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1043 Ann Dermatol Venereol 2005;132:1041-5 Actes : 2 e Semestre 2005 (p = 0,08). À M4, ces mêmes résultats persistaient, mais deux patients étaient perdus de vue (p = 0,11). Discussion. Notre étude confirme la prévalence élevée de l’infection anale latente chez le patient VIH positif. Nos résultats ne permettent pas de mon- trer un effet éradicateur de Pimiquir- nod sur le portage latent d’HPV au niveau anal. Cependant, en raison de la faible puissance statistique, une étu- de sur un plus grand nombre de pa- tients devra être réalisée. – Nécrolyse épidermique : évalua- tion des risques liés aux traitements anti-infectieux J.-P. FAGOT, C. VIBOUD, M. MOCKENHAUPT, A. FLAHAULT, J.-C. ROUJEAU ET LE GROUPE EURO- SCAR. Introduction. La nécrolyse épider- mique caractérise le Syndrome de Lyell (TEN), le syndrome de Stevens- Johnson (SJS) et les transitions entre ces deux formes. Traditionnellement, TEN est considéré comme étant causé par un médicament et SJS par un mé- dicament et/ou une infection. EuroS- CAR est une étude cas-témoins réalisée de 1997 à 2001 dans 5 pays Européens et Israël et fondée sur une détection active des cas survenant dans un réseau pré-établi de services hospitaliers. Elle avait pour objectifs de quantifier les risques de nouveaux médicaments suspects, de clarifier certains résultats et de chercher une interaction possible entre médica- ments et infections. Après validation diagnostique, à l’insu de toute donnée sur les facteurs de risque, 379 cas de SJS ou TEN ont été inclus dans EuroSCAR, ainsi que 1 505 témoins hospitalisés pour une maladie aiguë. Résultats. Les anti-infectieux à haut risque sont représentés par les sulfa- mides antibactériens et un antirétro- viral, la névirapine. Le risque relatif brut est de 102 (14-754) pour le cotri- moxazole et infini (22-) pour la né- virapine. Le délai entre la prise initiale et le début de la réaction est généralement de 8 à 16 jours. La re- présentation de ces délais sur un his- togramme a un aspect très comparable à celui des antiépilepti- ques à haut risque, alors que celle du paracétamol suggère un possible biais protopathique avec une impor- tante proportion des cas exposés en- tre 1 et 8 jours avant les premiers symptômes. De nombreux autres anti-infectieux (céphalosporines, qui- nolones, macrolides, cyclines et ami- nopénicillines) présentent un risque probable mais modéré. Les infections apparaissent comme un facteur de risque nul ou faible à l’exception du VIH et en fréquences comparables dans les 3 formes cliniques, TEN, SJS et transitions. L’interaction avec les infections n’est pas significative tant avec les anti-infectieux qu’avec les autres médicaments à haut risque. Conclusion. Cette étude a confirmé un risque élevé ou modéré de réaction cutanée grave en association à de nombreux médicaments anti-infec- tieux. Elle n’a pas montré de rôle favo- risant net des infections, ni dans le Lyell ni dans le Stevens-Johnson. CAS CLINIQUE Aspergillose disséminée avec atteinte cutanée chez un patient immuno-compétent V. ORLANDINI, V. DOMERGUE, B. COUPRIE, H. BEGUERET, M. BEYLOT-BARRY, C. BEYLOT, M.-S. DOUTRE (RÉSUMÉ NON PARVENU) SÉANCE DU JEUDI 10 NOVEMBRE 2005 MATIN THÈME : VÉCU DERMATOLOGIQUE – ÉPIDÉMIOLOGIE ET SANTÉ PUBLIQUE ORATEURS INVITES : Pr M. Mokni, Tunis Les spécificités des leishmaniose de l’ancien monde. Y. de Prost Les inhibiteurs de la calcineurine topiques : projets de recommandation de la FDA. P. Wolkenstein Qualité de vie et thérapeutique : un bon critère d’évaluation et de décision ? J.-F. Stalder Éducation thérapeutique : quel enjeu pour la dermatologie. COMMUNICATIONS – Dermatologie et réseau. Enquête auprès des services de Dermatologie T. BOYÉ (1), F. CARSUZAA (1), M.-A. RICHARD (2), J. BONERANDI (3), J.-J. GROB (3) Introduction. La loi du 4 mars 2002 [1] et ses décrets d’application définis- sent le terme de « réseau de santé », sa structure, son fonctionnement et son financement. Le mot réseau est dans tous les discours et cette modalité d’or- ganisation est présentée comme une réponse obligatoire aux besoins de santé de certains patients [2]. À l’occa- (1) Service de Dermatologie, HIA Sainte Anne, Toulon. (2) Service de Dermatologie, Hôpital Sainte Marguerite, Marseille. (3) Service de Dermatologie, Hôpital de la Timone, Marseille.

Dermatologie et réseau. Enquête auprès des services de Dermatologie

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Page 1: Dermatologie et réseau. Enquête auprès des services de Dermatologie

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Ann Dermatol Venereol2005;132:1041-5Actes : 2e Semestre 2005

(p = 0,08). À M4, ces mêmes résultats persistaient, mais deux patients étaient perdus de vue (p = 0,11).

Discussion. Notre étude confirme la prévalence élevée de l’infection anale latente chez le patient VIH positif. Nos résultats ne permettent pas de mon-trer un effet éradicateur de Pimiquir-nod sur le portage latent d’HPV au niveau anal. Cependant, en raison de la faible puissance statistique, une étu-de sur un plus grand nombre de pa-tients devra être réalisée.

– Nécrolyse épidermique : évalua-tion des risques liés aux traitementsanti-infectieux

J.-P. FAGOT, C. VIBOUD, M. MOCKENHAUPT, A. FLAHAULT, J.-C. ROUJEAU ET LE GROUPE EURO-SCAR.

Introduction. La nécrolyse épider-mique caractérise le Syndrome de Lyell (TEN), le syndrome de Stevens-Johnson (SJS) et les transitions entre ces deux formes. Traditionnellement, TEN est considéré comme étant causé par un médicament et SJS par un mé-dicament et/ou une infection. EuroS-CAR est une étude cas-témoins réalisée de 1997 à 2001 dans 5 pays

Européens et Israël et fondée sur une détection active des cas survenant dans un réseau pré-établi de services hospitaliers. Elle avait pour objectifs de quantifier les risques de nouveaux médicaments suspects, de clarifier certains résultats et de chercher une interaction possible entre médica-ments et infections. Après validation diagnostique, à l’insu de toute donnée sur les facteurs de risque, 379 cas de SJS ou TEN ont été inclus dans EuroSCAR, ainsi que 1 505 témoins hospitalisés pour une maladie aiguë.

Résultats. Les anti-infectieux à haut risque sont représentés par les sulfa-mides antibactériens et un antirétro-viral, la névirapine. Le risque relatif brut est de 102 (14-754) pour le cotri-moxazole et infini (22-∞) pour la né-virapine. Le délai entre la prise initiale et le début de la réaction est généralement de 8 à 16 jours. La re-présentation de ces délais sur un his-togramme a un aspect très comparable à celui des antiépilepti-ques à haut risque, alors que celle du paracétamol suggère un possible biais protopathique avec une impor-tante proportion des cas exposés en-tre 1 et 8 jours avant les premiers

symptômes. De nombreux autres anti-infectieux (céphalosporines, qui-nolones, macrolides, cyclines et ami-nopénicillines) présentent un risque probable mais modéré. Les infections apparaissent comme un facteur de risque nul ou faible à l’exception du VIH et en fréquences comparables dans les 3 formes cliniques, TEN, SJS et transitions. L’interaction avec les infections n’est pas significative tant avec les anti-infectieux qu’avec les autres médicaments à haut risque.

Conclusion. Cette étude a confirmé un risque élevé ou modéré de réaction cutanée grave en association à de nombreux médicaments anti-infec-tieux. Elle n’a pas montré de rôle favo-risant net des infections, ni dans le Lyell ni dans le Stevens-Johnson.

CAS CLINIQUE

– Aspergillose disséminée avecatteinte cutanée chez un patientimmuno-compétent

V. ORLANDINI, V. DOMERGUE, B. COUPRIE, H. BEGUERET, M. BEYLOT-BARRY, C. BEYLOT, M.-S. DOUTRE

(RÉSUMÉ NON PARVENU)

SÉANCE DU JEUDI 10 NOVEMBRE 2005 MATINTHÈME : VÉCU DERMATOLOGIQUE – ÉPIDÉMIOLOGIE ET SANTÉ PUBLIQUE

ORATEURS INVITES :

Pr M. Mokni, Tunis

Les spécificités des leishmaniose de l’ancien monde.Y. de Prost

Les inhibiteurs de la calcineurine topiques : projets de recommandation de la FDA.

P. Wolkenstein

Qualité de vie et thérapeutique : un bon critère d’évaluation et de décision ?J.-F. Stalder

Éducation thérapeutique : quel enjeu pour la dermatologie.

COMMUNICATIONS

– Dermatologie et réseau. Enquêteauprès des services de Dermatologie

T. BOYÉ (1), F. CARSUZAA (1), M.-A. RICHARD (2), J. BONERANDI (3), J.-J. GROB (3)

Introduction. La loi du 4 mars 2002 [1] et ses décrets d’application définis-

sent le terme de « réseau de santé », sa structure, son fonctionnement et son financement. Le mot réseau est dans tous les discours et cette modalité d’or-ganisation est présentée comme une réponse obligatoire aux besoins de santé de certains patients [2]. À l’occa-

(1) Service de Dermatologie, HIA Sainte Anne, Toulon.(2) Service de Dermatologie, Hôpital Sainte Marguerite, Marseille.(3) Service de Dermatologie, Hôpital de la Timone, Marseille.

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Société Française de Dermatologie Ann Dermatol Venereol2005;132:1041-5

sion de la mise en place d’un réseau régional d’onco-dermatologie nous avons souhaité faire l’état des lieux des réseaux en Dermatologie en France.

Matériel et méthodes. Tous les SD français ont été contactés par courrier en août 2003 avec un rappel (fax) en octobre 2003 pour non-répondeurs. Au total, 120 questionnaires ont été envoyés par courriers et 73 par fax. Le choix des questions correspondait aux éléments nécessaires à la constitution d’un dossier de création d’un réseau de santé selon les directives actuelles [1]. Elles concernaient l’historique, les aspects juridiques, la structure, le fonctionnement, le financement et les modes d’évaluation des réseaux.

Résultats. Nous avons recueilli 68 réponses. 23 SD (33,5 % des SD répondeurs) participent à un travail en réseau ; 12 (18 %) ont le projet d’y participer. Certains SD étant affiliés à plusieurs réseaux, l’analyse concerne 32 réseaux. La cancérologie est un des principaux pôles d’intérêt (47 % des réseaux). Vingt et un réseaux (65 %) ont vu le jour après 1996. L’initiative est le plus souvent hospitalière (90 %) et universitaire (69 %). Les réseaux sont régionaux ou départe-mentaux dans 2 cas sur 3. Cinquante pour cent des réseaux incluent des personnes à titre individuel et des éta-blissements. Us comptent de nom-breux praticiens libéraux (88 %). Ils ne s’appuient que dans 27 % des cas sur une loi 1901. Seuls 53 % déclinent une convention ou une charte consti-tutive. Le siège est dans plus d’un cas sur 2 dans un CHU. Il s’agit d’un ré-seau de médecins dans la majorité des cas (23/32). Une instance de pilo-tage ou scientifique est présente dans 1/2 cas. Les personnes occupant des fonctions clefs sont généralement élues (60 %). Des assemblées géné-rales existent dans 72 % des cas. Qua-torze réseaux fonctionnent sans recommandation ou pratique spécifi-que. La majorité ne dispose pas de dossier partagé. La communication se fait par courrier (81 %) ou par mail (68 %). Très peu disposent de fonds publics (25 %). Quarante-quatre pour cent fonctionnent sans moyen finan-cier. L’évaluation est quasi inexistan-te (5/32, 3 projets). Les bénéfices

attendus par les répondeurs sont l’amélioration de la prise en charge, la standardisation des procédures, la circulation de l’information et travail coopératif. La lourdeur administrati-ve est un point négatif. Seuls 5 SD en-visagent de nouveaux projets de réseau.

Discussion. Cette enquête, bien que non exhaustive (taux de réponse 57 %), et ne prenant pas en compte d’éventuels « réseaux » purement li-béraux, montre que la prise en charge en réseau de santé formalisé des pa-tients « dermatologiques » n’est pas très développée, et que la majorité des réseaux existants ne répondent pas aux critères élaborés par le législateur [1, 2]. Ceci est à regretter car, faute d’adaptation, la reconnaissance de certaines compétences peut disparaî-tre comme l’illustre le plan cancer : « Au terme de quatre ans, la pratique de la cancérologie devra s’inscrire obligatoirement dans le cadre des réseaux. »

Conclusion. Chacun peut légitime-ment annoncer qu’il travaille déjà en « réseau » avec un petit cercle d’inter-locuteurs mais, en raison des nom-breuses contraintes, l’approche du « réseau de santé » conforme au cadre législatif n’a pas suscité beaucoup de projets.

Références1. Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 codifiée auxarticles L 6321-1 et L 6321-2 du Code de la santépublique.

2. Plan cancer : une mobilisation nationale tousensemble. Le 24 mars 2003, disponible surwww.sante.gouv.fr.

– Expérience d’un hôpital de jourchirurgical en Dermatologie

H. HATUEL, E. DOMERGUE, S. NGUYEN, M. BUFFET, N. DUPIN, J.-P. ESCANDE et les Médecins de l’Hôpital de Jour chirurgical

Introduction. Notre service compor-te une unité d’hôpital de jour chirurgi-cal afin de prendre en charge la pathologie chirurgicale se situant en dehors des capacités d’une petite chi-rurgie de paraconsultation. Nous rap-

portons l’expérience de cette unité sur une période de trois mois. Matériel et méthodes

Il s’agissait d’une étude prospective portant sur tous les malades consécu-tifs pris en charge en hôpital de jour chirurgical dans un service de derma-tologie entre le 1er février 2004 et le 31 mai 2004. Les interventions étaient effectuées par trois chirur-giens plasticiens, cinq dermatolo-gues, un urologue, un gynécologue, un chirurgien ORL. Pour chaque pa-tient était remplie une fiche signaléti-que comportant les informations suivantes : l’âge, le sexe, les classifica-tions ASA et NYHA, la provenance du patient, le type d’anesthésie, le nom-bre, le type et la topographie des lé-sions, la durée du geste opératoire, la tolérance et l’existence ou non d’une hospitalisation post-opératoire.

Résultats. Au total, 403 patients ont été hospitalisés dans notre unité soit en moyenne cinq patients par jour. L’âge médian était de 54 ans (5 à 94 ans). Les patients étaient adressés principalement par la consultation dermatologique du service (N = 268 soit 66,5 %), représentant 2,75 % du total des patients vus en consultation, et par les dermatologues de ville (N = 109 soit 27 %). Les patients pré-sentaient entre 1 à 4 lésions, soit en moyenne 1,63 lésion par patient avec un nombre total de 656 lésions. Les principaux diagnostics étaient les suivants : 123 (19 %) carcinomes baso-cellulaires, 82 (12 %) kystes, 81 (12 %) condylomes, 67 (10 %) lipomes, 53 (8 %) naevus, 34 (6 %) néoplasies in-tra-épithéliales ano-génitales et 29 (4 %) mélanomes réalisant un total de 71 % des lésions retirées. Les topogra-phies étaient la tête et le cou pour 259 lésions (40 %), les muqueuses pour 156 lésions (23,4 %), les mem-bres pour 115 lésions (17,5 %) le tronc pour 108 lésions (16,5 %) et les ongles pour 15 lésions (2,6 %). Cinquante pa-tients (12,5 %) ont été opérés sous anesthésie générale (AG) soit une moyenne de 4 patients par semaine. Les principales indications des AG concernaient le traitement de lésions de la sphère ano-génitale chez 26 patients (52 %) et une lipostructure de Coleman chez 10 patients (20 %).

Dermatologie, Hôpital Tarnier-Cochin, Paris, France.