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AMÉLIORER LA PERFORMANCE DES SERVICES PUBLICS D'EAU ET D'ASSAINISSEMENT.pdf

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  • Ouvrage dit loccasion du 6me Forum Mondial de lEau

    AMLIORER LA PERFORMANCEDES SERVICES PUBLICS D'EAU

    ET D'ASSAINISSEMENT

    Coordination : Pierre-Alain Roche, prsident de lASTEE, Solne Le Fur, charge de mission de lASTEE,

    et Guillem Canneva, enseignant-chercheur AgroParisTech

  • Prface et introduction 9n Amliorer les services : une urgence (Prface dA. Flajolet) 11

    n La performance est laffaire de tous (G. Payen et P-A. Roche) 12

    n Prsentation de louvrage (G. Canneva) 16

    1. Dfinition de la performance des services, son cadre institutionnel et ses outils 19

    1.1 Dfinition de la performance en lien avec la gouvernance 21n Le Pacte dIstanbul pour leau et la performance des services (Interview dH. Bgorre) 21

    n Amliorer les rsultats et les performances dune politique de leau : une perspective OCDE (A. Akhmouch) 23

    n Mettre en pratique en France lamlioration de la performance des services publics locaux de leau et de lenvironnement. Les propositions de lASTEE (P-A. Roche et P. Marest) 27

    n Participation des consommateurs et efficacit des services (R. Simpson) 35

    n La gouvernance et la performance des services : la vision densemble dun bailleur (A. Blanc, M. Bernard, C. Brenire et L. Goujon) 39

    n Les normes ISO : mise en oeuvre (N. Drault) 43

    n Transparence et contrle de la gestion publique : lexprience de la rgie municipale parisienne (M. Souquire) 47

    n Gouvernance et performance des services publics dlgus de leau et de lassainissement (Interview dO. Brousse) 49

    1.2 Lorganisation et la rgulation des services publics lchelle nationale 51

    n Les modles de rgulation des services deau et dassainissement (G. Canneva) 51

    n Rle de lEtat, des collectivits locales et des oprateurs publics et privs en France (A. Savignac) 55

    1.3 Les outils de la performance : instruments de mesure, dvaluation et de pilotage 58

    n Les outils pour lamlioration de la performance des services deau de lIWA (H. Alegre et M. Salgado) 58

    n Les indicateurs de performance en France : avancement et perspectives ouvertes par l'observatoire SISPEA (G. Canneva, L. Gurin-Schneider et S. Rotillon) 63

    n Les indicateurs de performance rglementaires : des indicateurs de qualit et de non-qualit au cur de la performance des services publics deau et dassainissement (M. Salvetti) 66

    n Faire participer lusager au dbat sur la performance du service (R. Barbier et M. Tsanga) 69

    n Le Balanced Scorecard de Vivaqua : un flux davantages (C. Franck) 72

    n Mise en uvre de 2 outils de management de la performance au service public de lassainissement francilien (M. Riotte) 75

    n Contrats de gestion : un outil puissant pour moderniser le service des eaux - Le cas du Contrat d'Alliance (C. Mairesse) 78

    n Pousser la performance des services dassainissement par des aides financires : le cas des primes puratoires (J-F. Curci) 82

    SOMMAIRE

  • 2. Lamlioration de la performance in situ 87

    2.1 Amliorer la performance par les dispositifs de coordination entre oprateurs et autorits 89

    n Lamlioration de la gestion des rseaux dassainissement grce aux indicateurs mensuels dactivit et de performance : lexprience du service assainissement des Hauts-de-Seine (A. Guillon, B. Pister, H. Dupont et A-C. Michaud) 89

    n Lintgration des objectifs de performance dans les relations entre collectivits et oprateurs - le cas du SEDIF (A. Cohen, J. Cavard et D.Carron) 94

    n Les formes contractuelles de rmunration de la performance (S. de la GrandRive) 98

    n Amlioration de lefficacit nergtique des services deau de Jeddah (C. Mairesse et A. Mathys) 101

    n Le suivi des services de leau dans les petites villes des pays en dveloppement (D. Dsille et D. Faggianelli) 104

    n Des services deau de meilleure qualit Bucarest dix ans aprs le PPP (E. Chiru) 107

    n Gestion durable de leau, les choix de Nantes Mtropole (P. Marest, M. Blanche, M. Guillard, Y. Goutiren, O. LHonor et J-L. Perrouin) 111

    2.2 Amliorer la performance par le benchmarking et les changes dexprience 117

    n Benchmarking : lexprience dEau de Paris (B. Sixta) 117

    n Lanalyse comparative : un outil damlioration de la performance des services deau et dassainissement (C. Bougaux-Ginsburger et M. Desmars) 121

    n Benchmarking pour la fourniture des services deau et dassainissement aux populations dfavorises : mergence dun cadre dindicateurs (M. W. Blokland) 125

    n Systme dvaluation des performances (PAS) : un projet pour lInde (M. Mehta et D. Mehta) 129

    n Les partenariats entre oprateurs comme vecteur de lamlioration des performances (C. Brenire, M. Parent, F. El Awar et M. Vezinat) 132

    2.3 Amliorer la performance par le renforcement des capacits et la connaissance du patrimoine 135

    n WIKTI - une mthodologie de transfert de savoir-faire au service de la performance (P. Vizioli) 135

    n La formation des dirigeants comme levier du changement et de la performance des services d'eau : l'International Executive Master Eau pour Tous (J-A. Faby) 139

    n Vers une gestion du patrimoine plus performante : lexemple de la Communaut dAgglomration Caen la Mer (K. Nirsimloo, F. Cherqui, M. Lample, G. Rouland, P. Debres, C. Werey, M. Amhadi, P. Le Gauffre et J-C. de Massiac) 142

    n Lamlioration des performances du rseau deau potable dans une mtropole en forte croissance, le dfi de Shanghai (L. Pelletier) 146

    n Lamlioration de la performance rseau Bordeaux (C. Anselme et F. Figueres) 149

    3. Performance des services dans le long terme, dveloppement durable et intgration urbaine 155

    n Le dveloppement de laccs aux services deau en milieu urbain : tre performant ncessite innovation, expertise et partenariat (O. Gilbert, J. B. Prez, P. Rousseau, F. de Rochambeau et O. Garcia) 157

    n La performance des services deau sur le long terme : lapport de la durabilit (B. Barraqu) 162

    n Analyse des fonctions de service pour la gestion des eaux urbaines et enjeux pour le suivi des performances (F. Cherqui, S. Ah Leung, S. Baati, B. Chocat, P. Le Gauffre, D. Granger, B. Loubire, A. Nafi, C. Patouillard, A. Tourne, J-Y. Toussain, J. Ultsch, S. Vareilles et C. Werey) 164

    n Proposition dune mthodologie articulant valuation des performances des services urbains et suivi des Plans Climats-Energies Territoriaux (J. Laterrasse et S. Zerguini) 169

  • Conclusion 173

    Annexes 179n Le Pacte dIstanbul pour lEau 181

    n Liste des acronymes 185

    n Liste des membres du Target and Solution Group 187

    n Notes 190

  • Prface et introduction

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  • La question de leau sest installe partout au centre des rflexions collectives car ce bien commun de la Nation , prsent de faon trs ingalitaire dans le temps et lespace, est devenu lobjet/sujet de toutes les attentions des scientifiques, de toutes les discussions politiques, de toutes les valeurs portes par les associations. Laccs leau est un item fondamental de la dmocratie relle. Elle est de plus en plus au cur du politique.Lvidence de leau prsente suppose la cration, lentretien et la protection de toute la chane de distribution dune eau potable et de rparation lorsquelle est dite use, sous la responsabilit des dcideurs politiques.

    Ceci est la structure dominante et presque vidente pour nous qui vivons en France. Cela reste du domaine du possible pour de nombreux citoyens, de linaccessible rve pour de multiples personnes qui y laissent leur temps, en particulier les femmes et les enfants, porteurs deau prcaires, et y laissent parfois leur vie.

    Cest pourquoi tout ce qui concourt la connaissance de leau dans ses multiples facettes est stratgique : la France, par ses lois de 1964, 1992 et 2006, a compris lurgence patrimoniale de leau ; lEurope, par ses directives, a compris que le temps de leau va bien au-del de notre temps quotidien ; le monde, par ses structures humanitaires, veut faire merger une conscience universelle dun droit leau et lassainissement pour tous.

    Ceci veut dire une prsence permanente des scientifiques pour explorer, rechercher, valuer, imaginer comment leau peut et doit tre connue, partage, conomise, rpare tant pour les personnes que pour les activits conomiques et agricoles.

    Pour rduire ensemble les dfis de leau, pour faire accepter le cot des services publics de leau et de lassainissement, il reste encore explorer pleinement la gouvernance des dits services, la prise de conscience de la ncessaire durabilit des services, lacceptation dun partage de

    la ressource au cur des units fonctionnelles selon les usages, la promotion dune vision partage, dune solidarit dun droit daccs effectif ici et ailleurs tant il apparat insupportable de priver lhumain de son droit de vie.

    Parce que les situations internationales ont montr que leau sera de plus en plus au cur de conflits possibles, parce que le dveloppement urbain rend plus complexe laccs leau et lassainissement et plus problmatique leau au cur de la cit, parce que le souci du profit peut dgrader durablement nos ressources en privilgiant linstant au dtriment du temps long, parce que les conflits dusage ne font qulargir les ncessits de compromis, il est devenu urgent dunir les volonts de ceux qui savent et ceux qui connaissent.

    Ceux qui connaissent doivent rappeler pour leau les questions du SENS par rapport lHomme, la Nature, lAvenir. Ces questions irriguent ou doivent irriguer le cur de nos discussions qui taient dans les forums mondiaux et se veulent tre le forum des solutions et des engagements Marseille. Il reste tant dire et faire pour crire des relations humaines plus justes et mieux partages.

    Mais encore faut-il que ceux qui savent nous apportent leurs savoirs, leurs propositions tant pour la gouvernance que pour lamlioration des savoirs et de la performance : ceci est vrai propos des rseaux dont lge moyen devient vnrable et plus largement de tous les outils de distribution et de rparation ; ceci est vrai de tous les savoirs applicatifs o leau est en jeu. Aujourdhui nos savoirs critiques sur nos savoirs premiers nous permettent de dire quil y a des limites lexploitation, des situations qui peuvent devenir irrversibles pour les ressources ou la nature, des rgles universelles ncessaires par rapport lexploration des matires premires.

    Le temps de la rconciliation des savoirs et de la connaissance est une urgence philosophique et scientifique. Le monde scientifique nourri et sensible la question du sens, se mobilise pour relever des dfis nouveaux : tancher la soif et nourrir sept milliards de personnes, tous gaux en droit dhumanit, rconcilier lhomme et la nature dans une cologie confiante et cratrice de valeurs, explorer les nouvelles voies dune lutte contre les maladies de la nature et les maladies de lhomme.

    Le rendez-vous du forum mondial de leau Marseille est un pari du cur et de lintelligence, le rendez-vous dune histoire des hommes revisite sous la lumire de lesprance dans une dualit partage entre la science et la conscience. Cest aussi une agora des politiques qui ont un rle essentiel assumer parce quils ont dcider des formes de gouvernance dans le respect des units gographiques fonctionnelles, dcider de la priorit des investissements de prvention et de rparation, dcider de la vrit des prix et de la ralit des objectifs du millnaire

    Ce livre, sous lgide de lASTEE et de son Prsident Pierre-Alain ROCHE, exprime les facettes multiples dun mme itinraire alliant le savoir critique lpreuve de la ralit. Ces regards sont aussi des significations exprimes par des tres investis au service des autres dans une harmonie des valeurs et des savoirs.

    PRFACE

    }Andr FLAJOLET Dput Prsident du CNE

    AMLIORERLES SERVICES :UNE URGENCE

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    LA PERFORMANCEEST LAFFAIRE DE TOUSmots-cls : mesure de la performance, service, capacits, parties prenantes

    Le thme de la performance et de la gouvernance des services

    publics deau et dassainissement a t retenu comme lun des

    enjeux-cibles sur lesquels le 6me Forum Mondial de lEau a

    prvu de se pencher, en recherchant les solutions existantes et

    en suscitant les engagements et plans dactions permettant de

    les amliorer. Le prsent ouvrage est dit par lASTEE comme

    support de ces travaux.

    Pour leau potable ou lassainissement, pourquoi des services

    publics plutt que des solutions individuelles ? Pour trois raisons

    essentielles : mutualiser les efforts et optimiser les cots par

    effet dchelle, viter la pnalisation de certains utilisateurs de

    leau par dautres dans un contexte de ressources limites, et

    satisfaire les obligations des pouvoirs publics vis--vis des droits

    de lhomme. Ainsi, en thorie, en dehors des habitats isols

    disposant de ressources abondantes, vaut-il mieux bnficier

    dune organisation collective de lalimentation en eau potable

    et de lassainissement que de sorganiser soi-mme. Pourtant,

    des milliards de personnes nutilisent que de leau non potable3.

    Un tiers de lhumanit ne bnficie daucun rseau public deau

    potable, ni domicile ni une borne-fontaine. Parmi les deux

    autres tiers, beaucoup se plaignent de ne recevoir quune eau

    douteuse ou de faon intermittente ou trop chre. Pourtant dans

    bien des cas, des programmes avaient t tudis, souvent

    mme des investissements raliss, mais quelques annes

    plus tard, le service nest pas au rendez-vous. Lcart entre la

    thorie et la pratique est considrable. Pris dans leur ensemble,

    les services collectifs deau et dassainissement ont des

    performances nettement insuffisantes. Dans beaucoup de villes

    de pays en dveloppement, ils natteignent quune partie de la

    population, condamnant lautre partie sapprovisionner en eau

    et vacuer excrta et eaux uses de faon plus coteuse et

    dans de moins bonnes conditions.

    Le nombre de citadins laisss ainsi eux-mmes ne cesse

    daugmenter car le dveloppement des services publics ne

    suit pas le rythme de la croissance urbaine4. Par ailleurs, leau

    dlivre par les services publics nest pas potable partout et,

    dans certains endroits, elle narrive quirrgulirement ou que

    quelques heures par semaine. De nombreuses installations sont

    larrt.

    Lassainissement laisse encore plus dsirer. Au niveau des

    Nations Unies, la seule politique mondiale lie lassainissement

    est celle des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement.

    Elle concerne lassainissement de base cest--dire laccs

    des toilettes dcentes. Les progrs sont insuffisants : si le

    nombre de personnes sans toilettes diminue lentement, le

    nombre de personnes sans toilettes dcentes (= hyginiques et

    privatives) augmente toujours. Beaucoup de villes narrivent pas

    dvelopper lvacuation des eaux uses et des eaux pluviales

    au mme rythme que celui de la croissance urbaine. On estime

    que plus de 80% des eaux utilises par lhomme sont rejetes

    dans la nature sans aucune dpollution. Pourtant, il ny a ce

    jour aucune vision concerte mondiale de la gestion des eaux

    uses ou de celle des eaux pluviales.

    Lenjeu de lamlioration de la performance, et, on le verra, celui

    de la gouvernance, qui lui est trs li, sont primordiaux pour ces

    services publics essentiels. Il est particulirement heureux quun

    point puisse tre fait par cet ouvrage des avances les plus

    rcentes dans ce domaine. En introduction ces contributions,

    il nous semble utile de dvelopper les principes gnraux qui ont

    guid les discussions du groupe de travail.

    Quest-ce quun service performant ?

    Comment des services publics peuvent-ils tre considrs

    comme performants ? Qui peut en juger ? Sur quels critres ?

    Ce sont videmment ceux qui ont besoin deau potable,

    utilisateurs des services et ayant-droits non desservis, mais aussi

    ceux qui en supportent le cot, utilisateurs et contribuables, qui

    ont les attentes les plus fortes. Ils sont les mieux mme de dire

    {Grard Payen1 et Pierre-Alain Roche2

    1_ Conseiller pour leau du Secrtaire Gnral des Nations Unies (UNSGAB), prsident de la Fdration internationale des oprateurs privs de services deau (AquaFed), vice-prsident de lASTEE.

    2_ Professeur Ponts-Paristech, DGA du Conseil gnral des Hauts-de-Seine, Prsident de lASTEE

    3_ Voir Les besoins en eau potable dans le monde sont sous-estims : des milliards de personnes sont concernes, G. Payen, in Le Droit leau potable et lassainissement, Sa mise en uvre en Europe, Smets et al., Acadmie de lEau, 2011

    4_ M. Ban Ki-moon, secrtaire gnral des Nations Unies, a repris lors de la journe mondiale de leau le 22 mars 2011 les chiffres rendus publics par AquaFed en septembre 2010 : Over the past decade, the number of urban dwellers who lack access to a water tap in their home or immediate vicinity has risen by an estimated 114 million, and the number of those who lack access to the most basic sanitation facilities has risen by 134 million. This 20 per cent increase has had a hugely detrimental impact on human health and on economic productivity: people are sick and unable to work.

  • 13

    si le service public leur parait satisfaisant ou non. Ils peuvent

    juger de leffectivit du service, de sa ralit et de sa qualit en

    particulier pour ce qui les concerne. Ils nont cependant pas

    forcment toutes les informations permettant de juger de sa

    performance en termes defficacit ou de durabilit. Souvent,

    seuls les acteurs de la chaine complexe permettant la dlivrance

    du service disposent des comptences techniques, des moyens

    de comparaison et des informations permettant dapprcier ces

    autres dimensions de la performance du service.

    Quels sont ces acteurs ? Ils sont trs nombreux.

    Cest en premier lieu lautorit publique responsable de

    lorganisation du service, souvent une autorit de nature

    politique, cest--dire dsigne directement ou indirectement

    par les citoyens. Il peut y en avoir plusieurs si le service est

    dcoup en morceaux, par exemple avec une autorit ayant en

    responsabilit la production deau potable en gros et une autorit

    en charge de la distribution locale de leau potable comme au

    Portugal.

    Ce sont aussi les financeurs et les rgulateurs qui contribuent

    lorganisation et au contrle des services publics deau et

    dassainissement : lgislateurs et autorits dfinissant des

    rgles appliquer, autorits prescrivant des normes (sanitaires,

    environnementales, techniques, sociales, etc) respecter,

    autorits de contrles de toutes sortes faisant respecter la

    rglementation.

    Ce sont bien videmment aussi les oprateurs, publics ou privs,

    qui interviennent la demande des pouvoirs publics pour mettre

    en uvre les politiques publiques relatives leau potable ou

    lassainissement.

    Mais ce sont galement les institutions et organisations qui

    concourent un aspect du service, par exemple les services

    sociaux qui prennent en charge les utilisateurs en difficult ou

    les reprsentants des diverses parties prenantes : utilisateurs,

    citoyens, syndicats, etc.

    Le grand nombre de ces acteurs5 qui contribuent la

    gouvernance de ces services fait quau total le service public

    nest performant que si chacun de ces acteurs est efficace dans

    son rle propre et que si la somme des actions de chacun de

    ces acteurs cre bien le service attendu, cest--dire que la

    gouvernance est structure entre eux par des rgles ou des

    pratiques claires. Cest loin dtre vident. Lefficacit de chacun

    des acteurs dans sa contribution au service public est difficile

    apprcier surtout lorsquelle dpend de celle des autres acteurs.

    En outre, chaque situation tant particulire, il est difficile,

    comme nous le verrons plus tard, de sinspirer de situations

    comparables ailleurs. Les occasions de blocage dun acteur par

    un autre sont nombreuses : rglementation non pertinente et

    contrles tatillons, ou au contraire rglementation insuffisante

    et laxisme total conduisant les oprateurs ne pas respecter

    les objectifs qui ne sont pas en lien direct avec leur propres

    enjeux, autorits de financement de bords politiques opposs,

    oprateurs laisss sans instruction ou sans moyen daction

    ou encore sans les infrastructures promises par les autorits,

    autorit locale ne disposant que de moyens financiers limits en

    raison de contraintes nationales (contrle de la dette publique,

    priorits budgtaires, absence de mutualisation des risques, lutte

    anticorruption, etc.), utilisateurs rejetant des produits toxiques

    ou ralisant des prlvements illgaux (comme cest frquent

    par exemple Jakarta). Ainsi, un service public deau potable

    ou dassainissement peut-il tre considr comme performant si

    trois conditions sont runies :

    n La gouvernance du secteur est bonne, cest--dire quelle

    permet chaque acteur de remplir pleinement son rle

    de faon utile pour le service public sans gne ou blocage

    extrieur tout en prenant en compte la diversit des situations

    individuelles et en permettant une optimisation du cot

    densemble, mesur par exemple par le cot moyen pour les

    utilisateurs.

    n Chacun des acteurs remplit en pratique son rle de faon

    efficace, cest--dire optimise sa contribution leffort

    collectif, y compris sa contribution conomique.

    n Le service est effectivement dlivr conformment aux attentes

    des utilisateurs, contribuables et ayants-droits et dans le

    respect des contraintes socitales et environnementales.

    Les acteurs essentiels de la performance : la chane oprationnelle

    Les autorits publiques locales et nationales sont au cur de cet

    enjeu de performance car elles disposent des leviers principaux.

    Lautorit en charge de lorganisation du service public au

    niveau local est videmment la premire concerne. Cest elle

    qui fixe les objectifs et les calendriers, en particulier en matire

    de personnes ou de lieux desservir. Cest elle qui dfinit

    les principaux moyens mobiliser, quil sagisse de moyens

    organisationnels, humains, financiers, techniques, juridiques

    ou tarifaires. Cest galement elle qui associe ou non la plupart

    des autres acteurs, qui dcide de limplication des utilisateurs,

    de la circulation de linformation, qui choisit les oprateurs,

    etc. Si sa politique est claire et soutenue par une vision long

    terme, ses moyens propres et les autres acteurs peuvent agir

    efficacement. Sans une telle politique, la performance du service

    est handicape.

    Les autorits nationales calibrent trs souvent les moyens

    financiers, juridiques et humains utilisables par les autorits en

    charge du service local. Par exemple, dans beaucoup de pays o

    la gestion est dite dcentralise, les autorits locales ne peuvent

    accder aux marchs financiers quavec laide du ministre

    des finances (par exemple dans le cadre de programmes de

    mutualisation des emprunts) ou ne peuvent investir quavec

    des subventions rgionales ou nationales au moins partielles

    5_ Le rapport OCDE Water Governance in OECD Countries: A Multi-level Approach liste les autorits publiques intervenant dans chaque pays de lOCDE. Il en mentionne plus dune dizaine dans nombre de pays tudis.

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    ent (cas de la France avec ses Agences de lEau organises par

    bassins). Par ailleurs, la formation des cadres et des techniciens

    comptents dans les diffrentes spcialits de la gestion de leau

    dpasse largement les possibilits de laction locale (sauf dans

    les trs grandes villes) et doit tre organise une chelle plus

    collective.

    Les oprateurs mandats par les pouvoirs publics mettent en

    uvre la politique publique dcide par lautorit organisatrice

    du service. Ils le font plus ou moins bien, selon leur comptence

    et leur exprience. Mais cela dpend dabord de ce qui leur

    est demand. Ils nont aucune lgitimit se substituer aux

    autorits publiques responsables des principales dcisions :

    objectifs, moyens financiers, tarifs, priorit des dessertes, qualit

    de leau, etc. Lexistence dun contrat fixant des objectifs et les

    principaux moyens entre lautorit publique responsable et son

    oprateur est un atout essentiel pour la performance du service

    public, que loprateur soit public ou priv. Le contrat, qualifi

    dailleurs assez souvent de contrat de performance, permet

    lautorit de prciser les objectifs souhaits, de mobiliser des

    moyens appropris et dindiquer comment elle contrlera les

    rsultats, toutes choses quelle omet souvent de faire lorsquelle

    utilise des moyens propres non encadrs par un contrat.

    Rien de tout cela nest spcifique une situation donne. Les

    autorits publiques ont des rles similaires et toujours cruciaux

    aussi bien dans les pays dvelopps que dans les pays en

    dveloppement. Rien nest non plus spcifique un type

    doprateur. Dans tous les cas lautorit publique responsable

    a besoin de prciser sa politique, ses objectifs et les principaux

    moyens, et de contrler que son ou ses oprateurs dlivrent bien

    les services attendus. Si lun de ces maillons est faible, cest

    globalement la performance du service rendu aux utilisateurs,

    contribuables et ayants-droits qui est affecte.

    Mesurer la performance

    Il nest pas ais dapprcier objectivement la performance dun

    service public deau ou dassainissement. Cest le rle des

    indicateurs de performance. Ils fournissent des informations

    trs importantes qui peuvent tre partages entre les acteurs

    et mme avec lensemble des parties prenantes. Ils contribuent

    ainsi la fois lobjectivation des perceptions, la performance

    de chacun des acteurs (qui connaissent ainsi mieux leurs

    impacts respectifs) et la transparence sur leffectivit du

    service. Le nombre des indicateurs utiliss par les diffrents

    acteurs dun service est souvent important car il sagit de cerner

    au mieux une ralit complexe. Il convient cependant quil ne

    soit pas excessif, car alors il constitue un cran qui, au lieu de

    simplifier les perceptions collectives, les rendent plus opaques.

    Les indicateurs de performance sont des outils indispensables.

    Il faut cependant les utiliser avec discernement, car de bonnes

    valeurs dun indicateur qui ne donne quune description partielle

    nattestent pas en elles-mmes dun service qui puisse tre jug

    performant dans sa globalit, et notamment sur lapprciation

    quil est optimis conomiquement (critres de masses

    salariales ou deffectifs, par exemple, dont lanalyse relve la

    fois des charges dexploitation du service, mais peuvent aussi

    tre interprtes dans le contexte gnral de lemploi)

    La dimension la plus accessible est leffectivit du service

    un instant donn. Elle peut tre mesure par une batterie

    dindicateurs techniques rendant assez bien compte de la ralit

    du service rendu aux utilisateurs : taux de couverture, pression,

    qualit de leau, relations avec les utilisateurs, etc. Cependant,

    il est souvent difficile de mesurer le service non rendu, cest--

    dire la ralit vcue par ceux qui nont pas accs au service et

    qui pourtant, doivent dornavant faire lobjet de lattention des

    pouvoirs publics. Les systmes statistiques ne rvlent ces exclus

    que sils sont conus pour cela. Ces indicateurs deffectivit

    du service fournissent une apprciation densemble. Leur

    interprtation pour en tirer des consquences oprationnelles

    est souvent dlicate : le rsultat insuffisant mesur est-il la

    consquence de linefficacit dun acteur, de plusieurs acteurs,

    de difficults aux interfaces entre acteurs ou dune politique mal

    conue ou de tout cela la fois ?

    Il existe peu dindicateurs sur la performance des autorits

    nationales ou des rgulateurs vis--vis des autorits responsables

    des services locaux. Le taux de ralisation du budget annuel du

    secteur est souvent disponible ; ce rapport entre les dpenses

    faites et les budgets annuels ne mesure bien souvent gure

    que limpact de la rgulation financire exerce par le ministre

    des finances. Mais, par exemple, le suivi des normes, leur

    pertinence, la performance des contrles, les suites donnes

    aux infractions releves sont rarement produits.

    Au niveau local, lexistence ou non dun programme pluriannuel

    avec planification financire est un indicateur important.

    Les enqutes de satisfaction peuvent apporter des retours

    essentiels, qui viennent alimenter le dbat dans les instances de

    concertation. Les taux dimpays ou de raccords non dclars,

    sont suivre au niveau de lautorit locale, et refltent parfois

    autant ladquation des politiques tarifaires aux enjeux sociaux,

    ou lintensit de la prcarisation que lindice de la performance

    de loprateur.

    Le service peut tre mdiocre et loprateur trs efficace et

    inversement. Cest, par exemple, le cas si les moyens allous

    par lautorit responsable loprateur sont insuffisants ou

    si un oprateur nouvellement dsign hrite dune situation

    prcdente dgrade. Sauf exception, la comparaison dans le

    temps un endroit donn est une indication beaucoup plus

    claire de la performance dun oprateur quune comparaison

    un instant donn avec un autre oprateur. Elle peut alors se faire

    en particulier en utilisant des indicateurs locaux ad hoc construits

    pour ce faire en dbut de priode. Cette comparaison dans

    le temps nest pourtant quune indication dune performance

    relative car tout dpend des moyens allous sur la priode par

    lautorit publique responsable.

    Les comparaisons de prix et deffectivit des services entre deux

    villes diffrentes donnent des lments dapprciation utiles mais,

    sauf cas trs particuliers de paramtres techniques, historiques,

  • 15

    6_ 3,4 milliards de personnes utilisent au moins de temps en temps une eau de qualit incertaine. Voir rfrence 3 ci-avant.

    financiers et rgulatoires similaires, elles ne permettent pas de

    comparer simplement lefficacit conomique des diffrents

    oprateurs.

    Certaines parties prenantes sont peu enclines dvoiler leurs

    performances propres. Ainsi par exemple, malgr les demandes

    rptes du Conseil pour lEau du Secrtaire gnral des

    Nations Unies, la plupart des bailleurs de laide publique au

    dveloppement ne rendent publics ni le nombre de personnes

    qui bnficient de leur aide ni leur capacit attirer dautres

    sources de financement (effet de levier financier). Cest bien

    entendu aussi, et de faon encore plus dramatique, le cas des

    situations de corruption o les informations ventuellement

    fournies avec complaisance ne traduisent pas la ralit, mais

    sont largement truques.

    Ces difficults ne remettent pas en cause lutilit des indicateurs

    de performance. Ceux-ci sont indispensables en particulier

    pour le dialogue entre les parties prenantes, pour tayer une

    politique ou pour fixer des objectifs un oprateur. Mais, les

    significations de chacun de ces indicateurs doivent tre bien

    comprises pour ne pas conduire des apprciations errones.

    Un exemple intressant est celui des indicateurs daccs leau

    potable dans le monde, indicateurs deffectivit du service sil en

    est. Alors que chaque pays utilise plusieurs indicateurs daccs,

    la communaut internationale a tendance depuis dix ans ne

    regarder au niveau mondial que lindicateur utilis pour lObjectif

    du Millnaire pour le Dveloppement, car il ny en a pas dautre

    disponible. Bien que cet indicateur soit construit sans mesurer

    en aucune faon la potabilit de leau utilise, de nombreuses

    parties prenantes sont convaincues quil mesure laccs leau

    potable et rptent que 900 millions de personnes nont pas

    accs leau potable dans le monde. Cette erreur dinterprtation

    est dramatique car elle a conduit une grave sous-estimation

    des besoins : ce ne sont pas 900 millions mais des milliards de

    personnes, au moins 2, probablement 3 4, qui nont pas deau

    vritablement potable6.

    Renforcer les capacits des acteurs

    Si la mesure de la performance est un des outils utiles

    son amlioration, celle-ci repose fondamentalement sur la

    comptence des acteurs concerns. Cette comptence nest pas

    inne. Elle sacquiert par la formation, les changes de bonnes

    pratiques et le dialogue entre les parties prenantes. Aujourdhui,

    les moyens des collectivits dans des pays ayant ralis une

    rcente dcentralisation sont tellement insuffisants lgard

    des responsabilits qui leur sont confies que leur capacit

    piloter leur oprateur est largement insuffisante. De mme,

    des oprateurs locaux forms sur le tas ont de la difficult

    faire face aux exigences de nouvelles normes. Ce nest alors

    pas une question de moyens financiers car les effectifs peuvent

    tre parfois importants sans que des comptences spcialises

    adaptes faire face des enjeux sanitaires souvent dlicats

    soient prsentes. La mise en place dun tarif social suppose

    des enqutes sociales, une objectivation des enjeux et un suivi-

    valuation qui font souvent dfaut, et requirent l aussi des

    comptences spcialises.

    Enfin, la perception par les usagers du service et des efforts

    collectifs indispensables son fonctionnement (paiement,

    branchements lgaux, qualit des raccordements, acceptation

    dune part significative du prix du service destin au

    renouvellement des installations) suppose un partage des

    informations et un dialogue permanent.

    Ainsi, pour faire progresser la performance des services deau et dassainissement les parties prenantes ont-elles besoin dtre performantes individuellement et dinteragir efficacement.

    (

  • 16pr

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    sem

    ent

    PRSENTATIONDE L'OUVRAGE

    Cet ouvrage est conu pour prsenter un grand nombre de cas

    concrets damlioration de la performance des services deau

    et dassainissement dans des contextes varis. Ils ont vocation

    alimenter la rflexion des parties prenantes engages dans

    la gestion de ces services essentiels, servir de modle des

    dploiements dans dautres contextes ou encore contribuer

    llaboration de solutions innovantes.

    Aprs la prface et lintroduction, la premire partie est

    consacre la dfinition de la performance des services deau,

    au cadre institutionnel dans lequel elle sinscrit et les outils qui

    y contribuent. Cette partie pose les fondations sur lesquelles

    reposent ensuite les cas prsents dans la deuxime partie.

    Si la performance peut tre dfinie comme latteinte des

    attentes des parties prenantes, celles-ci sont varies et parfois

    contradictoires. Les modes dinteraction des diffrentes parties

    prenantes faonnent la gouvernance. Le premier groupe de

    contributions propose les visions dacteurs complmentaires.

    H. Bgorre prcise comment le Pacte dIstanbul pour l'Eau

    incite les collectivits locales sengager pleinement dans le

    pilotage des services deau. A. Akhmouch synthtise lenqute

    ralise par lOCDE en 2010 sur la gouvernance de leau dans

    17 pays en mettant en avant les mcanismes mobiliss. P-A.

    Roche et P. Marest prsentent les propositions de lASTEE pour

    amliorer la performance des services par une gouvernance

    plus efficace. R. Simpson dtaille les diffrents mcanismes

    de participation des usagers du service la gouvernance, de

    linformation la participation aux dcisions. Dans les pays

    en dveloppement, les bailleurs de fonds promeuvent le

    renouvellement de la gouvernance des services afin de rendre

    les services plus efficients ; A. Blanc et al. explicitent la vision de

    lAFD. La gouvernance est un des volets abords par les normes

    ISO relatives la gestion des services publics deau. N. Drault

    prsente la faon dont elles peuvent tre mises en uvre et

    clarifier la dfinition de la performance attendue par loprateur.

    Les principes de gouvernance se dclinent tant pour les services

    en gestion directe quen gestion dlgue. M. Souquire

    dveloppe le cas de la gestion publique de leau potable Paris

    tandis quO. Brousse prsente le cas des services dlgus.

    La gouvernance des services deau est formalise dans un

    cadre institutionnel de rgulation, le plus souvent dfini

    lchelle nationale. G. Canneva propose donc une revue des

    systmes nationaux de rgulation dans lesquels sinscrivent

    les expriences damlioration des services. Le modle de

    rgulation des services deau franais est prsent plus en dtail

    par A. Savignac.

    Enfin, cette partie met en avant plusieurs outils qui contribuent

    dans des contextes varis lamlioration de la performance.

    On namliore que ce quon peut mesurer (If you can not

    measure it, you can not improve it) , soulignait Lord Kelvin. Les

    indicateurs de performance constituent un maillon essentiel que

    lInternational Water Association (IWA) a contribu dvelopper

    et diffuser. H. Alegre et M. Salgado synthtisent prs de 15

    ans defforts dans ce dveloppement. Ces indicateurs de

    performance ont ensuite t repris dans des contextes varis

    pour de nombreux usages. G. Canneva et al. prsentent un

    exemple dutilisation dans le cas dun observatoire national de la

    performance des services deau en France. M. Salvetti montre

    par ailleurs comment ils peuvent contribuer une analyse

    du cot de la qualit et de la non-qualit. Les indicateurs de

    performance ne sont cependant pas les seuls outils disponibles :

    le dialogue avec lusager permet de mieux comprendre ses

    attentes et danticiper ces changements. R. Barbier et M.

    Tsanga montrent comment il peut tre mobilis. Dautres outils

    permettent damliorer le pilotage de lactivit oprationnelle. C.

    Franck donne lexemple du Balanced Scorecard de Vivaqua en

    Belgique et M. Riotte celui du tableau de bord de la direction

    gnrale et de lAgenda 21 pour lassainissement en rgion

    parisienne. Enfin, certains outils visent mieux coordonner les

    actions des parties prenantes en partageant leurs objectifs. Cest

    le cas des management contracts prsents par C. Mairesse

    et des subventions bases sur les rsultats (Output based aids

    OBA) dcrites par J-F. Curci.

    La deuxime partie prsente une srie de cas concrets

    damlioration de la performance. Elle ne se considre pas

    comme exhaustive mais propose des exemples de mobilisation

    doutils dans des contextes assez varis. Ces exemples ont t

    regroups en trois grandes catgories.

    Dans un premier temps, laccent est mis sur les amliorations

    de la performance au travers de dispositifs de coordination entre

    oprateurs et autorits. En mobilisant des outils tels que les

    objectifs de performance et leur suivi, les autorits parviennent

    indiquer clairement aux oprateurs leurs attentes et ceux-ci

    peuvent alors dfinir les moyens de les atteindre. A. Guillon et

    al. mobilisent les indicateurs de performance dans le cadre du

    suivi dun contrat de gestion des rseaux dassainissement en

    rgion parisienne. Par ailleurs, les indicateurs de performance

    { Guillem Canneva1

    1_ AgroParisTech

  • 17

    sont de plus en plus souvent intgrs dans les contrats entre

    autorits et oprateurs, comme cest le cas pour le nouveau

    contrat du SEDIF (Syndicat des Eaux dle-de-France) (A. Cohen

    et al.), pour certains contrats proposs par Lyonnaise-des-Eaux

    (S. de la GrandRive) ou pour le contrat du service des eaux

    de Jeddah (C. Mairesse et A. Mathys). Les dispositifs de suivi

    et de contrle ne sont pas seulement mis en uvre dans les

    pays dvelopps ou pour des contrats importants. D. Dsille et

    D. Faggianelli montrent comment ce dispositif peut fonctionner

    pour de petits oprateurs en Afrique. Enfin, ces dispositifs

    de coordination peuvent tre mis en place dans des cas de

    gouvernance hybride, comme Bucarest, prsent par E. Chiru

    ou Nantes Mtropole, prsent par P. Marest et al.

    Un autre ensemble dexemples met en avant lamlioration

    des services qui se fonde sur le benchmarking (ou analyse

    comparative) et sur lchange dexpriences. Les contributions

    prsentent le cas de la participation dEau de Paris un

    benchmark europen (B. Sixta) ainsi que lanalyse comparative

    coordonne par la FNCCR en France (C. Bougaux-Ginsburger

    et M. Desmars). Ces outils ne sont pas rservs aux services

    atteignant des niveaux de qualit levs. Dans les pays en

    dveloppement plusieurs projets comme ceux prsents par M.

    Blockland ou par M. et D. Mehta en Inde, viennent adapter

    les indicateurs utiliss habituellement et initier un benchmark.

    Enfin C. Brenire et al. prsentent un cadre dchange de

    pratiques entre oprateurs.

    Enfin, les exemples damlioration de la performance sappuient

    sur le renforcement des capacits et sur la connaissance du

    patrimoine. Si les services deau mobilisent des infrastructures

    coteuses, ils ne peuvent fonctionner correctement et

    samliorer que par une plus grande matrise des comptences

    des personnes charges de leur gestion et par une connaissance

    des infrastructures, et notamment des rseaux, qui permettent

    une gestion optimise. A ce titre, P. Vizioli prsente WIKTI, une

    mthodologie de transfert de savoir-faire entre oprateurs dun

    mme groupe et J.-A. Faby lInternational Executive Master

    Eau pour Tous, une formation de dirigeants des services deau

    de pays en dveloppement, conue comme un levier de leur

    changement et de leur performance. La gestion du patrimoine

    sappuie sur des outils et des comptences mis en uvre

    pour lassainissement Caen la Mer (K. Nirsimloo et al.) mais

    aussi pour leau potable Shanghai, dans un contexte de fort

    dveloppement (L. Pelletier) ainsi qu Bordeaux (C. Anselme

    et F. Figueres).

    Enfin la performance des services deau sintgre dans une vision

    de long terme et sarticule avec les enjeux de dveloppement

    durable et dintgration urbaine. Les services font face une

    inertie lie la dure de vie trs longue des infrastructures

    et des attentes des parties prenantes qui peuvent changer,

    faisant ainsi voluer la dfinition de la performance dans le

    temps. Cette tension entre inertie et besoin de flexibilit montre

    lintrt de complter les outils de la performance prsents

    prcdemment. Louvrage propose donc en troisime et

    dernire partie quelques rflexions sur la durabilit des services.

    O. Gilbert et al. sintressent plus particulirement au volet social

    de laccs leau des populations dfavorises. B. Barraqu

    prsente le projet de recherche Eau et 3E danalyse de la

    durabilit des services deau selon les dimensions conomique,

    environnementale et thique. F. Cherqui et al. proposent une

    analyse des fonctions de la gestion des eaux urbaines pour

    mieux valuer leur contribution au dveloppement durable.

    Enfin J. Laterrasse et S. Zerguini prsentent une mthodologie

    dvaluation des services urbains au regard de leur impact sur le

    changement climatique.

    Louvrage se conclut par une synthse des propositions de

    rflexion des membres du TSG qui seront prsentes lors du 6me

    Forum Mondial de lEau Marseille, pour encourager la mise en

    uvre dactions favorables lamlioration de la performance.

  • 1Dfinition de la performance

    des services, son cadre institutionnel et ses outils

  • 20d

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  • 21

    Le Pacte dIstanbul pour lEau et la performance des services

    LE PACTE DISTANBUL POUR LEAU (EN

    ANNEXE 1) A T INITI LORS DU 5ME

    FORUM MONDIAL DE LEAU EN 2009

    DESTINATION DES COLLECTIVITS

    LOCALES AFIN DE LEUR PERMETTRE

    DE DVELOPPER DES STRATGIES DE

    GESTION DE LEAU MIEUX ADAPTES

    AUX CHANGEMENTS DE NOTRE

    PLANTE. CE TEXTE RASSEMBLE

    DES ENGAGEMENTS COMMUNS

    AUXQUELS LES MAIRES ET LUS

    LOCAUX OU RGIONAUX SIGNATAIRES

    ADHRENT.

    En tant que maire de Maxville, vous

    avez t parmi les premiers signataires

    du Pacte dIstanbul pour lEau lors

    du 5me Forum Mondial de lEau en

    2009. Pourquoi avez-vous soutenu la

    dmarche ?

    Tous les maires du monde ont comme

    premire mission lorganisation des

    services essentiels. Sengager pour

    laccs pour tous leau propre, protger

    la ressource et assurer la salubrit des

    villes sont donc des priorits de laction

    locale.

    La formulation du Pacte est utile et va

    dans ce sens, pour voluer favorablement

    avec des principes daction communs

    lchelle de la plante. Le Pacte

    promeut par exemple la participation des

    citoyens, la transparence des mesures de

    gouvernance ou encore la comprhension

    des volutions ncessaires lies lusage

    de leau.

    En quoi ce Pacte parle-t-il de performance ?

    Le Pacte dIstanbul impulse lamlioration

    de la performance des services

    promulgus par les signataires en les

    engageant mettre en application des

    mesures rpondant des objectifs

    ou cibles quils se sont fixs.

    Cependant, il nimpose pas dobjectifs

    chiffrs. Cest bien aux signataires de fixer

    leurs cibles en fonction du contexte

    socio-go-conomique dans lequel ils

    agissent. Les critres dvaluation de

    la performance sont propres chacun.

    Lengagement au Pacte est donc moral

    et non pas quantitatif. En France, les

    intercommunalits ont le plus souvent la

    comptence eau et assainissement

    mais les maires gardent les liens de

    proximit avec les habitants. Le Pacte me

    permet de prendre du recul pour mieux

    rpondre la demande des habitants.

    Maxville comprend deux tiers de

    logements sociaux et assure laccueil des

    gens du voyage de lagglomration. La

    question de tarifs sociaux est dactualit,

    bien sr.

    Quelle est lambition du Pacte ?

    Le Pacte pousse les collectivits

    exercer leurs responsabilits quant

    aux services rendus aux usagers, mais

    aussi citoyennes pour un bon usage de

    leau en tenant compte des contextes

    gographiques et culturels.

    Les Forum Mondiaux de lEau, comme

    celui de Marseille, constituent des points

    dtape pour prsenter les progrs raliss

    par les signataires. Ils encouragent donc

    les signataires agir et constituent

    des plateformes pour changer des

    expriences.

    Concrtement, comment lavez-vous mis

    en uvre sur votre commune ?

    Cest la communaut urbaine du Grand-

    Nancy qui a la comptence de la gestion

    de leau et de lassainissement pour

    Maxville et 19 autres communes.

    En ce qui concerne les engagements

    pris par notre commune au titre du

    Pacte dIstanbul, la participation et la

    sensibilisation des usagers en sont les

    principaux (sensibilisation au cycle de

    leau, au cot du m3 deau, ou encore

    lutilisation de leau et ses alternatives

    comme la rutilisation des eaux de

    pluie) pour anticiper sur de potentielles

    mesures nationales (par exemple sur la

    rutilisation des eaux uses traites ou

    des eaux pluviales), et pour amliorer la

    performance des services publics deau

    et dassainissement rendus.

    Nous nous sommes par ailleurs engags

    auprs de la ville de Gao (Mali) dans le

    cadre dune coopration dcentralise.

    Cet engagement consiste travailler

    ensemble sur la gouvernance des services

    dassainissement avec une dmarche

    trs participative linitiative de la mairie

    de Gao. A Maxville cette dmarche

    Interview dHenri Bgorre, maire de Maxville et vice-prsident de la communaut urbaine du Grand-Nancy (France)

    1.1 Dfinition de la performance en lien avec la gouvernance

  • 22d

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    ent participative sexprime par exemple dans

    les coles o des travaux sur lutilisation

    de leau en France et ailleurs sont mens.

    Travailler ensemble, comme le font

    Maxville et Gao, apporte des deux cts.

    Appuyer la mairie de Gao la conforte

    comme autorit locale, organisatrice.

    Impliquer les familles et les coles a

    permis une amlioration significative de

    la situation sanitaire, car cest toute la

    chaine des dchets qui a progress. Cette

    mme question sest pose dans notre

    co-quartier dhabitat social et les jeunes

    des deux villes communiquent leur faon

    de respecter lenvironnement.

    Bref, du vrai lien social dans chaque ville

    bien sr, mais aussi entre les gens des

    deux cts, le bonheur pour un Maire !

    > Cf. Annexe 1 en p. 181

  • 23

    AMLIORER LES RSULTATS ET LES PERFORMANCES DES POLITIQUES DE LEAU : UNE PERSPECTIVE OCDEmots-cls : gouvernance pluri-niveaux, mesure de la performance, indicateur, valuation, systmes d'information

    La crise de leau est essentiellement une crise de gouvernance

    La gestion de leau pour tous nest pas seulement une question

    dhydrologie ou de finances. En labsence dune gouvernance

    publique effective, les dcideurs politiques font face plusieurs

    obstacles qui les empchent de concevoir et de mettre en uvre

    avec efficience des rformes de leau. Les dfis cls comprennent

    la fragmentation territoriale et institutionnelle, les limitations de

    capacits au niveau local, le flou dans lattribution des rles et

    responsabilits et lallocation des usages. La gestion financire

    souvent parse et labsence de planification stratgique long

    terme sont galement mettre au compte des obstacles ainsi

    que les dfis persistants en termes de rgulation conomique

    et dlaboration des cadres lgislatifs. De plus, linsuffisance de

    moyens de mesure des performances a un impact consquent

    sur la qualit institutionnelle et les cadres de responsabilit et

    de transparence. Ces obstacles prennent souvent leurs racines

    dans des objectifs mal aligns et dans une mauvaise gestion des

    interactions entre les parties prenantes.

    Dans les conclusions de son travail prcdent sur leau, lOCDE

    indiquait que, souvent, les solutions la crise de leau existent

    et sont bien connues. La principale difficult rside dans la

    mise en uvre de ces solutions, leur adaptation aux contextes

    locaux, la capacit surmonter les obstacles aux rformes et

    faire travailler ensemble les principaux acteurs des diffrents

    secteurs afin quils joignent leurs forces et partagent les tches

    et les risques. Il ny a pas de rponse panace ni de recette

    magique pour relever les dfis de la gouvernance dans le secteur

    de leau. Il est de loin prfrable dlaborer des politiques locales

    dveloppes sur site intgrant les spcificits et les questions

    territoriales. Mais quels que soient les contextes et les ralits

    institutionnelles des pays, des dfis communs peuvent tre

    diagnostiqus ex ante pour laborer des rponses politiques

    adquates.

    En 2010, lOCDE a effectu une enqute dans 17 pays

    membres afin didentifier les bonnes pratiques de gestion des

    interdpendances entre les nombreuses parties prenantes

    de la gestion de leau et dexaminer les processus par le biais

    desquels les acteurs publics articulent leurs problmes, les

    dcisions sont prises et les dcideurs politiques sont considrs

    comme redevables de rsultats. Les principales conclusions

    furent publies dans le rapport Gouvernance de leau dans

    les pays de lOCDE : une approche pluri-niveaux , qui constitue

    un cadre de lecture pour : i) cartographier les attributions de

    responsabilits dans la conception, rgulation et mise en oeuvre

    des politiques de leau ; ii) identifier les dfis de la gouvernance

    commune pluri-niveaux pour une politique intgre de leau ;

    iii) identifier les bonnes pratiques de gestion des dpendances

    mutuelles entre les niveaux de gouvernement dans la conception

    et la mise en uvre des politiques de leau ; iv) promouvoir

    le processus dcisionnel qui intgre les acteurs tous les

    niveaux ; et v) encourager ladoption des outils pertinents de

    dveloppement des capacits, de suivi et dvaluation.

    Messages cls du rapport Gouvernance de leau dans les pays de lOCDE, une approche pluri-niveaux

    IDENTIFIER LES DFIS DE LA GOUVERNANCE

    PLURI-NIVEAUX DANS LES PAYS DE LOCDE

    { Aziza Akhmouch1

    1_ OCDE

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    ent Le degr de mise en pril auquel la coordination et la mise en

    uvre effective des politiques de leau sont exposes par les

    dficits de gouvernance pluri-niveaux varie largement dans la

    rgion OCDE, mais des dfis communs ont t identifis :

    n Dans les deux tiers des pays OCDE tudis, le dficit de

    financement constitue le principal obstacle la coordination

    verticale et horizontale des politiques de leau ;

    n En dpit dune infrastructure bien dveloppe et du transfert

    rgulier dexpertise, le dficit de capacit reprsente le

    second dfi le plus important particulirement au niveau

    infranational ;

    n Deux tiers des pays de lOCDE couverts par cette tude

    doivent toujours faire face un dficit de politiques en raison

    de la fragmentation des responsabilits au niveau national

    et infranational et de labsence de mesures institutionnelles

    incitatives pour une coordination horizontale entre les

    diffrents domaines de politiques publiques lies l'eau ;

    n Le dficit administratif a toujours un impact significatif sur la

    mise en uvre des politiques de leau, mme aprs ladoption

    des principes de gestion des bassins fluviaux ;

    n Les dficits dinformation et de redevabilit (ou qualit

    institutionnelle) sont les obstacles majeurs une politique

    intgre de leau dans la moiti des pays de lOCDE tudis.

    En fait, concernant ce dernier point, labsence de redevabilit

    et de transparence dans la politique de leau est un symptme

    des dficiences de gouvernance tant dans le secteur priv que

    public. Dans de nombreux pays, la lgislation est faiblement

    applique et les systmes lgaux sont inadquats. Ceci porte

    atteinte la mise disposition durable de leau de plusieurs

    manires ce qui rduit la croissance, affecte les performances et

    lefficience, et frustre la participation des parties prenantes dans

    le processus dcisionnel.

    Gnralement, les principales questions sont lies labsence

    de prise de conscience publique et la faible implication des

    associations dusagers deau dans le processus dlaboration

    des politiques. Laccent est galement mis sur une faible

    valuation des politiques deau au niveau central et infranational.

    Par ailleurs, le manque defficience dans le suivi, la reddition

    de rapports, le partage et la dissmination des performances

    des politiques de leau empchent la cohrence politique aux

    niveaux horizontal et vertical. Lvaluation priodique du progrs

    vers des objectifs politiques tablis est vitale pour dterminer

    si les efforts appliqus sont effectifs et pour ajuster la politique

    lorsque cela est ncessaire. Mais la faisabilit est souvent limite

    en raison de considrations de nature politique, financire et

    de capacit. A titre dexemple, en Grce, en Isral et en Italie,

    labsence de suivi et dvaluation des rsultats des politiques de

    leau tait considre comme un obstacle important la mise en

    uvre des politiques de leau au niveau territorial. En Isral, les

    rsultats des politiques nationales de leau ne sont pas toujours

    quantifis dans les dlais, en raison des difficults obtenir des

    donnes pertinentes de la base de donnes de la Israeli Water

    Authority (autorit isralienne de leau). La base de donnes

    gagnerait tre rorganise pour obtenir des rsultats clairs

    partir des changements politiques. De plus, il nexiste aucune

    mesure incitative ni de rgles spcifiques pour encourager les

    compagnies responsables du pompage, de la purification et

    du transport de leau vers les consommateurs, produire les

    donnes pertinentes sur la qualit et la quantit de leau et les

    rserves deau restantes. Il a t envisag de mettre en place

    une quipe de suivi indpendante pour collecter ces donnes,

    mais ceci est en attente en raison de financement insuffisant.

    RPONSES POLITIQUES POUR SURMONTER LES DFIS

    DE LA GOUVERNANCE PLURI-NIVEAUX : UN REGARD SUR

    LA MESURE DES PERFORMANCES

    La plupart des pays de lOCDE ont fait des efforts significatifs pour

    coordonner les politiques de leau entre ministres, domaines de

    politiques et niveaux de gouvernement.

    Tous les pays tudis ont mis en uvre des mcanismes

    horizontaux et de coordination tels que des ministres de tutelle

    (ex. GB, Espagne), des organismes inter-ministriels (ex. France),

    des structures de haut niveau (ex. Mexique) ou des organes

    de coordination spcifiques. Les mesures de performances,

    les autorits de bassins fluviaux, les systmes dinformations

    et de bases de donnes sur leau, les transferts financiers, la

    collaboration inter-municipale, la participation des citoyens et

    des mcanismes innovants (ex. exprimentation territoriale) sont

    galement des outils de coordination verticale importants dans la

    rgion de lOCDE.

    Coordination horizontale entre secteurs politiques

    Source : Enqute de lOCDE sur la gouvernance de leau (2010)

    Eau et agriculture

    JaponGrce

    Pays-Bas

    Eau et dveloppementterritorialEau et nergie

    AustralieChili

    FranceIsralCore

    Nlle-ZlandeMexiqueEspagne

    Royaume-Uni

    ItaliePortugal

    Il est possible dassurer le dveloppement des capacits et

    de faciliter des actions coordonnes entre les divers niveaux

    gouvernementaux par la mesure des performances. De telles

    mesures visent fournir des informations qui peuvent tre

    utilises pour amliorer lefficience des dcisions sur les

    priorits, les stratgies politiques et les allocations de ressources

    (OCDE, 2009). Ceci se fait gnralement par le biais de mesures

    de suivi et dvaluation. Le suivi (monitoring) est un processus

    constant et ncessite la collecte et lvaluation des informations

  • 25

    quantitatives et qualitatives, ainsi que des rsultats des

    politiques et des programmes publics. Lvaluation se fait des

    moments spcifiques du cycle et utilise des donnes qualitatives

    et quantitatives pour valuer le succs ou non des objectifs.

    Les deux peuvent aider identifier des zones dans lesquelles

    la coordination peut tre amliore ; soutien au dialogue et

    la ngociation pour une meilleure allocation des ressources et

    des comptences et soutien la ngociation des arrangements

    contractuels.

    Les indicateurs de performance peuvent renforcer les

    liens entre les parties prenantes des politiques diffrents

    niveaux de gouvernement et contribuent la formation et au

    dveloppement de comptences. De telles mesures deviennent

    un outil inestimable pour tous les niveaux de gouvernement,

    ainsi que pour toutes les autres parties prenantes dans un

    contexte de gouvernance pluri-niveaux, y compris les oprateurs

    du secteur priv. Elles forment une base de dialogue, de

    discussion et dacquisition des connaissances, et permettent

    une communaut dacteurs didentifier des points de rfrence

    communs. Mais la porte dutilisation de telles informations sur les

    performances pour guider le processus dcisionnel de politique

    de leau et de prioritisation des actions gouvernementales est un

    point cl.

    Un nombre croissant de pays ont tabli des indicateurs

    dvaluation de la performance de leur secteur de leau, pour

    renforcer les mesures incitatives pour les gouvernements

    infranationaux et pour amliorer la base de connaissance.

    Plusieurs pays de lOCDE ont galement adopt des outils de

    mesure des amliorations dans la mise en uvre de politiques

    de leau par le biais de systmes de suivi qui ne sont pas toujours

    standardiss entre bassins. Toutefois, il faut noter que les

    informations ne sont pas systmatiquement rendues publiques

    (aux usagers de leau et ONG), ou utilises pour des organes de

    mesures comparatives responsables des politiques de leau qui

    guident les dcisions publiques. Les exemples suivants illustrent

    quelques expriences intressantes dans la rgion de lOCDE.

    INDICATEURS DE PERFORMANCE DANS LE SECTEUR DE LEAU : QUELQUES EXEMPLES DE LOCDE

    En Australie, lvaluation bi-annuelle par la National Water Commission de la mise en uvre de la National Water Initiative rapporte des progrs dans la rforme de leau au niveau infranational.

    Aux Pays-Bas, chaque conseil de leau utilise des systmes pour suivre les progrs des politiques de leau, tels que le suivi de la qualit de leau et lcologie de leau, la planification et le suivi de lespace prserv pour la rtention de leau. Le STOWA (institut de recherche scientifique applique) pilote le changement vers la standardisation des systmes de suivi qualitatif/quantitatif de leau, et de lcologie. Lunion des conseils de leau organise une valuation comparative des conseils de leau tous les deux ans et cette tude est publie dans le document Waterpeil.

    En Belgique, le rapport flamand sur lenvironnement (Flemish Environment Report - MIRA) est publi depuis 1994 comme indicateur, valuation de politique, scnario et rapport prvisionnel. Il comprend des analyses de tendance comme bases dvaluation des progrs. De plus, le comit de coordination sur la politique intgre de leau (Co-ordination Committee on Integrated Water Policy - CIW) a dvelopp un systme de suivi au niveau rgional pour la mise en uvre des mesures de la directive cadre sur leau. Il sagit dune application Excel ou Access contenant des donnes qui listent des informations de base (qui, quoi, quand, etc.), ainsi que des donnes qui suivent les progrs (dpenses, calendrier, etc.).

    En France, le Contrat dobjectifs tat-Agences est un outil national de prsentation de rapports destin valuer les politiques des Agences de leau.

    En Arizona (USA), un service de suivi et de rapportage de politique de leau (Water Policy Monitoring and Reporting Service) a t conu pour les gestionnaires de ressources municipales en eau, des dirigeants industriels, des reprsentants et de tous ceux intresss par les tendances qui influencent le prix et la disponibilit de leau dans lArizona.

    Au Portugal, depuis 2004, les services deau et dassainissement de toutes les entreprises deau qui fonctionnent dans le cadre de contrats de concession sont suivis annuellement par le biais de 20 indicateurs de performances. Cette rglementation sur la qualit de leau a t progressivement tendue toutes les entreprises de service deau au cours de lanne 2011.

    Enfin, lUnion europenne a galement mis en place une mthodologie dvaluation des politiques de leau au sein de ses frontires.

    Source : Etude OCDE sur la gouvernance de leau (2010).

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    ent Enseignements cls de lexprience

    de lOCDE pour lamlioration des performances des politiques de leau

    Lexprience de lOCDE a rvl que les systmes dindicateurs

    offrent de grands avantages, mais que nanmoins certains

    risques doivent tre pris en considration. Ces systmes sont

    souvent coteux, directement (le cot de dveloppement et

    de mise en uvre) et indirectement (les cots dopportunit

    et le potentiel de gnration de consquences inattendues). Ils

    peuvent galement augmenter la charge administrative pour

    lorganisation qui labore le rapport et son personnel. Il est

    difficile de saisir la complexit par le biais des donnes et des

    indicateurs sur leau, ce qui peut conduire au dveloppement de

    trop dindicateurs plutt que de focaliser lattention sur un noyau

    central d'indicateurs pertinents. De plus, il est tentant de la part

    du gouvernement central de substituer ex ante le contrle des

    services deau par les indicateurs de performances. Ceci peut

    conduire conserver le contrle sur la manire dont les autorits

    infranationales mettent en uvre leur politique de leau car elles

    prendront des dcisions et feront des choix qui leur permettent

    dobtenir de bonnes performances dans les paramtres du

    systme indicateur, aux dpends dautres lments.

    La diversit des outils en place indique quil nexiste pas

    de conception optimale pour un systme de mesure des

    performances bas sur des indicateurs dans le secteur de leau.

    Son dveloppement devrait rsulter dun effort collaboratif entre le

    niveau national et infranational, et les informations quil recueille

    doivent couvrir les intrants, les procds et les donnes de sortie

    qui sont pertinents pour les activits en cours. Il est ncessaire

    dtablir des objectifs clairs pour les donnes et de slectionner

    les indicateurs appropris pour parvenir une utilisation

    optimale de ces informations. On doit disposer de systmes

    pour gnrer, valider et distribuer les donnes ; les informations

    doivent tre utilises de manire approprie et dans les temps ;

    des mcanismes incitatifs sont ncessaires pour encourager les

    acteurs suivre une mthodologie particulire ; et il faut planifier

    lutilisation approprie des informations sur les performances

    pour encourager le suivi systmatique des politiques de leau qui

    doivent tre bien rflchies, au moyen des bases de donnes

    et des systmes ncessaires. Cela signifie souvent que ces

    indicateurs doivent tre rendus disponibles tous les niveaux

    de gouvernement et pour le public. En dautres termes, il faut

    prendre en compte de nombreuses complmentarits entre

    les outils de gouvernance afin doptimiser le rsultat de leurs

    interactions.

    Le rapport de lOCDE se termine sur des lignes directrices

    destines servir doutils pour les dcideurs politiques de leau

    pour diagnostiquer et surmonter les dfis de gouvernance pluri-

    niveaux et grer la complexit dans les politiques de leau. Lune

    de ces lignes directrices (n5) est spcifiquement ddie aux

    mesures incitatives ncessaires pour amliorer la performance

    dans le secteur de leau :

    1. Diagnostiquer les dficits de gouvernance pluri-niveaux dans

    llaboration, la rgulation et la mise en uvre des politiques

    de leau entre ministres et agences publiques, entre les

    niveaux de gouvernement et entre les acteurs locaux. Ceci

    facilitera la dfinition claire des rles et responsabilits des

    autorits publiques.

    2. Impliquer les gouvernements infranationaux dans la

    conception de la politique de leau, au-del de leur rle de

    mise en uvre diffrentes chelles territoriales, et

    attribuer les ressources humaines et financires en accord

    avec les responsabilits des autorits.

    3. Adopter des outils de gouvernance horizontale pour favoriser

    la cohrence entre des secteurs politiques lis leau

    et amliorer la coopration inter-institutionnelle dans les

    ministres et les agences publiques.

    4. Crer, mettre jour et harmoniser les systmes dinformation

    sur leau et les bases de donnes pour partager les besoins

    des politiques de leau l'chelle des bassins, des pays et au

    niveau international.

    5. Encourager la mesure des performances pour valuer et

    suivre les rsultats des politiques de leau tous les niveaux

    gouvernementaux, et dvelopper des mesures incitatives

    pour le dveloppement des comptences.

    6. Rpondre la fragmentation de la politique de leau au

    niveau infranational en encourageant la coordination entre

    les acteurs locaux.

    7. Promouvoir le dveloppement des capacits tous les

    niveaux de gouvernement. Ceci implique dassocier les

    investissements dans les systmes dapprovisionnement en

    eau et lassainissement des investissements en termes

    de capacits des institutions sur lesquelles reposent les

    rsultats, et la gestion des services et ressources efficace et

    coordonne.

    8. Encourager une approche ouverte tous pour llaboration

    des politiques de leau, par le biais de la participation

    publique.

    9. valuer ladquation des instruments de gouvernance

    existants pour relever les dfis identifis et favoriser la

    coordination de la politique de leau aux niveaux horizontal

    et vertical.

    Rfrences

    OCDE (2011), Water Governance in OCDE Countries: a Multi-level

    Approach, OCDE Publishing, Paris.

    OCDE (2009), Governing Regional Development Policy: The Use of

    Performance Indicators, OCDE Publishing, Paris[ ]

  • 27

    METTRE EN PRATIQUE EN FRANCE LAMLIORATION DE LA PERFORMANCE DES SERVICES PUBLICS LOCAUX DE LEAU ET DE LENVIRONNEMENT.LES PROPOSITIONS DE LASTEEmots-cls : service performant, acteurs des services, mesure de la performance

    Les collectivits dans lesquelles nous travaillons en France ont

    fait des choix divers quant au mode dorganisation de leurs

    services publics deau et dassainissement et leurs structures

    actuelles ne peuvent ignorer le fruit de leur histoire. Par les

    expriences que nous partageons avec de nombreux collgues

    au sein de lASTEE, se dessinent des exigences de progrs et

    des mthodes communes ces diverses situations. On peut

    ainsi tracer un cadre gnral dintervention, fond sur la notion

    de contrat de service qui apporte de srieuses clarifications et

    proposer un plan daction de renforcement des capacits de

    chacun des acteurs impliqus.

    Un dfi relever par les collectivits territoriales : la complexit

    Les collectivits locales et notamment les communes et leurs

    groupements intercommunaux, sont tout la fois confrontes,

    quotidiennement, la mise en uvre des services publics

    de proximit et long terme, la rsolution, au niveau local,

    des grands dfis du dveloppement durable notamment

    environnementaux comme le rchauffement climatique, la

    rarfaction des ressources et la prservation de la biodiversit

    ainsi que de ceux poss par lvolution des modes de vie.

    Leur ncessaire implication aux niveaux national, europen et

    mondial dans la gouvernance des grandes questions de socit,

    au cur des problmatiques locales, au nombre desquelles

    la gestion des services publics locaux environnementaux (eau

    potable, assainissement et dchets) semble faire aujourdhui

    consensus. Le renforcement du rle des autorits locales

    apparat ainsi primordial et a t mis en avant notamment par le

    Pacte dIstanbul conclu au 5me Forum Mondial de lEau.

    La multiplicit et la complexit des sujets traits rendent

    ncessaires, de plus en plus, une grande matrise technique qui

    exige une ingnierie de plus en plus performante3. En particulier,

    elles doivent appliquer des prescriptions rglementaires dont

    lorigine mane de plus en plus (et cest plus particulirement vrai

    pour le domaine de lenvironnement), de textes communautaires

    complexes. Certes, les collectivits territoriales ont dvelopp

    des comptences oprationnelles pour leur action en tant que

    matres douvrage et autorits organisatrices mais elles sont

    moins armes, sauf peut-tre les plus importantes dentre elles,

    pour apporter des rponses locales et participer la rsolution

    des grandes questions du 21e sicle, de lvolution socitale et

    du dveloppement durable.

    Les enjeux induits se dclinent essentiellement sur trois

    grands registres : politico-institutionnel (modes dorganisation,

    relations institutionnelles), financier (cots prendre en

    compte) et technique (rponses technologiques). Ainsi, pour

    les acteurs publics locaux, ces nouveaux enjeux se concentrent

    essentiellement dans leur capacit exercer leurs rles dautorit

    organisatrice des services publics et de matre douvrage,

    essentielle pour conserver la matrise publique dans un contexte

    aussi volutif et dans la capacit agir concrtement en

    { Pierre-Alain Roche1 et Philippe Marest2

    1_ Prsident de lASTEE, directeur gnral adjoint, responsable du ple Amnagement du territoire au Conseil Gnral des Hauts de Seine.

    2_ Vice-prsident de lASTEE, dlgu aux collectivits territoriales, directeur gnral environnement et services urbains de Nantes Mtropole.

    3_ Yves Daudigny : Rapport dinformation n557 du Snat sur lingnierie publique du 15/06/2010 . La multiplication des lois et normes, la complexification technique et juridique des dossiers, la prise en compte des orientations de dveloppement durable, la

    ncessit de projets qui abordent les aspects de gestion et de maintenance exigent une ingnierie de plus en plus performante.

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    ent valuant les impacts de leurs actions. Ils doivent faire appel de

    multiples connaissances pour construire une vision globale avec

    une approche pluridisciplinaire et transversale runissant dans

    une mme synthse les avis de lconomiste, de lingnieur, du

    gographe, du sociologue, de lurbaniste, de larchitecte

    La mise en pratique soulve ainsi de multiples questions qui

    sont autant de dfis collectifs relever au niveau local. Les

    changements et les questions doivent tre pris en compte, des

    rponses adaptes, trouves et mises en application par les

    acteurs locaux doivent tre apportes.

    Les propositions de lASTEE

    Face ces dfis, lASTEE se mobilise avec ses partenaires

    dans le but de favoriser, pour les services publics locaux de

    lenvironnement :

    n une organisation efficace fonde sur des autorits

    organisatrices fortes4,

    n des oprateurs de rseaux performants, que ceux-ci soient

    publics, dconomie mixte ou privs,

    n des liens clarifis par un contrat de service entre les autorits

    organisatrices et les oprateurs,

    n un Etat rgulateur et garant de la transparence pour les

    citoyens-usagers.

    POURQUOI DES AUTORITS ORGANISATRICES FORTES ?

    Celles-ci doivent pouvoir pleinement exercer leur rle. Les

    champs dintervention sont nombreux et structurants : primtre

    et comptences, tude des besoins collectifs, information et

    participation de la population, dfinition du service (niveau et

    qualit), choix des modes de gestion, gestion des patrimoines

    (ressources, rseaux et quipements), des moyens et de la

    politique tarifaire, excution du service La dtermination de

    loprateur de rseaux est une dcision majeure pour lautorit

    organisatrice : elle doit tre en capacit de matriser lensemble

    des leviers essentiels avec une capacit relle daction.

    POURQUOI DES AUTORITS ORGANISATRICES ASSISES

    SUR UNE EXPERTISE SOLIDE ?

    La mise en uvre effective de ses missions avec le niveau

    de matrise souhait requiert une relle expertise mtier ,

    scientifique et technique, mais aussi conomique, sociale,

    juridique et un savoir-faire prouv, par exemple pour la

    dfinition des stratgies, la gestion de patrimoine ou le choix

    des modes de gestion et le contrle des oprateurs de rseaux.

    POURQUOI DES AUTORITS ORGANISATRICES EN

    CAPACIT DINNOVER ?

    Il faut prparer lavenir en recherchant des rponses et des

    ides, nouvelles, indispensables, dautant plus que le contexte

    conomique et financier est de plus en plus contraint. Une

    des voies privilgie est linnovation qui nest pas seulement

    technologique mais porte aussi bien sur les services, les

    mthodes de travail, lorganisation, la logistique... pour accrotre

    la capacit oprationnelle, la capacit dexpertise mais galement

    rechercher lamlioration des services dlivrs la population.

    POURQUOI DES CONTRATS DE SERVICES ?

    Cest le moyen le plus clair et le plus transparent de fixation :

    par lautorit organisatrice de ses ambitions et de ses priorits,

    et par loprateur de service public, travaillant pour le compte

    de celle-ci, des performances quil est en mesure datteindre

    compte-tenu des moyens allous.

    POURQUOI UNE RGULATION PAR LETAT ?

    Enfin, lEtat doit tre rgulateur et garant de la transparence en

    collaboration troite avec des autorits organisatrices locales

    lcoute des citoyens-usagers. Les services publics locaux

    de lenvironnement sont dexceptionnels outils de solidarit et

    rendent des services essentiels en termes de sant publique et

    de confort de la vie quotidienne. Cest un enjeu politique majeur.

    En France cette rgulation est exerce par des outils normatifs

    (notamment concernant lencadrement des dlgations de

    services publics ou autres types de contrats) ou rglementaires,

    par des mcanismes de taxation et de financement (agences de

    leau) et comme une sunshine regulation ou rgulation par

    la mise en lumire 5 par la cration de lobservatoire SISPEA6.

    Une autorit organisatrice forte

    LASTEE sappuie sur une large exprience franaise de services

    publics pour fonder la dmarche de mise en pratique quelle

    propose. La loi dorientation des transports intrieurs de 1982

    a introduit la notion dautorit organisatrice. Un avis du conseil

    conomique et social a fait la synthse de lexprience franaise

    sur les services publics urbains organiss en rseaux7 intgrant

    4_ Nous utilisons dans cette contribution des terminologies habituelles en France. Le spcialiste de ces questions trouvera les quivalents suivants dans la terminologie retenue dans la normalisation ISO TC 224 : par autorit organisatrice , il faut entendre entit responsable , et par Etat il faut entendre dans le cas Franais l entit comptente sur le territoire national. Nous renvoyons par ailleurs aux autres communications du prsent ouvrage pour une prsentation du systme institutionnel franais.

    5_ Bruno Johanns and Pierre-Alain Roche, The regulation of water public services in France , in regulating network utilities in the U.E. , Oxford University Press, Oxford, 2000.

    6_ Voir communication ce propos dans le prsent ouvrage.

    7_ La matrise des services publics urbains organiss en rseaux , Avis du Conseil conomique et social prsent par Claude Martinand, Section du cadre de vie, 2001.

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    diffrents travaux de recherche8. LInstitut de la Gestion Dlgue

    a propos une charte des services publics locaux9, qui sadresse

    lensemble des acteurs ou partenaires, avec sept objectifs

    pour garantir la qualit et la performance de ces services. Une

    charte similaire pour les services deau et dassainissement,

    mais porte internationale et mettant fortement laccent sur

    les dimensions sociales et de participation des citoyens a t

    prpare dans la mme priode par lAcadmie de lEau10 et ces

    2 chartes ont t prsentes conjointement Johannesburg au

    sommet de la Terre (Rio+10).

    Lorganisation des services urbains repose, en France, sur une

    relation entre trois grands acteurs (cf. Figure 1) :

    Lautorit organisatrice est lautorit publique qui a la

    lgitimit pour organiser un service public sur un territoire et

    qui en garantit la bonne excution dans le cadre des textes en

    vigueur. Par analogie avec la matrise douvrage publique cest

    une fonction dintrt gnral dont elle ne peut se dmettre.

    Elments dun tout, son action et ses objectifs de politiques

    publiques sinscrivent dans un projet global et participent la

    dynamique densemble du dveloppement durable du territoire.

    Le citoyen-usager, est citoyen dans sa relation avec lautorit

    organisatrice et usager dans sa relation avec loprateur de

    rseaux. Cest la satisfaction de ses besoins, la rponse ses

    aspirations qui doivent gouverner laction publique dans le cadre

    de lintrt gnral.

    Loprateur de rseaux, enfin, est lorganisme charg par

    lautorit organisatrice de remplir la mission de service public,

    cest--dire dlivrer la prestation lusager, faire fonctionner le

    rseau et entretenir les biens mis disposition par la collectivit.

    La fonction doprateur peut tre dlgue une entreprise

    (oprateur priv), un tablissement public ou assure par une

    rgie (oprateur public).

    Figure 1 : le modle franais (triangulaire) de rgulation

    et de matrise des services urbains11

    Cette vision des services urbains sinscrit pleinement dans les

    orientations europennes. Le livre blanc de la Commission sur

    les services dintrt gnral de 2004 affirme que la dfinition

    des obligations et missions de service public reste du ressort

    des pouvoirs publics lchelon appropri et que ceux-ci sont

    chargs de veiller ce que les oprateurs accomplissent les

    missions de service public qui leur sont confies 12.

    La mission essentielle de lautorit organisatrice est dorganiser

    les services, finalit qui se traduit par des prestations dlivres

    la population. Le progrs des services force le dveloppement

    des rseaux et apporte une valeur ajoute au territoire. Celui-ci

    est le support physique du rseau dinfrastructures, le lieu de vie

    gographique et administratif dune population et lobjet dune

    gouvernance locale. Le dveloppement du territoire pousse

    lamlioration et la cration de nouveaux services.

    Des tensions rsultent des conflits entre court et long terme,

    entre intrt gnral et intrts particuliers, cest--dire entre

    rponse des questions individuelles et satisfaction des

    besoins collectifs. Dautres rsultent des pressions exerces

    par lenvironnement externe, avec notamment lEtat qui

    lgifre, rgule et exerce un contrle. Ces interactions avec

    lenvironnement, les relations et les sollicitations des multiples

    acteurs doivent tre gres. Lautorit organisatrice doit ainsi

    veiller lquilibre entre les trois points de vue pour garantir

    simultanment ladquation entre les actions programmes

    et les besoins (territoire), le dveloppement et la prennit du

    patrimoine (rseau dinfrastructures) et la qualit des prestations

    dlivres lusager (service). Cette mise en tension requiert une

    vigilance continue pour viter des drives et trouver les justes

    rponses en cohrence avec la finalit collective du service.

    La gestion dynamique des quilibres constitue le cur du

    management des services urbains.

    Dans ce jeu trois avec le citoyen-usager et loprateur, lautorit

    organisatrice doit pouvoir pleinement exercer son rle. Pour

    ce faire, elle doit saffirmer comme la seule autorit publique

    lgitime qui fixe les obligations et les missions de service public,

    relevant de sa comptence, sur son territoire dexercice, dans

    le cadre lgislatif et rglementaire13 qui dfinit le champ des

    comptences et les modalits de leur mise en uvre.

    Une autorit organisatrice forte doit tre en capacit de

    matriser lensemble des leviers essentiels avec une capacit

    relle daction14 et notamment :

    Autorit publique (lue)

    Citoyen / lecteur /contribuable / usager ou client

    Oprateur de rseaux

    8_ Dominique Lorrain : Gestions urbaines de leau , Economica, 1995

    9_ Institut de la Gestion Dlgue, 2002. La charte est signe par quatre mem