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gestion | procédure OptionBio | Lundi 23 juin 2008 | n° 403 22 G az du sang artériel, Na + , K + , Ca 2+ , hémo- globine et hématocrite sont les examens les plus demandés pour les patients des services d’urgence ou de réanimation. Souvent confronté à des situations cliniques aiguës, le clinicien s’appuie régulièrement, voire pluri-quo- tidiennement, sur ces paramètres pour adapter la thérapeutique devant un syndrome de détresse respiratoire aiguë, pour surveiller une épuration extrarénale, apprécier un risque hémorragique, etc. Toutes ces situations sont caractérisées par la notion d’urgence à obtenir des résultats fiables à partir de volumes souvent faibles de sang total, prélevé par le personnel du service, beaucoup plus fréquemment que par le personnel du laboratoire. Le laboratoire de biochimie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (75) présente la solution mise en place. Trois dans un Il est important dans l’organisation des dosages réalisés en urgence de privilégier trois axes : – la qualité du résultat, indépendamment des personnes qui “techniquent” ; – le service rendu, notamment au travers d’un délai de rendu de résultat inférieur à 30 minutes ; – les conditions d’hygiène et de sécurité. Le passage des gaz du sang, de l’hémoglobine et du potassium sur un même automate, à partir d’un seul prélèvement sur seringue, peut être un des outils adaptés à ce type de situation (auto- mate ABL 800 FLEX, Radiometer). Sept étapes Du prélèvement à la prise en compte du résultat, sept étapes peuvent être identifiées : 1. la vérification de la conformité de l’échantillon, avec une attention primordiale à l’aspect de la seringue. En présence de bulle, il faut ouvrir, purger sur compresse et reboucher (entraînant un contact avec l’air ambiant préjudiciable à la qualité des résultats) ; 2. l’enregistrement du dossier dans l’informatique du laboratoire qui est optimisé, au Centre Geor- ges-Pompidou, par la prescription connectée et l’utilisation de code-barres pour le patient ; 3. l’homogénéisation de l’échantillon qui doit être assurée par retournements manuels successifs (2 minutes) et suivie d’une purge systématique avant dosage (impliquant un nouveau contact avec l’air ambiant) ; 4. le dosage proprement dit (quelques minutes) ; 5. la validation analytique ; 6. la validation biologique ; 7. la transmission du résultat. Les étapes 4 et 5 sont très “surveillées” par l’uti- lisation des contrôles de qualité et au travers de l’informatique embarquée sur la plupart des auto- mates de gazométrie. Deux axes d’amélioration La recherche d’amélioration porte essentiellement sur les étapes 1 (faite par le personnel de soin et du laboratoire) et 3 (assurée par le personnel du laboratoire), à savoir l’absence de bulle et l’ho- mogénéisation des échantillons. Les seringues Save Pico, adaptées à l’automate ABL 800 FLEX, apportent une solution intéressante. En effet, la purge du prélèvement se fait dès la ponction, au travers d’un bouchon qui assurera également l’aspiration automatique par l’automate. Ainsi, il devient inutile d’ouvrir la seringue : les contacts de l’échantillon avec l’air ambiant sont minimi- sés et les manipulations de compresses souillées sont supprimées, réduisant d’autant les risques en matière d’hygiène et sécurité. La présence d’une bille métallique à l’intérieur de la seringue favorise la dissolution de l’anticoagu- lant lors du prélèvement, réduisant le risque de formation de microcaillots. Elle permet ensuite une agitation magnétique par l’automate, assu- rant ainsi une homogénéisation plus “standardi- sée” (en 7 secondes) du prélèvement au moment des dosages. Une étude comparative Afin de s’assurer de la qualité de cette homogé- néisation, une étude sur 216 patients a été menée. Ces patients, issus du service de réanimation, fai- saient l’objet d’une demande simultanée de gaz du sang, numération globulaire et ionogramme, pour lesquels il a été prélevé une seringue, un tube EDTA et un tube hépariné. La comparaison entre le taux d’hémoglobine établi sur ABL 800 FLEX via la seringue et celui établi sur Beckman Coulter ® LH 750 ne montre aucune différence significative. Le dosage de potassium est comparé à celui obtenu par potentiométrie indirecte sur Synchron LX ® 20. Les valeurs obtenues sur seringue sont en moyenne inférieures de 0,036 mmol/L. Cette différence, sans incidence clinique, peut être d’ori- gine multiple, à commencer par une différence méthodologique. En tout état de cause, le risque d’élévation du potassium par hémolyse à l’inté- rieur de la seringue n’est pas observé. En conclusion Dans la pratique quotidienne de ce laboratoire qui a fait le choix d’une biologie non délocalisée, l’impact de l’automatisation de ces paramètres est très favorable puisqu’il est constaté une dimi- nution du nombre de prélèvements coagulés, donc du nombre de prélèvements à refaire, et une dimi- nution du nombre de repasses liées à une mau- vaise homogénéisation, donc un délai plus court de rendu de résultat. Quant à la sollicitation du service de soins, le fait de n’avoir qu’un seul pré- lèvement (la seringue) et de ne plus avoir à déci- der d’une éventuelle non-conformité (présence de bulle qu’il fallait purger) apporte une amélioration sensible pour les cliniciens et les infirmiers, tant sur le plan hygiène et sécurité qu’efficacité. | ROSE-MARIE LEBLANC consultant biologiste, Bordeaux (33) [email protected] Dans les services d’urgence, le clinicien adapte ses thérapeutiques en fonction de résultats d’examens biologiques réalisés à partir de volumes souvent faibles de sang total. Pour assurer la fiabilité de ces données, le laboratoire de biochimie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (75) a mis en place une automatisation de procédure, en suivant sept étapes très surveillées et en mettant l’accent sur l’homogénéisation des échantillons. Source Communications du Dr Olivier Tuil et du Dr Marie-Odile Benoît, lors du 36 e Colloque national des biologistes des hôpitaux, Dijon, octobre 2007. Automatisation des paramètres d’urgence

Automatisation des paramètres d’urgence

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gestion | procédure

OptionBio | Lundi 23 juin 2008 | n° 40322

Gaz du sang artériel, Na+, K+, Ca2+, hémo-globine et hématocrite sont les examens les plus demandés pour les patients des

services d’urgence ou de réanimation. Souvent confronté à des situations cliniques aiguës, le clinicien s’appuie régulièrement, voire pluri-quo-tidiennement, sur ces paramètres pour adapter la thérapeutique devant un syndrome de détresse respiratoire aiguë, pour surveiller une épuration extrarénale, apprécier un risque hémorragique, etc. Toutes ces situations sont caractérisées par la notion d’urgence à obtenir des résultats fiables à partir de volumes souvent faibles de sang total, prélevé par le personnel du service, beaucoup plus fréquemment que par le personnel du laboratoire. Le laboratoire de biochimie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (75) présente la solution mise en place.

Trois dans unIl est important dans l’organisation des dosages réalisés en urgence de privilégier trois axes :– la qualité du résultat, indépendamment des personnes qui “techniquent” ;– le service rendu, notamment au travers d’un délai de rendu de résultat inférieur à 30 minutes ;– les conditions d’hygiène et de sécurité.Le passage des gaz du sang, de l’hémoglobine et du potassium sur un même automate, à partir d’un seul prélèvement sur seringue, peut être un des outils adaptés à ce type de situation (auto-mate ABL 800 FLEX, Radiometer).

Sept étapesDu prélèvement à la prise en compte du résultat, sept étapes peuvent être identifiées :1. la vérification de la conformité de l’échantillon, avec une attention primordiale à l’aspect de la seringue. En présence de bulle, il faut ouvrir, purger sur compresse et reboucher (entraînant un contact avec l’air ambiant préjudiciable à la qualité des résultats) ;2. l’enregistrement du dossier dans l’informatique du laboratoire qui est optimisé, au Centre Geor-

ges-Pompidou, par la prescription connectée et l’utilisation de code-barres pour le patient ;3. l’homogénéisation de l’échantillon qui doit être assurée par retournements manuels successifs (2 minutes) et suivie d’une purge systématique avant dosage (impliquant un nouveau contact avec l’air ambiant) ;4. le dosage proprement dit (quelques minutes) ;5. la validation analytique ;6. la validation biologique ;7. la transmission du résultat.Les étapes 4 et 5 sont très “surveillées” par l’uti-lisation des contrôles de qualité et au travers de l’informatique embarquée sur la plupart des auto-mates de gazométrie.

Deux axes d’améliorationLa recherche d’amélioration porte essentiellement sur les étapes 1 (faite par le personnel de soin et du laboratoire) et 3 (assurée par le personnel du laboratoire), à savoir l’absence de bulle et l’ho-mogénéisation des échantillons. Les seringues Save Pico, adaptées à l’automate ABL 800 FLEX, apportent une solution intéressante. En effet, la purge du prélèvement se fait dès la ponction, au travers d’un bouchon qui assurera également l’aspiration automatique par l’automate. Ainsi, il devient inutile d’ouvrir la seringue : les contacts de l’échantillon avec l’air ambiant sont minimi-sés et les manipulations de compresses souillées sont supprimées, réduisant d’autant les risques en matière d’hygiène et sécurité.La présence d’une bille métallique à l’intérieur de la seringue favorise la dissolution de l’anticoagu-lant lors du prélèvement, réduisant le risque de formation de microcaillots. Elle permet ensuite une agitation magnétique par l’automate, assu-rant ainsi une homogénéisation plus “standardi-sée” (en 7 secondes) du prélèvement au moment des dosages.

Une étude comparativeAfin de s’assurer de la qualité de cette homogé-néisation, une étude sur 216 patients a été menée.

Ces patients, issus du service de réanimation, fai-saient l’objet d’une demande simultanée de gaz du sang, numération globulaire et ionogramme, pour lesquels il a été prélevé une seringue, un tube EDTA et un tube hépariné. La comparaison entre le taux d’hémoglobine établi sur ABL 800 FLEX via la seringue et celui établi sur Beckman Coulter® LH 750 ne montre aucune différence significative.Le dosage de potassium est comparé à celui obtenu par potentiométrie indirecte sur Synchron LX®20. Les valeurs obtenues sur seringue sont en moyenne inférieures de 0,036 mmol/L. Cette différence, sans incidence clinique, peut être d’ori-gine multiple, à commencer par une différence méthodologique. En tout état de cause, le risque d’élévation du potassium par hémolyse à l’inté-rieur de la seringue n’est pas observé.

En conclusionDans la pratique quotidienne de ce laboratoire qui a fait le choix d’une biologie non délocalisée, l’impact de l’automatisation de ces paramètres est très favorable puisqu’il est constaté une dimi-nution du nombre de prélèvements coagulés, donc du nombre de prélèvements à refaire, et une dimi-nution du nombre de repasses liées à une mau-vaise homogénéisation, donc un délai plus court de rendu de résultat. Quant à la sollicitation du service de soins, le fait de n’avoir qu’un seul pré-lèvement (la seringue) et de ne plus avoir à déci-der d’une éventuelle non-conformité (présence de bulle qu’il fallait purger) apporte une amélioration sensible pour les cliniciens et les infirmiers, tant sur le plan hygiène et sécurité qu’efficacité. |

ROSE-MARIE LEBLANC

consultant biologiste, Bordeaux (33)

[email protected]

Dans les services d’urgence, le clinicien adapte ses thérapeutiques en fonction de résultats d’examens biologiques réalisés à partir de volumes souvent faibles de sang total. Pour assurer la fiabilité de ces données, le laboratoire de biochimie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (75) a mis en place une automatisation de procédure, en suivant sept étapes très surveillées et en mettant l’accent sur l’homogénéisation des échantillons.

SourceCommunications du Dr Olivier Tuil et du Dr Marie-Odile Benoît,

lors du 36e Colloque national des biologistes des hôpitaux, Dijon,

octobre 2007.

Automatisation des paramètres d’urgence