13
Enquête sur la phonologie du français contemporain Author(s): Guiti Deyhime Source: La Linguistique, Vol. 3, Fasc. 1 (1967), pp. 97-108 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248811 . Accessed: 10/06/2014 09:07 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Enquête sur la phonologie du français contemporain

Embed Size (px)

Citation preview

Enquête sur la phonologie du français contemporainAuthor(s): Guiti DeyhimeSource: La Linguistique, Vol. 3, Fasc. 1 (1967), pp. 97-108Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248811 .

Accessed: 10/06/2014 09:07

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to LaLinguistique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ENQUfTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRAN(AIS CONTEMPORAIN

par GUITI DEYHIME

INTRODUCTION

L'etude que nous presentons ci-dessous reprend, sous une forme plus condensee, celle d'Andr6 Martinet, effectuee en 1941

(soit une vingtaine d'ann6es avant la n6tre) dans un camp d'officiers prisonniers' et illustrant les particularites phonolo- giques des vari tes locales du frangais.

Il nous a sembl6 int6ressant d'6tudier les modifications qui ont pu se manifester en 20 ans. Cependant, nous avons attachl autant d'importance a la constatation des faits tels qu'ils se

presentent actuellement qu'd la recherche d'une 6volution eventuelle.

BUT DE L'ENQUETE

On est maintenant bien renseign6 sur l'existence de cer- taines tendances et les modifications qui en r6sultent a l'int6- rieur du syst'me phonologique du francais. En effet, ce dernier semble se transformer en s'allegeant, c'est-a-dire en donnant libre cours t l'6limination progressive de certaines oppositions.

Ce phenomene, dji~ relev6 par Martinet2, trouve sa demons- tration pour la region parisienne dans l'6tude de Ruth Reich- stein3 qui s'appuie sur la comparaison des resultats de sa propre enquete et de ceux de Martinet. Toutefois, on peut penser que les diff6rentes rigions de la France en sont diversement affectees.

Nous essaierons tout d'abord de digager le degr6 d'utili- sation, dans les diff6rentes regions de France, et parmi la

1. La prononciation du franpais contemporain, Paris, 1945. 2. La prononciation du franpais contemporain. 3. l8tude des variations sociales et gdographiques des faits linguistiques, Word,

vol. 16, no 1, avril 1960, pp. 55-99.

LA LINGUISTIQUE, I 7

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

98 GUITI DEYHIME

nouvelle g6ndration, des oppositions phonologiques qui figurent a notre questionnaire.

Nous comparerons ensuite nos resultats avec ceux de Martinet, afin de degager, s'il y a lieu, le sens d'une evolution de certains traits du systZme phonique frangais.

LE QUESTIONNAIRE

Notre questionnaire, largement inspir6 de celui de Martinet4, porte sur les points les plus interessants de l'enquete de 1941. Il se presente comme suit : Nom : Pr6nom : Profession : Adresse : N6(e) le : : Domiciles successifs et nombre d'ann6es passees dans chacun d'entre

eux :

Ville ou province d'origine des parents : 1. Prononcez-vous de faqon identique : a) laque-lac; b) Rome-rhum ? 2. Prononcez-vous naturellement : a) arc(que)boutant ou arc'boutant;

b) ours(e) blanc ou ours' blanc ? 3. Dans bois-le prononcez-vous le e, avec le timbre : a) de la voyelle

de feu; b) de la voyelle de peur; c) d'une autre voyelle ? 4. Prononcez-vous de favon identique : a) rat-ras; b) patte-pate;

c) (b)arrage-(p)arage ? Si vous faites une diff6rence, est-ce une

difference de timbre ou de longueur ? 5. Prononcez-vous de faqon identique : a) pot-peau ; b) sotte-saute ?

Si vous faites une diff6rence, est-ce une diff6rence de timbre ou de

longueur ? 6. Prononcez-vous de fagon identique : a) bout-boue; b) j'ai cru-la

viande crue ; c) le lit-la lie; d) il est colle-elle est collie ? Si vous faites une difference, est-ce une difference de timbre ou de longueur ?

7. Prononcez-vous de fagon identique : a) pique-piquet; b) piquet- piquait; c) piqua-piquait ?

8. Est-ce que quai, les, serai riment avec t6 ou tait ? 9. Prononcez-vous de faqon identique : a) f2te-faite; b) maitre-metre ?

Si vous faites une difference, est-ce une difference de timbre ou de

longueur ? 10. Prononcez-vous de faqon identique : a) seul-seule; b) jeune-jefine ?

Si vous faites une diff6rence, est-ce une difference de timbre ou de longueur ?

11. Prononcez-vous de fagon identique brin-brun ? 12. Prononcez-vous de faqon identique : a) la nielle-l'agnelle; b) soulier-

souiller ? 13. Prononcez-vous en une on deux syllabes : lion, bude et louer ?

4. La prononciation du francais contemporain, pp. 10-13.

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ENQUATE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANqAIS CONTEMPORAIN 99

14. Prononcez-vous : a) deux m dans sommet; b) deux d dans addition; c) deux 1 dans illogique; d) deux I dans je l'ai vu ?

15. Prononcez-vous le ng de camping : a) comme n; b) comme gn; c) comme en anglais ?

GENERALITES CONCERNANT L'ENQUETE

Notre enquete, effectuee ' Paris, en 1962-1963, parmi les

6tudiants franpais de la Cit6 universitaire et de quelques Grandes Jtcoles, porte sur 500 sujets, dont 480 originaires de la mitropole et 20 d'Afrique du Nord.

Le frangais est la langue premiere de tous nos enquetes, ' l'exception de 5 (3 Alsaciens, 1 Corse et 1 Basque : quatre

d'entre eux ont parl6 le patois local dans leur enfance et le dernier - alsacien - jusqu'a 18 ans).

Une quarantaine de sujets sont issus de parents (pere ou mere) 6trangers, mais ont toujours r6side en France. Par contre, 12 sujets, de parents frangais, ont vecu de 5 a 20 ans a l'6tranger.

A part 2 lyc6ennes et 21 personnes de professions variees, tous les autres enquet6s appartenaient aux diff4rentes branches de l'Universit6 : Lettres, Droit, Sciences, Arts, Technique, iducation physique, Commerce, Medecine, etc.

La moyenne d'age se situe aux environs de 23 ans, soit entre 18 et 27, mis a part 27 sujets dont les plus jeunes avaient 16 et 17 ans et les plus ag6s 34 et 38.

Nous avons obtenu 224 r'ponses f6minines et 276 r6ponses masculines.

Nous avons proced6 comme suit : chaque question a ct' inscrite sur une fiche comportant aussi des phrases oih figuraient des mots contenant les phonemes 6tudi6s. Cette fiche a 6t6

presentee A chaque sujet en notre presence et pour chacun nous avons etabli une autre fiche oh se trouvait notre, en regard de sa r6ponse orale, notre propre impression.

Avant d'aborder le questionnaire, nous demandions aux sujets de ne tenir compte dans leurs r6ponses que de leur

prononciation courante, au mepris des normes apprises a l'acole. Les 190 premiers sujets ont 6t6 pries de pr6ciser la nature des

distinctions (s'ils en faisaient), c'est-a-dire timbre ou longueur ou les deux en meme temps. Mais les r6ponses nous ont sembl6 peu satisfaisantes : certains sujets ont confondu les deux notions

ou se sont montres incapables de les appliquer a la rbalit6.

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

100 GUITI DEYBIME

Aussi, par la suite, nous sommes-nous contentee de demander si l'on faisait ou non une distinction. Car, si l'on peut affirmer faire ou ne pas faire une distinction, il est beaucoup plus subtil d'en preciser la nature et la rapidit6 avec laquelle une

enquete orale se deroule ne permet pas toujours au sujet d'appricier la nature d'une distinction dont il n'avait pas pris conscience. 11 convient de souligner que cette simplifi- cation apport6e au questionnaire n'altere en rien la portie des

r6ponses, celles-ci ne nous int6ressant qu'en tant qu'elles reve- lent l'existence d'une distinction ou la confusion d'une oppo- sition phonologique.

Depouillement.

C'est un fait reconnu que le comportement linguistique d'un individu depend de certains facteurs tels que le milieu

social5, l'age et I'appartenance g6ographique. C'est en tenant compte de ces facteurs que nous essaierons

de classer les enquetes. Nous n'avons pu obtenir aucun renseignement permettant

de classer nos sujets suivant leur appartenance sociale. Par contre, nous savons qu'ils sont tous - a une vingtaine pres - des universitaires. Cette qualit* n'aurait-elle pas quelque r6percussion sur leur comportement linguistique - tout au moins actuel - les rapprochant ainsi dans une certaine mesure ?

L'ensemble de nos sujets est a peu pres homogene quant A

al'ge, 473 d'entre eux ayant entre 18 et 27 ans. Ils appartiennent done presque tous a une meme generation.

Pour classer les sujets selon leur origine geographique, noun avons adopt6 la division de la France en 12 regions, telle que I'avait 6tablie Martinet dans La Prononciation du franfais contemporain6. Cette division 4tait fond6e principalement sur l'existence de zones dialectales. Elle tenait compte aussi des limites des anciennes provinces. Nous l'avons adopt6e pour cette raison capitale que la confrontation ulterieure des r6sul- tats de notre enqunte avec ceux de Martinet exigeait une classification en tout point identique a la sienne.

5. R. REICHSTEIN, ,Itude des variations sociales et g6ographiques des faits linguistiques.

6. Pp. 24-33.

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ElNQltTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRANCAIS CONTEMPORAIN 101

OTSO

TUNISIE

MAROCALGERIE AO

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

102 QUrI DEYBWDI

Nous avons consid re comme originaires d'une rigion determinde les sujets qui y ont r6side entre leur quatrieme et leur quinzieme annie. Quinze ans, c'est I'Age oit le systeme phonologique est fix", car << les distinctions phonologiques vraiment stables s'acquierent bien avant la dixieme annie et rares sont celles qui sont 6limin6es par la suite ))7t

Quatre cent trois personnes ont pass6 sinon toute leur vie, du moins la plus grande partie dans la meme region et sont donc g*ographiquement classables. Les 77 autres ont assez souvent chang6 de domicile, dans un cadre plus ou moins vaste, et ne peuvent tre situ6es geographiquement. Nous les appel- lerons, comme Martinet, les < non-class6s ).

Environ 350 sujets ont toujours habit6 la r6gion d'origine de leurs parents (pere ou m re, ou les deux), ce qui n'est pas le cas pour les autres. Dans la repartition des sujets nous n'avons pas tenu compte de l'origine des parents.

Afin de donner une vue d'ensemble des problkmes en cause, nous avons divis6 la France en deux grandes parties : France non meridionale et France m6ridionale. En effet, on constate des divergences assez considerables dans le compor- tement phonologique des Franqais de ces deux regions8. Nous

appellerons France meridionale (Fm. en abreg6) les deux

r6gions du Midi et du Sud-Ouest. Les dix autres regions consti- tueront la France non miridionale (Fnm. en abr6g'). Nous avons inclus le Sud-OGuest dans la France meridionale a cause de la ressemblance de son comportement phonologique avec celui du Midi9 - ressemblance que nos r6sultats mettent en 6vidence.

Les 403 sujets geographiquement classables et les 20 sujets d'Afrique du Nord sont repartis de la favon suivante :

Midi (M. en abr g6) 95 sujets Sud-Est (S.-E.)........ 62 - Paris et sa banlieue (P.) 45 -

Bretagne (Br.) 33 Est (E.) 27 - Nord (N.) 26 - Centre-Nord (C.-N.)... 25 - Ouest (0.) 25 -

Normandie (Nm.) 24 sujets Centre (C.) 23 - Sud-Ouest (S.-O.)..... 13 - Bourgogne (Bo.) 5 -

Algerie (A. N.) 9 - Maroc - 8 - Tunisie 3 - Corse................. 1 10

7. MARTINET, ibid., p. 244. 8. Cf. MARTINET, ibid., p. 22. 9. Ibid., p. 31.

10. Gette r6ponse isol6e a 6t6 compt6e parmi les non-class6s.

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ENQUfTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRAN CONTEMPORAIN 103

PREMIERE PARTIE

GENERALITES

Nous pr6sentons ici les r6sultats obtenus au cours de notre

enquete, c'est-a-dire les degr6s d'utilisation des oppositions, tels qu'ils r6sultent du d6pouillement des r6ponses a notre

questionnaire. Nous donnerons paralldlement les pourcentages d'utili-

sation tir6s des reponses de nos sujets et ceux qui se fondent sur notre propre observation : 78 %-71,5 %, par exemple, voudra dire que le comportement linguistique en cause est le fait de 78 % des sujets, si l'on fait confiance aux d6clarations de ces sujets et de 71,5 % si l'on s'en tient a l'observation de

l'enquateur. On constatera certains d6calages, g6n6ralement peu consid6rables.

Nous signalons que les variations brutales des pourcentages de la Bourgogne sont dues a un 6chantillonnage trop faible : 5 sujets, chaque reponse faisant varier le pourcentage de 20.

Dans un petit nombre de cas, dans les questions oui on

propose diverses possibilit6s, le total des pourcentages est inf6rieur ou sup6rieur a 100, soit qu'un ou deux sujets aient eu une prononciation qui ne correspondait a aucune des solu- tions propos6es, soit, au contraire, qu'un meme sujet pr6tende utiliser concurremment deux des possibilites proposees.

On ne trouvera, dans le pr6sent chapitre, que des pour- centages correspondant aux diff6rentes r6gions.

Question 1. - Cette question vise a d6terminer quels sont les sujets qui conservent le e caduc ou une trace de ce e en finale absolue.

Pourcentages des sujets qui distinguent entre :

laque et lac Rome et rhum

M. . 78 %-71,5 % 78 %-74 % S.-E. 26 %-21 % 19 %-16% P... 27 %-20 % 20 %-18 % Br.. 30 %-24 % 24 %-15 % E... 22 %-15 % 4%- 0 N... 31%-23 % 31%-23% C.-N. 20%-16 % 32 %-32 %/ 0... 32%-24 % 36 %-36 %

laque et lac Rome et rhum Nm. 29 %-25 % 33 %-29 % C. .. 17 %-17% 22 %-13 % S.-O. 92 %-77% 69 %-69 % Bo.. 20 %- 0 20 %- 0 A.N. 35 %-10 % 10 %-10 % Ncl. 41,5 %-31 % 35 %-28,5 % Fnm. 26 %-20 % 23 %-19 % Fm. 80 %-72 % 77 %-73 %

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

104 GUrIT DEYRIME

Il est interessant de remarquer que pour la plupart de nos regions nous obtenons un pourcentage moins 6lev6 pour Rome-rhum que pour laque-lac. Ce ddcalage serait encore plus important si on 6liminait les sujets qui ont declare faire une

difference de timbre dans Rome-rhum. Ils sont au nombre de 15. Comme leur nombre par region 6tait peu important

(A savoir : 2 sujets de S.-E.; 2 de P.; 2 de C.-N.; 2 de N.; 1 de O.; 1 de C.; 3 de Nel.; et 2 de M.) et, de ce fait, ne modi- fiait pas les tendances regionales, nous ne les avons pas exclus de nos calculs.

a) Pourcentages des sujets qui pratiquent la distinction dans r'une ET l'autre paire de mots.

b) Pourcentages des sujets qui pratiquent la distinction dans l'une ou I'autre paire de mots :

a) laque-lac b) laque-lac et on

Rome-rhum Rome-rhum

M. 69%-67% 86%-78% S.-E.. 6 %- 5 % 39 %-32 % P 13 %-13 % 33 %-24

%o Br... 4c%- 4 % 49 %-33 % E 0 - 0 26 %-15 % N 19 %-15 % 42 %-31

%o C.-N.. 8 %-12 % 44 %-36 % 0.... 20 %-20 % 48 %-30 %

a) laque-lac b) laque-lac et ou

Rome-rhum Rome-rhum Nm. 21 %-21 % 42 %-33 % C. 13 %- 9 % 26%-22% S.-O. 61,5 %-61,5 % 100 %-85 % Bo. . 20 %- 0 20%- 0 A.N. 0 - 0 45 %-20 % Ncl. 21 %-19 % 56 %-40 % Fnm. 11 %-10 % 38 %-29% Fm. 68,5 %-67 % 88 %-79 %

Remarquons le nombre peu 61ev6 des sujets non mIri- dionaux qui font la distinction d'une facon constante dans les deux paires.

Question 2. - Il s'agit de determiner quels sont les sujets qui all'gent les groupes de 3 consonnes en insdrant un e caduc entre la seconde et la troisi'me.

Pourcentages des sujets qui n'allbgent pas dans : arc-boutant ours blanc

M. . 88 %-88 % 90,5 %-90,5 % S.-E. 69%-69% 61 %-61 % P... 82%-82% 62 %-62 % Br. . 97 %-97 % 79 %-79 % E... 74%-74% 59 %-59 % N... 88%-88% 69 %-69 % C.-N. 88%-88% 64 %-64 % O... 60%-60% 48 %-48 %

arc-boutant ours blanc Nm. 75 %- 75 % 42 %- 42 % C. 74 %- 74 % 52%- 52 % S.-O. 85 %- 85 % 100 %-100 % Bo. . 100 %-100 % 0 - 0 A.N. 75%- 75% 55 %- 55 % Ncl. 83%- 83% 71%- 71% Fnm. 79 %- 79 % 60 %- 60 % Fm. 88 %- 88 % 92 %- 92 %

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ENQUPTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRAN(AIS CONTEMPORAIN 105

Nos deux paires n'ont pas la meme frequence dans le discours : arc-boutant est un mot technique et assez rare, tandis que ours blanc est une notion tres familiere. Ceci explique que l'all6gement soit plus frequent dans ce dernier mot. L'usage plus courant de ours blanc, I'expose aussi a des alterations non orthographiques : telle la prononciation ourz blanc reconnue

par << 11 > de nos sujets (2 sujets du M. ; 1 de P. ; 2 de l'E.; 2 du N.; 2 du C.-N.; 1 de l'O.; et I du S.-O.). A remarquer qu'aucune de ces personnes n'allkge dans arc-boutant.

a) Pourcentages de non-allbgement dans I'une et r'autre paire de mots. b) Pourcentages de non-alligement dans r'une ou I'autre paire.

a) arc-boutant b) arc-boutant et ou

ours blanc ours blanc

M... 86 %-86 % 93%- 93% S.-E. 50 %-50 % 79%- 79% P... 58 %-58 % 87%- 87% Br.. 76 %-76 % 100%-100% E... 48 %-48 % 85%- 85% N... 61,5%-61,5% 96 %- 96% C.-N. 60 %-60 % 92 %- 92% 0... 32 %-32 % 76%- 76%

a) arc-boutant b) arc-boutant et ou

ours blanc ours blanc

Nm. 37,5%-37,5% 79 %- 79 % C. 52 %-52 % 69,5%- 69,5% S.-O. 85 %-85 % 100 %-100 % Bo.. 0 - 0 100 %-100 % A.N. 50 %-50 % 80 %- 80 % Nel. 69 %-69 % 86 %- 86 % Fnm. 52,5%-52,5% 85 %- 85 % Fm. 86 %-86 % 93,5%-93,5%

Nous avons trouv6 interessant de rechercher la valeur

phonologique de l'e caduc, en examinant le degr6 d'usage phonologique qu'en font les diff6rentes regions. Pour ce faire, nous avons pris en consideration les sujets qui distinguent entre laque-lac ou Rome-rhum, et qui en m8me temps n'allegent pas, soit dans ours blanc, soit dans arc-boutant, et compar6 les

pourcentages. Pourcentages des sujets qui distinguent entre laque-lac ou Rome-rhum

et qui n'allbgent pas, soit dans ours-blanc, soit dans arc-boutant. M. 82 % S.-E. 34 % P 31% Br. 48 % E 22 % N........... 42 %

C.-N. 40 % 0 44 % Nm. 37,5 % C. 22 % S.-O....... 100 % Bo 20 %

A. N....... 35 % Nel........ 48 % Fnm 38 % Fm........ 84 %

La comparaison des divers pourcentages met en 6vidence l'usage phonologique trbs important que le Midi fait d'e caduc. Dans la France non m6ridionale, ce sont les r6gions contigu~s

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

106 GUITI DEYHIME

de la Bretagne, de l'Ouest, de la Normandie, du Nord et du Centre-Nord, et aussi les non-class6s qui ont les degr6s les

plus 61lev6s de cet usage, mais dans une proportion inf6rieure A 50 %. La Bourgogne accorde une valeur phonologique tres basse A e caduc.

Question 3. - Cette question a pour objet de determiner le timbre donne par les sujets A leur realisation d'e caduc.

Pourcentages des sujets qui donnent ' e caduc le timbre :

[o] feu [ce] peur []o M. 82 %-86 % 1%- 1 % 17 %-13 % S.-E. 16 %-22,5 % 16 %-14,5 % 68 %-63 % P. 53 %-55,5% 9%- 9 % 40 %-35,5 % Br 48 %-54,5% 15 %-15 % 36 %-30 % E 33 %-33 % 11 %-11 % 55,5 %-55,5 % N................ 65 %-81 % 0 -0 35 %-19 % C.-N. 60 %-68 % 4%- 4 % 36 %-28 % 0 ................44 %-52 % 8%- 8 % 48 %-40 % Nm. 71 %-79 % 0 -0 29 %-21 % C. 56,5%-61 % 4%- 4 % 39 %-35 % S.-O. 77 %-85 % 0 -0 23 %-15 % Bo 40 %-60 % 0 - 0 60 %-40 % A. N.............. 65 %-70 % 5%- 5 % 30 %-25 % Ncl............... 66 %-69 % 0 - 1 % 34 %-30 % Fnm.............. 45 %-52 % 9%- 8 % 46 %-40 % Fm.............. 81 %-86 % 1%-1 % 17,5%-13 %

D'une faqon generale, c'est l'usage de [o] qui 1'emporte sur les deux autres. Celui de [ce] est presque nul.

Question 4. - II s'agit de d4terminer si les sujets pratiquent une distinction entre un /a/ post'rieur et un /a/ anterieur et dans quelles positions.

Pourcentages des sujets qui distinguent entre : rat-ras patte-pite parage-barrage

M. 7 %- 2 % 22%- 15% 13%- 8% S.-E............... 45 %-45 % 84%- 79% 16%-10% P 38 %-31 % 87%- 80% 22%- 7% Br. 24 %-24 % 85%- 67% 21%-18% E 22 %-11 % 100%- 85 % 37%-22 % N. 11,5%- 4 % 73%- 58% 23%- 8% C.-N. 48 %-36 % 84 %- 80 % 12 %- 8 % 0 68 %-68 % 100 %-100 % 24 %-20 % Nm................ 50 %-42 % 100%- 92% 25%- 8%

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ENQUPTE SUR LA PHONOLOGIE DU FRAN CONTEMPORAIN 107

rat-ras C.................. 30 %-17 % S.-O.............. 8 %.-8 % Bo. 40 %-40 % A.N. 5 %-5 % Ncl. 32 %-25 % Fnm 38 %-32,5 % Fm. 7 %-3 %

paste-pfite 83 %- 65 % 23%- 15%

100%-100 % 55%. 40 % 71%- 65 % 88%- 79% 22%- 15%

parage-barrage 13%- 4% 23 %-15 % 40%. 0 10%- 5% 23%- 8% 21%-11% 14%- 9%

La France m6ridionale favorise dans une tres large mesure la confusion des deux phonemes, et ceci dans toutes les positions.

Question 5. - Cette question vise a d6terminer le degr6 d'utilisation que font les sujets de la distinction entre lo/ ferm6 et /o/ ouvert.

Pourcentages des sujets qui distinguent entre : pot et peau sotte et saute

M. . 15%- 6 % 40%- 34% S.-E. 29%-24 % 98%- 98 % P... 9%- 9 % 100%-98% Br. . 24%-24 % 79%- 79 % E... 67 %-59 % 100 %-100 % N. . 15 %-11,5 % 88 %- 85 % C.-N. 20 %- 4 % 100%-100% 0... 8%- 4 % 100%-100%

pot et peau sotte et saute

Nm. 29 %-25 % 100 %-100% C. .. 26%-13% 91 %- 91% S.-O. 15 %-15% 31 %- 23% Bo. . 0 - 0 100 %-100 % A.N. 20%-15% 80 %- 75% Ncl. 26 %-19 % 92 %- 88 % Fnm. 24%-19% 95,5 %- 94 % Fm.. 15 %- 7 % 39 %- 32%

Constatons, dans la premiere paire, le decalage tres impor- tant entre les pourcentages de distinction des m'ridionaux et ceux des sujets des autres r6gions.

Question 6. - L'objet de cette question est de d6terminer si la presence, dans la graphie, d'e caduc, apres ou, u, i, . implique l'existence de phonemes diff6rents.

Pourcentages des sujets qui accusent une distinction entre : j'ai cru-

bout-boue la viande crue

M. . 9%- 8% 15 %-15 % S.-E. 27%-24% 19 %-19 % P... 29%-31% 24 %-24 % Br.. 33%-33% 24 %-24 % E... 63%-63% 55,5 %-55,5 % N... 15%-15% 15 %-15 % C.-N. 36 %-36 % 32 %-28 % 0... 52%-52% 36 %-40 %

j'ai cru- bout-boue la viande crue

Nm. 71%- 71% 71%- 71% C. .. 26%- 26 % 26 %- 26% S.-O. 15%- 8% 15%- 15% Bo. . 100 %-100% 100%-100% A.N. 15%- 15% 15%- 10% Ncl. 36 %- 32 % 36 %- 32 % Fnm. 38 %- 38 % 32%- 32% Fm.. 10%- 8% 15%- 15%

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

108 GUITI DEYHIME

il est colle- le lit-la lie elle est collUee

M. . 28 %-25 % 7%- 6 % S.-E. 55 %-53 % 13%-11 % P. 55,5 %-55,5 % 18 %-15,5 % Br. . 51,5%-48 % 18 %-21 % E... 67 %-67 % 41%-37 % N... 50 %-50 % 23%-19 % C.-N. 60 %-48 % 32%-28 % O... 56 %-56 % 28%-24 %

il est colle- le lit-la lie elle est collie

Nm. 75 %- 71% 50%- 50% C... 43%- 43% 26%- 22% S.-O. 31%- 31% 15 %- 8% Bo. . 100 %-100 % 80 %-100 % A. N. 40%- 40% 15 %- 15 % Nel. 53%- 53% 23%- 19% Fnm. 57 %- 55 % 26%- 24% Fm.. 29%- 26% 8%- 6%

Martinet1 a bien signal6 le caractZre ambigu que la dis- tinction peut avoir dans une paire de mots telle que prit-priel2. Les pourcentages plus 6leves que nous avons obtenus pour cette sous-question par rapport aux sous-questions (( a)) et (( b ))

proviennent probablement de l'emploi expressif du mot lie.

Comparer ce que dit Martinet, '

propos de boue.

(A suivre)

11. Ibid., p. 102. 12. Cf. ci-dessous.

This content downloaded from 195.78.109.41 on Tue, 10 Jun 2014 09:07:00 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions