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TENDANCES ET CONSOMMATION 46 | V7 N5 L e secteur de l’emballage alimentaire est devenu un secteur dynamique où l’innovation est un vecteur incontournable du développement. Longtemps considéré comme accessoire, l'emballage alimentaire tient désormais une place importante dans la chaîne de production qui relie le pro- duit au consommateur. Outre son rôle de protection, de conservation et de commu- nication, la prise de conscience environ- nementale devient une des considérations principales dans l’évolution d’un emballage. EMBALLAGE ET SUREMBALLAGE : LA CONFUSION Lorsque l’emballage et l’environnement sont évoqués, surgit inévitablement le problème des déchets. L'emballage peut représenter 80 % du poids total du produit fini et jusqu'à 65 % de son coût. Souvent décrié, l’emballage joue pourtant un rôle majeur dans la protection et la conservation des aliments. Le problème vient davantage du surem- ballage que de l’emballage lui-même. Un phénomène qui coûte cher au fabricant et agace énormément le client. L’emballage n’a donc désormais d’autre choix que celui de changer d’image. Pour toutes les entreprises du secteur agroalimentaire, il devient donc urgent de « produire mieux avec moins ». La solution pourrait venir de l’écoconception, une démarche novatrice et préventive, qui vise à minimiser l’im- pact de ces derniers sur l’environnement tout au long de leur cycle de vie. ÉCOCONCEPTION : UNE OPPORTUNITÉ Il est aujourd’hui indispensable pour une entreprise « d’écoconcevoir » ses emballages en conciliant responsabilité environnemen- tale et compétitivité, tout en conservant sa liberté d’entreprendre et d’innover. Écoconcevoir intègre les considérations environnementales dans le raisonnement de cycle de vie des produits. Cette démarche est fréquemment profitable pour l'entre- prise puisque, dans la majorité des cas, elle contribue à augmenter les profits de l'entreprise, soit par une augmentation des ventes, soit par une réduction des coûts de production. Elle renforce l’image de marque, témoignant de son réel engage- ment dans la voie de la responsabilité en- vironnementale et c’est un excellent moyen pour se différencier de la concurrence. En Europe, la plupart des emballages actuellement mis sur le marché ont été « écoconçus », ce qui est encore loin d’être le cas au Québec. Pour l’instant, l’enga- gement vert des marchés d'alimentation se résume le plus souvent au bannissement des sacs en plastique. Mais viendra certai- nement le temps où ces derniers verront tous les avantages d’une telle démarche. EMBALLAGES ÉCORESPONSABLES Concevoir mieux avec moins PAR ISLEM YEZZA LA PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE DES ENTREPRISES AGROALIMEN- TAIRES PEUT ET DOIT DEVENIR LE MOTEUR D’INNOVATION EN MATIÈRE D’EMBALLAGE. L’ÉCOCONCEPTION EST UN OUTIL PROMETTEUR DANS UNE DÉMARCHE STRATÉGIQUE POUR SE DIFFÉRENCIER DE LA CONCURRENCE ET RASSURER UN CONSOMMATEUR SOUCIEUX D’OPÉRER DES CHOIX PLUS VERTS. Islem Yezza, directeur technique, emballage industriel Cascades – Groupe Produits Spécialisés Le contenant ThermaFresh MC , commercialisé par Cascades et TIPL, présente l’alternative verte et rentable aux contenants non recy- clables traditionnels utilisés dans l’emballage de conservation de poissons et de produits de la mer, ainsi que les viandes et les fromages à travers la chaîne frigorifique. AA-V7N5_Final:Layout 1 9/22/10 8:31 PM Page 46

Emballages Éco-Responsables : Concevoir mieux avec Moins

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La prise de conscience environnementale des entreprises agroalimentaires peut et doit devenir le moteur d’innovation en matière d’emballage. L’éco-conception est un outil prometteur dans une démarche stratégique pour se différencier de la concurrence et rassurer un consommateur soucieux d’opérer des choix plus verts.

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TENDANCES ET CONSOMMATION

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Le secteur de l’emballage alimentaireest devenu un secteur dynamique où

l’innovation est un vecteur incontournabledu développement. Longtemps considérécomme accessoire, l'emballage alimentairetient désormais une place importante dansla chaîne de production qui relie le pro-duit au consommateur. Outre son rôle deprotection, de conservation et de commu-nication, la prise de conscience environ-nementale devient une des considérationsprincipales dans l’évolution d’un emballage.

EMBALLAGE ET SUREMBALLAGE :LA CONFUSIONLorsque l’emballage et l’environnementsont évoqués, surgit inévitablement leproblème des déchets. L'emballage peutreprésenter 80 % du poids total du produitfini et jusqu'à 65 % de son coût. Souventdécrié, l’emballage joue pourtant un rôlemajeur dans la protection et la conservationdes aliments.

Le problème vient davantage du surem-ballage que de l’emballage lui-même. Unphénomène qui coûte cher au fabricant etagace énormément le client. L’emballagen’a donc désormais d’autre choix quecelui de changer d’image. Pour toutes les

entreprises du secteur agroalimentaire, ildevient donc urgent de « produire mieuxavec moins ». La solution pourrait venirde l’écoconception, une démarche novatriceet préventive, qui vise à minimiser l’im-pact de ces derniers sur l’environnementtout au long de leur cycle de vie.

ÉCOCONCEPTION : UNE OPPORTUNITÉIl est aujourd’hui indispensable pour uneentreprise « d’écoconcevoir » ses emballagesen conciliant responsabilité environnemen-tale et compétitivité, tout en conservantsa liberté d’entreprendre et d’innover.Écoconcevoir intègre les considérationsenvironnementales dans le raisonnementde cycle de vie des produits. Cette démarcheest fréquemment profitable pour l'entre-

prise puisque, dans la majorité des cas,elle contribue à augmenter les profits del'entreprise, soit par une augmentationdes ventes, soit par une réduction des coûtsde production. Elle renforce l’image demarque, témoignant de son réel engage-ment dans la voie de la responsabilité en-vironnementale et c’est un excellent moyenpour se différencier de la concurrence.

En Europe, la plupart des emballagesactuellement mis sur le marché ont été « écoconçus », ce qui est encore loin d’êtrele cas au Québec. Pour l’instant, l’enga-gement vert des marchés d'alimentationse résume le plus souvent au bannissementdes sacs en plastique. Mais viendra certai-nement le temps où ces derniers verronttous les avantages d’une telle démarche.

EMBALLAGES ÉCORESPONSABLESConcevoir mieux avec moins

PAR ISLEM YEZZA LA PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE DES ENTREPRISES AGROALIMEN-

TAIRES PEUT ET DOIT DEVENIR LE MOTEUR D’INNOVATION EN MATIÈRE D’EMBALLAGE.

L’ÉCOCONCEPTION EST UN OUTIL PROMETTEUR DANS UNE DÉMARCHE STRATÉGIQUE

POUR SE DIFFÉRENCIER DE LA CONCURRENCE ET RASSURER UN CONSOMMATEUR

SOUCIEUX D’OPÉRER DES CHOIX PLUS VERTS.

Islem Yezza, directeur technique, emballage industrielCascades – Groupe Produits Spécialisés

Le contenant ThermaFreshMC, commercialisé par Cascades et TIPL, présente l’alternative verte et rentable aux contenants non recy-clables traditionnels utilisés dans l’emballage de conservation de poissons et de produits de la mer, ainsi que les viandes et les fromagesà travers la chaîne frigorifique.

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LOGOS BIO À GOGO La surabondance de pictogrammes « vert »et « bio » a de quoi mêler le consommateurqui ne sait plus où donner de la tête et en vient à s’interroger sur leur fiabilité.Comment se retrouver dans cette « jungle »de logos ?

La situation actuelle est plus que confuse.La sémantique utilisée pour la promotionde ces nouveaux produits bio est souventcomplexe, reposant sur des termes gal-vaudés et jouant sur l’ambiguïté, semantamalgame et confusion. Les notions de « biodégradable, compostable, dégradable »sont largement utilisées comme argumentsde promotion de matériaux « environne-mentaux ». Or, il n’est pas certain que le

grand public ait une connaissance exactede ce que chacune de ces notions signifie.Un contexte qui ne permet pas aux con-sommateurs, même avertis, d’opérer deschoix éclairés.

La conception de nouveaux matériauxdevrait toujours être guidée par le conceptde « Cradle to Cradle » (du berceau au ber-ceau). La biodégradabilité peut trop sou-vent être suspectée de « Greenwashing ». Aulieu d’insister sur l’aspect biodégradable,il serait préférable de promouvoir le com-postable. Rappelons que si un plastiqueest compostable, il est forcément biodégra-dable, mais la réciproque n’est pas vraie.De plus, en utilisant le terme compostable,cela ne laisse plus la place à l’ambiguïté :le consommateur est d’emblée informé de ce qu’il devra en faire à la fin de soncycle de vie, c'est-à-dire le destiner aucompostage.

EMPREINTE CARBONEIl est vraisemblable que nombre de ceslogos soit condamné à disparaître avecl’arrivée imminente des étiquettes « em-preinte carbone ». Ces étiquettes sont déjàune réalité au Japon et au Royaume-Uniet le sera en France d’ici un an. Il s’agitd’un étiquetage environnemental qui vise

à informer le consommateur des émissionsde gaz à effet de serre qu'implique la fabri-cation d'un produit. Cette étiquette apposéesur les produits, notamment de grandeconsommation, prend en compte les cinqétapes clés du cycle de vie : l'extractiondes matières premières, le transport, lafabrication du produit, l’emballage et ladistribution. Le résultat est exprimé engramme équivalent CO2 pour 100 g deproduit fini.

D’ici là, il s’avère impératif de mieux in-former les consommateurs pour qu’ilscomprennent quelle est la véritable valeurajoutée environnementale de ces produits.Il ne faudrait pas qu’ils leur attribuent desvertus miraculeuses qui les déresponsabili-seraient d’une gestion plus écoresponsabledes matières résiduelles commençant parune réduction à la source. Il ne faudrait paslaisser croire aux consommateurs que tousces matériaux qui s’arrogent le préfixe « bio » ne posent aucun problème en matièrede déchets et pourraient magiquementdisparaître de notre environnement.

QUÉBEC POSE UN GESTEQuébec haussera progressivement,d'ici 2015, de 50 % à 100 % le tauxfacturé aux entreprises pour couvrirles coûts de la collecte sélective parles municipalités. Cette hausse devraitinciter les entreprises à réduire, à lasource, les matières qui finissent auxordures ou au recyclage. Si le délai decinq ans a pu faire l’objet de critique,il est pourtant indispensable pour lesentreprises. Il faut leur laisser le tempsde repenser leurs emballages, ce quiexige un travail de design, de choixde matériaux et surtout d’adaptationsur les machines de conditionnementactuelles.

Le contenant recyclable sans cire Extrême H2O de Cascades constitue la solution de rechange idéale à la boîte cirée traditionnelle, non recyclable, destinée à l'emballage des fruits et légumes.

« Si un plastiqueest compostable, il est forcémentbiodégradable,

mais la réciproquen’est pas vraie. »

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