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SFE Paris 2013 / Annales d’Endocrinologie 74 (2013) 240–246 245 SY7-03 Effets biologiques des perturbateurs endocriniens chez l’homme : problèmes méthodologiques M. Pugeat Hospices Civils de Lyon, université Claude-Bernard, Inserm U1060, Lyon, France L’industrialisation, le développement de la chimie, et l’utilisation extensive des pesticides ont contribué à la contamination de notre environnement par des polluants dont certains, très abondants dans la chaîne alimentaire, exercent une activité endocrinienne. Pour comprendre les effets de ces perturbateurs endocriniens sur la santé humaine, le développement des méthodes de chroma- tographie couplée à la spectrométrie de masse a permis de les identifier dans les urines, de mesurer leur accumulation dans les tissus, notamment les lipides du tissu adipeux, leur demi-vie et leur métabolisme. Cette étape a permis de mon- trer l’abondance des différents polluants, notamment dans les urines de femmes enceintes. Dans le même temps, la recherche a accumulé les preuves de l’effet délétère des perturbateurs endocriniens administrés chez l’animal à dose toxique. Cette recherche a récemment montré que certains effets pouvaient être observés à des doses bien inférieures au seuil d’exposition quotidienne recommandé par la législation européenne, notamment lors de l’exposition pendant la vie fœtale et au cours du développement pubertaire. La notion d’effet cocktail de l’association de petites doses de perturbateurs endocriniens a été bien documentée en par- ticulier pour les conséquences métaboliques de l’exposition aux polluants. La voie de signalisation des perturbateurs endocriniens passent par leur liaison aux récepteurs hormonaux nucléaires mais aussi par une interaction au système de reconnaissance membranaire dont GPR30 est un exemple pour le bisphénol A (BPA). Les études in vitro ont montré la complexité de la cinétique d’effet biolo- gique et l’absence d’effet dose classique, ce qui rend difficile le développement de stratégie d’antagonisme de leur effet, notamment sur le développement des cancers et de l’inflammation. Finalement, la recherche d’une relation de cause à effet de la présence de perturbateurs endocriniens avec le développement d’une maladie endocrinienne, métabolique ou cancéreuse se limite à l’identification d’un risque relatif. Malgré toutes ces incertitudes et les controverses qui en découlent, l’évidence basée sur l’accumulation d’indices plutôt que de preuves, a conduit à l’application du principe de précaution dont on peut espérer qu’il protégera les générations futures des conséquences funestes du changement d’environnement. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2013.07.038 SY8-01 Atteinte duodéno-pancréatique de la néoplasie endocrinienne multiple de type 1 (NEM 1) G. Cadiot Hôpital Robert-Debré, Reims, France Plus de la moitié des sujets atteints de NEM 1 développent des tumeurs neuro- endocrines duodéno-pancréatiques. Celles-ci sont le plus souvent multiples et de petite taille. Il s’agit le plus souvent de tumeurs non fonctionnelles parfois associées à des tumeurs fonctionnelles (avec des symptômes liés à la sécrétion tumorale), les plus fréquentes étant les gastrinomes et les insulinomes. Chez les sujets atteints de NEM1, la recherche des tumeurs duodéno-pancréatiques est indispensable car elles sont la principale cause des décès liés à la NEM1 et nécessitent une prise en charge spécifique. Cette revue prend en compte les recommandations du Groupe d’étude des Tumeurs Endocrines (GTE) et du Thésaurus National de Cancérologie Digestive (TNCD), disponibles en ligne et actualisées régulièrement, et la très importante expérience du GTE obtenue grâce à son registre. La principale question qui reste un sujet de débat entre experts concerne les indications de la chirurgie et son type, certains experts ayant une attitude résolument agressive basée sur le potentiel malin de ces tumeurs et d’autres une attitude de surveillance, avec des indications de résection chirurgi- cale limitées aux tumeurs de grande taille (> 2 cm), évolutives ou fonctionnelles (hors gastrinomes). Les récentes données obtenues à partir de l’étude du GTE ayant comparé l’écho-endoscopie à l’IRM pancréatique suggèrent que ces deux examens doivent être faits lors de la prise en charge initiale. Le suivi (détection de l’apparition de nouvelles tumeurs, suivi de la taille tumorale) pourrait être basé sur l’une ou l’autre de ces deux techniques selon les situations. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2013.07.039 SY8-02 Les patients porteurs d’une mutation de HRPT2 L. Groussin-Rouiller Hôpital Cochin, Paris, France L’hyperparathyroïdie primaire (HPT) associée aux tumeurs de la mâchoire définit le syndrome Hyperparathyroidism Jaw-Tumor des anglo-saxons. Ce syn- drome rare, de transmission autosomique dominante et à pénétrance incomplète, peut associer chez un même individu un adénome ou un carcinome parathyroï- dien, des tumeurs de la mâchoire, des anomalies kystiques ou tumorales rénales et des tumeurs utérines. Une altération germinale inactivatrice est retrouvée chez la plupart des patients au niveau du gène suppresseur de tumeur HRPT2 (CDC73, OMIM 145001), qui code pour la parafibromine. Dans le cadre du Groupe d’études des tumeurs endocrines (GTE), nous avons collecté les don- nées clinico-biologiques de patients présentant une hyperparathyroïdie primaire en relation avec une mutation du gène HRPT2. L’âge médian au diagnostic était jeune (23 ans, avec des extrêmes de 14 à 65 ans), la calcémie médiane élevée (3,19 mmol/L, avec des extrêmes de 2,8 à 4,37) avec un mode de révélation fréquemment symptomatique. Environ 70 % des patients présentaient au moins une atteinte associée à l’HPT évoquant ce syndrome. Dix-neuf pour cent des patients ont présenté un carcinome parathyroïdien. Un aspect kystique de la tumeur parathyroïdienne était décrit chez un tiers environ des patients. La moitié des patients a récidivé au cours du suivi son hyperpara- thyroïdie primaire. Sept nouvelles mutations ponctuelles du gène HRPT2 sont rapportées. De manière originale, sept grandes délétions du gène HRPT2 ont pu être identifiées. Ces données élargissent les connaissances concernant les caractéristiques cli- niques, biologiques des patients présentant une mutation germinale du gène HRPT2. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2013.07.040 SY8-03 Le complex de Carney en pédiatrie A. Rothenbuhler Service d’endocrinologie pédiatrique, hôpital Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre, France Objectif.– Description clinico-biologique du syndrome de Carney chez l’enfant. Méthodes.– Étude rétrospective sur dossiers médicaux de 47 cas pédiatriques (âge < 18 ans lors des premiers signes) d’hypercorticisme ACTH-indépendant dû à une maladie micronodulaire des surrénales prouvée histologiquement. Patients.– NIH et le service d’endocrinologie pédiatrique de l’hôpital Bicêtre. Résultats.– Un total de 33 filles et 15 garc ¸ons. En dehors de deux cas néonataux de syndrome de Cushing, l’âge moyen des premiers signes d’hypercorticisme était de 9,6 ± 4,6 ans (comparable dans les deux sexes). Six enfants ont pré- senté des signes d’hypercorticisme de fac ¸on cyclique. Sept patients ont présenté des myxomes cardiaques qui ont récidivés chez six d’entre eux et deux patients ont présenté des emboles vasculaires révélateurs de myxome. Vingt patients pré- sentaient des signes cutanés caractéristiques du syndrome de Carney (lentigines, navus bleu, myxome). Vingt et un patients avaient comme seul signe clinique un hypercorticisme. Deux patients avaient un LCCSCT et un un adénome à GH. Tous les patients qui étaient en phase active de leur maladie avaient un taux d’ACTH bas, des FLU’s élevés, un cortisol à minuit élevé et ont montré une réponse paradoxale à la dexamethasone lors du test de Liddle. Vingt-cinq cas étaient sporadiques et 23 cas familiaux (dans 16 cas l’enfant était le cas index amenant au dépistage familial). Vingt patients avaient une mutation dans PRKAR1A dont dix cas familiaux, quatre cas index d’une forme familiale et six cas sporadiques. Tous les patients avec un myxome cardiaque avaient une

Effets biologiques des perturbateurs endocriniens chez l’homme : problèmes méthodologiques

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Page 1: Effets biologiques des perturbateurs endocriniens chez l’homme : problèmes méthodologiques

SFE Paris 2013 / Annales d’Endocrinologie 74 (2013) 240–246 245

SY7-03

Effets biologiques des perturbateursendocriniens chez l’homme : problèmesméthodologiquesM. PugeatHospices Civils de Lyon, université Claude-Bernard, Inserm U1060, Lyon,France

L’industrialisation, le développement de la chimie, et l’utilisation extensivedes pesticides ont contribué à la contamination de notre environnement pardes polluants dont certains, très abondants dans la chaîne alimentaire, exercentune activité endocrinienne. Pour comprendre les effets de ces perturbateursendocriniens sur la santé humaine, le développement des méthodes de chroma-tographie couplée à la spectrométrie de masse a permis de les identifier dans lesurines, de mesurer leur accumulation dans les tissus, notamment les lipides dutissu adipeux, leur demi-vie et leur métabolisme. Cette étape a permis de mon-trer l’abondance des différents polluants, notamment dans les urines de femmesenceintes. Dans le même temps, la recherche a accumulé les preuves de l’effetdélétère des perturbateurs endocriniens administrés chez l’animal à dose toxique.Cette recherche a récemment montré que certains effets pouvaient être observésà des doses bien inférieures au seuil d’exposition quotidienne recommandé par lalégislation européenne, notamment lors de l’exposition pendant la vie fœtale etau cours du développement pubertaire. La notion d’effet cocktail de l’associationde petites doses de perturbateurs endocriniens a été bien documentée en par-ticulier pour les conséquences métaboliques de l’exposition aux polluants. Lavoie de signalisation des perturbateurs endocriniens passent par leur liaison auxrécepteurs hormonaux nucléaires mais aussi par une interaction au système dereconnaissance membranaire dont GPR30 est un exemple pour le bisphénol A(BPA). Les études in vitro ont montré la complexité de la cinétique d’effet biolo-gique et l’absence d’effet dose classique, ce qui rend difficile le développementde stratégie d’antagonisme de leur effet, notamment sur le développement descancers et de l’inflammation. Finalement, la recherche d’une relation de cause àeffet de la présence de perturbateurs endocriniens avec le développement d’unemaladie endocrinienne, métabolique ou cancéreuse se limite à l’identificationd’un risque relatif. Malgré toutes ces incertitudes et les controverses qui endécoulent, l’évidence basée sur l’accumulation d’indices plutôt que de preuves,a conduit à l’application du principe de précaution dont on peut espérer qu’ilprotégera les générations futures des conséquences funestes du changementd’environnement.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2013.07.038

SY8-01

Atteinte duodéno-pancréatique de lanéoplasie endocrinienne multiple de type 1(NEM 1)G. CadiotHôpital Robert-Debré, Reims, France

Plus de la moitié des sujets atteints de NEM 1 développent des tumeurs neuro-endocrines duodéno-pancréatiques. Celles-ci sont le plus souvent multiples etde petite taille. Il s’agit le plus souvent de tumeurs non fonctionnelles parfoisassociées à des tumeurs fonctionnelles (avec des symptômes liés à la sécrétiontumorale), les plus fréquentes étant les gastrinomes et les insulinomes. Chezles sujets atteints de NEM1, la recherche des tumeurs duodéno-pancréatiquesest indispensable car elles sont la principale cause des décès liés à la NEM1 etnécessitent une prise en charge spécifique. Cette revue prend en compte lesrecommandations du Groupe d’étude des Tumeurs Endocrines (GTE) et duThésaurus National de Cancérologie Digestive (TNCD), disponibles en ligneet actualisées régulièrement, et la très importante expérience du GTE obtenuegrâce à son registre. La principale question qui reste un sujet de débat entreexperts concerne les indications de la chirurgie et son type, certains experts ayantune attitude résolument agressive basée sur le potentiel malin de ces tumeurs etd’autres une attitude de surveillance, avec des indications de résection chirurgi-cale limitées aux tumeurs de grande taille (> 2 cm), évolutives ou fonctionnelles(hors gastrinomes). Les récentes données obtenues à partir de l’étude du GTE

ayant comparé l’écho-endoscopie à l’IRM pancréatique suggèrent que ces deuxexamens doivent être faits lors de la prise en charge initiale. Le suivi (détectionde l’apparition de nouvelles tumeurs, suivi de la taille tumorale) pourrait êtrebasé sur l’une ou l’autre de ces deux techniques selon les situations.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2013.07.039

SY8-02

Les patients porteurs d’une mutation deHRPT2L. Groussin-RouillerHôpital Cochin, Paris, France

L’hyperparathyroïdie primaire (HPT) associée aux tumeurs de la mâchoiredéfinit le syndrome Hyperparathyroidism Jaw-Tumor des anglo-saxons. Ce syn-drome rare, de transmission autosomique dominante et à pénétrance incomplète,peut associer chez un même individu un adénome ou un carcinome parathyroï-dien, des tumeurs de la mâchoire, des anomalies kystiques ou tumorales rénaleset des tumeurs utérines. Une altération germinale inactivatrice est retrouvéechez la plupart des patients au niveau du gène suppresseur de tumeur HRPT2(CDC73, OMIM 145001), qui code pour la parafibromine. Dans le cadre duGroupe d’études des tumeurs endocrines (GTE), nous avons collecté les don-nées clinico-biologiques de patients présentant une hyperparathyroïdie primaireen relation avec une mutation du gène HRPT2.L’âge médian au diagnostic était jeune (23 ans, avec des extrêmes de 14 à 65 ans),la calcémie médiane élevée (3,19 mmol/L, avec des extrêmes de 2,8 à 4,37) avecun mode de révélation fréquemment symptomatique. Environ 70 % des patientsprésentaient au moins une atteinte associée à l’HPT évoquant ce syndrome.Dix-neuf pour cent des patients ont présenté un carcinome parathyroïdien. Unaspect kystique de la tumeur parathyroïdienne était décrit chez un tiers environdes patients. La moitié des patients a récidivé au cours du suivi son hyperpara-thyroïdie primaire. Sept nouvelles mutations ponctuelles du gène HRPT2 sontrapportées. De manière originale, sept grandes délétions du gène HRPT2 ont puêtre identifiées.Ces données élargissent les connaissances concernant les caractéristiques cli-niques, biologiques des patients présentant une mutation germinale du gèneHRPT2.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2013.07.040

SY8-03

Le complex de Carney en pédiatrieA. RothenbuhlerService d’endocrinologie pédiatrique, hôpital Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre,France

Objectif.– Description clinico-biologique du syndrome de Carney chez l’enfant.Méthodes.– Étude rétrospective sur dossiers médicaux de 47 cas pédiatriques(âge < 18 ans lors des premiers signes) d’hypercorticisme ACTH-indépendantdû à une maladie micronodulaire des surrénales prouvée histologiquement.Patients.– NIH et le service d’endocrinologie pédiatrique de l’hôpital Bicêtre.Résultats.– Un total de 33 filles et 15 garcons. En dehors de deux cas néonatauxde syndrome de Cushing, l’âge moyen des premiers signes d’hypercorticismeétait de 9,6 ± 4,6 ans (comparable dans les deux sexes). Six enfants ont pré-senté des signes d’hypercorticisme de facon cyclique. Sept patients ont présentédes myxomes cardiaques qui ont récidivés chez six d’entre eux et deux patientsont présenté des emboles vasculaires révélateurs de myxome. Vingt patients pré-sentaient des signes cutanés caractéristiques du syndrome de Carney (lentigines,navus bleu, myxome). Vingt et un patients avaient comme seul signe cliniqueun hypercorticisme. Deux patients avaient un LCCSCT et un un adénome à GH.Tous les patients qui étaient en phase active de leur maladie avaientun taux d’ACTH bas, des FLU’s élevés, un cortisol à minuit élevé etont montré une réponse paradoxale à la dexamethasone lors du test deLiddle.Vingt-cinq cas étaient sporadiques et 23 cas familiaux (dans 16 cas l’enfant étaitle cas index amenant au dépistage familial). Vingt patients avaient une mutationdans PRKAR1A dont dix cas familiaux, quatre cas index d’une forme familialeet six cas sporadiques. Tous les patients avec un myxome cardiaque avaient une