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ÉCONOMIES MORALES ET JUSTICES LOCALES Didier Fassin Presses de Sciences Po | Revue française de sociologie 2012/4 - Vol. 53 pages 651 655 ISSN 0035-2969 Article disponible en ligne l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2012-4-page-651.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Fassin Didier, Économies morales et justices locales, Revue française de sociologie, 2012/4 Vol. 53, p. 651-655. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution ectronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. Presses de Sciences Po. Tous droits rerv pour tous pays. La reproduction ou reprentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autoris que dans les limites des conditions gales d'utilisation du site ou, le cas hnt, des conditions gales de la licence souscrite par votre ablissement. Toute autre reproduction ou reprentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manie que ce soit, est interdite sauf accord prlable et rit de l'iteur, en dehors des cas prus par la lislation en vigueur en France. Il est prisque son stockage dans une base de donns est alement interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Limoges - - 164.81.1.50 - 06/03/2014 10h36. © Presses de Sciences Po Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Limoges - - 164.81.1.50 - 06/03/2014 10h36. © Presses de Sciences Po

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  • CONOMIES MORALES ET JUSTICES LOCALES

    Didier Fassin

    Presses de Sciences Po | Revue franaise de sociologie

    2012/4 - Vol. 53pages 651 655

    ISSN 0035-2969

    Article disponible en ligne l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    http://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2012-4-page-651.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Fassin Didier, conomies morales et justices locales, Revue franaise de sociologie, 2012/4 Vol. 53, p. 651-655. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Distribution ectronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. Presses de Sciences Po. Tous droits rerv pour tous pays.

    La reproduction ou reprentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autoris que dans les limites des conditionsgales d'utilisation du site ou, le cas hnt, des conditions gales de la licence souscrite par votre ablissement. Touteautre reproduction ou reprentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manie que ce soit, est interdite saufaccord prlable et rit de l'iteur, en dehors des cas prus par la lislation en vigueur en France. Il est prisque son stockagedans une base de donns est alement interdit.

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  • conomies morales et justices localespar Didier FASSIN

    Les dcisions les plus profondes en matire de justice nesont pas produites par des individus en tant que tels, mais pardes individus pensant lintrieur et au nom dinstitutions. Ilsensuit que la philosophie morale est une entreprise impossiblesi elle ne commence pas avec les contraintes de la pense insti-tutionnelle.

    Mary Douglas (1986, p. 124)

    Comment le contexte social et le climat idologique dune poque interf-rent-ils avec la manire dont se dcide laction publique ? Comment lenvi-ronnement politique et le cadre lgislatif modifient-ils les modalits dedistribution des ressources et des sanctions dans la socit ? Comment lesimages et les ides qui circulent dans lespace public influent-elles sur lesreprsentations et les pratiques des agents, et comment, linverse, lactivitdes agents contribue-t-elle justifier et valider ces images et ces ides ? Cesquestions trs gnrales, que se sont poses et se posent aujourdhui encoresociologues, politistes, juristes, anthropologues, historiens, ont une pertinenceaussi bien pour penser, dans la longue dure, les raisons pour lesquelles lemonde occidental a connu un dveloppement conomique diffrent dessocits chinoise ou arabe la fin du Moyen ge (Wong, 1997 ; Greif, 2006)que pour rflchir, dans le court terme, sur les consquences de la monte desproccupations identitaires et scuritaires contemporaines sur la gestion delimmigration et de lasile, de la dlinquance et de la prcarit en France, dansle cas des enqutes prsentes ici.

    nonces dans ces termes, ces interrogations supposent implicitement unniveau macrosociologique et un niveau microsociologique : dun ct, uncontexte social, un climat idologique, un environnement politique, un cadrelgislatif, un espace public ; de lautre, des dcisions, des actions, des moda-lits, des agents. Le plus souvent, les chercheurs concentrent logiquementleurs travaux sur lun ou lautre de ces niveaux : leur choix rsulte doptionsmthodologiques, notamment de la place accorde lanalyse des discours ou lenqute de terrain, mais aussi de prsupposs thoriques, pour partie enlien avec leur rattachement des disciplines et des coles. Larticulation des

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  • deux niveaux prend des formes diverses selon que lon privilgie la libert oula dtermination, lacteur rationnel ou le champ social, une approche ascen-dante agrgeant les conduites individuelles ou une approche descendantesoulignant le rle des structures (Knorr-Cetina et Cicourel, 1981). Une solu-tion ce problme, que lon peut situer dans un double hritage, durkheimienet wbrien, a t de sattacher aux institutions en ce quelles paraissent offrirune sorte de niveau intermdiaire entre le macrosocial et le microsocial, maisaussi en ce quelles concrtisent la fois la permanence et le changement dessocits (Clemens et Cook, 1999). En particulier, les recherches conduitesdans le cadre du nouvel institutionnalisme ont soulign limportance dereplacer les institutions dans le tissu social, conomique et politique, tout enles considrant dans leurs multiples dimensions lgale, normative et culturelle(March et Olsen, 1984 ; Powell et DiMaggio, 1991 ; Hall et Taylor, 1996).Ces tudes ne livrent toutefois que rarement les lments ethnographiquespermettant de comprendre la manire dont les institutions pensent, pourreprendre la fameuse formule de Douglas (1986). Cest donc apprhenderles institutions travers lobservation de leur quotidien que nous consacronsce dossier.

    Ce que nous cherchons saisir, cest le double mouvement par lequel lespolitiques trouvent leur expression dans des institutions qui circonscrivent lespratiques des agents et, simultanment, les pratiques des agents faonnent lesinstitutions qui, leur tour, configurent les politiques, en considrant les insti-tutions non comme des rceptacles des unes et des autres, mais comme desdispositifs qui rgulent en mme temps quils sont rguls. Notre analyseporte sur des institutions particulires : celles qui ont voir avec laction derendre la justice. Cette justice est distributive, lorsquelle accorde des biens,telle une protection pour le rfugi, ou procdurale, quand elle value despratiques, comme le bien-fond du maintien en rtention dun tranger, ouencore restauratrice, lorsquelle vise rparer des prjudices, dans le cadre dela Protection judiciaire de la jeunesse, voire rtributive, quand elle prononcedes peines, lors de comparutions immdiates. Nous nous situons ici dans laligne des travaux portant sur la justice locale (Elster, 1992), considrantque le travail dun prsident dune cour de lasile, dun juge des liberts et dela dtention ou dun magistrat dune juridiction pour enfants consiste allouerdes ressources ou des sanctions selon des principes de justice ordonnant etjustifiant des pratiques de jugement (Fassin, 2001). Mais nous entendons aussijustice locale dans le sens plus ordinaire du produit de lobservation de lacti-vit des agents dans un lieu o lon juge (Cicourel, 1968). En cela, nousrpondons lattente des juristes et sociologues qui ont rcemment appel laralisation de travaux de terrain sur les pratiques judiciaires au nom dun nouvel empirisme lgal dans lequel les approches ethnographiquesdemeurent rares au regard des tudes statistiques (Suchman et Mertz, 2010).En loccurrence, la diversit des lieux que nous tudions et des logiques quiles sous-tendent nous conduit parler, au pluriel, de justices locales.

    Nos enqutes abordent toutefois un aspect rarement tudi de lactivit dejuger. Il sagit danalyser comment le contexte social et le climat idologique652

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  • interfrent avec cette justice locale et comment les images et les reprsenta-tions circulant dans lespace public influent sur les reprsentations et lespratiques des agents chargs de la rendre. Pour ce faire, nous nous intressonsaux conomies morales , un concept qui a une gense pluridisciplinaireremarquable puisque, forg par un historien du social mais dvelopp par lesanthropologues, il a t rinvent par une historienne des sciences (Fassin,2009). Pour Edward P. Thompson (1971), qui remet en cause le dterminismematrialiste dans lexplication des comportements des classes domines,lconomie morale permet de rendre compte des normes et des obligations quirgulent traditionnellement les changes en dehors des mcanismes dumarch : ainsi les meutes des paysans anglais du XVIIIe sicle rsultent-ellesnon pas de ractions organiques lexprience de la faim, mais dune indi-gnation morale devant le non-respect du contrat social avec les propritairesterriens ou les riches commerants. Pour Lorraine Daston (1995), qui prendses distances avec les approches idaliste et stratgique de lactivit scienti-fique, lconomie morale autorise une apprhension des rseaux de valeurs etdaffects qui la sous-tendent : le travail des savants du XVIIe sicle neprocde pas seulement de lexercice de la rationalit ou de logiques dintrt,mais de sentiments moraux autour de principes tels que lobjectivit. Il noussemble possible de refonder le concept dconomie morale en nous appuyantsur ce double hritage, a priori incompatible, cest--dire en conservant laporte dialectique et politique du premier modle et en adoptant la dfinitionnon conomique et philosophique du second. Nous dfinissons donc lesconomies morales comme la production, la circulation et lutilisation desvaleurs et des sentiments dans lespace social autour de questions de socit :elles dcrivent une certaine manire de les poser qui caractrise un momenthistorique donn (Fassin et Eideliman, 2012). cet gard, nous accordonsune signification particulire aux tensions et conflits qui peuvent surgir entredes valeurs et des sentiments discordants, par exemple, entre respect du prin-cipe de lasile et soupon dillgitimit des requrants en ce qui concerne lesrfugis, entre souci de protection et suspicion de fraudes dans le cas desmineurs sans papiers, entre volont de sanctionner et souci de responsabiliserpour ce qui est des adolescents dlinquants. Cest parce quil permet cettelecture dynamique des mondes sociaux et de leurs dilemmes ou contradictionsque le concept dconomies morales nous semble heuristique pourcomprendre comment une configuration particulire de lespace public autour de lasile, de limmigration, de la dlinquance, de la prcarit inter-agit avec le travail quotidien des agents chargs de mettre en uvre des politi-ques publiques traverses par ces ambivalences et ces dsaccords.

    Le croisement des problmatiques de justice locale et dconomie moralenous conduit ainsi explorer les institutions en accordant une place impor-tante une dimension souvent nglige : la dimension morale, et non seule-ment normative, de lexercice de la justice, autrement dit le rle des valeurs etdes affects qui sous-tendent lacte de juger, par opposition ce que serait lasimple application de normes et de rgles (Fassin, 2012). Cette approcheredonne toute leur importance aux agents au sein des institutions, en tant

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  • quils oprent des choix sur la base de principes et de sensibilits refltantmais excdant le rle qui leur est assign (Heyman, 1998). Plutt que desexcutants passifs, ils sont des acteurs qui font vivre les institutions traversleurs questionnements thiques et leurs ractions affectives (Lambek, 2010).Ltude des motions nest certes pas absente des travaux sur les pratiquesjudiciaires, mais elle a t essentiellement dveloppe dans une perspectivephilosophique, psychologique et neuroscientifique (Maroney, 2006). Nouscherchons pour notre part dplacer ce regard fortement tributaire demodles comportementalistes, voire naturalistes, pour dcrire la place dessensibilits dans les pratiques valuatives sur la base dune lecture ethnogra-phique. Au fond, si les institutions pensent, elles ressentent aussi.

    Considrant cette dualit fondatrice de la morale dans la pense moderne,David Hume faisait prcisment de la justice la seule vertu quil qualifiaitdartificielle au principe de laquelle la raison et les sentiments squili-braient et se compltaient, toutes les autres tant sous-tendues par un sensmoral qui tait, selon lui, un fait de nature. Or, ajoutait-il, les rgles de lajustice dpendent entirement de la situation ou de ltat particuliers danslesquels les hommes sont placs ([1751] 1991, p. 90). Lensemble dtudesque nous proposons sur la manire dont les conomies morales interagissentavec les pratiques de justice locale peut ainsi tre vu comme un lointainprolongement de lenqute humienne.

    Remerciements

    Les enqutes qui constituent ce dossier ont t ralises dans le cadredune Advanced grant du Conseil europen de la recherche intitule Towards a critical moral anthropology , dont je suis laurat.

    RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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