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359 Indicateurs de Santé au Travail Arch Mal Prof Env 2006 JEUDI 1 ER JUIN contraintes biomécaniques et psycho-organisationnel- les du poste de travail du salarié. Résultats Même s’il est trop tôt pour tirer des résultats définitifs, nous pouvons déjà établir que les patients rencontrés présentent des scores de Névrosisme (instabilité émo- tionnelle) bien supérieurs à la moyenne. Conclusion Les résultats attendus de cette évaluation sont la mise en évidence d’éléments prédictifs et de facteurs de ris- que de chronicisation. Ceux-ci permettraient la mise en jeu de mesures mieux adaptées et plus précoces pour éviter au personnel soignant les conséquences difficile- ment récupérables du passage à la chronicité. C’est éga- lement une meilleure rationalisation des indications thérapeutiques. C’est enfin pour les médecins du travail la possibilité de fonder et vérifier leur décision concer- nant l’adaptation des agents à leur poste de travail. Évaluation du coût économique et social des lombalgies sur 10 ans F. DEBBABI 1 , L. NOUIRA 1 , H. KAMMOUN 2 , H. HADJ SALAH 2 , H. HATTAB 2 , A. CHARRADA 2 , K. REJEB 2 , N. MRIZAK 1 1. Service de pathologie professionnelle, Sousse, Tunisie 2. Caisse nationale de sécurité sociale (bureau de Sousse). Objectif Nous avons mené une étude épidémiologique portant sur les lombalgies accidentelles colligées sur une période de 10 ans par la Commission Médicale des Accidents du Travail et des Maladies Professionnelles de la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS), dans la région de Sousse. Le but de cette étude est d’analyser le coût économique et social des lombalgies communes accidentelles et d’évaluer ce fléau. Méthode Notre étude est une enquête épidémiologique de type rétrospectif portant sur les observations cliniques et financières des lombalgies des 362 observations recueillies sur une période de 10 ans (1995-2004). Résultats Le nombre total des journées de travail perdues était de 103 916, avec une durée d’arrêt de travail pour incapa- cité temporaire total de 362 jours (9,5 mois/patient). Le nombre de journées indemnisées pour incapacité totale temporaire était de 10 965 jours. Les séquelles étaient importantes (supérieures à 14 % dans 73,7 % des cas) corrélées à la modalité et la gravité de l’accident. Conclusion Le coût socio-économique élevé des lombalgies acci- dentelles justifie une prévention adéquate qui passe par l’éducation gestuelle et la formation à la manutention des individus. Critères décisionnels de la prescription des arrêts de travail : une enquête transversale en médecine générale B. FOURRÉ 1 , L. LETRILLIART 2 , P. VIOLET 1 , Y. MATILLON 3 1. Département de Médecine Générale, Université Claude Bernard Lyon 1 2. Université Claude Bernard/Hospices Civils de Lyon 3. Laboratoire d’analyse des systèmes de santé, Département d’information médi- cale, Hospices Civils de Lyon. Objectif Évaluer les éléments médicaux et les éléments contex- tuels déterminant la prescription d’un arrêt de travail, ainsi que les modalités de négociation avec le patient de cette prescription. Méthode Étude transversale conduite entre janvier et avril 2005, auprès d’un échantillon randomisé de médecins géné- ralistes de la région Rhône-Alpes. Il était demandé aux médecins d’inclure les cinq premiers patients auxquels ils prescrivaient un arrêt de travail. Résultats Quarante-neuf médecins ont participé à l’étude, et ont inclus 239 patients. La prescription de l’arrêt de travail était initiale dans 68,2 % des cas, alors qu’il s’agissait d’une prolongation dans 31,8 % des cas. L’âge moyen des patients auxquels était prescrit un arrêt de travail était de 39,8 ans, et le sex ratio F/H de 1,07. Ils appar- tenaient plus souvent à la catégorie socio-profession- nelle des employés (41,8 %), comparés à la population française (28,8 %, p < 10 -7 ). La durée médiane des arrêts de travail était de 6 jours, la durée médiane cumulée (incluant les périodes antérieures dans le cas des prolongations) étant de 7 jours. Les éléments médicaux justifiant l’arrêt de travail étaient uniques pour 89,5 % des prescriptions, et ils correspondaient le

Critères décisionnels de la prescription des arrêts de travail : une enquête transversale en médecine générale

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Page 1: Critères décisionnels de la prescription des arrêts de travail : une enquête transversale en médecine générale

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Indicateurs de Santé au Travail

Arch Mal Prof Env 2006

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contraintes biomécaniques et psycho-organisationnel-les du poste de travail du salarié.

RésultatsMême s’il est trop tôt pour tirer des résultats définitifs,nous pouvons déjà établir que les patients rencontrésprésentent des scores de Névrosisme (instabilité émo-tionnelle) bien supérieurs à la moyenne.

ConclusionLes résultats attendus de cette évaluation sont la miseen évidence d’éléments prédictifs et de facteurs de ris-que de chronicisation. Ceux-ci permettraient la mise enjeu de mesures mieux adaptées et plus précoces pouréviter au personnel soignant les conséquences difficile-ment récupérables du passage à la chronicité. C’est éga-lement une meilleure rationalisation des indicationsthérapeutiques. C’est enfin pour les médecins du travailla possibilité de fonder et vérifier leur décision concer-nant l’adaptation des agents à leur poste de travail.

Évaluation du coût économique et social des lombalgies sur 10 ans

F. DEBBABI1, L. NOUIRA1, H. KAMMOUN2, H. HADJ SALAH2, H. HATTAB2, A. CHARRADA2, K. REJEB2, N. MRIZAK1

1. Service de pathologie professionnelle, Sousse, Tunisie2. Caisse nationale de sécurité sociale (bureau de Sousse).

ObjectifNous avons mené une étude épidémiologique portantsur les lombalgies accidentelles colligées sur unepériode de 10 ans par la Commission Médicale desAccidents du Travail et des Maladies Professionnellesde la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS),dans la région de Sousse. Le but de cette étude estd’analyser le coût économique et social des lombalgiescommunes accidentelles et d’évaluer ce fléau.

MéthodeNotre étude est une enquête épidémiologique de typerétrospectif portant sur les observations cliniques etfinancières des lombalgies des 362 observationsrecueillies sur une période de 10 ans (1995-2004).

RésultatsLe nombre total des journées de travail perdues était de103 916, avec une durée d’arrêt de travail pour incapa-

cité temporaire total de 362 jours (9,5 mois/patient). Lenombre de journées indemnisées pour incapacité totaletemporaire était de 10 965 jours. Les séquelles étaientimportantes (supérieures à 14 % dans 73,7 % des cas)corrélées à la modalité et la gravité de l’accident.

ConclusionLe coût socio-économique élevé des lombalgies acci-dentelles justifie une prévention adéquate qui passe parl’éducation gestuelle et la formation à la manutentiondes individus.

Critères décisionnels de la prescription des arrêts de travail : une enquête transversale en médecine générale

B. FOURRÉ1, L. LETRILLIART2, P. VIOLET1, Y. MATILLON3

1. Département de Médecine Générale, Université Claude Bernard Lyon 12. Université Claude Bernard/Hospices Civils de Lyon3. Laboratoire d’analyse des systèmes de santé, Département d’information médi-cale, Hospices Civils de Lyon.

ObjectifÉvaluer les éléments médicaux et les éléments contex-tuels déterminant la prescription d’un arrêt de travail,ainsi que les modalités de négociation avec le patientde cette prescription.

MéthodeÉtude transversale conduite entre janvier et avril 2005,auprès d’un échantillon randomisé de médecins géné-ralistes de la région Rhône-Alpes. Il était demandé auxmédecins d’inclure les cinq premiers patients auxquelsils prescrivaient un arrêt de travail.

RésultatsQuarante-neuf médecins ont participé à l’étude, et ontinclus 239 patients. La prescription de l’arrêt de travailétait initiale dans 68,2 % des cas, alors qu’il s’agissaitd’une prolongation dans 31,8 % des cas. L’âge moyendes patients auxquels était prescrit un arrêt de travailétait de 39,8 ans, et le sex ratio F/H de 1,07. Ils appar-tenaient plus souvent à la catégorie socio-profession-nelle des employés (41,8 %), comparés à la populationfrançaise (28,8 %, p < 10-7). La durée médiane desarrêts de travail était de 6 jours, la durée médianecumulée (incluant les périodes antérieures dans le casdes prolongations) étant de 7 jours. Les élémentsmédicaux justifiant l’arrêt de travail étaient uniquespour 89,5 % des prescriptions, et ils correspondaient le

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29e Congrès national de médecine et santé au travail

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plus souvent à un problème ostéo-articulaire (26,8 %),respiratoire (24,7 %) ou psychologique (15,5 %). Aumoins un élément contextuel ayant contribué à ladécision de prescription était rapporté pour 50,2 % desarrêts de travail, le plus souvent de nature profession-nelle (incapacité physique [56,6 %] ou psychologique[25,0 %]) ou sociale (20,0 %). La durée médiane cumu-lée de l’arrêt était de 13,5 jours lorsque existaient deséléments contextuels versus 4 jours en leur absence(P < 10-4). Le médecin et le patient étaient à l’originede la décision de prescription de l’arrêt de travail dansrespectivement 45,6 % et 18,9 % des cas, alors que ladécision était rapportée comme partagée pour 35,5 %des prescriptions. Le médecin et le patient étaient àl’origine de la détermination de la durée de l’arrêt detravail respectivement dans 66,1 % et 6,3 % des cas,alors que cette détermination était rapportée commepartagée pour 27,6 % des prescriptions.

ConclusionAu delà des critères médicaux, des critères contextuels,notamment professionnels ou sociaux, influencent ladécision de prescription des arrêts de travail, ainsi queleur durée. Des recommandations de pratique prenanten compte ces critères pourraient faciliter la négocia-tion entre le médecin et le patient autour de la prescrip-tion et de sa durée.

Dépistage du diabète en médecine du travail chez les salariés volontaires des sites de Sanofi-Aventis en France

B. BAUDUCEAU1, G. CHARPENTIER2, E. ESCHWEGE3

1. Hôpital d’instruction des Armées2. CH Gilles de Corbeil3. Inserm Villejuif.

ObjectifIntroduction : Le diabète de type 2 est un problèmemajeur de santé publique et sa prévalence en Franceestimée à 3 % va probablement augmenter dans lesannées à venir en raison notamment de l’augmentationde la prévalence de l’obésité (Principes de dépistage dudiabète de type 2. ANAES, Février 2003). Or la préva-lence du diabète méconnu en France est évaluée à 1 %(1), d’où l’intérêt des programmes de dépistage du dia-bète.

MéthodeEntre février 2004 et mars 2005, les salariés non itiné-rants des sites participants de Sanofi-Aventis en

France se sont vus proposer de bénéficier d’un dépis-tage du diabète réalisé dans le cadre de leur visitemédicale annuelle. Le médecin du travail réalisait desglycémies capillaires (GC) en utilisant le lecteur « onetouche de Lifescan » chez les salariés volontaires. Si laGC était > = 1,10 g/l, le médecin du travail prescrivaitune glycémie veineuse à jeûn (GAJ1) ou une deuxièmeglycémie capillaire à jeûn (GCJ). Si GAJ ou GCJ> = 1,26 g/l, une seconde glycémie veineuse à jeunétait prescrite (GAJ2). Le médecin du travail complé-tait un registre anonyme avec les données suivantes :âge, sexe, diabète connu (oui/non), participation audépistage (oui/non), valeurs des GC, des GCJ et desGAJ.

RésultatsOnze sites ont participé au programme ; 2 sites siège(activité tertiaire et 9 sites industriels). Sur les4 567 salariés contactés, 4 337 ont accepté de partici-per soit 95 %. Deux cent quatre (5 %) sujets étaientdiabétiques connus et 4 108 (95 %) non diabétiques,pour 25 sujets les données concernant la connaissancedu diabète ou la valeur de la GC étaient manquantes.Parmi les 4 108 sujets non diabétiques (âge moyen43 ans, 63 % d’hommes), 14 % (576 sujets) avaientune GC > = 1,10 g/l. Une GAJ ou GCJ a été réaliséechez 31 % (181/576). Trente et un sujets (17 %)avaient une valeur > = 1,10 g/l et parmi eux, 18(10 %) avaient une GCJ ou GAJ1 > = 1,26 g/l et seule-ment 4 sujets ont réalisé une 2e GAJ2 dont 2 étaientconfirmées > = 1,26 g/l. Cependant 318 sujets bienqu’ayant une GC < 1,10 g/l ont réalisé une GCJ ouGAJ1. Ces tests ont permis de dépister encore18 sujetsavec une valeur > = 1,10 g/l dont 2 avaient unevaleur > = 1,26 g/l mais qui n’a pas été confirmée parune 2e glycémie veineuse à jeûn. Au total 49 sujetsavaient une anomalie de la glycémie à jeûn dont 20très suspects de diabète, parmi eux 2 étaient confirmésdiabétiques.

ConclusionDeux tiers des salariés n’ont pas suivi les consignes decontrôle par une glycémie veineuse à jeûn alors qu’ilssont à risque de diabète. La glycémie capillaire à jeûn lematin pourrait être un moyen plus efficace pour dépis-ter le diabète en médecine du travail par rapport à uneglycémie capillaire faite à tout moment de la journée.Cependant il faudra tenir compte de la glycémie à jeûnde fin d’après midi souvent plus basse que celle dumatin.