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ANALYSE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE SECTORIELLE DU MAROC Introduction: L’économie marocaine a été fortement marquée entre les décennies 80 et 90 par une dépendance de la croissance vis-à-vis du secteur agricole. En effet, le ralentissement de la croissance observée au cours de cette période est essentiellement dû à la sécheresse ayant sévi à cette époque. Mais à partir de 1996, le Maroc s’est positionné dans une phase de reprise qui s’explique par : La contribution positive du secteur primaire (élevage, pêche) Le dynamisme de certains secteurs porteurs tels que les télécommunications et le tourisme qui ont permis une croissance soutenue du PIB hors agricole Ainsi, on a pu constater, pour la première fois dans l’histoire économique du Maroc, que malgré trois années successives de sécheresse (1999, 2000, 2001), la croissance n’a pas reculé. Cela signifie que le Maroc commence à disposer d’un appareil productif diversifié dont certaines branches s’autonomisent de plus en plus par rapport à l’aléa climatique. Une attention particulière a été accordée dans ce cadre à l’exploitation prometteuse de certains secteurs porteurs : • Tourisme ; • Nouvelles branches de l’industrie (électrique et électronique) ; • Pêche maritime; • Artisanat; • Habitat ; • NTIC. Cela est clairement défini dans la politique économique du Maroc telle qu’elle ressort de son cadre de référence et telle qu’elle a été rendue impérative par la tendance de notre économie à intégrer son environnement international. Toutefois, cette tendance à l’autonomisation de la croissance économique vis-à-vis du secteur agricole n’est pas encore suffisamment consolidée. En témoigne la croissance limitée du PIB hors agricole en 2002 de 2.8%. Le choix stratégique d’assurer une indépendance de l’économie nationale vis-à-vis des aléas climatiques doit être renforcé par des actions favorisant la pérennisation structurelle des retombées positives des secteurs porteurs et à forte valeur ajoutée. Aussi l’appareil productif doit-il s’orienter davantage vers la diversification de la production, atténuant ainsi la spécialisation dans les produits fortement concurrencés et sous demandés sur le marché international. Partant de ce cadre général, le plan de ce rapport sera décliné ainsi qu’il suit : - Le premier chapitre traitera d’une manière sommaire de la situation et de l’évolution des principaux secteurs de l’économie nationale durant les deux décennies 80 et 90. - Le deuxième chapitre tentera d’aborder l’évolution de certains secteurs économiques importants à travers des comparaisons entre les années 2001et 2002 ainsi qu’à travers les estimations et les tendances de l’année 2003. Ce chapitre sera traité dans un cadre d’analyse se rapportant aux termes du cadre de référence (orientations royales, déclaration de la politique du gouvernement, …). La conclusion sera consacrée à quelques suggestions visant l’amélioration de la performance de la politique économique marocaine. CHAPITRE I A / Situation économique nationale au cours des décennies 80 et 90 La situation économique nationale durant les deux décennies 80 et 90 s’est caractérisée par un ralentissement de la croissance. En effet le PIB a évolué au rythme de 3.3% en moyenne annuelle. Ceci est dû essentiellement à :

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ANALYSE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE SECTORIELLE DU MAROC

Introduction:

L’économie marocaine a été fortement marquée entre les décennies 80 et 90 par une dépendance de la croissance vis-à-vis du secteur agricole. En effet, le ralentissement de la croissance observée au cours de cette période est essentiellement dû à la sécheresse ayant sévi à cette époque. Mais à partir de 1996, le Maroc s’est positionné dans une phase de reprise qui s’explique par : La contribution positive du secteur primaire (élevage, pêche) Le dynamisme de certains secteurs porteurs tels que les télécommunications et le tourisme qui ont permis une croissance soutenue du PIB hors agricole Ainsi, on a pu constater, pour la première fois dans l’histoire économique du Maroc, que malgré trois années successives de sécheresse (1999, 2000, 2001), la croissance n’a pas reculé.Cela signifie que le Maroc commence à disposer d’un appareil productif diversifié dont certaines branches s’autonomisent de plus en plus par rapport à l’aléa climatique.Une attention particulière a été accordée dans ce cadre à l’exploitation prometteuse de certains secteurs porteurs : • Tourisme ; • Nouvelles branches de l’industrie (électrique et électronique) ; • Pêche maritime; • Artisanat; • Habitat ; • NTIC.

Cela est clairement défini dans la politique économique du Maroc telle qu’elle ressort de son cadre de référence et telle qu’elle a été rendue impérative par la tendance de notre économie à intégrer son environnement international.Toutefois, cette tendance à l’autonomisation de la croissance économique vis-à-vis du secteur agricole n’est pas encore suffisamment consolidée. En témoigne la croissance limitée du PIB hors agricole en 2002 de 2.8%.

Le choix stratégique d’assurer une indépendance de l’économie nationale vis-à-vis des aléas climatiques doit être renforcé par des actions favorisant la pérennisation structurelle des retombées positives des secteurs porteurs et à forte valeur ajoutée.Aussi l’appareil productif doit-il s’orienter davantage vers la diversification de la production, atténuant ainsi la spécialisation dans les produits fortement concurrencés et sous demandés sur le marché international.Partant de ce cadre général, le plan de ce rapport sera décliné ainsi qu’il suit :- Le premier chapitre traitera d’une manière sommaire de la situation et de l’évolution des principaux secteurs de l’économie nationale durant les deux décennies 80 et 90.- Le deuxième chapitre tentera d’aborder l’évolution de certains secteurs économiques importants à travers des comparaisons entre les années 2001et 2002 ainsi qu’à travers les estimations et les tendances de l’année 2003. Ce chapitre sera traité dans un cadre d’analyse se rapportant aux termes du cadre de référence (orientations royales, déclaration de la politique du gouvernement, …).La conclusion sera consacrée à quelques suggestions visant l’amélioration de la performance de la politique économique marocaine.

CHAPITRE I

A / Situation économique nationale au cours des décennies 80 et 90

La situation économique nationale durant les deux décennies 80 et 90 s’est caractérisée par un ralentissement de la croissance. En effet le PIB a évolué au rythme de 3.3% en moyenne annuelle. Ceci est dû essentiellement à :

- La récession du secteur agricole durant cette période, avec un rythme annuel moyen de 1.8%. La croissance économique constatée au cours de la décennie 90 (notamment en 1996) a été plutôt redevable aux secteurs secondaire et tertiaire sous l’impulsion des secteurs du BTP, des mines et d’énergie pour le secteur secondaire d’une part, et du tourisme, du transport et du commerce pour le secteur tertiaire, d’autre part.- La baisse de la productivité globale des facteurs ( travail, capital), due aux chocs interne et externe subis par l’économie nationale durant les années 90, et due également à des raisons structurelles liées à la valorisation insuffisante du capital humain et à la sous utilisation des capacités productives.- Le ralentissement de la demande intérieure relatif à : ► La baisse de la contribution des ménages à la croissance.► La baisse du niveau de l’investissement suite à la stabilisation de l’investissement public dicté par des impératifs de réduction du déficit budgétaire sans qu’il soit accompagné par une amélioration conséquente de l’investissement privé.- La décélération du rythme d’accroissement des exportations globales due au :

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► ralentissement de la demande mondiale adressée au Maroc notamment européenne.► Renforcement de la pression concurrentielle en Europe sur les exportations marocaines avec une forte croissance de la pénétration des pays de l’Asie du sud-est et récemment des PECO (Pays de l’Europe Centrale et orientale) sur les marchés de l’Union Européenne ► la forte spécialisation du Maroc dans des secteurs peu dynamiques du commerce mondial : Agroalimentaire, textile, chimie, secteurs qui ne représentent que 24% des importations mondiales. - Une politique économique qui n’a pas toujours prévilegié l’emploi. Les rigidités de la législation du travail, une fiscalité plus favorable à l’investissement qu’a l’emploi ont tous deux entraîné une substitution marquée du capital au travail.

B/ Reprise de la croissance économique nationale :

Toutefois, depuis 1996 le positionnement de l’économie marocaine dans son cycle de croissance montre que cette économie est entrée dans une phase de reprise ; ce que fait ressortir l’évolution du PIB au cours des dernières années. Ceci s’explique par : ► La contribution positive (1point) du secteur primaire à la croissance économique entre 1996 et 2002 grâce au développement de l’élevage et de la pêche. ► Le dynamisme de certains secteurs porteurs relevant du secteur tertiaire (le commerce, le transport, les communications, et le tourisme suite à la libéralisation des télécommunications et à la politique de promotion touristique) qui ont permis une croissance soutenue du PIB hors agricole et une accélération de son rythme de progression de 2% en 1995 à 2.3% en 2002.Le secteur secondaire a également réalisé des performances au cours de cette période grâce principalement :- aux industries électriques et électroniques ;- au secteur du BTP ;- au secteur énergétique et dans une moindre mesure aux activités minières.Par ailleurs, au cours de la période 1996- 2002, la croissance économique a été favorisée par l’amélioration des productivités globales des facteurs, liés à la reprise de l’investissement public et privé.

CHAPITRE II

A/ Evolution sectorielle des années 2001-2002

1/ Cadre de référence de la politique économique Nationale La politique économique du Maroc s ‘appuie sur un cadre de référence constitué par :

a/ Les orientations Royales :

Les hautes orientations Royales assignent comme objectifs prioritaires : La réalisation d’une croissance forte et durable, génératrice de richesse et d’emploi productif afin de renforcer les capacités du Maroc à relever les défis économiques et sociaux imposés par son intégration dans le système économique mondial; une telle croissance devra être maintenue dans un cadre macro-économique sain et stable. La préservation de la cohésion sociale par une répartition équitable des fruits de la croissance (accès aux équipements et services de base, généralisation de l’éducation…)

b/ La déclaration de politique générale du gouvernement et bilan de son action:

La déclaration de politique générale du gouvernement devant le parlement a mis l’accent sur quatre priorités : La promotion de l’emploi productif ; La réalisation d’une croissance économique forte ; La consolidation des bases d’un système d’enseignement utile ; L’élargissement de l’accès à un logement salubre pour les couches sociales défavorisées.

Quant au discours sur le bilan de l’action du gouvernement (10 juillet 2003), le premier ministre a mis l’accent notamment sur les résultats des actions menées par le gouvernement en matière de mise à niveau de l’économie nationale, et sur la relance de l’initiative privée et de promotion de secteurs à fort potentiel de croissance, tels que le Tourisme, les Pêches maritimes, l’Habitat, l’agriculture, et les NTIC.Ladite déclaration a exposé, en plus, la stratégie globale retenue en matière économique, et qui repose principalement sur :- La maîtrise de l’équilibre et de la stabilité du cadre macro-économique nécessaire en vue d’améliorer la visibilité à moyen et long terme pour les opérateurs économiques et sociaux, de renforcer la confiance des partenaires dans la politique gouvernementale, et de consolider la crédibilité du pays et son attractivité à l’égard des investissements étrangers.

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- La modernisation de l’appareil productif et l’amélioration de son efficacité et de sa compétitivité.- La consolidation et l’extension d’entreprises dynamiques et performantes capables de relever les défis de l’ouverture des marchés et de la concurrence internationale.

C/ Plan de développement économique et social 2000-2004

Le plan de développement économique et social 2000-2004 s’est assigné comme objectif essentiel la consolidation des bases d’un projet de société qui permettra à notre pays de s’intégrer dans le monde industriel et technologique moderne. Trois axes prioritaires se dégagent du plan : L’approfondissement de la démocratie, la consécration de l’Etat de droit et la moralisation de la vie publique ; La mise à niveau de l’économie marocaine au niveau du tissu productif et des ressources humaines ; La création d’une société solidaire par la réduction des disparités entre les catégories sociales et les zones géographiques.Partant du constat que dès le début des années 80, le PIB n’a évolué qu’à un rythme de 3.3 % en moyenne annuelle, ce qui n’a pas permis la création d’emplois en nombre suffisant et a entraîné une aggravation du chômage et des insuffisances dans le développement social du pays ; le plan quinquennal a fixé comme objectif une croissance de PIB de 5% en moyenne annuelle pour assurer une croissance suffisante à même de résorber un déficit social aggravant.

D/ Priorité du projet de loi de finances 2004 :

Partant des orientations des différents éléments du cadre de référence, les objectifs du projet de loi de finances ont porté essentiellement sur : La relance de l’investissement public et privé. La mise en œuvre de stratégies sectorielles. Ces deux mesures constituent des leviers de base de la politique de mise à niveau de l’économie nationale et de sa modernisation, pour réussir son intégration dans l’économie mondiale. Ceci est d’autant plus impératif que la tendance à l’intégration de notre économie dans son environnement international se confirme de plus en plus par : L’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union Européenne depuis mars 2000 ; La conclusion de l’accord de libre échange avec les Etats-Unis et la Turquie ; La déclaration d’Agadir sur la création d’une zone de libre échange entre certains pays de la rive sud de la méditerranée ;

Tous ces engagements impliquent la levée progressive des barrières douanières et la nécessité de prévoir ses conséquences directes sur la réduction de la protection dont bénéficie la production nationale.

1/ Croissance économique:

L’amélioration du niveau du PIB hors agricole dénote des progrès réalisés, notamment dans les secteurs industriels et touristique, pour rendre l’économie marocaine moins vulnérable à l’aléa climatique.Pour la première fois dans l’histoire du Maroc, trois années consécutives de sécheresse 1999, 2000 et 2001 ne se sont pas traduites par un recul de la croissance (voir graphe n°1).Cette tendance signifie que le Maroc dispose aujourd’hui d’un appareil productif suffisamment diversifié, dont certaines branches s’autonomisent de plus en plus par rapport à l’aléa climatique.

Cette évolution positive a été consacrée par la loi de finances qui a inscrit la promotion de l’investissement parmi ses priorités. Soulignant à cet égard l’attention particulière accordée à l’exploitation des potentialités prometteuses, offertes par les secteurs du tourisme, des nouvelles branches de l’industrie, des pêches maritimes, de l’artisanat, de l’habitat et des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication. Les pouvoirs publics estiment que ces branches constituent de véritables gisements d’innovation, d’emploi et d’expansion.Le taux de croissance du PIB en termes réels s’est établi à 3.2% en 2002 après 6.3% en 2001 sous l’effet de la progression de 5.6% (contre 27.6% en 2001) de la valeur ajoutée du secteur agricole à cause d’une campagne céréalière moyenne de 52.2 millions de quintaux.Le PIB hors agricole ne s’est accru en 2002 que 2.8% à cause :- du fléchissement de l’activité des travaux publics.- De la baisse relative de l’activité touristique conséquente aux événements du 11 septembre 2001.- du ralentissement de la valeur ajoutée de l’administration publique avec la réduction du train de vie de l’Etat. La croissance économique au Maroc est restée volatile malgré l’atténuation dès 1999 des retombés climatiques sur le PIB hors agricole.

1.1/ Eléments de la demande finale (1980 à 2001) contribuant à la croissance économique :

Après analyse du graphe on constate qu’il y’a une forte contribution de la consommation des ménages à

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la croissance économique du Maroc. On remarque aussi que l’impact de l’investissement entre 1991 et 1997 a demeuré relativement insuffisant, et sa contribution à la croissance économique ne s’est améliorée que depuis 1998. Par ailleurs la contribution des échanges extérieurs à la croissance économique reste encore limitée.Les éléments de la demande contribuant à la croissance économique durant les dernières années se présentent comme suit :

- Consommation des ménages : La valeur nominale de la Consommation des ménages n’a augmenté que de 2.3% en 2002 après 6.2% en 2001, et ce malgré la maîtrise de l’inflation et le recul du taux de chômage. Sa contribution à la croissance nominale du PIB s’est située à 1.6 point en 2002 contres 4.2 point en 2001. Ceci peut s’expliquer par la décélération du rythme de progression du revenu national brut disponible de 11.5% en 2001 à 2.8% en 2002.

- Consommation publique :

La consommation publique a augmenté de 5.5% en 2002 contre une augmentation de 12% en 2001 due aux revalorisations de salaires de certaines catégories de fonctionnaires de l’Etat. La contribution de la consommation publique à la croissance nominale du PIB a diminué de 2.3 point en 2001 à 1.1 point en 2002 suite au ralentissement de croissance des dépenses des biens et services de 12.2% en 2001 à 3.2% en 2002.

- Commerce extérieur :

Sa contribution à la croissance nominale du PIB a demeuré positive en passant de 0.6 point en 2001 à 0.5 point en 2002. Ceci s’explique par la progression des exportations des biens et services par rapport à celle des importations, suite notamment à l’allégement de 11.2 % de la facture pétrolière en 2002.

2/ Croissance sectorielle: 1/ Secteur primaire :

- Agriculture

Le secteur agricole revêt une importance primordiale pour l’économie nationale de par son poids dans le PIB (variation de 12 à 20 %), son rôle au niveau social (emploi près de 80 % de la population active rurale) et sa participation aux échanges extérieurs à hauteur de 20% des exportations globales de produits.Outre son rôle d’entraînement d’autres secteurs tels que le secteur d’industrie agroalimentaire, l’agriculture a permis au Maroc d’atteindre des niveaux importants en matière d’autosuffisance alimentaire. Malgré les efforts déployés et les résultats enregistrés, le secteur souffre encore de plusieurs entraves liées à des contraintes internes telles que la prédominance de zones bour, la faiblesse de la taille de l’exploitation, la sous mécanisation, la faiblesse d’utilisation des engrais et l’insuffisance des capitaux investis.

- Pêche

L’espace maritime du Maroc s’étend sur 1.1 millions de km2. Quant au potentiel de la production halieutique, il est estimé à 1.5 millions de tonnes.Le secteur contribue pour 2.3% dans la formation du PIB, pour 13% des ventes globales à l’étranger, et pour 62% dans celle des produits alimentaires. Plus de 90% de ses captures sont destinées à l’export, tandis que la 2/3 de la pêche côtière est destinés aux industries de transformation. Les contraintes du secteur peuvent être résumés comme suit :- La vétusté de la flotte cause la dépréciation qualitative de prés de la moitié des captures. En 2000 ,42% du produit de la pêche côtière sont transformés en sous produits (farine et huile de poisson).- La faible adaptation de l’industrie : si à l’échelle mondiale, les perspectives de croissance sont plus fortes dans l’industrie du congelé et de l’emballage sous vide, l’industrie nationale de transformation reste concentré sur le conserve.- Mauvaise gestion des ressources halieutiques : les recherches menés ont montré que ces ressources ont subi une surexploitation, chose qui est attribuée à : • La surpêche exercée auparavant par la flotte étrangère ; • La concentration de la flotte dans les zones de pêche sensibles ; • L’absence d’une gestion rationnelle ; • L’insuffisance des moyens de suivi et de contrôle des zones de pêche ; Le partenariat au niveau international présente un cadre favorable à la promotion du secteur. En effet, il permettra de : • Encourager la création des sociétés mixtes et des joint-ventures dans la filière ;

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• Soutenir la modernisation de la flotte et la mise en place de systèmes de formation en faveur des marins pêcheurs et des ouvriers de l’industrie de la pêche ;

• Développer des zones de pêche à travers la création de village de pêche et de nouveaux ports, et l’extension des ports existants. La production halieutique totale a connu une régression de 12.8% entre 2001 et 2002 suite à la réduction de moitié de l’activité de la pêche hauturière. Par contre les débarquements de la pêche côtière se sont accrus en valeur de 35.8% tandis qu’ils se sont repliées en volume de 8.8% par rapport à 2001. Cette baisse en tonnage a concerné particulièrement les espèces pélagiques, principale composante du secteur.

Dans l’ensemble la contribution du secteur primaire à la croissance du PIB en termes réels s’est établie à 0.8 point en 2002 après avoir atteint 3.1 point en 2001.

2/ Secteur secondaire :

Après une période de fluctuation durant les années 1987 jusqu’au 1994, le secteur secondaire a commencé à afficher un taux relativement stable par rapport au PIB, ce qui montre que l’impact de ce secteur sur la variation du PIB est devenu plus importante qu’auparavant.

Les branches importantes du secteur secondaire :

- Industrie :

La valeur ajoutée industrielle a ralenti en termes réels de 4.2% en 2001 à 3.3% en 2002. Sa contribution à la croissance du PIB a diminué de 0.8 point en 2001 à 0.6 point en 2002. Ceci est dû essentiellement au repli de la production des industries du textile et du cuire en liaison avec :- La faiblesse de la demande locale ;- L’accentuation de la concurrence étrangère ;- Le ralentissement du rythme d’accroissement des industries agroalimentaire et d’autres industries (métallurgie, mécanique, électronique, chimie …..).

- Bâtiments et Travaux Publics :

Après avoir enregistré une croissance de 5.9% en 2001, la valeur ajoutée du secteur du bâtiments et travaux publics a quasiment stagné en 2002 (-0.3%). Sa contribution à la croissance réelle est devenue nulle après avoir affiché plus 0.3% en 2001. Cette situation s’explique par la diminution de l’investissement en travaux publics de 1.8% après un accroissement soutenu de trois années. Toutefois, au niveau du secteur privé le dynamisme de l’activité s’est consolidé ainsi qu’en témoigne l’appréciation en 2002 de 5.3% des ventes du ciment et le renforcement de 14.5% des crédits accordés par les banques à l’immobilier

- Les mines : Le secteur minier et les phosphates en particulier revêt une importance primordiale pour l’économie marocaine. En effet, il génère une valeur ajoutée d’environ 7.4 milliards de DH, soit une contribution de 3% dans la formation du PIB. Il participe à 30% des exportations nationales occupant ainsi la 3ème position après les MRE et le tourisme.Outre le phosphate (3/4 des réserves mondiales) dont le Maroc est le premier exportateur et le troisième producteur, la production minière comprend aussi le zinc,fer,cuivre,antimoine,fluorine,cobalt,argent,manganèse,plomb,barytine.

- Energie :

Les ressources énergétiques locales du Maroc sont très limitées. Cependant, le tissu économique a développé une dépendance vis-à-vis des produits pétroliers. Pour limiter les répercussions négatives de cette dépendance, le Maroc a opté pour une diversification et une mobilisation de son potentiel énergétique. Ainsi les principales mesures entreprises dans ce domaine se résument à ce qui suit : - Mobilisation du potentiel hydraulique mais l’électricité ainsi produite reste tributaire des aléas climatiques ;- Reconversion du pétrole au charbon ;- Interconnexions électriques avec l’étranger (Espagne, Algérie) ;- Encouragement à l’exploration pétrolière afin d’inciter les compagnies internationales à explorer les bassins sédimentaires marocains. - Développement des énergies renouvelables (électricité éolienne et solaire) L’accroissement soutenu de la demande énergétique (4%par an), conjugué à la raréfaction des

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ressources locales (fréquences des sécheresses. Le déficit énergétique est estimé actuellement à 9 millions TEP (tonne équivalent pétrole).La facture énergétique est très fluctuante en fonction du cours mondiale du pétrole, dépendant lui même de la conjoncture internationale. Ainsi elle a oscillé entre 7 et 4% du PIB.

La consommation nationale reste concentrée autour de la ressource fossile (65 % pétrole ,27% de charbon). La dépendance vis-à-vis de l’étranger pour plus de 90%. Pour desserrer ces contraintes 4 instruments sont envisageables :

- Diversification des ressources énergétiques- Amélioration des modes de gestion- Réforme de la fiscalité pétrolière- Programme d’énergisation du monde rural

Le taux d’énergisant (consommation énergétique en TEP /nombre d’habitant) actuel est de 0.33 TEP, ce qui est largement en deçà de la moyenne mondiale de 1.4 TEP.Le Maroc occupe une position peu compétitive en matière de prix énergétique vis-à-vis de ses concurrents directs sur les marchés d’export (Tunisie, Egypte, Turquie…) et vis à vis des pays industrialisés.La valeur ajoutée du secteur énergétique a régressé de 7.8% en 2001 à 3% en 2002. Ainsi, la contribution du secteur à la croissance réelle du PIB est passée de 0.4 point en 2001 à 0.2 point en 2002.

La valeur ajoutée du secteur secondaire n’a augmenté en termes réels que de 2.7% en 2002 contre 5% en 2001, en raison du ralentissement de la production industrielle et énergétique et la quasi-stagnation de l’activité du BTP.

3/ Secteur tertiaire :

D’après le graphe, on remarque que le secteur tertiaire dont la croissance dépend en grande partie du secteur touristique, a affiché les tendances suivantes:

Durant les années 1981-1984 marquées par une forte sécheresse, le tertiaire est corrélé d’une façon remarquable à la variation du PIB.

Le secteur tertiaire a maintenu une croissance relativement constante durant la période 1984 –1992, date où la conjoncture internationale est influencée par les impacts de la guerre du golf.

La croissance du secteur demeure fragile dans la suite des années, quoiqu’ à des degrés différents.

- Tourisme :

Disposant d’importantes potentialités touristiques aussi bien naturelles que culturelles, le Maroc a fait du secteur touristique un choix stratégique dans le développement de son économie ; cependant l’attractivité touristique reste en deçà de ces potentialités comparativement avec des pays ayant le même niveau économique (Tunisie , Egypte.).La nouvelle stratégie de développement du secteur ambitionne à l’horizon 2010 un quadruplement de flux touristique actuel pour atteindre 10 millions de touristes. Pour réaliser cet objectif, il est nécessaire d’impulser une plus grande mobilisation de l’investissement public et privé, national et étranger. Ainsi et pour traduire le nouveau rôle de l’Etat dans l’investissement touristique en partenariat avec le secteur privé, le Fond Hassan II pour le développement économique et social procède à l’aménagement de zones touristiques intégrées. Cette stratégie vise à :- Réaliser 80.000 chambres supplémentaires- Assumer 30 à 40 milliards de DH d’investissement hôtelier- Générer 80 milliards de DH de recettes annuelles en devises- Créer 600.000 nouveaux emploisL’activité touristique a connu en 2002 une diminution de 1.2% après une baisse de 3.3% en 2001. Par conséquent la valeur ajoutée réelle de l’hébergement et de la restauration a baissé de 7.5% en 2002, après un recul de 1.2% en 2001.En revanche les recettes touristiques en devise se sont maintenues à leur niveau de l’année précédente de 29.2 milliards de DH, soit 7.3% du PIB.

- Commerce, Transports et Communication :

Outre l’impact en matière d’amélioration de la compétitivité des entreprises, le secteur NTIC constitue l’une des grappes les plus prometteuses en raison de sa croissance soutenue, de larges opportunités

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d’investissement offerts surtout aux PME et à la création d’emplois nouveauxLa valeur ajoutée de ce secteur a évolué en 2002 de 3.2% contre 3% en 2001 sa contribution à la croissance économique réelle a stagné autour de 0.1 point en 2001 et 2002.En ce qui concerne les activités commerciales, la valeur ajoutée a régressé de 6.7% en 2001 à 4.4% en 2002. Par contre, la valeur ajoutée des transports et communication a augmenté de 4.6% en 2002 contre 0.2% en 2001. Et cette grâce au dynamisme de la branche des NTIC.

La valeur ajoutée du secteur tertiaire a progressé en 2002 de 3.3% contre 2% en 2001. Sa contribution à la croissance du PIB en termes réels s’est située à 1.3 point contre 0.8 point en 2001.

- Administration publique :

Compte tenu de la décélération du rythme de croissance de la masse salariale publique de 12.9% en 2001 à 12% en 2002, La valeur ajoutée de l’administration publique ne s’est accrue que de 2% en 2002 contre 4.6% en 2001.

B/ Tendances sectorielles :

Au cours des sept premiers mois de 2003, l’économie nationale a été marquée par une amélioration sensible de la production agricole ainsi que par un regain du dynamisme d’autres secteurs tels que le BTP et l’énergie.

1/ Secteur primaire :

La campagne agricole a révélé des améliorations notables, notamment au niveau de la production (plus de 54 %).Le secteur de la pêche a enregistré un recul de 1.9% en volume et 13.4% en valeur.Cette évolution est due à la baisse des débarquements en céphalopode (espèce à haute valeur marchande) de 50%).

Le graphe ci-contre montre la part du secteur primaire dans le PIB aux prix constants, au cours des trois dernières années 2001, 2002 et 2003, ce qui représente 11 à 12% du PIB national

2/ Secteur secondaire :

Les premiers indicateurs conjoncturels relatifs à ce secteur sont mitigés.La production industrielle a progressée au terme du premier trimestre 2003 de 4.2% contre 1.7% en 2002. Un résultat dû à la reprise de l’activité industrielle (métallurgie, mécanique, électrique, électronique, chimie…..). Cependant, la production des industries de textile et du cuire a poursuivi son repli de 2.2% en 2003 après une diminution de 3.2%.

En ce qui concerne le bâtiment et travaux publics, à fin juillet 2003 l’activité s’est améliorée, en témoigne l’accroissement de 11.5% des ventes du ciment et l’appréciation de 10% des crédits accordés à l’immobilier. La situation minière a demeuré identique à celle observée au premier trimestre 2003 marquée par un recul de production de 3.5%.S’agissant du secteur énergétique, une hausse de 7.9% a été enregistré à fin juillet 2003 contre 5.2% en 2002.

3/ Secteur tertiaire :

L’activité touristique a subi moins que les autres pays de la région un climat instable. En effet et à titre d’exemple, les arrivés de touriste étrangers ont baissé à fin juillet 2003 de 2.1% après un repli de 13.5% en 2002.

Le secteur des télécommunications a confirmé en 2003 ses performances et son rôle prometteurs dans l’économie nationale ; ainsi Maroc Télécom en tant qu’opérateur important de ce secteur a pu réalisé un chiffre d’affaires de 15.2 milliards de DH soit une hausse de 3.4% par rapport à 2002. Ce résultat représente 3.5% du PIB.

Suggestions

Face aux défis de la libéralisation et de la mondialisation, l’économie nationale dispose d’un certain nombre d’atouts qu’il va falloir capitaliser afin d’en tirer profit.

Page 8: Analyse de La Croissance Economique Sectorielle Du Maroc

A cet égard, on peut citer :- L’existence d’une volonté politique de plus en plus affirmée, visant la consolidation de la démocratie, le respect des droits de l’homme et des libertés politiques, et assurant au pays une stabilité politique.- L’engagement du pays dans l’économie du marché (libéralisation, privatisation et désengagement de l’Etat des secteurs productifs, octroi de concession de services publics au secteur privé.)- Un cadre macroéconomique stable depuis le début de la décennie 90.- La mise en œuvre de réformes structurelles visant l’assainissement de l’environnement et favorisant l’épanouissement de l’investissement et de l’initiative privée (administration, justice…) Cependant ces atouts demeurent limités si la politique économique tarderait à promouvoir une stratégie qui consolide fortement son orientation affichée à assurer une croissance économique de plus en plus résistante aux fluctuations climatiques. Pour ce faire, il convient notamment de :- développer les branches d’activités porteuses et à forte valeur ajoutée telles que les Télécommunications, le Tourisme qui devrait, quant à lui, intégrer la composante du tourisme interne et devrait mettre en place les dispositions permettant de le prémunir contre, ou du moins d’atténuer, les impacts négatifs d’une conjoncture internationale incertaine ;- diversifier la production et l’adapter à la demande du marché international, et ne plus se cantonner dans les exportations actuelles, d’ailleurs fortement concurrencés, qui ne représentent que 24% de la demande internationale ;- diversifier le débouchées à l’exportation et adopter une stratégie cohérente en terme de libre-échange privilégiant à côté de l’Europe les grands moteurs de l’économie mondiale ;- Soutenir la considération du secteur de la pêche, prônée par le gouvernement comme secteur porteur, par une rationalisation de l’exploitation des stocks halieutiques, d’une part, et par une valorisation des captures aussi bien hauturières que côtières, d’autre part ;

- adopter une stratégie de promotion de la formation et de la qualification afin de répondre à la demande du marché d’emploi interne et éventuellement à celle des filières d’entreprises étrangères cherchant à délocaliser leur production vers le Maroc. - envisager l’alternative de l’énergie nucléaire, et tirer profit de certaines expériences étrangères bien réussie afin d’alléger la facture énergétique et offrir aux entreprises un produit à un prix avantageux à la production.- Intégrer le secteur informel, vu son importance dans l’économie nationale, dans le formel. En effet, la participation de l’informel, selon le haut commissariat au plan, dans la production nationale est de près de 94 milliards de DH. Sa valeur ajoutée est de l’ordre de 63.8 milliards de DH. Le secteur constitue 15% de l’offre nationale et représente 17% du PIB.- L’intégration du secteur informel devrait être conduite selon une politique active de soutien par la formation et l’accompagnement de la micro et petite entreprise, un régime fiscal spécifique et préférentiel d’encouragement de l’intégration de secteur.