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24 formation dossier La prise en charge des dermatomycoses à l’officine Actualités pharmaceutiques n° 484 Avril 2009 de squames grasses se détachant facilement au grat- tage. L’exposition au soleil permet souvent leur mise en évidence car les lésions hypopigmentées ressortent sur le bronzage. La confirmation du diagnostic clinique peut être proposée par un prélèvement mycologique. Limites du conseil Le pityriasis versicolor peut être pris en charge dans un premier temps à l’officine si le diagnostic est évident par des rappels des mesures d’hygiène associés à un traitement local (tableau 6). Certains cas nécessitent cependant un avis médical : dia- bète, immunodépression, extension des lésions, absence d’amélioration, surinfections bactériennes, grossesse en cours ou bien encore atteinte fongique chez l’enfant. En cas d’hésitation sur le diagnostic, un prélèvement (scotch test) est préconisé pour mettre en évidence les levures et filaments du genre Malassezia. Angélique Denieul Docteur en pharmacie, Bordeaux (33) [email protected] Sébastien Faure Maître de conférences des Universités, Faculté de pharmacie, Angers (49) [email protected] Tableau 6 : Prise en charge du pityriasis versicolor Antifongique local Kétoderm ® gel moussant en unidose Selsun ® en lotion Certaines maladies (syndrome de Cushing) La prise de traitements qui dépriment le système immunitaire, comme la corticothérapie La grossesse L’hypersudation (humidité) Les huiles corporelles Éviter les endroits chauds et humides et le port de vêtements favorisant la transpiration : – porter des sous-vêtements en coton – éviter les saunas et hammams – entreprendre un traitement préventif avant la période des grandes chaleurs si les récidives sont fréquentes Fréquence des rechutes importante du fait de l’existence de cette levure dans la flore commensale. Traitement préventif (médecin) : possibilité d’utilisation de savon à base de pirithione zinc ; utilisation bihebdomadaire de Kétoderm ® gel moussant pendant plusieurs mois. Remerciements pour sa relecture à Dominique Chabasse, professeur des Universités, praticien hospitalier en parasitologie-mycologie, responsable de pôle biologie, CHU Angers (49) Les dermatomycoses sont des atteintes cutanées dues à des champignons : les dermatophytes et les levures du genre Candida et Malassezia sp. L’examen mycologique se justifie particulièrement en cas de teignes, d’atteintes unguéales, de lésions étendues ou d’échec thérapeutique. Les dermatophytoses sont dues à des champignons filamen- teux kératinophiles (avides de kératine). Elles regroupent des atteintes cutanées (intertrigo et dermatophytie circinée), pilaires (teignes et sycosis) et unguéales. Le mode de contamination est variable : interhumain, via un animal ou via le sol. Pour éviter une contamination (re-inoculation ou une contamination intrafamiliale) et pour que le traitement soit efficace, il faut isoler et traiter l’homme ou l’animal en cause. Les candidoses sont des infections opportunistes, dues à des levures du genre Candida (60 % à Candida albicans). Elles regroupent des atteintes cutanées (intertrigos) et unguéa- les (périonyxis). L’interrogatoire doit rechercher les facteurs favorisants locaux (soins de manucure...) et généraux (gros- sesse, diabète, traitements antibiotiques, neuroleptiques, état d’immunosuppression...). Le pityriasis versicolor n’est pas une infection opportuniste. Cosmopolite, elle touche aussi bien les sujets sains que les immunodéprimés. Le pityriasis versicolor est dû à des levures commensales de la peau appartenant au genre Malassezia sp. Il s’agit d’une mycose non contagieuse, favorisée par des fac- teurs climatiques (chaleur et humidité), par la sécrétion sudorale (attention aux hammams, saunas), l’application de produits huileux entraînant une prolifération de ces levures. La dépigmentation persiste malgré l’efficacité du traitement, la recoloration pouvant prendre quelques mois. La récidive est fré- quente en raison de l’existence de cette levure à l’état commensal au niveau cutané. Ce qu’il faut retenir sur les dermatomycoses Les questions à poser Pityriasis versicolor © Phanie/Aubert

Ce qu’il faut retenir sur les dermatomycoses

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dossier

La prise en charge des dermatomycoses à l’officine

Actualités pharmaceutiques n° 484 Avril 2009

de squames grasses se détachant facilement au grat-tage. L’exposition au soleil permet souvent leur mise en évidence car les lésions hypopigmentées ressortent sur le bronzage. La confirmation du diagnostic clinique peut être proposée par un prélèvement mycologique.

Limites du conseil

Le pityriasis versicolor peut être pris en charge dans un premier temps à l’officine si le diagnostic est évident par des rappels des mesures d’hygiène associés à un traitement local (tableau 6).Certains cas nécessitent cependant un avis médical : dia-bète, immunodépression, extension des lésions, absence d’amélioration, surinfections bactériennes, grossesse en cours ou bien encore atteinte fongique chez l’enfant. En cas d’hésitation sur le diagnostic, un prélèvement (scotch test) est préconisé pour mettre en évidence les levures et filaments du genre Malassezia. �

Angélique Denieul

Docteur en pharmacie, Bordeaux (33)

[email protected]

Sébastien Faure

Maître de conférences des Universités,

Faculté de pharmacie, Angers (49)

[email protected]

Tableau 6 : Prise en charge du pityriasis versicolor

Antifongique local Kétoderm® gel moussant en unidose

Selsun® en lotion

Certaines maladies (syndrome de Cushing)

La prise de traitements qui dépriment le système immunitaire, comme la corticothérapie

La grossesse

L’hypersudation (humidité)

Les huiles corporelles

Éviter les endroits chauds et humides et le port de vêtements favorisant la transpiration :

– porter des sous-vêtements en coton

– éviter les saunas et hammams

– entreprendre un traitement préventif avant la période des grandes chaleurs si les récidives

sont fréquentes

Fréquence des rechutes importante du fait de l’existence de cette levure dans la flore

commensale.

Traitement préventif (médecin) : possibilité d’utilisation de savon à base de pirithione zinc ;

utilisation bihebdomadaire de Kétoderm® gel moussant pendant plusieurs mois.

Remerciements pour sa relecture à Dominique Chabasse, professeur des Universités, praticien hospitalier en parasitologie-mycologie, responsable de pôle biologie, CHU Angers (49)

Les dermatomycoses sont des atteintes cutanées dues à des champignons : les dermatophytes et les levures du genre Candida et Malassezia sp.L’examen mycologique se justifie particulièrement en cas de teignes, d’atteintes unguéales, de lésions étendues ou d’échec thérapeutique.

Les dermatophytoses sont dues à des champignons filamen-teux kératinophiles (avides de kératine). Elles regroupent des atteintes cutanées (intertrigo et dermatophytie circinée), pilaires (teignes et sycosis) et unguéales.Le mode de contamination est variable : interhumain, via un animal ou via le sol. Pour éviter une contamination (re-inoculation ou une contamination intrafamiliale) et pour que le traitement soit efficace, il faut isoler et traiter l’homme ou l’animal en cause.

Les candidoses sont des infections opportunistes, dues à des levures du genre Candida (60 % à Candida albicans). Elles regroupent des atteintes cutanées (intertrigos) et unguéa-

les (périonyxis). L’interrogatoire doit rechercher les facteurs favorisants locaux (soins de manucure...) et généraux (gros-sesse, diabète, traitements antibiotiques, neuroleptiques, état d’immunosuppression...).

Le pityriasis versicolor n’est pas une infection opportuniste. Cosmopolite, elle touche aussi bien les sujets sains que les immuno déprimés. Le pityriasis versicolor est dû à des levures commensales de la peau appartenant au genre Malassezia sp. Il s’agit d’une mycose non contagieuse, favorisée par des fac-teurs climatiques (chaleur et humidité), par la sécrétion sudorale (attention aux hammams, saunas), l’application de produits huileux entraînant une prolifération de ces levures.La dépigmentation persiste malgré l’efficacité du traitement, la recoloration pouvant prendre quelques mois. La récidive est fré-quente en raison de l’existence de cette levure à l’état commensal au niveau cutané.

Ce qu’il faut retenir sur les dermatomycoses

Les questions à poserPityriasis versicolor©

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