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Développements des publications en psycho-oncologie en France

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Page 1: Développements des publications en psycho-oncologie en France

ÉDITORIAL / EDITORIAL

Développements des publications en psycho-oncologieen France

Developments concerning psycho-oncology publications in France

M.-F. Bacqué

© Springer-Verlag France 2010

Depuis 2002, la revue Psycho-Oncologie a considérablementévolué. L’idée a pris corps dans les suites dramatiques du 11septembre 2001, alors que le congrès de la SFPO (Sociétéfrançaise de psycho-oncologie) accueillait à Caen de nom-breux collègues d’outre-Atlantique. La visite du mémorialdédié à la Seconde Guerre mondiale trouvait des échosindéniables chez les Américains et les Canadiens présents,à tel point que les visages marqués de ceux qui avaientvécu en direct l’attaque des tours avaient encore pâli enressentant le parallèle entre la dramaturgie de l’avènementde la domination nazie et l’inquiétude engendrée par ladémonstration des terroristes d’Al-Qaïda. Est-ce à la faveurd’une catastrophe envisagée que nos esprits ont franchi lepas de la création de Psycho-Oncologie ? L’idée était sansconteste en préparation ; cependant, un consensus s’estimmédiatement dégagé et a été suivi d’une réalisationconcrète dès le début de l’année 2002.

Des années sans aucun doute plus sereines allaient voirl’épanouissement de la revue. Les psychiatres et psycho-logues nord-américains ont été parrains et marraines de sanaissance. Aujourd’hui, ce n’est d’ailleurs pas sans humourqu’il est nécessaire de leur rappeler qu’ils n’ont pas été lespremiers à écrire en psycho-oncologie… Si le terme depsycho-oncologue est effectivement anglo-saxon, il n’a pasété adopté complètement par les Français, tant s’en faut !Nous avons bien compris qu’il s’agissait d’adjoindre uneforme de spécialisation cancérologique à la discipline psy-chologique ; cependant, si la nature des différents cancers,si la singularité de leurs traitements, si la richesse et la parti-cularité des représentations collectives et individuelles de cesmaladies entraînent une connaissance particulière, la méthodeclinique et son éthique, celles qui concourent à la rencontreavec une personne reste la même pour tous les patients.

Depuis 2002, nous avons affiné les diagnostics psycholo-giques et psychiatriques portés sur les patients atteints decancer, dans le but de multiplier les approches de patientsjadis oubliés, et surtout de trouver de meilleures indicationsthérapeutiques. Les nouveaux diagnostics portant sur lesdifficultés d’acceptation de la maladie, du traitement oumême de la guérison ont permis de relativiser la psychopa-thologie de patients qui présentaient des troubles de l’iden-tité, des syndromes anxieux, dépressifs, parfois délirants enrapport avec leur cancer. Même si ces patients avaient unefragilité antérieure, l’irruption du cancer pouvait se traduirepar un abandon dans la dépression, par un excès d’angoissequi aboutissait à l’arrêt ou au contraire à un surtraitement,par un tel changement de leur image du corps tant la perte derepère amenait une perplexité incompatible avec le contactrégulier avec l’équipe soignante.

La question diagnostique a donc été maintes fois posée aucours de numéros mémorables de la revuePsycho-Oncologie :les groupes (familles, malades, soignants), les différentstypes de cancer (cancers cérébraux, cancers génitaux,rectocoliques), les atteintes nouvelles (image du corps,troubles mentaux), les stades de la vie (adolescence, vieil-lissement), la politique de santé mais aussi l’injustice,l’inégalité, la précarité, les manifestations douloureuses,l’angoisse d’une grossesse débouchant sur le cancer,l’information, les représentations, la charge symbolique, laqualité de vie subjective… La prévention des cancers, maisaussi des abandons de traitement et des rechutes nous ontpermis de tisser le schéma d’une meilleure prise en charge,et tout dernièrement de concevoir un numéro spécial surles psychothérapies de patients atteints de cancer. L’accom-pagnement psychologique n’est plus ce suivi développépar des praticiens qui mettaient en place des entretiensspécialisés en fonction de leur rôle dans un service oud’un transfert dû au hasard d’une visite. Les colonnes dePsycho-Oncologie ont été le lieu non seulement d’observa-tions mais véritablement de l’élaboration d’une nouvellefaçon de prendre en considération les patients atteints decancer.

M.-F. Bacqué (*)Département de psychologie, université de Strasbourg,12, rue Goethe, F-67000 Strasbourg, Francee-mail : [email protected]

Psycho-Oncol. (2010) 4:S1-S2DOI 10.1007/s11839-010-0302-2

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La preuve en est aujourd’hui dans les colonnes de cenuméro électronique : les articles novateurs ont été si nom-breux cette année que plutôt que de faire attendre nos auteursjusqu’à l’année suivante, nous avons décidé de consacrer lesarticles qui ont été retenus par les experts à un supplément.Ce supplément électronique est en quelque sorte un test pourune parution plus fréquente de Psycho-Oncologie. Il estsurtout le signe d’une créativité redoublée chez les auteurs

qui, de plus en plus, mènent des recherches originales, appor-tent des observations précieuses, réfléchissent au système desanté et à l’évolution de notre société face au cancer.

Qu’ils soient remerciés pour leur participation à ce numéroexceptionnel qui, je le rappelle, présente les mêmes caracté-ristiques scientifiques que nos numéros habituels et lesmêmes possibilités de figuration dans les bases de donnéesinternationales et d’accès en ligne.

S2 Psycho-Oncol. (2010) 4:S1-S2