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Brève : Bénéfice des traitements anti-asthmatiques chez les asthmatiques fumeurs On estime à environ 25-30 %, la proportion d’asthma- tiques qui sont des fumeurs actifs [1]. L’efficacité des corti- coïdes inhalés dans l’asthme a été principalement étudiée chez les non-fumeurs. Chez les asthmatiques fumeurs, une diminu- tion de l’efficacité de la corticothérapie inhalée a été décrite [1]. Dans ce travail de Rasmussen et coll., les auteurs ont étu- dié la réponse au traitement par corticothérapie inhalée chez les asthmatiques fumeurs comparativement aux non-fumeurs. Les données ont été analysées dans le cadre d’une analyse post hoc d’un essai thérapeutique (n = 253) durant six mois. Quatre groupes ont été constitués (tableau I) : – groupe 1 : non-fumeurs prenant une corticothérapie inhalée (CSI) ; n = 120 ; – groupe 2 : non-fumeurs sans corticothérapie inhalée ; n = 48 ; – groupe 3 : fumeurs prenant une corticothérapie inhalée ; n = 53 ; – groupe 4 : fumeurs ne prenant aucun traitement par corticothérapie inhalée ; n = 32. Les résultats montrent qu’à 6 mois, les fumeurs ayant un traitement de fond par CSI ont une amélioration significative de leurs symptômes et de leur fonction respiratoire, compara- tivement aux fumeurs n’ayant aucun traitement de fond (tableau I). Tout en encourageant le conseil minimal vis-à-vis de l’arrêt du tabac, ces travaux suggèrent que les asthmatiques bien que fumeurs pourraient bénéficier d’un traitement de fond par corticothérapie inhalée. Une analyse en stratifiant sur la quan- tité de cigarettes fumées aurait été intéressante, mais ici, non possible du fait de la petite taille des sous-groupes. Mission ERS 2007 Asthme C. Raherison 1 , Ph. Godard 2 1 Service des maladies respiratoires, Centre François-Magendie, avenue Magellan, CHU Bordeaux, 33604 Pessac, France. 2 Service des maladies respiratoires, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Université de Mont- pellier, 34295 Montpellier cedex 5, France. Correspondance : [email protected] 7 Rev Mal Respir 2008 ; 25 : 7-13 © 2008 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Brève : Bénéfice des traitements anti-asthmatiques chez les asthmatiques fumeurs

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Page 1: Brève : Bénéfice des traitements anti-asthmatiques chez les asthmatiques fumeurs

Brève : Bénéfice des traitements

anti-asthmatiques chez les asthmatiques

fumeurs

On estime à environ 25-30 %, la proportion d’asthma-tiques qui sont des fumeurs actifs [1]. L’efficacité des corti-coïdes inhalés dans l’asthme a été principalement étudiée chezles non-fumeurs. Chez les asthmatiques fumeurs, une diminu-tion de l’efficacité de la corticothérapie inhalée a été décrite [1].

Dans ce travail de Rasmussen et coll., les auteurs ont étu-dié la réponse au traitement par corticothérapie inhalée chezles asthmatiques fumeurs comparativement aux non-fumeurs.

Les données ont été analysées dans le cadre d’une analysepost hoc d’un essai thérapeutique (n = 253) durant six mois.

Quatre groupes ont été constitués (tableau I) :– groupe 1 : non-fumeurs prenant une corticothérapie

inhalée (CSI) ; n = 120 ;– groupe 2 : non-fumeurs sans corticothérapie inhalée ;

n = 48 ;– groupe 3 : fumeurs prenant une corticothérapie inhalée ;

n = 53 ;– groupe 4 : fumeurs ne prenant aucun traitement par

corticothérapie inhalée ; n = 32.Les résultats montrent qu’à 6 mois, les fumeurs ayant un

traitement de fond par CSI ont une amélioration significativede leurs symptômes et de leur fonction respiratoire, compara-tivement aux fumeurs n’ayant aucun traitement de fond(tableau I).

Tout en encourageant le conseil minimal vis-à-vis del’arrêt du tabac, ces travaux suggèrent que les asthmatiques bienque fumeurs pourraient bénéficier d’un traitement de fond parcorticothérapie inhalée. Une analyse en stratifiant sur la quan-tité de cigarettes fumées aurait été intéressante, mais ici, nonpossible du fait de la petite taille des sous-groupes.

Mission ERS 2007

Asthme

C. Raherison1, Ph. Godard2

1 Service des maladies respiratoires, CentreFrançois-Magendie, avenue Magellan, CHUBordeaux, 33604 Pessac, France.

2 Service des maladies respiratoires, HôpitalArnaud-de-Villeneuve, Université de Mont-pellier, 34295 Montpellier cedex 5, France.

Correspondance :[email protected]

7Rev Mal Respir 2008 ; 25 : 7-13

© 2008 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Page 2: Brève : Bénéfice des traitements anti-asthmatiques chez les asthmatiques fumeurs

C. Raherison, Ph. Godard

Références

1 Thomson NC, Chaudhuri R, Livingston E : Asthma and cigarette smo-king. Eur Respir J 2004 ; 24 : 822-33.

2 Rasmussen LM, Porsberg C, Hoegholm A, Backer V : Eur Respir J2007 : 30: 15S, e268.

Brève : Exposition aux pesticides et risque

d’asthme en milieu agricole

Le rôle de l’exposition aux pesticides dans la survenued’asthmes est une question qui reste encore discutée et pourlaquelle les données dans la littérature sont peu nombreuses.

Dans cette étude, 19 704 fermiers hommes ayant plus de20 ans ont été inclus. Les sujets ayant des antécédents d’asthmeau cours de la petite enfance ont été exclus [1].

Les cas étaient des sujets dont le diagnostic d’asthme avaitété fait par un médecin après l’âge de 20 ans (n = 441) et repré-sentaient 2 % de la population concernée. Parmi ces sujets, 127avaient un terrain atopique (0,6 %) et 314 étaient non ato-piques (1,6 %), l’atopie ayant été définie par l’existence de« rhume des foins » ou d’un eczéma. Les sujets témoins étaientau nombre de n = 19 263.

L’évaluation de l’exposition aux pesticides a été évaluéepar questionnaire, et environ 48 pesticides ont été étudiés. Untotal de 92 % des sujets avaient vécu à la ferme depuisl’enfance. Vingt-trois pour cent ont été exposés aux pesticides.L’association entre exposition aux pesticides et risque d’asthmea été évaluée par un modèle de régression logistique, avec ajus-tement sur l’âge, les habitudes tabagiques, et l’indice de massecorporelle. L’exposition aux pesticides était associée à un risque

d’asthme, chez les atopiques (OR = 2 [1,3-3]) et les non-atopiques (OR = 2 [1,5-2,6]). Des résultats semblables ont ététrouvés pour l’exposition aux herbicides (OR = 1,9 [1,1-3,4]),et aux insecticides, en particulier les organochlorés (OR = 1,8[1,2-2,6]).

Ces résultats suggèrent l’existence d’un lien épidémiolo-gique entre exposition aux insecticides et la survenue d’unasthme de l’adulte.

Référence

1 Hoppin J, Umbach D, London S, Alavanja A, Sandler D : Eur Respir J2007 ; 30 : 243S.

Brève : À quand les �-bloquants dans

le traitement de l’asthme : info ou intox ?

Cette communication essaie de bousculer les idées reçues.En effet, les �-bloquants sont actuellement contre-indiquésdans l’asthme, car leur administration en aigu peut être res-ponsable de bronchospasme.

L’hypothèse de l’auteur se base sur l’existence, pourchaque mécanisme d’action, d’un effet agoniste et d’un effetagoniste-inverse, en faisant un parallèle avec l’effet des �-blo-quants dans le traitement de l’insuffisance cardiaque. Il faitl’hypothèse que les �2 agonistes seraient efficaces sur le bron-chospasme en aigu, mais délétères au long cours, et soulignel’absence de données disponibles sur les effets des �-bloquantsdans l’asthme au long cours (tableau II).

8 Rev Mal Respir 2008 ; 25 : 7-13

Paramètres G1 G2 G3 G4

n = 120 n = 48 n = 53 n = 32

Sexe F/H 76/44 30/18 39/14 24/18

Âge (moyenne) 30 30 30 32

Sévérité de l’asthme

Léger 51 71 38 38

Modéré 27 10 19 28

Sévère 22 19 43 34

VEMS, % théorique 92 94 88 94

Atopie, % 59 70 45 50

Amélioration des symptômes à 6 mois, % 53 52 36 28

Amélioration du VEMS 22 8 26 3� = 300 ml, %

Tableau I.

Caractéristiques des malades et réponse au traitement. Voir le texte(ligne 7) pour la définition des groupes.

Insuffisance Infarctus du myocarde

cardiaque �-bloquants

congestive

�2 agonistes

Aigu Effet bénéfique par Effet délétère paraugmentation de la diminution de la contractilité cardiaque contractilité cardiaque

Chronique Effet délétère, avec Effet bénéfique, avec augmentation de la diminution de la mortalitémortalité

Tableau II.

Effets aigus et chroniques des �-stimulants et �-bloquants dans,respectivement, l’insuffisance cardiaque congestive et l’infarctus dumyocarde, illustrant les paradoxes d’effets selon le « terme » considéré.

L’auteur rapporte une étude pilote [1] qui a concerné10 sujets asthmatiques légers (18-50 ans) avec augmentationprogressive d’un traitement �-bloquant non sélectif par Nado-lol (1 fois/j) sur 6 semaines, puis 3 semaines à doses fixes. Il yaurait une augmentation de la densité des récepteurs aux �2