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Enquête sur la phonologie du français contemporain Author(s): Guiti Deyhime Source: La Linguistique, Vol. 3, Fasc. 2 (1967), pp. 57-84 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248075 . Accessed: 14/06/2014 09:59 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.187 on Sat, 14 Jun 2014 09:59:14 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Enquête sur la phonologie du français contemporain

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Enquête sur la phonologie du français contemporainAuthor(s): Guiti DeyhimeSource: La Linguistique, Vol. 3, Fasc. 2 (1967), pp. 57-84Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248075 .

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Page 2: Enquête sur la phonologie du français contemporain

ENQUUTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANWAIS CONTEMPORAIN*

par GUITI DEYHIME

Question 7. - Il s'agit ici d'6tablir l'6tendue de la distinc- tion, a la finale absolue, entre /e/ ferme et /e/ ouvert.

La comparaison de l'ensemble de nos r6sultats (pour cette

question) nous indique l'existence des quatre possibilites de distribution des phonemes /e/ et /e/ dans les diff6rentes finales

orthographiques : certains sujets ont un seul phoneme /e/; d'autres deux, mais repartis de deux favons diff6rentes; une

petite minorit6 en a trois.

Pourcentages des sujets qui connaissent, a la finale absolue :

Un seul Trois phoneme e Deux phonemes e phonemes e

pique = a) pique/ pique/ piquet = piquet = b) pique = piquet/ piquait piquait piquet/piquait piquait

M. 452eutr7m[.. 66% 80% 11% 7% 20% 12% 3% 1% S.-Es.. 10% 11 % 71 % 76% 6% 6% 13% 6% P 2% 2% 80% 80% 13% 16% 4% 2% Br 0 6% 76% 79% 12% 9% 12% 6% E. 0 0 78% 85% 7% 11% 15% 4% N. 42% 42% 4% 4% 46% 50% 8% 4% C.-N. 4% 4% 48% 48% 44% 44% 4% 4% O. 16% 20% 28% 32% 48% 44% 8% 4% Nm. 25% 25% 21% 21% 54% 54% 0 0 C. 22% 30% 17% 22% 52% 48% 9% 0 S.-O 92% 92% 8% 8% 0 0 0 0 Bo 0 0 40% 80% 0 0 60% 20% A.N 65% 70% 10% 10% 20% 20% 5% 0

* La premiere partie de cet article est parue dans La linguistique, 1967, fasc. 1, p. 97-108.

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58 GUITI DEYHIME

piqu a= a) pique/ piqug/ piquet = piquet = b) pique = piquet/ piquait piquait piquet/piquait piquait

Nd 19% 22% 34% 38% 35% 36% 12% 4% Fnm 12 % 14 % 53 % 57 % 26% 26% 9% 4% Fm 69 % 81 % 10 % 7 % 18% 10% 3% 1%

Question 8. - Nous 6tudierons ici les d6tails de la distribu- tion des deux phonbmes /e/ et /e/ dans les diff6rentes finales.

Signalons d'abord que le but de cette question n'a pas toujours 6t6 compris, malgr6 nos explications que nous ne voulions cependant pas trop insistantes, de peur de troubler les sujets. En effet, certains d'entre eux ont cru qu'il s'agissait de vraies rimes, et que la question touchait a la metrique. D'autre part, la graphie les a aussi influences. Ces faits ont provoqu6 certaines reponses contradictoires par rapport a celles que les memes sujets avaient donnees 'a la question 7.

Dans les pourcentages qui suivent nous n'avons tenu

compte que des rdponses de ceux de ces sujets qui avaient

prealablement declar6 distinguer 'a la finale entre deux ou

plus de deux e. Mais les pourcentages sont calcules par rapport au nombre total des sujets.

Pourcentages des sujets :

quai avec [e] les avec [e] serai avec [e] M 27% 19% 27% 19% 13% 8% S.-E 81% 79% 81% 84% 26% 27% P. 89% 84% 36% 36% 33% 31% Br 85% 85% 12% 12% 61% 61% E 67% 67% 89% 93% 78% 81% N 54% 38% 62% 58% 35% 23% C.-N. 40% 44% 20% 20% 56% 56% 0 60% 56% 24% 20% 28% 32% Nm 50% 50% 21% 17% 33% 29% C 39% 26% 35% 30% 48% 52% S.-0 8% 0 8% 8% 15% 8% Bo 60% 60% 100% 100% 100% 100% A.N. 30% 10% 45% 20% 15% 5% Ndel 64% 58% 51% 48% 39% 38% Fnm. 68% 64% 47% 47% 42% 37% Fm 25% 17% 25% 18% 13% 8%

Question 9. - Il s'agit d'6tudier P'opposition d'un phoneme /t/ bref A /e:/ long en finale couverte.

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ENQUfaTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANqAIS CONTEMPORAIN 59

Pourcentages des sujets qui distinguent /s/ de /e:/ en finale couverte.

fdte/faite mattre/metre fite/faite mattre/mitre M. . 14% 10,5% 19% 17% Nm.. 42% 42% 71% 67% S.-E.

52%/ 44 % 39"% 37% C... 35 % 26 % 30% 26%

P... 29% 22 % 22% 18% S.-O. 23% 15% 15% 15% Br.. 30% 24 % 24% 21% Bo. . 100% 100% 80% 80% E... 78% 70 % 89% 81% A.N. 20% 20% 35% 30% N... 27 % 23 % 38 % 38 % Ncl.. 36 % 30 % 42% 36% C.-N. 44% 40 % 48% Fnm. 44% 39% 45% 41% 0... 56% 52 % 64% 56% Fm.. 15% 11 % 19% 17%

a) Pourcentages des sujets qui pratiquent la distinction dans l'une et l'autre paire :f te/faite et maltre/metre.

b) Pourcentages des sujets qui pratiquent la distinction dans l'une ou l'autre paire : fete/faite ou maitre/m"tre.

a b a b M. . 11 % 9% 22% 18% Nm.. 42 % 42 % 71 % 67% S.-E. 31% 29% 60% 52% C. .. 22% 17% 43% 35 % P... 20% 16% 31% 24% S.-O. 8% 8% 31% 23% Br.. 21% 18% 33% 27% Bo. . 80% 80% 100% 100% E... 78% 70% 88% 81% A.N. 15% 15% 40% 35% N... 27% 27% 42% 38% Ncl.. 27% 27% 51% 42% C.-N. 40% 40% 52% 48% Fnm. 35 % 32% 54% 48 % O... 48% 44% 72% 64% Fm.. 10% 9% 23% 19%

Question 10 a). - Cette question vise a d"terminer si les sujets distinguent entre un phoneme /oe/ bref et un phoneme /oe:/ long en finale couverte.

Pourcentages des sujets qui distinguent entre seul et seule.

M 87% 83% C.-N. . 20% 16% A.N.. 30%a 25 % S.-E... 27 % 24% 0..... 24% 20% Ncl... 47 % 40 % P..... 27% 24% Nm.... 21% 21% Fnm.. 31 % 27 % Br 39% 27% C...... 43% 35 % Fm... 86% 82% E..... 33% 30% S.-O... 77% 77% N.... 50 % 46% Bo. 40% 40%

Le pourcentage tres important qu'offrent ici les m6ri- dionaux ne doit pas nous tromper sur la nature rbelle de leur distinction dans cette paire. En effet, comme I'a signal6 Mar- tinetl3, et comme nous l'avons constat6 nous-memes, pour les m6ridionaux la diff6rence de prononciation entre les deux

13. Ibid., p. 131.

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Page 5: Enquête sur la phonologie du français contemporain

60 GUITI DEYHIME

mots ne provient pas de la longueur du phoneme /wc/, mais bien de la presence d'e caduc dans l'un des mots.

Question 10 b). - Cette question vise a 6tablir l'existence d'une opposition entre un phoneme /oe/ et un phoneme /0/ en finale couverte.

Pourcentages des sujets qui distinguent entre jeune et jeuine. M.... 40% 34% C.- N. 92% 92% A.N. . 75% 75% S.-E.. 61% 60% 0... 100% 100% Nel. .. 82%a 79 % P. ... 89% 93% Nm.. 92% 92% Fnm. . 82 % 82 % Br.... 70% 73% C.... 83% 78% Fm. .. 40% 34% E.... 93% 93% S.-O. 38% 38% N.... 85% 81% Bo. . 100% 100%

Question 11. - I1 s'agit de d6terminer l'extension de la distinction entre les phonemes /a/ et /7C/ en finale absolue.

Pourcentages des sujets qui distinguent entre brin et brun.

M... 99% 98 % C.-N.. 24 % 20 % A.N. . 85% 85 % S.-E.. 89% 87 % 0.... 44 % 40% Ncl. .. 65 % 64 % P. .. 29% 24 % Nm... 21% 17% Fnm.. 53% 50% Br... 48% 48 % C..... 65 % 61% Fm. .. 98% 98 % E. .. 63% 63 % S.-O.. 92% 100% N. .. 69% 61,5% Bo... 0 0

Question 12. - II s'agit ici d'6tudier le ph6nomhne de la mouillure. La paire la nielle/l'agnelle pr6sente la possibilit6 d'une distinction entre n mouill6 et /n + j/. La paire soulier/ souiller, sugg&r6e par Martinet, illustre la reduction du

groupe /-lj-/ $ /-j-/. Pourcentages des sujets qui distinguent entre la nielle et I'agnelle.

M .... 28 % 20 % C.-N. 40 % 36 % A.N. . 10 % 5% S.-E... 19% 19% 0... 40% 40% Ncl. .. 39% 30% P..... 44% 40% Nm.. 42% 42% Fnm. . 31% 27% Br ... 33% 24% C.... 13% 13% Fm. .. 29% 20% E..... 26% 22% S. -O. 31% 23% N..... 23% 8% Bo.. 40% 20%14

Nous nous sommes heurt6e aux difficultis signalees par Martinet dans le rapprochement des mots oii apparait ce

ph6nombne. En effet, d'une part, la grande majorit6 des sujets

14. Ibid., p. 171.

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ENQUATE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANqAIS CONTEMPORAIN 61

ne connaissait pas la nielle; d'autre part, le fait que la coupe entre article et nom ne tombe pas au meme endroit dans les deux membres de la paire a 6t6 pour certains une raison suffisante pour ne voir aucune identit6 entre les mots pro- pos6s. Ces deux faits combinds ont pu augmenter de beaucoup le degr6 de distinction accuse. Ainsi, on est tent6 de supposer que les pourcentages de la distinction auraient 6t6 encore plus bas si ces faits n'avaient pas entrav6 la tendance 6vidente de cette paire a la confusion15.

Pourcentages des sujets qui distinguent entre soulier et souiller. M. . 99% 99 % C.-N. 96% 96 % A. N. 100% 100% S.-E. 94% 94 % 0... 100% 100% Ncl.. 99 % 99% P... 100% 100% Nm.. 100% 100% Fnm. 97 % 97 % Br.. 97 % 97 % C.... 96 % 96 % Fm.. 99 % 99 % E. . 96%' 96% S.-O. 100% 100% N. . 100% 100% Bo. . 100% 100%

Question 13. - Cette question vise a 6tudier les deux types de r6alisation des phonemes /i/, /u/, et /y/ quand ils sont suivis d'une voyelle, c'est-a-dire s'ils se r6alisent comme des

semi-voyelles prononcies alors en une seule syllabe avec la

voyelle suivante, ou s'il s'agit d'une succession de deux voyelles prononcees en deux syllabes.

Pourcentages des sujets qui font de lion, buge, louer une seule syllabe.

[lj5] [bqe] [iwe] M 57% 58% 4% 5% 3% 3% S.-E. 82% 84% 11% 11% 5% 5% P. 91% 93% 44% 42% 27% 27% Br. 94% 97% 45% 45% 30% 30% E. 78% 78% 15% 15% 4% 4% N. 65% 65% 0 0 0 0 C.-N 92% 92% 52% 52% 28% 28% S 92% 92% 64% 64% 52% 52% Nm 100% 96% 79% 75% 54% 50% C 100% 100% 43% 43% 30% 22% S.-O. 62% 62% 8% 8% 0 0 Bo. 100% 100% 0 0 0 0 A.N. 75% 75% 10% 10% 20% 20% Nel. 87% 87% 27% 27% 23% 26% Fnm 88% 88% 35% 35% 22% 21% Fm 57% 58% 5% 6% 3% 3%

15. Ibid., p. 173.

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62 GUITI DEYHIME

Il est int6ressant de constater la diffirence qui existe dans la frequence des prononciations monosyllabiques des trois mots. On pourrait attribuer cette diffirence a certains facteurs extra-phonetiques.

En ce qui concerne le faible pourcentage de prononciation monosyllabique de louer, nous croyons trouver l'explication de ce fait dans cette remarque de plusieurs de nos sujets : ils prononcent louer avec deux syllabes dans l'6nonc6 << louer Dieu ), et avec une syllabe dans d'autres cas (tels que (( louer une maison n), etc.). La grande majorit6 n'aurait-elle pas iden- tifi6 louer avant tout comme membre du premier Cnonc6 < louer Dieu ) ?

Question 14. - Cette question a pour objet de mettre en 6vi- dence l'utilisation qui est faite des consonnes g6min6es dans certains mots particuliers, dans un groupe initial ill- et dans le cas du pronom 1'.

Pourcentages des sujets qui prononcent une consonne simple dans :

[some] [adisjS] [ilaik] [2levy] M..... 65% 67% 78% 76% 18% 23% 87% 89% S.-E... 66% 66 % 79% 81 % 34% 34% 89% 87% P ...... 16% 16% 87% 89% 9% 9% 51% 51% Br. 27 % 33 % 73 % 73 % 18% 21% 70 % 70 % E..... 44 % 44 % 44 % 44 % 15 % 15 % 74 % 74 % N..... 19% 19% 27% 27% 4% 4% 69% 65% C.-N.. 20% 20% 80% 80% 4% 4% 52% 48% O. .... 44% 44% 84% 88% 24% 24% 56% 52% Nm... 21% 21% 71% 71% 4% 4% 29% 25% C. .... 52% 52% 78% 78% 26% 26% 78% 74% S.-O. .. 85 % 85% 92% 100% 38% 38% 85% 85% Bo..... 60% 60% 20 % 20% 20% 20% 100% 100% A.N. . 60% 60% 90% 90% 25% 25% 95% 95 % Ncl. .. 36 % 36 % 75% 75 % 13% 14% 74% 74 % Fnm. . 37 % 38 % 71% 72 % 17 % 18 % 66 % 64 % Fm. .. 68% 69% 79% 79% 20% 25% 87% 89%

Des trois premiers mots dtudids, addition est celui qui presente les pourcentages les plus bas de gimination. Pour illogique, par contre, nous trouvons une proportion considerable de gemination. On peut attribuer ceci d'une part au sentiment de la composition de ce mot (il-logique), et, d'autre part et surtout, a l'emphase qui accompagne souvent sa realisation; on a alors affaire a une gemination d'origine expressive.

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ENQUETE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANaAIS CONTEMPORAIN 63

Question 15. - Cette question vise Ai dfterminer comment les sujets realisent, dans un mot d'origine 6trangbre, I'occlusion nasale vilaire qui n'existe pas dans le fonds traditionnel du vocabulaire franqais.

Pourcentages des r6alisations [n], [pi], [1r] accus6es par les sujets : M. 14% 14% 0 0 86% 86% S.-E 0 2% 5% 3% 97% 95% P. 2% 2% 38% 38% 60% 60% Br. 0 0 21% 21% 79% 79% E. 4% 4% 4% 4% 93% 93% N 4% 4% 4% 4% 92% 92% C.-N. 0 0 56% 56% 44% 44% 0 0 0 12% 12% 84% 84% Nm 0 0 33% 33% 67% 67% C 4% 4% 9% 9% 87% 87% s.-0 15% 15% 0 0 85% 85% Bo. 0 0 0 0 100% 100% A. N 0 0 0 0 100% 100% Ncl. 1% 1% 18% 18% 81% 81% Fnm. 1 % 2% 19% 19% 80% 79% Fm. 14% 14% 0 0 86% 86%

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Page 9: Enquête sur la phonologie du français contemporain

64 GUITI DEYHIME

DEUXI1ME PARTIE

GENERALITES

La comparaison des r'sultats recueillis par Martinet lors de son enquate de 1941 avec les n6tres, met en lumibre le sort

d6volu, durant ces deux dernieres d6cennies, a certaines oppo- sitions \ l'int6rieur du systeme phonologique du frangais. La

comparaison aurait 6t6 plus facile et les r6sultats peut-vtre plus probants si l'identit6 entre les deux enquates avait 6t6 complkte. Elle ne l'est pas et les diff6rences portent sur les

points suivants : Mode d'enquete, Cat6gorie, Age, Sexe des

sujets; leur nombre par r6gion; leur s6jour parisien. Nous allons voir dans quel sens ces divergences peuvent faire varier nos r6sultats respectifs :

10 Mode d'enqu~te : L'enquate de Martinet 6tait 6crite, la

n6tre orale. On peut pr6tendre, dans le cas de nos sujets, que le fait de devoir r6pondre aux questions en pr6sence de l'enque- teur les a incit6s A d6clarer faire plus de distinctions qu'ils n'en faisaient en r6alit6, car on peut consid6rer qu'il s'attache un certain prestige a parler selon les normes. Pour le meme motif, nous pouvons nous attendre a moins de r6gionalisme chez nos sujets du Midi, 6tant donn6 qu'g Paris, lieu de l'enquAte, ceux-ci 6taient tent6s d'att6nuer ce qu'ils consid6raient comme des < m6ridionalismes ). Ceci aurait pu se pr6senter chez les

enquetes de Martinet, mais silrement ' un degr6 moindre,

l'enquete ayant 6t6 faite alors en < terrain neutre ), dans un

camp de prisonniers en Allemagne. 20 Categorie des sujets : Alors que nos sujets sont des 6tu-

diants, les sujets de Martinet n'itaient - a quelques excep- tions pres - plus 6tudiants au moment de son enquete. Ils

n'6taient plus, de ce fait, sous l'influence directe des normes scolaires et avaient 6t6 plus expos6s aux influences diverses

exerc6es par des contacts sociaux plus 6tendus. 30 Age : Les sujets de Martinet s'6chelonnaient sur trois

g6n6rations, n6es entre 1880 et 1920. Les n6tres, n6s entre 1936 et 1945, appartenaient a une m8me g6n6ration. On sait combien le comportement linguistique peut changer d'une g6n6ration A l'autre. L'6ventail d'ages de nos sujets 6tant tres peu ouvert,

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Page 10: Enquête sur la phonologie du français contemporain

ENQUPTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANqAIS CONTEMPORAIN 65

leurs r6ponses constituent un ensemble plus homogene que les

r6ponses obtenues par Martinet.

40 Sejour parisien : Tous nos sujets ont fait un s6jour plus ou moins long (de quelques annees a quelques mois) ' Paris, ce qui n'a probablement pas 6t6 le cas chez les enquet6s de Martinet. Cela pourrait quelque peu influencer les reponses provinciales : le prestige de ( l'accent ) de Paris ne laisserait

pas indiff6rents ceux qui pr6tendent au a beau parler ) et ne serait pas sans effet sur ceux qui d6clarent c attraper facilement s les accents.

50 Sexe : Les enquetes de Martinet sont tous du sexe mas- culin; les n6tres comportent filles et garqons en proportions a peu pres 6gales. Or, le sexe aurait un r6le, minime peut-etre, mais souvent signal6, dans le comportement linguistique, les femmes 6tant considerees frequemment comme plus conser- vatrices en cette matibre. Nous pouvons done supposer que les

reponses des sujets de Martinet sont, de ce point de vue, plus homogenes que les n6tres.

60 Nombre : Le nombre total des sujets et leur r6partition varient d'une enquete A l'autre. Les 409 sujets de Martinet et nos 480 se repartissent de la fagon suivante :

R6gions Mart. Dey. Regions Mart. Dey.

S.-E. 39 62 Nm 13 24 P. 66 45 C 21 23 Br. 19 33 S.-O 12 13 E. 32 27 Bo. 8 5 N 19 26 Nel. 59 77 C.-N. 13 25 Fnm 249 295 0. 17 25 Fm. 101 108

Nous confronterons nos pourcentages, d'une part, avec ceux

qui leur correspondent pour l'ensemble des sujets de Martinet et, d'autre part, avec ceux de sa catigorie ( Juniors )) (J. en

abrig6), la plus proche de nos sujets quant 'a l'age. Sur certains points, nous comparerons aussi avec nos r6sul-

tats ceux qui ont 6t' obtenus par Ruth Reichstein, dans son

enquete de 1957, dans plusieurs 6coles parisiennes et portant sur 556 jeunes filles de 12 a 16 ans.

Nous laisserons de c6t6, dans ce chapitre, les pourcentages LA LINGUISTIQUE, II 5

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66 GUITI DEYHIME

provenant de notre propre observation, faute de correspondants chez Martinet.

Comme il serait trop long, dans ce resume de notre 6tude, de confronter les pourcentages de Martinet avec les n6tres

pour les 12 r6gions mentionnies ci-dessus, nous limiterons cette confrontation aux 3 principales subdivisions : France non meri- dionale, France meridionale et Paris.

Question 1.

a) laque/lac b) Rome/rhum Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm 21% 26% 18% 23% Fm. 90% 80% 82% 77% P. 13% 27% 21% 20%

La comparaison des chiffres ci-dessus indique une tendance A maintenir le meme degr6 d'utilisation d'e caduc a la finale, aussi bien dans la France non meridionale que dans la France meridionale. Pour Paris, par contre, la tendance dans la pre- miere paire semblerait etre a un renforcement de la distinction.

La confrontation des (( juniors ) de Martinet et de l'en- semble de nos sujets que voici :

J. Dey. J. Dey. Fnm 25% 26% 20% 23% Fm. 96% 80% 86% 77% P. 20% 27% 23% 20%

confirme la tendance a la stabilit6 digag6e ci-dessus. Seuls la Fm. et P. font exception a cette tendance. La premiere rHvble une certaine tendance vers un moindre degr6 de dis- tinction. Si nous faisons entrer en ligne de compte les chiffres de Martinet pour la cat6gorie (( moyens ) de la Fm., soit

pour a) : Moyens 80 %; Juniors 96 %; Dey. 80 %, et pour b) : 75 %, 86 %, 77 %, on est tent6 de penser que, comme Martinet le presume, la premiere et la derniere generation consideries ont eu des contacts plus frequents avec la France non meridionale. En ce qui concerne Paris, la comparaison des

pourcentages obtenus, pour a), chez les quatre g6nerations successives : S. 5 %; M. 10 %; J. 20 %; Dey. 27 %, tendrait A indiquer l'existence d' (< une tendance a r6tablir progressive- ment la distinction ,).

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Page 12: Enquête sur la phonologie du français contemporain

ENQUTTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANaAIS CONTEMPORAIN 67

Question 2. a) arc(que) boutant b) ours(e) blanc

Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm 27% 22% 50,6% 39% Fm. 20 % 12 % 13 % 8% P 22% 18% 60 % 38%

Pas de diff6rences tres sensibles pour arc(que) boutant, ni, chez les meridionaux, pour ours(e) blanc. Mais les autres sujets, et surtout les Parisiens, semblent, pour ce dernier mot, se conformer de plus en plus a la graphie.

La confrontation d'ensemble de la catigorie (( juniors de Martinet avec nos sujets, que voici :

J. Dey. J. Dey. Fnm 20% 22% 51% 39% Fm. 15% 12% 17% 8% P. 13% 18% 60% 38%

ne fait que confirmer les conclusions digagees ci-dessus.

Question 3. - Prononciation du e de bois-le.

a) [o] b) [le] c) [a] Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm-\ 54% 45% 19% 9% 25% 46 % Fm. 81% 81% 4% 1% 14% 17,5% P. 53% 53% 20% 9% 26% 40 %

Nous voyons d'un coup d'ceil que la prononciation [o] gagne du terrain aux d pens de [o] et surtout de [ce] dans la partie non meridionale (Paris compris) de la France. La France meri- dionale se montre tres stable dans l'utilisation qu'elle fait des trois prononciations : usage tres important de [0]; usage res- treint de [a]; la prononciation [ce] n'a pratiquement pas cours dans cette r gion.

Une confrontation entre nos chiffres et ceux qui leur cor-

respondent pour le groupe (( juniors ), ne fait que confirmer les tendances digagees plus haut pour la France entiere :

a b c

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm 55% 45% 17% 9% 26% 46 % Fm. 81% 81% 0 1% 17% 17,5% P. 56% 53% 13% 9% 30% 40 %

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Page 13: Enquête sur la phonologie du français contemporain

68 GUITI DEYHIME

Une comparaison des chiffres obtenus par Martinet, A Paris, pour ses diff6rentes categories d'age avec les n6tres, indique de favon tres nette que les Parisiens ont progressivement d6fa- voris6 la prononciation [ce] au profit de [] : pour [ce] : S. 31 %; M. 22 %; J. 13 %; Dey. 9 %; et pour [a] : 18 %, 27 %, 30 %, 40 %.

Question 4. - Sous-question a) : rat = ras.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm... 32% 62% Fm... 73% 92,5% P... 15% 62%

Une tendance a la confusion tres prononcee dans la France entitre se d6gage nettement de la comparaison de ces chiffres : la mont6e des pourcentages de confusion est brutale '

Paris, tres marquee dans la Fm., notable dans le Midi oi elle 6tait

dej~ tres repandue. La comparaison des pourcentages de la cat6gorie (( juniors ))

avec l'ensemble de nos sujets pour la Fm. (J. 36 % ; Dey. 62 %) et pour P (J. 16 %; Dey. 62 %) indiquerait que l'extension de la confusion est plut6t r6cente.

Ruth Reichstein donne pour la paire rat-ras 88,85 % de confusion dans la region parisienne. Ce chiffre elev' et son 6cart

par rapport au n6tre (62 %) sont vraisemblablement dus A l'age de ses sujets. Nous avons pris 15 ans comme age limite pour la fixation complete du syst*me phonologique. Or, les sujets de Ruth Reichstein avaient entre 12 et 16 ans. 11 est donc probable qu'un certain nombre d'entre eux n'avaient pas encore acquis toutes leurs distinctions phonologiques, d'oii les pourcentages eleves de confusion. Cette remarque est valable pour les autres

questions 6tudiees par Ruth Reichstein.

Sous-question b) : patte = pate. Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm.... 5% 12 % Fm.... 56% 78% P.... 0 13%

La distinction entre les deux a en position finale couverte

6tait, chez les sujets de Martinet, la norme presque absolue dans la France non m6ridionale, et absolue " Paris. Nos chiffres

suggerent I'apparition a Paris de la confusion, confusion tres

fr6quente chez les sujets de Ruth Reichstein. Dans le Midi, elle a gagn6 beaucoup de terrain depuis l'enquete de Martinet.

La comparaison des chiffres suivants : Fnm. : J. 8 %,

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ENQUTTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANaAIS CONTEMPORAIN 69

Dey. 12 %; Fm. : J. 54 %, Dey. 78 % confirme les tendances ci-dessus degagees.

Sous-question c) : (p)arage/(b)arrage. Cette meme paire a 6t6 imagin6e par Martinet pour verifier

s'il existait encore des distinctions basees sur l'opposition du r simple a r ge*mine. Les reponses obtenues l'ont convaincu de l'existence d'une distinction d'une autre nature fondee sur

l'opposition des deux a prec6dant le r. Nous avons trouv6 intbressant de reprendre cette paire et d'en faire une sous-

question pour completer notre tableau d'opposition des deux a. Les pourcentages sont les suivants :

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 22% 21% Fm.... 46% 13% P.... 26 % 22%

Peu de difference ailleurs que dans le Midi oi l'on peut supposer que la distinction se fondait sur la qualit6 ou la lon- gueur de r plut0t que sur celle de la voyelle pricidente.

La confrontation des pourcentages suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 23% 21% Fm.... 38% 13% P.... 34% 22%

confirme les tendances digagees plus haut, sauf en ce qui concerne Paris. Notre generation parisienne, comme dans cer- tains autres cas, a I'air de s'6carter de ses pr6d6cesseurs imme- diats (juniors) et de se rapprocher des generations plus anciennes, (( seniors ) en particulier : S. 23 %; M. 15 %; J. 34 %; Dey. 22 %.

Le pourcentage de distinction donn6 pour la region pari- sienne par R. Reichstein pour la paire l'acheter-lachete - dans

laquelle les deux a s'opposent, comme dans la paire 6tudi"e

plus haut, dans la syllabe atone - est de l'ordre de 36,15 %. On

pourrait attribuer ce degr6 plus Blev6 de distinction (par rapport a notre chiffre de 22 %), a un usage expressif possible de lachete.

Question 5. - Sous-question a) : pot/peau. Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm.... 38% 24% Fm.... 31% 15% P.... 18 % 9%

La France entibre pr6sente une tendance a la perte de la distinction. La rigion parisienne qui la connaissait fort peu des I'abord, semble vouloir l'abandonner tout a fait.

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70 GUITI DEYHIME

La confrontation des pourcentages suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 34 % 24% Fm.... 40% 15% P.... 30 % 9%

confirme les r6sultats d6gag*s ci-dessus pour la Fnm. et le Midi. Seul, le comportement des ( juniors ,) parisiens contredit celui de 1'ensemble des sujets de cette rigion. Les pourcentages des

quatre generations successives : S. 11 %; M. 5 %; J. 30 %; Dey. 9 %, nous mettent en face d'une courbe curieuse : le sur- saut des < jeunes Parisiens a qui semblaient donner une certaine vie A la distinction, semble etre sans lendemain.

Sous-question b) : sotte = saute.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 3% 4% Fm.... 47% 61% P.... 0 0

L'opposition des deux o en syllabe tonique couverte ne suit

pas le meme sort qu'en syllabe tonique ouverte. Tandis que, dans cette derniere position, elle tend A s'6liminer dans la France entiere, dans la premiere elle se comporte diff6remment selon les regions. Si elle tend a disparaltre dans le Midi, elle se maintient fermement dans la France non m'ridionale et ' Paris.

La comparaison des pourcentages m6ridionaux : J. 37 %, Dey. 61 %, confirme la tendance d6gag'e ci-dessus.

Question 6. - Sous-question a) : bout/boue.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 41% 38% Fm.... 24% 10% P.... 31% 29%

Comme ces chiffres le font apparaltre, il n'y a pas de modifi- cation r6elle dans l'usage de la longueur vocalique pour la paire ci-dessus, dans la partie non meridionale de la France et ' Paris. Seule la region meridionale pr6sente une tendance marquee

'

PIblimination de la distinction. La confrontation des pourcentages suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 40% 38% Fm.... 25% 10% P.... 43% 29%

confirme les resultats auxquels nous sommes arrive ci-dessus

pour la Fnm. et le Midi. Mais le rapprochement des chiffres

parisiens ne nous conduit pas aux memes conclusions que plus

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ENQUATE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANgAIS CONTEMPORAIN 71

haut. Ce qui a 6t6 dit au sujet de la paire pot/peau est valable, ici aussi, comme l'illustre la courbe suivante qui concerne les

quatre g6nerations successives de Paris : S, 11 %; M. 31 %; J. 43 %; Dey. 29 %.

Sous-question b) :j'ai crufla viande crue, bu/bue.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 30% 32% Fm.... 22% 15% P.... 17% 24%

La paire de mots que nous avons choisie ici cru-crue n'est

pas la meme que celle de Martinet bu-bue. Nous avons fait entrer chacun de nos deux mots dans un contexte ohi s'imposent le masculin et le f6minin de fagon que nos sujets ne puissent pas negliger l'accord'6. Les resultats obtenus ne different guere de ceux qui font l'objet de la sous-question pric6dente bout-boue. Ceci nous convainc que le choix de paires diff6rentes par Martinet et nous-meme, n'a pas change grand-chose.

La distinction est ici moins repandue que pour la sous-

question a), ce qui est sans doute dfi, comme l'a signal6 Martinet17,

' la prononciation expressive de boue. La tendance de la France entibre est a la stabilit6.

La confrontation suivante :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 30% 32% Fm.... 22 % 15 % P.... 27% 24 %

ne fait que confirmer les tendances signalees ci-dessus.

Sous-question c) : le lit/la lie, prit/prieis. Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm.... 57 % 57 % Fm.... 40 % 29 % P.... 37 % 55,5%

La France non meridionale fait ici montre de stabilit6, comme c'6tait le cas pour les sous-questions precidentes. La France meridionale favorise la confusion des deux mots, mais dans une proportion moins importante que pour les autres

sous-questions. A Paris la distinction semble se faire plus fr6quente. Devons-nous croire que, dans le mot expressif lie, une prononciation allongde de la voyelle tend a s'imposer

'

Paris comme pourrait le faire croire la comparaison avec les

16. Cf. MARTINET, ibid., p. 98. 17. Ibid., p. 95. 18. Cf. La linguistique, 1967, fase. 1, p. 108.

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72 GUITI DEYHIME

chiffres suivants : P. : J. 49 %, Dey. 55,5 % qui indiqueraient que la tendance a 6tendre la distinction 6tait deja existante chez les (( juniors ). Martinet dit a ce sujet : (( La jeune genera- tion parisienne se distingue de ses ainees par un beaucoup plus haut pourcentage de distinction )19.

Sous-question d) : il est colle'l/elle est collie, collg/collie. Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm.... 32% 26% Fm.... 22 % 8 % P.... 17% 18%

La tendance a la stabilit6, constatee dans les autres sous-

questions, se manifeste aussi ici dans la partie non meridionale du pays, ce qui contraste avec la tendance miridionale a la confusion presque totale.

La confrontation suivante :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 29% 26% Fm.... 22% 8% P.... 26% 18%

n'ajoute pas grand-chose a ce que nous venons de dire, sinon

que l'on constate, ici encore, chez les (( juniors ) de Martinet les pourcentages de distinction les plus eleves.

Question 7. - Un seul phoneme /e/20 pique =piquet = piquait.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm... 10 % 11,5 % Fm... 40% 69% P... 4% 2%

La confusion des deux phonemes /e/ et /e/ en finale absolue est toujours assez rare dans la France non miridionale et sur- tout B Paris. La France meridionale, par contre, la connaAt bien et la favorise de plus en plus.

La confrontation suivante

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 11% 11,5 % Fm.... 43% 69% P.... 6% 2%

n'ajoute rien. Deux phonemes e : a) pique/piquet = piquait.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 51% 53% Fm.... 10% 10% P.... 71% 80%

19. Ibid., p. 103. 20. Cf. ci-dessus, pp. 57-58.

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Page 18: Enquête sur la phonologie du français contemporain

ENQUPTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANaAIS CONTEMPORAIN 73

La France non miridionale et le Midi manifestent ici une

grande stabilit6, alors qu'on constaterait A Paris une pr6f6rence li6grement accrue pour ce type de distribution.

La comparaison des chiffres suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 44% 53% Fm.... 12% 10% P.... 56% 80%

confirme les tendances degag es plus haut pour la Fnm. et le Midi. Mais si nous comparons les pourcentages parisiens, nous n'arrivons pas au resultat mentionn6 ci-dessus. En effet, les o juniors D emploient sensiblement moins que nos sujets (et m~me que leurs ain s : seniors ) et ( moyens ))) la distribu- tion en question, et ceci surtout au profit de la triple opposi- tion de e :

piqud/piquet = piquait : S. 82 %; M. 84 %/o; J. 56 %; Dey. 80 %.

piqu6/piquet/piquait : S. 17 % ;M. 10 %; J. 30 % ; Dey. 4 %. Martinet a eu l'occasion de relever chez ses (( juniors )) une

tendance ' suivre l'orthographe21. b) piqu = piquet/piquait.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm... 16% 26%/ Fm... 32% 17,5% P... 3% 13 %

Ce type de distribution, beaucoup moins frequent que le pr"cident dans la France non miridionale, y accuse une sta- bilite d'emploi, tandis que dans le Midi il perd du terrain. A Paris, la courbe esquisse une montre.

La confrontation des pourcentages suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 21% 26% Fm.... 24% 17,5% P.... 6% 13%

confirme les constatations prec6dentes. En nous r6f6rant aux

pourcentages successifs que donne Martinet de la repartition par generation dans le Midi (M. 41 %, J. 24 %)22, nous nous rendons compte que la tendance a defavoriser cette distribution s'6tait deja rev'lee chez les (( juniors ), et s'est maintenue, dans la meme proportion, chez nos sujets.

21. Ibid., p. 41. 22. Ibid., p. 121.

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Page 19: Enquête sur la phonologie du français contemporain

74 GUITI DEYHIME

En additionnant les pourcentages 6tablis pour les deux possibilit6s de distribution des phonemes /e/ et /e/ en finale absolue, nous obtenons les chiffres suivants :

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 68% 79% Fm.... 42% 28% P.... 74% 93%

Cette opposition tend a se g6n6raliser dans la Fnm. et surtout a Paris. Elle ne s'6tend pas dans le Midi, bien au contraire.

Trois phonemes e : piqu-/piquet/piquait.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 20% 9% Fm.... 17% 3% P.... 21% 4%

La distinction de trois phonemes e ' la finale 6tait, au d6part, plus repandue sur l'ensemble du territoire. Elle tend de plus en plus a disparaltre.

Rien de particulier ne se d6gage des pourcentages suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 22% 9% Fm.... 19% 3% P.... 30% 4%

Question 8. - Martinet a calcul6 ici ses pourcentages par rapport au nombre de sujets qui ont montr6, par leurs r6ponses, qu'ils faisaient la (( distinction ). Ceci affecte essentiellement la France meridionale

ohi sont trbs nombreux des sujets qui n'ont

qu'un seul phoneme e ' la finale. Nous avons donc, pour Fm.,

recalcul6 nos pourcentages de la meme fagon. Ailleurs, il faut s'attendre A ce que pour une situation identique, nos pourcen- tages soient ligerement plus bas que ceux de Martinet.

a) quai avec [e] b) les avec [e] c) serai avec [e] Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm...... 42% 23% 59% 47 % 53% 42% Fm. ..... 41% 34% 79% 66 % 19% 34% P......... 40% 11% 32% 35,5% 53% 33%

La prononciation [ke] parait s'6tendre partout aux depens de [ke]. La prononciation ( distinguee ) [le] gagne du terrain ailleurs qu'a Paris oui elle est relativement fr6quente. En ce qui concerne [sre] sa frequence diminue dans la France non miri- dionale et A Paris et parait croitre dans le Midi qui est peut- etre, ici, influenc6 par l'enseignement.

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Page 20: Enquête sur la phonologie du français contemporain

ENQUATE SUR LA PHONOLOGIE DU FRAN(AIS CONTEMPORAIN 75

La confrontation qui suit : a b c

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm..... 47% 23% 67% 47 % 48% 42% Fm. ..... 39% 34% 77% 66 % 21% 34% P. ...... 46% 11% 51% 35,5% 40% 33%

n'apporte rien de neuf, si ce n'est le rappel de la frequence inattendue de [le] chez les (( juniors ) parisiens et de la tendance deja esquissee chez eux '

d6favoriser la prononciation sco- laire [sre].

Question 9. - fete = faite.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm... 35% 55,5% Fm... 64% 85% P... 44% 72%

La comparaison des pourcentages nous montre que la confusion a considerablement gagn6 du terrain dans l'ensemble de la France.

Les chiffres suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm... 31%a 55,5% Fm... 61% 85% P... 36% 72%

n'ajoutent rien de neuf. Le chiffre de 31,12 % donn6 par R. Reichstein pour la dis-

tinction de b6le et de belle23 en ce qui concerne Paris, laisse environ 69 % de confusion, et confirme done la tendance que nous avons degag6e pour cette rigion. Cependant, l'usage expressif possible du mot bgle24 pourrait tendre a renforcer la distinction. C'est ce que prouvent d'ailleurs les pourcentages parisiens de Martinet : bile = belle 16 %; fdte = faite 36 %.

Question 10. - Sous-question a) : seul = seule; filleul = filleule.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 76% 69% Fm.... 17% 14% P.... 80% 73%

La distinction, dans le Midi, est assuree largement du fait de la prononciation du < e muet ) final. Nos chiffres ne sont pas

23. Ibid., p. 61. 24. Cf. MARTINET, ibid., p. 126.

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Page 21: Enquête sur la phonologie du français contemporain

76 GUITI DEYHIME

assez inftrieurs a ceux de Martinet pour qu'on puisse conclure A une tendance vers la diff6renciation.

Rien de neuf ne se degage des pourcentages suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm.... 76% 69% Fm.... 20% 14% P.... 76% 73%

Sous-question b) : jeune = jefine. Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm... 15% 14,5% Fm... 59% 60% P... 9% 11%

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm... 17 % 14,5 % Fm... 61% 60% P... 13% 11%

Stabilit6 sur toute la ligne. Question 11. - brin = brun.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 20% 47% Fm.... 1% 2% P.... 42% 71%

La confusion a gagn6 beaucoup de terrain dans la France non meridionale et a Paris. Les pourcentages donn6s par Martinet25 et intituls (( confusion ou tendance a la confusion ), laissaient prevoir cette evolution. La France meridionale, par contre, semble a peine atteinte. La ligere tendance a la confu- sion que Martinet y avait d6celee (11 %) ne s'est pas confirm6e.

I1 faut rappeler ici que (( pour la majorit6 des personnes du Midi il n'existe pas de phoneme un; ce qui est orthographi6 ainsi correspond phonologiquement

' un c + consonne << nasale ), de meme que in correspond

' a e + consonne nasale ). Or, Pe'conomie du franqais ne souffre pas la confu- sion de we et de e >26.

La confrontation des pourcentages suivants :

J. Dey. J. Dey. Fnm........ 18% 47% P ....... 36% 71%

n'apporte rien de neuf sinon le rappel d'un certain conser- vatisme chez les (( juniors )).

Le chiffre de 82 % donn6 pour Paris par R. Reichstein27

25. Ibid., p. 149. 26. MARTINET, ibid., p. 149. 27. Ibid., p. 61.

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ENQUETE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANgAIS CONTEMPORAIN 77

pour ses toutes jeunes filles va dans le meme sens que les donn6es que nous apportons.

Question 12. - Sous-question a) : la nielle = l'agnelle.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm... 55% 69% Fm... 41% 71% P... 34% 55,5%

La comparaison des chiffres ci-dessus indique que la confu- sion a gagn6 du terrain partout, mais surtout dans le Midi.

Aux chiffres suivants :

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm... 62% 69% Fm... 42% 71% P... 50% 55,5%

on ajoutera, pour la France non meridionale, les pourcentages des deux autres generations de Martinet, d'oii S. 47 %, M. 51 %, J. 62 %28, Dey. 69 %, ce qui timoigne d'une progression lente, mais continue.

Pour Paris, la comparaison des chiffres S. 11 %; M. 31 %; J. 50 %29 avec le n6tre (55,5 %) montre la meme progression.

Sous-question b) : soulier = souiller.

Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Fnm.... 8% 3% Fm.... 9% 2% P.... 1% 0

Notre enquate 6tant orale, nous avions moins que Martinet la possibilit6 d'obtenir des sujets qu'ils admettent pour eux- memes une prononciation aussi ( vulgaire ) que celle de [suje] pour soulier. Les resultats de Martinet n'avaient d'interet qu'en ce qu'ils r6velaient une fr6quence inattendue de cette confusion dans une region particulibre, le Sud-Est.

Question 13.

a) [li(j)5] b) [bye] c) [lue] Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm...... 16% 12,5% 54% 65 % 55% 79% Fm. ..... 72% 42,5% 93% 95 % 91% 97% P........ 4% 9 % 37% 55,5% 39% 73%

La France non m6ridionale et Paris sont rest6s aussi peu r6ceptifs qu'ils l'6taient auparavant a la prononciation dissyl-

28. Ibid., p. 173. 29. Ibid., p. 173.

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78 GUITI DEYHIME

labique de lion. Dans le Midi, la prononciation dissyllabique gagne du terrain.

Pour bu#-e et pour louer, si le Midi, oii la prononciation dis-

syllabique est presque g6ndrale, ne bouge pas, le reste de la France manifeste une faveur croissante pour cette pronon- ciation. Noter le pourcentage plus 6lev" pour louer que pour bude, did probablement au sentiment que -er est une finale verbale qui alterne avec autre chose ou z"ro; cf. 6galement ci-dessus p. 62.

La comparaison avec les juniors n'apporte rien de neuf. On constatera toutefois la progression lente mais nette, pour la France miridionale, des pourcentages consecutifs des quatre categories d'age pour lesquelles nous avons des donn6es : S. 50 %, M. 53 %, J. 58 %, Dey. 65 %.

Question 14.

[somme] [addisj5] [illaik] [ballevy] Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm... 45% 63% 35% 30 % 81% 83% 23% 35,5% Fm. .. 40% 32% 17% 21 % 94% 80% 9% 13 % P..... 61% 84% 26% 15,5% 81% 91% 29% 49 %

Pour le mot sommet la tendance est a une augmentation considerable de la g6mination dans la France non meridionale et surtout a Paris. La France m6ridionale fait, par contre, preuve de stabilit6. Noter que, chez Martinet, cette r6gion g6minait dans ce mot a peu pres comme le reste de la France.

En ce qui concerne le d g6min6 dans addition, iil n'y a guere a signaler que la d6saffection croissante de Paris pour cette

prononciation. Pour le mot illogique, on constate une tendance nette a la

stabilit6 dans la France non m6ridionale, une baisse de fr6- quence de la g6mination dans le Midi et une mont6e

' Paris. La g6mination du pronom le a gagn6 un peu de terrain

dans la France non m6ridionale. Le Midi ne la connait toujours que de favon trbs limit6e. Paris, qui doit tre l'origine de cette innovation30, la favorise de plus en plus.

La comparaison avec les pourcentages obtenus pour les ( juniors ) n'apporte rien de neuf.

30. A. DAUZAT, Le frangais moderne, t. 7, p. 70.

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ENQUPTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANaAIS CONTEMPORAIN 79

Question 15. a) -ing = [n] b) -ing = [p] c) -ing =

[f3] ou [1jg] Mart. Dey. Mart. Dey. Mart. Dey.

Fnm........ 9% 1% 20% 19% 70% 80% Fm. ...... 16% 14% 5% 0 78% 86% P......... 4% 2% 26% 38% 69% 60%

D'une fakon generale, les proportions donnies par Martinet se sont conservies en ce qui concerne l'usage de chacune des realisations de la consonne nasale velaire. A noter toutefois que la fr6quence de [i], qui croit pour Fnm., baisse pour Paris. Cette baisse ne se manifestait nullement chez les juniors, comme on le voit par les chiffres suivants :

a b c

J. Dey. J. Dey. J. Dey. Fnm....... 9% 1% 16% 19% 73% 80% Fm. ..... 13% 14% 8% 0 75% 86% P........ 6% 2% 16% 38% 76% 60%

Cette baisse va de pair avec une montee de la frequence de [Ij]. La courbe, pour les quatre g6nerations, change de direction de la troisieme i la quatrieme :[t] : S. 62 %, M. 63 %, J. 76 %, Dey. 60 %; [Ip] : S. 31 %, M. 36 %, J. 16%, Dey. 38 %31

CONCLUSION

Notre tache, dans cette partie de l'expos6, sera de faire le point relativement a la frequence des oppositions phono- logiques 6tudi"es pr6c6demment, et de dresser ensuite le sch6ma des systemes vocaliques32 g'n6raux dans les parties m6ridionale et non m6ridionale de la France, ainsi que celui de Paris.

I1 existe entre le comportement phonologique des Franpais du Midi et de ceux des autres regions de la France, une diff6-

31. Ibid., p. 184. 32. Nous tenons A pr6ciser que les onze premiers points de notre questionnaire

portent sur les phonbmes vocaliques; le reste est consacr6 A l'dtude de quelques ph6nomxnes consonantiques isolds, sans valeur proprement phonologique (la ques- tion 12 except6e).

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80 GUITI DEYHIIME

rence extremement tranchie. Ceci justifie pleinement la division faite pr6alablement de la France en deux zones33.

Dans le Midi, les oppositions a l'int6rieur de chaque type vocalique n'existent a peu pres pas. La seule distinction, parmi celles qui posent des problkmes, que nous y trouvons bien 6tablie est celle des nasales /I/ et /&/34. Les oppositions /o/ ~ /a/ et /o/ ~ /c/ en position couverte ont quelque exis- tence : respectivement (( 39 % ) et (( 40 % ) (32 % et 34 % d'aprbs notre propre observation). La premiere opposition a fait preuve d'une tendance nette a l'6limination depuis l'en-

quete de Martinet : le groupe (( juniors ) l'employait ' 63 %;

mais la situation de la deuxieme a peu vari6 (environ 40 %). Toutefois, les considerations expos6es ci-dessus (p. 64) nous

permettent de supposer que l'usage de ces oppositions serait en r6alit6 moins frequent que ce que nous donnons ici, et que par cons6quent, on pourrait poser une tendance a l'6limination.

Dans la France non m6ridionale, les oppositions /a/ ~/ a/, /o/ ~ /a/ et /o/ ~ /e/ en position couverte, et /e/ ~ /e/ en finale se maintiennent assez bien. Celle de /e/ a /e/ en finale est valable encore pour la moiti6 (53 % exactement) des

enqu t6s (Parisiens except6s). L'opposition de longueur dans /e/ en position couverte tend a disparaltre, et n'est plus utilis6e que par 44 % des Frangais non meridionaux (notre propre observation donne 39 %). Les (( juniors ) en faisaient usage a 69 %. Cette acceleration ne doit pas lui permettre de sub- sister longtemps. A Paris la tendance a l'6limination a d6j~ largement abouti. Remarque analogue au sujet de l'opposi- tion /a/ ' /a/ en finale, tres usitee chez les sujets de Martinet

(juniors 64 %); les n6tres la feraient ' 38 %, et, personnelle- ment, nous l'6valuons a 32,5 %.

Pour ce qui est de Paris, les oppositions de /a/ ~ /a/, /o/ ~ /o/ et /o/l /ce/ en position tonique couverte, et celle de /e/ ~ /e/ en tonique ouverte se sont maintenues. L'oppo- sition de /a/ et /a/ en finale absolue serait en voie d'6limination :

(( juniors )) 16 %, Dey. 62 %. Quant aux oppositions /e/ ~ ae:/ en position couverte (22 % de distinction), et /~/ ~ // en finale

33. Cf. La linguistique, 1967, fasc. 1, p. 102. 34. Cf. ci-dessus, p. 60.

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ENQUPTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANqAIS CONTEMPORAIN 81

absolue (Suj. 29 %, Nous 24 %), elles sont tellement atteintes

qu'on pourrait des maintenant predire leur blimination. D'apres ces constatations, on obtient les systemes suivants :

FRANCE NON MERIDIONALE

Position finale Position couverte

S y u i y u e 0 o 0 o

a a a

Nasale35

FRANCE MERIDIONALE

Position finale Position couverte

y u i y U e 0 o

c ue )

a a

Nasale35

E 5

PARIS

Position finale Position couverte

i y u i y u e 0 o 0 O

a a a

Nasale35

e 5 (7

35. Nous n'avons pas dtudi6 dans notre enqufte les deux voyelles nasales /4/ et /5/, mais nous savons que leur opposition se maintient fortement A cause de son rendement tr6s important (cf. MARTINET, ibid., p. 210).

LA LINGUISTIQUE, II 6

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82 GUITI DEYHIME

Les systemes pr6sent's pour la France non m6ridionale sont les systemes types du franqais actuel, employes par la grande majorit6 des enquet6s.

Si nous comparons les systhmes ci-dessus a ceux qu'a d6gag6s Martinet36, nous constatons qu'ils different sur quelques points :

La France non meridionale et Paris n'ont plus qu'un seul /a/ a la finale, et qu'un seul /e/ en position couverte. Paris a perdu la nasale /6e/ a la finale. Dans le Midi, il n'y a qu'un seul /e/ en finale, un /e/ et un /o/ en position couverte.

D'autre part, le systeme parisien d6gag6 par Martinet

6tait absolument identique a celui de l'ensemble de la France non m6ridionale37. Chez nous, ils se diff6rencient du fait de l'existence de l'opposition des nasales /e/ ~ /C/ en finale, dans la France non m6ridionale - opposition fortement atteinte '

Paris.

AFRIQUE DU NORD

II nous a paru int6ressant de nous arreter bri~vement sur le comportement phonologique des Frangais d'Afrique du Nord, bien que nos sujets soient, pour cette r6gion, en nombre assez restreint (20 personnes).

Leur comportement vis-a-vis de notre questionnaire a 6t6 intermidiaire entre celui de la France non m6ridionale et celui de la France m6ridionale, toutefois plus proche de ce dernier. Il est interessant de constater qu'ils ont les memes tendances que les M6ridionaux en ce qui concerne les voyelles finales, et celles des non-M6ridionaux pour les voyelles couvertes. On obtiendra ainsi le mame systeme final (oral et nasal) que dans le Midi, et le systeme en position couverte de la France non m6ridionale :

Position finale Position couverte

i y u i y u e 0 0 0 0

e O o O o

a a a

Nasale

36. Ibid., p. 206-209. 37. Ibid., p. 209.

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ENQUETE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANqAIS CONTEMPORAIN 83

ANNEXE

COMPARAISON DES COMPORTEMENTS PHONOLOGIQUES DES SUJETS FEMININS ET MASCULINS

On a souvent signal6 l'existence (ou l'6ventualit6) d'une diff6rence entre les comportements linguistiques masculin et fbminin.

J. Damourette et E. Pichon, par exemple, sont d'avis que les femmes, relativement pr6serv6es des contacts exterieurs, conservent mieux que les hommes les traditions linguistiques36.

A. Dauzat, aussi, estime que le sexe a une influence sur le comportement linguistique37.

Troubetzkoy, pour sa part, signale que cc par une observation precise, on peut decouvrir de fines diff6rences conventionnelles... entre les pronon- ciations masculines et f6minines dans presque toutes les langues, et une description dbtaillie du systhme phonologique d'une langue doit en tenir compte )38.

Quant ' A. Martinet, il 6crit :o Il ne faut pas... oublier que la population

f6minine n'est pas repr6sentee dans notre enquete, et qu'il n'est pas du tout certain que les r6sultats obtenus eussent 6t6 identiques si les sujets avaient 6te 409 femmes appartenant aux memes categories sociales et geographiques, et aux memes g6n6rations))39.

Ces divers jugements nous ont sugg6r6 l'id6e de confronter les r6ponses donnees a notre questionnaire par les sujets des deux sexes. Cette confron- tation nous paraissait d'autant plus s'duisante que notre echantillonnage etait suffisamment 61ev6 de part et d'autre.

Nous avons done tent6 cette experience en choisissant les questions qui portaient sur les oppositions phonologiques bien nettes, h savoir les questions 1, 4, 5, 7, 9, 10 et 11.

Nous avions 224 sujets f6minins et 271 masculins, avec une distribution regionale a peu pres identique et qui pr6sentaient, comme nous l'avons deji dit, une homogeneit6 complete quant a l'age.

La comparaison faite region par region, et en ne tenant guere compte que des diffirences de pourcentage 6gales ou sup6rieures a dix, nous a montr6 pour certaines questions une tendance a favoriser la distinction, tant6t chez les femmes tant6t chez les hommes, mais souvent l'6quilibre 6tait parfait.

Nous avons proc6d6 i' la m8me comparaison sur les pourcentages de la France non m6ridionale et de la France m6ridionale et nous n'avons pu que constater un comportement quasi identique chez les deux sexes.

Nous avons finalement proc'6d6 une derniere operation: en additionnant s6par6ment les pourcentages f6minins et masculins de toutes les questions

36. Des mots d la pensde, t. 1, Paris, 1911-1927, p. 50. 37. La gdographie linguistique, Paris, 1922, p. 142. 38. Principe de phonologie, traduit par J. CANTINEAU, Paris, 1964, p. 21. 39. Ibid., p. 21.

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84 GUITI DEYHIME

pour la France non m6ridionale et la France m6ridionale, nous avons obtenu les chiffres ci-dessous :

France non m6ridionale France m6ridionale

Filles Gargons Filles Gar;ons

523,5 (52,3 %) 536 (53,6 %) 375 (37,5 %) 330,5 (33 %)

Ces chiffres nous ont convaincue de l'absence d'une diff6rence de compor- tement phonologique entre les deux categories de nos enquet6s.

Nous croyons pouvoir expliquer l'identit6 du comportement linguistique de nos sujets, d'abord par l'6volution sociale de ces dernieres d6cennies qui a permis aux femmes d'6tablir autant de contacts ext6rieurs que les hommes, au moins dans les milieux touch6s par notre enquate. D'autre part, tous nos sujets 6tant des 6tudiants ont 6t6, jusqu'd une 6poque toute r6cente, sous l'influence linguistique de leur famille; ils n'ont pas encore subi d'in- fluence d'une profession (influence qui est, dans certains cas, consid6rable; dans celui des instituteurs par exemple)40.

L'identit6 absolue de comportement phonologique que nous avons degag6e entre les deux sexes pour la France m6tropolitaine, ne se retrouve pas chez nos sujets franqais d'Afrique du Nord (au nombre de 8 filles et 12 gar- qons), ce que prouvent les pourcentages ci-dessous :

Filles Garqons

laque/lac 50 % 25 %/o rat/ras 12,5 %/o 0 patte/pate 87,5 % 33 %/o peau/pot 25 % 17 % sotte/saute 100 % 67 % 2 e en finale 37,5 %/o 25 %/o 3 e en finale 12,5 %/o 0 fite/faite 0 33 %/o jeune/jeiAne 100 %/o 58 % brin/brun 87,5 % 83 %

Total c Filles : 512,5 (51 %); Total c Garqons -

: 341 (34 %). Le d6calage, comme on peut le voir, est important et d6montre une

nette diff6rence de comportement entre les deux sexes. Faut-il attribuer cette meilleure pr6servation des distinctions chez les

femmes originaires de l'Afrique du Nord, a leur int6gration plus grande au milieu familial que dans la France m6tropolitaine ?

Simon Fraser University, B.C., Canada.

40. Ca. MARTINET, ibid., p. 223-235.

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