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- Le journal indépendant de l’Université d’Ottawa - FACEBOOK www.facebook.com/LaRotonde.ca TWITTER @LaRotonde WEB www.larotonde.ca Édition du lundi 23 mars 2015 | VOLUME LXXXII N O 24

Édition 24 - 23 Mars 2015

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Édition 24 - 23 Mars 2015

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  • - L e j o u r n a l i n d p e n d a n t d e l U n i v e r s i t d O t t a w a -

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    dition du lundi 23 mars 2015 | VOLUME LXXXII NO 24

  • Didier Pilon [email protected]

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    L

    L

    ditorial

    Le ministre de la Vrit TABLE DES MATIRES

    www.larotonde.ca

    ACTUALITSMotions de lAssemble gnralelections de la GSADAutochtonie contemporaineNouveau partenariat de trois ansPlan directeur de lU dOChroniquePhotos choquantes dans le centre universitaire

    Brves

    Semaine dapartheid isralien

    Mois de la francophonie

    ARTS ET CULTUREMois de la francophonieEntretient avec Hermngilde ChiassonFolk It AllMieux connatre sa scneKaiser

    Calendrier de la semaine

    SPORTS et bien-treEntrevue avec Noel JonesUltimate FrisbeeChroniqueSant mentale

    LabyrinthesAsilesRponse Mademoiselle FifiRponse M. Coco

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    Il tait une fois un journal tudiant intitul La Rotonde. Alors quil sint-ressait un colloque sur lnergie, nul ne se douta des drangeantes pripties qui lattendaient.

    Ce rcit tmoigne non seulement du secret relatif avec lequel lUniversit a accueilli les dirigeants de lindustrie des nergies fossiles, mais aussi de linfluence de la Direction gn-rale des communications de lUniversit sur le message que contrle linstitution. Ce qui suit est la chronologie dune recherche boulever-sante.

    Llment dclencheur : une conf-rence secrte

    Intitul nergie positive : Comment at-teindre lacceptabilit sociale dans le dvelop-pement des ressources nergtiques , lv-nement a inaugur un mystrieux partenariat de trois ans. Peu dinformations ont t dvoi-les cet effet. Aucun communiqu de presse na t envoy. Aucune affiche ne sest accro-che aux murs des divers pavillons. Lvne-ment tait sous invitation seulement. La seule information publique et accessible concernant la confrence et le partenariat tait lordre du jour de la confrence.

    Pourtant, plusieurs figurants de haut profil sy trouvaient : un ancien dput et ministre, le prsident et chef de la direction de Suncor Energy, le conseiller en chef dHaisla Na-tion (groupe autochtone qui a la main mise dans lexportation du gaz naturel liqufi en Asie-Pacifique et qui tente de jouer un rle central dans lindustrie des sables bitumi-

    neux avec lentente des Oloducs du Northern Gateway), et autres.

    Cest alors dans un double sens que cet v-nement nous amne repenser laccs lin-formation et la manipulation de lopinion pu-blique en faveur des intrts conomiques des multinationales. Dans un premier temps, il est particulirement troublant de voir comment lindustrie sempare de la lgitimit de lUni-versit pour modifier lopinion du public. Ed-ward Bernays, dans sa dissertation classique The Engineering of Consent , a pourtant soulign que lingnierie du consentement ne doit jamais supplanter o dplacer le sys-tme dducation . Dans un deuxime temps, lvnement tmoigne aussi dun contrle de linformation quexerce la Direction gnrale des communications de lUniversit. Ce rcit est lhistoire de cette situation inquitante qui, dans le contexte, jette de lhuile sur le feu.

    Le nud: la pression de ne pas publier

    Cest la suite de linformation dune source anonyme envoye lundi dernier que notre protagoniste, La Rotonde, a entrepris cette investigation. Alors quil a t simple de re-cueillir les craintes de ceux qui sinquitent des consquences du colloque, le vice-recteur aux relations extrieures a choisi de demeu-rer silencieux sur le partenariat de trois ans quinaugure cette confrence.

    Mercredi, la Direction gnrale des commu-nications et des relations avec les mdias de lUniversit nous informe que seule Monica Gattinger, co-organisatrice de la confrence prsentement en vacances, peut rpondre nos questions. Pourquoi le vice-recteur et ses supporteurs dcident quune seule per-

    sonne peut se prononcer sur le sujet? Toute-fois, puisque les organisateurs nont pu tre rejoints, cest avec un ton commandant quon nous informe quil serait mieux de ne pas pu-blier, par soucis pour la justice .

    Le point culminant : la rencontre du recteur

    La Rotonde ne sest pas dcourage. Sa-chant quAllan Rock tait linvit dun souper pizza en rsidence pour lvnement Viens rencontrer le recteur de lUniversit dOt-tawa , la protagoniste sest rendue sur place. Parmi une foule dtudiants qui discutent du Service du logement de lUniversit, La Ro-tonde est parvenue extraire quelques mots du recteur. Un bon coup, mais qui a su provo-quer un contrecoup.

    La journe suivante tait ainsi parseme de coups de tlphone du bureau des relations avec les mdias. Cest en fonction du droit de prendre des vacances et mme par res-pect pour la famille , a-t-on prtendu, que La Rotonde devrait se dsister de publier larticle cette semaine.

    La situation finale: un conte sans d-nouement

    Les circonstances entourant le colloque rap-pellent linfluence que peut avoir la Direction gnrale des communications. Cette adminis-tration centralise linformation et rgente sa distribution. La semaine prochaine, suivant le retour de la co-organisatrice, La Rotonde se mritera quelques rponses pr-formules et travailles. Encore une fois, notre protagoniste se devra de pousser toujours plus fort afin das-surer la transparence qui nous est due.

    CRDIT PHOTO : AYOUB BEN SESSI

  • Alex Jrgen Thumm [email protected]

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    Actualits

    www.larotonde.ca

    Motions de lAssemble gnrale

    Rformes et revendications au rendez-vous Frdrique Mazerolle [email protected]

    Les motions qui feront partie de lordre du jour de la prochaine Assemble gnrale (AG) de la Fdration tudiante de lUni-versit dOttawa (FUO), qui se droulera le 24 mars prochain au Centre des congrs Shaw, ont t dvoiles au grand public une se-maine avant lAG, soit le dernier jour permis par la constitution de la FUO.

    Les motions de cette AG sont non seu-lement plus nombreuses, mais touchent dautres sujets, comme la rforme des lections et la responsabilit fiscale.

    Pour la prochaine assemble, les tu-

    diants taient invits proposer leurs motions au dbut du mois de mars. Six motions ont t acceptes : une sur lop-position de la privatisation de lduca-tion, une visant appuyer quOttawa de-vienne une ville officiellement bilingue, une sur la responsabilit fiscale, une sur la cration dun comit dhistoire, une sur la ptition des assembles gnrales et finalement, une sur la rforme des lections gnrales et partielles de la FUO.

    Motions refuses

    En novembre dernier, lors de lassem-ble gnrale, la motion concernant la possibilit daller en grve a cr des tensions chez certains tudiants. Ce-pendant, par faute de quorum, la mo-tion na pu tre vote et a t repousse la prochaine runion du CA, qui avait convenu de la repousser la prochaine assemble. Cependant, aprs la paru-tion officielle des motions, il a t conclu que cette motion navait pas t remise sur la table. Jean-Philippe Ouellet, pr-sident du Mouvement rvolutionnaire tudiant, dit [ne] pas avoir reu une explication officielle de la FUO .

    LAssemble gnrale a le pouvoir dmettre une motion dans lordre du jour du Conseil dadministration , ex-plique Anne-Marie Roy. Par contre,

    le Conseil dadministration na pas le pouvoir de renvoyer une motion la prochaine assemble. Pour que cette motion soit amene lassemble, il au-rait d y avoir une autre collecte de si-gnatures .

    Plusieurs tudiants ont t dsap-points dapprendre que la motion concernant la destitution du poste de vice-prsidente aux activits sociales, prsentement occup par Ikram Ha-moud, a t refus par la FUO malgr le grand nombre de signatures. Mme Roy explique que selon larticle 3.12 de la constitution, il faut au moins les si-gnatures de 5 % des tudiants au pre-mier cycle pour destituer un membre, bien que la soumission dune motion ne requiert que 100 signatures.

    Cration dun comit dhistoire

    Justin Patrick, tudiant de deuxime anne en sciences politiques et en his-toire, a propos la motion concernant la cration dun comit dhistoire. Le comi-t relaterait les vnements qui se sont produits pendant lanne avec la FUO, mais galement les annes prcdentes. Stant inspir de son exprience lors-quil tait encore au secondaire, il trou-

    vait que les membres lus au sein du son conseil tudiant perdaient beaucoup dinformations qui avaient t utilises dans le pass. Il croit que cest gale-ment le cas pour la FUO, qui pourrait selon lui bnficier dun comit de la sorte.

    Au niveau universitaire, retenir des informations du pass au sein du comit excutif est encore plus important quau secondaire. Celui-ci a normalement plus de ressources [qui sont payes par les tudiants] sa disposition pour le faire et les membres du comit excutif peuvent aligner directement cette infor-mation pour faire un impact sur la po-pulation et la voix tudiante , explique ltudiant. Chaque niveau de gouver-nement au Canada possde des rapports dtaills de procdures antrieures pour des raisons similaires, dmontrant com-ment importante quest lhistoire .

    Anne-Marie Roy, prsidente actuelle de la Fdration, trouve quil ne serait pas ncessaire davoir un tel comit. Sur le coup, je ne crois pas que cest une motion qui devrait tre ncessaire-ment adopte. Pour toutes les modifica-tions que nous faisons aux rglements de la FUO et les politiques adoptes, on a des procs-verbaux. Alors, il y a quand

    mme une trace de ce qui se passe. Se-lon moi, prendre le temps dcrire des chapitres chaque anne pour rsu-mer les procs-verbaux, cest beaucoup de paperasse de plus et de temps quon pourrait utiliser pour aller rejoindre les tudiants , explique la prsidente.

    Ptition des AG

    Mme Roy avait galement des choses dire au sujet des autres motions, no-tamment celle concernant la ptition des AG. Malgr le fait que le rfrendum sur la question des assembles gn-rales a pass avec une majorit du oui, plusieurs tudiants continuent de croire que celles-ci ne sont pas exactement d-mocratiques, d au fait quil peut tre difficile de proposer une motion. Bref, la motion exige que le nombre de signa-taires pour une motion soit rduit de 100 10, compte tenu du fait que cela peut prend[re] beaucoup de temps et est une tche assez difficile accomplir pour ltudiant.e moyen[ne] , comme expliqu dans la description de ladite motion.

    Je crois que le nombre de signa-taires devrait rest 100. Lobjectif des assembles gnrales, ctait dabord de promouvoir et dengager les tudiants. Ce qui est le fun avec les motions qui viennent de la population tudiante, cest que les gens prennent la peine dal-ler chercher des signatures et vont par-ler des choses qui leur tiennent cur avec les gens qui signent , explique Mme Roy. Cest aussi, selon moi, un lment qui aide obtenir le quorum. Si on diminue le nombre de signataires de 100 10, on a encore moins dengage-ment tudiant et ceux-ci parlent moins des assembles gnrales .

    Une rforme des lections?

    Parmi les motions, lune dentre elles sagit dune rforme importante des lections de la FUO. Celle-ci viendrait modifier de faon majeure le rglement 4.7 de la constitution, concernant le comit des lections et ses pouvoirs en le remplaant par aucune affiliation officielle, ni liste de partis ou quipe officielle de campagne ne sera permise lors des lections de la FUO . Cela viendrait changer la nature des lec-tions, qui sont domines par les listes de partis, rendant la tche difficile pour les candidats qui choisissent de rester indpendants.

    ILLUSTRATION : ANDREY GOSSE

  • [email protected]

    Actualits [email protected] mars 2015

    lection de la GSAD

    Une participation tudiante anmique Christopher Bernard [email protected]

    Les tudiants diplms de lUni-versit dOttawa ont t appels aux urnes la semaine dernire, du 17 au 19 mars. LAssociation des tudiants diplms (GSAD) tenait en effet des lections pour constituer son excutif pour la pro-chaine anne. Cest la faible par-ticipation au vote qui retient lat-tention.

    Alors que quatre des cinq postes pour le prochain excutif taient non contests, un seul rsultat a t une surprise lors du dvoilement des rsultats. Ainsi, lquipe Alliance, qui prsentait des candidats pour chacun des postes, naura pas russi le balayage.

    Giancarlo Cerquozzi, seul candidat in-dpendant, a russi se faire lire au poste de commissaire aux affaires uni-versitaires. Ce dernier a eu le dessus sur le candidat de lquipe Alliance, William El-Khoury. Outre cette course, tous les autres candidats de lquipe Alliance ont russi se faire lire sans trop de difficult puisquils se prsentaient sans opposition.

    Une faible participation tudiante

    Cest plutt la faible participation des tudiants ces lections qui a caus la surprise. Alors que les deux dernires lections de la GSAD navaient pas t les plus grands exemples de dmocratie tudiante, avec des taux de participation de 4 et 2 % respectivement pour 2014 et 2013, llection de cette anne aura at-teint le plus bas niveau.

    En entrevue avec La Rotonde pendant les lections, plusieurs candidats avaient soulev le fait que peu dtudiants sem-blaient au courant de la tenue de cette lection. Le taux de participation cette lection semble confirmer cette observa-tion. En effet, seulement 88 tudiants ont pris le temps daller voter, sur une popu-lation de plus de 6500 tudiants. Avec peine plus dun pourcent des tudiants qui ont exprim leur voix, il sagit du plus bas taux de participation enregistr la GSAD en trois ans.

    Lactuelle commissaire lexterne avait refus de qualifier la faible participation des tudiants diplms aux lections de symptme de dsintressement dans las-sociation par les membres. Celle-ci avait plutt soulev les diffrences entre les styles de vie des tudiants diplms et ceux au premier cycle, qui explique le manque dintrt pour la politique tudiante. Pour leur part, tous les candidats interviews avant les lections trouvaient la situation dommage et taient davis quun change-ment dans la stratgie de mobilisation de la GSAD serait ncessaire.

    Autochtonie contemporaine

    La situation des femmes autochtones discuteAlex Jrgen Thumm [email protected]

    Quatre femmes de quatre diffrentes Premires Nations ont pris la parole au colloque Corps suspects, corps d-viants, le 16 mars dernier au pavil-lon de la Facult des sciences sociales.

    Les confrences ont discut les liens entre la colonisation et la rpression auxquelles font face les femmes autochtones daujourdhui. Claudette Commanda, Algonquine Anishi-nabe, membre du conseil des gouverneurs de lUniversit des Premires Nations du Canada et professeure en droit lUniversit dOttawa, a anim la confrence en rappelant systma-tiquement limportance du territoire pour les Premires Nations. Nous sommes en relation profonde avec le territoire , a-t-elle partag.

    La premire confrencire tait la Dr Kahente Horn-Miller qui a prsent le sen-tier bris de la colonisation. Elle a trac les racines de la crise de femmes autochtones disparues aux mythes et la construction

    sociale de la femme indigne et de sa repr-sentation dans limaginaire actuel. Teressa Edwards, avocate de lAssociation des femmes autochtones du Canada, sest mise contester les fausses perceptions autour de la dispari-tion des femmes indignes. Sous le constat que celles-ci sont over-policed and under protec-ted , elle a soutenu que les ressources pour at-taquer cette problmatique sont manquantes. lencontre du mythe rpandu que les femmes disparues ne sont que des prostitues qui ont choisi ce mode de vie , Mme Edwards a rap-port que 13 % sont des mineures qui ont t drogues et forces se prostituer entre les ges de 7 et 10 ans. Enfin, Denise Jourdain, femme innue de Uashat, rserve dans le comt qubcois des Sept-Rivires et enseignante de la langue innue, a parl de son militantisme pour la protection de lenvironnement dans sa rgion. Cette lutte ne se fait pas avec un stylo, devant une feuille blanche, mais sur le territoire a tmoign Mme Jourdain.

    Organis par la Chaire conjointe en tudes des femmes de lUniversit dOttawa et de lUniversit Carleton, ce panel fait partie dune programmation qui a runi plus dune vingtaine de confrencires, pour discuter la situation des femmes autochtones.

    CRDIT PHOTO : ANTOINE SIMARD-LEGAULTLe candidat indpendant, Giancarlo Cerquozzi, commissaire aux affaires universitaires.

    CRDIT PHOTO : ANTOINE SIMARD-LEGAULT Nicolette Addesa, commissaire la vie tudiante.

    CRDIT PHOTO : ANTOINE SIMARD-LEGAULT Antoine Przyblak-Brouillard, commissaire linterne.

    CRDIT PHOTO : LINDSAY MACMILLAN Kelly-Dawn Clarahan, commissaire lexterne.

    CRDIT PHOTO : AYOUB BEN SESSIMatthew A. Lafrenire, commissaire aux finances.

  • larotonde.ca [email protected]

    Actualits [email protected] 23 mars 2015

    Nouveau Partenariat de trois ans

    Cultiver lacceptabilit avec les ptrolires Marc-Andr Bonneau [email protected]

    Une confrence intitule ner-gie positive : Comment atteindre lacceptabilit sociale dans le dveloppement des ressources nergtiques a runi, du 4 au 5 mars, des dirigeants de lindustrie ptrolire et des membres du Colla-boratoire sur les recherches et les po-litiques nergtiques de lUniversit dOttawa (U dO). La confrence a marqu le coup denvoi dun parte-nariat de trois ans qui sefforc[e] de recenser les meilleures pratiques et de trouver des moyens concrets pour amener le public accepter et sou-tenir le dveloppement nergtique .

    a va avoir des gros impacts sur la rpu-tation et les finances de lU dO , sexclame Anas Elboudjaini, candidate la matrise en sciences politiques et reprsentante des tudiants diplms au Bureau des gouver-neurs de lU dO.

    Son but est que lnergie [des combus-tibles fossiles] soit acceptable aux yeux des Canadiens , affirme Mme Elboudjaini. La reprsentante soutient que le devoir de lUniversit et de lindustrie nest pas de montrer que cest bon, mais de trouver des solutions durables. [] Je reconnais que la ligne est mince pour la libert acadmique. On nous dit que cest un projet 100 % nor-matif, mais on se demande comment les Canadiens peuvent [en venir ] appuyer le projet. court terme, a peut sembler tre une bonne faon de faire de largent, mais il faut aussi penser avec notre tte , rench-rit Mme Elboudjaini.

    Partenariat de trois ans

    M. Rock a affirm La Rotonde que Louis de Melo [vice-recteur aux relations extrieures] a travaill avec Mme Gattinger

    pour que les gens de lextrieur participent la confrence. Autochtones, les groupes environnementaux Ctait un mlange . Mme Gattinger est aussi membre du Bu-reau des gouverneurs de lU dO.

    Une discussion intitule Cultiver lac-ceptabilit dans le dveloppement des res-sources nergtiques a marqu le dbut du colloque et de la nouvelle entente avec lUniversit Western. M. de Melo, a refus de rpondre aux questions de La Rotonde sur le nouveau partenariat de trois ans.

    Un total de trois panels dexperts a occu-p lordre du jour. Le premier panel tait intitul Lacceptabilit sociale : les col-lectivits locales et les ONG , le deuxime portait sur Le rle de lopinion publique en matire dnergie et denvironnement et le dernier panel tait intitul Encoura-ger la participation des Autochtones au d-veloppement nergtique .

    Ces rencontres ont notamment runi des membres de lindustrie, des lobbyistes de compagnies ptrolires, des acadmiques et des reprsentants de Ressources natu-relles Canada. Plus de dtails se retrouvent dans lordre du jour, disponible partir du lien https://research.uottawa.ca/confe-rences/positiveenergy. La Rotonde na pu rejoindre les organisateurs avant la mise sous presse.

    Ferm au public

    Aucun communiqu de presse officiel de lU dO na t diffus concernant cette nou-velle entente. Linscription au colloque se faisait sur invitation seulement.

    Lvnement a tent de runir plus de 120 experts du secteur de lnergie. Le tout tait co-organis par Monica Gattinger, profes-seure et prsidente du Collaboratoire, et Guy Holburn, prsident de la chair Suncor et directeur du Ivey Energy Policy and Ma-nagement Centre, lUniversit Western.

    Allan Rock, recteur de lU dO, clarifie lobjectif de la confrence : Lide, ctait de mettre en place les ponts entre les com-pagnies ptrolires, les ONG, les compa-gnies extractives et les Autochtones, pour quon ait une table de consultation et que lon trouve des solutions pour un sujet qui

    touche une diversit dintrts .

    Dans le contexte actuel, Mme Elboudjaini soutient que sassocier avec TransCanada, est problmatique . Elle cite notamment un rapport rendu public qui dvoile les strat-gies utilises par la ptrolire pour modifier lopinion publique. a fait une anne et demie que je tente damener lUniversit considrer le dsinvestissement des nergies fossiles. Lobjectif est de sanctionner mora-lement des entreprises, dont Transcanada fait partie , explique Mme Elboudjaini.

    Le regroupement uOttawa sans fossiles, qui milite pour que lU dO se dsinvestisse des nergies non renouvelables, soppose catgoriquement ce que notre universit facilite lcoblanchiment de ces industries polluantes. Ce sont tout simplement des compagnies destructives qui cherchent sembler plus cologiques pour viter les cri-tiques , soutient le regroupement.

    Financ par lindustrie

    Plusieurs membres de lindustrie sont des donateurs du Ivey Energy Policy and Management Center. Cest notamment le cas pour la multinational ATCO, la Suncor Energy Foundation, TransCanada Corpora-tion ainsi que la compagnie Union Gas. La Rotonde na toutefois pas t en mesure de dterminer ltendue de ce financement.

    LAssociation canadienne de pipelines dnergie, lAssociation canadienne des producteurs de ptroles, lentreprise de gaz naturel Encana et Ressources naturelles Canada font partie des supporteurs du projet.

    Le programme [du colloque] a t structur de faon identifier des aspects qui permettront dattaquer des problmes importants , explique le mot de bienvenue rdig pour la confrence. Questionn sur le colloque, Allan Rock a prcis que lordre du jour est le seul document qui existe ma connaissance .

    Lintrt des ptrolires dabord

    On en a juste entendu parler aprs que cela ait eu lieu , critique Daniel Cay-ley-Daoust, ancien tudiant lU dO et

    coordonnateur de la sensibilisation pu-blique lInstitut Polaris.

    Il ny a pas vraiment de climat ouvert aux discussions , sindigne ce dernier. Si on est pour avoir quelque chose comme a, il faut au moins que a soit ouvert. Mais je demeure critique des raisons pour les-quelles ils ont dcid de faire ce partena-riat. Ce nest pas juste une plateforme de discussion , souligne lancien tudiant. Ils nont pas utilis le mot ptrole dans cet ordre du jour, mais quand ils disent ner-gie, cest clair quils parlent du ptrole , soulve M. Cayley-Daoust.

    Ce dernier soutient que lU dO a fait un choix trs politique en hbergeant la confrence. Cest le concept dintrt pu-blic, qui est remplac par les intrts cono-miques des compagnies et de lindustrie , critique M. Cayley-Daoust.

    Des consquences ignores

    Les ateliers taient orients sur le thme de lacceptabilit. Lordre du jour suggre que peu dattention tait porte lidentifi-cation de solutions concrtes pour des com-munauts prcises.

    Alexandre Michaud, candidat au docto-rat en histoire lU dO, souligne que lap-proche de lindustrie vise souvent mini-miser les risques daller en cour, plutt que dattaquer les consquences long terme que pose lindustrie sur les communauts. Ce dernier revendique que les pratiques de-vraient tre repenses si lindustrie dsire amliorer la situation des communauts autochtones plutt que de tenter de raliser ses projets moindre cots .

    Le panel Encourager la participation des Autochtones au dveloppement ner-gtique a rassembl Phil Fontaine, ancien dirigeant de lAssemble des Premires Nations et facilitateur de TransCanada, Micheal Keenan de Ressources naturelles Canada, Dwight Newman de lUniversit de la Saskatchewan et Alain Paris de Trans-Canada.

    La Rotonde na pu assister la confrence ainsi qu lensemble du colloque. Plus de dtails suivront.

    ILLUSTRATION : ANDREY GOSSE

  • [email protected]

    Actualits [email protected] mars 2015

    Dvoilement du plan directeur de lUniversit

    La communaut suffisamment consulte? Clmence Labasse [email protected]

    Aprs prs de trois ans de gesta-tion, le plan directeur du campus de lUniversit dOttawa arrive bien-tt son terme. Lors de journes portes ouvertes les 10 et 11 mars dernier, la communaut univer-sitaire et les rsidents de la Cte-de-Sable ont pu dcouvrir lavenir du campus, tel que dvoil par les reprsentants de la firme de consul-tants torontoise Urban Strategies en charge du projet. Toujours sujet des changements, le plan final de-vrait tre remis au Bureau des gou-verneurs lautomne.

    Dans les grandes lignes

    Ambitieux, ce plan directeur prvoit de nombreux chambardements pour lUniver-sit. Nouveaux btiments, nouvelles instal-lations, ramnagements touchant autant des difices que des sites extrieurs, le plan parat colossal. Les objectifs affichs sont autant dagrandir le campus que de le rendre plus respectueux de lenvironnement, plus favorable lintgration des communauts pour crer une image positive et unie de lUniversit.

    Parmi les transformations les plus no-tables, le Centre universitaire Jock Turcot et ldifice Montpetit, btiments dont la construction remonte aux annes 1970, devraient se voir rass. De mme, les rsi-dences Brooks, Thompson et une grande partie des difices prsents sur la rue King Edward devraient disparatre. La rue serait compltement ramnage pour y accueillir immeubles universitaires, logements tu-diants et commerces.

    Certains projets ont dj t amorcs, comme la construction de la rsidence Hen-derson depuis la rentre 2014. Dautres dbuteront de faon imminente. Une place centrale pitonne devrait apparatre la rentre, l o se situe actuellement le sta-tionnement de la Facult des sciences so-ciales. De plus, le Centre dapprentissage sera accol larrire du btiment Lamou-reux. Les travaux commenceront cet t. Pour les tudiants, limpact le plus immdiat sera la multiplication des cours de soir afin de compenser pour les fermetures de salles ncessits par les travaux. Si ce plan dessine les grandes lignes du dveloppement futur, plusieurs incertitudes entourent encore cer-taines propositions.

    Ni lemplacement du nouveau centre na t dtermin, ni les conditions de destruc-tion de lancien. Pour autant, ce nest pas de

    sitt que beaucoup de ces btiments verront le jour. Le ramnagement propos stale sur au moins une trentaine dannes.

    La proposition de destruction des rsi-dences Brooks et de ses 708 places peut surprendre, alors que lUniversit doit sef-forcer en parallle de combler la pnurie de place en rsidence. Le plan directeur indique que 12 000 places, au mieux, pourraient tre cres en rsidence au terme des nombreux ramnagements. Du reste, lacquisition le 18 mars du Quality Hotel devrait permettre lUniversit de proposer quelques 400 nouveaux lits ds cet automne.

    Laccent mis sur la communaut

    Le processus se veut transparent. Dans un article de La Rotonde de lanne dernire, larchitecte urbaniste Eric Turcotte, membre de lquipe de consultants, expliquait dj que les ateliers, en prsence de diffrents membres de la communaut, staient trs bien passs. On peut voir quelles sont les priorits de ladministration versus celles des tudiants et des professeurs. [] On veut que les acteurs puissent faire partie des solutions , avait-il dclar.

    Philipe Garcia-Duchesne, tudiant de deu-xime anne en tude des conflits et droits humains, a dcouvert les plans de lUniver-sit lors de la journe portes ouvertes. Il y avait surtout des grands panneaux pour lire et tu pouvais poser quelques questions.

    Aprs en avoir poses quelques-unes, je pense que jen suis sorti plus confus quautre chose. Je ne sais pas si jai t cout mais jai tent de voir comment je pourrais tre plus impliqu, en prenant des contacts , relate-t-il.

    Jonathan Rausseo, gestionnaire au Bu-reau du dveloppement durable, sest im-pliqu dans les dmarches, que ce soit lors de consultations ou sur les rseaux sociaux. Jencourage les gens participer et don-ner leur avis, car en fin de compte, cest notre campus et cest nous de dcider ce quon veut pour lavenir .

    Le gestionnaire aura pu participer quelques consultations, sur des sujets sp-cifiques. Jai aim pouvoir participer a. Dhabitude on voit rarement des interac-tions avec la communaut dans les prises de dcision. Cela tant, les groupes consults par la firme pouvaient aussi tre trs spci-fiques, par exemple, la consultation pour le Centre dapprentissage ntait pas publique, seules des personnes spcialises pouvaient y participer , a prcis M. Rausseo.

    Pour la prsidente de la Fdration tu-diante, Anne-Marie Roy, les points de vue tudiants nont pas t suffisamment int-grs la discussion. Le plan na pas t fait en coopration avec les tudiants. Nous avons eu trois quatre rencontres avec les architectes pour discuter de lavenir du cam-pus, et du Centre universitaire notamment

    mais il sagissait bien plus de prsentations auxquelles nous ragissions que de rels changes , affirme-t-elle. La prsidente souligne galement quil lui a t refus de participer au Comit consultatif du dvelop-pement du campus de lUniversit, auquel elle avait demand dtre intgre.

    Manque de chiffres proccupant

    LUniversit voit les choses en grand. Sil est possible de suivre les mises jour du pro-cessus de consultation et lavancement du projet grce un blog interactif, rares sont les informations chiffres disponibles. On trouve, en particulier, peu destimation du budget quexigerait un tel dveloppement sil tait entirement men bien. Mme sil est forcment difficile destimer le total des investissements ncessaires, puisque tous les projets proposs ne sont pas dcids, leur impact sur les cots de scolarit et sur les ressources pdagogiques reste inconnu.

    court terme, diffrents investissements ont t dvoils sur ltat du budget de 2014. Cinq millions de dollars ont ainsi t inves-tis pour le Centre dapprentissage et ldifice des sciences de la sant, mais cette somme ne couvre que le dveloppement des plans et devis.

    Davantage sur les cots sera dvoil de pair avec le projet final lors de sa prsentation au Bureau des gouverneurs, prvue pour lau-tomne prochain.

    ILLUSTRATION : ANDREY GOSSE

  • larotonde.ca [email protected]

    Actualits [email protected] 23 mars 2015

    ChroniqueUn aperu de la science gntique

    Nicholas RobinsonBnvole

    Rcemment, lentreprise canadienne Okanagan Specialty Fruits a annonc lap-probation de sa varit de pommes sur-nommes Arctic Apples. Ces pommes sont uniques : lorsquelles sont coupes, elles ne brunissent. La compagnie a russi cela en rgulant lexpression de quatre gnes afin de rduire la quantit dune molcule qui a pour effet de ragir avec dautres molcules pour produire la mlanine la molcule qui donne cette couleur brune. Rcemment, un sondage a montr que 80 % de la population amricaine voulait que la nourriture gntiquement modifie soit tiquette comme telle. Il existe des problmes quant lalphabtisme scien-tifique au sein de la population : toute nourriture qui provient dun tre vivant contient de lADN. Donc, voici une brve explication de la science derrire la gn-tique. LADN est le matriel de stockage dinformations gntiques utilis par tous les tres vivants connus. Les composantes les plus importantes de lADN sont les nuclotides. Une srie de nuclotides pro-duit une protine cette srie est appe-le un gne. Une des merveilles de la vie sur Terre est quon parle tous le mme langage gntique. En fait, on partage la majorit de nos gnes avec dautres es-pces. Il existe plusieurs mthodes par lesquelles lADN peut se propager. La plus connue est la reproduction sexue. Lors de cet vnement, les gnomes de deux tres de la mme espce se voient coupls afin de produire un seul gnome, qui pos-sdera des traits des deux parents. LADN dans la vaste majorit des espces bact-riennes se propage par clonage. Il existe aussi une autre mthode intressante : le transfert horizontal des gnes, o lADN passe dun organisme un autre. Ceci se produit trs souvent dans la nature. En fait, des chercheurs viennent de trouver que le gnome humain comporte plus de 100 gnes provenant de bactries! Cette dernire mthode est la base des tech-niques damlioration gntique. En iso-lant les gnes derrire un processus biolo-gique, on peut se servir des outils trouvs dans la nature afin de mettre quelques gnes spcifiques un endroit donn dans un gnome entier ou de rguler lexpres-sion de plusieurs gnes. Un des premiers usages de la technologie fut dinsrer le gne responsable de la production dinsu-line humaine chez des bactries (il faudra prendre un moment pour remercier Fre-derick Banting, le scientifique canadien qui a dcouvert linsuline). Maintenant, presque toute linsuline utilise par les diabtiques est fabrique avec ce proces-sus! Une des dcouvertes captivantes quil nous reste faire est celle de la vie ex-traterrestre. Si elle existe, utiliserait-elle lADN comme code gntique? Comme il a t dit par J.B.S. Haldane : Lunivers est non seulement plus trange quon ne limagine, il est plus trange quon ne peut limaginer .

    Un individu accus davoir poignard une personne sur le campusLes festivits de la Saint-Patrick ont tourn au vinaigre mercredi matin alors quun homme de 37 ans a poignard un individu au biceps et

    la main. Laltercation aurait eu lieu prs des rsidences Brooks de lUniversit dOttawa, vers 1 h du matin. Selon ce que certains mdias rapportent, les deux individus ne se connaissaient pas. La police est toujours la recherche de renseignements sur cette affaire.

    Christopher BernardChef actualits

    Nouvelle rsidence sur la rue RideauLUniversit dOttawa (U dO) a annonc aujourdhui quelle augmentera sa capacit de logement. Lancien Quality Hotel, situ

    au coin King Edward et Rideau, sera converti en rsidence tudiante pour loger 414 tudiants ds septembre 2015. La nouvelle rsi-dence comptera 207 chambres doubles et offrira des caractristiques de luxe, telles que deux lits doubles, un tlviseur cran plat et une salle de bain complte. Aucun dtail na t confirm quant la prsence de cuisinette ou de cuisine partage. Lentente de location long terme que nous avons conclue avec le nouveau propritaire de ldifice nous permet datteindre notre objectif dajou-ter environ 1000 places en rsidence pour nos tudiants , a dvoil Marc Joyal, vice-recteur aux ressources. Ainsi, nous pourrons proposer une meilleure offre davantage de nouveaux tudiants . LUniversit logera jusqu 4000 tudiants avec louverture de cette nouvelle rsidence ainsi que la construction dune rsidence sur la rue Henderson ds septembre.

    Gabrielle DuboisChef web

    EN BREF

    Photos choquantes dans le Centre universitaire

    Les regroupements chrtiens revendiquent un espace eux

    Alex Jrgen Thumm [email protected]

    Diverses affiches grossires qui se moquent de Jsus apparaissent en guise de harclement sur les murs du local UCU 215, lieu de ren-dez-vous des chrtiens du campus, et ce, depuis le dbut du semestre. Trois tudiants ont approch La Rotonde avec une revendication commune : un espace chrtien sur le campus.

    Dans les derniers mois, lUniversit aurait reu des plaintes de bruit lgard des activits au UCU 215. Aprs la se-maine de relche de fvrier, elle a appo-s le panneau Secteur dtude : silence S.V.P sur chaque mur du local. Avant, le local ntait pas considr comme un secteur dtude, mais plutt une aire de rendez-vous, explique ltudiant Joel

    Regnier. Nous sommes bruyants, il y a beaucoup de membres. Des centaines de personnes sont impliques, donc cest invitable, mais nous navons pas dautre place o on peut aller , estime-t-il.

    En plus de se sentir marginaliss par lUniversit, les chrtiens du UCU 215 sont aussi la cible dune suite daffiches qui tentent de les provoquer, voire de les intimider. Certains autocollants et affiches prsentent vulgairement un message pro-avortement, alors que les exemples les plus extrmes ridiculisent et dmonisent Jsus. De nouvelles af-fiches sont apparues le 17 mars dernier. Nous voyons que ces affiches viennent et puis disparaissent, mais nous ne nous laissons pas victimiser en les enlevant. Cest enfantin, grossier et intolrant. La tolrance est une rue deux voies. Les gens savent que nous nous rassemblons ici, a fait 15 annes que cest ainsi. Cest un lieu discret, on aurait pu les afficher ailleurs, mais non, ils viennent exprs ici , estime M. Regnier.

    Ltudiante Mariann Jajo-Yacoub par-tage ces soucis. Ceci est un problme

    et je veux quon le rgle , affirme-t-elle. Hadi Wess, le vice-prsident entrant aux activits sociales de la Fdration tu-diante, est daccord que ces images sont choquantes pour la communaut chr-tienne et que celle-ci mrite le respect.

    Il nest pas surprenant que cette margi-nalisation pousse les tudiants chrtiens se demander pourquoi ils ne peuvent avoir un espace propre eux. Nous navons pas despace pour nous rassem-bler en tant que communaut, pour tre ce que nous essayons dtre , raconte M. Regnier. Il note que la salle des clubs est trop petite et surcharge, il en va de mme pour la salle multi-foi qui serait surtout utilise par les musulmans. Les 15 rservations de salle accordes chaque club ne suffisent pas pour une commu-naut qui se rassemble quotidiennement.

    Nous avons besoin dun local main-tenant. lUniversit, il existe un centre pour presque tout, mais aucun service pour les gens de foi. Ceux-ci doivent si-ner pour les espaces qui restent, pourtant ils sont si nombreux sur le campus , constate M. Regnier.

    Augmentation du salaire minimum en OntarioLe gouvernement libral de Kathleen Wynne a annonc la semaine dernire une augmentation du salaire minimum en On-

    tario. Celui-ci passera 11,25 $ de lheure au mois doctobre, et sera le salaire minimum le plus lev au Canada aprs les Territoires du Nord-Ouest. Cette augmentation est le rsultat dun projet de loi adopt lautomne dernier qui ajuste le salaire minimum avec linflation chaque anne. LOntario a par contre trois diffrents salaires minimums. Ainsi, celui pour les tu-diants passera de 10,30 $ 10,55 $ de lheure, tandis que celui des serveurs stablira 9,80 $, une augmentation de 0,25 $.

    Christopher BernardChef actualits

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    Actualits [email protected] mars 2015

    Semaine dapartheid isralien

    Il y a un autre Isral que le monde doit connatre Alex Jrgen Thumm [email protected]

    La Rotonde a couvert les activits de la Semaine dapartheid isralien (IAW) annuelle depuis plusieurs an-nes. Or, cest lUniversit Carleton que se sont tenus la majorit des v-nements durant le mois de mars. Un vnement a t organis lUniversi-t dOttawa, soit une sance de film et une discussion, le 19 mars dernier. La Rotonde a donc adopt une approche diffrente en parlant avec les reprsen-tants diplomatiques.

    Eitan Weiss est porte-parole et responsable de la diplomatie publique de lAmbassade isra-lienne Ottawa.

    La Rotonde : Comment le gouverne-ment isralien ragit-il lactivisme critique, notamment lgard de la

    Semaine dapartheid isralien? Sou-tient-il ce genre dactivit de quel-conque faon?

    Eitan Weiss : Vous devez comprendre quIs-ral est une dmocratie forte et vibrante ; chaque citoyen peut voter ou tre vot, peu importe son ethnie. Nous acceptons la cri-tique et comprenons quelle fait partie du pro-cessus dmocratique. Nous sommes critiques de nos propres actions et il y a certainement beaucoup de place pour la critique. Ceci tant dit, nous devons faire la diffrence entre la critique lgitime et celle illgitime, dont le seul objectif est de dlgitimer le droit dIsral dexister en tant qutat dmocratique, car nous croyons que les organisateurs de lv-nement que vous mentionnez [IAW] nont pas lintention de rapetisser lespace entre Isral et la Palestine, mais plutt de seulement noir-cir limage dIsral dans la communaut inter-nationale. Vingt pourcent des citoyens dIsral sont arabes et possdent le droit de voter. Un parti arabe est actuellement en voie de deve-nir le quatrime plus grand parti du gouver-nement [NDLR : une coalition arabe-commu-niste a remport la troisime place, avec 12 % des siges].

    Au lieu dactivistes, nous pouvons les nom-mer anarchistes. Souhaitent-ils trouver une

    solution pour rapetisser lcart? Quelles sont leurs intentions? En analysant leurs objec-tifs, on se rend compte que leurs efforts ne se concentrent pas rellement rapetisser lcart, ils veulent simplement noircir limage de mon pays. Nous sommes les premiers dire quIsral nest pas innocent ; nous avons fait beaucoup derreurs et je suis sr que nous allons en faire lavenir en ce qui concerne le conflit palestinien. Nous ne sommes pas par-faits, nous le savons. Mme les Palestiniens ne sont pas parfaits ; ils ont fait des erreurs, ils en font et ils en feront encore. Ce que je dis, cest quon ne peut blmer un ct ou lautre. Ce nest pas juste de dire que seulement Isral est blmer et que tous les Palestiniens sont innocents. La moiti des Palestiniens rsident Gaza, o le gouvernement du Hamas abat des femmes et des enfants. Nous navons pas besoin de plus dlments radicaux tentant de faire basculer le navire et noyer tout le monde. Nous navons pas besoin de critique illgitime.

    LR : Quels sont des exemples de ce que vous appelez de lactivisme lgi-time?

    EW : Il y a plusieurs organisations tentant de rduire lcart et nous tentons daider ces organisations avec une coopration trilatrale dans les domaines de lagriculture, du pou-voir aux femmes, tout compte fait de donner aux Palestiniens des ressources constructives. Ceci est de la critique lgitime parce quils viennent et disent Isral, vous ne faites pas ceci correctement, pour le systme dgout, et vous devez travailler ensemble . Il y a des organisations [appuyant IAW] qui crent de la critique illgitime et qui soutiennent des organisations terroristes. Historiquement, chaque fois que nous en sommes venus un point critique, avec une possibilit de signer un accord de paix avec la Palestine, quelque chose se passait et ils se retiraient sans signer daccord. Mme en 2000 lorsque 99,9 % des Palestiniens taient en accord et que Yasser Arafat na tout de mme pas sign. Ces mou-vements critiques illgitimes ont seulement blm Isral et pas la Palestine. Cela donne beaucoup de soutien la Palestine en disant cest correct, continuez de faire ce que vous faites , ce qui ne leur donne pas le got de cooprer parce quIsral sera toujours blm. Cest un peu injuste.

    LR : Les ambassades israliennes ou le gouvernement isralien ont-ils eu des communications directes avec IAW?

    EW : Si vous aviez offert au prsident Obama de parler avec Ben Laden lorsque celui-ci tait encore vivant, pensez-vous quil laurait fait? Non? Exactement. La seule chose que je peux vous dire est quIsral est une dmocratie trs vibrante, la seule dmocratie dans la rgion. La Palestine nest pas une dmocratie, ni au-cun pays avoisinants. Et le seul pays recevoir tout le temps le blme, cest Isral. Cest drle. Le Conseil des droits de lhomme des Nations unies est rempli de pays comme lIran, la Li-bye, lArabie saoudite, o ils coupent les mains si on vole quelque chose. Combien de rsolu-

    tions ont t dposes contre Isral? Vingt-deux. Combien contre lArabie saoudite, contre la Syrie? Aucune. Est-ce que a semble raisonnable ou juste? Cest trs complexe et nous croyons que ces organisations activistes ont pour seul but de dgrader ou dlgitimer ltat de mon pays.

    LR: Isral a-t-il des liens avec lUni-versit dOttawa?

    EW : Il y a dexcellents liens avec lUniversit de Hafa et celle de Tel Aviv. LAssociation des universits et collges du Canada a organis en octobre dernier une rencontre Ottawa entre prsidents duniversits israliennes, allemandes et canadiennes, dont le sujet prin-cipal tait sur Isral en tant que pays de haute technologie. Il y a un norme intrt dans le domaine acadmique isralien, un genre de diplomatie des savoirs . Isral a aid le Canada entrer dans Eureka, un forum eu-ropen international servant au financement de la recherche. Isral tait un membre de longue date et le Canada ne ltait pas encore, donc cest quelque peu trange que ce soit Is-ral qui ait aid le Canda devenir membre. Ceci nous permet davoir des fonds communs pour des recherches communes. Il y a une ex-cellente coopration acadmique entre Isral et le Canada. Chaque universit canadienne est rellement prte cooprer avec Isral. Nous navons que sept universits et chacune font partie du top 100 mondial. Isral est lun des pays les plus avancs en haute technolo-gie, en recherche et en dveloppement. Nous contribuons mondialement dans plusieurs domaines, de la mdecine jusquaux sciences sociales. Plusieurs pays nous envient.

    Nous croyons quil y a un autre Isral que le monde doit connatre. Pour la personne moyenne, lorsquon lui parle dIsral, la pre-mire chose laquelle elle va penser est le conflit avec la Palestine. Nous voulons leur montrer quIsral est bien plus que a. Parler dIsral seulement en lien avec le conflit ne nous rend pas notre juste valeur. Le conflit existe, cest dommage quil existe, et nous sommes trs intresss de le rsoudre, mais de blmer seulement Isral pour le conflit est une erreur. Chaque ct devrait tre tenu responsable du conflit. Nous voulons que les autres personnes connaissent lautre Isral, le vrai Isral.

    La rdaction souhaite souligner que cette en-trevue prcde les lections israliennes du 17 mars dernier.

    Le journaliste isralien Gideon Levy, du quotidien Haaretz, don-nera une confrence Ottawa inti-tule Israeli Elections: What next for Israel-Palestine? , lundi le 23 mars 19 h lglise First Baptist, 140 avenue Laurier ouest. Lentre pour tudiants cote 12 $. Plusieurs journaux lont appel l homme le plus ha en Isral , ou le plus h-roque , pour son journalisme sur le conflit et les abus des droits hu-mains.

    CRDIT PHOTO : MAYSEM ATYAOUI Le porte-parole et responsable de la diplomatie publique de lAmbassade isralienne Ottawa, Eitan Weiss.

  • larotonde.ca [email protected]

    Actualits [email protected] 23 mars 2015

    Semaine dapartheid isralien

    Les Palestiniens dIsral font face la discrimination Alex Jrgen Thumm [email protected]

    Le reprsentant de la Dlgation pa-lestinienne au Canada, son excellence Sad Hamad, sest entretenu avec La Rotonde dans le cadre de la Semaine dapartheid isralien. Le reprsentant encourage les tudiants dbattre de manire inclusive et sintresser la situation des droits humains.

    La Rotonde : Comment ragis-sez-vous face la Semaine dapar-theid isralien (IAW)? Comment les Palestiniens se sentent-ils par rap-port lactivisme pro-palestinien et quaimeriez-vous voir des activistes ?

    Sad Hamad : Le peuple palestinien est pro-fondment reconnaissant du soutien des tu-diants canadiens dun ocan lautre. Leur activisme nous rassure que notre situation nest pas oublie. tre dfenseur des droits humains des Palestiniens est parfois une voie difficile emprunter. Nous accueillons toutes les personnes qui veulent travailler main dans la main et marcher avec nous vers la libert.

    Les tudiants canadiens et ceux palestiniens partagent tous deux une solide histoire dac-tivisme et dorganisation communautaire. LUnion gnrale des tudiants palestiniens (UGP) a jou un rle considrable dans la diaspora palestinienne des annes 1960 sous le rgime de Yasser Arafat et dautres. Moi-mme, jai entam ma carrire dactiviste au collge aux tats-Unis en 1970 avant de com-mencer ma carrire diplomatique.

    Les tudiants canadiens nont pas t moins activistes pour autant : exiger la fin de la guerre du Vit Nam, faire pression sur lapar-theid sud-africaine, et financer IAW, les soci-ts pour les droits humains en Palestine sont actives dans chaque institution de recherche majeure travers le Canada et nous avons pour cela la tradition de lactivisme tudiant remercier.

    En ce qui concerne la notion dapartheid en soi, larchevque Desmond Tutu la applique aux rapports entre Isral et la Palestine. Le regrett Nelson Mandela a dit cette fameuse phrase : Notre libert est incomplte sans la libert des Palestiniens . Le Conseil sud-afri-cain des glises a endoss IAW et a appel la situation entre Isral et la Palestine la pire apartheid. Donc les experts se sont dj clai-rement prononcs sur la question. Toutefois, il ny a pas deux situations qui soient com-pltement identiques. Dans certaines rgions israliennes/palestiniennes, la discrimination est plus vidente quailleurs.

    En Isral, la perscution est plus subtile. Mme sils constituent prs de 20 % de la po-

    pulation, les citoyens palestiniens dIsral font face la discrimination dans lducation, le commerce et la politique. Ils font face des discours de haine de la part du gouverne-ment isralien et des attaques terroristes de groupes ultranationalistes. Il y a des limites dans les endroits o ils peuvent travailler et vivre ; 11 000 Palestiniens ont t jets hors de Jrusalem depuis 1993. Il y a des limites leur participation complte dans la soci-t. Ltat ne protge ni leurs intrts ni leur identit. Bien que plusieurs Palestiniens habitent la Knesset, ils ny ont quun rle marginal ; tous les niveaux de pouvoir sont contrls par la majorit religieuse. Bref, le gouvernement isralien ne reprsente pas les intrts de tous ses citoyens, malgr les avan-tages que le pluralisme vante souvent.

    Dans ltat occup de la Palestine, la discri-mination et la sgrgation sont beaucoup plus videntes. Les colonies israliennes sur la cte ouest sont divises selon leth-nie. Les Palestiniens vivent dans une srie de bantoustans, exclus les uns des autres et assigs par des forces doccupation isra-liennes. Nous faisons face des fouilles, des arrestations et des dtentions arbitraires diffrents points de contrle. On nous em-pche demprunter les routes spares qui entourent nos communauts. Nous faisons face des restrictions rgionales imposes par les forces militaires israliennes qui em-pchent nos villes et villages de croitre. Nous faisons mme face un service dautobus s-par, comme les lois Jim Crow. Les Israliens appliquent une politique de sparation per-ptuelle, dmolissant nos maisons et nos ins-titutions dans un cycle de dpossession sans fin. Entre temps, des millions de rfugis pa-lestiniens des guerres de 1948 1967 ne sont pas autoriss retourner aux terres de leurs anctres parce quils ne rencontrent pas les qualifications ethniques et religieuses. Nous avons le droit de rsister ces injustices!

    LR: IAW fait la promotion du mou-vement Boycott, dsinvestissement et sanctions (BDS) contre Isral. Quelle est votre opinion de ce mou-vement?

    SH : En ce moment, Isral possde des cen-taines de millions de dollars de taxes quil prend des Palestiniens, ce qui veut dire que des milliers de personnes travaillant dans des institutions palestiniennes reoivent 60 % ou moins de leur salaire normal. Les forces militaires israliennes continuent leur sige de Gaza, empchant larrive de ressources de base. Sa marine tire sur des pcheurs et son arme sur des fermiers qui travaillent trop prs des frontires. Isral a impos un blocus conomique dfinitif sur Gaza et pris dinnombrables mesures pour empcher la croissance de lconomie de la cte ouest : rasant des champs dolives, chassant des fer-miers, volant des terres. Pourquoi ny a-t-il personne qui se plaint propos des sanctions conomiques israliennes contre la Palestine, un peuple dj occup et dpossd?

    LR : Que ce passe-t-il en ce moment en Palestine? Quelles inquitudes la dlgation possde-t-elle?

    SH : Llection isralienne fut trs drama-tique. Nous verrons quelle coalition mergera et sils veulent avoir de bonnes ngociations de bonne foi. Mais nous avons vu une com-pagne trs troublante base sur la peur et la provocation contre les Palestiniens par les partis qui ont gagn. Le ministre isralien des affaires trangres, Avigdor Lieberman, a exig la dcapitation dIsraliens-Arabes. Le premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait promis quil ny aura pas dtat palestinien sil tait rlu. videmment, nous sommes profondment troubls du retour dun parti gouvernemental de lextrme droite men par Likud.

    Jusqu ce quIsral sentende avec les Pales-tiniens en tant qutres humains, nous esp-rons que la communaut internationale va nous soutenir alors que nous poursuivons la justice par lentremise du jugement de la Cour pnale internationale, une cour que le Cana-da a firement aid tablir. Les Palestiniens continueront poursuivre toute mesure l-gale et diplomatique afin dobtenir leur liber-t et nous esprons que le monde continuera de nous soutenir dans notre objectif.

    LR : Cette semaine, Gideon Levy, un journaliste du Haaretz qui est trs critique lgard dIsral et qui a t nomm lhomme le plus dtes-t dIsral, revient faire une conf-rence Ottawa. Connaissez-vous bien M. Levy, et si oui, que pensez-vous de ses analyses?

    SH : Gideon Levy incarne le rveil qui a lieu dans certains segments du public isralien. Il ne fait rien de plus rvolutionnaire quappli-quer une perspective morale librale tradi-tionnelle, ancre dans la mise en vidence de la situation des Palestiniens. Des Israliens de la mme opinion seront ultimement les acteurs les plus importants lorsque viendra le temps de mettre fin au conflit entre Isral et la Palestine.

    Toutefois, Levy favorise une solution dun tat alors que nous ngocions pour une solution de deux tats. Lorsque les Israliens et les Pa-lestiniens deviendront plus laise ensemble, ils laboreront peut-tre leur entente de sorte que leur relation soit plus gale. Entre temps, nous devons travailler vers ce qui est faisable, de manire raliste, pour la situation actuelle. Je continue davoir espoir que les Israliens et les Palestiniens peuvent partager ces terres et quils se demanderont ensuite mais quoi pensions-nous? .

    LR : Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi une rgion non-ind-pendante possde une dlgation, que fait la dlgation palestinienne Ottawa? Avez-vous des relations di-rectes avec lAmbassade isralienne?

    SH : La dlgation gnrale de Palestine est loffice diplomatique reprsentatif des Pales-tiniens et du gouvernement au Canada. Nous entretenons des relations avec les politiciens canadiens, les socits civiles, et la commu-naut commerciale afin dtablir des liens dentente et de commerce entre nos peuples et pour renforcir nos relations diplomatiques.

    Nous navons pas de lien direct avec lAmbas-sade isralienne, non. Mais parfois je croise chemin avec lambassadeur isralien qui, daprs ce que je peux voir, semble tre un homme trs raisonnable. Il y a beaucoup de bons Israliens et Palestiniens des deux cts et cest ce quon doit se rappeler lorsquon re-garde les nouvelles et que la situation semble morne. La cl est dinstaurer les bonnes conditions afin de permettre que le meilleur de chacun puisse ressortir. Jessaie toujours de traiter le ct pro-isralien comme un ad-versaire plutt quun ennemi. Nous devons apprendre vivre ensemble et jencourage les tudiants intresss propos des droits humains des Palestiniens de continuer de d-battre de manire inclusive et respectueuse.

    Pour de plus amples informations propos de la dlgation et de notre travail, je vous en-courage de nous suivre sur notre page Face-book.

    CRDIT PHOTO : COURTOISIELe reprsentant de la Dlgation palestinienne au Canada, Sad Hamad.

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    Actualits [email protected] mars 2015

    Mois de la Francophonie Mois de la francophonie

    Francophonies tats-unienneet du Grand Nord : peu discutes, tout aussi vibrantes Frdrique Mazerolle [email protected]

    Les tats-Unis sont souvent considrs comme tant une nation majoritairement anglophone munie dune vastitude de minorits lin-guistiques. LOrganisation inter-nationale de la Francophonie (OIF) indique que plus dune dizaine de millions dAmricains auraient une connaissance de la langue franaise. La Rotonde, avec laide de la direc-trice du Laboratoire de polypho-nies du franais de lUniversit dOttawa, France Martineau, sest penche sur lhistoire de la langue franaise en sol amricain et sur sa situation actuelle.

    Lhistoire amricaine, version francophone

    Pour comprendre pourquoi il y a au-tant de francophones aux tats-Unis, il faut faire un retour en arrire , explique France Martineau. En effet, la Nou-velle-France stendait jusquen Loui-siane .

    La dportation des Acadiens vers les Treize colonies en 1755, vnement que lon appellera communment le Grand Drangement , apportera aux tats-Unis une premire vague massive de francophones. Certains dentre eux, qui tentrent leur chance en sol franais, re-tournrent avec les leurs, notamment en Louisiane, qui deviendra ventuellement un bastion important comportant deux types de franais, dune part le franais acadien et dune autre le franais lauren-tien des Qubcois venus sinstaller aux tats-Unis.

    Dune autre part, la Nouvelle-Angle-terre devient un lieu important pour les Qubcois venant de la campagne lors de lindustrialisation du XVIIIe sicle, ne pouvant se trouver demplois Montral.

    Dans les tats qui formaient la Nou-velle-Angleterre, on peut encore distin-guer des villes plus acadiennes et des villes plus qubcoises. Par exemple, certains francophones vont encore dire javons, ce qui ne fait certainement pas partie du registre qubcois , explique Mme Martineau.

    Cette dernire ajoute galement que lon oublie parfois de parler de la rgion de Dtroit, du ct amricain, et de Wind-

    sor, du ct canadien, qui ont tous deux galement jou un rle important dans la francophonie amricaine, avec prs de 300 ans dhistoire.

    Malgr le fait quil y a maintenant des francophones un peu partout aux tats-Unis, ils ne sont pas toujours en mesure de parler leur langue avec aisance.

    Le plus gros dfi chez les francophones aux tats-Unis, tout comme les franco-phones partout en Amrique du Nord, cest de pouvoir parler leur varit de fran-ais , explique Mme Martineau. On se demande toujours si notre franais cest le bon franais, alors quil existe une mul-titude de diffrents franais, qui sont tous aussi bons lun de lautre .

    Louisiane : renouveau et prser-vation de la vitalit francophone

    Lanne 1968 fut une anne importante pour les francophones de la Louisiane, qui purent enfin bnficier dun statut linguistique spcial. En effet, des villes comme Lafayette et La Nouvelle-Orlans avaient dj un bon nombre dhabitants francophones. Avec la cration du Conseil pour le dveloppement du franais en Louisiane (CODOFIL), la minorit fran-cophone historique de la Louisiane a pu avoir droit des affichages bilingues et une plus grande place au sein de leur tat.

    Presque 20 ans plus tard, en 1982, le franais deviendra la deuxime langue

    officielle de ltat de la Louisiane, suite ladoption de la loi au snat louisianais. Aujourdhui, plusieurs habitants de la Louisiane ne parlent plus le franais, mais se considrent comme tant des franco-philes. Ceci ne veut pas dire que leurs en-fants font ncessairement de mme.

    Les gens qui ne parlent plus en fran-ais en Louisiane vont des fois tout de mme se dire franais, alors quils ne parlent plus la langue. Ils sont tout de mme fiers de leur culture , dclare Mme Martineau. Certains vont mme envoyer leurs enfants dans des coles dimmersion pour que ceux-ci puissent apprendre la langue . Il y a 150 000 francophones en Louisiane, sans compter les francophiles.

    En effet, plusieurs coles offrant des cours dimmersion franaise ont t ta-blies travers ltat. Il y en a environ 30, dont lcole bilingue de La Nouvelle-Or-lans. Ces coles ont d commencer par importer des enseignants de pays fran-cophones, mais la cohorte la plus rcente est compose de Franco-Amricains qui ont appris le franais en Louisiane. Selon une nouvelle loi, a ne prend quune p-tition de 25 familles pour forcer louver-ture dune cole dimmersion. On a fond la Fdration des jeunes francophones de la Louisiane et le Barreau a cr une section francophone en 1999 ayant une centaine davocats. Les services de ceux-ci sont retenus par une gnration vieillis-sante qui tait duque en franais. Vingt-deux comts ont rcemment adopt un

    affichage routier bilingue et une agence dtat a pour mission la protection de la langue. Ltat compte des missions de ra-dio en langue franaise et grand nombre de groupes de discussion francophiles existent pour aider les gens retrouver leur franais perdu.

    La francophilie est galement pr-sente chez les artistes cajuns qui, comme France Martineau nous lexplique, vont chanter des chansons du rpertoire, mais ne vont pas tre capables de parler en franais lors dentrevues . Un chanteur emblmatique chez les communauts acadiennes et cajuns, Zachary Richard, est galement originaire de la Louisiane et a gagn sa popularit auprs de celles-ci avec ses paroles rappelant les exploits et les difficults de leurs anctres.

    Finalement, Mme Martineau conclut que la francophonie, quelle y soit en mi-lieu majoritaire, minoritaire ou mme multiculturel, est bien l pour rester aux tats-Unis.

    Lorsquon est aux tats-Unis, on a limpression dtre isol en tant que fran-cophone. Cest donc important de ne pas ngliger lapport notable de la langue franaise dans lhistoire amricaine. Les francophones ont particip activement cette histoire. Pour pouvoir continuer faire valoir sa place comme francophone aux tats-Unis, il faut prendre conscience que lon fait partie dune francophonie bien plus large quon ne le pense .

    CRDIT PHOTO : COURTOISIELe drapeau des Cadiens.

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    Actualits [email protected] 23 mars 2015

    Mois de la Francophonie Mois de la francophonie

    Francophonies tats-unienneet du Grand Nord : peu discutes, tout aussi vibrantes Alex Jrgen Thumm [email protected]

    Dans le cadre du Mois de la francophonie, aprs stre pen-che sur des communauts lest et louest du pays, La Rotonde pose son regard sur la situation des francophones au Yukon, au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest.

    La Franco-Yukonnie

    Malgr ce que prsente le terrain aujourdhui, les Francophones taient les premiers Europens sinstaller au Yukon, territoire canadien nor-dique avec une population de plus de 33 000 habitants. Il sagissait de voyageurs canadiens-franais et m-tis qui travaillaient dans la traite des fourrures, bien avant la rue vers lor du Klondike. Aprs la fin de celle-ci, il y avait certes une forte migration francophone, mais le franais sest prserv tranquillement.

    Enfin, en 1979, lAssociation fran-co-yukonnaise (AFY) est forme et continue tre au cur de la vie fran-cophone au Yukon. Avec un person-nel de 23 employs, elle travaille animer une vie culturelle et politique forte avec une programmation artis-tique, des ftes et spectacles annuels, et mme une messe hebdomadaire.

    Au Canada, le Yukon se classe au 3e rang pour son taux de bilin-guisme, aprs le Qubec et le Nou-veau-Brunswick. Treize pourcents de la population du territoire parle fran-ais, 1,2 % de plus quil y a cinq ans. Les Francophones eux-mmes y repr-sentent 3,69 % de la population totale.

    LAFY occupe le Centre de la fran-cophonie Whitehorse, un lieu social

    ouvert tous les jours aux francophones et francophiles pour socialiser, cou-ter la musique franaise et simple-ment accder Internet. LAFY ny est pas non plus le seul organisme. On y trouve Les EssentiElles, un organisme fministe qui reprsente les besoins des Franco-Yukonnaises, ainsi que le journal bimensuel lAurore borale, qui existe depuis plus de 30 ans.

    Plus de 200 lves frquentent lcole francophone Whitehorse. ct de ltablissement se situe la Garderie du petit cheval blanc avec un personnel majoritairement francophone, mais qui reprsente la francophonie entire. La popula-tion tudiante de lcole a tellement augment que le gouvernement du Yukon a rcemment annonc son in-tention de construire une cole secon-daire pour cder lancien immeuble lcole primaire.

    Depuis que le Franco-Yukonnais Daniel Saint-Jean a reu une contra-vention uniquement en anglais en 1984, la qualit des services en fran-ais est devenue le sujet de beaucoup dattention. Le gouvernement terri-torial a cr la Direction des services en franais (DSF) pour coordonner leffort. En 2007, le gouvernement du Yukon a proclam le 15 mai la Jour-ne de la francophonie yukonnaise et en 2014, il a lanc le logo Bonjour Yukon, conu pour faire connatre les endroits o les gens peuvent ob-tenir des services en franais . Les employs bilingues ou multilingues dau moins une picerie majeure Whitehorse portent un badge pour lindiquer aux clients.

    Selon toutes les indications, la popu-lation francophone est en pleine crois-sance. Il y a toujours de plus en plus de services en franais, ce qui semble at-tirer de plus en plus de francophones de manire permanente. LAFY a ta-bli le site web www.direction-yukon.ca pour promouvoir limmigration francophone dans le territoire.

    Quest-ce qui les attire au Yukon? Cest la nature, lesprit communau-taire, la tranquillit et la qualit de lair selon les personnes interviewes sur le site web. En effet, lOrganisa-tion mondiale de la sant reconnat Whitehorse comme ayant lair le plus pur au monde.

    La Franco-Tnoisie

    Les Franco-Tnois maintiennent galement une prsence visible aux Territoires du Nord-Ouest, une ju-ridiction avec 11 langues officielles, dont le franais. 2,5 % de la popula-tion de 40 000 habitants ont le fran-ais comme langue maternelle. Leur histoire est diffrente quau Yukon. Mme si des francophones y habitent depuis longtemps, ce sont les indus-tries minire et ptrolire qui y attirent les francophones, surtout qubcois et acadiens, et ce, depuis environ 1951, selon le gouvernement fdral.

    Les Franco-Tnois sont trs disper-ss, habitant Yellowknife, Fort Smith, Inuvik, Hay River et Norman Wells. Le territoire compte donc deux coles francophones : lune dans la capitale, lautre Hay River. Yellowknife est nanmoins le centre des activits et les Franco-Tnois ont un rseau di-versifi dassociations regroupes par la Fdration franco-tnoise. Celle-ci a cr le Centre daccueil dImmigra-tion francophone aux Territoires du Nord-Ouest pour faciliter larrive et limmigration. Le territoire a une radio communautaire franaise et un journal hebdomadaire de langue franaise, LAquilon, fond en 1986.

    Les services gouvernementaux et ju-ridiques en franais ne sont pas aussi dvelopps quils ne le sont au Yukon, mais le territoire maintient un Secr-tariat aux affaires francophones pour donner un coup de main cet gard.

    La Franco-Nunavoisie

    Les premiers francophones au Nun-

    avut sont venus comme baleiniers au XIXe sicle, mais les Franco-Nun-avois daujourdhui sont largement issus dune migration beaucoup plus rcente. Selon le recensement de 2006, 1,3 % (ou 376) des habitants du territoire le plus jeune du Cana-da sont francophones. Si ce chiffre parat mdiocre, il faut simplement le mettre en contexte : langlais nest la langue maternelle que de 26 % des Nunavois. Quarante-cinq personnes sont germanophones, et 20 sont Ita-liens. 7,9 % des Nunavois nont au-cune connaissance ni de langlais ni du franais.

    Nempche que les Franco-Nuna-vois ont bti une communaut rela-tivement forte et hautement visible. En effet, le franais est lune des trois langues officielles au Nunavut, terri-toire inuit fond en 1999 en se spa-rant des Territoires du Nord-Ouest. Mme avant lindpendance du terri-toire, lAssociation des francophones du Nunavut existait. Fonde en 1981 aprs quun groupe de fervents du hockey dcidrent de former un groupe en bonne et due forme pour pouvoir rediffuser les parties des Ca-nadiens de Montral . Elle opre au Franco-Centre Iqaluit, o vivent la majorit des Franco-Nunavois.

    Aujourdhui, on y retrouve plu-sieurs associations francophones, dont une troupe de thtre, une sta-tion de radio communautaire et une cole francophone. En outre, il y a le Rsefan, le rseau sant en franais au Nunavut, qui tudie les besoins des Franco-Nunavois en bien-tre et y rpond avec des activits et des services en franais. Enfin, il y a le Carrefour francophone, qui intervient comme chef de file en matire de dveloppement conomique pour que les francophones puissent contribuer pleinement la croissance conomique du territoire . Au fond, il sagit dune agence dembauche, de recrutement et dentrepreneuriat francophone au Nord.

    CRDIT PHOTO : COURTOISIELe drapeau Franco-Tnois.

    CRDIT PHOTO : COURTOISIELe drapeau Franco-Yukonnais.

    CRDIT PHOTO : COURTOISIELe drapeau Franco-Nunavois.

  • [email protected]

    Actualits [email protected] mars 2015

    Mois de la Francophonie

    Chronique sur le PoitouJulia BarantinBnvole

    La question de mes origines ne sest jamais vraiment pose. En France, la re-constitution de larbre gnalogique nest pas systmatique. Peut-tre parce que nous navons jamais t dracins, avons nous un peu perdu le got de savoir do nous venons. En arrivant au Canada, jai donc t assez surprise de voir quici, en particulier dans les communauts fran-cophones, la recherche gnalogique est commune. Il se trouve dailleurs que de nombreuses familles acadiennes ont des anctres venant de ma rgion : dans louest de la France, le Poitou.

    Le Poitou est aujourdhui encore une r-

    gion plutt rurale. Les premires familles acadiennes qui immigrrent au cours du XVIIe sicle venaient dune dizaine de villages du nord de lactuel dpartement de la Vienne et taient principalement dorigine paysanne. Deux gouverneurs gnraux de lAcadie favorisrent ce peu-plement, puisque eux-mmes Poitevins. Ce sont alors 89 familles qui sinstallent outre-Atlantique.

    Au cours du XVIIIe sicle, suite la dfaite franaise sur les forces anglaises, aprs la dportation, des milliers dAca-diens sont rapatris en France. Le retour dans la mre patrie nest pas facile. Le roi Louis XV offre argent, toit et travail aux arrivants dans les campagnes de louest afin quils mettent en valeur le territoire. Les promesses sont cependant long-temps attendues et pas toujours tenues. Nombreux sont ceux qui dcident de repartir, pour la Louisiane notamment.

    On trouve cependant aujourdhui en-core des noyaux importants de familles acadiennes en France, les Blanchard en Vienne par exemple. Lhistoire liant lAcadie au Poitou, la France en gn-ral, est donc assez lourde, celle de la co-lonisation.

    Pour mclairer un peu sur la relation de lAcadie la France de nos jours, Michel, Acadien originaire du Nou-veau-Brunswick, travaillant Ottawa, a accept de men parler.

    Louest de la France, le Poitou, ce sont les origines. Il sagit dune question existentielle , mexplique Michel. Ce sont les racines de lidentit, celles de colonisateurs choisis ou envoys. Do limportance de dfricher la parent ou des plerinages gnalogiques qui sont assez populaires. Il y aurait plus daffinits avec la France quavec dautres communauts francophones. La langue est plus proche du vieux franais que le qubcois. Le drapeau mme de lAca-die reprend les couleurs bleu, blanc et rouge. La mre patrie est au centre de lidentit acadienne. Dans les chansons et contes, on retrouve des rfrences au roi, peut-tre au Poitou vert, qui sait.

    Les liens entre lAcadie et la France sont maintenus, entretenus par diff-rents changes culturels. LUniversit de Moncton et celle de Poitiers proposent un programme dchange depuis 2011. Dans le Poitou, mme des historiens retracent les lignes des familles acadiennes. On retrouve galement au festival de Lorient en Bretagne des groupes de musique aca-diens et des troupes de thtre. Les fran-cophonies ont apprendre les unes des autres. Esprons que ces liens continuent fructifier!

    Pour plus dinformcion: OPIRG-GRIPO.CA

    Prsentez-vous aux lections du GRIP PIRGOttawa

    Soumettez votre candidature avant le jeudi 2 april!

    Vous voulez vous impliquer avec un organisme qui travaille pour la justice sociale, environnementale et conomique? Voulez-vous acqurir de lexprience en travaillant avec dautres personnes qui sont passionnes par ces enjeux? En voici loccasion! Les responsabilits des membres du Conseil dadministration du GRIPO sont les suivantes :

    tre prsentE et participer aux runions (3 heures/semaine); Travailler sur un dossier tel que : assurer la liaison avec les

    employEs, le dveloppement de politiques, les ressources humaines, les relations communautaires, lanti-oppression;

    Assurer l'quit et la scurit en matire d'emploi pour les employEs;

    Contribuer au GRIPO avec enthousiasme et avec une perspective critique afin de crer un environnement la fois dynamique et sain pour chacunE.

  • Alexandre Millaire et Didier Pilon [email protected]

    Arts et culture

    www.larotonde.ca 13

    Mois de la francophonie

    400 ans de francophonie en OntarioCarine PlamondonBnvole

    Dans le cadre du Mois de la Francophonie et du 400e anniver-saire de la prsence franaise en Ontario, Flix Saint-Denis sest rendu au Carrefour francophone de lUniversit dOttawa pour y livrer une confrence dynamique.

    Mercredi dernier, le Carrefour franco-phone donnait la parole Flix Saint-De-nis, directeur artistique de Lcho dun peuple, le mga spectacle qui a attir des foules de spectateurs entre 2004 et 2008. Quatre sicles dhistoire raconts en lespace dune heure, cest le dfi quil a relev avec enthousiasme lors de cette confrence. Partant de la grande traver-se de lAtlantique, jusquaux vnements qui ont contribu lmergence de liden-tit franco-ontarienne, M. Saint-Denis a effectu un vritable marathon de faits et danecdotes historiques.

    Tout en insistant sur certains dtails

    historiques quon tend parfois oublier, il en a profit pour rectifier certaines de nos croyances populaires errones. Saint-De-nis sest aussi servi de certains lments historiques pour tablir des liens avec la culture et lidentit franco-ontariennes daujourdhui. Enfin, le confrencier a termin en effectuant une brve num-ration de plusieurs personnalits connues dorigine franco-ontarienne, le mandat tant, bien sr, de faire natre ou de re-donner un lan de fiert aux jeunes fran-cophones de lOntario.

    Bien que les reprsentations du mga spectacle Lcho dun peuple soient ter-mines depuis plusieurs annes, des d-marches ont cependant t entreprises pour lui donner un nouveau souffle.

    Pour linstant, le directeur artistique nous invite participer au festival qui aura lieu du 31 juillet au 2 aot prochain, Penetanguishene, afin de clbrer offi-ciellement les 400 ans de prsence fran-cophone en Ontario. Pourquoi Penetan-guishene? Tout simplement parce que cest cet endroit, alors appel Toanch, que Champlain aurait foul le sol de ce qui est devenu plus tard lOntario en al-lant rencontrer le chef des Premires na-

    tions Huron-Wendat. La date officielle de la prsence francophone dans la province remonterait donc cette rencontre du 1er aot 1615, partir de laquelle Champlain aurait pass une anne tisser des liens avec cette communaut autochtone.

    En attendant lvnement de lt pro-chain, Flix Saint-Denis invite galement

    dcouvrir la srie documentaire Le Rve de Champlain, prsentement diffuse sur TFO les lundis soirs 21 h. Cette srie de six pisodes prsente les priples de Champlain en mlant la fiction au docu-mentaire. Une question demeure cepen-dant en suspens : quelle sera la date du prochain mga spectacle de Lcho dun peuple?

    Entretien avec Hermngilde Chiasson

    Jargonner comme on lentendDidier [email protected]

    loccasion de la journe inter-nationale de la francophonie, le Collge des Chaires de la franco-phonie canadienne de lUniversit dOttawa a invit Hermngilde Chiasson donner une confrence qui a pour thme les francophonies plurielles.

    Lors de sa confrence, lhonorable Chiasson pote, ralisateur, dra-maturge, professeur, peintre, 29e Lieutenant-gouverneur du Nou-veau-Brunswick, etc. a explor 26 concepts, un pour chaque lettre de lal-phabet. Lessai sest lu comme un hybride de philosophie et de posie qui dvoile et explore les tensions qui marquent le fait vcu des francophones minoritaires.

    Toutefois, le discours a tent de sabste-nir de jugements moraux. Par exemple, lhonorable pote a parcouru le dua-lisme entre le purisme prescriptif de lAcadmie franaise et lvolution de lusage courant, sans dnoncer ni ap-puyer lun ou lautre.

    La Rotonde : Pouvez-vous nous rsumer le thme de votre pr-sentation?

    Hermngilde Chiasson : a a tourn principalement autour de deux choses. On [les francophones] est un peu excentriques par rapport au fait que les institutions qui rgissent notre langue sont extrieures de nous. Aus-si, ctait un peu un dsamorage de lide du combat, et essayer de mettre de lavant la pulsion de plaisir. [] Et en mme temps, il y avait des moments de dclaration damour la langue fran-aise.

    LR : Jaimerais bien retourner une citation de votre confrence lors de laquelle vous mention-niez un systme en dehors de la vie . Pouvez-vous laborer sur ce concept?

    HC : Cest lide quen tant que franco-phone, on va souvent concevoir des sys-tmes et des classifications, mais la vie nest pas faite comme a. La vie nous chappe par tous bords, tous cts, et lide serait de faire face chaque situa-tion de faon autonome. Comme je men-tionnais, en tant que francophone, on va dterminer le code de loi daprs des experts, alors que chez les anglophones cest daprs les jugements. Jai limpres-sion que ces approches diffrentes la loi se rpercutent dans plein dautres choses. Par contre, il y a chez toutes les cultures protocolaires, comme la socit fran-aise, le Japon ou la Chine, on dve-loppe toujours une grande cuisine. Cest

    comme si, pour balancer ce systme de classement et de rigidit, on a besoin dune sensualit qui nous ramne notre corps et au bonheur de vivre.

    LR : Pour finir, avez-vous un conseil aux tudiants franco-phones qui veulent vivre leur francophonie?

    HC : Moi je pense quil faut miser sur le fait que cest plaisant dtre francophone. On a une culture qui est sophistique et qui peut nous amener partout dans le monde, qui est un esprit extrmement ouvert et extrmement critique et qui est, daprs, une des grandes aventures de lhumanit. [] Lorsque je regarde TV5, je suis toujours fascin par tous les endroits o le franais a une rsonance. Comme je le dis souvent mes tudiants, le franais cest un outil. [] Le moment quon peut le matriser, cest une porte qui souvre sur le monde entier.

    CRDIT PHOTO : COURTOISIEFlix Saint-Denis, directeur artistique de Lcho dun peuple.

  • [email protected]

    Arts et culture [email protected] mars 2015

    Folk It All Folk it all

    BRUYANT, MOUVEMENT ET FOLK DE PART EN PART... Didier Pilon [email protected]

    Les murs du Rainbow Bistro ont vu natre, samedi le 21 mars dernier, la premire dition de Folk It All, un nouveau festival annuel de musique folklorique Ottawa.

    Garett Barr est le crateur, lorgani-sateur, le directeur artistique, lquipe de markting, et la seule source de fi-nancement du nouveau festival Folk It All. En dpit dtre le projet dune seule personne, la journe de festivit a rassembl plusieurs acteurs. Austin Baker de linstitut Golden Mean Films a film la soire et Andr Gagn, pho-tographe du Festival de Jazz, a captu-r lvnement en photos. En plus de concerts de six groupes diffrents, les DJ dOttawa Showbox ont fait tourner des disques vinyles des grandes chan-sons folkloriques.

    Il y a dj longtemps quon plani-fiait un petit festival dehors lt , a partag Barr. Assister un spectacle rock bruyant sur une scne pu-nk-rock-mtal, mais avec des groupes folkloriques a pouss Barr chan-ger dapproche. Cest ce moment quon sest dit que notre festival se doit dexplorer cette scne , explique lorganisateur du festival.

    une poque o le terme folk-lorique fait plus souvent quau-trement rfrence des harmonies calmes et mlodieuses, cette soire sest voulu un retour une interpr-

    tation plus tymologique du terme. Ainsi a dfil la musique du peuple ou, plus prcisment, la musique des peuples (irlandais, canadien-franais, sud-amricain, inuit, etc.) infuse de lesprit contemporain (punk, country, blues, etc.).

    La venue de la fte de la Saint-Pa-trick tait loccasion parfaite de mettre ce plan en marche. En plus de la musique, il tait possible de se procurer de la marchandise ainsi que de lart dartistes de la rgion qui simpliquent et sassocient lindus-trie musicale ottavienne. Les grandes vedettes de la soire taient The Jerry Cans, un quintette originaire dIqaluit au Nunavut. Au cours des dernires annes, ils ont figur sur la grande scne du Dawson City Festival, jou pour le premier ministre du Groen-land, et vendu tous leurs 1999 disques vinyles (en plus des CD et des cartes de tlchargement). loccasion de Folk It All, les membres de la forma-tion ont pris le vol de plus de 2000 kilomtres.

    Pour clore la soire, Dublin Down ont jou des reprises de classiques celtiques, punk et folk. Avec une mandole, une mandole doctave, un accordon, un violon et mme une cornemuse, la formation a repris les grands succs de Flogging Molly, Dropkick Murphys, The Pogues, et bien dautres. Ils connaissent plus de 250 chansons , dvoile Barr, et ils sont habitus de jouer des sets de quatre heures .

    Bref, voir la foule danser, sauter et tout simplement samuser Garett Barr ne faisant pas exception! nul ne peut douter du succs retentissant de cette premire dition.

    The Steamers

    Aouuuuuuuh!

    Un quintette dinstruments cordes guitares acoustique et lectrique, basse, banjo, mandole et parfois un ukull sajoute une batterie pour donner fond aux six voix distinctes de la forma-tion. Chacun des membres chante avec un style particulier, parfois en anglais, parfois en franais. Le son folk robuste, revigor par des riffs punk qui frappent, se prte aussi bien ceux qui veulent taper des pieds et des mains qu ceux qui prfreraient se lancer dans un gros mosh pit sale.

    Meilleur moment : Lorsque le doux chaos dune cacophonie de voix qui chantent des vers diffrents sallie au woah de la foule en une superbe harmonie.

    Le groupe The Noisy Locomotive.

  • larotonde.ca [email protected]

    23 mars 2015Arts et culture [email protected]

    CRDIT PHOTOS : MICHEAL JACK MCLAUGHLIN

    Folk It All Folk it all

    BRUYANT, MOUVEMENT ET FOLK DE PART EN PART...

    Jon Creeden

    Les cris de la voix roque et torture de Creeden a exsud dmotions sur un fond de grattage acoustique sur-agit. Aux accords sont superposes de mlodieuses variations qui sou-lignent les paroles toujours aussi claires, en dpit de la vi-gueur qui anime son strumming. Un son punk marin dans la bire et le passage invitable du temps donnent cho aux albums Punk Goes Acoustic qui ont marqu sa jeunesse. Cest un mystre savoir comment il nen perd pas la voix.

    Meilleur moment : Guitare en main mais laissant le micro sur scne, Creeden saute au milieu de la foule. Une trentaine de cris ahurissants sunissent au sien dans un moment de zen partag.

    James Leclaire & The Cable 22

    Une tentative de cerner le style musical de ce trio qui en-tremle batterie, basse, guitare et harmonica ne fait que mul-tiplier les genres. Folk-western rapide et entranant, country bluesy sombre et song, swing-garage aux influences rocka-billy, folklore celtique tapageur imprgn de whisky, bref, il sapparie sans hsitation toute une gamme dinfluences h-troclites. En direct, sa voix grunge touffe ses syllabes pour laisser place au mouvement.

    Meilleur moment : Devant la foule de jeunes blouis, un couple plus g monopolise le plancher danse avec des fi-gures de danse swing semi-professionnelles.

    The Jerry Cans

    Alianait!

    travers leurs chants folkloriques en Inuktitut, on ressent lentrelacement de di-verses cultures. Dans le son du violon, on croyait y percevoir lcho des ftes de la cuisine canadienne-franaise. Dans laccordon diatonique rsonnent les traditions des les britanniques. Mais dans les chants de gorge inuit (rcemment populariss par Tanya Tagaq), on remarque aussi lexprience unique du grand nord. Cette langue trangre mais dici se mlange aux dinstruments et aux styles musicaux familiers mais dailleurs. Alianait est le mot qui caractrise vraiment le mieux notre mu-sique. Traduit en anglais, on dirait simplement Fuck yeah. Cest un mot de clbra-tion , explique The Jerry Cans.

    Meilleur moment : Jerry! Jerry! Jerry! Jerry!

  • [email protected]

    Arts et culture [email protected] mars 2015

    MIEUX CONNATRE SA SCNEThe Noisy Locomotive

    La musique du peuplerecre pour son bonheur Alexandre Millaire [email protected]

    Beaucoup dair frais, des ran-donnes en ponton et des jams de six heures, tous runis autour dune bouteille de quelque chose font de The Noisy Locomotive un nouveau groupe folk qui sonne bien plus vieux que ses deux ans et demi laisseraient souponner.

    Compos de Ben Nesrallah la man-doline, de Corey Pool au banjo, de Tre-vor Pool la guitare et de tous les trois la voix, ce projet nouveau et vibrant nest quun chapitre dans une amiti qui remonte des dcennies.

    Des collaborations lpoque de lcole secondaire entre Ben et Corey ont fait le tour de la musique punk, exprimentale, noise, alternative et mtal tandis que les deux frres Pool

    ont beaucoup baign dans la musique traditionnelle portugaise de leur pre. Une rencontre limproviste suite des dmnagements Montral ont por-t des collaborations spontanes et il ntait pas long que le groupe commen-ait sentourer de musique Old Time et dinstruments folkloriques de tous les genres.

    Sitt que le groupe avait quelques chansons de prpares, ils se sont poin-ts vers les mtros de Montral afin de partager leurs talents et gagner leur pain. De ces premires prestations se sont ensuivies maintes performances Ottawa et Montral, une tourne avec le Ever Lovin Jug Band en Ontario et au Qubec ainsi que des performances de festival : le FOLK it ALL!, pass ce weekend, et le Festival Folk de Mon-tral, lieu du lancement de leur premier album The Noisy Locomotive Vol. 1 & 2.

    Ben raconte la philosophie du groupe et des traditions desquelles il tire : Le plus important cest la communaut. Si tu nous entends jouer avec nos amis, tu vois quel point on se prte et on semprunte des trucs. Quand les gens

    se runissaient aprs le travail, avant le iPod, les gens jouaient. Cest ce sen-timent quon essaye de traduire par nos performances . Les annes que Ben a passes lU dO complter son bac-calaurat en performance de piano sont aussi venues agrmenter la sauce pour rajouter une grce particulire aux ar-rangements vocaux.

    Les chansons quoffre le groupe, au-tant originales que traditionnelles, tirent de provenances diverses mais se centrent toujours sur le Old Time, souche originelle du bluegrass, du country et en particulier des styles du Carter Family, de Leadbelly et des vio-loneux du West Virginia, qui ont forte-ment influenc le trio. la base, cest de la musique de salon, de la musique de tous les jours qui ntait jamais cense tre joue sur scne , explique Ben. Ce tant dit, le public ne ressent aucune tra-hison voir ces trois hommes runis sur scne autour dun seul micro avec aucun instrument de branch. En prservant la musique dantan dune main et en la crant de lautre, The Noisy Locomotive est un groupe qui en a long de ferraille, autant dans le pass qua lavenir.

    Universit dOttawa | University of Ottawa

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    www.decouvrezuOttawa.ca

    CRDIT PHOTO : AYOUB BEN SESSILe groupe Noisy Locomotive.

  • larotonde.ca [email protected]

    23 mars 2015Arts et culture [email protected]

    Kaiser: collecte de fonds pour la cration

    Collaboration entre deux villes pour lpanouissement artistique

    Alexandre Millaire [email protected]

    Joseph Rabbat, tudiant de deu-xime anne en communication lUniversit dOttawa, a brandi sa guitare lectrique bien distor-tionne plutt que le clavier dor-dinateur comme mode dexpression vendredi dernier.

    Avec un grand nombre dinterprtes lo-caux qui cherchent accder des scnes plus grandes, plus dveloppes et dans plusieurs des cas plus subventionnes Montral et Toronto, il vaut la peine de souligner les efforts collabora