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Chikungunya : une maladie europeenne A la mi-mai 2006, et depuis mars 2005, on estimait que quelque 255 000 cas de fi~vre du chikungunya ~taient apparus sur I'ile de La R~union. Par ailleurs ~ la mi-mai, 213 d~c~s avaient ~t~ notifies en rapport avec la maladie. A Mayotte, territoire fran~ais proche de La R~union, 5 834 cas ont ~t~ notifies ~ ce t te ~poque. Des cas ont ~t~ rapport~s sur d'autres ties de I'Oc~an Indien, tandis que des cas import~s ~taient signal,s en Europe.
L e s cas ou pour (suspects confirmes) I'Eu-
rope (donnees non exhaustives), bases sur les informations foumies par Eurosurveillance
et I'lnstitut national de veille sanitaire, etaient de 307 en France, 1 ? en Allemagne, 12 en Bel- gique, 9 au Royaume-Uni, et 1 en Republique
tcheque et en Norv~ge. Ces cas ont 6te signa- 16s entre le 1 e r janvier et le 21 avril 2006.
Risque pour rEurope Compte tenu de I'extension de I'epidemie et d'un intensif trafic voyageurs entre les zones affectees et I'Europe toute I'annee (1), le risque
court terme d'introduction et de transmission du virus du chikungunya en Europe a ete eva-
lue par un panel d'experts en mars dernier a. I'ECDC (European Centre for Disease Preven- tion and Control) & Stockholm. IIs ont publie des recommandations diffusees dans I'Union euro-
peenne. Qu'en est-il du risque pour I'Europe ?
�9 Relativement faible Le virus actuel, variant de souches africaines dej& connues, est importe par I'intermediaire de voyageurs infectes se depla?ant vers I'Europe & partir de zones de haute incidence de I'Ocean Indien. Nombre de ces voyageurs
ont des liens familiaux ou amicaux dans les zones infectees et ne semblent pas realiser
la necessite de mesures de precaution pour reduire leur risque d'infection par le chikun- gunya quand ils y sejournent. La France et plu- sieurs pays d'Europe ont confirme ainsi des
cas de chikungunya chez des touristes de
retour de I'Ocean Indien. La probabilit~ d'introduction du virus par impor- tation de vecteurs infectes, par contamination due au non respect des precautions dans la
manipulation d'echantillons de sang ou par
transfusion sanguine est consideree comme relativement faible, en I'absence de donnees exhaustives. Cependant, une analyse de laboratoire de bio- Iogie a confirme le cas d'une infirmiere infec-
tee en France awes le pre- levement d'un echantillon
de sang chez un patient affecte d'un chikungunya
au stade aigu.
�9 Albopictus europeen
Aedes albopictus, vecteur de la maladie & La Reunion, a dej& ete introduit dans
plusieurs pays : Belgique, Pays-Bas, Bosnie, Bosnie
herzegovine, Croatie, France, Grece, Serbie, Mon-
tenegro, Slovenie, Espagne, Suisse, via le commerce
de pneus d'occasion (le moustique y pond ses oeufs dans un depet d'eau stagnante) et de plantes exotiques transportees en reservoir d'eau. Ceci a per- mis au vecteur de s'acclimater dans certains pays du sud de I'Europe avec des conditions
climatiques favorables (Albanie, Italie...).
Cependant, sa capacit6 & transmettre le virus dans un climat qui n'est pas le sien reste inconnue, des recherches en ce sens sont menees en France. II y a risque d'importation
d'autres parties du monde : Afrique, Inde, Asie, oe le virus est endemique. En Inde, plus de
100 000 cas de chikungunya ont ete rappor- tes depuis decembre 2005.
Recommandations �9 A court terme Informer toute personne voyageant depuis les zones de haute incidence de la maladie, Informer sur le chikungunya les medecins et les
personnels de sante, pour detecter des voya-
geurs susceptibles de presenter la maladie.
Rappeler aux equipes de sante la necessite de respecter des precautions universelles de mani- pulation d'echantillons provenant de tout patient,
y compris ceux presentant le chikungunya.
Informer les I~tats de I'Union europeenne de la necessite de respecter les precautions
concernant les dons de sang. Evaluer la disponibilite et la capacite des labo- ratoires d'analyses de biologie medicale en
Europe & diagnostiquer le chikungunya.
| A long terme Des etudes supplementaires doivent evaluer
I'activite de vecteur d'Aedes albopictus dans les zones d'Europe o~ ron salt qu'il est pre- sent. Les zones & risque devraient 6tre identi-
flees et repertoriees, regulierement inspectees,
decontaminees au besoin. Finalement, des mesures pour prevenir I'implantation d'Aedes albopictus par I'intermediaire du commerce des pneus d'occasion ou des plantes exotiques transportees en eau devront ~tre envisagees.
J.-M. M.
(1) En 2004, un total de 1474218 personnes ont voyag~ de Madagascar (153 766), Maurice (657312), Mayotte (63372) La R#union (498388) et les Seychelles (101 380) vers le continent euro- p~en (Source: Eurostat).
1 0 Revue Francophone des Laboratoires, juillet-aoCit 2006, N ~ 384