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Biochimie des glucides : D epuis des an&es, un consensus clas- sait les glucides en sucres lents (com- plexes) tels les fkculents et sucres rapides (simples) tel le saccharose. Sur ce schema simple, on avait defini les apports nkessaires au diabbtique : supprimer les sucres rapides, privikgier les sucres lents, faire de petits repas en fractionnant I’appori calorique global pour aider au m&abolisme des glucides (ou hydrates de carbone). Faire vivre un nouveau parametre Au &but de c&e an&e, 47 expetts itiernationaux en nutrition se sont rbunis B Bandol (Var) sous I’bgide de la FAO et de I’lnstitut de recherche Danone (Danone Vitapole) pour mieux dkfinir un nouveau parambtre : I’index glyc6mique. Cette r6union a produit la (( Dkclaration de Ban- dol sur I’index glyckmique * (IG). En bref, disent les experts, I’IG permet de classer les aliments selon la gly&mie post-pran- diale qu’ils g&-&rent. Ce paramktre possbde non seulement une utilit6 pratique (am&a- gement et contenu des repas, etc.) mais sur- tout ses variations selon les aliments ing&+s * peuvent avoir une signification importante en sanfk publique m. De ce fait, une petite r& volution se profile dans I’industrie agro-ali- mentaire : la mention de I’IG sur I’emballage des produits manufacturks semble &tre un moyen valable de communiquer des infor- mations aux professionnels de la sank+ et aux consommafeurs aa, GIG : au-deli du diabkte GIG intkresse d’abord les diabktiques : quand le LABM apporte la preuve biologique d’un mauvais Bqutlibre du diabkte, le praticien doit no- tamment revoir leur alimentation et les apports glucidiques en tenant compte de I’IG. Les ex- perts de Bandol ont fortement souhaitk des essais multicentriques portant sur I’IG dans tous les domaines : des idees a revoir chez le diabetique Changements importants ces derni&es an&es : /‘interdiction d’interdire /es glucides aux diabktiques fait revoir la notion de sucres lents et rapides, une r&g/e nouvelle s’impose, /‘index glyc6mique (IG), qui remplace la notion rbductrice de sucres lents et rapides. II devient parametre international, pr6n6 par /‘O/W et la FAO(‘). l gestion de 1’6quilibre pond&al ; l pr&ention et traitement des maladies cardiovasculaires ; l diabkte et cancer ; l fonctions cognitives. Dans ces domaines, il semble que la prise en compte de I’IG puisse amener des progres th& rapeutiques. La consommation de glucides, mais aussi la fa- qon de les consommer, vont done au-de18 du simple apport calorique et du plaisir gustatif. Biochimie des glucides alimentaires La notion d’lG traduit une constatation de bio- logie : tous les glucides ne diffusent pas dans I’organisme & la m6me allure et induisent des glyckmies diffkentes. Le pouvoir hyperglyckmiant des aliments glu- cidiques est la tie dtinitkon de I’IG qui tient camp te de la rapidit de diffusion du glucose (produit final de la transformation d’un glucide). Plus I’IG est bas, plus la diffusion est lente et inver- sement. Un glucide lent entrainera done une augmentation de la glyckmie mod&&e et &take dans le temps alors qu’un glucide rapide oc- casionnera le fameux pit glyckmique post-pran- dial. Le premier offre une meilleure sensation de sat&t6 que le second, rapidement mbtabo- Ii&, puisque I’insuline &cr&2e est proportion- nelle au niveau de la glycbmie provoquee. GIG subit des variations : selon le pro&d6 de fa- brication des aliments manufacturks, la nature des autres composants des aliments ing&&, la na- ture des glucides (le fructose a un IG plus bas que le glucose), la texture des aliments, les autres aliments accompagnant I’aliment gluci- dique et meme le moment du repas (dkbut, fin)... GIG permet de classer les aliments : il est bas en dessous de 55, mod&+ entre 55 et 70, Ble- v6 au-de18 de 70. Une classification internatio- nale des aliments selon leur IG est parue en 1995”‘. Le Groupe Danone, qui poss&de une recherche de haut niveau en nutrition humaine, a d&e lop- pB le concept dkergie &. diffusion progressive ou EDPR, qui correspond a une nouvelle gam- me d’aliments c&aliers d’lG inftkieur & 50. J.-M. M. (” Food and Agriculture Organization fONlJ). “‘Am. J. C/in. N&r. 62 (1995) 8715-8935 Index glycbmique = ratio entre les aires sous les courbes Glucide de rhfbrence Glycemie (g/l) Temps (heures) L’index glycimique correspond au rapport de /‘aire sous /a courbe de rkponse g/y&mique pour un aliment-test sur /‘aire obtenue avec un g/wide de r6f&ence (glucose ou pain de miej. Cette m&bode de mesure a Ct.4 standardi&e et d&ire dans le rapport de /a FAOIOMS : le sujet humain consomme 50 g dUquiva/ent glucose de /‘aliment-test, et sa glycemie est suivie pendant 2 heures. Revue FranCaise des Laboratolres, dkembre 2001, ND 338 9

Biochimie des glucides : des idées à revoir chez le diabétique

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Biochimie des glucides :

D epuis des an&es, un consensus clas-

sait les glucides en sucres lents (com-

plexes) tels les fkculents et sucres rapides

(simples) tel le saccharose. Sur ce schema

simple, on avait defini les apports nkessaires

au diabbtique : supprimer les sucres rapides,

privikgier les sucres lents, faire de petits

repas en fractionnant I’appori calorique global

pour aider au m&abolisme des glucides (ou

hydrates de carbone).

Faire vivre un nouveau parametre

Au &but de c&e an&e, 47 expetts itiernationaux

en nutrition se sont rbunis B Bandol (Var) sous

I’bgide de la FAO et de I’lnstitut de recherche

Danone (Danone Vitapole) pour mieux dkfinir

un nouveau parambtre : I’index glyc6mique.

Cette r6union a produit la (( Dkclaration de Ban-

dol sur I’index glyckmique * (IG).

En bref, disent les experts, I’IG permet de

classer les aliments selon la gly&mie post-pran-

diale qu’ils g&-&rent. Ce paramktre possbde

non seulement une utilit6 pratique (am&a-

gement et contenu des repas, etc.) mais sur-

tout ses variations selon les aliments ing&+s

* peuvent avoir une signification importante

en sanfk publique m. De ce fait, une petite r&

volution se profile dans I’industrie agro-ali-

mentaire : la mention de I’IG sur I’emballage

des produits manufacturks ” semble &tre un

moyen valable de communiquer des infor-

mations aux professionnels de la sank+ et

aux consommafeurs aa,

GIG : au-deli du diabkte

GIG intkresse d’abord les diabktiques : quand

le LABM apporte la preuve biologique d’un

mauvais Bqutlibre du diabkte, le praticien doit no-

tamment revoir leur alimentation et les apports

glucidiques en tenant compte de I’IG. Les ex-

perts de Bandol ont fortement souhaitk des

essais multicentriques portant sur I’IG dans

tous les domaines :

des idees a revoir chez le diabetique Changements importants ces derni&es an&es :

/‘interdiction d’interdire /es glucides aux diabktiques fait revoir la notion de sucres lents et rapides, une r&g/e nouvelle s’impose, /‘index glyc6mique (IG), qui remplace la notion rbductrice de sucres lents et rapides. II devient parametre international, pr6n6 par /‘O/W et la FAO(‘).

l gestion de 1’6quilibre pond&al ; l pr&ention et traitement des maladies

cardiovasculaires ; l diabkte et cancer ; l fonctions cognitives.

Dans ces domaines, il semble que la prise en

compte de I’IG puisse amener des progres th&

rapeutiques.

La consommation de glucides, mais aussi la fa-

qon de les consommer, vont done au-de18 du

simple apport calorique et du plaisir gustatif.

Biochimie des glucides alimentaires

La notion d’lG traduit une constatation de bio-

logie : tous les glucides ne diffusent pas dans

I’organisme & la m6me allure et induisent des

glyckmies diffkentes.

Le pouvoir hyperglyckmiant des aliments glu-

cidiques est la tie dtinitkon de I’IG qui tient camp

te de la rapidit de diffusion du glucose (produit

final de la transformation d’un glucide). Plus

I’IG est bas, plus la diffusion est lente et inver-

sement. Un glucide lent entrainera done une

augmentation de la glyckmie mod&&e et &take

dans le temps alors qu’un glucide rapide oc-

casionnera le fameux pit glyckmique post-pran-

dial. Le premier offre une meilleure sensation

de sat&t6 que le second, rapidement mbtabo-

Ii&, puisque I’insuline &cr&2e est proportion-

nelle au niveau de la glycbmie provoquee.

GIG subit des variations : selon le pro&d6 de fa-

brication des aliments manufacturks, la nature des

autres composants des aliments ing&&, la na-

ture des glucides (le fructose a un IG plus bas

que le glucose), la texture des aliments, les

autres aliments accompagnant I’aliment gluci-

dique et meme le moment du repas (dkbut,

fin)...

GIG permet de classer les aliments : il est bas

en dessous de 55, mod&+ entre 55 et 70, Ble-

v6 au-de18 de 70. Une classification internatio-

nale des aliments selon leur IG est parue en

1995”‘.

Le Groupe Danone, qui poss&de une recherche

de haut niveau en nutrition humaine, a d&e lop-

pB le concept dkergie &. diffusion progressive

ou EDPR, qui correspond a une nouvelle gam-

me d’aliments c&aliers d’lG inftkieur & 50.

J.-M. M.

(” Food and Agriculture Organization fONlJ).

“‘Am. J. C/in. N&r. 62 (1995) 8715-8935

Index glycbmique = ratio entre les aires sous les courbes

Glucide de rhfbrence

Glycemie (g/l)

Temps (heures)

L’index glycimique correspond au rapport de /‘aire sous /a courbe de rkponse g/y&mique pour un aliment-test sur /‘aire obtenue avec un g/wide de r6f&ence (glucose ou pain de miej.

Cette m&bode de mesure a Ct.4 standardi&e et d&ire dans le rapport de /a FAOIOMS :

le sujet humain consomme 50 g dUquiva/ent glucose de /‘aliment-test, et sa glycemie est suivie pendant 2 heures.

Revue FranCaise des Laboratolres, dkembre 2001, ND 338 9