8
vendredi 18 décembre 2014 - 71e année - N°22080 - 2,20€ - France métropolitaine -www.lemonde.fr -- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Jérôme Fenoglio ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- DOSSIER SPÉCIAL SUR LA CORÉE DU NORD Corée du Nord, petit dragon Après la mise en place de mesures agricoles par Kim Jong-Un l’an passé, le pays voit peut-être le bout du tunnel que son voisin le Sud. Mais passé ce stade, les rôles se sont inversés quand une grande fami- ne a frappé le Nord et l’a laissé mourir peu à peu. C’est difficile à croire en voyant l’essor économique de la Corée du Sud aujourd’hui et la misère dans laquelle le Nord se retrouve. .Pourtant, tout n’est pas perdu même si c’est ce que laisse croire la presse occidentale quand elle évoque le pays. Avec l’arrivée du fils du défunt Kim Jong-Il, un nouveau plan pour remettre le pays sur pieds a été élaboré. Le 30 mai 2014, celui-ci a lancé de nouvelles mesures dans le but de relan- cer la production agricole en se concentrant sur la paysannerie, qui est le seul acteur pouvant nourrir tout le pays et faire en sorte de le sortir de la misère. Quand la famine s’est déclarée, les paysans ont pu survivre en mangeant tout ce qu’ils récupéraient dans la nature, à l’inverse des citadins. D’ailleurs, l’Etat central ne s’est jamais amélioré. Il y a eu une césure entre eux et les paysans n’ont plus jamais fourni l’Etat avec leurs récoltes. Jusqu’en 2002, c’est le gouvernement qui a continué à fournir 60% des provisions au reste de la population. Le rattachement des paysans à l’Etat Ainsi, Kim Jong-Un a décidé de mettre en place une nouvelle réforme pour tenter de réconcilier les agriculteurs avec l’Etat. La première réforme qui a vu le jour promettait aux paysans de gar- der 30% de leur production et de vendre les 70% restants. Mais le 30 mai 2014, le leader est revenu sur ses paroles pour garantir de leur laisser 60% de celles-ci, sans inclure leurs terrains privés. Dans cette même réforme on remet en ques- tion la gestion des rations des récoltes. On passe de la collectivisation à “l’unité familiale”. Avec ce nouveau système de rationnement, tous les membres qui se retrouvent dépendants d’un seul salaire sont considérés comme une unité. Cette réforme est censée être une manière pour l’Etat nord-coréen de renaitre de ses cen- dres. Le 29 juin dernier, l’Institut des recher- ches économiques de Hyundai a pu mettre à jour une forte augmentation du PIB de la Corée du Nord, d’environ 8% pour l’année 2014 par rap- port à 2013. Certains spécialistes sud-coréens vont même jusqu’à appeler le pays un “petit dra- gon” d’après cette récente montée économique. ADELINE SPRIET familles. Un enfant coincé au Sud, un mari resté au Nord, cela a été vécu par des millions de familles à la fin de la Guerre de Corée. Choix personnel ou triste conséquence, l’idée de revoir cette personne si chère à son cœur a hanté bon nombre d’esprits, et Des retrouvailles entre les deux Corées séparés en 1945. La péninsule coréenne qui, pendant 35 ans a été dirigée par le Japon après l’annexion de 1910, se retrouve libérée suite à la défaite de l’Empire Japonais à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L’ONU sépare le Nord et le Sud à la hau- teur du 38ème parallèle. Le Nord est confié à l’URSS, instaurant un système commu- niste sur le territoire, et le Sud aux Etats- Unis. Si cette administration étrangère ne devait être que temporaire, elle se retrouve (avec la Guerre Froide) prolongée jusqu’en 1948, lorsque des élections sont organisées. En Corée du Nord, Kim Il-Sung est nom- mé premier ministre de ce qui deviendra la République Populaire et Démocratique de Corée. Tandis qu’en Corée du Sud, un gou- vernement idéologiquement opposé se re- trouve élu. Les deux leaders se disent alors légitimes sur la péninsule entière. La péninsule coréenne, fin d’une histoire commune Les différentes idéologies du Nord et du Sud, chacune influencée par leurs alliés res- pectifs, et la volonté de faire de la péninsule un seul et même Etat, entraînent la Guerre de Corée dès 1950. Les situations des deux Corées sont cependant bien différentes. La Corée du Nord, qui a maintenant à sa tête un dirigeant militaire, qui est soutenu non seulement par l’URSS, mais aussi par la Chine, est un pays financièrement et mili- tairement fort. En opposition, la Corée du suite p.2 L a Corée du Nord jusque dans les années 80 était en autosuffisance et se portait mieux ce pendant des décennies. Du temps a passé, mais la blessure est toujours aussi vivace. .En octobre dernier, des réunions de fa- milles séparées ont été organisées dans les monts Kumgang en Corée du Nord, à l’occasion des sommets inter-coréens. Des centaines de Sud-Coréens choisis au hasard parmi 65 000 volontaires ont pu traverser la frontière pour une courte retrouvaille. Les Nord-Coréens qui se trouvaient aux réunions ont été choisis pour leur loyauté. Les familles réunies ont eu un total de douze heures pour discuter, échanger des cadeaux, et profiter, pour la grande majorité d’entre eux, d’une toute dernière rencontre. Les premières réunions avaient eu lieu en 2000 sous l’initiative du président Kim Dae-Jung, qui avait mis en place une poli- tique dite du “rayon de soleil” et qui cher- chait à recréer un lien entre les deux moitiés. Mais depuis plusieurs années, les rencontres s’étaient faites moins récurrentes du fait d’une dégradation des relations Nord-Sud. PAULINE MASSOL Un retour sur les traces de la Corée du Nord 1910 - 1945 : occupa- tion japonaise 1948 : élections au Nord et au Sud 1950 - 1953 : guerre de Corée Années 60 : rapide croissance industri- elle au Nord 1991 : entrée à l’ONU des deux Corées Mi-années 90 : chute sur le plan économique 1996 : la famine 2000 : premier som- met intercoréen 2003 : retrait du traité sur la non-pro- lifération des armes nucléaires 2008 : dégradation des relations Nord- Sud 2014 : début d’une économie de marché L a séparation des deux Corées a en- trainé le déchirement de bien des L e Nord et le Sud, qui ne faisaient à une époque qu’un seul tout, se voient REPORTAGE : la Corée du Nord vue de l’intérieur, p. 4 INTERVIEW : de retour de ce pays hors du commun, p.5 ÉCONOMIE : un récent essor touristique, p.6

Dossier spécial sur la Corée du Nord

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Réalisé par Pauline Massol, Adeline Spriet, Chiara Vuillaume (INALCO, Paris, 2016).

Citation preview

Page 1: Dossier spécial sur la Corée du Nord

vendredi 18 décembre 2014 - 71e année - N°22080 - 2,20€ - France métropolitaine -www.lemonde.fr -- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Jérôme Fenoglio- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Dossier spécial sur la corée Du norD

Corée du Nord, petit dragonAprès la mise en place de mesures agricoles par Kim Jong-Un l’an passé, le pays voit peut-être le bout du tunnel

que son voisin le Sud. Mais passé ce stade, les rôles se sont inversés quand une grande fami- ne a frappé le Nord et l’a laissé mourir peu à peu. C’est difficile à croire en voyant l’essor économique de la Corée du Sud aujourd’hui et la misère dans laquelle le Nord se retrouve. .Pourtant, tout n’est pas perdu même si c’est ce que laisse croire la presse occidentale quand elle évoque le pays. Avec l’arrivée du fils du défunt Kim Jong-Il, un nouveau plan pour remettre le pays sur pieds a été élaboré. Le 30 mai 2014, celui-ci a lancé de nouvelles mesures dans le but de relan- cer la production agricole en se concentrant sur la paysannerie, qui est le seul acteur pouvant nourrir tout le pays et faire en sorte de le sortir de la misère. Quand la famine s’est déclarée, les paysans ont pu survivre en mangeant tout ce qu’ils récupéraient dans la nature, à l’inverse des citadins. D’ailleurs, l’Etat central ne s’est jamais amélioré. Il y a eu une césure entre eux et les paysans n’ont plus jamais fourni l’Etat avec leurs récoltes. Jusqu’en 2002, c’est le gouvernement qui a continué à fournir 60% des provisions au reste de la population.

Le rattachement des paysans à l’Etat

Ainsi, Kim Jong-Un a décidé de mettre en place une nouvelle réforme pour tenter de réconcilier les agriculteurs avec l’Etat. La première réforme qui a vu le jour promettait aux paysans de gar-der 30% de leur production et de vendre les 70% restants. Mais le 30 mai 2014, le leader est revenu sur ses paroles pour garantir de leur laisser 60% de celles-ci, sans inclure leurs terrains privés. Dans cette même réforme on remet en ques-tion la gestion des rations des récoltes. On passe de la collectivisation à “l’unité familiale”. Avec ce nouveau système de rationnement, tous les membres qui se retrouvent dépendants d’un seul salaire sont considérés comme une unité. Cette réforme est censée être une manière pour l’Etat nord-coréen de renaitre de ses cen-dres. Le 29 juin dernier, l’Institut des recher-ches économiques de Hyundai a pu mettre à jour une forte augmentation du PIB de la Corée du Nord, d’environ 8% pour l’année 2014 par rap-port à 2013. Certains spécialistes sud-coréens vont même jusqu’à appeler le pays un “petit dra-gon” d’après cette récente montée économique. • Adeline Spriet

familles. Un enfant coincé au Sud, un mari resté au Nord, cela a été vécu par des millions de familles à la fin de la Guerre de Corée. Choix personnel ou triste conséquence, l’idée de revoir cette personne si chère à son cœur a hanté bon nombre d’esprits, et

Des retrouvailles entre les deux Corées

séparés en 1945. La péninsule coréenne qui, pendant 35 ans a été dirigée par le Japon après l’annexion de 1910, se retrouve libérée suite à la défaite de l’Empire Japonais à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L’ONU sépare le Nord et le Sud à la hau-teur du 38ème parallèle. Le Nord est confié à l’URSS, instaurant un système commu-niste sur le territoire, et le Sud aux Etats-

Unis. Si cette administration étrangère ne devait être que temporaire, elle se retrouve (avec la Guerre Froide) prolongée jusqu’en 1948, lorsque des élections sont organisées. En Corée du Nord, Kim Il-Sung est nom-mé premier ministre de ce qui deviendra la République Populaire et Démocratique de Corée. Tandis qu’en Corée du Sud, un gou-vernement idéologiquement opposé se re-trouve élu. Les deux leaders se disent alors légitimes sur la péninsule entière.

La péninsule coréenne, fin d’une histoire commune

Les différentes idéologies du Nord et du Sud, chacune influencée par leurs alliés res-pectifs, et la volonté de faire de la péninsule un seul et même Etat, entraînent la Guerre de Corée dès 1950. Les situations des deux Corées sont cependant bien différentes. La Corée du Nord, qui a maintenant à sa tête un dirigeant militaire, qui est soutenu non seulement par l’URSS, mais aussi par la Chine, est un pays financièrement et mili-tairement fort. En opposition, la Corée du

suite p.2

L a Corée du Nord jusque dans les années 80 était en autosuffisance et se portait mieux

ce pendant des décennies. Du temps a passé, mais la blessure est toujours aussi vivace. .En octobre dernier, des réunions de fa-milles séparées ont été organisées dans les monts Kumgang en Corée du Nord, à l’occasion des sommets inter-coréens. Des centaines de Sud-Coréens choisis au hasard parmi 65 000 volontaires ont pu traverser la frontière pour une courte retrouvaille. Les Nord-Coréens qui se trouvaient aux réunions ont été choisis pour leur loyauté. Les familles réunies ont eu un total de

douze heures pour discuter, échanger des cadeaux, et profiter, pour la grande majorité d’entre eux, d’une toute dernière rencontre. Les premières réunions avaient eu lieu en 2000 sous l’initiative du président Kim Dae-Jung, qui avait mis en place une poli-tique dite du “rayon de soleil” et qui cher-chait à recréer un lien entre les deux moitiés. Mais depuis plusieurs années, les rencontres s’étaient faites moins récurrentes du fait d’une dégradation des relations Nord-Sud. • pAuline MASSol

Un retour sur les traces de la Corée du Nord

1910 - 1945 : occupa-tion japonaise

1948 : élections au Nord et au Sud

1950 - 1953 : guerre de Corée

Années 60 : rapide croissance industri-elle au Nord

1991 : entrée à l’ONU des deux Corées

Mi-années 90 : chute sur le plan économique

1996 : la famine

2000 : premier som-met intercoréen

2003 : retrait du traité sur la non-pro-lifération des armes nucléaires

2008 : dégradation des relations Nord-Sud

2014 : début d’une économie de marché

L a séparation des deux Corées a en-trainé le déchirement de bien des

L e Nord et le Sud, qui ne faisaient à une époque qu’un seul tout, se voient

• reportAge : la Corée du Nord vue de l’intérieur, p. 4 • interview : de retour de ce pays hors du commun, p.5 • ÉconoMie : un récent essor touristique, p.6

Page 2: Dossier spécial sur la Corée du Nord

Sud se retrouve avec un gouvernement faible, une armée inexpérimentée et un soutien bien moindre de leur allié les Etats-Unis.

La Guerre de Corée, une blessure qui les marquera tous à jamais

Staline, qui avait auparavant rejeté l’idée avancée par Kim Il-Sung d’envahir le Sud, accepta en 1950 lorsque ce dernier reçut l’aide militaire chinoise de Mao pour attaquer. L’armée nord-coréenne enva-hit la quasi-totalité du Sud, qui ne résiste plus qu’à partir d’une petite poche de résistance au littoral à Busan. L’aide octroyée par l’ONU permet à l’armée sud-coréenne de reprendre le dessus et de récupérer le terrain perdu jusqu’au 38ème parallèle. La guerre, prenant fin en 1953, a coûté 10% de sa population à la Corée du Nord, et a séparé des millions de familles. L’armistice de Panmunjeom de juillet 1953, signé par la Corée du Nord, la Chine et l’ONU instaure la DMZ, la zone démilitarisée se situant entre les deux Corées. La Corée du Sud n’a cependant rien signé, ne mettant pas réellement fin à la guerre et n’entraînant aucun traité de paix jusqu’à ce jour.

Une Corée du Nord puissante et industrialisée une fois la guerre passée

Après la guerre, c’est tout d’abord une Corée du Nord forte qui s’établit. Bien plus puissante que la Corée du Sud de l’époque, qui a une santé économique et politique des moins glorieuses. Une industrialisation est annoncée par Kim Il-Sung, qui mentionne le juche, ou l’auto-suffisance, comme le nouveau modèle du pays.

C’est donc une nouvelle Corée du Nord qui se construit, qui produit sa propre nourriture et sa technologie, remplissant ainsi tous les besoins do-mestiques par ses propres moyens. La construction d’une armée forte reste cependant l’un des points principaux du gouvernement nord-coréen. Dans les années 60, la Corée du Nord se retrouve coincée entre le conflit de la Chine et de l’URSS.

Souhaitant rester neutre pour profiter des deux grands pouvoirs, elle se retrouve soudainement sans aide de la part des soviétiques, qui considèrent que celle-ci penche plus du côté de la Chine. C’est dans les années 70 que les choses se com-pliquent et que l’économie nord-coréenne prend un mauvais tournant. Avec le prix du pétrole qui monte en flèche et l’impossibilité de s’en procurer sur son propre territoire, le Nord se retrouve face à une dette massive et n’arrive pas à la rembourser en 1980. Le décès de Kim Il-Sung en 1994 entraîne l’ar-rivée au pouvoir de son fils Kim Jong-Il. De 1996 à 1999, la Corée du Nord connaît une famine, aussi appelée “la Dure Marche”, qui causera la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Depuis, le peuple nord-coréen a pu survivre princi-palement grâce aux aides alimentaires fournies par les ONG installées dans le pays. Néanmoins, celles-ci interviennent beaucoup moins depuis quelques années, la situation économique s’étant améliorée.

Le saviez-vous ?

De nombreux journalistes et photographes inter-nationaux résident en Corée du Nord ou y vont très régulièrement. Ainsi, ils partagent sur Ins-tagram de nombreuses photos en direct de leur quotidien et de leur vie dans le pays. Un moyen d’avoir un nouveau regard, et pour une fois, de l’intérieur des frontières de ce pays si mystérieux !Ci-dessous quelques personnes postant sur le pays et que vous pouvez retrouver sur Instagram. • pM

à travers le temps | corée Du norD | 2

vée unie à plus d’une reprise au cours de son his-toire, bien après la séparation. Le sport a réuni les deux pays, pourtant technique-ment toujours en guerre, plus d’une fois : en 1991, la Corée du Nord et la Corée du Sud se sont alliées le temps de quelques matchs de tennis de table et de football. En 2000 également, les deux équipes ont

marché ensemble à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’été à Sydney, et à l’occasion de plusieurs Jeux Olympiques les années suivantes.Un drapeau a même été spécialement confec-tionné afin de représenter la Corée unifiée, drapeau sous lequel pourrait marcher les deux équipes coréennes lors des évènements sportifs. De plus, Arirang, la chanson coréenne la plus connue et la plus symbolique dans la péninsule mais aussi à travers le monde, a temporairement été l’hymne de la Corée unifiée lors de matchs joués ensemble. On aura au moins trouvé un terrain d’en-tente entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ! • pM

“ Après la guerre, c’est un Nord fort qui s’établit. Bien plus puissant que le Sud. ”

Kim Jong-Il, décédé en 2011, laisse le pouvoir entre les mains de son troisième fils Kim Jong-Un. • pM

LUne Corée présente sur les réseaux sociaux

a Corée du Nord n’est peut-être pas aussi fermée qu’on essaye de vous le faire croire.

@simonkoryo@everydaydprk

@pearswick@jakaparker@erictalmadge

L

Quand le sport adoucit les moeurs

Malgré les moments de fortes tensions entre les deux moitiés coréennes, le sport les a réunies à plusieurs reprises, ensemble sous un même drapeau

a péninsule coréenne, bien que divisée en deux Etats depuis les années 50, s’est retrou-

Page 3: Dossier spécial sur la Corée du Nord

Démêler le vrai du fauxOu pourquoi il est aussi difficile de traiter de la Corée du Nord. Quelle position prendre ? Comment en parler ? Et enfin, pourquoi les médias s’obstinent-ils à en dire n’importe quoi ?

pour faire le buzz en moins de temps qu’il n’en faut pour vérifier l’information. Car si la Corée du Nord est soi-disant «le pays le plus fermé au monde», paradoxalement, certains journalistes se soucient très peu, voire pas du tout, de la fiabilité de leurs sources et s’exposent ainsi au risque de répandre les rumeurs les plus grotesques. Pourtant, avec un minimum de précaution, en recoupant les informations, il est tout à fait possi-ble et même impératif que les médias s’intéressent plus sérieusement à ce pays et informent le monde entier de sa situation réelle.

Des informations verrouillées

Alors, pourquoi est-il si difficile d’en parler? Tout simplement parce que l’information est ver-rouillée et qu’il nous faut intégrer une fois pour toute cette vérité: il n’existe aucune source fiable à ce jour. Par exemple, l’agence de presse officielle de la Corée du Nord, la KCNA (Korean Central News Agency), est entièrement contrôlée par le pouvoir et transpire la propagande. S’il peut être intéressant d’en analyser les communiqués pour comprendre ce régime totalitaire, unique au monde de par sa longévité et son caractère dynastique, elle n’en reste pas moins une source peu crédible. Les services de renseignement sud-coréens, qui se cachent souvent derrière les « d’après certaines sources » de nombreux articles, ne constituent en rien une source neutre. En effet, même si la NIS (National Intelligence Service) fait partie des or-ganisations les mieux renseignées sur la Corée du Nord, rappelons que les deux pays sont offi-ciellement toujours en guerre et que ces services

manipulent donc souvent l’opinion publique pour la diriger contre son ennemi. De plus, en 2011, la NIS a appris la mort de Kim Jong-Il, le père du di-rigeant actuel, en même temps que tout le monde, via les médias nord-coréens et deux jours après les faits. Il parait donc évident que ses capacités sont limitées et que personne ne sait réellement ce qui se passe de l’autre côté du 38ième parallèle. Les récits des réfugiés nord-coréens sont égale-ment à prendre avec précaution. Il ne s’agit pas de remettre en question le drame qu’ils ont vécu, eux qui sont les témoins directs du régime, mais de démontrer que, pris individuellement, leurs témoi-gnagnes peuvent être sujets à des inexactitudes. Cela rend ainsi leur exploitation à des fins informa-tives risquée. C’est notamment le cas des rescapés les plus médiatisés, Shin Dong-hyuk et Park Yeon-mi, qui ont tous deux avoué avoir modifié certaines parties de leur histoire, intentionnellement ou non, pour des motifs compréhensibles et excusables.

Le régime dément peu

Pour couronner le tout, la Corée du Nord dément très peu ce qu’on peut dire d’elle, sauf cas excep-tionnel, et laisse circuler tous un tas d’informations floues, voire même surréalites à son sujet. Ces ru-meurs inspirent de la terreur et c’est peut être pour cette raison que Pyongyang les laissent courir, y voyant probablement un bénéfice à gagner. Ce si-lence de mort n’est pas pour déplaire à la presse in-ternationale, qui ne semble pas vraiment se soucier de la gravité du drame nord-coréen. En effet, parler de la dictature, du nucléaire ou des exécutions ne sont que de vulgaires prétextes pour faire du sen-sationnel et du divertissement, la plupart du temps faux, au détriment de l’information.

Les médias prennent ça à la légère

En effet, les médias noient les lecteurs dans un tourbillon d’informations éphémères et infondées. Les exemples sont malheureusement nombreux, mais le plus frappant serait sûrement l’exécution de Jang Song Thaek, l’oncle du dirigeant Kim Jong-Un, dont l’influence allait grandissante au sein du Parti. Si on peut penser qu’il a été exécuté, il est impossible de dire de quelle façon, et encore moins d’affirmer qu’il a été dévoré par des chiens. C’est ce que certains aiment à clamer alors que tout le monde sait que cette rumeur délirante est partie des réseaux sociaux par un satiriste chinois. Ainsi, la Corée du Nord semble être le seul pays au monde dont on peut dire n’importe quoi sans que cela ne choque la majorité. C’est aussi l’ennemi commun que l’on désigne facilement du doigt, comme l’a montré l’affaire Sony Pictures. Ce scan-dale dans lequel la presse internationale a suivi en coeur la version des Etats-Unis, quand bien même ces derniers n’avançaient que des preuves peu tan-gibles accusant le bouc-émissaire idéal.

Au final, il serait bénéfique que les médias se penchent davantage sur des sujets comme : la situa-tion économique en croissance, les relations diplo-matiques entretenues ou l’ouverture minime mais bien réelle du pays. Et ce sans pour autant oubli-er la tragédie qui s’y opère : une majorité sacrifiée pour les quelques chanceux vivant à Pyongyang. Il serait également bon de se demander de quelle manière la communauté internationale pourrait aider ce pays sans y imposer son modèle. L’his-toire nous a déjà prouvé que combattre la dictature en voulant y instaurer de force la démocratie n’a jamais apporté que du bon. • chiArA vuillAuMe

L a Corée du Nord est une aubaine pour les médias : c’est généralement l’occasion rêvée

réflexion | corée Du norD | 3

Page 4: Dossier spécial sur la Corée du Nord

photographies | corée Du norD | 4

La Corée du Nord vue de l’intérieur Reportage photo exclusif de notre photographe Earth Nutshell à travers la Corée du Nord.Une expérience visuelle unique qui parle d’elle même. Un pays aux multiples facettes.

Vue sur le centre ville de Pyongyang, la capitale du pays

Un village dans la région de Kaesong, près de la zone démilitarisée

Le palais du soleil Kumsusan, monument sépulcral renfermantles dépouilles du fondateur Kim Il-Sung et de son fils, Kim Jong-Il

Au programme le jour de la fête nationale : pique-nique dans un parc avec une famille de Pyongyang

Près de Hamhung, la deuxième plus grande ville du pays

L’Arc de la Réunification, symbolisant les deux Corées réunies

Page 5: Dossier spécial sur la Corée du Nord

voyages | corée Du norD | 5

Cet été, un groupe d’une dizaine d’étudiants de l’INALCO (l’Institut national des langues et civilisations orientales à Paris), spécialisés en coréanologie, sont allés en Corée du Nord dans le cadre d’un échange linguistique d’une durée d’un mois.Laetitia et Lya en faisaient partie, elles nous racontent leur histoire.

Quelle a été la réaction de vos proches quand ils ont appris votre départ ?Laetitia : Moi, très clairement, je me suis battue pour aller en Corée du Nord (rires). Presque toute ma famille était contre moi, c’était pénible. Les médias ont un tel impact sur l’opinion publique que beaucoup de gens n’arrivent pas à sortir du cadre qu’ils imposent, comme s’ils étaient les seuls à détenir la vérité sur la Corée du Nord. Les gens n’acceptent pas non plus que l’on revienne avec des photos ou vidéos du pays allant à l’encontre de leurs idées préconçues. Lya : Exactement. Dès qu’on dit quelque chose de positif, on nous rétorque qu’on s’est fait laver le cerveau par la propagande. Evidemment, on sait que le pays est loin d’être tout rose, mais à quoi cela sert-il de toujours le désigner comme le vilain petit canard? Concrètement, qu’est-ce que l’on peut faire pour améliorer la situation? On peut développer les relations, multiplier les voyages, et le pays s’ouvrira doucement de lui-même. Laetitia : Avec ce comportement moralisateur, on ne laisse pas à la Corée du Nord la chance de s’ouvrir. Je pense que tout le monde devrait y aller, en ayant quand même au préalable des connaissances sur la Corée et une certaine ouver-ture d’esprit. Ce que j’aimerais actuellement, c’est que la Corée du Nord soit davantage connue comme elle est, et comme nous on l’a vue.

Effectivement, en France, on ne parle de la Corée du Nord qu’en tant que dictature totalitaire. Quelles ont été vos impressions en allant là-bas? Laetitia : Honnêtement, ça allait bien, nous n’avons pas du tout ressenti de pres-sion. Nous y sommes allées en tant qu’étudiantes voulant améliorer leur coréen et en apprendre plus sur le pays, sans juger.Lya : La plupart des journalistes sont tellement biaisés, ils ne cherchent qu’à faire du sensationnel. Nous n’avons pas eu peur en nous disant qu’on allait finir au camp de concentration si jamais on faisait une bêtise. C’est dur à décrire, mais c’était plutôt comme partir en colo pendant les vacances. (rires)

“ C’était plutôt comme partir en colo pendant les vacances”

Les représentations que vous aviez de la Corée du Nord se sont-elles révélées vraies?Laetitia : Honnêtement, je suis partie en essayant de mettre de côté toutes ces représentations pour le moins douteuses décrites en général dans la presse. J’ai essayé de me détacher de tout ça car je voulais vraiment pren-dre la Corée du Nord comme elle est. Lya : Moi, je n’avais rien de très défini en tête, mais j’imaginais la Corée du Nord plus grise, un peu comme une ville triste et morte. Alors qu’en vrai, c’est très vert et coloré. Quand on prend le train en Chine et qu’on arrive à Pyong-yang, les paysages sont magnifiques.

Dans ce cas, quelle chose vous a le plus choquées ou impressionnées ?Lya : La propreté des rues. Il n’y a pas une poubelle qui traîne ou d’ordures par terre, c’est nickel ! (rires)

Laetitia : Le caractère des gens. Je m’attendais à ce que les Nord-coréens ne nous parlent pas et soient très distants alors qu’ils étaient ouverts et gentils, rien de ce qu’on en dit à la télévision. Ce sont juste des gens normaux, comme vous et moi, et qui venaient nous aborder dans la rue pour en apprendre plus sur nous. On m’a même parlé en espagnol (rires)Lya : Ils sont très doués en langues. En général, les étudiants apprennent obliga-toirement le chinois et l’anglais, mais ils peuvent en étudier d’autres en plus.

Et si vous nous décriviez les différences les plus marquantes avec le Sud ?Lya : C’est tellement dur à expliquer… En fait, Nord et Sud, c’est le même pays, mais chacun ayant évolué différemment. C’est un peu comme entrer dans une dimension parallèle. Les traditions sont les mêmes, mais les influences ex-térieures sont différentes.Laetitia : Au Sud, l’influence massive des USA et de l’Occident me donne en quelque sorte l’impression que la Corée, comme elle l’était avant, s’efface pro-gressivement. Lya : Au Nord, j’avais le sentiment de voir une Corée plus traditionnelle et anci-enne, mais en même temps l’attitude des gens est très moderne. Ils ont des télé-phones portables, des ordinateurs, ils téléchargent même illégalement. (rires)

Vos attentes ont-elles été satisfaites ?Laetitia : Je n’avais aucune attente particulière car on ne savait pas à quoi s’at-tendre justement. Je suis vraiment partie dans l’optique de découvrir un pays. De plus, en tant qu’étudiante en coréanologie, je pense qu’il est capital d’aller au Nord et de ne pas se contenter du Sud. La Corée du Nord est souvent décrite comme étant « le pays le plus fermé au monde », mais justement, c’est très in-téressant. Il faut y aller à tout prix et le découvrir. Lya : Pas d’attente particulière non plus. Par contre, avant notre départ, d’autres

étudiants et moi pensions que nous ne pourrions pas faire grand-chose sur place et qu’on se sentirait to-talement bridés. Au final, on nous a montrés énormé-ment de choses et je suis heureuse de ce voyage.Laetitia : Voilà, on a vraiment adoré. Bien sûr, on garde à l’esprit que l’on ne nous a volontairement pas tout montré du pays. On ne peut donc pas vraimentdire que l’on a visité. Mais ce qu’on a vu nous a plu.

Pour tout vous dire, on voulait rester et ne pas revenir en France. (rires)

Pourquoi cette envie de rester ?Laetitia : C’est un autre rythme de vie. Par exemple, nous n’avions pas de con-nexion Internet, à moins de faire ami-ami avec les étudiants chinois qui ont ac-cès à l’intra-net nord coréen (rires). Ce sentiment d’être déconnecté du monde extérieur nous a fait du bien. En fait, avec les autres étudiants français, on a vraiment senti une cohésion de groupe. On a tout partagé.

Page 6: Dossier spécial sur la Corée du Nord

voyages | corée Du norD | 6

Lya : Je pense qu’on avait clairement un statut privilégié en tant qu’étudiant étranger, mais pour autant je n’ai pas eu l’impression que le comportement des Nord-coréens envers nous était faux, quand bien même il aurait été dicté. Je les ai trouvés sincères et paradoxalement j’ai pu plus facilement nouer contact avec

“ On a été lâchées dans la nature, mais ce n’était pas effrayant pour autant.”

eux qu’avec des Sud-coréens. Aussi, les Nord-coréens étaient vraiment surpris de voir que l’on s’intéressait à leur pays et à leur culture. Ils étaientheureux qu’on leur pose autant de questions.

Comment vous-êtes vous préparées à ce voyage en Corée du Nord ?Laetitia : Peut-on dire qu’on se soit vraiment préparées ? (rires) Lya : En Juin, nous avons eu une première réunion d’informations. Puis, jusqu’en Octobre, on s’est occupées de la paperasse. En tout cas, nous n’avons eu aucune « préparation psychologique », si c’est ce que vous voulez savoir. C’était la toute première fois que des étudiants de l’INALCO partaient là bas. Laetitia : On a complètement été lâchées dans la nature, on ne savait pas vrai-ment à quoi s’attendre une fois sur place. Mais ce n’était pas effrayant pour autant. Personnellement, j’avais vraiment hâte de partir. Lya : On a été mises en relation avec la délégation Nord Coréenne, mais après on a dû se débrouiller seules. L’université était également prévenue de nos dates d’arrivée sur le territoire.

Pouvez-vous nous raconter votre quotidien pendant ce séjour ?Laetitia : Avec les autres étudiants, on dormait tous ensemble au dortoir. Les cours commençaient à huit heure tapante. Une fois levés, on allait prendre une douche, froide, muni d’une bassine, puis on allait au réfectoire pour le petit

déjeuner. Sur le chemin de la fac, on passait devant la statue de Kim Il Sung, devant laquelle nous devions nous incliner, comme il est cou-tume de le faire là-bas. On finissait les cours à treize heure, on allait déjeuner et on faisait nos

devoirs. Quand on avait le temps, on pouvait sortir en ville.Lya : Nous avons aussi fait trois voyages d’une journée en dehors de Pyong-yang. Au quotidien, nous étions toujours accompagnées par des étudiants Nord-coréens, de notre âge, qui parlaient très bien le français. Laetitia : Oui, on sortait souvent avec eux, pour aller manger, boire un coup, ou simplement se promener dans la capitale. Lya : Contrairement à ce qu’on peut penser, il y a également pas mal d’instal-lations destinées aux loisirs : une piscine municipale, un cinéma, un bowling, une patinoire... Nous, on est allées au cirque. Bien sûr, on a beaucoup moins de liberté de mouvement, on ne peut pas aller où l’on veut, seul. On doit respecter les règles imposées. Mais une fois dans le bain, ça ne m’a pas choquée plus que ça, je me suis doucement habituée à ce nouveau mode de vie. • cv

et de leurs efforts constants pour maintenir de bons rapports diplomatiques. De plus, avec l’essor économique que connait la Chine, sa population peut se permettre de plus en plus de voyager hors du pays grâce à sa nouvelle force économique ainsi qu’à une législation plus souple. Ainsi, de nombreuses agences de vo-yage ont été ouvertes, par exemple dans les deux prov-inces qui bordent la Corée du Nord, Jilin et Liaon-ing. Leur particularité est de proposer des voyages en Corée du Nord. De nombreuses routes aériennes ont aussi été ouvertes entre Pyongyang et d’autres villes chinoises. Autant dire que tout est fait pour permettre aux Chinois de voyager en République populaire et démocratique de Corée (RPDC). La Corée du Nord étant un pays voisin de la Chine, les chinois n’hésitent pas à s’y rendre afin de nourrir leur curiosité. Pour eux, c’est aussi une façon d’en apprendre plus sur leur propre histoire. En effet, la Chine ayant joué un rôle important et

participé à la guerre de Corée, se rendre sur place leur permet d’en découvrir plus. En plus de devenir une escale touristique, la Corée du Nord bénéficie d’un échange commer-cial non négligeable avec la Chine. On a même pu voir se développer des salons commerciaux entre la ville chinoise Dandong, dans la prov-ince de Liaoning, et la RPDC pour promouvoir les échanges économiques. Il est intéressant d’ajouter que cette ouver-ture du tourisme avec la Chine a également ouvert une porte vers le reste du monde. En effet, chaque année des centaines, voire des milliers d’occidentaux, font eux aussi le voyage jusqu’en Corée du Nord. Beaucoup de voya-ges sont organisés par des agences occidenta-les basées aux Etats-Unis et en Angleterre par exemple. Celles-ci sont en partenariat avec la Korean International Travel Company. Le bilan établi est globalement positif. La

Un essor touristique possible grâce aux voisins chinois

Chine tente de presser l’ouverture de son voisin, et celui-ci se rend à l’évi-dence qu’à cause de son renfermement politique et économique ainsi que des déficiences qui en ont découlé, il ne peut pas re-culer devant le tourisme, qui peut être une réelle aide, en plus d’annoncer le début d’une nouvelle ère pleine d’espoir, tant sur le plan économique que social. • AS

L’intérêt que les Chinois portent à leur voisin a laissé place ces quelques dernières années à un développement touristique fleurissant et plein de promesses en Corée du Nord

recherche effectué par les professeurs Jie Yang, Liyan Han et Gyangyu Ren dans la revue North Korean Review, le tou-risme nord-coréen a un futur prospère devant lui. Depuis quelques années déjà, on assiste à un grand flux de touristes chinois qui se rendent en Corée du Nord dans le cadre de leurs vacances. Cet article se base sur des informa-tions provenant de l’Ad-ministration du Tourisme en Chine ainsi que sur quelques rapports et jour-naux chinois. Depuis plusieurs an-nées, la Chine entretient des relations à la fois avec la Corée du Nord et la Corée du Sud. Pourtant, cela ne l’a pas empêchée de conserver de bons rap-ports avec Pyongyang au niveau diplomatique. D’ailleurs, chaque année depuis 2006, des minis-tres chinois rendent vis-ite aux dirigeants nord-coréens, ce qui rend bien compte de leurs échanges

Chiffres

Environ 200 000 touristes par an, dont 80% sont chinois

Une augmentation des touristes chinois de 47,9% en 2012

S elon un article por-tant sur le travail de

Page 7: Dossier spécial sur la Corée du Nord

auteur du pays. Il est vrai que le contenu de tous les romans nord-coréens sont censurés afin de donner la meilleure image du pays et de ne pas confronter le régime. Cependant, il arrive de tomber sur des ouvrages qui sont bien plus que seulement propagandistes. C’est le cas de Des amis, par Nam-Ryong Baek, paru aux éditions Actes Sud. Ce livre offre une vision intéressante du pays, notamment en nous dépeignant le quotidien et la structure familiale, dans laquelle la femme est au centre. Il nous mon-tre aussi une société où même le divorce n’a rien

d’intime et de personnel, mais relève du public. Malgré les conditions d’écriture, l’histoire en reste passionnante et la beauté du texte subjugante.Si Des Amis est presque le seul roman disponible à la vente, il est également possible de trouver des nouvelles nord-coréennes sur Internet. Spécialisé sur la ou les Corées, le site de la revue E-tan’gun contient de nombreuses informations sur la Corée du Nord, notamment des récits d’étudiants par-tis dans un cadre universitaire et des articles ana-lytiques. Une vraie référence sur le pays, si vous n’avez pas peur d’en affronter les réalités. • pM

culture | corée Du norD | 7

L’évolution de la langue coréenne de part et d’autre du parallèle

tion, des différences sont nées entre les deux. En effet, en Corée du Sud, l’anglais en particulier a entrainé une évolution majeure de la langue de par son influence. Des mots d’origine anglaise sont deve-nus courants au quotidien, si bien qu’il y a eu création d’un nouveau dialecte, appelé “konglish” (korean-english). Il en est tout autrement en Corée du Nord. Le Parti refusant l’influence de toutes langues étrangères, il y a supprimé l’utilisation des caractères chinois, que les Coréens utilsaient avant l’invention de leur propre alphabet. Si les mots sino-coréens sont à l’origine nombreux dans la langue coréenne, Pyongyang a même fait le choix de les remplacer par des termes coréens spécialement créés dans ce but. Une autre différence se trouve aussi dans les lettres utilisées. Les mots similaires en Corée du Nord et en Corée du Sud ont eux aussi droit à une légère différence selon leur écriture. En Corée du Nord, une lettre faisant partie de l’alphabet sud-coréen est inexistante et remplacée par une autre (existant dans les deux alphabets). Pas de quoi changer complètement la langue ou la rendre incompréhensible, mais de quoi se démarquer, sans aucun doute. • pM

Londoniens leurs plus belles toiles lors d’une exposition exception-nelle à l’ambassade de la Corée du Nord. Celle-ci comprend des ta-bleaux dépeignant la vie quotidienne des citoyens nord-coréens, mais on a aussi pu retrouver quelques peintures faites lors de leur séjour à Londres. C’est un événement rare car c’est la première fois que l’ambassade nord-coréenne est ouverte au public, mais aussi parce que la Corée du Nord, pays très fermé, nous laisse rarement entrevoir la vie quoti- dienne de ses citoyens et ses coutumes. Cette exposition est une très bonne occasion de montrer de nou-velles facettes du pays et de lui porter un regard plus ouvert. • AS

Exposition d’art nord-coréen à Londres

La Corée du Nord à travers les romans

D epuis novembre dernier, quatre artistes nord-coréens prove-nant du studio d’art Mansudae de Pyongyang ont dévoilé aux

I l est vrai que la langue officielle de la Corée du Nord, comme celle du Sud, est le coréen. Cependant, après tant d’années de sépara-

M ême en France, il est possible de se pro-curer un livre nord-coréen, écrit par un

Page 8: Dossier spécial sur la Corée du Nord

La fille au téléphone par Mansudae Art Studio

Une peinture qui s’inscrit dans la tendance nord-coréenne du réalisme social, se présentant comme une fenêtre sur un quotidien inconnu et moderne.