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Le modèle antique : une référence pour les artistes au XVIIe siècle ? Introduction L’histoire des arts est une nouvelle discipline d’enseignement à l’école primaire, instituée et définie dans le Bulletin officiel nº32 du 28 août 2008. Elle consiste en une approche croisée et interactive de tous les arts dans une perspective historique, culturelle et humaniste. Elle implique la « conjonction de plusieurs champs de connaissances ». L’enseignement de l’histoire des arts est fondé sur une approche pluridisciplinaire et transversale des œuvres d’art mais sans que les disciplines renoncent à leur spécificité. Elle se fonde sur trois piliers : cinq périodes historiques ; six grands domaines artistiques (les arts de l’espace ; les arts du langage ; les arts du quotidien ; les arts du son ; les arts du spectacle vivant et les arts du visuel) et une liste de référence pour l’école primaire. Dans ce dossier nous nous intéresserons à la période des temps modernes et plus particulièrement au XVIIe siècle. Cette période est particulièrement intéressante puisque, étant étudiée en Histoire en CM1, elle pose des bases solides permettant le rapprochement de plusieurs domaines artistiques. Etudier la période de Louis XIV permet de combiner les différents domaines artistiques qui doivent être travaillées au cycle 3 à savoir, les « arts du visuel », les « arts de l’espace », les « arts du son » et les « arts du langage ». Après avoir, dans une première partie, présenté les fondements scientifiques et les notions théoriques nécessaires à l’élaboration d’une séquence sur ce thème, nous décrirons avec précision la séquence élaborée. Les fondements scientifiques De tous les rois qui se sont succédé sur le trône, Louis XIV (1638- 1715) est l’un des rois qui a le plus marqué les esprits. En effet, le « Grand Siècle » de Louis XIV est incarné par l’image d’un roi absolu et d’un Etat tout puissant. Investi très jeune dans ses fonctions, éduqué par le Cardinal Mazarin, Louis XIV pose les fondements de l’absolutisme. Mais Louis XIV, le Roi Soleil se veut aussi protecteur des arts et des sciences. Peu réceptif aux activités classiques (mathématiques, latin, histoire), il est cependant passionné par les 1

Dossier Complet Histoire des Arts

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CRPE 2015Epreuve Orale HDA

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Page 1: Dossier Complet Histoire des Arts

Le modèle antique : une référence pour les artistes au XVIIe siècle ?

Introduction

L’histoire des arts est une nouvelle discipline d’enseignement à l’école primaire, instituée et définie dans le Bulletin officiel nº32 du 28 août 2008. Elle consiste en une approche croisée et interactive de tous les arts dans une perspective historique, culturelle et humaniste. Elle implique la « conjonction de plusieurs champs de connaissances ». L’enseignement de l’histoire des arts est fondé sur une approche pluridisciplinaire et transversale des œuvres d’art mais sans que les disciplines renoncent à leur spécificité. Elle se fonde sur trois piliers : cinq périodes historiques ; six grands domaines artistiques (les arts de l’espace ; les arts du langage ; les arts du quotidien ; les arts du son ; les arts du spectacle vivant et les arts du visuel) et une liste de référence pour l’école primaire.

Dans ce dossier nous nous intéresserons à la période des temps modernes et plus particulièrement au XVIIe siècle. Cette période est particulièrement intéressante puisque, étant étudiée en Histoire en CM1, elle pose des bases solides permettant le rapprochement de plusieurs domaines artistiques. Etudier la période de Louis XIV permet de combiner les différents domaines artistiques qui doivent être travaillées au cycle 3 à savoir, les « arts du visuel », les « arts de l’espace », les « arts du son » et les « arts du langage ». Après avoir, dans une première partie, présenté les fondements scientifiques et les notions théoriques nécessaires à l’élaboration d’une séquence sur ce thème, nous décrirons avec précision la séquence élaborée.

Les fondements scientifiques

De tous les rois qui se sont succédé sur le trône, Louis XIV (1638-1715) est l’un des rois qui a le plus marqué les esprits. En effet, le « Grand Siècle » de Louis XIV est incarné par l’image d’un roi absolu et d’un Etat tout puissant. Investi très jeune dans ses fonctions, éduqué par le Cardinal Mazarin, Louis XIV pose les fondements de l’absolutisme. Mais Louis XIV, le Roi Soleil se veut aussi protecteur des arts et des sciences. Peu réceptif aux activités classiques (mathématiques, latin, histoire), il est cependant passionné par les arts et excelle dans de nombreux domaines. Il s’intéresse à la peinture, à l’architecture, à la musique et surtout à la danse. Son règne personnel, qu’il entame en 1661, après 5 ans de régence assurée par sa mère Anne d’Autriche pendant la Fronde, sera marqué par une attention toute particulière portée aux arts, organisant fêtes, spectacles musicaux et dansants, assemblant une vaste collection de tableaux, mais s’intéressant également concrètement aux artistes. Il s’entoure avec discernement des meilleurs artistes de l’époque, dont Molière, Lully ou Racine. Pour ancrer son règne, Louis XIV fait construire le château de Versailles, meilleur symbole de son pouvoir et de son influence en Europe. Il y fait jouer des comédies, des tragédies lyriques et y organise également de somptueuses fêtes. C’est en 1653, avec le Ballet de la Nuit dont la musique a été composée par Lully que Louis XIV se révèle en y interprétant le rôle du Soleil. En effet la symbolique du Soleil est très importante. Le Soleil, c’est Apollon, dieu de la paix et des arts ; c’est aussi l’astre qui donne vie à toutes choses. A l’instar du dieu grec Apollon, Louis XIV ramène la paix, protège les arts. Apollon, divinité solaire, patron de la musique et des arts est une source d’inspiration pour l’ensemble du décor de Versailles où se mêlent les représentations et les attributs des dieux aux portraits et emblèmes royaux.

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Versailles fut une nouvelle Rome à plusieurs titres : par sa démesure, par les multiples références aux grands modèles de l’Antiquité. Au XVIIe siècle, l’Antiquité constitue un absolu indépassable et c’est pour renouer avec cette grandeur antique que Louis XIV a fait construire Versailles comme siège de son pouvoir mais également la raison pour laquelle il a choisi Apollon, dieu de la paix et des arts comme emblème. Ainsi il est important de faire découvrir aux élèves l’influence de l’antique qui a touché tous les champs artistiques, ainsi que cette fascination des dieux et des héros de la mythologie et de l’histoire antique.

Les arts

Ce sont ces attributs mythologiques que l’on retrouve dans l’œuvre réalisée par Jean Nocret en 1670, La famille royale de Louis XIV. La famille royale y est représentée en dieux gréco-romains. Encore une fois, Louis XIV apparaît en dieu du Soleil. Ses attributs sont de deux natures, la couronne de laurier fait référence au dieu des arts, Apollon, tandis que le trône et le sceptre sont des emblèmes royaux. Ce portrait de la famille royale est représentatif des grandes compositions de l’époque du XVIIe siècle. Depuis la Renaissance, la culture de l’Antiquité gréco-romaine est l’une des principales sources d’inspiration des artistes. Ce tableau, commandé par Louis XIV pour son château de Saint Cloud illustre la toute puissance du roi à cette époque, dont la renommée et les qualités égalent celles des dieux et héros de l’Antiquité. C’est la raison pour laquelle les décors du château et des jardins de Versailles s’inspirent de la légende d’Apollon. La sculpture française du XVIIe siècle et plus particulièrement les statues du parc de Versailles ont un équilibre classique et s’harmonisent parfaitement avec les antiques. À ce titre, le Char du Soleil, groupe central du bassin, réalisé par Jean Baptiste Tuby entre 1668 et 1671 est un autre exemple du mythe solaire d’Apollon, du rayonnement et de la splendeur du Roi Soleil. Le bassin par sa position dans l’axe central de la perspective depuis le château assure la transition avec le jardin. Cette sculpture présente le dieu surgissant de l’eau face au soleil levant, monté sur un char tiré par quatre chevaux.

On constate donc que les « arts visuels » à cette époque sont marqués par un retour au modèle antique, et plus particulièrement un retour aux divinités gréco-romaines qui symbolisent le pouvoir et la volonté de dominer le monde.

Cependant on retrouve ce même engouement pour l’antique jusqu’en architecture et notamment avec la façade monumentale de la Colonnade du Louvre dont Louis XIV confia la réalisation aux architectes Louis Le Vau et Claude Perrault. Les bâtiments classiques se distinguent par la recherche de la symétrie et de la rigueur géométrique. Les lignes sont droites et les surfaces sobres, par opposition aux constructions baroques qui se caractérisent par la présence de surcharges ornementales. La colonnade du Louvre, droite et imposante, symbolise la majesté et la rigueur classique. Elle marque la fin de la tentation du baroque. Ses volumes sont unifiés plutôt qu’interpénétré, ses lignes sont rigides et régulières et son horizontalité marquée. On y retrouve une habile application de l’ordre corinthien qui se caractérise par un chapiteau orné de feuilles d’acanthe. C’est notamment ces colonnes corinthiennes que l’on rencontre dans le temple d’Apollon à Bassae en Grèce ou encore à l’intérieur de la tholos de Delphes dans le sanctuaire d’Athéna. Tout dans cette architecture est un héritage de la codification de l’architecture classique et de l’influence de l’Antiquité.

Pour parler de la littérature française au XVIIe siècle, il est impossible de passer sous silence l’influence de Louis XIV. En effet, c’est pendant son règne que la vie culturelle a progressé de façon incomparable et il a su se faire entourer d’artistes d’une grande renommée. Jean de la

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Fontaine est un poète fabuliste français du XVIIe siècle. Il s’est inspiré des fables d’Esope, auteur grec du VIe siècle avant Jésus Christ, mais également du fabuliste latin Phèdre, pour ensuite les transposer dans le contexte culturel de son époque. Le paon se plaignant à Junon est la dix-septième fable du livre II extrait du premier recueil des Fables de la Fontaine (1668). Les origines de cette fable sont à chercher chez Phèdre, fabuliste latin qui rédigea Plainte du paon à Junon. Dans cette fable-récit, le paon est jaloux de la voix du rossignol alors qu’il a un très beau plumage. Jean de la Fontaine dénonce un défaut humain : celui de n’être jamais satisfait de ce que l’on a. Ainsi, il utilise un genre littéraire proprement antique, à savoir la fable, court récit en prose ou en vers, qui se targue d’instruire le lecteur en usant d’allégorie, de dialogue et d’humour afin de « corriger les mœurs » par la présence d’une morale. En outre ce retour à l’antique est également présent dans de nombreux opéras. Thésée est une tragédie en musique de Jean-Baptiste Lully, en 5 actes et un prologue, créée le 16 janvier 1677 à Saint Germain en Laye. Le livret de Philippe Quinault dont cette œuvre est tirée s’inspire de la mythologie grecque, des Métamorphoses d’Ovide, et plus particulièrement de la légende du Prince Thésée. Construite à l’image de la tragédie classique dont elle reprend la structure, la tragédie en musique ou tragédie lyrique offre un mélange des arts – théâtre, chant, musique et danse.

A travers tous ces arts du XVIIe siècle, on constate l’importance du modèle antique et sa signification pour les artistes. L’Antiquité est exemple de symétrie, d’équilibre et de grandeur et les artistes multiplient les allégories mythologiques. L’Antiquité a toujours fasciné et inspiré de nombreux artistes de toutes époques. Ainsi l’art antique sera toujours réinterprété au fil des siècles.

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