Commentaire sur Isaie (Sources chretiennes) Tome 1 (Sections 1-3)

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  • [4 INTRODUCTION

    Sa vritable dcouverte est. due, en ralit, August. Mobie. Charg de prparer l 'tablissement. du t.cxte d' Isale en vue de l'dit.ion des Septante de GtLingen1, MOhle cherche connntLre l'tat de la recension lucinnique chez les exgtes qui l'ont ut.i1iaee. Or Thodorct est de ceux qui citent. d'ordinaire int.graJement le texte qu'ils corn mentent: la dcouverte de son ln Isaiam serait donc prcieuseS. En 1929, MOhle entreprend de photographier divers manuscrits des Septante au mont. Athos, Athnes, il Patmos et Constant.inople dans le couvent du trs saint Spulcre. Il espre ret.rouver l le commentaire dont. parlent. Papadopoulos et. Rahlfs. F orme d 'une salle vot.e, au rez-de-chausse, la bibliothque du Mtochion est. situe proximit d'un rservoir d'eau connu sous le nom de stema, (a'fipvCi!U0 eL Ic. mol. oblOlI .. me nL aucun commentaire. La petite colledion nOD wt.aloll'uc de. mu du Pall'lareat cum6nique cOlUlultte par MOhl0 cn 1931 n'onre pu le eommentalre lur tsale de TModoret. 1.&, mss de Paris, Bibl. ND'. SUppl.gf. 113 et d e BerUn, Bibl. d'/al, PhllI . 1469 ne eonUennenl pu, eomme l'Indiquent lea le commentaire de Th6odoret lur Iu le 1 .. 16, malllKll.llement une copie det pau.age' d es Chalnes d e Florence, Dib/. Lauf., Plul. V , portant le nom de T Modoret. Le cnta logue de S. EustraUadsArcadlol Indiquo que 10 m . Athos (:1(1' j, 237, conUent lUt ,a d ernire touille un t!1lgmenl du eommenlalre de Th6odorel l ur hale (nJ.Ulx1.O'ol

    clio TbY 'HIJ"ta. .. j, mals, faule d'avoir pu consuller ce ma., MOhie n 'a pnl pu Vr ifier 10 de ce tle e.mrmnUon.

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    La place de l'ln Isain dan. l'uvre ex~i~que

    d e Th~odoret

    INTRODUCTION

    Grce la critique interne, on peul. aisment dterminer l'ordre qu'a suivi Thodoret dans la rdaction de ses commentaires. Il lui arrive, en elTet, d 'exposer les raisons qui l'ont conduit

    commenter tel prophte avant tel autre el. de renvoyer ses ouvrages antrieurs, afin d'viter les redites ou pour inviter comparer entre eux les textes de l'll:criture. Il fait aussi plusieurs reprises dans ses commentaires le point sur son entreprise exgtique.

    La prface de l'In P,almos permet ainsi de situer respec-tivement cinq commentaires. Thodorel. aurail. aim faire du Psautier son premier travail d 'exgte (npo Ti:yy IDwy 6dwy ).oy(WY), mais il a dO renoncer provisoirement ce projet pour sacrifier d 'autres obligations et donner successivement ses comment.aires sur le Cantique du Cantiquu, sur Daniel (t l'homme des dsirs t), sur J!:ichiel et sur lei douu proph~lt8 mineursl. D'autre part, l' ln I ,aiam est prsent par Thodoret comme l'avant.-dernier de ses commentaires sur les prophtes'. L'In Jeremiam met donc fin cette srie de commentaires, comme le confirmerait, s'il en tait besoin, la conclusion de l'ouvrage'.

    La facilit que l'on a situer l'In l 'aiam dans l'ensemble de l'uvre ex-gtique de Thodoret ne se retrouve

    pas quand il s'agit de dterminer sa date de composition. La

    La da .. de l'In Isain

    1. In P,o!., PG SO, 860 AB : ,Malt ceux q ui nou, r6clamalent l 'Inlerpr41laUon dei aut.re& 6erila d lvina ne permirent pas l el! d&.ir qui tlalt le nelre e \.rouver aon aecompliUomcnl. L6I unt noui onl, en etfel, demand6 d'expliquer le CunUque du CunUque.; le8 autres ont dslJ1 conn9llnl la proph6Ue d e l' homme de. d lire; d'aulre. onl rclam que leur fUMent rendues claire. et tvidcnte. Ica pridlcUons envoloppe. d'ohllCuri16 d' S,,;chiell'Inapirl!, el d'au\.rol, cellea de. douu prophte .

    2. In 1 . , n, 301,-37. 3. In Ju., PG 81, 805 AB; el! commenlaire ronvole, en oul.ro, t-

    l'In E,. (id., 665 B) el t- I'ln Il. (id., 620 Cl.

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    LE COMMENTAI RE SUR ISAIE 17

    correspondance de notre auteur fournit, toutefois, quelques lments de datation et notamment un terminus ad quem. A quatre reprises1, ThodoreL dresse pour ses correspon-dants une liste de ses crits qui fait tat de ses travaux sur l'll:criture ; deux: lettres (p. 82 ; 113) comportent mme la mention precise de ses commentaires sur les prophtes. De l'avis de Thodorel, l 'examen de ces crits devrait fermer la bouche ses dtracteurs et suffire prouver son orthodoxie. Chacune de ces lettres voque, en elTet, un moment de la lutte engage contre lui par Eutychs : l'accusation d 'hrsie (p. 82), la dposition au Brigandage d'll:phse (p. 113-116), ln rhabilitation au concile de Chalcdoine (p. 146). En dcembre 448, date de la pre-mire de ces lettres, Thodoret avai t donc achev tous ses commentaires sur les prophtes et ils taient rpandus dans le public'.

    Il est plus difficile de dterminer avec prcision un terminus a quo. Les indications fournies par la correspon-dance sont cet gard trop vagues pour tre elles seules dcisives'. Le recours la critique interne permet toutefois une approximation raisonnable. Au cours de la querelle doctrinale entre antiochiens et alexandrins, le vocabulaire christologique de Thodoret a volu de fa on alSez nette pour permettre de situer la plupart de ses ouvrages p ar

    1. TIII!:ODOIIKT, Corrupondan~, p. S'l (t. li, p. 202-2(3) ; p. 113 (1. III, p. 64-65); p. 118 (Id., p. 71-73); 6p. 146 (Id. , p. 176-171).

    2. C'est du molnt ee que lalasenl enlendre lea formule. utilise, par ThWdorel : Quiconque le d6sire peut lire mca ancien. ouvragU-. .. , (p. S'l) ; , Or p.r eea Iivru Il ut faelle de voir ... . (p. 113); , C'e.t AOI peine auurimenl .... (O p. 146).

    3. Dons ao leltro II. EusOI).e d'Ancyrc (COI'~'pondanu, t. Il, p. S'l, p. 202-2031, ThWdorct d lsUngue enlre le. ouvrage. anl.6rleun au concile d'~ph4ae (431 ) el ceux q u'II a crit8 depul. douzo ant '; dant la loltre 113 (id., 1.. I I I ) au pape Lon ( .. pt.-od. 449) , la pr6dliOD. lemble plu. grande en apparenee, male en rtaUliI Il ut hlen dlmelle d'ttahllr avec certitude une relation enlre lu date. avances el la Iltle de. ouvrege! Mumr".

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  • 18 INTRODUCTION

    rapport 3U concile d'~phse (431 )1. A partir de cette dale, sans cesser d'tre un ardent. dfenseur du dyopbysisme, Thodore!. paraIt avoir totalement. renonc, en raison de leur ambiguTt, aux expressions concrtes pour dsigner les deux nat.ures du Christ.'. Tous les cri ts d'o les lormules concrtes ont. disparu seraient. donc postrieurs 431. C'est. le cas de tous les commentaires exgtiques. Peut.-on prciser davantage? Si J'on tient. pour assure la date de 435 at.tribue aux sermons Sur la Propdence que cite 1'/'1 P,almo,', ce commentaire et. du mme coup l'In l ,aiam sont. posLricul"8 ceLte date. Mais de combien? Nous ignorona tout. de la taon dont. Lravaillait. Thodoret., de son ryt.hme de composit.ion, du temps qu'il a consacr la rdaction de chaque commentaire. Toutefois, puisque l'ln 180iam est. l'ovant.-dernier de ses commentaires sur les prophtes, on peut. avec vraisemblance retenir une date qui soit. plus proche de 447 que de 4354

    1. L'holuUoD du vocabulaire ehrlttologlquo de Th6odoret a U tudie dan. ce sen. par M, RIC uAIIO, L'activil Iilt~nire de Thwdoret ... , p. 82-106 et Note. eur l'volution doclfnale ....

    2. On entend par. tormules eoncrtel . le. expressions du type : le Dieu, le Verbe n.umant, l'homme, l'homme assum, l'homme vlllhle, ele. Do !.elle. formule. pour dWgner la nature divine ou la Dllture humaine du Chrl.t pouvaient videmment talro croire qu'on dbUngualt en lui deux personne. (xp6amz) et non plu. seulamant deux nature. (fGC",).

    3. A. BBIITIU.M (TltlOdordl .pl'ttlpi CI/rt"", dodrinCl wulologiw, H ildulae 1883) plaee apra 435 ICI lermon. IUr la Provideneo el l'ensemblll dll j'muno lIJ[~gtlque de Thodoret. M. RICHARD (. L'aelvlU 1I1~rairfl de Thtodore1 ... . ) adopte d'abord li la luite de Berlnm cette m&mc do te de

  • 20 INTRODUCTION

    Mbkilharlltu, eomprend: J,ale 2,2-21,2; 28, 16; 30,6-64,10; la. M~k1Utan.le. en onL donnb uno I.radueUon laUne (Venise (887) qui reproduit pour hale 1 - 8,10 oell& de MonU~ucon; les varianlea armtnlenncllOnllou1efoia indique. en notel. J. Avcl;acan a publit en a.mbnlen lei prolgomnel de ce commen1.8.lre el l'interpl'Hallon d'J,ale 1 .2,2: qui manquaient dana l'Milioll ar mnienne dll 1880 (. The Newly DiacQvered Port 01 the Armenlan Vo ... lon or St John ChrYlollom', Commenlary on Isalu 0, Sion 9, 1935, p. 21-24). On a beaueoup dlllCul de l'aulhentic1l6 de ce commentaire. Lei Mkl-thill'Illei le tiennent naturelloment pour authentlqull, mais leu ... argument.. n'emportent pu louJoun la convlcUon. Bardenhewer notamment relte sceptique; L. DulU (. Le eommentaire a.rmhlen d ll S. Jean Chl'y.

  • 22 INTRODUCT ION

    a lus' pour rdiger son propre l n l ,oiamt leur a sans doute beaucoup emprunt, en dpi!. du frquent. reproche d'all-gorisme qu'il adresse II. leurs auteurs. C'est du reste avec aussi peu de bienveillance que le mme Jrme parle du Commentaire 'lU I 8ae d'Eusbe de Csare qui n'a t longt.cmps connu que par les Chntnes'. La lecture du texte intgral de ce commenlaire4 invit.e aujourd'hui nuancer ce jugement t.rop svre' : Bi la dpendance d'Eusbe II. l'gard d'Origne est. confirme', il es t. injuste pourtant

    1. J tRMB (PL 'U, '21 AJ dklare qu'Orlgtne a interpli~ la pmpMU, d'I~le jusqu" la vision de. quadrupde. (l" 30,6) en un comment.aire de 30 vol., dont le 260 etl penlu; toujoul"$ llelon lui (ibid.), Didyme a dC/nDt 18 vol. d e eomrnenLahu depuis I,gle 40, 1 Ju.qu'~ la nn d~ la prophtio. En oulTo, ellllni p~rlcr du 1:'lf"'I.:.oCIC (I.e. ExwrpLa), Origne a eomp0a6 (1 tlom~Hel lur 11~lo (il/id.) don~ Jrtlmo a donn une traductlon laUno (PL 201, 901(136; ct. Di, Grluhi"h'n Chrirllichcn Schri{ld,Uer, Orlgenu lIomiliae in I.oiom, Lelp~lg 192&, p. 242-289).

    2. S. JtIl.U;, ln III/iom, PL 24, 17-678. S. JtlltlME parle de l'In J.alam d'EuKbo deux reprisea, mail

    en de. terme. quelquo peu dlftil'entl; dalll IOn De ~ir" in/IU/ril/IU (PL 23, 726 B _ 727 Al. Il le donne pour un commentaire en dix livret, et dant la pnlace de Ion propre ln J,oio," (PL 24. 21 A) pour un eommenlalre en quinze livre . On n'en eonnal_ll que lea tltmentl des Chatnes l1Iuembla par Monllaueon (PG 24, 85-:)26), puis eom-pl6tu par R. DBvlIBESSB (t L'Mllion du eommenlaire d'EuRbo de cane lur haIe. Interpolations 01 omiaalona " ln Ilwue bil/lique 42, 1933, p. 640-666) jusqu'. la dkouverte du texte inUgrnI par A. MORLE (. Der Jesalakommenlar dei EuaeblOll von Kaisarela fut voUallndig wieder autgeIunden >, ln Ztil"ltri{l (/JI' die n,u/ula-menlilche willenlclw{l 33, 1934, p. 87-89).

    4. J. ZIBGUR, EU8Cbiu, DU' Juajakommen/or, GCS IX, Akademie-Verlag, B~rlln 1916.

    6. Au dire de S. JEMME, EUKbe oublle lOuvent sa promeue !nIUale d'une InterpnlaUon IItUrale et historique pour tomber dant l'atl~gorilme d'Origne (In Il., lib. li ad 1 . 18,2, PL 24, 179 B); mal. JlIr6mc sc monlre trop Inju.te et, lOual'lmpul.aUon d 'orignisme, eondamne parfois des ouvragea qu'Il n'a .ucun lerupule li. piller.

    6. Ct. J. ZIE(lLBR, E.u,l/iIU Du Juqjakommudar, Avant-propot, p. XXXI-XXXIV; sept reprises, EUMbe dgnale l'endroit prkia o

    -

    LE COMMENTAIRE SUR ISAIE 23

    d'insinuer que ce commentaire n'est qu'un tissu d'aU6-gories. L'inlerprLation d'Eusbe, qui s'ouvre largement. aux influences alexandrines, sc garde, en efTet., d'imiter dans l'allligorie ou 13 subtilit les excs de certains exgtes alex3 ndrins. La voie moyenne ou elle se Lient 3pp3Nmte plutt cette exligse celle des Cappadociens1

    Le mme souci de mesure dans l'interprLat.ion parait. avoir anim Cyrille d'Alexandrie dont nous avons conserv le Commenlaire Ilur Isae'. Le sens spirituel reste pour Cyrille le but de J'interprtation, sans que cela suppose de sa part. un recours syst.mat.ique l'allgorie. Daw la prface de son commentaire, s'affirme au conl.raire la

    .achllvcnt diverses Icc::Uonl du commenlalre d'Origne lur lsalo, Cela prouve qu'il ndigo Ion propre commentaire en suivant dos youx l'inlorpntal!on d'OrigOne.

    1. Signalons, pour mmoire, un long commonlalre au r ira I, 1-16 atlribu li. Basile de Clar6e (PG 30, 111-668), dont Th~odo re t a lu le commentaire Sur l, C(Jnliqu, (In Canl., PG 81,32 B). Cette a ltrlbution est en raUt forl eontelt.e; pour l'ta t de la quelUon, voU- J. GRIBOMOMT (Jn/roduclio Il uanwnulafionu in lomo. U, 10, Il, 81l, 1960, p. 3-4). qui parait favorable l'authenticit ; n~anmohu, au dire de J. QUA'TBN (op. cil., L. I ll, p. 315), co eommenlaiH, qui emprunte beaucoup li. teuX d'EuMbe lur IsaIe el lur let Puumet, est peu dan. la minire de Bulle ; J . ZUI>OLBR, J.aifU, op. cil., p. 12-13 ct 53, doute gQlement de IOn appartenance l Bullo; enOn, la Claui. Palrum Graecorum, nO 2911, le lignale encore parmi let dublo, Par III longueur, par le earact.6re touffu d'une Interpritalion qui prend parlois l'allure d 'une homlie et qu'entrecoupent de trop nombreutea citations, ce commentaire a bien PIlU de pointa commUDl avec celui de Thodorol. Un examen prela porlant sur la t ropologle, la typo-logie, la polmique ct la chrlltologie daDl les deux commonlalres no permet que de. rapproehementa rares et parfois all6Z lolntaint, en tout CliS peu slgnHlcoUl, d(lDlla mesure ou il .'ogit d'Interpreta-WODl qui ae retrouvent le plU8 lOuvent chez Chr)':'o.tome, Eu"be ou Cyrille. Nous ICI IlgnAleront henluellement dona le court du commentaire.

    2. Ce commenlainl qui oeupa praliquement touL le volume de Migne (PG 10) oat sentlblemenl plu. long que celui de Th6od0ret; Il ut divil6 en cinq !ivre .

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  • 24 INTRODUCTION

    volont de donner la priorit au senslit.tral et. historiquel j nanmoins l'anagogie et, dans une certaine mesure, la t.ypologie sont. les moyens habit.uels de le dpasser. En fait, "ln Isaiom de Cyrille ne paratt. pas avoir souffert. du discrdit. dam lequel on a longtemps tenu, li la suite notamment de S. Jrme et. de Thodore de Mopsuest.e, l'exgse alexandrine.

    Let sources de TModoret

    Est.-il possible maintenant. de dt.ef'-miner ce que Thodoret. peut. devoir ses prdcesseurs? Certes, l' In

    l saiam ne contient. aucune allusion directe ou indirecte aux commentaires que nous venons d'numtlrer, mais cela ne signifie nullement que Thodoret. les ait ignors. Nous savons, de son propre aveu, qu'il n 'hsitait. pas consulter les uvres de ses devanciers et. leur emprunter au besoin2

    A dfaut. de certitudes, on peut. au moins retenir les hypot.hses les plus vraisemblables et., d'abord, carter sans grande hsitation le commentaire de S. Jrme : Thodoret. parait. avoir ignor le latin. D'autre part, la prlace de l'ln Canlicum (PG 81, 328) et. celle de l'ln P , almo, (PG BO, 860 CD) renseignent. assez prcisment. sur les comment.ateurs dont. Thodoret. cherche /1 connaltre l'interprtation. La liste de noms qu'il donne dans l' l n Gan!. tmoigne de son intrt. pour les trois grands courants - alexandrin, cappadocien et antiochien - de l'exgseS. Dans l'ln Psalmo" Thodoret prend nettement position, mais sans donner de norns cette fois, en faveur d'une

    l. In I,alam, PG 10,9 A ('fil!; lo-rop!.oc. Tb IixplMl;); maiS, danl le mAme Lemps, Cyrllle affirme neli.emen~ le bul de son ex~ : Le terme de 1. Loi et dei prophAi.es, e'ut le Christ. (lbld.).

    2. Thh dorel ne dlll8lmule ni sc, lecturu ni ICI' emprunu : cf. ln Canl., PG SI, "8 C; ln XII prvph., Id., 1!)45 B ; ln P,ol., PG SO, S60 CD.

    3. T hodorot nomme tour l tour Eu.5be de CAla"", Origtne, Cyprien de Car~hBg9, 8~BlIe la Ol"llnd, Crogolre do Nyno cl Orog

  • 26 INTRODUCTION

    que not.re auteur a pour ce dernier la plus vive admiration 1, Empruntait-il davantage 11 l'Jn Isaiam de Thodore de Mopsucst.c? On est. en droi t de le penser, mme s'il nous es t aujourd'hui impossible d 'cn laire la preuve. On peut. en revanche dterminer so ns grands r isques d'erreu r les poinLs sur lesquels Thodorc~ sc spare du mniLrc anLio-chien, en se fondant. sur la comparaison de leurs eommeD-tnires respcctirs des douze prophtes mineurs'. Thodore y fait. peu de place aux prophties messianiques directes et. mme 11 l'explication typologique: il prfre chercher J'intrieur de l'histoire juive de l'A. T. l'accomplissement. des prophties. Or, Thodorel refuse le plus souvent. ceLte manire d'exgse judaisantc pour accorder une place plus large a ux prophties messianiques directes ou indirectes.

    s'agiase du lranderl du PromesHI, de polmlquo lMologiquo ou ex6gtlque. Dans le cu do la pol~mique con\.ro Ica Idoles, on no peul JRmais non plu. 6lablir une relation dlrect.e enlre TIIWdoret el Chrysostome, bien quo la teneur do leur commenlairo loi l volalno puisque lou. doux parupllrasenl le plua louvent laol0. Enfin, la pol6mique contre les Mr6Liquel tient peu do placo dan. le commen-to lro Irm6nhm et reate loulounl lrI g!n6rulo (hau-clid), alonl quo Thodorel .'en prend fr6quemmenl aux Mrlliarquel; noua n'avon. pu trouv6 un Hui 03. ol ces deux pol6miqucl se renconLront. Quont l la ellrial.ologie, 11.110 ca l relativement peu d6veloppo dans 10 com menla lro dll ChrylOlllomll el on peut tenir pour allo6ur6 que ThWdoret ne lu i doit aucune de .ea nomhreuse. remorque. en ce domaine. Sile commentaire umnien avait bien pour auleur Chrysostome, Il faudrait convenir que Th6odorol ne lui au rait gu6re omprunUl.

    1. CI. In Cont., PG 81,32 B. 2. La comparaison entl'llie commentaire d~ ThtMlol'll dll Mopauoate

    ot celui de Th6od0rel SUI' lu dOUfC prophil.u minelU" a 6t6 baucho, en cc qui concerne lei prophUles meulaniquea, par L. PilIOT (p. 260-275). Noulavons, de notre wU, reprit ce ll.e comparaison en l'tendant l l'unge quo font loa deux exg6lel de l'Inl.erpretatton figure, de l'hlllolre, de la grammaire, et 'Ieurt d6vclcppcmt nta chriatologiquea; or l'edgae dll ThWdcret, contrairement l co qU'OD pouvait penHr, dpend bien peu, pour let dcu1:e prophte. au mclnl, de celle de Th6odoro. Noua Bvons, on tout cu, noUl plu! do divergences que de IlmlUludea.

    LE COMMENTAIRE SUR ISAtE 27

    T outefois, son opposit.ion n e se marque j amais ouverte-ment: pour rejeter l 'int.erprtat.ion de Thodore, l'vque de Cyr sc cont.en t.e du pronom indfi ni T~..,b;. Or, cet emploi du T~..,b; reparalt dans Lous ses comment.aires , noLamment d nns l'In Isaiam1 En ouLre, s i ccr t.nins dveloppements polmiques de l'III XII proph. - b t'gard de Zoroba bel not.amment. - sonL rep ris de m a nir e aasel; proche dans l' 1 n haiam, c'est. qu'ici comme l Thodoret. rctuse l'inter-prt.at.ion de T hodore' . Nous a vons donc comme une preuve indirecte qu'il a lu son Commenlaire . ur l , ae et., selon Loule v ra isembla nce, il s ' en est. souvenu a u moins autant. qu ' il s'en ca rle3

    1. Sur celte utilisatlon polmique de i 'ind6QnI "".--nvt(, cr. Jn J,., 2,46-48; 6,332 . ; 355 ' .; 9,358 1.; 12,64 1. (TOOc; ctoy.ivour:).

    2. La comparaison des commenl-a1re5 Sur lu douu propllilu mintu" de TModore et do TMMlcrel'oi l clalremenl apparallte coll. dirr6rence dans l'i n terp~la licn. Aux propMliea qUIl Tb6odore applique d'c rd inaire exclusivement au rel.our de. J ui la de Babylone al Il Zorobabol ou quo, plus rnrement, il consldbre ccmme du figures . (PG 66, 205 A ; 30 1 D -304 A ; 364 B -365 A; 372 B 313 B ; 472 D ~73 A ; ~6 C - 557 B), TMcdore t n'accordll tout au plus que celle dcrniOre volour (PG 81, 1628 A; 1857 BC); le plua souvent, il lour refuse memo ce ~le pour lei rappcrter directement au Chriat ( id., 170S BC ; 1760 D _ 1781 A el C ; 1768 BC ; 1924 Aj. Or Th60dcrel danal' Jn J't";am ( ~ , 478-482; 9, 358-366; 15, 335-3(0) renouvelle, en de. terme. presque Identiques,loa remarques qu'li tait dans l' Jn XII proph.' propos do Zcrobabel. On pout donc conclure qu'ici comme]O III'cppose ll'interpr6tation trop lyaWm.Uquement v6Ulro-teitamentaira de TMcdcre de Moplueste.

    3. Danl la D i"ulalio (PG 80, &6) , SCHULr.1I se demandait d6J' si, dan, les Chalnee de l' Jn J,aiam r6unioa par Slrmond, une bonne pal'lle n'appartenait pu Thodore de Moplueate. Fr. A. Srac llT (Du cugdi"lIe Sl lmdpulI/d du TllcHor l'On MOp'uullo und TheodOl'd lIOn KI/roi ill du A~ltgulIg mu,/aniIChu Wci"agungtll au. illt-tn COmmMloren lU dtn kltintn Prophdt n dargultlll, Munich 1871, p. 29-30) pense lui aU1l1 que Thodcret a beaucoup emprunt.6 l Tb6odcre. Tel CI ~ encore l'avi$ de L. PIRCT (p. 83). Noul le eroirion. volontien, mala l'exemplo du commentaire de CbrysOllomo (l De coruddrer mGme que la pal'lle grecque), onvers qui on pouvaIt penMr que "la dcUo de Thodoret litait grande, Invite l la prudenee.

  • 28 INTROOUCT ION

    De mme, si tout porle croire que Thodore!. a consult les commentaires d'Origne eL de Didyme' , rien ne pennet. plus aujourd'hui de l'affirmer. On peut , en revanche, tenir pour assure qu'il connail. "ln JSQiam d'Eusbe; mais, en dpi t. de quelques cas o les deux comment.a.ires paraissent. assez. voisins, Thodoret. lui doit. peu. Son commentaire n 'est, en ralit, jamais directement tributaire de celui d'Eusbe : on y chercherait. vainement des passages lit.tralement emprunts ou mme seulement dmarqus du commenlaire eusbien'. Si Thodoret lui devait. quelque

    1. Il parall peu probable que Thodoret ait ntG'li~ de lire l'III l,a/Ilm d'Orlg(!ne, dont LI 1/. conaulU Jadis le Com. 'UI' le Conl/que (PG 81, 32 8). De Oldyme, on eatecrt.Qin qu'II a uUlhull' ln Zachor lam, meme Il, en d~nnLtlve, 11 11,11 doit peu (d. L. DoUlreleau, DIDYME L'AYEUOLB, Sur Zatharle, 3 vol., SC 83-84-Sli, Parla 1962; vol. 83, p_ 39-40). Il 8e1'all donc loglqut qut ThodortL lil 'ralement contull6 10 eommentalrt lUI' Isole de Didyme.

    2. Voir ,j, co lulet l'Inl6rellant pal'1lllla qu'tabllt J . ZUsGUII. (op. cil. , Avanl-propol, XLIX) enlre le commentaire d'un mme pauage (r.. 43, 3) cbez Eu~be, Proeope de Gua, Thodord et J rCIme; peul-on tncore parler dt filiaUon don. le cas de Thodorel ? Ziegler constate qu'il n'emprunte j.mall directement deI phrasel enU~rel ou dei l'1II80nncment4, mail lMIulemont quelque. mot4 ilOla. De noire cOl6, 001,1' avons fait aubl.- au commenLa~ d'Eu~be le mme examen qu'. celUi do Chrysostome. Eusbe ul/lise le texte dei LXX que donne la reeelUlon h(OO)plalre, laquelle il emprunte aUNI lei variantel hbl'1llques ou celles provenant de Symmaque, d'Aqulla et de ThodoUon, en beaucoup plu, grand nombre che! lui que chez Thodorel; en revanche, aucun appel n'es l fait au Iyrlaque. Dans $On commentaire, l'interprttation figur6e est n.lu-rellemenl bien reprtlenl6e, mois elle elt loin de tenir toute la plaee ; oous aVOnt ",!ev entre les txpllca.tiolU d'Eulltbe at de T hodortt une parenl6 plrroil ano! trolle, au molna lUI' le rond (12 ca. environ lUI' une cInqu.ntalne), mais la mani~", dont ch. cun des exg6les a recoUI'l au lenl flgurt plaide en faveur de l'indpendance de Thodore!. Cette Indpend.nco elt enco", plus neUe en matiro de typologie: aucune des explicntions de Thodoret no le retrouve chez Eusbe; el, Il ,'en tait l'preun Inversa, chaque lois que Thodoret rejette l'explication typologique, on constale qu'E usbe no .onge m~me pal 6. recourir 6 co modo d'interprLIIlion. Si l'on M rcl~vl!I

    1 1

    LE COMMENTA IRE SUR ISA IE 29

    chose, il vaudrai t mieux le chercher, selon nous, dana les tendances les plus gnra les de son exgse: II. travers l'interprtation d'Eusbe, il a pu subir le meilleur de l'innuence orignienne. Cela peut avoir contribu, en partie, II. cont rebalancer chez lui la tendance au littralisme hrite de Thodore de Mopsueste.

    Enfin, on imagine difficilement que Thodoret ait pu ignorer l'ln / !aiam de Cyrille d'Alexandrie: la polmique qui longtemps les opposa les a sans aucun doute habitua un examen rciproque de leurs crits. L'impression gnrale est qu'il existe une parent d'ensemble entre leurs commentaires. Sur le fond de l'interprtation, les divergences sont pratiquement inexistantes; plusieurs dveloppements thologiques ou christologiques, partir des mmes versets d'baie le plus souvent, mri tent d' tre rapprochs et bien des interprtations figures du com-mentaire de Cyrille se retrouvent pour l 'esseoLiel dans celui de Thodoret. Toutefois, rien ne permet de conclure que notre auteur emprunte directement Cyrille l Les

    pu chez lui de violente pol~mlque .nli_julve, on voit nllllnmolni une parenl6 Hrolte entre IOn commentalro el celui de TModoret d.n.t la manire de !.raiter le thme du !.randert des Promesse" notamment. propoll du termes . Liban. I!It. carmel '. En revanche, les oCC8.l10ni de l'1Ipproohement entre les deux commenlelre. 800 t pratiquement Inexistantes (. une exeepUon pr'K lur 1 . 41 , 24), ai l'on conlld6re la polmlqul!I contre lei Idolel; c'esl encore plu, vl'1l1 de la polmlque contre les h~"'Uquu, puisque aucune du altaquu dl!l Thodoret nt te retrouve dans le commentaire d'Eus6be. Enfin, aucun dveloppement chrnlologlqul!I dt TModorel (. l'ell;cepUon peut-ttre du corn. d'I . 19, 1) ne provient du commentalro d'Eusbe; quelquel reprises, toutefol., et en d~pit d'un commtnLaire dltJ~rent de. mmu venets, on note qUI!I le. deux ex6gille. font lltat dOl mmel variante, ou cllent en "frenee les memu p ..... gel acriptu-ralres : dalU co eu, lu citations d'Eusbe lont presque toujoul'l plus abondante. que celici do ThOOdorot.. En dllflnlUve, III detle (le Th6odoret. "gard d'Euabe p.ralt assez 16~ro.

    1. Ainsi les Interp~tatlolll flgu~o. do Thodorol " .-encontrenL une vingtalno do tols avoc cellel do Cyrillo, donc plu. lOuvent qu'aveo

  • 30 INTRO DUCTION

    similitudes que l'on peut relever entre leurs commentaires viennent sans doule du luit q u'ils puisenll'un et ]'uulre il un patrimoine commun1 et qu'ils pllrlagenl tous deux

    cellc. dE:u~bo. Mul. on no peu~ jam~ia nnlrrncr que t'inlcrpr6111Uon do Cyrille CIL III 'origl/l(l d o eello de ThOOdol'OL : j'Ilecord n 'caLlIOuvonL que parUel Ou 10' voin' pour parvcuir 6 une cxpllc:\lion rondamenta-lement identique 110111 dilT\:nLes; Cfinn, )'GXproalon /'C.IW IndOpen-dDnte ct Thodorel no copie. Jamal!. En revanche, aucune det ln!.erprtlaUCilu typologique. de Thodorel n'cal retenue ni (lnvisag6\! par Cyrille; el, quand TModoret refuso d'Decorder Il toi personnage ou Il tel vnement de l'A.T. le ~Ie de figure 0, le commentaire de Cyrille n'envisage m~me pu la p088ibiliUl d'une explicaUon typolo-gique (saur en h, 43, 19, o Cyrille reconnall une ligure qUI> n'accept.e plU ThWdorel), SI l'on compare malnt.enant la pol~mlque dant lu deux commentall'Cl, on comlate l 'lod~pcndanu de ThWdorel li 1'6gard de Cyrille, Cerle., il n'ut 101 Impoulble de taire quelque. rapprocbement.e plu. ou moins coDvalncant.e enlre leurs poMmlque. cootre lu Idolu, Mail, .ur le chapitre du transtert du Prome_ o l'accord tai l tr~quent enlre Tb60dore t et EUIIlbe, Cyrille et Thodore t Ile lIfI rencontrent que lroll lois; danl toui ICI aulres cas (thologie, ox~gI!se) ot! notro auteur ,'en prend aux Ju lt., aucuo rapprochement n'Cil possible avec le commentaire de Cyrllle, De mlme, aucune dei atUiquea de T hodoret contre lu hl"lltlquu n'existe chn Cyrllle qui aborde raremenlle lujet et ne nomme .ucun hli.rque. Enfin, 1111 question. chrl.l.ologlquu, comme on , 'y attend, retlennenl l'at~nlon dOl deux ex~te . SOuvent, li l'occalion dei mamn verset.e d' Isale, on lrouvl> che", eux de. d6veloppemcnt.e Iimllalre., au moinllur le tond; mat. on n'a Jamais l'impression que Thodoret dpcnde de Cyrille (ct. /n{M, p. 32, n. 1). Leur manire d 'aborder lei .ujets et de lei traiter ne pouvait gure aire Id6ntlque du tall lallll doule de leur temp~ramenl et de leur formation, maill aurloul de la dale laquelle chacun a rlldigt IOn comment.aLre ; Cyrille avant le concile d'ephke, Thodore! apr6& la longue querelle avec Alexandrie.

    1. Noui prendrons pour Hui exemple l'InlerprlllaUon de . 16ger nuage _ (II. 19, 1) que lu deux edgtea entendent de la nature humaloe du Chritt. On urait donc tent de dire que Th60doret emprunte son explication (In J,., 6,203-206) Il Cyrille; mail ce dernier d~lare lui-meme (PG 70, 4&2 B) ln l rouver cboz d'aulre. ex~6te8, Il rapporte, du relte, une Heonde expUe~tlon se10n I~quclle . I~er nuage . d'-Igneralt la Vierge Marte. EuatBS f GCS 12-4, 25 &. ) penH d~jl que eu mot. annoncenl 1. venue du Chritt daRI

    , 1

    LE COMMENTAIRE SUR ISAIE 31

    les proccupations de leur temps, notamment en mtltire christologique, En ralit, ct en dpit de quelques ressem-blances, ces deux oommentaires restent bien difTrents. Au point de vue de la mthode d'abord: la critique tex-tuelle est pr:. L([uemenL ;LhgcnLc du cOinmenl.;.i re de Cyrille1 EnsuiLc, les points prcis de convergence, au regard de J'cnsemble dc.~ deux eommentnires, sont relati-vement peu nombreux. Mme dans cc cas, ln parcnt.o n'existe gure que dans la teneur gnrale de l'interpr-tation : les fo rmules presque toujours, et l'argumentation, parfois, restent indpendantes, En outre, l'abonda nce des citations, dont ln ncessit est rorement imprative, tend a garer le lecteur de Cyrille loin du commentaire propre-ment dit.., si bien que son I II l,ojam ne laisse pas la mme impression de clart que celui de Thodorel. Enfin , d'un point de vue doctrinal, Thodoret ne paraI t rien devoir Il Cyrille dont les dveloppements christologiques n'ont

    la chair, en rallen da III naitsaocc vl!8'inale el de III conceplion ,plrilueUe, el ratl.t.cbe le pasaago li la tuite en egypte. Quant li C RRYSOITO)lB (MtkillL., p. 187, l , 4-8) , apr6& une explicaUon JllWra le de nUDgo ', il avance, IlIn. la rcpreodrc 0. IOn compte (. non e.t perfaellc admlltendum ' ), l'interpr6l.t.t1on d'~ulrllS extgtea (alil) qui rapportenl ce. t.ermosll ia Vierge Mario, Quo la patemlt~ de utte doublo interprtation revienne IL Origne ou Didyme, cela elt vraisemblable; mols on mesure avec cet exemple la dlmculW d'une attribution prcile IL lei exgte de ce qui es t, en foi t, devenu un bien commun,

    1. On ne trouve jamaill Chel lui, par exemple, de l"I!trence dlrelo aux version. d 'AquUa, de Symmaque et de Th6odoUon. Parfoill, certes, il lignale une variante, m.t. IIIn. eD Indiquer pr6eil6ment l'origine; ,,"W;; au lieu de m:lj)6~ en !J. 7, 14 (PG 70, 204 B); 1..II1O'i au lIou de ~).oloL en / . 43, 14 (id, 901 Al; Y).~j.l.jm: pour 'l'lJaoW en /., 60, 18 ( id. 1345 A) , mal, on soli par Eusb s (GCS 377, 24-21) et 29-30) que yuj.l.jm: vlonl d 'Aqulla et 'l'lJO'oij~ de l'hbreu. De meme, li lui arrive de pr6ciller assez longuemont le selll d'un mot (b.'I"I]O'(ol, P G 70, 868 Dl; mat. de tellu remarques IOnt excessivement rare.,

  • 32 INTRODUCTION

    pas toujours la fermet qu'on attendrait de luil . En dfinitive et malgr les apparences, Thodorel doit sans doule assez peu l'ln Isaiam de Cyrille.

    Parmi tant de sources possibles, il est donc en ralit bien difficile d'identifier avec certitude celles que Thodorel a le plus utilises. L'absence d'emprunts directs aux uvres qui nous sont parvenues ne doit pas laire trop rapidement conclure l'indpendance totale de Thodorel. Inversement, il serait abusif de s'autoriser de quelques similitudes entre son commentaire et ceux de ses pr-dcesseurs pour ne voir en lui qu'un compilateur. En Cait la tentation est grande de penser que Thodorel est surtout tributaire de l'interprtation de Thodore de Mopsueste. Nous pensons en avoir fourni la preuve, au moins de manire ngative, en montrant que son interpr-t.ation parait plusieurs reprises combattre celle de

    1. La christolQgie oceuP1l ntanmOlns un1l plaw trs imporlanle dans 10 commentaire de Cyrille: nous aVOIlll relev6 plus de vingt passages o la question est ahorde et, d'ordinaire, en des d6velop-pements plus lonB'" que ceux de T hodoret. Mais CYRILLE $(j rvle plus. dyophysite. qu'on ne pourrait le croire, quand il montre que certains termes (mlr~ , lIo),o.:) ou passages ne peuvent ,'entendre que de l'humaniU du Christ. Ses formules monquent parfois encore de la nettet et de ia fermeU que la polmique avec Antioche leur donnera. plus lard. Il dit, por oxemple, en parlont do l'Incarnation, que la divint6 est descendue dans la Chair comme dans un temple, (PG 70, 316 A : c::.~ I:v 1II1ljl Yi; il parie du Verbe venu danl le monde. dans la ressemblance de la chai r . (id. 2'2 C : I:v 6I1-o14f'4"\"' o

  • 34 INTRODUCTION

    l'ide d'olTrir ses lecteurs une srie complte de comme n Laires sur les prophtes a pu le sduirel, mais non enLraner elle seule sa dcision. L' In Isaiam ne peut. pas lre davantage le Cruil d'une . polmique d 'cole t visant. les excs de lit.tralisme d'un T hodore; li celte poque, nolre auteu r n 'en est plus li dfinir sa mthode exgtique. Ne t.rouverai t-on pas alors dans la polmique mene con Lro les patens, les Juifs et. les hrtiques, la justificaLion de l' I n lsaiam? On cst un instant tenU de le croire. En ralit., malgr la place qu'elle occupe d31lS [e commentaire, cette polmique n'est plus d'actualit: ellc est devenue un lieu commun de l'exgse', Du reste, bien longtemps avant. l' l n Isaiam, ThodoreL a crit. plusieurs ouvrages spcialement. dirigs contre les paYens, les J uifs el les hrtiqueas. Cette t riple polmique ne peut donc pas tre 11 l 'origine du commenlaire sur haTe.

    Au V$ sicle, la controverse christologique reste seule d'actualit. Si une volonl polmique prside la compo-sition de l' l n lsoiom, elle s'exerce ncessairement en ce domaine. Or, fort curieusement, le ton n'est jamais plus neutre que lorsque T hodoret aborde les questions chrisl.o-logiques. Mais le dtachement n'est qu'apparent ou plut.t

    1. 1"h~o tl oret ne failuit, du rode, qu'lmitor cu cola tl u nombreux aull'Q ex~gl.el, dont TModore de Mep.uesl.e. 0" l' In Don. (P G 81, 1257), on peul penser que Thederet a l 'inlonlion do commnnlor un Jour lou5 lu pl'Ophlu, mame .'U lui a tallu pre.ent.emonl (ln-l ":'O _p6~) faire un choix. En outro, U almn l renvoy$r l aea eum-menu,lre. BnLtr!eun, .. ta~ le bilan dnlOn acUviU! ( In l ,., n, 35-36) $1 c 'est avec une espce d'vidonte satisfaction qu'il cons tate li hl On de l' In Ju. (PG 81, 805 AB) qu 'Il a commenlloullel prophtu.

    2. Cf. lur ce point chBpl~ IV. 3. Selon P. CANIVET (H i,'oi!'c d'lm. entr.pr;,. ... , p. 42-79), la

    Tlltrapeutiqll' .endl l'ouvrage de Th6od0rel dirig contre IN pBlelU et les J uib; de lei kl'Ila contre les hrli lique., on ne connalt plus aujourd'hui que le nom: Conlre lu Ari.", el lu Bllnomleru, Conlre lu M ocl4onicru ou Sur /'E'p1'il Solnl, Conf" lu Morcionilu, Conlre lu A pollinarilfu.

    LE COMMENTAIRE SUR ISAIE 35

    d'ordre mthodologique : en prfrant l'objectivil il. la passion, Thodoret entend montrer le bien-fond des thses antiochiennes. Certes, l' In Jfo iam n'est. pas le seul de ses comment.aires rpondre de telles proccupations, mais en raison mmc du caractre de la prophtie d'haie, il est l'un de ceux o s'alTirmenl le plus nettement ses positions.

    En crivant. l' III l .oiorn, T hodoret n'a pas tan!., semble-t.-il, le dessein de mener Ulle polmique indirecte contre Cyrille et les alexandrins 1, que de mont rer il. tous le ronde-mrnt. irrfutable du dyophysisme anliochien : l'S criture.

    L. L' In I,oiom ne presente m8me pas de crilique du th...,. tl'Apoillnai re _ aHaquO .ln nn uo l'In E!l. (PG 81, 1'Ui6 Al - ce qu i lIul'1lllL pu ~t re un moyen ind~t d'atteindre Cyrille e l lu IIt~xandrin. U5pects de renouveter son erreur. A l'O poquc 0(1 Th6odorcl 6crlt Aon commenllllre, Cyrillo Olt pou ~tre dOJIl morl (444) ct, en Loul cas, du COU! 8nUochien comme du c6l0 al exAndrin, on p~ralt ,'offorcer de ne pu remeltra en couse io compromUi de l'Acte u'Union (433).

  • !

    1

    1

    CHAPITRE II

    STRUCTURE DU COMMENTAIRE IN [SALAM ET CRITIQUE TEXTUELLE

    A. STRUCTURE D U COMMENTAIRE

    Une longue tradition exgtique a impos au commen Laire scripturaire un !Schma traditionnel que respecte fidlement. l'ln J$ajam de Thodoret. On y rcconnat!. toutefois la marque nntiochienne dans la sobrit et la concision de l'interprtation.

    Malgr de lgres variant.es, la La p~.ce

    prface (7tp611oyoo;) de l'ln [8aiam prsente une structure commune presque toutes les prfaces des commcnt.uires de Thodorel : 13 justification de l'entreprise et. l'nonc de quelques principes gnraux d'interprtation. En ralit, seul le premier point est vritablement. dvelopp ici et la seule raison invoque par Thodoret., aprs le traditionnel aveu d'indignit, est. son obissance la loi morale qui prescrit le partage des richesses, en l'occurrence ses connaissances scripLuraires l .

    1. A l 'origine de. eommentairea, Il y aurait le plus souvenl, .'i1 flu t en uoll1l TModorel, la soUlcltaUon d'~mls ou de fidles dNinlux de p6n6\J'er le Mn. de l'&rltu", (ct. In Ca,II., PG 81, 28 A; ln DGn., id., 1257 C, 1260 A; ln XII propll.,/d., 1548 CD; ln Ju., id., 496 A; ln P,a/., PG 80, 860 B propoa de l'In Ez. ; Quaulionu .ur l'Oda 'cuquf, Id., 18 A). Toutotola, dana urlalna c:ommentall'6l (In Cam., ln P,ol.) l'Intention pol6mlque e.t vidente.

    i 1

  • 38 I NTRODUCTlON

    La fin du prologos. est. naturellement consacre a " annonce prcise du sujet. : la propht.ie d'Isale. Thodoret. en profi le pour sit.uer ce travail par rapport. ses commen-taires antrieurs, rappelle d'un mot. les rogles qu'i l s'es t. fixes - concision et clart - et. souhaite faire uvre uti le. Il prcise enlln la nat.ure de son interprtat.ion : un commentaire linaire (xrn. fAlpoo;). Sous la brivet des indications, on reconnat. touLefois les divers poinl.s habi-Luellement. dvelopps par Thodoret dans ses prfaces. Seule particularit : J'nonc des principes direclcurs de l 'interprC~Lion , situ d'ordinaire il la fi n du prologos f , apparalt. ici au Lerme de l'argument (on66tc)"I.).

    Plus que la prtace, du rest.c, cet L'arpmeot

    argument. s'carte du scMma tra-dit.ionnel. L'expos historique destin il. situer le prophte dans son temps et par rappor~ aux autres propht.es en est curieusement absenV. Thodoret consacre en tait l'eMen~iel de l'argument mettre en vidence les grands thmes de la prophtie d'haie: prdictions messianiques (i, 7-1 5), annonces visant Isral (id., 15-19), oracles relatits aux Nations (id., 19-21). Sans prtendre ramener toute la prophtie ces trois ensembles, Thodoret indique par avance les orientations qui seront celles de son commen-taire.

    L'argument s'achve sur quelques remarques de mthode. Tout n'est pas li expliquer au mme litre dans cette pro-

    1. Cela lurp~nd de la part d'un anlioehlen d'aulant plus que Cyrille dORa 10 pr6faoo de 100 ln J.a/am (PG 70, 12-13 AB) trace une vaste rruque hillorique pour si luer la propMt.e hale dans $On tempi. MaJI cela l'explique , ThWdoret, dant dei commeolai~s prcdents, a expol6 111 pJusieul'l reprise. la s ituation pollliqua el religleulO l'poque d'I .. Te; d'autre part, Il semble avoir prer~rt mtnager dan. son commentaire de pelili sommalrel 1 hlatoriques vltanl un ensemble limlt de la propbUe et plua aptes, de ce fall, 111 en faciliter la Iec:lu", (In J , l , 12-14; 2, 36; 3, 431.222-2M, ele.' .

    1

    1

    STRUCTU RE DU COMMENTAIRE 39

    phtie : Thodoret ne s'attardera donc que sur les difficults du texte, sans cesser de rechercher, mme dans ce cas, la concision.

    Le commmtaire Il .....

    En l'absence d 'indications portes sur le manuserit, on doit une remarq ue de Thodoret de connatre

    la rpartition de son commentaire en deux livres de longueur presque gale!. L'quilibre de la composition se ret.rouve Il l'intrieur de cette division, chaque livre conte-nant. dix sections, elles aussi d 'tendue compnrable. La fi n de chaque section est signale por une brve exhortation Il se con ronner aux enseignements du prophte ou li fu ir une conduite impie, par une prire ou un souhait, suivis de la doxologie. Thodoret ne semble jamais arr~ter une section parce qu 'il estime avoir assel: erit : ses divisions sont logiq ues et respectent en gnral le mouvement du texte d'IsaIe. De cet.te manire, chaque section olTre au lecleur un ensemble cohrent, d'auwnt plus satisraisant pour l'esprit qu'un thme le sous-tend parfois et lu i donne une vritable unit'.

    A l'intrieur de chaque section, pour servir la clart de son commentaire, Thodoret. divise la phophtie d'laaYe en grandes masses', Loin de procder une rpnrtition

    l , Jn Il., 10, 483-486; on peul Uu SUf 10 10 143 B , Livre 2, see~ion II " mail cette menUon elt due Il une main dilMunte et rilcente, ainai qu 'une glose l 'In\.erp~le de ce, livu a spar~ ici en deux [a propMtie d'Jaale . (MIU_B, op. cil., p, XXIII, 21,

    2. Aintl les deux preml~rel acctiOIlS l 'organisent auwnf de la ruine des J uill 6. l'poque romaine comme d'aului sonl domin~es par la polmique conlre les Idoles (ex, SecUOIlS 5 e l 6, 13 10), par le tMme de la ridempUon (ex. IJ(IL 17) ou ceiul du II.lut des NoUons (ex. IIlCt, 10). En outre, Thodoret m6nagtl auet louvent en dbul de IIlCtlon d" rlumM " qui lui permettent de faire le polnl et de rappeler 1" grandes lignes de .on In \.etprlatlon (voir par Qxempla 1. d~bu t dei sections 3, 4, 8, 10, Il , 20 ... ).

    3. Ce, dlvWont col'l'e\lpondent le plui lOuvent 6. cellea de 001 Biblel aduellel, mail pour bien apprtcier la Ucba de Thodoul

  • 40 INTRODUCTION

    arbitraire du texte, il s'elToree d'en montrer la raison logique: chaque section comporte ainsi un certain nombre de chapit.res" Les divisions que suggre ['histoire sont pour Thodorel un premier moyen de dominer son texte : la mort des rois. la succession de! rgnes fournissent des indications prcieuses, mais les ensembles ainsi dtermins restent d 'ordinaire encore trop vastes. La prsence d'un titre en tte de quelques propht.iesl fa ciliLe beaucoup la lche de Thodoret. Elle reste relativement. aise quand, sans porter de titre, [e texte dsigne clairement. - par la prsence d'un nom propre le plus souvent - la ralit. concerne. Mais, dans tous les autres cas, de loin les plus frquenLs, Thodorel doit se livrer un vritable t.ravail de critique litLraire : le style d 'un passage, sa strucluro logique, ses lieM avec un dveloppement prcdent sont alors les facteurs qui permettent Thodoret de reeon-nattre dans le texte biblique des ensembles cohrents. C'est l que se manifeste le mieux l'esprit d'analyse et de synthse de notre exgte. A ces divisions par grandes masses, qui correspondent souvent aux chapitres de nos Bibles actuelles, s'ajoutent des subdivisions commandes elles auss par l'examen du style, l'enchainement des ides, la prsence d'un mot annonciateur d'un nouveau dve-loppement dont Thodoret met en vidence l' ide princi-pale : chant de victoire ou de deuil, hymne Dieu, prosopope, ele. Enfin, l'emploi rpt d'un nombre limit

    on doit reppeler que la dlvllion d e la Bible en ebapllrea el en vel"llilu n'est inl.ervenue qu'ane~ tard (1

  • 42 INTRODUCTION

    le commentaire est. toujours en t.roite liaison avec le texte et dpasse rarement la valeur d'une page. Thodoret. s'interdit en ellet. tout. dveloppement tranger au texte, toule fioriture, toute c ecphrasis t : l'explication reste constamment.lnaire et le style, d'une sobrit qui n'exclut. pas la scheresse.

    La brivet de la conclusion gn-rale est. une constante des commen-laires de Thodoret. Celle de l'In

    Isaiom reproduit. en tous points un schma tradit.ionnel : une rormule annonce la fin de l'ouvrage; puis Thodorel invite le lecteur qui aurait. trouv dans le commentaire les claircissement.

    Ln slrucLure de l' 1 n l saiam est. donc Condnmen13lemcnl identique celle des autres commentaires de Thod~~et., On y retrouve les mmes qualits de rigueur, de conciSion et. de clart si bien qu'on ne s'gare jamais dans un ensemble nu~i vaste que la prophtie d'hale. Depuis la prsentation gnrale du texte dans l'argument. jusqu'au dtai l du commentaire qui s'inLgre toujours dans un ensemble net.tement. dfini, la volont didactique de Thodoret. est partout. maniCeste.

    U COlleluslon firuoI.

    1

    CRITIQUE TEXTUELLE 43

    B. LA CRITIQUE TEXTUELLE

    La re

  • 44 INTRODUCTION

    trois reprises li. cette recension, deux fois pour noLer que le texte de son lemme s'en cart.e1, une fois pour souligner l'identit des leons', La conclusion s' impose: le texte biblique de Thodore!. est irrductible celui de la recen sion hexaplaire des Septante, malgr la presence d'ast-risques dont l'origine, parfois difficile li. tablir, semble rcenteS, C'est donc bien la recension lucianique, pisodi-quement. contrle par celle d'Origne', qui fournit li. Thodore!. le texte biblique de son commentaire.

    Thodore!., t.out.efois, ne s'en t.ient. Recours il. 1'h4;breu

    pas la seule version des Septante. Tl !inii. faire oppel au texte hbreu', habi tuellement dsign dons son commentaire par '0 ' E6pCti'~ ct une seule fois par ' 1-1 'E6p.xtxY) r pCltpij', A trois reprises'. il s'agit de noter l'absence d:ans le texte hbreu d'un moL qui tantt figure dtans le lemme, tantL en est exclu. Dans Lous les autres

    ut.trisques et oWlu - de la recension orlgnicnne; le plui lOuvent on lei a ngUg&. D'aut.re pnt, Si l'on prend pour point de compa mllOn l'Jn ho/am d'Eu~be, on peul lre lurpri. de voir u t e:dgtle mentionner lllulement deux feis la pri!lence d'ulrlaquu et une lois uUe de l'oMle (EU$il.OK, ln 1&., GCS IX, 611. J. Ziegier, introd. p. xxxVIII,XXXIX) ; et pourlant, Eube utilise un texte qui reflte d'alllllJ; pre. la recension d'Origne.

    1. Jn J,., 19,133134; 'l0, MI. 'l. Jd., 14,119. 3. Voir lu r ce poin t l'introduction de J. ZII!:OL~1t Il IOn 6dilion

    d'hale, p. 9().9'l. 4. Si la ri!Irence dlt'&Cle Il la recension hexapla ire appar8.1t

    seulement (Ian. l ' ln J,olom et dans l ' Jn P,o/men (oil elle revient 13 foil), cela ne lignifie nullement que Th~odoret ait aussi peu rocoU" Il ce texte. On Krall mme tenU de croire, sana pouvOir l'amrmer, qu 'II dispose d'un exemplaire des H_plu - au moilUl pour lIale et le Paaulier - lui permettant de confronter IOn texte, non .eulement eelui des LXX, mol. aUlsi l'hbreu et aux autres veralolUl gr&eque .

    S. Thodorellelit uns doute dans let H_plu, et. nol.8 pr6e6dente. 6. ln Jr., 19, 136. 7. Id., l'l, 517; 14,11 7; 19, 13~136.

    1

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    CRITIQUE TEXTUELLE 45

    cas, la rfrence la l'hbreu a pour but d'expliquer un terme ou de justifier une traduction.

    Outre la Bible hbraque, Thodoret consulte aussi l' I nterprta/ioll du nom& hbrtu:x (' H 'EpILl)vd 't"wv 'ESpt. xwv 'Ovo~,.lt.lv). En ralit, il ne renvoie qu'une seule fo is cet ouvrage, pour donner le sens du mot . thapheth .1. Il est nanmoins permis de penser qu'il l'utilise beaucoup plus souvent pour donner l'quivalent grec d'un nom commun ou d'un nom propre qu'a conserv 10US la forme hbrarque la version des Septante'. On ne saurai t , Loute-fois, cn apporter la preuve.

    E n ralit, la critique textuelle de AquUa, Symmaque T . . .

    et Th~otlon hodoret falL appel en prlon td IlUX versions d'Aquila, de Symmaque et

    de Thodotion'. Lorsque leur interprtation concorde,

    1. Jd. , 8, 270. 2. On peut au moins IUPpoSer avec vralmblanee que, l'U n'a

    pas eu recoU" l 'H uruntla pour l' interprtaUon d 'un nom aUMI couront que. sraphin. (In Jr., 3, 119), il a pu l' uLiliacr par exemple pour p.wiser le aens de lgibOr, (Id., 3,8498&0), de Mloau (id ., 3,718), do lIIOa. (id., 19, 439441).

    3. Aquila, Symmaque e~ Th6od0tion onl chacun donnil une tradutlon gt'&C(Jue de la Bible Mbralque comme l'avalent fail avant eux ICI Soptanto. Leu" venions noui IOnl eS8enliellement connues par let Iragment.l colUlervll det Huaplu d'Origne el par les citaUolUI de. Pres. C'eat 0.11UI1 que l' Jn J.alam. de Th60doret apporte quelque. fn.gmenlll nouv""ux.

    Des trois Interprtes, Aqulla DOUI elt le mieux connu (S. lrne, Eushe, S. ~plphane) : originaire de Sinope (Pont ), Il 8e IOrait converti ou Juda llmo et auraU fail sa traduction de la Blhle la 12' anne du rgne d 'Hadrien (128-129). Aux d ire. d'~PIPtfA.IUI (n. men Il pond. 14, PG 43,261 ) el de JUITI," (D lal . Win T'lIPIl. 68-71, P G 6,638 1.), toute Id6e de controverse avec les chrUelUl n'aura it pas t 6trangre 6. Ion entreprise. OalUl un louel de lldilUt6 au texte original, Aquila a tendanCft \.l'ans poser en grec de fa on LiU .ervlle le texte hbreu (OHlobl!, EpI". od A!,llUInU m 2, PG Il , &2 B; J.bOMII, Jn J , PL 24,483), Cet attachement. la leltre contribua sans doute largement 11. la dU'ruaion de " venlon dalUl

  • 46 INTRODUCTION

    Thodoret d'ordinaire ne les nomme pas sparment, mais se contente de les dsigner par la formule les trois inter-prtes t (01 Tp~i', 'Ep!J.lJv&U't'(), le plus souvent abrgee sous la forme Les Troiu (01 Tpti't;) l. On trouve aussi deux fo is le tour 01 m pl TV Axu'tI qui paraIt dsigner non le seul Aquila, mais galement Symmaquo et. Thodotion:,

    les milieux Juira hclltruu., qui l'adopltreol de prtrtrence l ceUe dei LXX.

    NOl re~lgnemsnt.t lonl beaucoup plu. rare. lur 1.,. d eux lulres Interprit.es dont on ne nit m&me pu avec eerliludO lequel u t antr ieur il l'autre. Il esl commun6ment o.dml. aujou rd 'hui, en d6 pil d ' tplphane qui au ..... l t lnl.erverU lei date. (Ioc;. cil.) , que la vel'lion d e Symmaque ut pOl l.rieUI"8 .. eeUe de Th60do Uon. Co I16ralt d onc IOUS le rtgM UC Morc-Aunllc (161-180) que Th6odotion, juif d'~ph~ ou \\l>lonll.o ...,Ion I.oul.o v .... I...,m!JIOnc6. Duml! proWd6 l unD r6vilion du lexL(I dei LXX p[u!.Ot qu'6 uno v~rlt:;\ble trndueUon commo l'avuit ru[l AquHa, Quant /1. Symmnquo, dont l'uppurl.ena nco Il [;1 81)(: 1.0 des blonilol CI L PIllIJ.o:.;, _1 :tll"'",,"X

  • 48 INTRODUCTION

    nLiOD de leurs trois noms ou avec la mention ot Tpti"l, On doit. en conclure que les termes 01 ~ Allo~ et. ot AOL1tO( sont. encore une manire de dsigner Aquila, Symmaque et Thodotion' , dans la mesure o, en dehors des Sept.ante, ils sont les trois principaux traducteurs de la Bible en langue grecque.

    La Peshlila et l'appd

    au . yrlaque

    On pourrait. penser, toutefois, que ces formules sont assez gnrales pour tre plus hospittllires et.

  • 50 INTRODUCTION

    SepLante traduisent. cet.te fois le mot. Siim par &ufl.6vr.o:. Or, si l 'on se reporte Il ce verset. dans la Pcshitt.a , on trouve de nouveau t esprits. pour traduire Siim I, mais ici le sens d' , esprits impurs . est confirm par la prsence du mot. dmon. pour traduire le second t.erme de "hbreu bouc . Sous la mention Ep~. il laut. donc reconnatre la Peshitt.a. En revanche, quand, par deux fois encore, Thodore!. fail. appel au syriaque - pour prciser le sens de la variante patachra . donne par quelques exem-plaires1 et. pour expliquer un hbrasme dcalqu par les Septante2 - scs remarques ne doivent. rien Il la Peshitla, mais prouvent sa connaissance du syriaque.

    Exemplaires non anctrlKs

    Thodore!. confronte enfin son texte II; celui que donnent divers exemplaires habit.uellement. dsigns par une for-

    mule assez vague l'I I#. 'n71'1 &'v'nYPfW'I'. Le terme &'vr(ypaopa. pa raiL en elTeL cllligner un groupe e IIIllnu~riL.s ct lion une vritable version biblique (lxoO'~) au sens ou on l'cnt.end par exem ple de la version d'Aquila. Sans pour auLant former un groupe homogne4, ces exemplaires dpendent vraisemblablement de la version des Septante. L 'utilisation de ces manuscrits par Thodore!.. pour conLr-1er son texte et l'amender au besoin', esL du reste t rs

    1. In 1&., 3,716-717; et. ausai l'Inlerpr6tulion do 1t(hq~Y (Id., Il ,391-392).

    2. ln Il., 20,455-457; Il ce l endroit (J'QI, 65,20), du reate, la Septante porte. un homme de cent ana. el l'diUon d' laale de J. Ziegler (p. 363) attelte que la leon ut&; - celle de noire texte-provient de la recension luclanique. C'ut l 'un dea nombreux cu qui pIlrmettent d'amrmer que Thodore! uUIlto II. verslon de Lucien.

    3. On trouve hull fol. la formule l'llO! 'fW'I oivnyp6'P'"v (In Il. , 3, 714; 7,6; 14,11 5.388.524; 16,259; 18,507508; 19,133-134); une rola l'IlOX &.>nlypa.cpox (Id" 3,84.2-843) et une fo ls encore une formuLe un peu plus ample ~&:xP\67\W'l &.>nI~"'Y (id. , 11, 391).

    4. Tel est aunl l'avlJ de M ULE (p. XXIII, 3). , T b/;odoret leur emprunte essentiellement du verian tes, mals

    >! =?,:~~"~", l:l~i"'"...! ~ ' ln Il ., i , i : r:6'.r:-. Io 'J l!~'l >! ~ i.~;.w':'? :

    1 CRITIQUE TEXTUELLE 51

    proche de celle qu'il fait de la recension hexaplaire des Septante.

    Thodoret ne se contente donc pas de la recension lucianique, msis pratique la critique de son texte de deux faons; d 'une part en le comparant Il celui qu'offrent d'autres ditions - la cinquime colonne des H~aplu et les l'Il4 1'W'I IiVTIY~(O)'1 -, de l'autre en confrontant la version des Septante Il celles d 'Aquila, de Symmaque et de Thodotion, la Peshitta et au texte hbreu lui-mme. C'est dire l'intrt qu' i] porte Il la cri tique textuelle l .

    Mais dans quelle mesure cette Autorlt~ rCCODDU~ critique est-elle 1 scientifique t? On

    aux durl!rentu versloJa s'est interrog sur la connaissance que

    T hodoret avai t de l'hbreu. Nous sommes parCais surpris de le voir invoquer, en quelques p~ssagcs difficiles ou controverss, l'autorit des Septante ou cellc de S. Paul, :lU liel! de fo ire direcl.ement appel li J'hbreu z, Pourtant, sans pr tendre que Thodorel ait de ceLLe langue une matrise parfaite , il la connait sans doute assez pour recourir au texte original et le comparer il. celui des Septante, pour donner le sens d 'un mot, pour relever dans le texte grec un idiome hbralque cL au besoin l'expli-

    Il , 392 : ~6;'tClpov au liou do minl9XGY; 14, &24 : Tro"'lpW.'1 au Il~u de ~opwktv) ; Il .'ogit pllrtois d ' un mot abaGlument dirtMent (Id., 14,388: doxydw au lieu de Bij ; 18, 509 : j.1&. ....

  • 52 INTRODUCTION

    quer. En outre, sa connaissance de l'hbreu apparatt plus cer taine encore si l'on considre l'affiniL de cet.te langue et du syriaque1 indubitablement. connu de lui comme le prouvent son utilisat.ion de la Peshiltn, mais aussi 83 capacit remarquer dans un groupe de manuscrits grecs un terme syriaque qui lui permet. de rtablir la leon la plus conforme au Lexle hbreu l , Plus que d'aut res exgtes, par sa connaissance de l'hbreu et du syriaque, Thodoret. peut donc apprcier les qualits des difTrenLes versioll9 bibliques.

    On serait tent de croire que la frquence de leur utilisa-lion est fo nction du crdit qu'il leur foit. Dans ces condi-tions, J'autorit de la PeshiU.a, cite seulement il deux reprises, serait. bien faible aux yeux de Thodoret. Mais cet.te version cst duv{\nwge utilise da ns d'{\ulre.s eommen-taires'. Il semble donc que T hodoret. n'ait. pas eu son

    1. La parent.6 du Iy rlaquo avec l'hObl"

  • 54 INTRODUCTION

    La version des Septante est. saIllI conteste celle qui jout aux: yeux de Thodoret de la plus grande auLoriL : il la tienL pour inspire au mme titre que le texte hbreu1 Cela explique 80D respecL pour la leLLre du texte qu'il commente sans jamais le dsavouer'. Toutefois, le respect de Thodore!. pour cette version n'est pas aveugle, comme l'tait. celui de Thodore de Mopsueste : conscient. d'tre en prsence d'une traduction, il ne juge paB inutile le reccun l'hbreu' ; persuad d'auLre part qu 'elle a perdu sa puret originelle au cours des sicles, il croit ncessaire et avan tageux de la confronter aux aulres versions faites partir de l'hbreu. Mais la manire dont le faiL gnralement

    mota ca9tc ,t{KI"I, ~YC~, ao:~ (er. R. DIIVRBI!$SI!, Com. de Thiodon sur lu PI.: o~ 5.e, 27-28; 117, 10; 139, 3 ; 378, 1.18; 3W, 16; 382, 20.22 ; 383,12; 4.08,1 7; 436,4.; 4401 ,17; 466, Il ; 4.94,7; 509, 16; f>33, II); 560, 2; 1"VCP':'ttPl''' 152, 18; 176,14 ; 177, 4. 178,21; 188,7. 247,4.; ao:'I'i:\.I; 144,12; 492, 3; f/l"",dpa 186,9; voi r aUlai L. PIIIOT, p. 1()().1041, mats una lui cn raire loujou", une qualil : il aurait lendllllCO /1. lrop &'610Ignor du texte Mbreu (R. DII"RII&$8JI., Buai ,"r Tltiodorf, p. 57 el Com. dc Thiodere , ur lu P,., p. 364.-366 oCl Thodore compare longuement [a vel"lion dia Symmaquo au texte hIlbralqula ; d. ausai id., p. 3!18, 9-10). Thodore ulUlIo, en revanehe, beaucoup moins la venllon d'Aqui la et ll"ll plaU ulle de ThodoUon (d. R. Dn""BI!5SB, Com. dc t 'Modorc ,ur lu l' . , Indox). Enfin, en uoho .... tlo aon commcnl.:, jl"fl ln P ,a/mOl, TModore ne parait pu avoir uUIla6 Ica vel"lions do Symmaque, d'AquUa el de Thodotion.

    L C'eat pour cette ralaon qu'elle ell.up6r[eure /1. ccUi. d'Aqulla, de Symmaque el de Th6odotlon (ln P'a/., PG SO, 864 AC; ln 1,., 3, 369-370).

    2. Voir par ex. 1/1 P.a/. (PG 80,864 D) et ln 1 . (19, [33-136); l'obseuril du texte n'ut pu, lieS yeux, .... nI conLrlbuer imposer l'Ide d'un texte !nlplr6.

    3. SI Tbodore ne parle pu d'inspiration PfflPO' de la ve .... lon dOl Seplante, U Juge en revanche Inutile de recourir a l'hbreu (cf. ,upra, p. 51, n. 1); a l'Inverse, malgr6 son respect pour ICI Septante, Tbodorot nit conlldror cette venlon comme une tra-duction partoi. Imp.rlalte ou maladroite en ralaon m~me de ton UlUraliame (Quaul. 1 Reg., P G 80, 529 A; ln Can/., PG81 , 120 AB).

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    CRITIQUE TEXTUELLE 55

    T hodoreL LraduiL en fait la primauL accorde aux Septante: aprs l'non c de la pricope, Thodoret pr -senLe les variant..es des dilTrentes versions, avant de revemr l'interprtation du texte initial , celui des Sep-tante1.

    Fonction des varlanletl

    prtHnlH'

    Le rle de ces variantes dans le commentaire est. d'abord celui d'un apparaL critique, non pas vraiment de;;tn amender le t.ext.e du lemme',

    mas l'clairer en olTranL un dbut d'explication : la seule juxtaposiLion des variantes d 'un mme passage p ermeL une meilleure inLelligence du text.e. Donner la Lra duction de mots hbreux conservs p(lr les Septante, prciser le sens d 'un mot obscur, f(lire comprendre une expression idiomatique , supprimer une ambiguit, LeI esL le plus souvent le rle des vari(lntes p rsentes par ThodoreL. Mais, (lu-del de celLe fon ction puremenL explic(lLive, les variantes servent montrer la cohrence interne du texte des SepLll n le, en d evenan L un moyen de le justiner , d'en rsoudre les apparentes conLradicLions ct. de m eLt.n:l en vidence, sous la divers it des expressions, l'unit de l'inspira tion. Car, des degrs divers, \,ouLes les versions

    1. Le proe6d6 est preftquo conalltnt (v.g. l n J , 3, 3 1 8-319.~23; 7, 120 5.1>8(1 . 8,67 S.155 6. ; 9,58 &.398 a.; ele. ).

    2. Th6odorot semble, on erTllt, avoir un trop gr:md N.poel do IOn texte pour aller le corriger. Il mnlnUent, par exemple, en Jf. 50, 8, ln leon C'ut Sion 1 (ln J , 19, 133-13&) qui a tout!'.lr d'une glose et co n'estlnlu dOut.o pns lui qui a Introduit dalU IOn lemme, en 1 . 41 ,3, lM mols OX ~L ab5enls de la Ve"IiOD dM septante, mais donnb par tous les autres interprte. (Id. 12,307309). Tout lU plus laisse.t"!l IIntrevoir .... prf6n:mee pour uo& vnriante en la commentant au dlriment du texlla du lemme; c'el t le cas en 1 . 63,12, ail 1. leQOn 6;7t6 Ot.&rr'll'O est visiblement pr6t6r6e a celle du lemme tK -rijI;: y'ii. Il ul, on tout ClIl, excessivement rare qu'Il choiaine ouvertement de corriger IOn toxte comme Il le fnit en l,. 37,38, en nlcnant la leon mittX"ov donne par quelque! cxomplall"fll (civr{ypattor ) de pr~fnmce celle de son texte mi"nlC9XOV (Id. 11, 392) .

    ,

  • 56 INTRODUCTION

    sont un reflet du texte hbreu inspir : aussi Thodoret. n'hsit.e-f...iI pas commenter une variante pour l'enseigne-ment qu'elle peut. offrir, mme si en dHlni tive il prfre s'en tenir au texte qui est le sien. Nanmoins, TModoret. n'accepte pas aveuglment toules les vnriantes : il sait. oprer un choix e t., parfois mme, rejeter avec vigueur telle ou telle Lraduction l ,

    1. Le. cal le plut net Cft ee.lui o il reCule la leon VEvI. pour Imposer celle de 1\"~ (III 1 . , 3, 360 1. ; cr. Iiluui Id., 14, 11 1).J21).

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    CHAPITRE III

    LA i\1THODE EXeGC:TIQUE DE THeODORET

    La critique tex luelle praliqu6e dans l' ln lsaiom est en part.ie dj revlatrice de la mthode exgtique de Thodoret.. L'int.erprtation d'une prophtie reste Loujours pour lui en priorit une explication de t.ext.e : sans ngli-ger la crit.ique lit.traire, l'auteur met. en fait. l'ensemble de ses connaiss:lnces au service de son commentnire. En subordonnant. sans cesse son exgse " examen du texte, Thodoret. choisit. la voie de la rigueur et. de la raison pour dcirler d li ~en !! et. de la porle de la propht.ie.

    A. CIUTIQUE LlTTI\A.IRE

    Pour comprendre un tex t.e , il est. indispensable d'en apprcier le ton. Stylllllquc

    Aussi Thodoret n'hsit.e-tril pas souligner, quand il le juge ncesstlire,le mode d'expression ut.i1is par le prophte, les changements de ton e t. divers procds lit.lraires l

    1. Th6odoret note, par uemp[II, quo III prophte l'uprimll l ur le mode de l'i ronIe {ln / . , 7, 1"0 ; t", 206.5"21, d ll la ralllenll (Id., 2, lOUi; 5,443; 6,614; 14,314."25.016), du reproohll (id., l'l, 197) ou de [a lam"ntaUon, et c'est sounnt en roncllon de cella analyte qu'U opre le dcoupage du ~te biblique (et. chap. Il ) ; Il nole encore que le Lon Cil ulul du SOuhait (id., 7, 590), dll la prophtie (Id. , 10, 392) ou dll l'ordre (Id., t S, 108), que le prophte rail de J'lntetra-

  • 58 INTRODUCTION

    At.t.ent.if ces variations stylistiques dans J'ensemble de la prophLie comme J'intrieur d'un mme passage, Thodoret. a soin de dLenniner la nat.ure exacte de phrases susceptibles de plusieurs modes de ledure1,

    Les figures de st.yle utilises par le prophlc ret.iennent. elles aussi l'at.tention de notre exgte. Sans Loujours les dsigner par le Dom que leur ont. donn les grammairiens, surtout quand elles sont. d'un usage aussi frquent. que les mtaphores, les mtonymies, les comparaisons ou les paraboles, il a soin de DoLer leur prsence et. de prciser d'un mot. nu moins la ralit qu'elles recouvrent. l

    Enfin "explication st.ylistique de Thodoret. met. en vidence dans le texte grec des tournures trangres ceLLe langue et. dcalques de l'hbreu ou du syriaque. Ge sont. elles que Thodore!. dsigne le plus souvent sous le nom d', idiome ,a, mais le terme sert. aussi Il caract.riscr cer-Laines habit.udcs du langage courant. ; proverbes ou mto-nymies entres dans l'usage'.

    Grammaire La comprhension exaete du Lexte

    passe parfois par un examen gramma-t.ieal minutieux. Ainsi, ThodoreL relve pour I( .~ expliquer l 'emploi d 'un pluriel l o le singulier seraiL en opparence

    gallon 8ui ... ;0 tlo la rtponllO un proc6tl6 lillra;n ole. lin'; ii. aIlr ... ir la elarU, te qui n'ell pal Ilnt rappeler le alylo de ccrl3irUi pfllumes (id., 19,5631.), ole.

    1. C'est presque loujou .. pour In ... IUr il lil""O 10 toxl0 do ta'Ooll Intcnogative, que l'iourrogation n 'exitu quo dant le lon (Jn l ,., 14,559; 11, 269-270), qu'II faille hluf une confu,lon enlre le-dt;; d'inurrogv.Uon cl le pronom Imlfinl (id., 13, M: 16, 12- 14.428; 19, ~63 1.) ou dlslinguer un Jl.1) InLerrogatit dc 1(1 ngation (Id., 2, 542-543; 16,36).

    2. Quand 1. figure de . t)'le est molnl hablluelle, Th6odor-el donne presque loulou" lIOn nom: c'ut le cas de la p\"'OtOpope ( l n b., 2, 584 j 5,25 1 ; 7,41.696; 9, 140-141 ; 14,16 ; 15,445; 16,7) et de l'ethope (id., 6,496).

    3. ln " ., 1,140-144 ; 2,239-240; 4, 103; 5,27; ele. 4. /d., 4,212-215 ; 17, 480-481 ; 20, 140-142.242-243.394-395.

    1 LA MtTHODE EXtGtTfQUE 59

    plus at.tendu (3, 639-642) ou le cas inverse (6, 378-386), le passage surprenant., Il J'intrieur d'un mme v erset. (l s. 40, 9), du singulier 3U pluriel (12,97-99), la prsence signifl-calive d'un pronom possessi f ( l , 77-80 j 2,3(0). De mme, il j usti fi e p3r le procd de l'nallage l'emploi d 'un verbe au (u ~ur pour parler d 'vnemenl..s passs (4 . 102-103 ; 6,80-81), par une habitude scripturaire (2,239-243) la prsence d 'une forme verbale aeLive alors que le vritable sens est passir (3, 184-188). Un brusque changement. de personne l'intrieur d'un mme passage (l, 101-102), la difficult reconnatre avec certit.ude le sujet d'un verbe (7,32--34 ; 14,271-272) suscitent galement. une brve remarque de la part. de Thodoret. Enfin , mme les pro-blmes d'accent.ualion ont leur place dans eet.Le analyse du LexLel; l' interprtation de (o; dont Thodoret. fait. un synonyme de 'flWzpyupLx, lorsque la pnultime porLe l'accent. (9,58-60), en est. l'exemple le plus curieux.

    Onomastique, tymologie

    d Km;antlque

    L 'int.crprUltion des noms propres, mme si clle est le plus souvent. anec-dotique ou fantaisiste, peut. aussi scrvir l'intelligcnce du Lcxte ; tel est ,

    par exem ple, [e cas des brves remarques de Thodoret ~ur dCll noms propres de licux ou d e peu pics. laf3is ce~Le explication J e termes a parfois pour le commentaire une plus grande import.ance : celle du nom ,Emmanuel_ (3,388-38':1) cn est le meilleur exempleS.

    Il en va de mme du rapprochement. tymologique ent.re le Lerme hbreu' jsa _, traduit. par , Sauveur tt et Je nom de , J sus . D'auues remarques, enfln, sur Ja signification

    1. c r. ~ upt1l, p. 58, n . l , *' propos du -dt;; Int.errogv.Uf. 2. Cf . Samaron. (ln / . , 3,308-3 10) ; edam . (Id. , 6,557-559;

    10, 329-330 ; 19, fm -572.577-67S) ; Slr. (id., 6, 56-56Sj; Phi-lisUn. , (Id., 5,379-384).

    3. Cf. aussi. 6lgll>1)r, (/n / . , 3, 84~l j; As6dek , (id., 6, 351-353).

    1

  • 60 INTRODUCTION

    des mots XP~ffl (14, 73-75.103-107), ~~(hllJ.a. (5,27-32) ou r.oa-r&.O"\OV (16, 9-10) relvent. plus directement de la smantique.

    B. AUXILIAIRES DE L' I NTERPi\Ji.TATION

    Thodoret. 'ne saurait, toutefois, se contenter d'une critique purement

    Iitt.raire. Son commentaire s'enrichit. en ralit des apports les plus divers. Parmi ces auxiliaires de l'interprtation les disciplines scientifiques. sont. bien reprsentes : psychologie, mdecine, agriculture, botanique, zoologie, sciences physiques, arts manuels1 Plusieurs remarques sont directement suggres par le text.e prophtique; beaucoup proviennent sans doute d'un ronds commun il la rhtorique et l'exgse dans lequel Thoorel puise

    1. P' ytluJ/lJgit , les ttalll d'Ame BOnt commands par des vne-menta exlrieul'll (In u., 5, 499-500; 9,191-194; 14,10-13.144-1 ( 9); innuence du psychisme sur le physique (id., 18, 4'l34'l4 ); connais-sance du cur humain (id., 1,83; 'l, 311-315.538-540; Il,364 s.; W,387-388). M ldene : Dieu mdecin des lunes (id., 1,113-117; 4,105-106; 9, 150- 15'l; 17,88-(0); chuto dos cheveux (id., 'l,36 1-365); lpro (id., 'l, 592-5(3); accouchement (id., 11. 'l04-'l05): em-cacit des remdn (id., 11,515-521 ). Agriculturo d bolanique : arbres et planlea (id ., 1,412-413.418; 3, 'l14-'l15; 4, ';!6 'l9; 6,119-120; Il,316-317; 12, 428-430; 17, 494-(97) ; boiuons (id., 'l, 571 574; 6,284286; 8,62-65); alimentation (id., 8, 206'l10); moinon (id., 7,25-27; 8,220-221); padums (id., 11,549: 18,211-212). Zoo/agie : animaux (id., 2, 479-480.710-711; 3,219-221.472-473; 4,419-423; 5, 192.460-461; 9, 18-20.316; 10,339-340; 12,278-279; 13, 4'l.229-'l30; 20,507-1)10); insectes (id., 3,437; 9,522; 16,112-113; l8,5'U>(27 ). Scienui phUliquu : ealamit~~ (id. , 5,116120; 7, 'l'l2-'lU>; 8,21-26); astre. (id., 5,88-90; 7,392-393; 9,423-425: 10,353-355; 12, 'l29-232; 18, 380-382): acoustique (id., 5, 173-178); feu (id., 3, 'l862B7; 5, 78). Artl monudf : poterie (Id., 8,373 a.; 14, 169-110; teinture (id., 1,289-2(1) ; lerronnerie (id., 13,351-360; 17,349-351 ) ; mtaux (id., 1,331-333; 5,103-105; 20, 681-682); pierres preleUIH (id., 5, 105-106; 17,312-319) .

    !

    1

    LA M~THODE EX~G~TIQUE 61

    abondamment; mais, presque aucune ne parait. relever d'un goL gratuit pour l'rudition. La fonction de ces remarques est d'ordinaire d'expliquer la lettre du texte, mais parfois aussi de fonder une explication figure.

    Dans le mme but, les remarques Gographie

    d'ordre gographique sont abondantes dans l'In Isaiam el permettent au lecteur de situer ou de reconnaitre les lieux dont parle la prophlie, parfois mme de constater, parlir de telle ralit, la ncessit ou l'impossibilit de certaines interprtations. A ct de bien des remarques de gographie gnrale!, d'autres remarques ont trait 11 la gographie physique', la toponymie' ou la gographie humaine . Sur ces deux derniers points, le domaine du gographe devient souvent celui de l'historien.

    C. Ru; pnl\'ILtGI DE L'HISTOIRE

    Parmi tous les auxiliaires de ]'interprtalion , J'histoire occupe, en efTet, une place privilgie. Cela s'explique en partie par le caracLre historique du texte d'Isae, surtout dans sa premire partie, mais la volont qu'a Thodoret de fonder historiquement la prophHie en est la vraie raison.

    1. Ellea concern6n~ essentiellement la situation des puya (In l,., 4, 547-551; 13, Il'lll4; 15,384-389) , la position dei montagnes (id., 3, 308-310; 5,291-293; 6,55-57.565-566; 8, 390-392; Il ,66), la conllguration ou la topogl'aphie de lieux que Thodoret connalt, soit personnellement, soi t par des UmollUl lX:ulalres (id., 5, 10-11 ; 6,484.486; 7, 18-19 ; 16, 175-183AII-41'l).

    2. Ct. In l,., 1,146-151; 4,26-29; 1,315; 2O,9'l-95. 3. Voir par exemple les marque. de Thodoret Sur la Libye el

    Thal'llis (In 1 . , 7,79; 19, 157-162; 20,117118); lur ChyPre el les Ki1ielUl (id., 7, 9-13), lur Lobna (id., 11, W'l).

    4. VOir les remarques concernant la Galile (In 1 . , 3, 762-763; 8,3638), la Phll18t1e (id., 4,38-41), Kdar el l' Idume (id., 12, 620-621; 19,90-92.111-1 14) , l'l!:lhiopie (id., 13,91-92; 19,92).

  • 62 INTRODUCTION

    Son commentaire (ait. donc d'incessants appels l'histoire, mais sous fo rmes de remarques parses, en dpendance t.roite du texte prophtique: on y chercherait. en vain un expos logiquement. const.ruit. ou mme une fresque h istorique esquisse grands trait.s l . En outre, parmi les rares dveloppements d'une certaine ampleur, quelques-uns seulement appart.iennen t en propre l' In ISQiam1 ; la plupart constit.uenL en lait. des lieux communs ('t'On:OI) de l'exgse de ThodoreL'. Enfin, il va sans dire que les connaissances de notre auteur paraitront. souvent. limites ou fantaisistes 11 J'historien moderne' ; mais ce serait. un jeu

    l. Nous avons BOUl (c r. ehap. Il ) l'absence mme de tout expos6 liminaire lu r la siluallon hlllorlq\1e l l '6poque d'baie.

    2. On ne peul gu6re elle! que lei d6veloppementa l'tlatHs l la fauJ.c d'01.lu (In 1." S,8-3 1) ou au rigne d'Achaz (id" 3,222-253) qui ne lonl cn l'taIlL qu'un rsum de II Chr, 26 ct 28, 1_18, ct le rappel par les sommets - plu! eal'Qet..\rllUquo de la mani~1'O do Thodoret - de l'hillalre de J rusalem de puis le lige de Vespasien Jusqu'lia fondation d'Aella Cnpltollna par Hadrien (id" 3, 198-211),

    3, Voici quelques exemple. de CIlS topol. (les chifTl'cs entre parentMscl donnent 101 r6!6renCllI l 1'1" ilaiam, les autres A PG 81): a) Lea phun lueeessivei de la conqute auyrienne (3, 302-306; 4,269-212), et, ln E:" 8 12 A; 1031 B; In O." 1552 AC; In Mlch., 11~5 C j In Nohum, 1788 A j In Jer., 741 D j - b) Loa campagne. do N .. buch""'unolWl' contN! JOrll."lcm (8, ~!>8-~G7 j Hi, 385-389), el, ln Dan" U57 C j ln /1", 812 OC j (184 D _ 98aA j In Jer" 692 BD; -c) Ln dynulle pel't4l, Cy.u. et lei IUeeeneUTl (5, 434.1,5459), et, ln Dan" 1393 B 1391 0 j IH6 CD j IHO AU j 144.9 B j I~ I C; 154 1 D j In El" 1121 0 j ln Nahum, 1805 A ; - dl La reconstrueUon de J truulem et du Temple (20, 164,.172), cr. ln Dan" 14.51 C j 14.13 CD; 1418 D; In Bz., 820 8 ; 11&8 CD; In Agg., 185 1 AB; - ,) Le triomphe de l'Empire romain (2,69-14,19-81), el. In Dan., 1308 D. 1300 A j I n Mlch" 1161 D.

    4. En cela, du rcate, Thodorel n 'clt pal une exception : l'ex~ palriltlque ell remplie de Lopol. h1.toriqun dont l'exacUtude est lOuvent Lra. approximative. L' In l ,aiam t..\moigne, A plu.leu,", r-epriNl', de eonnalJnncel malasauret , voire errones, de l'ignorance de tel ou tel tait, d'un appel quelque peu ranLalslste l la chrono-logie, ete. Quand cela noui a paru neeualre, noui 1'.vODa signal' en no le,

    1

    1

    1

    ,

    LA MenlODE EXi!:GT1QUE 63

    un peu vain que d'en souligner la fragilit par rapport aux ntres. Ce qui doit retenir notre attention, en dfi-nitive, c'est la manire dont Thodoret, II. J'intrieur du systme d'interprt..ation qui est. le sien, utilise le fait hisLorique.

    Les rfrences l'histoire ancienne, naLurellement les plus nombreuses

    dans l' ln l ,oiorn, concernent II. la fois les vnements contemporains d'Isaie et ceux dont l'exgIJl.e dcouvre l'annonce dans sa prophtie. Au hasard du comment..aire . '

    Hil loire and enne

    on VOit peu Il peu se dessiner une histoire des grands empires l . Celle d'abord de l'Assyrie avec les rgnes de Tglat..-Phalasar III , de Salmanasar V eL surtout celui de Sennachrib l La domination babylonienne se con fond pour l'essentiel avec l'histoire de Nabuchodonosor et de ses campagnes contre Jrusalem. Un troisime ensemble,

    1. cr. Jel tables chronologlquu dans le dernier volume. 2, l'hodoret semble Ignorer le rgne de Sargon Il (121-705) et

    voi r en SennacMrib le lueeesseur de Salmanasar V. Dllnl Ion Cam_ mMJo;rc d'Q.t, (PG 8 1, 15::>2 ABC) il aLtrlbue l ce dernier la prlae de Samarie, qui devait revenir l Sargon (721) puisque Salmanuar ~t.aiL morlau cours du II~ge. Le text.e d'l,ole (20, 1) fait pourLant mellLlolI lio Sorgon, mllliioll' la torme . Arnn . dunl ecrllllni munuI_ etH,. doa LXX , &tl-eo IOUI eotJ.c terme que 10 lisolt l'Modorel et, danl ce eu, n'al-i l pas u Idontlfler le penonnuge' TModoret, en erTel, no elle pu 10 VCl'I(l t et 10 eonlonl.o do r6turncr le loxto d' I .. le (In l ,., 6, ~51~&.), mal. IMI paraphl"DlIe ne laine pu voir qu'II.ltue nettement lu b(momenll - notamment 1. pri5e d'AUItoa _ dana L'hlILoIr-e gn~l"Dle de l'Auyrio. La p.uenu.Uon dei ta ill dalUl IV 110;', 11,1 6 eL 18,9 13 expllque peut-l.re la mprlae de Tht.odor-el : co. deux pauage. relalent le l ige de Samarie par Salmona"".; pui" tan. mention d'un changement de ragne, le r6e1t continue avec pour luJeL .Ie roi d'.u.yrie. suivi de la menUon de la prise do Samarie, Auull.(tl aprta commence le r6eit de l 'Inva.a.lon de SennacMrlb. Thodoret, dont lei lIvrca dei Roi, IOnt l 'une dei IOUrI habILuelle" a pu croire q u'II n 'y avai t pas d'lnterm6dlalre en!.roe Salmanuar et Sennachtrlb, comme le loiaae penser galement 1'6numtraUon d'ln l ,alam, 3,302-306.

    ,

  • 64 INTRODUCTION

    relatif la Perse, s'organise autour de Cyrus - prise de Babylone, libration et retour des J uifs en Palestine -, mais laisse entrevoir la succession dynastique, de Cambyse Artaxerxs Longue-Main. Enfin, except un bref aperu du rgne d'Auguste et. de l'action d'Hadrien contre Jru-salem, les remarques sur l'Empire romain visent loul,cs le rgne de Vespasien eL la prise de Jrusalem par Titus. On pourrait encore t racer, mais dans unc moindre mesure el. en rapport avec Ica grandes priodes qu'on vient. de dcfinir, unc histoire de 1'6.gyple eL de la Syrie. Mais, en ralit, comme dans la prophtie d'IsaIc, le royaume de Juda ne cesse d'Lr,e au centre de la vision historique de Thodoret. Ses vues sont donc en dpendance troite de celles du prophte et. l'histoire qui l'intresse est. d'abord celle du peuple juif dans sa rela tion avec Dieu. C'est. pour ln faire mieux comprendre que Thodoret. rappelle ou prcise des faits qu'un historien moderne chercherait sit.uer dans un contexte beaucoup plus large.

    Hlstolre eontempOraJne

    Cont.rairement. l'h ist.oire ancienne, l'histoire du v' sicle apparait. assez peu dans le commentaire. On devine

    peine la ralit politique d'un Empire dont. les dignitaires sont. dsormais chrtiens l . De frquentes remarques de toponymie attestent ntlllmoins la rorganis3lion de cerlaines rgions par le pouvoir imprial: presque part.out des noms grecs ont. officiellement. remplac les noms de villes indignes, lans entratner toujours leur disparition dfinit.ive de l'usage populaire! ; des villes jadis import.antes

    1. C'eal vi~bl~menl plua la riaHUI religieuse quo la raHUI poUUqu. qui InUre," Thodorel en ce domaino, ct. ln If., 4,425-4.29 ; 15, 328-330.411-475; 19, 187-191 ; ZO,504-507.

    2. C'ut par exemple le u. do Pbll.d. lpb!e que tel blbilan~ continuent l appeler Amman ( l n 1 . , 4,548-550) ot sana doute de plusieul'll .utre. ville. comm. Samarie devenu. S6basto (id., 3,310), mme al Thodorot ne 10 nol. pas ,xpl'Clllatmenl.

    1

    1 1

    LA M~THODE EXeGeTIQUE 65

    ont. vu leur rle dcrot.re au profit. d'autres cits. On devine aussi le rle que commencent. jouer dans la vie du ve sicle ces Arabes qui portent. dj en Syrie le nom de Sarrasins. (5, 160-164). On voit. enfin assez bien quel est. le sorl. des Juifs dons l'Empire ('poque de Thodoret.: devenus t Ics mLques du monde. (1,266), ils sont. en ralit mis au ban de la socit (20,396-397).

    Beaucoup mieux que l'histoire profane, l'In Isaiam laisse entrevoir la situation et la vie de l'gglise l'poque de notre auteur. Le christianisme semble avoir dfinitive ment. triomph du paganisme1 : destruction des derniers temples palens: dont. les ruines servent. parfois l'difies tion ou il ('ornementation d'glises chretiennes', substit.u-tion du culte des mart.yrs celui des idoles', extension de l'gglise aux dimensions du mondeS. Celle-ci est. dsormais une institution reconnue et. protge par le pouvoir imprial

    1. Lo lrlomphe du ehristlanlsme Bur le paganisme ea~ un point que TModorot aime l rappeler dans ses commenlalre. commo dans d'au~rea kril.l ( 1l~t. E"l. , PG 8'2, 1'241 CD ell'l65 Cl, en opJlOpnt do faon volonlairemenl Khmollque 1. rgne d" Idoles . II. celui du Chrls~ qui y mot fin (cf. cllap. IV, La pOlmique contre les palenl .J. En rhliU, la mort omelene du paganismo ncmp6cb. pu la ,,, rv;v,,,,cc do cerluincl cruy""cel p310nno, cl cello do prnliquM clandellnci (Thtrcp., III, 79 1.; VI II , 22-2~ 0. rnpp rocher d'ln J,., 2,183-187). En ou 1re, TModoret n'Ignore pas Ica porUculiona dont IOnl vicllmes 0. IOn poque ICI chr6Ucns (10 P CMII'I (Tlitrap., IX, 3'l ; Jll.,. Eul., PG S'l, 12n-127G), mais ellu ne mettent plu, on danger la vlo do l'egllse comme cela anlt t le cu au temps do Julien. Le d~8i r de rendre sCllIlblo Iimport.anco du chan~m.nl opr6 dana le monde par la venue du Christ l'emporte donc ehn Thodoret lur JexlcUlud. historique.

    2. Thodoret d~claJ'O .voir 6U t.6moin d'6vtnemenl.l semblablcs, dan a Jounesse vraJaomblabloment (ln 1 . , 'l, 194-196).

    :1. ln h., 7, 171-175; c r. auul TliUap. VI II, 68-69. 4. ln h., 10,85-87; cf. Thop. VIII, le culte du martyl'l. o. In 1 . , 6, 175_176; 12, 623-626; ln Nations 8G lonl convortln

    (Id., 19, 'l20-225) ot l'egllse occup. une po,lUon klalante ( m:p~vf)I;:: id. 2,33-43).

  • 66 INTRODUCTION

    qui, avec les fidles, contribue son entret.ien matrieP. Aussi se fait-on plus que jamais du nom de chretien un titre de gloire (13,308-310; 200, 400-407). La vic de l'eglise apparatt, elle aussi, au hasard du commentaire : assembles liturgiques unissant. des hommes de toutes conditions sociales (4,425-429; 20,504507). processions en l 'honneur du Christ et des martyrs (19, 143-150), fr-quents plerinages aux lieux saints de Jrusa lem~ 1 recueille-ment des fidles dans les glises (15, 480-482 ; 20, 356-357), monachisme (4,436-439) et asctisme (9, 48&-490) ...

    L'In Isoiam prsente en ralit une image fort embellie de la situation de l'll:glisc au v8 sicle, si l'on songe il. ses divisions. Mais Ics renseignements fournis par Thodoret. - leur gnralit le prouve - n'ont. pas pour objet de constituer une vriLable histoire de l'glise.

    Le texte prophtique est pour Sources historique. Thodoret la premire source d 'infor~

    de Thodoret . ~ 1 l' ' .. matlOn et nous avons no..., es Iml""s que cela impose . sa vision historiquel. De plus, comme la prophtie d'hale se recoupe souvent avec les livres des R~gnu et des ParalipomAnu, Tbodoret demande ces ouvrages historiques un complment d'information'. Dans

    1. Les empereul"I .0nL lu pres ado pUfs ('t~~' ) lit nourriciers ( .. po.pol) do 1'Jl:gUso ct O!lSurentlo IUhsi,tonco (ln Il. , Hi, 471-4.7&; Hl, 242-244); lei tldlol entretiennent eux olllsl leu r elorg

  • 68 INTRODUCTION

    Bon tmoignage s'il contredit. le Lexte bibliquel , Cette at.t.itude s'explique par le caractre inspir que Thodore!. reconnait. Il J'ensemble de l' i?:crilure qui ne saurait. par consquent. l:t.re mensongre'. Malgr la pauvret, Il nos yeux, de telles exigences critiques - ce sont celles de l'poque -, il serait injuste de ne pas reconnatre l'intrt. et. le respect que porte Thodoret. au fait. historique. A cct gard, S8 dmarche intellectuelle rvle un esprit d'autant plus soucieux de rigueur et d'objectivit qu'il entend mett.re l'histoire au service de son interprtation.

    D. L' INTBRPnTATION DE TH~ODORIIT

    Dans l'. hypothsis t de l'ln l saiam, Thodoret. dfinit. sommairement. l'exgse qu' il entend pratiquer ; A considrer l'ensemble des crits du prophte, les uns sont clairs (allq}) e~ ont un sens vident (YUIJ.~'1 Br.6.'10LIl'l), [cs aut.res 8on~ prsents de faon figure (TP07t~XWI;) et rclament un commcntaire , ('l', 25-27). Son commen-taire fera donc tat tour 11 tour du Bens litLral et du sens figur de la prophtie.

    1. LII tait qUIl J oRphe nll IOIL pu eII~tlen en tait portai. aux yeux de Th*o:lord un Umo;n digne lie toi [/ tt Datt., PG 81 , IfI .. B ), mai .on e~dll compa~ celui de l'terilure e.l pratiquement nul {Id. , 1393-1397).

    2. Th*o:loreL, en erret, ne Icmble pas roh'o de dirrrence entre lu prophtlu et 105 livres historique, 'OUI le rapport de l'inapiration; pour lull'tcrllure e6t inspire [PG 84, 20 : n iio ... f~ i) _0' i)..,.a rpg;.a16. 'l'C _1 Ka1v1l Oe6m-c\lO'f' aTl), elle est tout entlre parole de Dieu. Or, par _nce, Dieu e.l Incapable de mensonge [oiofcu3iK) et ce mMne cal'llcUlre .'opptlque naturellement. 83 pnrole {v.g. Jn Jr., 12,63-64; Jn E,., PG 81, 9f17 A : oi

  • 70 INTRODUCTION

    chez qui le dsr d'expliquer le texte ne se spare jamais de la volont d'en tablir la ralit littrale et historique.

    Toutefois, dans bien des cas, l'inter S " ' 6auR prtaLion lit.trale se rvle impossible l

    - qu'clle entre en contradiction avec le simple bon sens, l'histoire ou d'autres disciplines - ou bien ne suffit. pas puiser le sens de la prophtie'. Diverses raisons invitent. donc Thodoret. dpasser le sen! littral pour recourir il "interprtation figure1, En ralit, sous le terme assez vague de t sens figur' t, l'exgte prsente divers types d'int.erprtaLion. Le plus souvent., il s 'agit. d 'un sens mta-phoriquel, mais ce peut. tre aussi un sens spirituel ou

    il onnll 10. priorit.(: au lena ngur (id., 5, 343 1. 432 Q. 468 8. 497 1. ; 6,3li9 1.; 9,4821.; 18,4ZO421 ) st parait mme lui accorder sa prefronce. Nhnmoina, dlna eette manire d'Insister lU t la slIna liUral, on roeonnalt ICI tendance.. antiochiennes de eette ex~se louciou., d'~tabLlr la nallU du texte blbLlque trop facilement 6vaeuoo pur une ulLLlsalLon abu.lve de l'allgorie chu certalll$ a lexandrins.

    l. Voir per exomple Jn J,., 6, 913.417419; 6, 1r.7 s.; 7,1201. 337 1.; 10,202 . ; 14,244; 18, 430-433; 19,22&-231; 20, r.22 1.

    2. C'eltle CII.lonque le lenl lltt.6ral elt pauvro (ln J , l, 326 1. ; 3, 1r.6 1.), .urpronant (id., 10,448 . ), binai (id., 6, 284 8.) ou indigne de Dieu Ild. , 14,216216).

    3. Le roCOUrt au HIU figuftl est raNIment p~entt par Th6odorot comme une n6eeHlt.6 (lin-rx'l, Jn J . , 9,202), mlis plu\.l comme une pouibUiUl lid., 2,166 ; ct lit TV; TpKua7>c; _1'1 f!o)..notL ... ; 3,488 : El at I(IIITPOmxiiIc HlUoL TV; -ro X(o)ptov vo7j_I . ; 17, 243 ; ox lv TL "L'ripWI ... ; 19, 1 43-1~4 ; ct lit w; _~ ... ; dc.).

    4 . Lonque 10 8tlna IIguri Clt nettement dl!:a.ign6, c'est le plu. souvent (22 cal, cf. Index dea molt grecel par l'adverbe ~; le nOIll ('tpo1C'f]l et j'odJeelLl (TPO",ut6o;l son~ d'un emploi beaucoup plus raro. TUodoret utilise ~,ojement _pakMJ el lei drives, plu. rarement l' adverbe 1Ncull4n~ (ln If., 18,615) ou l'adJectit ( id., 18,431 ; 19,231 ). MILl, parler Ile 1II~l.8phOrt, de prosopopte, d'image, de comp.ralson, ele., ce sont aulant de mani~res de souligner j'cxlstence d'un leM llgur6.

    :.. C'ell dt lo in)" cal le plu. frtq uent; cf. par ex. In Il., l , 1095.;

    LA ME::THOOE ExeOf.:TIQUE 71

    moral trs proche de ce que d'autres exgtes appellent. l'anagogie1 Dans quelques cas, enfin, l'interprtation entretient. avec le sens littral un rapport si loinLain ou si subtil qu'on serait. presque tent de parler d'allgorie'.

    Le sens figur se rvle donc assez composite. Il reste nanmoins, li. quelques exceptions prs, un vritable sens li t.t.ral au point. qu'il est. parfois absolument ncessaire de l'tablir si l'on veut. respecter la let.Lre du texte (19, 121. 144.172-173) et. at.t.eindre ainsi, la vrit de la prophtie . (9,200-205).

    De faon plus pisodique, l'exgse Sem typique

    de Thodoret. fait appel l'explication typologique. Cet.Le dernire participe, en ralit, des deux autres modes d'interprtation: de l'interprtation selon le Bens figur, car elle impose de dpasser le sens obvie; de l'interprtation selon le sens lit.tral ou historique, car il importe d 'tablir la ralit du fait ou du personnage pr sents par le texte prophtique avant de pouvoir les considrer respectivement comme le type, (Tno.;) d'un autre tait. ou d'un autre personnage -

  • 72 I NTRODUCTION

    qu'aprs avoir tabli que la prophtie s'est. ralise deux faia l , que la seconde ralisation dpauc en quelque taon la premire ct qu'clle est seule li rendre compte de ln prophtie dans sa totalit. Aussi le rle de l'histoire eslril considrable dans l' interprtation t.ypologique, puisque tout. revient en dfinitive apprcier le degr d'accomplis--sement. (TD.o) de la prophtie J' intrieur de l'A. T . : ai elle y est. pleinement. ralise, on ne saurait. parler de t figure . ; en cas de ralisation partielle, la dcouverte d'un anLit.ype accomplissant. entirement la prdiction est ncessaire, puisqu'une propht.ie ne peut t.re mensongre ( tXljltu~

  • 74 INTrlODUCTION

    pour l'exgl une manire de se garder des excs de l'allgorie, maB c'est. peut.-tre aussi une limite. On est. en droit de regretter que l'exgse de Thodoret, malgr ses qualits de rigueur et de sobrit, soit. presque tenne l'interprtation spirit.uelle et. mystique. C'est sans doute le revers de cette exgse scientifique .

    CHAPITRE IV

    LA POL2MIQUE

    Le commentaire ln ! saiam fait. une large place la polmique, mais SQUS forme de remarques parses et. toujours en dpendance t.roite du texte prophtique1, On peut. nanmoins parler de trois ensembles polmiques assez neLs qui concernent respectivement le paganisme, lCB Juifs et les hrtiques. Ce sont. en ralit des lieux communs (Iopai) de l'exgse, que Thodorel. ne semble pas chercher renouveler: dans l' In Isaiam, en ellet, comme dons tous ses commentaires, rapparaissent sensi-blement les mmes t topoi . Au manque d'originaliL de cette polmique' s'a joute Bon absence presque totale d'actualit. Certes, la survivance de pratiques paIennes,

    1. D'une manire gnrale, Tb6odorel nlpugne aux loup dbelop-pement.. el aux b. ... ~1o ; JI sait mme*, I"occasion renonce\" l un d6veloppement pol6mlque pour ,'en lenir Ilrietemen~ *' l'inlerpl'6-taUOn du t.exte (v.g. ln 1 . , 3,384-385; 20, &26-&21). D'autre part, ]a diapersion dei remarquel vient du fail que lia po]mique n'est le plus louvent que la paraphraae ou l 'amplificalion du texte d ' Isate, nolamment daua le. passa.gel relatifs aux Idoles.

    2. La po]mlque de Cyrille coolre ]19 idoles daDl! son I n IlO:fam et celle do ThOOdoret donnenl lieu par exemple l deI d6veloppemenla hu VOlalDl , d'uulanl plu, que l'un el I"autre Ile contentent souvent de parnphrnKr huio. En outre, Ica divers t lopol. dca commonlo.iro. de Thodoret poum1lcnt ~lre on parUe ICI 6chOll dos trnlUs 6el'lll pa, notre aulcur contre ICI palena, les Juif, el IllS h6nlUquel; la tompal'8.lton onlro pluslouta passages de l'In l .ulam et de la Thil'(}. prl

  • 76 INTRODUCTION

    surlout darll. les milieux populaires et campagnords, n'est pas doulcuse il 1'6poque de Thodorell, ma is le pnganisrnc Cil LonL qu'institution est. mort cL ne saurait. dsormais mettre en question l'existence d'une JJ:glise dont Thodoret. se plait, du resLe, 11 souligner le triomphel . Que les Juifs soient. nombreux en Syrie ne rend pas davantage actuelle la polmique anti-juive de l' I n l saiam : son caractere, gnral et. traditionnel il la lois, suffirait 11 le prouver. Enfin, les hrsies combattues dans le commentaire appartiennent. au pass, mme si certaines d'ent re elles taient encore vivaces dans le diocse de Cyr au moment o Thodoret. entra en ehargeJ. Sans grande actualit, sans vritable originalit, ceLle triple polmique peut.-elle avoir une fonction autre que dialectique? Nous tenterons de le prciser aprs un rapide examen des formes qu'elle revt dans le commenta ire.

    1. Voir, .ur ce point, R. DI!;VRI!;I!;~U, U PClfr;Clnal d'AnUCI'''' depu i, /CI PCl;: d. /' gll Jr.uqu'd /CI CfJnquti. ClralJe, Paris 1945, p. 43. La distinction oprie dan. 1. Tlttrapeulique (op. eil., Ivrtl VIII ) entre le cult.e dOl marty ... el celui dos hros cal le aigne meme qu'une cont