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29 e Congrès national de médecine et santé au travail 450 Arch Mal Prof Env 2006 Objectif Il existe peu de données sur le risque d’accidents vascu- laires cérébraux (AVC) lié à l’exposition à la pollution atmosphérique urbaine. Celles-ci sont récentes et pré- sentent des résultats contradictoires. C’est pourquoi il a été mené une étude en population générale de la ville de Dijon pour rechercher un lien à court terme entre les niveaux ambiants de certains polluants atmosphériques et la survenue d’AVC. Méthode Les habitants de Dijon intra-muros ont constitué la population de cette étude. Il a été utilisé des données journalières d’exposition de 1994 à 2004 (O3, NOx, SO2, PM10, CO) fournies par l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air de Dijon. Le décompte journalier des AVC incidents, survenus à un âge supé- rieur à 40 ans et documentés (scanner, IRM), est issu du registre dijonnais des AVC. Un schéma de type case- crossover bidirectionnel a été utilisé (Maclure 1991, Jaakkola 2003). Les données ont été analysées à partir d’une régression logistique conditionnelle avec ajuste- ment sur des paramètres météorologiques (température minimale, humidité relative), certains jours particuliers (congés, jours fériés) et l’incidence hebdomadaire de la grippe. Résultats Une association significative a été mise en évidence pour les sujets masculins présentant un AVC ischémi- que et une augmentation de 10μg/m3 des niveaux d’ozone un jour avant la survenue de l’AVC (0R = 1,126, IC95 % [1,045-1,212], p = 0,002). Ces don- nées sont confirmées pour les AVC ischémiques des grosses artères (OR = 1,14, IC95 % [1,016-1,289], p = 0,02) et pour les AVC ischémiques transitoires (OR = 1,20, IC95 % [1,033-1,394], p = 0,017). Une rela- tion dose-réponse est aussi constatée. L’association per- siste pour certains sous-groupes (fumeurs, hypertendus) et augmente quand les sujets cumulent des facteurs de risque cardio-vasculaire. Il est remarquable de constater que ces données ne sont pas observées chez les femmes. Conclusion Les résultats de cette étude soutiennent l’hypothèse d’un impact à court terme de la pollution photochimique sur la survenue d’AVC ischémique. Ils suggèrent aussi que les lésions d’athérome chez les hommes seraient plus sensibles à la pollution à l’ozone. L’activation d’un pro- cessus inflammatoire systémique interagissant avec des plaques instables est une explication avancée pour jus- tifier ce lien entre ozone et AVC. Effets santé des fruits et légumes : la preuve par 5 A. ROUSSEL Objectif Promouvoir la consommation des fruits et légumes dans l’alimentation des Français. Méthode De nombreuses études épidémiologiques européennes ou nord américaines ont montré que, chez les consom- mateurs importants de fruits et légumes (>5 portions de fruits et légumes/j), l’incidence de l’obésité, des mala- dies cardiovasculaires, des cancers et de certaines pathologies oculaires comme la cataracte ou la DMLA était plus faible que chez les faibles consommateurs (<2 portions/j). Les Français étaient, en 2003, de petits con- sommateurs de fruits et de légumes variés (données SU.VI.MAX) et, malgré de nombreuses campagnes d’information, il n’apparaît pas encore de modifications majeures de leur comportement alimentaire. L’effet pro- tecteur des fruits et légumes est attribué non seulement aux vitamines, oligoéléments et flavonoides antioxy- dants dont ils sont riches mais aussi à la présence de fibres, et à la synergie d’action entre leurs différents composants qui les rend bien plus efficaces que les compléments alimentaires. Résultats Le bénéfice santé des polyphénols des fruits et légumes dépasse leur seul effet antioxydant. Des apports élevés sont associés non seulement à une diminution de l’incidence des maladies cardiovasculaires et des can- cers, mais aussi à la prévention de la résorption osseuse chez les femmes ménopausées ou à l’amélioration de la sensibilité à l’insuline dans le syndrome métabolique. Enfin, l’apport quotidien en fibres des fruits et légumes est inversement corrélé au surpoids, à un rapport taille/ hanche élevé, à un profil lipidique athérogène et à l’hypertension, 400 g de fruits et légumes, à savoir 5 portions quotidiennes, sont nécessaires à la protection de notre organisme. La soupe, consommée réguliére- ment, représente un moyen simple et efficace d’aug- mentation des apports. Il a été démontré qu’elle contribue à diminuer les apports énergétiques journa- liers, en lipides en particulier, et à abaisser l’indice de

Effets santé des fruits et légumes :la preuve par 5

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29e Congrès national de médecine et santé au travail

450 Arch Mal Prof Env 2006

ObjectifIl existe peu de données sur le risque d’accidents vascu-laires cérébraux (AVC) lié à l’exposition à la pollutionatmosphérique urbaine. Celles-ci sont récentes et pré-sentent des résultats contradictoires. C’est pourquoi il aété mené une étude en population générale de la ville deDijon pour rechercher un lien à court terme entre lesniveaux ambiants de certains polluants atmosphériqueset la survenue d’AVC.

MéthodeLes habitants de Dijon intra-muros ont constitué lapopulation de cette étude. Il a été utilisé des donnéesjournalières d’exposition de 1994 à 2004 (O3, NOx,SO2, PM10, CO) fournies par l’association agréée desurveillance de la qualité de l’air de Dijon. Le décomptejournalier des AVC incidents, survenus à un âge supé-rieur à 40 ans et documentés (scanner, IRM), est issu duregistre dijonnais des AVC. Un schéma de type case-crossover bidirectionnel a été utilisé (Maclure 1991,Jaakkola 2003). Les données ont été analysées à partird’une régression logistique conditionnelle avec ajuste-ment sur des paramètres météorologiques (températureminimale, humidité relative), certains jours particuliers(congés, jours fériés) et l’incidence hebdomadaire de lagrippe.

RésultatsUne association significative a été mise en évidencepour les sujets masculins présentant un AVC ischémi-que et une augmentation de 10μg/m3 des niveauxd’ozone un jour avant la survenue de l’AVC(0R = 1,126, IC95 % [1,045-1,212], p = 0,002). Ces don-nées sont confirmées pour les AVC ischémiques desgrosses artères (OR = 1,14, IC95 % [1,016-1,289],p = 0,02) et pour les AVC ischémiques transitoires(OR = 1,20, IC95 % [1,033-1,394], p = 0,017). Une rela-tion dose-réponse est aussi constatée. L’association per-siste pour certains sous-groupes (fumeurs, hypertendus)et augmente quand les sujets cumulent des facteurs derisque cardio-vasculaire. Il est remarquable de constaterque ces données ne sont pas observées chez les femmes.

ConclusionLes résultats de cette étude soutiennent l’hypothèse d’unimpact à court terme de la pollution photochimique surla survenue d’AVC ischémique. Ils suggèrent aussi queles lésions d’athérome chez les hommes seraient plussensibles à la pollution à l’ozone. L’activation d’un pro-cessus inflammatoire systémique interagissant avec des

plaques instables est une explication avancée pour jus-tifier ce lien entre ozone et AVC.

Effets santé des fruits et légumes : la preuve par 5

A. ROUSSEL

ObjectifPromouvoir la consommation des fruits et légumesdans l’alimentation des Français.

MéthodeDe nombreuses études épidémiologiques européennesou nord américaines ont montré que, chez les consom-mateurs importants de fruits et légumes (>5 portions defruits et légumes/j), l’incidence de l’obésité, des mala-dies cardiovasculaires, des cancers et de certainespathologies oculaires comme la cataracte ou la DMLAétait plus faible que chez les faibles consommateurs (<2portions/j). Les Français étaient, en 2003, de petits con-sommateurs de fruits et de légumes variés (donnéesSU.VI.MAX) et, malgré de nombreuses campagnesd’information, il n’apparaît pas encore de modificationsmajeures de leur comportement alimentaire. L’effet pro-tecteur des fruits et légumes est attribué non seulementaux vitamines, oligoéléments et flavonoides antioxy-dants dont ils sont riches mais aussi à la présence defibres, et à la synergie d’action entre leurs différentscomposants qui les rend bien plus efficaces que lescompléments alimentaires.

RésultatsLe bénéfice santé des polyphénols des fruits et légumesdépasse leur seul effet antioxydant. Des apports élevéssont associés non seulement à une diminution del’incidence des maladies cardiovasculaires et des can-cers, mais aussi à la prévention de la résorption osseusechez les femmes ménopausées ou à l’amélioration de lasensibilité à l’insuline dans le syndrome métabolique.Enfin, l’apport quotidien en fibres des fruits et légumesest inversement corrélé au surpoids, à un rapport taille/hanche élevé, à un profil lipidique athérogène et àl’hypertension, 400 g de fruits et légumes, à savoir 5portions quotidiennes, sont nécessaires à la protectionde notre organisme. La soupe, consommée réguliére-ment, représente un moyen simple et efficace d’aug-mentation des apports. Il a été démontré qu’ellecontribue à diminuer les apports énergétiques journa-liers, en lipides en particulier, et à abaisser l’indice de

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Communications libres

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masse corporelle (IMC) et le cholestérol sanguin. Laformulation de nouveaux produits, concentrés de fruitset de légumes, pourrait également permettre d’éleverles apports quotidiens en microconstituants.

ConclusionEn conclusion, malgré les bénéfices démontrés d’uneconsommation élevée de fruits et légumes, les apportsdes Français sont encore loin d’être optimaux. Ce cons-tat pose un véritable problème de Santé publique entermes de prévention nutritionnelle. La collaborationdes scientifiques et des professions de santé avecl’industrie agroalimentaire est nécessaire pour pro-mouvoir non seulement les fruits et les légumes maiségalement les produits qui en dérivent.

Le projet NetWoRM Europe – chances, expériences et défis de la formation en médecine du travail basée sur Internet

G. PRAML1, J. CANTINEAU2, M. GONZALEZ2, A. CANTINEAU2, J. REICHERT1, S. KOLB1, K. RADON1

1. Institut de Médecine du Travail, Université de Munich, Allemagne2. Service de Pathologie Professionnelle, Hôpital Civil de Strasbourg.

ObjectifAfin de pouvoir prévenir et détecter les maladies liéesau travail, il est indispensable que les professionnels desanté connaissent bien les relations entre travail etsanté ainsi que la législation concernant les maladiesprofessionnelles. Dans de nombreux pays l’enseigne-ment de la médecine du travail (MT) ne figure même pasau programme des études médicales, et si c’est le cas, ilest rare que cet enseignement se fasse à base de cas cli-niques réels. En formation continue des médecins, laformation en MT est peu développée. C’est pourquoi, leréseau Net based Teaching of Work Related Medicine« (NeTWoRM) a été crée à Munich en 1999. Cet ensei-gnement à distance basé sur Internet est constitué decas cliniques. L’objectif actuel est d’encourager d’autrespays à rejoindre ce réseau de formation à distance ».

MéthodeLe réseau sur Internet permet de rassembler des cas cli-niques qui sont ensuite traduits dans différentes lan-gues. Pour cela, les auteurs ont à leur disposition unguide de conception standardisée et utilisent un logi-ciel qui intègre des supports multimédia mais qui per-met aussi une interactivité avec les étudiants(connaissance des temps de réalisation, pourcentage debonnes réponses etc.). Il existe une procédure de vali-

dation des cas par des experts afin d’en assurer labonne qualité. Les cas une fois traduits doivent aussiêtre adaptés aux spécificités de chaque pays notam-ment réglementaires.

RésultatsActuellement, 19 cas validés existent en allemand. Plu-sieurs facultés de médecine allemandes s’en serventdéjà depuis plusieurs années. Une évaluation par 577étudiants de 3 de ces facultés a été effectuée. Le tempspassé sur un cas allait de 25 à 43 minutes, le taux deréponses justes allait de 47 à 71 %. Un questionnaired’évaluation sur Internet a été rempli par 377étudiants : ils disaient avoir apprécié ces cas, ils deman-daient davantage d’enseignement sous cette forme à laplace de cours plus traditionnels, ils appréciaient parti-culièrement les cas proches de leur pratique comme lesaccidents d’exposition au sang ou la tuberculose.

ConclusionEtant donné ces résultats très positifs, une extension dece projet sur le plan international était indispensable :actuellement, les facultés de médecine de 9 pays euro-péens participent au projet. 12 autres cas ont été ajoutésdont 2 créés par Strasbourg – l’un d’eux est spéciale-ment dédié à la formation des infirmières en santé autravail. Le centre du réseau NeTWoRM se situe àMunich avec mise à disposition de services techniqueset de tuteurs professionnels pour la formation desauteurs des cas. Donateurs de fonds : Union euro-péenne, Fondation Klaus Tschira, Université virtuelle deBavière, DAAD.

Influence des facteurs psychosociaux sur les troubles musculosquelettiques en industrie électronique

R. KRAIEM1, R. RABOUDI, T. KHALFALLAH2, Z. BENAMOR3, O. OTHMAN4, M. AKROUT2

1. Inspection Médicale Régionale du Travail, Nabeul, Tunisie2. Faculté de Médecine, Monastir3. IMRT NABEUL4. DIMST Tunis.

ObjectifParallèlement aux facteurs de risque biomécaniques,les facteurs psychosociaux sont devenus au cours deces dernières années un des grands thèmes de recher-che de l’épidémiologie des risques professionnels. Ceciest particulièrement vrai pour les troubles musculos-quelettiques (TMS) vu leur fréquence croissante et leur