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Phanie/Burger 29 pratique conseil conseil Actualités pharmaceutiques n° 474 Mai 2008 À chacun son régime Si l’obésité continue de progresser, les demandes de régimes amincissants et de prise en charge des surplus accumulés durant l’hiver croissent avec l’arrivée du printemps. Le pharmacien d’officine est alors à même de donner des conseils hygiéno-diététiques et de proposer des “aides minceur”. Surpoids et obésité, une véritable épidémie D’après les dernières estimations mondia- les de l’Organisation mondiale de la santé en 2005 : – environ 1,6 milliard d’adultes (âgés de 15 ans et plus) avaient un surpoids ; – au moins 400 millions d’adultes étaient obèses. Source : Aide mémoire 311, septembre 2006. www.who.int/fr/ L e surpoids et l’obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. L’indice de masse corporelle (IMC) est un calcul simple du poids par rapport à la taille couramment utilisé pour estimer le surpoids et l’obésité chez les populations et les individus adultes. Il correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m 2 . Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne est en surpoids lorsqu’elle a un IMC égal ou supé- rieur à 25 ; elle souffre d’obésité lors- que son IMC est égal ou supérieur à 30. Ces seuils servent de repères pour une évaluation individuelle, mais il est attesté que le risque de maladies chroniques aug- mente progressivement au-delà d’un IMC de 21. En France, selon l’étude de l’Insee datant de 2003 1 (dernière étude nationale sur la santé et les soins médicaux), 21,2 % des femmes sont en surpoids et 10,2 % sont obèses. Les chiffres sont aussi alarmants pour les hommes puisque 34,8 % souffrent d’un surpoids et 9,8 % sont obèses. Quelles sont les causes et les conséquences du surpoids et/ou de l’obésité ? La cause fondamentale de l’obésité et du surpoids est un déséquilibre énergé- tique entre les calories consommées et dépensées. Leur fréquence de plus en plus grande est due à plusieurs facteurs, dont : • un changement d’alimentation avec une plus grande consommation d’aliments très caloriques, riches en graisses et en sucres, mais pauvres en vitamines et en minéraux ; • une tendance à faire moins d’exercice physique en raison de la nature de plus en plus sédentaire de nombreuses formes de travail, de l’évolution des modes de trans- port et de l’urbanisation. Le surpoids et l’obésité ont de graves conséquences pour la santé. Les risques croissent progressivement, parallèlement à l’augmentation de l’IMC. Un indice de masse corporelle élevé est ainsi un important facteur de risque de maladies chroniques : • les maladies cardiovasculaires, princi- palement les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux ; • le diabète, considéré comme un véritable fléau pour les décennies à venir ; • les troubles musculosquelettiques, en particulier l’arthrose ; • certains cancers tels que celui de l’en- domètre, du sein et du côlon. Comment réduire le surpoids et l’obésité ? Le surpoids et l’obésité, ainsi que les mala- dies chroniques dont ils sont la cause, peu- vent en grande partie être évités, chacun pouvant veiller à : – équilibrer son apport énergétique pour conserver un poids normal ; – limiter l’apport énergétique provenant de la consommation de graisses et consommer moins de graisses saturées pour privilégier les graisses non saturées ; – consommer davantage de fruits et légu- mes, de légumineuses, de céréales com- plètes et de noix (les pouvoirs publics ont,

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conseilconseil

Actualités pharmaceutiques • n° 474 • Mai 2008

À chacun son régime

Si l’obésité continue de progresser, les demandes de régimes amincissants

et de prise en charge des surplus accumulés durant l’hiver croissent

avec l’arrivée du printemps. Le pharmacien d’officine est alors à même

de donner des conseils hygiéno-diététiques et de proposer des “aides minceur”.

Surpoids et obésité, une véritable épidémie

D’après les dernières estimations mondia-

les de l’Organisation mondiale de la santé

en 2005 :

– environ 1,6 milliard d’adultes (âgés

de 15 ans et plus) avaient un surpoids ;

– au moins 400 millions d’adultes étaient

obèses.

Source : Aide mémoire 311, septembre 2006. www.who.int/fr/

Le surpoids et l’obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle

qui peut nuire à la santé. L’indice de masse corporelle (IMC) est un calcul simple du poids par rapport à la taille couramment utilisé pour estimer le surpoids et l’obésité chez les populations et les individus adultes.

Il correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2.Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne est en surpoids lorsqu’elle a un IMC égal ou supé-rieur à 25 ; elle souffre d’obésité lors-que son IMC est égal ou supérieur à 30. Ces seuils servent de repères pour une évaluation individuelle, mais il est attesté que le risque de maladies chroniques aug-mente progressivement au-delà d’un IMC de 21.En France, selon l’étude de l’Insee datant de 20031 (dernière étude nationale sur la santé et les soins médicaux), 21,2 % des femmes sont en surpoids et 10,2 % sont obèses. Les chiffres sont aussi alarmants pour les hommes puisque 34,8 % souffrent d’un surpoids et 9,8 % sont obèses.

Quelles sont les causes et les conséquences du surpoids et/ou de l’obésité ?La cause fondamentale de l’obésité et du surpoids est un déséquilibre énergé-tique entre les calories consommées et dépensées. Leur fréquence de plus en plus grande est due à plusieurs facteurs, dont :• un changement d’alimentation avec une plus grande consommation d’aliments très caloriques, riches en graisses et en sucres, mais pauvres en vitamines et en minéraux ;• une tendance à faire moins d’exercice physique en raison de la nature de plus en plus sédentaire de nombreuses formes de travail, de l’évolution des modes de trans-port et de l’urbanisation.Le surpoids et l’obésité ont de graves conséquences pour la santé. Les risques croissent progressivement, parallèlement à l’augmentation de l’IMC. Un indice

de masse corporelle élevé est ainsi un important facteur de risque de maladies chroniques :• les maladies cardiovasculaires, princi-palement les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux ;• le diabète, considéré comme un véritable fléau pour les décennies à venir ;• les troubles musculosquelettiques, en particulier l’arthrose ;• certains cancers tels que celui de l’en-domètre, du sein et du côlon.

Comment réduire le surpoids et l’obésité ?Le surpoids et l’obésité, ainsi que les mala-dies chroniques dont ils sont la cause, peu-vent en grande partie être évités, chacun pouvant veiller à :– équilibrer son apport énergétique pour conserver un poids normal ;– limiter l’apport énergétique provenant de la consommation de graisses et consommer moins de graisses saturées pour privilégier les graisses non saturées ;– consommer davantage de fruits et légu-mes, de légumineuses, de céréales com-plètes et de noix (les pouvoirs publics ont,

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Actualités pharmaceutiques • n° 474 • Mai 2008

à ce titre, lancé une campagne publicitaire et d’affichage incitant la consommation quotidienne d’au moins cinq fruits et légumes) ;– limiter sa consommation de sucre ;– faire davantage d’exercice physique, c’est-à-dire au moins 30 minutes d’exer-cice régulier d’intensité modérée presque tous les jours. Des efforts plus intenses sont parfois nécessaires pour éviter de prendre du poids.

Les régimesAu-delà de ces règles hygiéno-diététiques de base, certains patients sont demandeurs de conseils sur la mise en place de régimes et/ou la prise de produits conseil aussi divers que variés.• Le régime hypocalorique global est indi-qué en cas de surcharge pondérale simple ou compliquée d’une pathologie (diabète, hyperlipidémie...). Ce régime apporte 1 000 calories par jour, soit 65 grammes de protides, 30 grammes de lipides et 110 grammes de glucides. Ces apports doivent être répartis sur trois repas. Sont autorisés le lait écrémé, les yaourts à 0 % de matière grasse ou natures, tous les pois-sons frais, les viandes maigres, les crudités et les légumes verts cuisinés sans huile, des quantités variables de pain ou de féculents, l’eau à volonté et les condiments.• Le régime protéiné est le plus souvent prescrit aux personnes obèses pour amor-cer la perte de poids, mais aussi chez le

Les “alicaments”, à manier avec prudenceDepuis quelques années, l’industrie alimen-

taire a mis sur le marché des produits appelés

“alicaments” (oméga 3 dans les margarines,

lactobacillus dans les yaourts) qui ne sont pas

des médicaments. Certains auraient des vertus

amincissantes.

Ces “alicaments” constituent un atout mar-

keting puissant mais, en l’absence d’études

fiables sur l’incidence de la prise en charge

du surpoids, de l’obésité et/ou des pathologies

associées, il convient de ne pas vanter leurs

mérites.

sportif. Ce régime consiste à remplacer presque exclusivement l’alimentation habituelle par des aliments très riches en protéines (viande, poisson, œuf) ou des substituts de repas hyperprotéinés vendus en sachets prêts à l’emploi, sous forme de soupe (gammes Protifast®, Milical®...). Graisses et sucres doivent être éliminés de l’alimentation. Seuls les légumes verts peu-vent compléter les apports protéiques. L’organisme, ainsi privé de sucres, va pui-ser dans ses réserves de graisses et les brûler.Une hydratation maximale est cependant indispensable pour éliminer les déchets créés par la digestion des protéines. Ce régime est excellent lorsque l’on souffre de surcharge pondérale pour initier une perte de poids, mais toujours sur un temps limité et sous surveillance médicale.

Les “aides minceur”La demande en “aides minceur” explose avec l’arrivée des premiers rayons de soleil printanier.• Les modérateurs d’appétit sont des substances hydrophiles d’origine végétale, extraites d’algues ou de fruits, qui appor-tent des fibres ou des gommes et favo-risent la sensation de satiété. Ces subs-tances gonflent au niveau gastrique en présence de liquide et contribuent ainsi à diminuer la sensation de faim. Elles ont, en effet, la propriété de pouvoir absorber cin-quante à cent fois leur poids en eau. C’est notamment le cas du konjac, de la gomme

guar, du fucus, de la caroube, du nopal, du maté et de la pomme ou du citron (Pecti Ligne®, Œnobiol contrôle minceur®, Min-cilia citron®...).• Les brûleurs accélèrent le métabo-lisme énergétique, comme la caféine du thé vert ou du guarana, la synéphrine du Citrus aurantium ou le cacao, ou diminuent l’absorption des graisses alimentaires au niveau du tube digestif, telles les fibres du chitosan ou de l’ispaghul (606 anti-graisse®, Calorlight®, Bioptimum minceur®, 100 % Destock®...).• Les “ventres plats” diminuent les bal-lonnements intestinaux et les météorismes grâce à la présence de ferments, de fibres ou de composés minéraux ou organiques. On trouve parmi eux : le charbon, le manni-tol et l’argile (Specific minceur ventre plat®, Menophytea ventre plat®).• Les drainants sont des actifs présents dans de nombreuses plantes et agissent par un effet diurétique. Parmi ceux-ci, citons le thé vert, la queue de cerise, le bouleau, le frêne, l’orthosiphon, la piloselle et la reine des prés (tisanes biodrainantes Cauda-lie®, aide minceur aquadrainant Œnobiol®, Turbodraine®...).Ces “aides minceurs” ne doivent être utili-sés que ponctuellement. Dans ce domaine, il existe un effet de “mode” et les résultats annoncés par leurs promoteurs ne sont pas toujours observés. Il reste important de pré-ciser que ces produits minceurs ne sont efficaces que lorsqu’ils sont associés à un régime alimentaire adapté et à une activité physique régulière. �

Nicolas Clere

Pharmacien,

Angers (49)

[email protected]

Note1. Lanoë JL, Makdessi-Raynaud Y. L’état de santé en France en 2003 - Santé perçue, morbidité déclarée et recours aux soins à travers l’enquête décennale santé. Insee-Drees. Études et Résultats octobre 2005; 436.

Le pharmacien d’officine peut proposer, dans le cadre d’un régime minceur, de multiples produits.•

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