2

Click here to load reader

Boissons dites énergisantes (BDE) : mode d’emploi selon l’Anses

  • Upload
    j-l

  • View
    216

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Boissons dites énergisantes (BDE) : mode d’emploi selon l’Anses

Médecine des maladies Métaboliques - Décembre 2013 - Vol. 7 - N°6

572

© 2013 - Elsevier Masson SAS - Tous droits réservés.

Recommandations et référentiels

CorrespondanceJean-Louis Schlienger8, rue Véronèse67200 [email protected]

J.-L. SchliengerProfesseur émérite à la Faculté de médecine de Strasbourg, Université de Strasbourg.

Mots-clés : Boissons énergisantes – recommandations – Anses – France.

Key-words: Energy drinks – recommendations – ANSES – France.

Boissons dites énergisantes (BDE) : mode d’emploi selon l’AnsesEnergy drinks: Recommendations from the French agency ANSES

© 2013 - Elsevier Masson SAS - Tous droits réservés.

Introduction

Le terme de boisson énergisante est un terme de marketing et n’a pas de réalité réglementaire. Il regroupe des boissons censées, selon le discours marketing, « mobiliser l’énergie » en stimulant le système nerveux. Les boissons dites « énergisantes » (BDE) ont en commun de contenir divers ingrédients présu-més « stimulants », comme la caféine, la taurine (acide aminé dont la fonc-tion reste mal connue), les vitamines, la glucurolactone, et des extraits de plantes, comme le ginseng. La richesse en caféine est l’un des points communs de la plupart de ces boissons, qui ne doivent pas être confondues avec les boissons énergétiques.

Les boissons dites « énergisantes »

• Les BDE ont vocation à soutenir l’activité physique et mentale dans des situations festives, scolaires (pré-paration d’examen, par exemple), professionnelles (faire face à une forte charge de travail), ou sportives, sans qu’aucun résultat probant ne vienne soutenir cette assertion. Initialement, leur commercialisation a été interdite en France, en raison de l’impossibilité

de certifier qu’elles ne présentaient pas de risque pour la santé, ceci en raison d’une possible toxicité rénale et d’une neurotoxicité de la taurine et de la D-glucuronolactone. La commercialisa-tion des BDE a finalement été autorisée en France, en mai 2008, en vertu du principe de la libre circulation des mar-chandises en Europe, mais la suspicion demeurait. Aussi, en dépit de conclu-sions rassurantes rendues par l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA), une nutrivigilance a été mise en place, en France, en 2009, par l’Agence française de sécurité sani-taire des aliments (Afssa), puis, depuis 2011, par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’envi-ronnement et du travail (Anses) qui lui a succédé. Une surveillance des BDE est également en cours dans d’autres pays européens. • Actuellement, en Europe, environ

30 % des adultes sont consommateurs de BDE, dont 12 % consomment plus de 4,5 litres par mois, alors que deux tiers des adolescents en ont consommé dans l’année. Par ailleurs, 73 % des consommateurs réguliers déclarent associer alcool et BDE, ce qui expose à un sur-risque accidentogène, en raison d’une sous-évaluation de l’alcoolisation et d’une moindre perception des signes d’ébriété. Une centaine de ces boissons,

Page 2: Boissons dites énergisantes (BDE) : mode d’emploi selon l’Anses

Médecine des maladies Métaboliques - Décembre 2013 - Vol. 7 - N°6

573Boissons dites énergisantes (BDE) : mode d’emploi selon l’Anses

à vrai dire plus excitantes qu’énergi-santes, sont désormais disponibles sur le marché français, qui représente envi-ron 40 millions de litres. Les marques les plus connues sont Red Bull, Monster, Energy, Dark Dog et Burn Energy Drink. Leur composition est assez hétéro-gène, sauf pour la caféine, présente quasi-systématiquement. Le contenu en caféine d’une canette standard (25 cl) est équivalent à 2 cafés expresso, ou à 3 canettes de 33 cl de soda au cola. Concernant la caféine, 30 % des adultes, 11 % des 3 à 10 ans et 7 % des 11-14 ans sont en dépassement pour le seuil retenu comme générateur d’anxiété. Quant à la glucuronolactone, une canette contient l’équivalent de 600 jours d’apports alimentaires. Par ailleurs, toutes ces boissons sont hyperosmo-laires et diurétiques.

La nutrivigilance des BDE, en France

• L’importance des concentrations en caféine, la combinaison de plusieurs agents psycho-stimulants, un risque d’augmentation de la thermogenèse et une perturbation de la thermolyse lors

d’un effort physique intense, et quelques notifications suspectes, ont justifié la mise en place d’une nutrivigilance en France.Au terme d’une surveillance de 4 ans, l’Anses vient de rendre un rapport [1], fondé sur l’analyse de 257 signalements d’effets indésirables (dont 216 sont exploitables), parmi lesquels on relève des incidents cardio- et cérébrovascu-laires (morts subites, troubles du rythme), neurologiques (crises épileptiques) et psy-chiatriques (attaques de panique, accès d’excitation). Les arrêts cardiaques ne surviendraient que chez des sujets génétiquement prédisposés du fait d’une canalopathie (1 individu sur 1 000).

Les recommandations de l’Anses

• Forts de ces résultats, l’Anses a émis, en septembre 2013, des réserves et des recommandations pour la consomma-tion des BDE, en regrettant un déficit d’information du public [1].L’Anses propose :- d’encadrer la promotion des BDE dans le contexte des consommations à risque (festive, sport) ;

- d’encadrer la vente aux mineurs ;- de déconseiller la consommation chez les femmes enceintes ou allaitantes ;- de déconseiller la consommation en association avec l’alcool ;- de déconseiller la consommation lors de la pratique d’une activité physique intense.

Déclaration d’intérêtL’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt

en lien avec cet article.

Références[1] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Avis de l’Anses relatif à l’évaluation des risques liés à la consommation des boissons dites « énergisantes ». Septembre 2013. www.anses.fr/fr/content/boissons-énergisantes.

Tous comptes faits, la consommation

de ces BDE, qui sont surtout des bois-

sons excitantes, n’a de justificatif ni

physiologique, ni nutritionnel. Elle ne

devrait être qu’anecdotique et limitée

à l’adulte informé.

Conclusion