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15/4/2015 Cigarette électronique : quand les vices ont des vertus | Contrepoints
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Cigarette électronique : quandles vices ont des vertusPar Frédéric Sautet, le 14 avril 2015 dans Santé
La cigarette électronique vatelle accentuer les effets néfastes du tabagisme ou au contraireaider à remédier à l’un des plus grands fléaux de notre temps ?
Par Frédéric Sautet.
ecigarette – Credits TBEC Review (CC BY 2.0)
La question est posée : la cigarette électronique, l’une des huit innovations perturbatrices de ce siècleselon Goldman Sachs, vatelle accentuer les effets néfastes du tabagisme ou au contraire aider àremédier à l’un des plus grands fléaux de notre temps ? Le débat fait rage. Les uns – généralement desgouvernements ou des organismes publics tels que l’Organisation mondiale de la santé – affirment quele ratio bénéficesrisques est trop incertain : tant que l’innocuité de l’ecigarette n’a pas été entièrementétablie, il faudrait l’interdire ou limiter sa consommation. Les autres voient au contraire un miracle de latechnologie venant enfin à leur secours.
Plus de dix ans après son invention (dans sa forme actuelle), que peuton dire ? Il est manifeste que cenouveau mode d’absorption de la nicotine est plébiscité par les utilisateurs. L’ecigarette est devenueune pratique courante de dizaines de millions de personnes dans le monde. Selon une enquête publiéeen février 2014, son utilisation quotidienne concerne près de 3% de la population française. Aux États
OPINION
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Unis, les ventes sont passées de 500 millions de dollars en 2012 à 2 milliards en 2014. Et signe peutrompeur : les multinationales du tabac sont de la partie. Elles veulent éviter le sort de Kodak quidisparut, n’ayant pas pris le tournant du numérique. Plusieurs d’entre elles investissent dans ledéveloppement de nouveaux produits ou le rachat de startups. Contrairement au marché du tabac,resté longtemps en sommeil, l’innovation est forte. En décembre dernier, il est même sorti une ecigarette à l’extrait de cannabis sans effet psychotique !
Soit, mais si l’ecigarette crée une dépendance chez le nonfumeur et maintient les fumeurs dans ladépendance nicotinique, ne vaudraitil pas mieux l’interdire ? Elle est clairement addictive car la nicotine,quel que soit son mode d’administration, est addictive. Mais l’ecigarette fonctionne mieux que lesméthodes classiques de prise en charge du tabagisme pour la raison qu’elle provoque un soulagementrapide du manque de nicotine. Ainsi, un nombre croissant d’études montrent son efficacité relative dansla réduction du tabagisme. Bertrand Dautzenberg, tabacologue, affirme même que l’ecigarette est entrain de contribuer au déclin du tabac, surtout chez les jeunes dont le nombre de fumeurs parmi lescollégiens et les lycéens a fortement chuté depuis 2011. De plus, il semblerait que l’ecigarette ne soitpas une passerelle vers le tabac. D’ailleurs, selon 43% des Français, l’ecigarette serait un moyen desevrage efficace. Au regard de la pauvreté des résultats des méthodes de sevrage classiques, cettealternative est la bienvenue, même si elle n’est pas parfaite.
Mais qu’en estil de sa toxicité ? Un moyen de sevrage efficace mais toxique ne serait pas unealternative acceptable. Là encore, une lecture dépassionnée des analyses tendrait à montrer que l’ecigarette est une alternative préférable au tabac. Le liquide qui produit l’aérosol – même s’il contient desimpuretés telles que l’anatabine ou la norocinine – est quasiment dépourvu de nitrosamines, qui sontdes cancérogènes naturellement présents dans le tabac. Les arômes chauffés posent le plus dequestions quant à leur innocuité, car ils contiennent parfois de l’ambrox et du parabène. Mais àl’exception d’une étude de l’Institut national japonais de la santé publique, la recherche montre que laquantité de cancérogènes connus dans l’aérosol de l’ecigarette est bien moins grande que dans lafumée de cigarette, car les concentrations sont plus faibles et les goudrons et le monoxyde de carbonesont absents.
Le marché de l’ecigarette, avec ses 460 marques de par le monde, est jeune et encore sujet auxdouleurs de la croissance. La façon la plus désirable de gérer ces difficultés est de laisser le marchésélectionner les meilleurs fabricants tout en établissant des exigences de sécurité élémentaires. Déjà,certains fabricants produisent sans ambrox et parabène. Des marques avec leurs réputations sont entrain d’être bâties. On a d’ailleurs pu observer une évolution favorable de la qualité des liquides depuis2009, notamment avec de plus en plus de fabricants utilisant des composants de qualitépharmaceutique. Si les fabricants et les distributeurs n’obtiennent pas la protection de la réglementation(et le lobbying se fait déjà sentir aux ÉtatsUnis et en Europe), le marché continuera à produire une plusgrande qualité.
Il est encore tôt pour juger des effets complets de l’ecigarette. Cependant, même si les nouvellestechnologies posent souvent des questions, ce n’est pas une raison pour les interdire. Aujourd’hui, onsait que le risque de l’ecigarette n’est pas nul, mais il est faible relativement à la cigarette traditionnelle.Même si la consommation de nicotine n’a rien de vertueux, rappelons que la recherche du mieux peutsouvent devenir l’ennemi du bien (même si ce dernier est relatif).
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