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gestion | finances 24 OptionBio | Lundi 19 décembre 2011 | n° 464 P our savoir si le laboratoire dispose ou non d’une bonne trésorerie, il faut partir du bilan comptable. L’analyse du bilan permet en effet de surveiller les équilibres financiers de l’exploitation. Ces équilibres financiers sont au nombre de trois : le fonds de roulement, le besoin en fonds de roulement et la trésorerie nette. Le fonds de roulement Le fonds de roulement est un indicateur de la structure financière du laboratoire de biologie médicale (LBM). En pratique, c’est une réserve, un matelas de sécurité, qui permet d’amortir les à-coups éventuels de l’exploitation entre les entrées et les sorties. C’est donc lui qui assure l’indépendance financière du LBM. Certains LBM ne disposent pas toujours, hélas, d’un fonds de roulement important. Or, un fonds de roulement apporte une indépendance finan- cière à l’égard des fournisseurs et des banques, alors que l’absence de fonds de roulement, au contraire, fait dépendre l’exploitation des tiers et annonce souvent une situation difficile. Pour autant, ce montant peut beaucoup varier d’une situation à une autre. Par exemple, quand un LBM n’a pas de réelles difficultés à financer ses besoins courants, il n’a pas besoin d’un fonds de roulement important. Le besoin en fonds de roulement Si un LBM rencontre des difficultés financières structurelles, on doit rechercher le fonds de rou- lement minimal dont il a besoin pour faire fonc- tionner correctement son activité et pour dispo- ser d’une trésorerie d’exploitation suffisante, en calculant le besoin en fonds de roulement (BFR). Schématiquement, il faut calculer la somme d’ar- gent qui serait nécessaire pour “faire tourner” le laboratoire sans faire appel à la banque. Lorsqu’on aboutit alors à un besoin en fonds de roulement positif, cela signifie qu’il existe des besoins d’ar- gent à financer. Si, au contraire, le besoin en fonds de roulement est négatif, il y a des excédents de trésorerie à placer. La trésorerie nette La trésorerie nette est la différence entre le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement. La trésorerie sera positive si le fonds de roulement est supérieur au besoin en fonds de roulement, ou négative dans le cas contraire. De manière plus simple, la trésorerie sera ce qui reste de disponi- ble ou non pour assurer les paiements courants, puisqu’elle représente aussi la différence entre les avoirs en banque et en caisse et les découverts. Le problème de la trésorerie, c’est qu’elle est par nature variable. La fréquence des encaisse- ments correspond en effet rarement avec celle des dépenses. C’est pour cette raison que la plu- part des biologistes se préoccupent rarement de leurs difficultés de trésorerie. Ils ne commencent vraiment à s’inquiéter qu’au moment où ils sont obligés, soit d’allonger de manière importante les délais de règlement des fournisseurs, soit de faire appel à la banque. Il est alors parfois trop tard. Mais heureusement, il existe des moyens de prévenir ces difficultés. Contrôler les ratios L’un des meilleurs moyens d’éviter les problèmes de trésorerie est de disposer d’un fonds de rou- lement bien adapté. Mais comme ce n’est pas toujours possible, on peut avoir intérêt à agir sur d’autres leviers : étaler les règlements aux fournisseurs, trouver des crédits à court terme, par exemple. Pour choisir l’une ou l’autre de ces solutions, il faut s’appuyer sur certains ratios. La durée du crédit moyen fournisseur Bien entendu, plus la durée du crédit moyen four- nisseur est longue, plus la trésorerie se porte bien. Il faut essayer aussi de savoir si cette durée est supérieure ou inférieure à celle couramment prati- quée dans la profession. Pour calculer la durée du crédit moyen obtenue auprès des fournisseurs, le total des sommes qui leur sont dues est divisé par le montant des achats et le résultat est multiplié par 360 jours. L’autonomie financière La mesure de l’autonomie financière est très importante, car elle permet de savoir si le LBM peut ou non emprunter à la banque sans com- promettre son indépendance financière. Le ratio correspondant s’obtient en divisant le montant des capitaux propres par celui des capitaux perma- nents, les capitaux empruntés ne devant jamais être supérieurs aux fonds propres, le ratio ne doit pas être inférieur à 0,50. Comment mieux gérer la trésorerie de votre laboratoire Une bonne gestion de trésorerie assure la rentabilité et la solvabilité du laboratoire. Pour cela, il faut savoir analyser la trésorerie, détecter les signaux d’alerte, prévoir les besoins éventuels, savoir placer les excédents. rations bancaires rations bancaires Le contrôle des opé Le contrôle des opé

Comment mieux gérer la trésorerie de votre laboratoire

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gestion | finances

24 OptionBio | Lundi 19 décembre 2011 | n° 464

Pour savoir si le laboratoire dispose ou non d’une bonne trésorerie, il faut partir du bilan comptable. L’analyse du bilan permet

en effet de surveiller les équilibres financiers de l’exploitation. Ces équilibres financiers sont au nombre de trois : le fonds de roulement, le besoin en fonds de roulement et la trésorerie nette.

Le fonds de roulementLe fonds de roulement est un indicateur de la structure financière du laboratoire de biologie médicale (LBM). En pratique, c’est une réserve, un matelas de sécurité, qui permet d’amortir les à-coups éventuels de l’exploitation entre les entrées et les sorties. C’est donc lui qui assure l’indépendance financière du LBM.Certains LBM ne disposent pas toujours, hélas, d’un fonds de roulement important. Or, un fonds de roulement apporte une indépendance finan-cière à l’égard des fournisseurs et des banques, alors que l’absence de fonds de roulement, au contraire, fait dépendre l’exploitation des tiers et annonce souvent une situation difficile.Pour autant, ce montant peut beaucoup varier d’une situation à une autre. Par exemple, quand un LBM n’a pas de réelles difficultés à financer ses besoins courants, il n’a pas besoin d’un fonds de roulement important.

Le besoin en fonds de roulementSi un LBM rencontre des difficultés financières structurelles, on doit rechercher le fonds de rou-lement minimal dont il a besoin pour faire fonc-tionner correctement son activité et pour dispo-ser d’une trésorerie d’exploitation suffisante, en calculant le besoin en fonds de roulement (BFR). Schématiquement, il faut calculer la somme d’ar-gent qui serait nécessaire pour “faire tourner” le laboratoire sans faire appel à la banque. Lorsqu’on aboutit alors à un besoin en fonds de roulement positif, cela signifie qu’il existe des besoins d’ar-gent à financer. Si, au contraire, le besoin en fonds de roulement est négatif, il y a des excédents de trésorerie à placer.

La trésorerie netteLa trésorerie nette est la différence entre le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement. La trésorerie sera positive si le fonds de roulement est supérieur au besoin en fonds de roulement, ou négative dans le cas contraire. De manière plus simple, la trésorerie sera ce qui reste de disponi-ble ou non pour assurer les paiements courants, puisqu’elle représente aussi la différence entre les avoirs en banque et en caisse et les découverts.Le problème de la trésorerie, c’est qu’elle est par nature variable. La fréquence des encaisse-ments correspond en effet rarement avec celle des dépenses. C’est pour cette raison que la plu-part des biologistes se préoccupent rarement de leurs difficultés de trésorerie. Ils ne commencent vraiment à s’inquiéter qu’au moment où ils sont obligés, soit d’allonger de manière importante les délais de règlement des fournisseurs, soit de faire appel à la banque. Il est alors parfois trop tard. Mais heureusement, il existe des moyens de prévenir ces difficultés.

Contrôler les ratiosL’un des meilleurs moyens d’éviter les problèmes de trésorerie est de disposer d’un fonds de rou-lement bien adapté. Mais comme ce n’est pas

toujours possible, on peut avoir intérêt à agir sur d’autres leviers : étaler les règlements aux fournisseurs, trouver des crédits à court terme, par exemple. Pour choisir l’une ou l’autre de ces solutions, il faut s’appuyer sur certains ratios.

La durée du crédit moyen fournisseurBien entendu, plus la durée du crédit moyen four-nisseur est longue, plus la trésorerie se porte bien. Il faut essayer aussi de savoir si cette durée est supérieure ou inférieure à celle couramment prati-quée dans la profession. Pour calculer la durée du crédit moyen obtenue auprès des fournisseurs, le total des sommes qui leur sont dues est divisé par le montant des achats et le résultat est multiplié par 360 jours.

L’autonomie financièreLa mesure de l’autonomie financière est très importante, car elle permet de savoir si le LBM peut ou non emprunter à la banque sans com-promettre son indépendance financière. Le ratio correspondant s’obtient en divisant le montant des capitaux propres par celui des capitaux perma-nents, les capitaux empruntés ne devant jamais être supérieurs aux fonds propres, le ratio ne doit pas être inférieur à 0,50.

Comment mieux gérer la trésorerie de votre laboratoire

Une bonne gestion de trésorerie assure la rentabilité et la solvabilité du laboratoire. Pour cela, il faut savoir analyser la trésorerie, détecter les signaux d’alerte, prévoir les besoins éventuels, savoir placer les excédents.

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25OptionBio | Lundi 19 décembre 2011 | n° 464

Prendre les bonnes mesuresBien analyser les ratios de trésorerie permet d’éta-blir des prévisions et donc de prendre immédiate-ment les mesures qui s’imposent. C’est d’ailleurs ce qu’on appelle la prévision de trésorerie, qui s’établit en principe mois par mois.Globalement, il y a deux types de mesures à pren-dre, selon la situation : la gestion des manques de trésorerie et celle des excédents.

Combler les manquesCombler les manques est le domaine des crédits de trésorerie. Les principaux crédits de trésorerie sont le découvert traditionnel, la facilité de caisse, le crédit ponctuel et le compte de trésorerie (ou crédit revolving).

Le découvert : la banque accorde une avance qui permet d’être débiteur sur le compte pendant un certain temps (ou pour une durée illimitée) et dans la limite d’un montant déterminé. Le décou-vert couvre donc les besoins de trésorerie pendant quelques mois au moins.Attention cependant, le système présente deux inconvénients. Premièrement, il est cher, plus cher qu’un crédit professionnel de courte durée et à taux fixe. Il ne faut donc pas laisser “traîner” un découvert trop longtemps.Autre inconvénient : lorsqu’on ne signe pas de convention écrite avec la banque, le découvert ne constitue qu’une simple tolérance. La ban-que peut donc y mettre fin à tout moment. Il faut savoir aussi qu’une banque n’est jamais obligée d’accorder un découvert à une entre-prise, sauf bien sûr si elle s’est engagée, par écrit, à le faire.

La facilité de caisse est une formule un peu différente. Elle accorde un découvert sur des périodes très courtes (pas plus d’un mois en général), afin de remédier au décalage de tré-sorerie qui correspond au paiement de certaines échéances. Cette avance se résorbe automatique-ment au fur et à mesure des rentrées d’argent de l’exploitation. Pendant cette période, le compte professionnel est donc alternativement en crédit et en débit.

Le crédit ponctuel est accordé pour un mon-tant déterminé sur une durée très courte (trois mois le plus souvent). Avantage : les taux sont en principe peu élevés (ils suivent ceux du mar-ché monétaire) et, en tout cas, nettement moins élevés que ceux des découverts. En revanche, ce type de crédit est plus difficile à obtenir.

Le crédit revolving, enfin, n’est pas à propre-ment parler un crédit de trésorerie. Appelé aussi

parfois crédit permanent, il sert en principe à financer certaines dépenses imprévues : un petit matériel qui tombe en panne et qu’il faut rempla-cer, l’achat de fournitures, etc. Mais en dernier recours, on peut l’utiliser aussi pour combler un manque de trésorerie momentané.

Les excédents de trésorerieAutant il faut absolument essayer d’obtenir le meilleur taux possible pour un crédit ou un décou-vert, autant il faut aussi rechercher le meilleur placement pour les excédents. La règle d’or à respecter est trouver un placement rentable, sans risque et disponible. La solution classique reste soit les comptes d’épargne, soit les sociétés d’investissement à capital variable (Sicav) et fonds communs de placement (FCP) de trésorerie.

Les comptes d’épargneDans la palette des comptes d’épargne disponi-bles, on trouve notamment les comptes sur livrets ou à terme.

Un compte sur livret est un placement liquide, sans plafond de dépôt : on peut donc y placer n’importe quel montant et y effectuer des pré-lèvements à n’importe quel moment. Un incon-vénient : le taux de rémunération est très faible, 1,75 % avant impôt. Toutefois, certaines banques (notamment les banques en ligne) augmentent ce taux pendant une période limitée.

Le compte à terme est un compte sur lequel les versements sont normalement bloqués pen-dant une certaine durée (un ou plusieurs mois). Mais certains comptes à terme permettent d’ef-fectuer des retraits anticipés. Un placement qui mérite donc attention, d’autant plus que le taux d’intérêt est plus intéressant que celui des comp-tes sur livret.

Les Sicav et FCP de trésorerieLes Sicav et FCP de trésorerie sont les place-ments les plus utilisés aujourd’hui encore pour gérer les excédents de trésorerie, malgré la très forte baisse de leur rémunération ces dernières années (autour de 1 %). Ils permettent de faire face rapidement à une échéance ou à un excédent à placer, tout en restant très stables. Ce type de placement est à déconseiller, cependant, pour des durées inférieures à trois mois, en raison des frais d’entrée à payer. |

FRANÇOIS SABARLY

Journaliste, Paris

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