Lortie : p. 310hg ; p. 310hd / Fonds Léon Trépanier : p. 205 ; p. 240 ; p. 282h / Fonds Roger Gauthier : p. 361h / Fonds Victor Morin : p. 112h ; p. 204g.

Ville de Montréal : p. 25.

Archives privéesAlbum Josaphat Thérien, fils : p. 339bg ; p. 339bd.

Archives Vérona Brunet : p. 308g (photo : Bernès, Marouteau & Cie, Paris).

Blanchette, Jean-François : p. 65 ; p. 145h ; p. 192h.

Brault, François : p. 309bd.

Chalifour, Benoît : p. 32d ; p. 46b ; p. 58d ; p. 74h ; p. 85h ; p. 87h ; p. 95hd ; p. 95bd ; p. 97hg ; p. 97hd ; p. 97bg ; p. 97bd ; p. 103g ; p. 103d ; p. 109bg ; p. 115bd ; p. 123h ; p. 126 ; p. 142hd ; p. 149 ; p. 153b ; p. 155h ; p. 210b ; p. 211hd ; p. 218bd ; p. 220b ; p. 235d ; p. 242b ; p. 273h ; p. 273b ; p. 274 ; p. 279bd ; p. 285h ; p. 286bd ; p. 309hd ; p. 316hd ; p. 344b ; p. 376hg ; p. 376hd.

Collection Clio de 9 à 5 : p. 39b ; p. 55d ; p. 107d ; p. 116bd ; p. 131h ; p. 173g ; p. 199b ; p. 201b ; p. 276hd ; p. 370.

Collection Hélène Fillion Martin : p. 52 (photo : Musée régional de Kamouraska).

Daveluy, Paule : p. 237b ; p. 294g.

De Guire, Jean-Claude : p. 160g.

Dubuc, Michèle : p. 134hg ; p. 134hd ; p. 134bg ; p. 134bd ; p. 135bg ; p. 135cd ; p. 135bd ; p. 191b ; p. 252h ; p. 313b ; p. 379g.

Dumais Studio : p. 157g (photo : Sylvain Dumais).

Gagné, Roger : p. 143h ; p. 183 ; p. 184 ; p. 185 ; p. 218h ; p. 218bg ; p. 242h ; p. 266g ; p. 320h ; p. 321h.

Garneau, Marc : p. 264bd ; p. 376b.

Gascon, Richard : p. 217b.

Gunn, Jack : p. 57hd.

Joubert, Famille Jacques-Janvier : p. 337b.

Maillé, Michel : p. 351hg, p. 360hg.

Ménard-Buteau, Carole : p. 379bd ; p. 383bg.

Messier-LaRochelle, Jeannine : p. 329h.

Michel Dallaire Design Industriel Inc. : p. 164.

Nadeau, Famille Rémi : p. 57bg ; p. 57bd (Marilyn Nadeau Chrisman).

Perron, Roselyne : p. 161b ; p. 172b ; p. 198hd ; p. 233d ; p. 243h ; p. 310b.

Plain, Denis : p. 124 ; p. 208 ; p. 311.

Renzo Design : p. 165 (photo : Alexandre Bélanger).

Robichaud, Michel : p. 230h.

Rouleau, Joseph : p. 140d (photo : © Cavouk).

Théberge, Odette : p. 37 ; p. 86h ; p. 88d ; p. 128b ; p. 131bd ; p. 132b ; p. 138b ; p. 158 ; p. 243bg ; p. 243bd ; p. 258bg ; p. 258bd ; p. 259h ; p. 286hg ; p. 286cg ; p. 308d ; p. 342hd.

Vilder, Famille André : p. 173d.

Page 390: À chacun son métier

390

Page 391: À chacun son métier

116 Avant-propos

119 De main d’homme

127 Métier d’ici,

métier d’ailleurs

149 La bosse des affaires

177 Une terre si exigeante

199 À chacun son métier

331 Vivre pour manger

353 Ponts et chaussées

371 Quand le bâtiment va

385 Crédits photographiques

Page 392: À chacun son métier

39,95 $ • 36 e

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À chacun son métier est le quatrième livre de cette série consacrée à l’histoire du Québec en photos. S’appuyant sur la richesse d’archives privées et publiques, cet ouvrage fait revivre un éventail de métiers qui, d’acteur à typographe, sont présentés par ordre alphabétique. Fidèle à un style qui a fait le succès de ces albums, Hélène-Andrée Bizier s’est particulièrement attachée aux images où l’émouvant regard des personnages plonge dans le nôtre. Grâce au travail des photographes amateurs ou professionnels qui les ont immortalisés pendant plus d’un siècle et demi, on voit dans quel contexte travaillaient les ouvriers du bâtiment ou ceux des ponts et chaussées, le brigadier scolaire, la chiff onnière, le buandier, l’infi rmière ou le tailleur de pierres, et combien d’autres encore. Dans le regard de la coiff euse ou du forgeron posant en plein labeur s’allume souvent une lueur de fi erté. Au contact de ces travailleurs, on ressent le poids du jour, la fatigue des grands travaux ainsi que, de page en page, l’indéfi nissable satisfaction du devoir accompli.

À chacun son métier : un autre ouvrage essentiel

à qui veut voir et comprendre le Québec d’hier et d’aujourd’hui.

Phot

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onISBN 978-2-7621-2975-5

9 782762 129755

isbn 978-2-7621-2975-5

À chacun son métier