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317 Grandes enquêtes en santé au travail Arch Mal Prof Env 2006 JEUDI 1 ER JUIN - la prévention des risques dans le secteur du BTP, par- ticulièrement l’articulation entre une vision experte des risques a priori et la représentation qu’en ont les sala- riés exposés. Par ailleurs dans le cadre d’un appel à projet précédent, la validation et l’exploitation du questionnaire de Karasek a été confiée à I. Niedhammer, expert de ce sujet à l’INSERM. Enfin, le Professeur Bergeret a mené une étude de con- frontation des expositions aux produits chimiques en réinterrogeant plus de 200 salariés enquêtés par SUMER. De nombreux thèmes restent à explorer. Le fichier est bien sûr à la disposition de tout groupe de personnes désireuses de mener à bien un projet d’analyse. Bibliographie – Dr Arnaudo B. et alii, 2004, « Les expositions aux risques pro- fessionnels par secteur d’activités – résultats 2003 », Document d’études, n o 89, décembre, Dares. – Dr Arnaudo B. et alii, 2004, « L’exposition aux risques et aux pénibilités du travail de 1994 à 2003 », Premières Synthèses, n o 52.1, décembre, Dares. – Dr Magaud-Camus I. et alii, 2005, « Le bruit au travail en 2003 », Premières Synthèses, n o 25.3, juin, Dares. – Guignon N., Dr Sandret N., 2005, « Les expositions aux pro- duits cancérogènes », Premières Synthèses, n o 28.1, juillet, Dares. – Guignon N., Dr Sandret N., 2005, « Huit produits cancérogènes parmi les plus fréquents », Premières Synthèses, Annexe au n o 28.1, juillet, Dares. – Guignon N., Dr Sandret N., 2005, « Les expositions aux pro- duits mutagènes et reprotoxiques », Premières Synthèses, n o 32.1, août, Dares. – Dr Arnaudo B., Hamon-Cholet S., Waltisperger D., 2006, « Les contraintes posturales et articulaires en 2003 », Premières Syn- thèses, à paraître, Dares. Enquête Conditions de travail J. BUÉ, S. HAMON-CHOLET DARES, Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement. Les enquêtes Conditions de Travail, réalisées par la DARES, existent depuis 1978. Elles sont renouvelées tous les sept ans : 1984, 1991, 1998. La dernière en date (2005) est en cours d’exploitation. Ces enquêtes ont pour principaux objectifs : - décrire et analyser les situations de travail des actifs occupés ; - apprécier l’ampleur des évolutions ; - faire le lien entre les différentes composantes du tra- vail ; - décrire l’évolution des technologies et leur impact sur le travail ; - décrire les risques professionnels et les pratiques de préventions afin d’éclairer le débat public sur le thème des conditions et de l’organisation du travail. En 1978 et 1984, l’enquête s’intéressait aux seuls sala- riés. Depuis 1991, elle concerne tous les actifs occupés, salariés ou non. Elle offre ainsi un panorama global des conditions de travail en France. Le statut de l’enquête : ses avantages et ses limites Il s’agit d’une enquête statistique généraliste. En ce sens, elle a le mérite d’apporter de grandes données de cadrage sur l’ensemble de la population active occupée au moment de l’enquête. Elle permet d’évaluer la fré- quence de certains phénomènes et d’aller à l’encontre de certaines idées reçues, comme par exemple la disparition du travail pénible, de la saleté sur les lieux de travail, ou encore du travail à la chaîne. Elle met également en lumière de nouvelles formes de travail comme l’hybrida- tion des contraintes (industrielles et commerciales). Des choix méthodologiques pour encadrer la subjectivité des répondants L’intérêt d’une telle enquête est de cerner au plus près le travail réel tel qu’il est perçu par le travailleur et non pas le travail prescrit tel qu’il peut être décrit par l’entreprise ou l’employeur. Pour ce faire, l’enquêté est interrogé chez lui (à son domicile), ce qui évite de passer par l’autorisation de l’employeur pour interroger un salarié, et certainement aussi de libérer la parole de ce dernier en l’interrogeant en dehors de son contexte de travail et des contraintes y attenant. Dans le questionnaire, on ne pose pas de questions d’opinion sur le travail, mais des questions qui tentent de décrire au plus près et de manière concrète le travail ou les tâches réalisés, selon divers angles : la prescrip- tion, l’autonomie, la coopération, les rythmes de tra- vail, les efforts physiques ou les risques encourus. On peut alors cerner une situation en regroupant des bat- teries de variables constituant des séries d’indicateurs sur tel ou tel thème. Lors des premières enquêtes, on cernait peu les aspects cognitifs et psycho-sociaux du travail pour éviter les pièges de la subjectivité. Mais les progrès des connais- sances de base et une meilleure maîtrise du questionne- ment sur ces thèmes ont favorisé lors des dernières éditions l’élargissement progressif du questionnaire à ces problématiques. Il convient néanmoins de rester prudent quant à l’interprétation des réponses à ce type de questions.

Enquête Conditions de travail

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- la prévention des risques dans le secteur du BTP, par-ticulièrement l’articulation entre une vision experte desrisques a priori et la représentation qu’en ont les sala-riés exposés.Par ailleurs dans le cadre d’un appel à projet précédent,la validation et l’exploitation du questionnaire deKarasek a été confiée à I. Niedhammer, expert de cesujet à l’INSERM.Enfin, le Professeur Bergeret a mené une étude de con-frontation des expositions aux produits chimiques enréinterrogeant plus de 200 salariés enquêtés parSUMER.De nombreux thèmes restent à explorer. Le fichier estbien sûr à la disposition de tout groupe de personnesdésireuses de mener à bien un projet d’analyse.

Bibliographie– Dr Arnaudo B. et alii, 2004, « Les expositions aux risques pro-fessionnels par secteur d’activités – résultats 2003 », Documentd’études, no 89, décembre, Dares.

– Dr Arnaudo B. et alii, 2004, « L’exposition aux risques et auxpénibilités du travail de 1994 à 2003 », Premières Synthèses,no 52.1, décembre, Dares.

– Dr Magaud-Camus I. et alii, 2005, « Le bruit au travail en2003 », Premières Synthèses, no 25.3, juin, Dares.

– Guignon N., Dr Sandret N., 2005, « Les expositions aux pro-duits cancérogènes », Premières Synthèses, no 28.1, juillet, Dares.

– Guignon N., Dr Sandret N., 2005, « Huit produits cancérogènesparmi les plus fréquents », Premières Synthèses, Annexe auno 28.1, juillet, Dares.

– Guignon N., Dr Sandret N., 2005, « Les expositions aux pro-duits mutagènes et reprotoxiques », Premières Synthèses,no 32.1, août, Dares.

– Dr Arnaudo B., Hamon-Cholet S., Waltisperger D., 2006, « Lescontraintes posturales et articulaires en 2003 », Premières Syn-thèses, à paraître, Dares.

Enquête Conditions de travail

J. BUÉ, S. HAMON-CHOLETDARES, Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement.

Les enquêtes Conditions de Travail, réalisées par laDARES, existent depuis 1978. Elles sont renouveléestous les sept ans : 1984, 1991, 1998. La dernière endate (2005) est en cours d’exploitation.Ces enquêtes ont pour principaux objectifs :- décrire et analyser les situations de travail des actifsoccupés ;- apprécier l’ampleur des évolutions ;- faire le lien entre les différentes composantes du tra-vail ;- décrire l’évolution des technologies et leur impact surle travail ;

- décrire les risques professionnels et les pratiques depréventions afin d’éclairer le débat public sur le thèmedes conditions et de l’organisation du travail.En 1978 et 1984, l’enquête s’intéressait aux seuls sala-riés. Depuis 1991, elle concerne tous les actifs occupés,salariés ou non. Elle offre ainsi un panorama global desconditions de travail en France.

Le statut de l’enquête : ses avantages et ses limitesIl s’agit d’une enquête statistique généraliste. En ce sens,elle a le mérite d’apporter de grandes données decadrage sur l’ensemble de la population active occupéeau moment de l’enquête. Elle permet d’évaluer la fré-quence de certains phénomènes et d’aller à l’encontre decertaines idées reçues, comme par exemple la disparitiondu travail pénible, de la saleté sur les lieux de travail, ouencore du travail à la chaîne. Elle met également enlumière de nouvelles formes de travail comme l’hybrida-tion des contraintes (industrielles et commerciales).

Des choix méthodologiques pour encadrer la subjectivité des répondantsL’intérêt d’une telle enquête est de cerner au plus prèsle travail réel tel qu’il est perçu par le travailleur et nonpas le travail prescrit tel qu’il peut être décrit parl’entreprise ou l’employeur.Pour ce faire, l’enquêté est interrogé chez lui (à sondomicile), ce qui évite de passer par l’autorisation del’employeur pour interroger un salarié, et certainementaussi de libérer la parole de ce dernier en l’interrogeanten dehors de son contexte de travail et des contraintesy attenant.Dans le questionnaire, on ne pose pas de questionsd’opinion sur le travail, mais des questions qui tententde décrire au plus près et de manière concrète le travailou les tâches réalisés, selon divers angles : la prescrip-tion, l’autonomie, la coopération, les rythmes de tra-vail, les efforts physiques ou les risques encourus. Onpeut alors cerner une situation en regroupant des bat-teries de variables constituant des séries d’indicateurssur tel ou tel thème.Lors des premières enquêtes, on cernait peu les aspectscognitifs et psycho-sociaux du travail pour éviter lespièges de la subjectivité. Mais les progrès des connais-sances de base et une meilleure maîtrise du questionne-ment sur ces thèmes ont favorisé lors des dernièreséditions l’élargissement progressif du questionnaire àces problématiques. Il convient néanmoins de resterprudent quant à l’interprétation des réponses à ce typede questions.

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29e Congrès national de médecine et santé au travail

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Une méthodologie d’échantillonnage fiable et durableCes enquêtes sont effectuées à domicile, en complé-ment des enquêtes Emploi de l’INSEE auprès de tous lesactifs du ménage (en 1998, 22 000 personnes).L’enquête Emploi était réalisée annuellement (en marsde chaque année) jusqu’en 2002. Les personnes étaientalors interrogées sur leurs conditions de travail à lasuite de l’enquête Emploi.Depuis 2002, l’enquête Emploi se déroule sur six tri-mestres et les enquêtés sont interrogés deux fois enface à face (la première et la dernière) et quatre fois partéléphone. L’enquête Conditions de Travail se dérouleau cours du sixième et dernier entretien.Le couplage avec l’enquête Emploi a de nombreuxavantages. Il permet de disposer d’un vaste échantillonreprésentatif de toute la population active, quels quesoient le secteur d’activité et la taille des entreprises, laprofession, le sexe, l’âge ou le statut de la personneinterrogée. Le réseau des enquêteurs INSEE bénéficied’une opinion favorable de la part des personnesenquêtées. On limite ainsi le taux de non-réponse àl’enquête.

Le questionnaire et ses évolutionsTrès focalisée en 1978 sur l’univers industriel (con-traintes de type machinique), l’enquête s’est étoffée en1991 et 1998 de questions concernant la charge cogni-tive (responsabilités, adéquations des moyens, con-traintes d’attention, situations de tension), les margesde manœuvre dans l’exécution des consignes (« devoirabandonner une tâche pour une autre », « ne pas pou-voir faire varier les délais fixés », « quelle conduite encas d’incident »,…), le caractère prévisible ou non deshoraires, ainsi que la survenue d’un accident du travail(date de l’accident, suites de l’accident). On a égalementapprofondi le questionnaire sur la partie concernantl’usage de l’informatique afin de tenir compte de l’évo-lution des technologies.Pour 2005, ont été enrichis les questionnements sur lacharge cognitive au travail (apprendre des choses nou-velles, monotonie ou complexité des tâches, difficultésde compréhension, crainte pour l’emploi,…) et sur lesinjonctions paradoxales (devoir choisir entre délaiset qualité, ordres contradictoires,…). L’interrogationsur l’usage de l’informatique s’efforce de tenir comptede l’évolution des technologies (Internet, boîtes à let-tres électroniques,…). La partie sur les accidents dutravail a été améliorée en fonction des résultats despost-enquêtes menées en complément de l’enquête de1998, afin de mieux cerner le processus de déclaration

après l’accident. La partie réellement innovante duquestionnaire porte sur les politiques de préventiontelles qu’elles sont perçues par les salariés dans lesentreprises.En 2005, le contenu du questionnaire s’organise doncde la façon suivante :- Horaires et organisation du temps de travail : déter-mination et aménagement des horaires, travail posté,travail le samedi, le dimanche, la nuit, formes de RTT- Organisation du travail, contenu du travail : pauses etinterruptions, rythmes de travail, polyvalence, autono-mie, communication, coopération, fonction hiérarchi-que, collectif de travail- Contraintes et pénibilités : pression temporelle, com-plexité du travail, charge mentale, efforts et risquesphysiques, tensions et risques d’agression- Utilisation et modes d’utilisation de nouvelles techno-logies : informatique, téléphonie mobile- Accidents du travail : processus de déclaration et sui-tes de l’accident. Le questionnement, initialementréservé aux salariés, est étendu aux non-salariés.- Pratiques de prévention : ce thème est nouveau pourl’enquête de 2005. Il vise à cerner comment les politi-ques de sécurité et de santé au travail dans l’entreprisesont perçues par le salarié : informations et formation,visite du médecin du travail ou de l’inspecteur du tra-vail, présence d’un CHSCT dans l’entreprise.

Au-delà des données de cadrage statistiquesAucune enquête statistique ne permet à elle seule,l’étude du travail dans toutes ses dimensions. C’estpourquoi l’enquête est souvent la base de travaux com-plémentaires et qualitatifs réalisés auprès de salariésvolontaires par des chercheurs de domaines divers :ergonomes, sociologues, psychologues, économistes ougestionnaires.En 1998, quatre études ont ainsi été réalisées en post-enquêtes, sur les thèmes des rythmes de travail et desaccidents du travailLes résultats des enquêtes sont disponibles sur le site duministère, un bilan de l’analyse des conditions de tra-vail au moyen des enquêtes est publié dans l’ouvragecollectif : « Conditions de travail : les enseignementsde vingt ans d’enquête ».

Bibliographie– Bué J., Coutrot T., Puech I., 2004, « Conditions de travail : lesenseignements de vingt ans d’enquête », Octares.

– Bué J. et Rougerie C., 1999, « L’organisation des horaires detravail : un état des lieux en mars 1998 », Premières Synthèses,no 30-1, Dares, juillet.

– Bué J., Rougerie C., 1999, « L’organisation du travail : entrecontraintes et initiative (résultats de l’enquête sur les conditions

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de travail de 1998) », Premières Synthèses, 99-08, no 32-1,DARES, août.

– Cézard, M., Hamon-Cholet S., 1999, « Efforts et risques au tra-vail en 1998 », Premières synthèses, 99.04 – n° 16.1, DARES,ministère du travail.

Cézard M., Hamon-Cholet S., 1999, « Travail et chargementale », Premières synthèses, 99.07 – no 27.1, DARES, minis-tère du travail.

– Cézard M., Vinck L., 1998, « En 1998, plus d’un salarié surdeux utilise l’informatique dans son travail », Premières Synthè-ses, no 53-2, DARES, décembre.

– Gollac M. et Volkoff S., 2000, « Les conditions de travail »,Paris, La Découverte, Collection Repères.

Enquête Visat : un outil de connaissance et d’action

J.C. MARQUIÉ1, M. NIEZBORALA2, O. COUOT2, F. CASAUX3, P. JANSOU2, A. COUDERT4, F. BLANC5, M. MOURA ROUANNE2, H. FONDS6, G. DEDIEUX7, B. BARACAT1

1. CNRS (UMR 5551), Laboratoire Travail & Cognition,Université Toulouse le Mirail2. AMST, Toulouse3. SIVOM Labège4. Centre Hospitalier de Lourdes5. SAMSI, Toulouse6. DRTEFP, Inspection Médicale Régionale du Travail et de la Main d’œuvre, Toulouse7. MIDACT, Toulouse.

L’enquête VISAT (Vieillissement, Santé, Travail ; Mar-quié, Jansou, Baracat, Martinaud, Gonon, Niezborala,Ruidavets, Fonds, et Esquirol, 2002) [1] est une aven-ture qui a commencé en 1993 en réponse à des préoc-cupations convergentes. Celle de médecins du travailqui cherchaient à anticiper les conséquences dans leurpratique quotidienne des changements liés au vieillis-sement de la main d’œuvre que nous connaissonsaujourd’hui. Et celle de chercheurs spécialisés dans ledomaine du vieillissement et de la santé au travail,désireux de produire des connaissances et des outilsadaptés à ces nouveaux défis. Sur cette base, dans unprocessus de concertation étroite entre médecins etchercheurs, et dans un esprit véritablement pluridisci-plinaire et participatif, ce sont plus de 3 000 salariésactifs et retraités, nés en 1934, 1944, 1954 et 1964, quiont pu être enquêtés en 1996 par 94 médecins du tra-vail dans trois régions du sud de la France : Midi-Pyré-nées, Aquitaine, et Languedoc-Roussillon. Et plus desdeux tiers d’entre eux ont été re-enquêtés en 2001,grâce à ces mêmes médecins et à l’implication d’unecentaine de nouveaux. Le troisième et dernier recueilde données a lieu en 2006. Il permettra ainsi un suivisur 10 ans des relations entre conditions de travail etsanté pour plusieurs centaines de salariés et retraités dedivers secteurs de production.

Les données recueillies sont la propriété des médecinsqui y ont contribué. Ils peuvent donc, séparément ouen lien avec des chercheurs et d’autres médecins, parti-ciper à l’analyse des données. Des groupes de travail sesont ainsi constitués pour étudier différents aspects desproblèmes de santé et d’organisation du travail en lienavec l’âge. Le travail de ces groupes a porté sur des thè-mes divers. Par exemple : les effets à court et à longterme du travail posté sur le sommeil et sur les fonc-tions cognitives ; les facteurs psychosociaux associésaux TMS ; les effets des caractéristiques cognitives etpsychosociales du travail sur le vieillissement cognitif ;les conditions de travail associées au sentiment de nepas être capable d’occuper son emploi jusqu’à laretraite ; la relation entre précarité de l’emploi et qua-lité de vie ; les contraintes de travail sélectives auregard de l’âge ; les relations entre facteurs environne-mentaux et surpoids. Le travail effectué dans ces grou-pes a donné lieu à de nombreuses productions diffuséesdans la communauté professionnelle et scientifique.VISAT, cependant, n’est pas qu’un instrument de pro-duction de connaissances fondamentales. C’est aussiun outil de production de connaissances plus opéra-tionnelles pour le médecin, c’est-à-dire utiles dans sapratique quotidienne. Nombreux sont les signes, dansle discours ou la situation des salariés, parfois d’appa-rence assez banale, que le médecin doit s’efforcer dedéchiffrer et de relier aux situations de travail. Sou-vent, ces signes ne prennent sens et ne deviennent desmarqueurs décisifs d’un danger plus grand pour lasanté qu’en les reliant ensemble ou à d’autres élémentsdu parcours individuel, et en les confrontant aux résul-tats de la recherche. Les contextes de travail évoluentrapidement, et modifient également l’urgence ou lesmodalités de la prise de décision du médecin. Face àcela, celui-ci peut se sentir désarmé et a besoin d’outilsnouveaux sur le plan conceptuel et technique. Ilimporte qu’il ne soit pas seulement consommateurdans ce domaine, mais co-producteur de connaissan-ces. Ainsi, sur divers aspects, la mise en commun dutravail de nombreux médecins au travers de l’enquêteet l’analyse des données qu’elle autorise permettentnon seulement une vision démultipliée par rapport auxphénomènes observés dans le cabinet médical d’un seulmédecin, mais aussi d’établir des liens entre les obser-vations cliniques et les constats issus des analyses épi-démiologiques. Sur le plan de la relation médecinsalarié, l’enquête est l’occasion d’un contact privilégié,plus approfondi avec le salarié, comme cela a été men-tionné aussi dans d’autres enquêtes. Dans le cas parti-culier de VISAT, qui dès le premier recueil a concernédes salariés retraités (83 % des salariés nés en 1934),c’est aussi une occasion de revoir des salariés partis à la