Courrier_International_N__1008_du_26_janv._au_1er.Fevr

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VenezuelaChvez est devenu mortelCriseComment lIslande sen est sortieArt Pillez-vous les uns les autres !Afrique CFA : 2 600 FCFA - Algrie : 450 DA

Allemagne : 4,00 - Autriche : 4,00 - Canada : 5,95 $CANDOM : 4,20 - Espagne : 4,00 - E-U : 5,95 $US - G-B : 3,50 Grce : 4,00 - Irlande : 4,00 - Italie : 4,00 - Japon : 700 Maroc : 30 DH - Norvge : 50 NOK - Portugal cont. : 4,00 Suisse : 5,90 CHF -Tunisie :4,50 DTU - TOM : 700 CFP www.courrierinternational.comN 1108

du26janvier au 1erfvrier 2012Qui peut battreObama ?Les rpublicains la recherche du candidat idalEditorialLa tentationdu populismeDes deux cts de lAtlan-tique, les parallles sontfrappants. Vous avez deuxprsidents, lus brillammenten 2007 et 2008, qui ont,de puis, perdu une partie deleur aura et qui cherchent se faire rlire en 2012. Vousavez face eux deux hommespolitiques, Mitt Romney et Franois Hollande, quecertains commentateurs nhsitent pas comparer.Tous deux, en eet, ne seorcent-ils pas de convaincreetdesduire,fautedecharisme ?Ilyapourtantquelques dirences: lancien gouverneur du Massa-chusetts a prouv ses qualits de gestionnaire, dansle priv comme la tte de son Etat, mais le dputde la Corrze a encore tout prouver; linverse, lesAmricains reprochent Romney son authentiquemanque dauthenticit et son absence dhumour, alorsquon ne peut pas enlever Hollande ces qualits-lMais, au-del de leurs dirences, tous deux combat-tent le mme ennemi, et cet ennemi porte un nom:le populisme. Aux Etats-Unis, nombre de candidatsrpublicains ont endoss cette tunique, le derniertant Newt Gingrich, qui vient de remporter la pri-maire de Caroline du Sud et qui est en tte des son-dages pour celle de Floride le 31janvier. En France,nous avions deux voix populistes, lune gauche(Jean-Luc Mlenchon), lautre lextrme droite(Marine Le Pen). Est venue sy ajouter, au centre, cellede Franois Bayrou, qui dans ses discours na que lemot peuple la bouche et qui a lanc il y a un moisle Achetons franais, un slogan dmagogique auxantipodes de ses engagements europens.Par leur temprament et par leur style, Mitt Romneytout comme Franois Hollande sont incapables dedevenir populistes. Cest leur point faible, car enpriode de crise et dincertitude les lecteurs aimentceux qui les rassurent et qui les attent. Ces lecteursveulent croire que certains candidats ne sont pas,comme les autres, le produit dun systme et delestablishment. Newt Gingrich, lui, joue cette carteavec talent, faisant oublier tout la fois ses frasquesprives, ses entorses aux rgles et surtout son passparmi llite de Washington, quand il tait prsidentde la Chambre des reprsentants. Il se veut donc issude la Gorgie profonde, prt combattre dabord cetareux produit de Wall Street (Romney), puis cetintellectuel, ce socialiste radical qui a fait grossir legouvernement fdral contre le peuple amricain(Obama, vous laurez reconnu). Oui, les primairesamricaines sont passionnantes, car il sy joue unevraie question politique (voir notre dossier pp. 10 16).Philippe Thureau-DanginPIERRE-EMMANUEL RASTOIN En couverture : Le bon rpublicain ?Dessin de Kal paru dans The Economist, Londres.n 1108| du 26 janvier au 1erfvrier 20123Sommaire4Plante presse6A suivre8Les gens9ControverseEn couverture10 Qui peut battre Obama ?Il y a peu, MittRomney tait vu comme le grand favori pour linvestiturerpublicaine, comme celui qui pouvaitbattre Obama en novembre. Ctaitoublier les divisions du Parti rpublicain.La victoire de NewtGingrich le 21janvieren Caroline du Sud relance la bataille au sein de la droite. A la grandesatisfaction du camp dmocrate.Dun continent lautre 18FranceMarchs publics Complots sur les eauxhongroises PasticheLe journal intime dEric The King20 EuropeHongrieUne toile jaune colle sur ma bote aux lettresRoumanie Les indigns enammentBucarestUnion europenne Faut-il brler les agences de notation ?Italie LItalie brise, mais lItalielibraliseRoyaume-Uni Un gratte-ciel qatariplant au cur de LondresEspagne Le roi est nu, vive la Rpublique!26AmriquesVenezuelaHugo Chvez, El Comandante est devenu mortelEtats-Unis Mieux que la scu, les rseaux sociaux !30 Asie PakistanLe temps des coups dEtat est rvoluChineChinois des champs et Chinoisdes villesJaponAcheter, cest pour lentraide...Chine Le luxe made in Italy prix discount34Moyen-OrientSyrie Un ordre trompeur rgne Damas EgyptePourquoi Al-Baradei ne sera pasprsident37 AfriqueTunisie Gaffes, cacophonie et reculades !Maroc Ce nest pas le royaume des footballeurs africains !Rpublique dmocratique du CongoLinscurit a du bon pour les pousesdlaisses41EconomieReprise LIslande renat de ses cendres44EcologieDveloppement durable Tout schuss sur les pistes (trs) vertes !45TechnologieCyberguerre Le virus contre-attaque46SciencesGntique OGM et sant : la polmiqueclate nouveauLong courrier 48Cration Le pillage rig en art52 Le livre Bienvenue dans cemonde,dAmanda Svensson53 Tendance Lhorizontalit comme mode daction55 Insolites Give cannabis a chance223726TunisieGaffes, cacophonie et reculades !Venezuela El Comandante est devenu mortelUnion europenneFaut-il brler les agences de notation?Les sources4Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012AlterNet (alternet.org)Etats-Unis. Cr en 1998par Don Hazen, ancienrdacteur de Mother Jones,ce magazine en lignealternatif, qui compte1,5million de visiteurs par mois, ore des articlesde qualit et reproduit loccasion les textesdautres publications de gauche.Dawn 138000ex.,Pakistan, quotidien. Dawna t cr en 1947 lors de lindpendance duPakistan par MuhammadAli Jinnah, pre de la nation et premierprsident. Un despremiers journauxpakistanais de langueanglaise, il jouit dunlectorat denviron800000personnes. Il appartient au groupePakistan HeraldPublications, fondgalement parM.A.Jinnah.Expressen 305000ex.,Sude, quotidien. Cr en 1944, porte-parole de la lutte contre lenazisme, le titre a t le plus grand quotidiensudois jusquaux annes1990. Aujourdhui dpasspar Aftonbladet, il separtage entre des pagespolitiques et culturellessrieuses et des pages plustypiques dun tablod.Gatopardo Colombie et Mexique, mensuel. Cr en 2000, Gatopardoest dius dans toutel'Amrique latine et Miami. Des journalistes de toute la sphrehispanophone collaborent ce magazine d'enquteset de reportages qui publieaussi des plumes tellesque Carlos Fuentes ouAlma Guillermoprieto.Heti Vlasz 25000ex.,Hongrie, hebdomadaire.Lanc en 2001 avec le soutien nancier du gouvernement de Viktor Orbn, Rponsehebdomadaire se veut un journal de rexionconservateur, modr et tendance cologiste.The IrrawaddyMyanmar, trimestriel. En dcembre2010, peu detemps aprs la librationde lopposante historiqueAung San Suu Kyi, lemensuel de la dissidencebirmane fond en1993 a d renoncer paratredans sa version imprime.Lquipe rdactionnelle,base Chiang Mai enThalande, a alors annoncquelle se concentrerait sur son site Internet.Nanmoins, n mars, est rapparue une versionpapier qui aura unepriodicit trimestrielle.Leaders(leaders.com.tn/), Tunisie.Cr en 2008, ce site seveut ouvert aux opinionset blogs qui favorisent lapluralit des points de vueet suscitent les changes.Sa rubrique successstory met en valeur desrussites individuelles etcollectives. Leaders publieaussi des analysespolitiques et conomiquessur la Tunisie.Newsweek 1972000ex.,Etats-Unis, hebdomadaire.Sans son rachat lt2010 par lhommed'aaires Sidney Harman,le clbre titre auraitdisparu du paysagemdiatique outre-Atlantique. Sa fusion avecle webzine The Daily Beasten novembre et la rcentenomination de TinaBrown, fondatrice dujournal en ligne, sa ttelui ont redonn denouvelles ambitions.La Repubblica650000ex., Italie,quotidien. N en 1976, le titre se veut le journalde llite intellectuelle et nancire du pays.Orient gauche, avec unesympathie ache pour le Parti dmocrate, il estfortement critique vis--vis du prsident duConseil, Silvio Berlusconi.Romnia Libera54000ex, Roumanie,quotidien. Journal desintellectuels et de la classemoyenne, La Roumanielibre adopte une lignelibrale et indpendante.Cr en 1877, favorable lopposition toutestendances confondues et par consquent critiqueenvers le gouvernement, le titre est lun des troisquotidiens les plus lus du pays.Sisa Journal 100000ex.,Core du Sud,hebdomadaire. Le Journalde lactualit,indpendant et centriste, a t lanc en 1989. Sonlectorat, surtout citadin et diplm, apprcie la rigueur de ses analysesdes problmes sociaux et de la vie politique du pays. Longtemps seulen tte des magazines sud-corens, il a trcemment rejoint par ses concurrents,Hankyoreh21 et WeeklyChosun.The Sunday Telegraph669750ex., Royaume-Uni,quotidien. Cr en 1961, le titre est la versiondominicale du grandquotidien conservateurThe Daily Telegraph.Il propose plusieurssupplments consacrs la culture, aux voyages, la vie des entreprises, lemploi, au sport et la maison.TelQuel 20000ex.,Maroc, hebdomadaire.Fond en 2001, ce newsmagazinefrancophone sestrapidement distingu deses concurrents marocainsen faisant une large placeaux reportages et aux faitsde socit. Se mant du dogmatisme, il dlaissela politique politicienne et sattaque des sujetstabous tels que la sexualit.Le Temps, Tunisie,quotidien. Le titrefrancophone est dit par le groupe Dar Assabah.En plus des actualitstunisiennes, il propose une slection de la pressetrangre, notammentfranaise.The Washington Post700000 ex., Etats-Unis,quotidien. Recherche de la vrit, indpendance: la publication des rapportssecrets du Pentagone surla guerre du Vietnam oules rvlations sur laairedu Watergate ontdmontr que le Post vitselon certains principes.Un grand quotidien decentre droit.Webdo (webdo.tn),Tunisie. LhebdomadaireTunis Hebdo, dont unepage est consacre au web, est lorigine de ce site. Toutefois,lanc en2010, ilnappartient pas TunisHebdo. Il estjuridiquement et nancirementindpendant aveclautorisation dutiliser le nom Webdo. Il couvrelactualit politique,culturelle et conomique.Die Welt 202000ex.,Allemagne, quotidien. Le Monde, porte-drapeau des ditionsSpringer, est une sorte deFigaro lallemande. Trscomplet dans le domaineconomique, il est aussi lu pour ses pagesconcernant le tourisme et limmobilier.Yomiuri Shimbun10300000ex. (d. dumatin) et 4100000ex.(d. du soir au contenutrs dirent), Japon,quotidien. Fond en 1874,le titre est le premierquotidien japonais etaussi le premier quotidienau monde. Ce succssexplique, dune part, par sa volont dtre unjournal proche desproccupations du publicet, dautre part, par sapolitique commerciale.Parmi les sourcesde la semaineEl Siglo de EuropaLanc en 1991 en tantquhebdo dinformationsgnrales de qualit,mais vivant et nonlitiste, El Siglo de Europasacquittetoujours de sa mission. Il a survcu dans le paysage dvast des hebdomadaires espagnols. Dirig parJos Garca Abad, qui est pass notammentpar le quotidien Diario 16, disparu en 2001,dont il fut lun des fondateurs, El Siglo de Europaest indpendant et revendique une diffusion de 30000exemplaires parsemaine, sans tre inscrit lOJD espagnol.Clairement situ gauche, lhebdomadaireafche un rpublicanisme rare dans le panorama de la presse espagnole. Cest dailleurs sur ce thme que nous le reprenons cette semaine. (Lire page25, Le roi est nu, vive la Rpublique.)Plante pressewww.courrierinternational.comCourrier international n 1108EditparCourrierinternational SA, socitanonymeavecdirectoireetconseil desurveillanceaucapital de106400.ActionnaireLeMondePublications internationales SA.DirectoirePhilippeThureau-Dangin, prsidentet directeur delapublication.Conseil desurveillanceLouis Dreyfus, prsident.Dpt lgal janvier 2012Commissionparitairen 0712C82101.ISSNn 1 154-516X- ImprimenFrance/ PrintedinFranceRdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01Fax rdaction 33 (0)1 46 46 16 02Site web www.courrierinternational.comCourriel [email protected] de la rdaction Philippe Thureau-DanginAssistante Dalila Bounekta (16 16)Rdacteurs en chef Eric Chol (16 98), Odile Conseil (web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Isabelle Lauze (16 54), CatherineAndr (16 78), Raymond Clarinard (16 77), Jean-Hbert Armengaud(dition, 16 57). Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31)Conception graphique Mark Porter AssociatesEurope Jean-Hbert Armengaud (coordination gnrale, 16 57), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse almanique,16 22), Chlo Baker (Royaume-Uni, 19 75), Gerry Feehily (Irlande, 19 70),LucieGeroy(Italie,1686), DanielMatias(Portugal,1634), IwonaOstapkowicz (Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubrique France, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76), Wineke de Boer(Pays-Bas), Solveig Gram Jensen (Danemark, Norvge), Alexia Kefalas(Grce, Chypre), Mehmet Koksal (Belgique), Kristina Rnnqvist (Sude),0Mlodine Sommier (Finlande), Alexandre Lvy (Bulgarie, coordinationBalkans), Agns Jarfas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), MiroMiceski (Macdoine), Martina Bulakova (Rp. tchque, Slovaquie), KikaCurovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herzgovine), Marielle Vitureau(Lituanie), Katerina Kesa (Estonie) Russie, Est de lEurope LaurenceHabay (chef de service, 16 36), Alda Engoian (Caucase, Asie centrale), LarissaKotelevets (Ukraine) Amriques Brangre Cagnat (chef de service,Amrique du Nord, 16 14), Marc-Olivier Bherer (Canada, Etats-Unis, 16 95),Anne Proenza (Amrique latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) Asie AgnsGaudu et Franck Renaud (chefs de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39),Nak Desquesnes (Asie du Sud, 16 51), Franois Gerles (Asie du Sud-Est),Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chine, 17 47), Marion Girault-Rime (Australie, Pacique), Elisabeth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores), Kazuhiko Yatabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi(chef de service, 16 69), Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35),Pascal Fenaux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), PierreVanrie (Turquie) Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29),Hoda Saliby (Maghreb, 16 35), Chawki Amari (Algrie), Sophie Bouillon(Afrique du Sud) Economie Pascale Boyen (chef de service, 16 47)Sciences Anh Ho Truong (chef de rubrique, 16 40) Mdias MounaEl-Mokhtari (chef de rubrique, 17 36) Long courrier Isabelle Lauze (1654), Roman Schmidt (17 48) Insolites Claire Maupas (chef de rubrique,16 60) Ils et elles ont dit Iwona Ostapkowicz (chef de rubrique, 16 74)Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Mouna El-Mokhtari (rdactrice, 17 36), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), Mathilde Melot (marketing), Paul Blond (rdacteur, 16 65)Agence Courrier Sabine Grandadam (chef de service, 16 97)Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 1677), NathalieAmargier (russe), Catherine Baron (anglais, espagnol), Isabelle Boudon(anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), CarolineLee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier (chinois), JulieMarcot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais), Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais, espagnol),Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol), Leslie TalagaRvision Jean-Luc Majouret (16 42), Marianne Bonneau, PhilippeCzerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon, Philippe Planche,Emmanuel Tronquart (site Internet)Photographies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 16 41),Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53)Maquette Catherine Doutey, Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia,Josiane Petricca, Denis Scudeller, Jonnathan Renaud-Badet,Alexandre ErrichielloCartographie Thierry Gauth (16 70)Infographie Catherine Doutey (16 66)CalligraphieHlne Ho (Chine), Abdollah Kiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon)Informatique Denis Scudeller (16 84)Fabrication Patrice Rochas (directeur), Nathalie Communeau (direc-trice adjointe) et Sarah Trhin. Impression, brochage Maury, 45191Malesherbes. Routage France-Routage, 77183 Croissy-Beaubourg OntparticipcenumroGillesBerton,Jean-BaptisteBor,Isabelle Bryskier, Claire Charbit, Darya Clarinard, Sophie Courtois,Genevive Deschamps, Bernadette Dremire, Audrey Ducher, NicolasFresneau, Nicolas Gallet, Catherine Guichard, Nathalie Kantt, AndraKhoshkhou, Elodie Leplat, Miriam Manfrini, Ayla Maurel, ClineMerrien, Valentine Morizot, Albane Salzberg, Janine de WaardSecrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes : NatachaScheubel (16 52), Sophie Nzet (Partenariats, 16 99), Sophie Jan. GestionJulie Delpech de Frayssinet (responsable, 16 13), Nicolas Guillement.Comptabilit : 01 48 88 45 02. Responsable des droits Dalila Bounekta(16 16). Ventes au numro Responsable publications : Brigitte Billiard.Direction des ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit :Jrme Pons (0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diusion internationale :Franck-Olivier Torro (01 57 28 32 22). Promotion : Christiane MontilletMarketing Sophie Gerbaud(directrice, 16 18), Vronique Lallemand (16 91).Publicit M Publicit, 80 boulevard Blanqui, 75013 Paris, tl. : 0140 39 13 13. Directrice gnrale : Corinne Mrejen. Directrice dlgue :BruneLeGall.Directeurdelapublicit : AlexandreScher([email protected], 13 97). Directrice de clientle : SandrineLarairie ([email protected], 13 47), Kenza Merzoug ([email protected], 13 46), Hedwige Thaler ([email protected], 1407).Littrature : Batrice Truskolaski ([email protected], 13 80).Rgions : Eric Langevin ([email protected], 14 09).Annoncesclasses : CyrilGardre([email protected],13 03). Excution:GraldineDoyotte(0157283993) SiteInternet AlexandredeMontmarin ([email protected], 01 53 38 46 58).Modications de services ventes au numro, rassortsParis 0805 05 01 47, province, banlieue 0 805 05 0146Service clients abonnements : Courrier international, Service abonnements, A2100 - 62066 Arras Cedex 9. 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Grve gnrale en Belgique contre la politiquedaustrit.1erfvrierPour tenterderduirelesbouchons,Hanoi imposedeshorairesdecirculationauxlveset tudiants, ainsi quauxemploysdesadministrations.La prsidente du Brsil DilmaRousseff en visite Hati. Alors que le Brsil a rgularis2400Hatiens sans papiers,limmigration est au menu.28janvierOuvertureduMarchinternational delamusique(Midem) Cannes.29janvierFinduForumconomiquemondialdeDavos, consacrlagrandetransformation.30janvierSommet informeldeschefsdEtat et degouvernement delUnioneuropenneBruxelles.Leprojet detraitvisantrenforcer ladisciplinebudgtairedevrait clipser26janvierFestivalinternational deBDdAngoulme, jusquau29.Avecuneexpositionconsacreauprsident dujury,Art Spiegelman, lecrateurdeMaus.NicolasSarkozyreoit AlassaneOuattara,prsident ivoirien lElyse;il accueilleralelendemain ledirigeant afghanHamidKarza.27janvierJournedelammoiredelHolocauste, quimarquelejour delalibrationducampdAuschwitz.28janvier Premire confrencenationale du Parti communiste cubain,annonce comme exceptionnelle. Elle doit plancher sur le changement de mentalit, la limitation deuxmandats de cinq ans des dirigeantsou encore ladaptation auxnouvelles technologies. Objectif: ladaptation du parti son poque. Des rformescosmtiques, selon un opposant.AgendaContestationMarre de lindustrie agroalimentaire, nous voulons des fermes : plus 23000manifestants ont dl Berlin le 21janvier, jour de linauguration de la Semaine verte, selon la Sddeutsche Zeitung. Ce salon de lAgriculture devrait attirer 400000 visiteurs dici au 29janvier. dj adopte par lAssemble nationale.Il a massacr la dmocratie, lance la une le quotidien Hrriyet, avec unephoto de Nicolas Sarkozy. Le Premierministre Recep Erdogan a menac Parisde perdre un partenaire stratgique,rapporte le quotidien Zaman, tandisque lArmnie louait une initiativehistorique qui contribuera prvenirdautres crimes contre lhumanit. Le texte de loi sanctionne dun an de prison et de 45000euros damende la ngation de tous les gnocidesreconnus par la France.IndeSalman Rushdie, ternel indsirableInform par New Delhi dune possible menace terroriste, lcrivainbritannique dorigine indienne Salman Rushdie a d annuler sa venueau festival indien de littrature deJaipur (Rajasthan), du 20 au 24janvier.Une honte nationale pour le quotidienThe Hindu, qui rvle que la menacea t invente par les autorits locales,apparemment incapables de faire face des groupes musulmans hostiles lauteur. Une lchet bien pratique,sexclame le magazine Open: pluttque de dfendre la libert dexpression,New Delhi prfre apaiser son lectoratmusulman, avant dimportanteslections rgionales en fvrier. Au dbut du mois, lcole coraniqueindienne Uloom Deobandavait demandlannulation du visa delcrivain, auquel ellereproche ses Versetssataniques, publien1988 et toujoursinterdit en Inde.valides doce, trois candidats ont drunir 2millions de signatures. Il sagitde Grigori Iavkinski (parti dmocratiqueIabloko), Dmitri Mezentsev (gouverneurde la rgion dIrkoutsk) et du milliardaireMikhal Prokhorov (opposition). Pour les manifestants de dcembre qui contestaient le rsultat des lectionslgislatives, lenjeu, selon Moskovskinovosti, est de dnir une consigne de vote pour un candidat susceptibledobtenir un second tour face Vladimir Poutine.TurquieHaro sur la FranceLa presse turque sestdchane aprs le votepar le Snat franais, le 23janvier, de la proposition de loi pnalisant la ngation dugnocide armnienPlusieurs cinastes se sont opposs cette dcision, notamment le ralisateurAsghar Farhadi rcompens aux GoldenGlobes pour son lm Une sparation. La polmique sest amplie aprs la diusion sur le web dune vido danslaquelle lactrice iranienne GolshiftehFarahani dvoile sa poitrine. Les autoritsont dclar que ce geste montre la facecache et dgotante du cinma, selonlagence de presse Fars, proche du rgime. Bannie par la Rpubliqueislamique, Golshifteh Farahani vit enFrance et ne peut plus retourner en Iran.RussieQuels candidats face Poutine?La campagne pour la prsidentielle du 4mars a dbut ds la clture du dpt des candidatures le 18janvier.Outre les leaders des quatre partissigeant la Douma Vladimir Poutine,Guennadi Ziouganov, Vladimir Jirinovskiet Sergue Mironov aux candidaturesA suivreInternetLa World Web War est dclareLes hackers du collectif Anonymousripostent la fermeture du sitedhbergement de chiers Megauploadpar le FBI amricain, le 17janvier.Multipliant les attaques de dni de service, ils rendent momentanmentindisponibles les sites web dinstitutions.Les victimes se comptent par dizaines,dans plusieurs pays, comme la RecordingIndustry Association of America, le FBI,les ministres amricain et franais de la Justice, lElyse,etc. Le fondateurdu site Megaupload, connu sous le pseudonyme de Kim Dotcom, arrten Nouvelle-Zlande, a ni toute activitillgale et demand sa libration souscaution, rapporte le quotidien The Washington Examiner.Anonymous a promis dintensier ses attaques si ses revendications, parmilesquelles la remise en ligne de Megaupload, ne sont pas entendues.IranPril sur le cinmaLes autorits iraniennes sont sur tous les fronts. Elles ont ragi lembargoptrolier impos par lEurope lundi23janvier (voir CI n1106, du 12 au 18janvier) en en minimisant la porte.Pendant ce temps, Thran cherche touer le cinma indpendant. Le ministre de la Culture et de lOrientation islamique, MohammadHosseini, a ordonn la mi-janvier la fermeture de la Maison du cinma.6Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012AllemagneCubaRformes au programmeLes gensAhn Cheol-sooFaiseur de roisSisa Journal SoulLhomme a une indniable prsence,et cette qualit a su pourprovoquer un vritable sisme dans les milieux politiques o aucun politicien ne jouitaujourdhui de la mme popularitquAhnCheol-soo alors quil nest mme pasissu du srail. Les Sud-Corens suivent de prstout ce quAhnCheol-soo dit et tout ce quilfait. En lespace de quelques mois, il est devenule meilleur candidat potentiel la prochaineprsidentielle [en dcembre2012]. Il est au centre de leervescence qui monte au sein de la socit sud-corenne depuis la mi-2011.Aujourdhui directeur de la facult des scienceset des technologies de luniversit nationale de Soul, cet ancien mdecin et chefdentreprise g de 49ans a t dsign commehomme de lanne 2011 par les journalistes et les lecteurs de Sisa Journal. Son inuence ne fera probablement que crotre au cours de lanne 2012. Le syndrome Ahn Cheol-sootraduit avant tout les dicults de la socitsud-corenne: chmage des jeunes, absence de communication, comptition exacerbe,foss de plus en plus profont entre riches etpauvres, conit idologique, mance lgard des milieux politiques Ahn a littralement enamm la population, qui dsesprait de voirapparatre un jour quelquun qui prennela situation en main.Lespoir quelle place en lui sest transform envritable ferveur lors de la campagne lectoralepour la mairie de Soul en octobre dernier:alors quon lui prdisait plus de 50%des voix, il a renonc se prsenter au prot de ParkWon-soon candidatindpendant trs engag dans lactionsociale mais peu connu du public, qui nepouvait compter que sur 5% dintentions de vote et qui a triomph grce ce soutien. La popularit dAhnCheol-soo ne date pas dhier. Cela fait dj longtemps que gouvernement et opposition le courtisentpour diverses raisons, dont la principale est quil est trs apprci par les jeunes qui lui tmoignent une grande conance.Ils le considrent comme leur mentor, le citant comme modle dhommedaaires depuis lpoque o il dirigeait son entreprise[fabriquant des logiciels antivirus]. Ahn Cheol-soo a fait le tour du paysCe PDG gentil, homme de lanne 2011, reste enretrait de larne politique Ahn Cheol-soo.Dessin de Bertrams(Amsterdam) pour Courrierinternational.8 Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012Ils et elles ont ditMichal Boni, ministre de lAdministration et de laNumrisationpolonais CoincJai commelimpression quilny a pas eu de consultations. Je le regrette. Le gouvernementpolonais voulait signer Acta, lAccord commercialanticontrefaon, sans en informerlopinion publique. Pour protester, leshackers dAnonymous ont dtournle site web du gouvernement polonais en y dcrtant un tat de guerre sur Internet. (TVN24, Varsovie)Farid Al Dib, avocat de Hosni Moubarak PoteVous tes un aigle bless. Le chef des aigles gyptiensdurant la guerre contre Isral.Vous avez affront la mort et Dieu vous a sauv pour que vouspoursuiviez votre djihad. Extrait de son plaidoyer au procs de son client, qui se tient au Caire.Vous tes toujours le prsident de lEgypte, a-t-il assur lancienchef de lEtat destitu par la rvolution de la place Tahrir. (Elaph, Londres)Vladimir Poutine, Premier ministre de Russie Fair-playMoi, je ne vous en veux pas quand vous me couvrez demerde, a-t-il lanc AlexeVenediktov, rdacteur en chef de radio russe indpendante Echo deMoscou, lors dune rencontreavec les grands mdias russes.(RBK Daily, Moscou)Jimmy Carter, ancien prsident des Etats-Unis DcontractEt si lIran avait sa premire bombeatomique? Bon, daccord, les leaders religieux iraniens ontjur sur lhonneur quils nallaientpas la fabriquer. Sils mentent, je ne vois pas celacomme unecatastrophemajeure, parcequils nauront que deux ou troisobus. Isral en a probablementenviron300.(Time, New York)Sam Odio, nouveau millionnaire de la Silicon Valley GtIls savent sy prendre avec les geeks. Goldman Sachs lui a offert des billets pour lavant-premire du dernier Harry Potter, en guise dincitation coner la gestion de sa fortune personnelle la banque.(International Herald Tribune, Paris)Leonard Cohen, chanteur, compositeur et pote canadien (78 ans) NoviceJe ne comprends pas quoicorrespond la rincarnation,avoue cet ancien moine bouddhiste,mais si cela existe, jaimerais merincarner en chien de ma lle.(The Guardian, Londres) PHOTOS DRen organisant des dbats avec la jeunegnration. Il sest montr attentif ses griefs et la rconforte par ses conseils. Cette exprience de contact direct le servira sil se lance un jour en politique. La populationest assoie de changements, tant elle est duepar le pouvoir qui na pas russi rendre la socit plus juste ni plus comptitive. La majorit des Sud-Corens pensent que leurvie est loin dtre meilleure quavant. M.Ahn se fait remarquer par sa dirence avec le prsident Lee Myung-bak [conservateur, lu endcembre2007], explique SinYul, professeur de luniversit Myong-ji [ Soul]. Tous les deuxincarnent en eet des modles opposs du chefdentreprise: le prsident Lee reprsente le PDG mchant qui ne pense quau prot,M.Ahn un PDG gentil, proccup par le partage. Ce dernier a dclar faire don la socit sud-corenne de la moiti de ses actions du centre de recherche qui porteson nom , dune valeur estime quelque250milliards de wons [environ 170millionsdeuros]. Quel rle jouera-t-il lapproche de llection prsidentielle? Sil ne sest pas prononc sur son ventuellecandidature, il a catgoriquement exclu les possibilits de crer un parti politique ou de se prsenter aux lgislatives [davrilprochain]. Si lide persiste quil est le seulcapable de battre ParkGeun-hye [prsidente du Grand Parti national, celui de lactuelprsident, qui bncie de laura de son pre, lancien prsident ParkChung-hee], il sera probablement sollicit par tous les camps. An Song-moControverseNonIl faut croire et encourager lancien gnral, instigateur des rformes. The Irrawaddy Chiangmai (Thalande)Certes, le prsident Thein Sein est un ex-gnral et un desanciens hauts dirigeants de la junte. Certes, son gouverne-ment prtendument civil a t form lissue des lectionstruques de 2010. Beaucoup doutent en consquence de savolont mettre en uvre de vritables rformes. PourtantAung San Suu Kyi et dautres le dcrivent comme un hommehonnte et sincre, et la libration de prisonniers politiques apporte lapreuve on ne peut plus agrante que jusquici il a tenu ses promesses. Et cenest pas une mince aaire quand au sein de son gouvernement gurentdes tenants dune ligne dure qui, eux, souhaitent freiner des quatre fers.La libration [de prisonniers politiques] nest pas le premier gesteaudacieux mettre au crdit du prsident Thein Sein. Ko Ko Hlaing, quia servi dans larme sous ses ordres et qui est aujourdhui son principalconseiller politique, nous a con que, sous une apparente douceur, TheinSein est un homme dune grande dtermination. Aprs mre rexion, il prendses dcisions et sy tient. Lheure est donc venue daller de lavant. Pour la premire fois depuisdes dcennies, il semble que le peuple ait un dirigeant avec lequel il peutuvrer dans ce sens et qui est lui-mme prt uvrer de concert aveclui. La prochaine grande tape vers la rconciliation nationale sera lins-tauration dune paix durable avec les minorits ethniques en armes. Le12janvier, le gouvernement a avanc sur cette voie en signant un accordde cessez-le-feu avec lUnion nationale karen (KNU) [en lutte contre lepouvoir central depuis 1948]. Ne cdons pas la passivit. Au contraire,engageons-nous avec vigueur et encourageons le prsident et son gou-vernement aller encore plus loin et faire en sorte que les rformesdeviennent irrversibles.Le pays na peut-tre pas su voir dans la libration dAung San Suu Kyi[le 13novembre 2010, au lendemain des lections] un moment Mandela.Pourtant, depuis larrive au pouvoir de Thein Sein, le prsident et la damede Rangoon ont permis au pays de connatre une anne exceptionnelle.Souhaitons dsormais que 2012 soit marqu par dautres changements decette envergure et des rformes encore plus profondes en direction de ladmocratie et de lEtat de droit. Noublions cependant pas que la dtentionde prisonniers politiques et les combats dans les zones ethniques nauraienttout simplement jamais d avoir lieu. La libration de tous les prisonnierset la cessation des hostilits ne constituent au bout du compte quun retour la case dpart. Mais, pour une fois, le gouvernement birman tout au moinsune partie et le peuple se prsenteront ensemble sur cette case dpart. OuiAvec louverture, le gouvernement birman cherche surtout amadouer lOccident. Avec pour seul objectif de sassurerles dividendes des investissements trangers venir.Democratic Voice of Burma (extraits) OsloLa signature dun cessez-le-feu avec la rbellion karen et la lib-ration de 300prisonniers politiques ont mis srieusement malle cynisme de nombre dobservateurs qui doutent des rellesintentions du gouvernement birman. Rares sont ceux qui auraientpu prvoir ce qui sest droul le jeudi12 et le vendredi 13janvierpeut-tre la n de la guerre civile la plus longue du monde et lespectacle de centaines dicnes politiques rvres de retour chez elles aprsdes annes passes derrire les barreaux. Ctaient l deux exigences essentielles de lOccident qui, en consquence, est en passe de rviser sonattitude vis--vis du pays.Pendant des dcennies, le rgime a sembl faire un pas en avant puisdeux en arrire. Il donne dsormais limpression que son programme derformes est sincre. Cela dit, le chemin est encore long et il est ncessairede se mettre au travail sans attendre. Le fort battage autour de lamnistiene doit pas cacher quil ne sagit que dun acte symbolique qui ne signiepas grand-chose tant que le gouvernement na pas vritablement traduitdans les faits son discours, si sduisant soit-il.On serait en eet bien avis de temprer lenthousiasme ambiant, enparticulier compte tenu du fait que si le calibre des personnes amnistiestmoigne dune apparente audace de la part du gouvernement, moins de300prisonniers politiques ont t librs ce qui en laisse plus dun mil-lier encore dans les geles. La prudence simpose galement vis--vis ducessez-le-feu sign avec lUnion nationale karen (KNU).LOccident est dsormais sur le point de se ruer sur le pays. Le pouvoirbirman a, en apparence tout du moins, fait un pas pour satisfaire les exi-gences prioritaires des Etats-Unis et de lUnion europenne. En avril estprvu un rexamen des sanctions conomiques imposes par lEurope. Lorsdes quatre derniers mois, le Fonds montaire international a, quant lui,dpch deux quipes dans le pays pour laider redresser son conomiemal en point. Gabriele Khler, conomiste spcialiste du dveloppement,avertit toutefois dans The Guardian que ces rformes risquent de faire dela Birmanie le nouveau terrain de chasse des nolibraux dcids pousserle pays entre les gries de lOccident. LHistoire montre encore et encore queles mouvements populaires luttant pour les liberts individuelles, la dmocratie etles droits de lhomme sont souvent dtourns par une tendance visant introduirele capitalisme nolibral ou ouvrir le pays aux investisseurs trangers.Une mise en garde qui ne manquera pas de rencontrer un certain chodans lEtat karen, o deux jours aprs la signature du cessez-le-feu, un satel-lite amricain a annonc la dcouverte dun gisement dor, le plus impor-tant du pays, prcisment dans les zones que les combattants karenspourraient quitter dans les mois venir. Cette dcouverte claire dunelumire cynique mais instructive le cessez-le-feu ainsi que les guerres encours dans le nord [en particulier dans lEtat kachin, frontalier de la Chine]:le gouvernement singnie prparer ces rgions riches en ressources pourles investisseurs qui accourront une fois que les rformes politiques aurontconvaincu les Etats-Unis et lEurope de lever leurs sanctions.Ces facteurs et dautres par exemple, Aung San Suu Kyi pourra-t-ellerellement peser dans un Parlement domin par larme? , de mme quela course la Birmanie qui a lieu, jettent un srieux doute sur lavenir dupays. Le paysage birman a certes chang radicalement et un espoir pointe.Mais les ds venir sont dsormais plus complexes et divers. Le mouve-ment pour la dmocratie devra sadapter. Son combat est loin dtre achev.Il devra le poursuivre pour traquer les violations, par lEtat, des droits quelon peut lgitimement attendre de toute dmocratie et que des liens plustroits avec lOccident contribueront clipser. Francis WadeContexteEn librant300prisonnierspolitiques le 13janvieret en signant, la veille,un cessez-le-feu avecla rbellion karen, le gouvernementbirman a donn un nouveau gage de taille de sa dtermination poursuivre louvertureet les rformes.Consquence: les Etats-Unis commelEurope sont deuxdoigts de leverpartiellement leurssanctions (lEuropesest ainsi accorde le 23 janvier sur laleve des restrictionsde visas pour lesdirigeants birmans) et de normaliser leursrelations avec lEtatparia voil peu.Lopposante historiqueAung San Suu Kyi,ociellementcandidate auxlections partielles du 1eravril prochain,est la premire louer la sincrit duprsident, lex-gnralThein Sein. Une position pousepar les exils du webzine The Irrawaddy. Son confrre en dissidence,Democratic Voice ofBurma, continue en revanche douterdes vritables desseinsdu pouvoir.Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012 9La perestroka birmane, simple poudre aux yeux? RETROUVER SUR leblogueur.arte.tvPAN, TES MORT !Enqute en Norvge et en Suisse, championne de la possession darmes...LE BLOGUEUR, LE MAGAZINEDE TOUS LES EUROPENSPRSENT PAR ANTHONYBELLANGERDIFFUSION LE 29 JANVIER 20.10

XAVIER BELLANGEREn couverture 10Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012Electionsamricaines Ilyapeu,ontenaitMitt Romneypourlegrandfavori linvestiture rpublicaine, le seul capabledebattreObamaennovembre. Ctaitoublier les divisions du Parti rpublicain. Lavictoire de NewtGingrich le 21janvier enCaroline du Sud relance la bataille au seinde la droite amricaine. A la grandesatisfaction du camp dmocrate.Qui peut battre Obama ?La victoire surprise de NewtGingrichen Caroline du Sud relance la course linvestiture rpublicaine. Son rival, MittRomney, devra batailler pour lemporter.National Journal (extraits) WashingtonEn remportant le 21janvier la pri-maire de Caroline du Sud face aufavori, MittRomney, NewtGin-grich est revenu dans la course linvestiture rpublicaine de ma-nire spectaculaire. Cette victoiresurprise plonge le Parti rpublicain dans une dou-loureuse et potentiellement longue priode din-trospection: lequel de ces deux hommes est-il enmesure de battre BarackObama?Humili et fragilis, MittRomney reste lefavori et le candidat a priori le mieux plac pourbattre le prsident sortant. Il na nanmoinsremport pour linstant quune seule primaire,celle du New Hampshire, et ne fait plus si bellegure. La polmique autour de sa feuille dim-pt et ses commentaires peu inspirs sur safortune jouent en faveur des dmocrates, quiseorcent de le prsenter comme un opportu-niste calculateur et sans convictions, prt toutpour se faire lire.De son ct, NewtGingrich est un gocen-trique invtr qui nhsite pas se comparer des personnages historiques comme AbrahamLincoln, Charles de Gaulle, le duc de Welling-ton, MargaretThatcher ou RonaldReagan.La liste est longue et pourrait bientt inclureJsus, vu le nombre de rsurrections politiquespar lesquelles il est pass depuis le dbut dela campagne.Une campagne incendiaireAbandonn par son quipe au printemps 2011 etcart par lestablishment rpublicain dans lIowa,Gingrich a un parcours qui tmoigne aujourdhuitant de sa rsistance que de sa volatilit. Ses plusproches collaborateurs lorsquil tait prsidentde la Chambre des reprsentants [de 1995 1999]se souviennent de lui comme dun thoricienbrillant, mais aussi comme dun leader totalementimprvisible. Beaucoup dentre eux sont aujour-dhui hostiles sa candidature. Lex-snateur dePennsylvanie, galement candidat linvestiturerpublicaine, RickSantorum, qui considre Gin-grich comme un de ses mentors, a mis le doigtsur la raison pour laquelle la majorit de lesta-blishment rpublicain nimagine pas Gingrichcandidat, et encore moins prsident. Newt est unami et je ladore, a-t-il dclar juste avant la pri-maire de Caroline du Sud. Mais il donne parfoislimpression quil va tout simplement exploser. On nepeut pas se permettre davoir un candidat comme a.Ds lors, comment stonner de voir les diri-geants rpublicains Washington et dans toutle pays envisager des scnarios auparavantinimaginables?Lapremiredeceshypothsesprvoitledsistement de RickSantorum et la marginalisa-tion de RonPaul au prot de MittRomney et deNewtGingrich. Tournant au duel, la course lin-vestiture rpublicaine pourrait se conclure dedeux manires: rapidement, si Romney lemportelargement lors de la prochaine primaire, qui setiendraenFloridele31 janvier,ouaprsunelongue agonie, si Gingrich simpose (ou sinclinede justesse) en Floride.Quel que soit le scnario, cest Romney quigagne. La plupart des stratges rpublicains luidonnent 80% de chances de lemporter.Autre possibilit, bien quimprobable: Gin-grich dcroche linvestiture rpublicaine aprsunecampagneincendiairedanttouteslesconventions. Noublions pas que le Parti rpubli-cain, comme la politique amricaine en gnral, ararement t aussi peu soucieux des conventionsquaujourdhui. Si lex-candidat HermanCain apu transformer la tourne promotionnelle de lunde ses livres en campagne prsidentielle depremier plan, si lhomme daaires new-yorkaisDonaldTrump a pu faire une perce dans les son-dagesavantderenoncerseprsenteretsiSarahPalin a longtemps fait gure de candidatesrieuse, comment pourrait-on carter NewtGin-grich, un homme lambition dvorante?Zone de turbulencesEnn,dernierscnariopossible,toutaussiimprobable: les rpublicains ne dsignent niGingrich ni Romney. Sil est vraisemblablementtrop tard pour voir un outsider entrer dans lacourse, les responsables rpublicains commen-cent parler de manire informelle dun accordngoci pour la dsignation de JebBush [anciengouverneur de Floride, frre de GeorgeJr.], deMitchDaniels [gouverneur de lIndiana depuis2005] ou de tout autre poids lourd du parti quinaurait pas particip aux primaires.Interrogs sur cette ventualit, plusieursresponsables rpublicains ne lui donnent que10% de chances, mme sils y seraient pluttfavorables.Le retour de Gingrich nen reste pas moinsremarquable. Il y a deux semaines encore, ilsemblait condamn alors que Romney avait tdclar vainqueur du caucus de lIowa, avaitremport la primaire du New Hampshire etavait plus de dix points davance dans les son-dages en Caroline du Sud. Cest alors que toutCourrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012 11Trois scnarios pour une pre batailleCafouillagelectoral dans lIowaCest nalement RickSantorum, anciensnateur dePennsylvanie, qui aremport le caucusrpublicain de lIowale 3 janvier devant Mitt Romney, pourtantproclam vainqueur le soir du vote. Le nouveau rsultat de lIowa, certi parle Parti rpublicain,montre que Santoruma devanc Romney de 34voix, mais les rsultats de 8 des1774 circonscriptionsde lEtat restentintrouvables. Le dpouillement nal, rendu public le 19janvier, a tout de mme accord la victoire RickSantorum avec 29839 voixcontre 29805 voixpour MittRomney.acommencdrailler :aprsrecomptage,Rick SantorumatdsignvainqueurdelIowa; le gouverneur du Texas, RickPerry, ajet lponge et sest dsist en faveur de Gin-grich, et Romney est entr dans une zone deturbulences aprs que les mdias ont rvlquil possdait des millions de dollars sur uncompte aux les Camans et considrait que ses300000dollars de cachet de confrencier nereprsentaient pas beaucoup dargent.Au lieu dtre le premier candidat avoirremport les trois premiers scrutins, Romneyna nalement remport quun Etat sur trois.Cest la premire fois dans lhistoire du Partirpublicain que trois candidats linvestitureremportent chacun un scrutin.La suite du calendrier des primaires resteplutt favorable lancien gouverneur du Mas-sachusetts, qui est en bien meilleure positionque Gingrich pour rassembler les 1144dl-gus ncessaires pour tre dsign candidatdu parti lors de la convention nationale qui setiendra Tampa Bay, en Floride, du 27 au30aot prochain.Contrairement Gingrich, Romney a uneexprience des responsabilits dans le secteurpriv.Jouissantdunerputationdhommemodr, il a relativement bien russi tant dansles aaires quen tant que gouverneur du Mas-sachusetts. Conclusion, lquipe de campagnede BarackObama considre Romney comme lavritable menace et croise les doigts pour lireprochainement en une des journaux: NewtGin-grich, candidat rpublicain la prsidentielle.Ron FournierSi Barack Obama a annoncds le mois davril2011 quilbriguait un second mandat,son rival rpublicain ne seradsign quau terme dunlong processus. Les lecteursdoivent en effet se prononcer Etat par Etat lors dlections primairesclassiques ou de caucus.Particularit du systmeamricain, ces caucus sontdes assembles populaireslocales o le vote se fait la plupart du temps mainleve. Cest le cas du caucusde lIowa, qui a ouvert la saison des primaires le 3janvier. Les prochainsscrutins prvus au calendrierrpublicain sont la primairede Floride le 31janvier, les caucus du Maine et duNevada le 2fvrier, et surtoutle Super Tuesday [SuperMardi] le 6mars, o desprimaires se droulerontsimultanment dans 11Etats.Dans certains Etats, le candidat arriv en tte duscrutin rcolte le vote de tousles dlgus ; dautres Etatsrpartissent leurs dlgus la proportionnelle. Seranalement retenu commecandidat du parti celui quirecueillera la majorit desvoix de ces grands lecteurs.Ce candidat sera investi au cours de la Conventionnationale rpublicaine,prvue du 27 au 30aot Tampa Bay, en Floride.Ct dmocrate, le prsidentBarack Obama tant seul en lice, des caucus et desprimaires sont tout de mmeorganiss, ces scrutinsservant de rptition gnraleavant la prsidentielle du 6novembre 2012.CalendrierPrimaires rpublicaines, mode demploi Mitt Romney et Newt Gingrichavant un dbat le 19 janvier Charleston, en Caroline du Sud. MC NAMEE/GETTY/AFPLe New York Magazinea choisi de mettre MittRomney, Barack Obama et Newt Gingrich en couverture de sonnumro du 23 janvier. Pour lhebdomadaire new-yorkais, la campagne de 2012promet dtre la plussanglante.En couverture Qui peut battre Obama ?12Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012Connaissez-vous les super-PAC, ces comits daction politique dun nouveau genre? Ils peuventrecevoir des dons sans limitesFinancial Times (extraits) LondresPas de doute, Rick Santorum est leplus prsidentiable des candidatsrpublicains: Il est jeune et dyna-mique. Il commence la journe en fai-sant50 pompes.Cestlegenrednergie dont le parti rpublicain abesoin en ce moment, souligne Foster Friess, mil-liardaire et gestionnaire dun fonds commun deplacement dans le Wyoming, qui nhsite pas joindre le geste la parole M. Friess a dores etdj sign un norme chque pour le Red, Whiteand Blue Fund, le super-PAC [comit dactionpolitique] qui soutient Rick Santorum, anciensnateur de Pennsylvanie, trs conservateur surles questions sociales et farouchement oppos lavortement, la contraception et au mariagehomosexuel. Mes dons dpasseront certainementle million de dollars, arme M. Friess.Il fait partie de ce petit groupe de milliardairesqui jouent, cette anne, un rle dmesur dans lacourse linvestiture rpublicaine en donnantdimportantes sommes dargent aux super-PAC.Cescomitsdactionpolitiquedunnouveaugenre sont apparus en 2010 la faveur dune dci-sion de la Cour suprme. Alors que la participa-tion du citoyen lambda au nancement de la viepolitique est plafonne 2500dollars par candi-dat,elleneconnataucunelimiteencequiconcerne les super-PAC, qui ne doivent pas avoirde lien direct avec les candidats.Sheldon Adelson, un magnat des casinos deLas Vegas, a donn la semaine dernire 5millionsde dollars au groupe Winning Our Future, quisoutient la candidature de Newt Gingrinch. Celalui a permis de faire dferler une vague de spotstlviss critiquant le favori, Mitt Romney, justeavant la primaire de Caroline du Sud du 21jan-vier. Jon Huntsman Sr, un milliardaire du secteurde la chimie, a quant lui choisi daider lanciengouverneur de lUtah qui nest autre que son ls,Jon Huntsman Jr, lequel a nalement dcid dejeter lponge le 16janvier.Toute cette activit modie la course lin-vestiture et pas dans le bon sens, en croire lesexperts. On se demande si ces milliardaires ne vontpas chercher tirer parti de tout cela, expliqueAnthony Corrado, professeur au Colby College.Il est certain que si leur candidat favori gagne, cesgnreux donateurs en bncieront par le biais depolitiques quils jugent importantes.Par le pass, la dance concernait les bund-lers, ces super-collecteurs de fonds qui levaientdimportantes sommes dargent pour les candi-dats, et qui taient rcompenss par des postesdambassadeurs ou autres. Mais aujourdhui, lesbailleurs de fonds nont mme plus organiserdes collectes. Ils nont qu signer un chque.Cela va crer une comptition entre les milliar-daires, qui vont chercher montrer combien ils sontLes milliardaires sinvitent dans la campagneimportants, analyse M. Corrado. Cest inquitantcar ce sont eux qui vont jouer un rle prpondrantdans la course la prsidentielle. Pourtant, FosterFriess insiste: il nattend rien en change de sescontributions. Pour moi, il sagit simplement dunepreuve damour pour mon pays, arme le milliar-daire qui depuis un bon moment soutient acti-vementdesprincipeschersaumouvementultraconservateur Tea Party .En selle, avec nous, pour dfendre les principesdes Pres fondateurs: la libre entreprise, les limitesconstitutionnelles au gouvernement, la responsabilitbudgtaire et les valeurs amricaines traditionnelles,clame son site Internet, qui le prsente, le Stet-son sur la tte, mont sur un cheval blanc. Le mil-liardaire se rend rgulirement dans le Coloradoaux runions prives organises par les frresKoch,desmagnatsdelindustrie,identiscomme les principaux bailleurs de fonds du TeaParty. L, ils laborent des stratgies pour faireavancer les causes ultraconservatrices. M. Friessaurait donn au moins 1million de dollars descauses soutenues par les frres Koch.Les super-PAC sont galement critiqus parcequils font traner en longueur la course lin-vestiture rpublicaine. De fait, par le pass, NewtGingrich et Rick Santorum auraient probable-ment dj d jeter lponge par manque de fonds.Mais Foster Friess arme quune bataille pluslongue ne fait quaider le candidat gagnant serenforcer, linstar de Barack Obama, qui avaitsubi un examen complet avant de battre sa rivale,Hillary Clinton, lors des primaires dmocrates de2008. Les candidats se bonient en passant par ceprocessus, arme-t-il.Les lecteurs, eux, vont devoir shabituer limplication des super-PAC, souligne MichaelToner, ex-prsident de la Commission lectoralefdrale. Les super-PAC sinstitutionnalisent de plusen plus, et ils sont l pour rester, dit-il. Je frissonnedj lide du nombre de spots de campagne nan-cs par les super-PAC que nous allons voir la tl-vision en septembre et en octobre. Anna FieldA la une Cest tout en nesseque lhebdomadaireThe New Yorkera choisi dillustrer, la mi-janvier, la guerre fratricide que se livrent lescandidats rpublicains.Millionnaires lun et lautre, les deux candidats rpublicainssoignent leur image doutsiders proches du peuple.Dans un discours clbrant sa victoiredu 21 janvier la primaire rpublicaine de Caroline du Sud, Newt Gingrich senest pris violemment aux lites deWashington et de New York qui, a-t-ildit, ne comprennent pas [le peuple], nesen proccupent pas, ne sont pas dignesde conance et visent ce quelesAmricains renoncent tre desAmricains. Il ny a rien de nouveau ni de particulirement original dans le faitde voir un candidat chercher sedistancier ainsi de lestablishment de la cte Est. Mais il est assez savoureuxde voir Newt Gingrich tenter de sepositionner en outsider.Newt Gringrich a accompli dix mandatsau Congrs de Washington [il futreprsentant de la Gorgie de 1979 1999] et t prsident de la Chambredes reprsentants de 1995 1999, soit deux doigts de la prsidence [le postede prsident de la Chambre desreprsentants vient en troisime lignedans lorganigramme du gouvernementamricain]. Autrement dit, il taitpratiquement au sommet de llite deWashington. Quant ses sarcasmes surllite de New York une allusion auxgrands mdias quil fustige depuis dessemaines, il convient de rappeler quelui-mme est un crivain prolique qui aun jour reu 4,5 millions de dollarsdavance sur recettes avant de devoir lesrestituer pour des raisons thiques. Etpoint nest besoin de mentionner quil afait fortune Washington (il a parexemple gagn 1,6 million de dollars en donnant des avis stratgiques Freddie Mac, la socit quasigouvernementale de renancementhypothcaire). En outre, Gingrich aime se prsenter comme un outsider touten sattribuant le mrite de ses succsdiniti. Il afrme par exemple avoircontribu crer des emplois avecRonald Reagan et Bill Clinton. Maiscomment a-t-il pu procder sil ne faisaitpas partie de llite? La rponse, biensr, est quil en faisait partie. Quelle quesoit leur part de russite et dchec, ses actes sinscrivent au cur de la viepolitique du pays o il volue depuis des annes. A ce stade de la campagne,les chances semblent encore du ct de Mitt Romney, qui dispose duneorganisation et de nancessufsamment solides pour lemporterdans les grands Etats. Mais ce qui auraitpu tre une simple promenade de santpour lancien gouverneur duMassachusetts sapparente aujourdhui un d. En lespace dune semaine, il a perdu deux des trois grandes bataillesquil semblait en mesure de gagner. Il na pas encore russi convaincre unemajorit de conservateurs, en particulierles conservateurs religieux, et il na pasrussi battre Gingrich. Un millionnaire,ancien dirigeant dune socit decapital-investissement, va doncaffronter un autre millionnaire, tnor de Washington et friand de pouvoir. Et, chose amusante, chacun deux vatenter de convaincre les lecteurs quilest, contrairement son rival, unvritable outsider proche du peuple.Los Angeles Times(extraits) Los AngelesHumeurRomney contre Gingrich: le duel de lestablishment Newt Gingrich. Dessinde Bill Day, Etats-Unis.CAGLE CARTOONSRedoutable en aaires, Mitt Romneya fait fortune en restructurant desentreprises. Son quipe de campagnemise sur cette rputation decacit,mais, pour certains, il nest quuncapitaliste sans piti.New York Magazine (extraits) New YorkEn aot 2011, Mitt Romney a pro-nonc un discours devant quelquescentainesdepersonnesdanslIowa. Selon plusieurs de ses amis,la rptitivit de la campagne len-nuie fortement, et cet ennui est lorigine du foss qui spare lhomme charisma-tique quils connaissent en priv de la gure mol-lassonne qui apparat souvent en public. Romney,bien sr, nest pas la seule personne lasse parcette campagne, et ce candidat, cens apporterson ecacit dhomme daaires la Maison-Blanche, peine susciter lenthousiasme. Aucours des prochaines dcennies, a-t-il dclar danslIowa, pour quilibrer notre budget, nous devons nousassurer que nous pourrons tenir les promesses enmatire de protection sociale. Il y a plusieurs faonsde le faire. Lune dentre elles consiste augmenter lesimpts des personnesDes entreprises! a-t-on alors cri dans las-sistance. Romney sest arrt net et sest tournvers les perturbateurs, lun deux tant un ancienprtre catholique g de 71ans. Bref, lincarna-tion de la morale. Des entreprises, a rpt quel-quun.Romneyaesquissunsourire.Lesentreprises sont des personnes, mon cher, a-t-il rtor-qu,duntonsansappel.Soudainement,desobjections ont fus de toutes parts. Bien sr, lesentreprises sont des personnes, a-t-il insist, avantde dvelopper sa logique:Tout ce que gagnent lesentreprises va en n de compte aux personnes. AlorsCette rponse rapide, lance avec naturelsemble avoir rvl le vritable Romney. Et bienque la presse ait prsent lpisode comme unebvue, lquipe de Romney na pas cherch touer laaire, bien au contraire, ils en ont faitun argument de campagne. Rtrospectivement,Romney est certes apparu comme un homme pri-vilgi, mais lincident a surtout rvl quelquechose de plus profond chez lui: sa propension idaliser le monde de lentreprise. Il a pass unebonne partie de sa vie dabord comme consul-tant en stratgie, puis comme PDG de la socitde capital-investissement Bain Capital per-fectionner lentreprise, en supprimer tous lesgrains de sable, pour en faire une machine co-nomique bien huile.250 millions de dollars de fortuneRomney est un homme daaires qui a connu unerussite extraordinaire et qui a accumul une for-tune personnelle de quelque 250millions de dol-lars [195millions deuros]. Mais, surtout, il arvolutionnlentreprise.Notreconomiearemarquablement volu au cours des annes1980, lorsque Wall Street a repris le contrle dessocits amricaines. Et Romney a dvelopp undes outils qui ont rendu cette mutation possible:il fait partie des premiers avoir utilis la proc-dure dacquisition dune socit pour en modi-er le fonctionnement au nom de lecacit.Le systme qui a merg de cette dcennieest plus souple et plus ecace que le systmedavant; mais il est en revanche moins galitaire,moinsstable,etplusbrutal.Cettevolutionntait pas invitable. Elle rsulte en partie din-novations dveloppes depuis un quart de siclepar une poigne dhommes daaires et, aujour-dhui, lun deux a des chances de devenir prsi-dent des Etats-Unis.En 1975, lorsque Mitt Romney a obtenu sondiplme Harvard, il fait partie des meilleurstudiants de sa classe et le conseil tait encoreun mtier neuf. Les trois plus prestigieux cabi-nets (aujourdhui comme alors: McKinsey, leBoston Consulting Group et Bain&Company)oraient une nouvelle approche de gestion desentreprises, quantitative et sophistique, pouraider lindustrie amricaine se moderniser. Ilsse considraient comme des intellectuels, et ilspayaient mieux que quiconque. Aussi Romneyt-il un choix de carrire vident lpoque: ildevint consultant, dabord au Boston Consul-ting Group, puis, trois ans plus tard, au sein deBain&Company.Son pre tait gouverneurPour les consultants de Bain&Company qui fai-saient la tourne des entreprises amricaines lore des annes 1980, la priode tait marquepar une grande dsillusion. Les cabinets de conseilespraient changer le monde en sappuyant surune approche quantitative aux antipodes de lamanire de faire des aaires lpoque qui taittrs paternaliste. Alors que la thorie voulait quechaque socit se concentre sur son cur demtier, la tendance tait plutt aux projets deconglomrats boiteux. Cesconsultantssonttoujoursdanslesaaires. Plusieurs dentre eux continuent tra-vailler pour Romney depuis quil sest lanc enpolitique. Ils sont immensment riches et bron-zs, actifs et pleins dentrain. A leurs dbuts, ilsntaient pourtant que des jeunes loups. Dansles annes 1960 et 1970, faire carrire dans les aairesntait pas un mtier bien vu, se souvient GeoreyRehnert, un des premiers associs de Bain. Lesmeilleurs faisaient mdecine, les autres faisaient dudroit. Les hommes de Bain voluent dans uneculture o rien ntait acquis. Personne ntait issudune famille riche, tous venaient du milieuCourrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012 13Le businessman qui vise la Maison-BlancheMittRomney, 64ans, ex-gouverneur duMassachusetts et candidat linvestiturerpublicaine en2008.Rpublicain modr,MittRomney sest droitisdepuis le dbut de lacampagne, quitte reniercertaines de ses ralisationspasses comme sa rforme dusystme de sant duMassachusetts. Il estaujourdhui attaqu pour sonmanque de rigueur idologiqueet sa fortune amasse la ttede la socit de capital-investissement Bain Capital. Le fait quil soit mormonreprsente un handicapsupplmentaire.NewtGingrich, 68ans, ancienprsident de laChambre desreprsentantsde 1995 1999.Artisan de larvolutionconservatrice de 1994,au cours de laquelle lesrpublicains ont regagn la majorit au Congrs deWashington, il est connu tantpour son franc-parler et sespositions conservatricesdcomplexes que pour sesaventures extraconjugales.Bien quayant fait toute sacarrire Washington, il seprsente aujourdhui commeun candidat anti-establishment an de sattirerle soutien des militants dumouvement ultraconservateurTea Party.RickSantorum, 53 ans,ancien snateur dePennsylvanie.Catholiqueintgriste, il a des positionstrs conservatrices surles sujets de socit antiavortement,anticontraception, antimariagehomosexuel et se prsentecomme la meilleure alternative linvestiture de MittRomneyet de NewtGingrich par le Partirpublicain.RonPaul, 76ans, dput du Texas. Celibertarien seprsente pourla troisime fois une lectionprsidentielle. Sa premire tentativeremonte 1988, en tant quecandidat du Parti libertarien, et sa deuxime 2008, lorsquila brigu linvestiture du partirpublicain. Isolationniste etantigouvernement fdral, il est soutenu par une partie du Tea Party.Bio expressQuatre personnalits, quatre tendancesA la uneLe prochain PDG de lAmrique ?sinterroge TheEconomist. Le programme desrpublicains. Romney :Jadore virer les gens.[Fire signie aussimettre le feu]. Santorumet Gingrich : Nousaussi. Sur le bcher :Homosexuels,clandestins, protectionsociale, etc. Dessin deTurner paru dans TheIrish Times, Dublin.CAI -NYT14DESSIN DE HAJO DE REIJDER, PAYS-BAS / CAGLE CARTOONSEn couverture Qui peut battre Obama ?14Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012 collgiale et certains proches le dcrivent encoreaujourdhui comme le PDG idal.En 1985, Tom Stemberg, un responsable dunsupermarch de Boston, eut lide de crer undtaillant vendant uniquement des fournituresde bureau. Le capital-risque de Boston tait unpetit monde et le jeune entrepreneur tomba rapi-dement sur Romney et ses 37millions de dollars placer. La plupart des gens trouvaient lide stu-pide, explique Stemberg. Mitt tait une exception etil prit la peine dtudier le projet.Et lide devint Staples [la chane disposeaujourdhui de plus de 2000 magasins traversle monde]. Aux premiers jours de Staples, les col-lgues de Romney chez Bain Capital graient len-treprise en employant des mthodes analytiques ilspassaientenrevuelenombredepetitesentreprises autour dun site potentiel, le tracroutier. Ils seoraient en outre de calculer quelletaille une commande devait atteindre avant quunclientpuisseexigersalivraison.Pendantdesannes, Romney sigea au conseil dadministra-tion de Staples, et sa socit gagna prs de septfois ce quelle avait investi dans lentreprise.Ce genre de coup, Romney et son quipe lontrptmaintesreprises,leplussouventenrachetant des socits. En 1986, Bain Capitalacquit Accuride, une liale de Firestone en di-cult qui produisait des pneus et des jantes decamion.Bainchoisitdoncderassemblerungroupe de responsables qui, auparavant, gagnaienten moyenne moins de 100000dollars et leur pro-posa des primes la performance. Novatrice, cetteapproche produisit des rsultats tonnants: lesdirigeants sempressrent de contribuer la ror-ganisation de deux usines tout en consolidant lesoprations avec dinvitables licenciements. Auretour des prots, ces dirigeants reurent 18mil-lions de dollars sous forme de participation auxbnces. En moins de deux ans, Bain Capitalavait obtenu un retour de 121millions de dollarspour un investissement de dpart de 5millions.Une couverture sant universelleDes universitaires ont tudi les rsultats obte-nus par ces socits de nancement par capitauxpropres depuis leur avnement. Ces analysesconcluent gnralement que les reprises oprespar ces socits amliorent la productivit etrduisent le nombre de salaris. En trois ans, audbut des annes 1990, selon lconomiste dePrinceton Henry Farber, environ 10% des cadressuprieursmasculinsblancsontperduleuremploi. Ceux qui ont conserv leur poste ont tra-vaill plus dur, et les avantages nanciers, jus-qualorsdistribustouslesniveauxdelahirarchie jusquaux cadres moyens, lont t enpriorit aux chelons suprieurs. En 1980, un PDGgagnait 35fois le salaire dun salari moyen. En2000, il empochait peu prs 300 fois plus.Elu gouverneur du Massachusetts en 2002,RomneypritTomStemberg,lefondateurdeStaples,danssonquipedetransition,etluidemanda sil avait des ides lui proposer. Alpoquecommeaujourdhui,Stembergtaitmembre du conseil dadministration du Centrehospitalier du Massachusetts. Il lui parla de tousces gens sans couverture mdicale qui encombraientles urgences. Lhpital tait oblig de les soigner.Il y avait une loi qui disait que toutes les compagniesdassurances devaient nancer la gratuit des soins.Ctait un systme compltement absurde. Je ne croyaispasqueRomneysesaisiraitdelaaire. Maislquipe du jeune gouverneur, au l de consulta-tions avec des spcialistes, a labor une solutionqui oblige presque chaque citoyen de lEtat dis-poser dune couverture, subventionnant ceux quine peuvent pas se le permettre. Trois ans et demiplus tard, Romney prsentait son plan de cou-verture sant universelle.La chute de lhistoire, cest que le plan quil aconcoct a servi de modle Obama, pour faireadopter une rforme fdrale de la sant en 2010.[Cette parent vaut aujourdhui Romney devives critiques venues de la droite de la droite]Mais ce qui distingue le plan de Romney de celuidObama,cestsonctpresqueaccidentel.Romney na jamais ambitionn damliorer le sys-tme de sant. Il a simplement cherch rglerun problme.Benjamin Wallace-WellsUn prophtemoderneDs lge de 14ans,Joseph Smith est sujet des visions. Aprs la publication du Livredes mormons, rcitgrav sur des plaquesen or que des anges lui auraient cones,le prophteautoproclam fonde,en 1930, lEglise deJsus-Christ des saintsdes derniers jours.Malgr lostracisme,elle fait rapidementdes adeptes. Smith estemprisonn, puis tuen 1844 par une fouleen colre, danslIllinois. Les mormonsquittent alorsmassivement cet Etatpour aller sinstallerdans lUtah. Depuis sa fondation, cettereligion prne unethique du travail trsstricte ainsi quungrand attachement la famille. Elle resteassocie lapolygamie, pratiquequi, bienquociellementabandonne en 1890, a cependant toujourscours dans certainescommunautsmormones radicales.Il y aurait aujourdhui14 millions de mormons dans le monde. Mitt Romney(au centre), lpoque o il tait PDG de Bain Capital.Mitt Romney est le premiermormon sapprocher si prsde la Maison-Blanche. Pourlemporter, il doit dsarmerles prjugs qui persistentcontre cette religion.Pour avoir fait uvredapostolat mormon enFrance [il fut missionnairedans la rgion de Bordeaux et Paris de 1966 1968], MittRomney connat bien lescombats difciles. Pascommode de prcher dansles bistrots parisiens unereligion exigeant lerenoncement la cigarette,au caf et lalcool.Comparativement, laconqute de la Maison-Blanche peut sembler facile.Pourtant, lappartenance lEglise de Jsus-Christ dessaints des derniers joursdemeure un obstacle.Environ 20% desrpublicains et 23% desprotestants dclarent linstitut de sondage Gallupquils ne soutiendraient pasun candidat mormon laprsidentielle. Certainschrtiens conservateurslexcluent catgoriquement,considrant la doctrinemormone commedangereusement sectaire ethermtique.La foi de Romney ne devraitpourtant pas poserproblme. Les prsidentssont lus pour leurs idespolitiques, leurs capacits deleader et leur caractre, nonpour leur religion.Parmi les conservateurs,cette opposition la religionmormone est cependantplus susceptible desattnuer que de serenforcer. Aucun opposantde Romney aux primaires nepeut exploiter cessentiments, du moins pasouvertement. Lanciengouverneur de lArkansasMike Huckabee a bien tentde le faire en 2008, mais il arapidement t forc deprsenter des excusespubliques [les deux hommestaient alors engags dans lacourse linvestiturerpublicaine]. LEglise deJsus-Christ des saints desderniers jours est laquatrime religion aux tats-Unis; les mormonsconstituent lun deslectorats conservateurs lesplus puissants du pays. Uncandidat rpublicain srieuxne peut tout simplement pasmener une campagne contrela religion mormone.Mais, si les objectionsconservatrices auxcroyances mormones deRomney vont probablementdiminuer, les critiques deslibraux athes vont sansdoute eurir. En effet, 27%des dmocrates afrmentaujourdhui quils nevoteraient pas pour unmormon. Alors, la foimormone de Romney aura-t-elle de limportance? Celadpend. Pour une bonnepartie de la droite, les idespolitiques niront parlemporter sur la thologie.Mais pour une partie de lagauche, lathismelemportera sur la tolrance.Michael Gerson, TheWashington Post (extraits)WashingtonReligionLe grand mchant mormon ouvrier ou de la classe moyenne; tous saufMitt Romney, dis-je. Son pre avait t prsidentdAmerican Motors Corporation [un construc-teur automobile aujourdhui disparu], gouver-neur du Michigan et membre du gouvernementNixon. Mme lui ntait pas si riche, insiste Reh-nert. Ce ntait pas un rentier. Peut-tre veut-ilsimplement dire par l que Romney nest pas unWasp. A lpoque, il parlait peu de son apparte-nance lEglise de Jsus-Christ des saints des der-niers jours. Aujourdhui, il plaisante parfois avecses collgues juifs en disant quils ont en commundtre des marginaux sur le plan de la religion.Une peur bleue de lchecA leurs dbuts, les consultants de Bain taientsouvent confronts un problme persistant:Bain tait un cabinet de conseil et un cabinet deconseil ne peut rien faire directement, expliqueDavid Dominik, ancien collgue de Romney. Lesconomistes Michael C. Jensen et William H.Meckling apportrent la solution: trouver lesfonds ncessaires et crer sa propre entreprise,une socit performante et ecace. Ce modleadopt par Bain Capital, Romney fut invit yparticiper en 1983.LanouvelleentreprisetaitlimagedeRomney par son obsession du dtail et de la pro-cdure. Mitt avait toujours peur que quelque chosenaille de travers, il ne prenait jamais de gros risque,se souvient un de ses collgues. Je pense quil avaitune peur bleue de lchec. Romney ne se fondejamais sur une thorie. Il se fait toujours lavocatdu diable et formule, jusqu lpuisement, toutesles objections possibles un projet jusqu cequmerge une solution faisant consensus. Tra-vailleuracharn,RomneydirigedemanireDR13 quelle considre comme un bilan impression-nant. Il va y avoir des moments stressants, macon un vtran de la campagne2008.La bonne nouvelle pour Obama, cest que lacourse sera peut-tre encore plus dicile pour sesadversaires. Tandis que les candidats rpublicainsont pass la dernire anne se donner en spec-tacle sur la chane de tlvision ultraconservatriceFox News, lquipe du prsident a mis sur piedavec calme et mthode une machine lecto-rale encore plus monumentale et plus ractive quecelle de2008, qui tait dj rvolutionnaire.Le principal avantage du prsident, cest letemps, ma expliqu son nouveau directeur decampagne, Jim Messina. Au cours des dix derniersmois, son quipe a pu se consacrer exclusivementaux prparatifs du scrutin de novembre, ce qui adonn au Parti dmocrate une longueur davancenon seulement par rapport 2008, mais gale-ment vis--vis des candidats rpublicains tropoccups se tirer dans les pattes pour sintres-ser la collecte de fonds et 0lorganisation deterrain. Nous avons maintenant des gens aux quatrecoins du pays. Ils font partie du systme depuis quatreou cinq ans, ils savent ce quils font, ils ont conanceen Obama et ils sont forms, souligne Jim Messina.Il sagit dun lment crucial de notre campagne.Examinons les chires de plus prs. A lheureactuelle,leQGdeChicagocompteplusde200salaris, soit deux fois leectif de GeorgeW.Bush en2004 et plus du double de celui ducandidat rpublicain Mitt Romney. M.Messina adj recrut une quipe de designers graphiques,une de merchandising et une autre de dvelop-peurs. Ces derniers travaillent sur une applica-tion ultrasecrte qui va permettre dassurer unsuivi des actions des bnvoles faisant campagnesur le terrain, depuis les oprations de porte--porte jusquaux conversations engages avec leslecteurs. En 2008, nous avions atteint ce degrdorganisation la n de la campagne des primaires,pas au dbut de lanne, souligne un vtran de ladernire campagne.Lhomme qui valait un milliardEn lespace de six mois, soit deux fois plus rapi-dement que lors de la campagne prcdente, lecandidat dmocrate a franchi le seuil symboliquedu million de donateurs. Prs de la moiti de lar-gentrcoltprovientdepetitsdonateurs(200dollars ou moins), une proportion beaucoupplus leve quen2008. Fin septembre, Obamaavait rcolt 15,6millions de dollars auprs desemploys du secteur nancier, soit plus que len-semble des candidats rpublicains. Au total, lacampagne dObama et le Comit national dmo-crate ont amass 242millions de dollars et lesexperts sattendent ce que cette somme atteigne1milliard de dollars dici novembre.Mais largent et les ressources humaines neservent rien si le message quils contribuent relayer nest pas pertinent. Lorsque jai interrogles principaux conseillers dObama au sujet deson problme dimage le fait quil soit carica-tur la fois comme un radical cryptomarxiste etcomme un intellectuel hautain, ils mont dabordservi les excuses habituelles: Vous savez, nousavons hrit dune conomie exsangue et nous avonsquand mme promulgu de nombreuses lois. Maisce nest pas le genre de cri de ralliement qui per-mettra de mobiliser de nouveau les jeunes et leslecteurs indpendants, des groupes cls dont lesoutien pour le prsident a chut depuis2008.Cest pourquoi Chicago est en train de mettreau point un nouveau message, plus combatif.Selon David Axelrod, le principal conseiller poli-tiquedObama,lastratgiepour 2012estdevanter les ralisations du prsident tout en recon-naissant que la population sintresse moins cequiatfait[qu] lafaondontnousetnosadversaires avons lintention de rpondre aux dsconomiques auxquelslaclassemoyenneestconfronte. En dautres mots, les lecteurs peu-vent sattendre des discours axs davantage surlavenir que sur un pass rcent et douloureux.De mme, ils assisteront des attaques sans mercicontre la croyance des rpublicains en unCourrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012 15Dans son quartier gnral de Chicago,lquipe de campagne du prsidentpeaune une stratgie encore plusambitieuse quen 2008. Reportage.Newsweek (extraits) New YorkLquipe de campagne du prsidentObama ne plaisante pas. Jai rcem-mentvisitsonquartiergnralChicago et je peux vous assurer per-sonnellement quelle ne plaisante pas.Ilyabienunetabledeping-pongbleue orne du logo de la campagne2012 au beaumilieu de la pice, une casquette orange du Dakotadu Sud portant linscription Big Cock Country[pays des gros faisans. Cock signie galementbite], une table de air hockey et une banane rastaen peluche, mais ne vous y trompez pas. Pendantma visite, un chaperon me suivait partout et enre-gistraittoutcequelesgensmedisaient.BenLaBolt, le porte-parole de la campagne dObama,et Stephanie Cutter, sa directrice de campagneadjointe, ont tous deux ferm la porte de leurbureau lorsque je suis pass devant. La seule foiso mon chaperon a accept de me laisser seul les-pace de quelques millisecondes, jai peine eu letemps de mapprocher dun tableau couvert degraphiques incomprhensibles quelle sest ins-tantanment matrialise mes cts. Dsole,vous navez pas le droit de regarder a, ma-t-elleannonc. Le lendemain, le tableau tait recouvertdun tissu.A Chicago, lambiance est tendueBref, on ne rigole pas au QG dObama. Le per-sonnel de campagne fait preuve de beaucoup degravit, quitte acher et l des pancartes inci-tant tre moins srieux.Mais on le serait moins. A dix mois de llec-tion prsidentielle, la cote de popularit du pr-sidentstagneauxalentoursde46 %.DepuisFranklin Roosevelt, en1936, aucun prsident nat rlu avec un taux de chmage suprieur 7,2% (le taux actuel est de 8,6%). De mme,depuis1956, aucun prsident na t rlu quandla croissance du PIB tait gale ou infrieure lacroissance actuelle (2%). Si aucun de ces obs-tacles nest insurmontable en lui-mme, Obamadoit faire face aux trois simultanment.Il nest ds lors pas tonnant que lambiance Chicago soit un peu tendue. Laura dont jouis-sait Obama lorsquil tait encore le candidat delespoir et du changement a t remplace parune aura dhomme politique beaucoup moinscleste. Qui plus est, en2008, Obama partait per-dant. Les membres de son quipe de campagnenavaient tout simplement pas le temps dtreanxieux; il y avait toujours un combat mener,une autre victoire impossible dcrocher lors deprimaires. Cette anne, il ny a quun rendez-vous:celui du 6novembre2012, date de llection pr-sidentielle. Et puisquils ont tout perdre, lesmembres de lquipe sont inquiets. Ils savent quela Maison-Blanche a eu du mal faire valoir ceVoyage au cur de la machine de guerre dObamaA la une Et sil perdait:The WashingtonMonthly se projette au mois de novembre2012 et imagine ce quoiles Etats-Unisressembleront en cas de victoire de lun ou lautre des candidatsrpublicains.Barack ObamaPrsident des Etats-Unisdepuis le 20 janvier 2009Age : 50 ansPrsident sortant, il part avec un net avantage. Depuis 1789 (premire lection prsidentielle amricaine), seuls neuf prsidents ayant brigu un second mandat nont pas t rlus.Il dispose dune remarquable machine lever des fonds. Fin dcembre 2011*, Obama et le Parti dmocrate avaient engrang 242 millions de dollars. L'objectif est datteindre 1 milliard de dollars dici au 6 novembre 2012.Trs vite aprs son entre en fonction, en janvier 2009, le taux de chmage a atteint les 10 %. Mais, depuis novembre 2010, cet indicateur est la baisse, une tendance qui valide le bilan conomique du prsident.* Les plus rcents chires disponibles.Dessin de Cummings, Londres Obama dans lesstarting-blocks. Dessin de Hajo deReijger, Pays-Bas.CAGLE CARTOONS16tager avec tous ceux quils connaissent. Elle leurdira de la partager avec leurs quatre amis Face-book qui rsident Lehigh Valley, en Pennsylva-nie, et qui sont proccups par la politique scaledu prsident.Le second constat, cest que les oprations enligne et sur le terrain devront tre beaucoup plusintgres quen2008. A lpoque, la campagneencourageait les supporters dObama se crerun prol sur un site de rseau social appel MyBa-rackObama.com. Si MyBO constituait une inno-vation il y a quatre ans, le site fonctionnait demanire beaucoup trop indpendante par rap-portlastructuredeterrainetFacebook,devenu, depuis, le premier rseau social mondial.M.Slaby a donc dcid de labandonner et derepartir de zro pour la campagne de2012.Smartphones et rseaux sociauxSi lquipe dObama na pas encore dvoil ce quiremplacera MyBO, jai tout de mme russi recueillir quelques indices lors de ma visite Chi-cago.Nousnecreronspasunnouveaurseausocial, ma dit une source bien informe. Vousnaurez pas besoin de crer un prol ni de tlchar-ger une photo. Les volontaires nauront qu seconnecter avec leur identiant Facebook pourdisposer dun accs immdiat tous les outils gn-ralement disponibles dans un bureau de campagne.Vous pourrez avoir tout a la maison, sur votre ordi-nateur et en temps rel, et demeurer inform de ce quefont vos amis et les membres de votre entourage. Lepersonnel de campagne bnciera quant luidun accs votre rseau damis Facebook et toute information que vous choisirez de saisir ausujet des lecteurs que vous contactez. De cettefaon, ma expliqu liniti, nous pourrons vousdemander dappeler telle personne, lami dun amipar exemple. Il y a beaucoup plus de chances quil selaisse persuader par quelquun quil connat que parun bnvole anonyme.Les smartphones constituent la dernire picedu puzzle technologique. La campagne de2008tait axe sur les SMS parce que ctait ce que laplupart des lecteurs pouvaient faire de mieuxavec leur tlphone. Or, aujourdhui, presque tousles portables permettent de surfer sur le Web, departagerdesvidosetdeseconnecteruncompte Twitter ou Facebook. En novembre der-nier, lquipe de campagne dObama a procd une refonte de son site internet pour quil appa-raisse et fonctionne de la mme faon sur PC,tlphone ou tablette. Ce ntait pas seulementune question desthtique. En eet, il est beau-coup plus facile pour les bnvoles dinscrire denouveaux lecteurs lorsquils sont en dplace-ment si le site sache correctement sur leursmartphone. Or, cette forme decacit peut setraduire par lobtention de voix supplmentairesau moment de llection. Cest du moins ce ques-pre lquipe dObama.Sur le terrain, les dmocrates se montrenttout aussi audacieux. Jeremy Bird, le directeur deterrain dObama au niveau national, ma claire-ment fait comprendre que lquipe de Chicago nese contentait pas de spculer sur dirents sc-narios, mais quelle sondait activement le terraindepuis un certain temps dj. Dans lIowa, parexemple, M.Bird et ses collgues ont fait tous lesprparatifs en vue des caucus dmocrates [Obamatant seul en lice, ceux-ci sont une pure forma-lit]. Les premiers salaris sont arrivs DesMoines [la capitale de lEtat] il y a presque deuxans et lorganisation de campagne dObama danslIowa avec ses huit bureaux, sa dizaine dem-ploys, sa centaine de bnvoles, ses 1280v-nements ociels, ses 4000conversations en tte tte et ses 350000appels aux supporters taitplus importante que celle de nimporte quel can-didat rpublicain.Rptitionavant novembreLes dmocrates ne se contentent pas de monterdes oprations dans les Etats o auront lieu lespremires primaires. En Caroline du Nord, lesvolontaires et le personnel de campagne dObamaont utilis la course la mairie de Charlotte, lavilleosetiendralaConventiondmocratede2012, comme une rptition gnrale pourllection de novembre. Ils ont pu tester leursmthodes pour optimiser le taux de participationet faciliter linscription des lecteurs dans un vri-table contexte lectoral. Il y avait des dlais respecter et le personnel devait tre concentr commeil devra ltre la n de lanne, explique M.Bird.Le jour de llection, Anthony Foxx, le candidatdmocratesortant,comptabilisaitplusde200000ap pels tlphoniques passs en sa faveur,soit dix fois plus que son rival. Ce qui lui a permisderemporterlescrutinavecuneconfortableavance. Des oprations semblables sont galementen cours dans plus dune dizaine dEtats cls,notamment lOhio et lArizona. Rcemment, unstratge rpublicain de Raleigh, en Caroline duNord, a con un journaliste du New York Times:Cest vrai, je lai vu de mes yeux. Jarrive du front etje peux vous dire quils ne plaisantent pas et quil vautmieux se tenir prts.Pendant ce temps, Chicago, les ternelsinquiets de lquipe de campagne dObama bos-sent dur pour sassurer que le prsident ne perdrapas la prsidentielle de2012 cause dune failledans lorganisation ou dune mauvaise utilisationdes technologies et grce eux, cela narriveraprobablement pas. Mais personne ne peut vri-tablement garantir que leurs mticuleux eortsde planication suront viter une dfaite. NiAxelrod. Ni Messina. Pas cette anne du moins.Si Mitt Romney remporte linvestiture du Partirpublicain, il sera beaucoup plus dicile pourObama dtre rlu. Si le soutien accord au pr-sident par les lecteurs hispaniques, qui sestrod depuis2008, ne rebondit pas, plusieurs desscnarios envisags par le directeur de campagnedObama risquent de tourner court. Et si le nou-veau message adress la classe moyenne nesut pas, les lecteurs indpendants pourraientdcider daccorder leur soutien aux rpublicains.Dslors,ilnestpastonnantquelquipedObama cherche tout matriser: moins on a decontrle sur une situation, plus on cherche lexercer dune main de fer. Andrew RomanoEn couverture Qui peut battre Obama ?16Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012A la une A contre-courant,Newsweek fait leshonneurs de sa couverture Barack Obama. Titr Pourquoi lescontempteurs dObamasont-ils si btes?, le dossier delhebdomadairedfend, point par point, le bilan du premier mandat du locataire de laMaison-Blanche.darwinisme social qui sappuie sur une ido-logie du chacun pour soi, conue, selon M.Axel-rod, pour sassurer que quiconque part avec unavantage puisse le multiplier alors que tous les autresdoivent pdaler de plus en plus vite pour le suivre.Quant au slogan de campagne, ce sera pluttNon, on ne devrait pas lire un rpublicain queOui, nous le pouvons [Yes, we can].Lquipe de campagne du prsident reconnattoutefois que ce nouveau message ninspirera pro-bablement pas la ferveur qui a permis Obamadobtenir son premier mandat. Il faudra faireencore plus deorts quil y a quatre ans pour opti-miser la participation lectorale et persuader leslecteurs daccorder leur soutien au prsident,tant sur internet que sur le terrain. Mais Jim Mes-sina est prt. Nous dploierons les eorts nces-saires. En comparaison, les moyens mis en uvrependant la campagne de2008 auront lair dappar-tenir la prhistoire, promet-il.Dans un coin sombre du QG de Chicago, plusdune dizaine de dveloppeurs sont assis sur degros ballons et pianotent sur des claviers noirs.Plusieurs dentre eux achent une pilosit facialeinhabituelle et des piercings. Ces dveloppeursont malgr tout t accueillis bras ouverts au1, PrudentialPlaza[ladresseduQGdecam-pagne].Depuisdesmoisdj,ilstententdercrirelecodedelacampagne crunepoque o liPhone nexistait pas, o Twitter taitencorebalbutiantetoFacebookfaisaitundixime de sa taille pour ladapter au paysagenumriquede 2012.Etilsontfaitquelquesconstats intressants.Le premier, cest que la campagne devra rus-sir traiter les gens comme des gens, expliqueMichael Slaby, responsable de lintgration et delinnovation,conditiondeseprocurerlesbonnes donnes. Ne demandez pas un citoyendsabus de lOhio quil vous donne de largent;courtisez-le dabord. Et ne vous adressez pas un partisan qui a fait un don de 5dollars au len-demain dun discours dObama de la mme faonqu un autre qui a donn le mme montant lasuite dun dbat rpublicain, car ils rpondent des motivations direntes. An de comprendrequi sont les lecteurs et ce que chacun dentreeux souhaite, M.Slaby et son quipe dveloppentactuellement un programme de modlisationinformatique permettant de passer au peigne nles schmas de comportement en ligne et horsligne. Avec lobjectif dobtenir le maximum din-formations sur les lecteurs pour personnaliserles interactions lies aux dirents aspects de lacampagne: les collectes de fonds, le volontariat,la persuasion et la mobilisation. Cest ce quilsappellent le microlistening [microprolage]. Leslecteurs que nous tentons de persuader, les dona-teurs que nous voulons sensibiliser et les bnvoles etsupporters que nous souhaitons pousser agir fonttous partie dun mme groupe de personnes, ma-t-il expliqu. Nous devons voluer an de pouvoircommuniquer avec eux de manire intelligente et int-gre. Nous pourrons ds lors mieux les couter, ce quinous permettra datteindre nos objectifs. En2012,lquipe de campagne dObama nenverra pas unevido ses partisans en leur demandant de la par-Cette anne, le slogan sera :Non, on ne devrait pas lire un rpublicain, plutt que :Oui, nous le pouvons Obama : Je taimetant . Sur le monstre :Dpenses nances parle dcit. Le public : Waouh ! Quelle voixincroyable. Lors dunecollecte de fonds NewYork, le 19 janvier,Obama a entonn unechanson dAl Green. Dessin de Nate Beelerparu dans The WashingtonExaminer, Etats-Unis.15 Latlas de 64 pages6,40 en plus deCourrier internationalChez votre marchand de journauxCourrier international peut tre vendu seul (3,50 )en partenariat avec :Le 2 fvrier avec Courrier internationalLatlas du crime organisTout un monde en cartesUne srie de 12 atlas propose paretObsques dun policier assassin Ciudad Jurez (Mexique)SHAUL SCHWARZ/GETTY IMAGES18Courrier international | n 1108 | du 26 janvier au 1erfvrier 2012Francesupplmentaire, un moment fort oppor-tun. Car laction intente contre Suez nepeut plus tre annule quen trs haut lieu.Par exemple si lon cone une personnecomptente la tche de monter un dossierpour ensuite mettre en avant le thme dela scurit juridique lors des ngociationsdu gouvernement hongrois avec le FMI etla Commission europenne. Le but: obte-nir que les socits franaises des eauxdeviennent intouchables.Suez a compris, il y a un an, quil fallaitque ses conits en Hongrie prennent unedimension internationale. Il a con untravail dexpertise Compass Lexecon, uncabinet de conseil amricain, dont le chargdaaires, Jonathan M. Orszag [doriginehongroise] est un intime des Clinton. Pen-dant la prsidence de Bill Clinton, Orszaga t conseiller conomique la Maison-Blanche, puis collecteur des dons de la Fon-dationClinton,ethautresponsableauCenter for American Progress (CAP), unthink tank proche de Hillary Clinton.Pour linstant, le cabinet de JonathanOrszag a juste tabli le montant dindem-nisation que les Franais vont essayer dob-tenirdelavilledePcspouravoirtcarts de la gestion des eaux de la ville parla municipalit: prs de 10milliards deforints de dommages et intrts (26,6 mil-lionsdeuros).Cestvidemmentunesomme extravagante, mais le but est din-timiderIstvnTarlsdanssabataillecontre Suez.Nous nen concluons pas quil existeun lobby franco-amricain des eaux, ni queJonathan M. Orszag a ractiv ses relationsavec les Clinton. Nous constatons seule-ment que, lautomne 2011, lambassadedes Etats-Unis Budapest sest enquise,tant par courrier que personnellement,auprs des autorits locales de Pcs et deleur avocat, Istvn Szab, de leurs inten-tions dans le procs qui les oppose Suez.Pourtant, en principe, lambassade amri-caine nest nullement concerne par lecontentieux Franais contre Pcs.Andrs Bdis1995 La Ville de Pcs (au sudde la Hongrie) cone Suez Environnement la gestion de ses eauxpour vingt-cinq ans.30septembre 2009La commune, dont leauest devenue lune desplus chres du pays,accuse Suez demalversations et prendle contrle desinstallations gres parPcsi Vizm Zrt, liale de Suez Environnement.Elle cone la gestion des eaux la rgiemunicipale TettyeForrshz Zrt.Mars2010 La Chambre decommerce et dindustrieavalise la ruptureunilatrale du contrat.27septembre 2011 La Cour suprme deHongrie casse larbitragede la Chambre decommerce et dindustrieet se prononce en faveur de Suez Environnement.Le cabinet CompassLexecon rclame26,6millions deuros dedommages et intrts.PrcdentA Pcs, un sujet explosif Dessin de Gourski paru dans Izvestia,Moscou.service public (distribution et traitement deseaux Budapest). Bien que la lettre prsi-dentielle ne mentionne aucune entreprise,on comprend clairement quelle parle deSuez et de Veolia. Ces entreprises grentrespectivement la Socit de distributiondes eaux et celle du Traitement des eauxd