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© BSIP/Phototake/Kunkel actualités | pronostic/diagnostic 6 OptionBio | Lundi 20 octobre 2008 | n° 407 A ux États-Unis, les autori- sations de dons pour les transplantations hépatiques provenant de donneurs décédés sont basées sur l’indication d’une urgence médicale estimée d’après le score MELD (Model for End-Stage Liver Disease), score calculé à partir de trois tests biologiques (concen- tration en bilirubine totale, INR et taux de créatinine sanguine). Paral- lèlement à ce score, la natrémie a été reconnue comme facteur pro- nostique important chez les patients ayant une cirrhose du foie. Ainsi, une hyponatrémie est généralement associée au syndrome hépatorénal, à une ascite ou encore à un décès d’étiologie hépatique. Rechercher les facteurs prédictifs Plusieurs études ont cherché à montrer que, chez les patients en attente d’une transplantation hépatique, la natrémie représenait un facteur prédictif important de la mortalité. Afin de repérer les facteurs prédic- tifs les plus importants pour esti- mer la survie de ces patients, une étude a tenté d’élaborer un modèle multivariable pour prédire la mor- talité à 90 jours après demande de transplantation à partir des données colligées chez tous les adultes can- didats pour une transplantation en 2005 et 2006. Au total, près de 7 000 candidats ont été inclus, près de 2 000 ayant pu bénéficier d’une greffe et environ 400 d’entre eux ayant décédé avant transplantation. Score MELD et natrémie Les résultats montrent que la natrémie et le score MELD sont associés de manière significative à la mortalité. De plus, il existe une interaction entre le score MELD lui- même et la natrémie, indiquant que les effets de la natrémie sont plus prononcés chez les patients ayant un faible score de MELD. Lorsqu’on analyse les données biologiques des patients décédés, il s’avère que la combinaison des deux paramètres représente un facteur prédictif essentiel de la mortalité : le score MELD associé à la natrémie et non pas le score MELD isolé comme il avait été défini auparavant. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris [email protected] Hyponatrémie chez les patients en attente de transplantation hépatique U ne jeune femme âgée de 30 ans, sans antécédents médicaux particuliers, consulte pour des papules pruri- gineuses situées sur les bras et le thorax, dans un centre hospi- talo-universitaire suisse. L’examen clinique révèle de multiples papu- les érythémateuses ayant une répartition partiellement linéaire. Cette patiente, qui a séjourné dans un hôtel la nuit précédente, a remarqué à son réveil différen- tes taches de sang rouge-brun et des insectes plats de 4 à 6 mm de long dans les draps du lit. Après étude biologique d’un des insectes rapportés à l’hôpital, l’insecte est identifié : il s’agit de Cimex lectu- larius, communément dénommé punaise de lit. Des lésions érythémateuses ou urticariennes Les punaises sont atti- rées par la tempéra- ture corporelle éle- vée de l’être humain et sa production de dioxyde de carbone. Elles attaquent fré- quemment les zones de la peau qui sont exposées. Les réactions cuta- nées à leurs piqûres se traduisent par des papules érythémateuses ou urticariennes. Les lésions observées sont caractéristiques car elles sont disposées de manière linéaire ou rapprochées. Le diagnostic définitif dépend de l’identification de l’in- secte incriminé. Le rôle des punai- ses comme vecteur de maladie reste peu clair. Grâce à l’utilisation de corticoïdes locaux, les symptô- mes de la patiente ont pu disparaître en deux jours. Les raisons d’une recrudescence Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence de ces cas en raison de l’utilisation aujourd’hui limitée des insecticides, qui se sont révélés nocifs pour la santé, et du nombre croissant de voyageurs internationaux. Les clandestins venant sur les sols européens et américains ont été principalement mis en cause. Les hôtels sont les premiers lieux incriminés mais ces parasites de lit se retrouvent aussi dans des couchettes de trains ou les maisons de particuliers. Ils sont actifs la nuit pendant le sommeil de leur hôte et leurs piqûres peu- vent se révéler gênantes pour les personnes allergiques. | O. M. À propos de piqûres de punaises de lit © Fotolia/Monkey Business Source Kim W, Biggins S, Kremers WK et al. Hypona- tremia and mortality among patients on the liver-transplant waiting list. NEJM. 2008 ; 359 : 1 018-26. Source Stucki A, Ludwig R. Images in clinical medicine. Bedbug bites. NEJM. 2008 ; 359 : 1 047.

À propos de piqûres de punaises de lit

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6 OptionBio | Lundi 20 octobre 2008 | n° 407

Aux États-Unis, les autori-sations de dons pour les transplantations hépatiques

provenant de donneurs décédés sont basées sur l’indication d’une urgence médicale estimée d’après le score MELD (Model for End-Stage Liver Disease), score calculé à partir de trois tests biologiques (concen-tration en bilirubine totale, INR et taux de créatinine sanguine). Paral-lèlement à ce score, la natrémie a été reconnue comme facteur pro-nostique important chez les patients ayant une cirrhose du foie. Ainsi, une hyponatrémie est généralement associée au syndrome hépatorénal, à une ascite ou encore à un décès d’étiologie hépatique.

Rechercher les facteurs prédictifsPlusieurs études ont cherché à montrer que, chez les patients en attente d’une transplantation

hépatique, la natrémie représenait un facteur prédictif important de la mortalité. Afin de repérer les facteurs prédic-tifs les plus importants pour esti-mer la survie de ces patients, une étude a tenté d’élaborer un modèle multivariable pour prédire la mor-talité à 90 jours après demande de transplantation à partir des données colligées chez tous les adultes can-didats pour une transplantation en 2005 et 2006. Au total, près de 7 000 candidats ont été inclus, près de 2 000 ayant pu bénéficier d’une greffe et environ 400 d’entre eux ayant décédé avant transplantation.

Score MELD et natrémieLes résultats montrent que la natrémie et le score MELD sont associés de manière significative à la mortalité. De plus, il existe une interaction entre le score MELD lui-

même et la natrémie, indiquant que les effets de la natrémie sont plus prononcés chez les patients ayant un faible score de MELD. Lorsqu’on analyse les données biologiques des patients décédés, il s’avère que la combinaison des deux paramètres représente un facteur prédictif essentiel de la mortalité : le score MELD associé à la natrémie et non

pas le score MELD isolé comme il avait été défini auparavant. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

Hyponatrémie chez les patients en attente de transplantation hépatique

Une jeune femme âgée de 30 ans, sans antécédents médicaux par t icu l ie rs ,

consulte pour des papules pruri-gineuses situées sur les bras et le thorax, dans un centre hospi-talo-universitaire suisse. L’examen clinique révèle de multiples papu-les érythémateuses ayant une répartition partiellement linéaire.

Cette patiente, qui a séjourné dans un hôtel la nuit précédente, a remarqué à son réveil différen-tes taches de sang rouge-brun et des insectes plats de 4 à 6 mm de long dans les draps du lit. Après étude biologique d’un des insectes rapportés à l’hôpital, l’insecte est identifié : il s’agit de Cimex lectu-larius, communément dénommé punaise de lit.

Des lésions érythémateuses

ou urticariennesLes punaises sont atti-

rées par la tempéra-ture corporelle éle-vée de l’être humain

et sa production de dioxyde

de carbone. Elles attaquent fré-quemment les zones de la peau qui sont exposées. Les réactions cuta-nées à leurs piqûres se traduisent par des papules érythémateuses ou urticariennes. Les lésions observées sont caractéristiques car elles sont disposées de manière linéaire ou rapprochées. Le diagnostic définitif dépend de l’identification de l’in-secte incriminé. Le rôle des punai-ses comme vecteur de maladie reste peu clair. Grâce à l’utilisation de corticoïdes locaux, les symptô-mes de la patiente ont pu disparaître en deux jours.

Les raisons d’une recrudescenceDepuis quelques années, on assiste à une recrudescence de ces cas en

raison de l’utilisation aujourd’hui limitée des insecticides, qui se sont révélés nocifs pour la santé, et du nombre croissant de voyageurs internationaux. Les clandestins venant sur les sols européens et américains ont été principalement mis en cause. Les hôtels sont les premiers lieux incriminés mais ces parasites de lit se retrouvent aussi dans des couchettes de trains ou les maisons de particuliers. Ils sont actifs la nuit pendant le sommeil de leur hôte et leurs piqûres peu-vent se révéler gênantes pour les personnes allergiques. |

O. M.

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SourceKim W, Biggins S, Kremers WK et al. Hypona-

tremia and mortality among patients on the

liver-transplant waiting list. NEJM. 2008 ; 359 :

1 018-26.

SourceStucki A, Ludwig R. Images in clinical medicine.

Bedbug bites. NEJM. 2008 ; 359 : 1 047.