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Revue internationale du Travail, vol. 141 (2002), n o 4 Copyright © Organisation internationale du Travail 2002 Enquêtes sur la sécurité socio-économique des personnes: principes et méthodes Richard ANKER * es gens ont le sentiment un peu partout d’être exposés dans leur L travail et dans leur vie, par l’effet des rapides changements qu’entraînent des phénomènes tels que le progrès technique ou la mon- dialisation, à une insécurité croissante. On a cependant assez peu de données concrètes sur ce problème – sur les aspects que revêt l’insécu- rité, sur la façon dont les gens voient la sécurité et l’insécurité, la façon dont ils font face à la seconde, sur les mesures et les règles sociales qui, à leurs yeux, pourraient les aider. On en sait encore moins sur l’impor- tance de l’insécurité selon les pays, le niveau de développement, ou encore selon la situation socio-économique des individus, le sexe, l’âge, etc. Ces constatations ont conduit le BIT à lancer en 2000, dans le cadre du programme focal sur la sécurité socio-économique, une cam- pagne d’enquêtes auprès des ménages – les «enquêtes sur la sécurité des personnesƇ (People’s Security Surveys, PSS) – guidée par le souci d’écouter les gens eux-mêmes sur leurs problèmes de sécurité et d’insé- curité au travail et dans la vie pour pouvoir tenir compte de leur témoi- gnage et de leurs avis dans les politiques mises en oeuvre. Concevoir, à partir de cette idée, un appareil utile d’enquête, c’était une autre affaire. Il allait falloir envisager de multiples formes de sécurité socio-économique et inclure dans le questionnaire aussi bien des questions sur la situation objective que des questions sur la percep- tion subjective de cette situation. La grande diversité des sujets à abor- der et des informations à recueillir renvoyait à des notions et à des types d’enquête relevant de nombreux domaines: démographie, économie (économie du travail en particulier), sociologie, psychologie, enquêtes d’opinion, sur des aspects tels que la pauvreté, la santé, la situation * Programme focal sur la sécurité socio-économique, BIT.

Enquêtes sur la sécurite socio-économique des personnes: principes et méthodes

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Revue internationale du Travail, vol. 141 (2002), no 4

Copyright © Organisation internationale du Travail 2002

Enquêtes sur la sécuritésocio-économique des personnes:

principes et méthodes

Richard ANKER*

es gens ont le sentiment un peu partout d’être exposés dans leurL travail et dans leur vie, par l’effet des rapides changementsqu’entraînent des phénomènes tels que le progrès technique ou la mon-dialisation, à une insécurité croissante. On a cependant assez peu dedonnées concrètes sur ce problème – sur les aspects que revêt l’insécu-rité, sur la façon dont les gens voient la sécurité et l’insécurité, la façondont ils font face à la seconde, sur les mesures et les règles sociales qui,à leurs yeux, pourraient les aider. On en sait encore moins sur l’impor-tance de l’insécurité selon les pays, le niveau de développement, ouencore selon la situation socio-économique des individus, le sexe, l’âge,etc.

Ces constatations ont conduit le BIT à lancer en 2000, dans lecadre du programme focal sur la sécurité socio-économique, une cam-pagne d’enquêtes auprès des ménages – les «enquêtes sur la sécuritédes personnes» (People’s Security Surveys, PSS) – guidée par le soucid’écouter les gens eux-mêmes sur leurs problèmes de sécurité et d’insé-curité au travail et dans la vie pour pouvoir tenir compte de leur témoi-gnage et de leurs avis dans les politiques mises en œuvre.

Concevoir, à partir de cette idée, un appareil utile d’enquête,c’était une autre affaire. Il allait falloir envisager de multiples formes desécurité socio-économique et inclure dans le questionnaire aussi biendes questions sur la situation objective que des questions sur la percep-tion subjective de cette situation. La grande diversité des sujets à abor-der et des informations à recueillir renvoyait à des notions et à des typesd’enquête relevant de nombreux domaines: démographie, économie(économie du travail en particulier), sociologie, psychologie, enquêtesd’opinion, sur des aspects tels que la pauvreté, la santé, la situation

* Programme focal sur la sécurité socio-économique, BIT.

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respective des hommes et des femmes, les relations professionnelles,etc. Les choses étaient rendues plus compliquées encore, pour unorganisme international tel que le BIT, par l’extrême diversité dessituations nationales, des conditions de sécurité socio-économique dansle monde, qui ne pouvait qu’appeler d’assez grandes adaptations duquestionnaire.

On trouvera dans cet article une description du programmed’enquêtes. Les sections suivantes concernent les enquêtes effectuéeset les formes de sécurité/d’insécurité étudiées (huit formes, envisagéessous quatre aspects et dans leur articulation). Après un bref exposé ducontenu du questionnaire, l’article évoque les principes appliqués pourla constitution des échantillons et dans la collecte des données ainsi queles améliorations ou les extensions dont serait susceptible l’appareild’enquête. La dernière section est réservée aux conclusions.

Le questionnaire: champ, contenu et articulationDes enquêtes avaient été effectuées dans treize pays de l’Asie de

l’Est ou du Sud, de l’Amérique latine, de l’Afrique et de l’Europe cen-trale ou orientale à la date de rédaction du présent article. Le tableauci-dessous donne des indications sur les pays où ces enquêtes ont étéconduites, leur champ géographique (zones rurales/urbaines, régions),les personnes et les catégories de travailleurs visées, l’âge des personnesinterrogées et la taille des échantillons. Les enquêtes ont porté dans laplupart des cas sur des échantillons constitués selon des critères déter-minés; elles se sont limitées dans cinq pays aux zones urbaines. Ce n’estque dans deux pays qu’on a travaillé sur des échantillons représentatifsnationaux. La chose s’explique, d’une part, par le manque de moyensfinanciers, d’autre part, par le souci d’étudier plus particulièrement cer-taines situations (par exemple, au Bangladesh, dans les zones exposéesaux inondations et dans les autres). Il apparaissait préférable, pour cenouveau type d’enquêtes, de ne pas chercher à couvrir tout un pays, delimiter les enquêtes à certaines zones et d’en conduire un plus grandnombre sur des échantillons relativement importants, à ce niveau, plu-tôt que d’en mener un moindre nombre sur des échantillons nationaux.

Huit formes de sécurité socio-économique

Le questionnaire porte sur huit formes de sécurité socio-écono-mique brièvement décrites ci-après. La première est la sécurité debase; les sept autres touchent au travail 1.

1 Pour une description plus complète des sept formes de sécurité du domaine du travail,considérées dans leur logique, voir Guy Standing: Global labour flexibility: Seeking distributive jus-tice (Londres, MacMillan, 1999).

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Pays Milieu rural(R)urbain (U)

Champ géo-graphique

Agedes personnesinterrogées

Tailledel’échantillon

Observations

Asie

Bangladesh R et U Région rurale touchée par les inonda-tions, région rurale à l’abri des inonda-tions, Dacca

15-59 3 200 Taux d’échantillonnage réduit pour les femmes n’exerçant pas d’activité économique. Echantillon additionnel de travail-leuses de l’industriedu vêtement

Chine R et U 3 régions 18+ 3 000 —

Inde R et U Gujarat (Ahmedabad et environs)

15-60 1 236 Echantillon additionnel de membres de l’Asso-ciation des travailleuses indépendantes (SEWA)

Indonésie R et U 4 provinces 15+ 3 000 Suréchantillonnagedes régions, des circon-scriptions et des catégo-ries déshéritées

Pakistan U Karachi 15-64 750 Echantillon de travail-leurs des transports. Echantillon de travail-leurs à domicile. Echantillon de travail-leurs des quartiers déshérités

Amérique latine

Argentine U 3 régions urbaines

15-64 2 800 —

Brésil U 3 régions urbaines

15-64 4 000 —

Chili U 3 régions urbaines

15-64 1 180 —

Afrique

Afriquedu Sud

U 2 régions urbaines

15-64 1 600 —

Ethiopie R et U 2 régions 16+ 1 520 Habitants des zones d’industrie et de pro-duction

République-Uniede Tanzanie

R et U 3 régions 14-65 1 950 —

Europe orientale

Hongrie R et U Enquête nationale

18-59 1 000 —

Ukraine R et U Enquête nationale

18+ 8 200 Echantillons de salariés (agriculture, industrie, services publics, services privés). Echantillons d’inactifs (retraités, étudiants). Echantillon de chômeurs

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1. Sécurité de base: Sécurité dans des domaines importants, autresque le travail: alimentation, santé, logement, habitat, instruction,absence d’endettement, sécurité face à la violence.

2. Sécurité du revenu: Assurance d’avoir un revenu suf�sant. Sontpris en compte, selon une dé�nition extensive, les revenus du tra-vail comme d’autres formes de revenu: salaires en espèces, avan-tages salariaux en nature, revenu en nature et produits constituantl’autoconsommation (produits cultivés par la famille ou fournispar les animaux qu’elle possède), prestations ou services assuréspar les entreprises (pensions de retraite, services médicaux), pres-tations et transferts assurés par l’Etat, aide fournie par les organi-sations non gouvernementales.

3. Sécurité du marché du travail: Assurance d’avoir un travail quiapporte un revenu. Dé�nie de façon large, cette notion comprendle travail salarié, le travail indépendant, le travail non rémunérédans la famille, les activités économiques à domicile.

4. Sécurité de l’emploi: Assurance de conserver le travail du moment,de pouvoir poursuivre son activité. Cette sécurité peut se dé�nir,pour les travailleurs salariés, par rapport au risque de licencie-ment; pour les travailleurs indépendants, les agriculteurs ou les tra-vailleurs familiaux non rémunérés, par rapport aux risques defaillite ou de cessation d’activité (faute de débouchés, de possibili-tés de crédit ou de possibilités d’approvisionnement par exemple);pour les travailleurs employés sans contrat, d’après les chancesqu’ils ont de conserver leur emploi du moment.

5. Sécurité au travail: Assurance de travailler dans de bonnes condi-tions de sécurité et d’hygiène, face à tous les risques qui peuventmenacer la santé physique ou psychique: accidents, maladies, stress.

6. Sécurité professionnelle: Assurance d’avoir des possibilités de per-fectionnement et de progression dans une carrière ou un créneauprofessionnel (parfois pour la vie entière).

7. Sécurité du maintien des quali�cations: Assurance de pouvoiracquérir et conserver une quali�cation permettant de trouver unemploi, notamment grâce à un système organisé de formation.

8. Sécurité de représentation: Assurance de pouvoir défendre sesdroits et ses intérêts au travail dans le cadre d’une représentationcollective.

Quatre aspects de la sécuritéPour chacune des huit formes de sécurité socio-économique, le

questionnaire permet de recueillir des informations sur quatre aspectsde la sécurité ou de l’insécurité:

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l niveau objectif de sécurité/d’insécurité;l perception subjective du niveau de sécurité/d’insécurité;l moyens de faire face à l’insécurité;l opinions sur les normes sociales et les principes de justice sociale.

Par l’ensemble d’informations qu’elles apportent, sur la situationobjective d’une part, sur la perception subjective que les personnesinterrogées en ont et sur leurs jugements d’autre part, les enquêtesoffrent un puissant moyen de saisir et de comprendre les conditions desécurité socio-économique. On peut par exemple étudier le degré destabilité des personnes interrogées dans l’emploi (en relevant leurtemps de service chez l’employeur pour lequel elles travaillent ou dansl’activité qu’elles exercent au moment de l’enquête) et le compareravec le sentiment de sécurité ou d’insécurité qu’elles éprouvent elles-mêmes dans leur travail (le risque qu’elles pensent avoir de le perdredans la période qui va suivre). On peut de même étudier les relationsentre des éléments tels que la nature du contrat des personnes interro-gées et les possibilités de formation ou le sentiment de satisfaction autravail qu’elles expriment. Il serait facile de multiplier les exemples.

Articulation de l’informationLe schéma ci-dessous montre l’articulation de l’information re-

cherchée au moyen du questionnaire. Le degré subjectif d’insécurité estdonné par deux éléments: la probabilité de réalisation des risquesconsidérés et la gravité de la situation qui en découlerait, selon la per-ception qu’en ont les personnes interrogées. Le degré objectif d’insécu-rité et la possibilité de faire face à la situation dépendent, d’une part,des moyens que les gens peuvent mobiliser à différents niveaux (capa-cités individuelles, ressources des ménages, moyens existant au niveaudu travail, moyens existant au niveau des collectivités locales et del’Etat); d’autre part, sur le plan individuel, de la vision que les gens ontde la vie, de leur attitude quant à la possibilité ou à l’impossibilité d’agir(facteurs qu’il est très difficile au demeurant de cerner dans les en-quêtes par sondage et que le questionnaire ne permet malheureuse-ment pas de mesurer convenablement en l’état actuel des choses).

Sur le questionnaire et sur l’articulation de l’information recher-chée, il convient de faire encore la série d’observations suivante.

De façon générale, les sept formes de sécurité du domaine du tra-vail sont traitées comme si elles étaient indépendantes les unes desautres. De toute évidence, la réalité est plus complexe. On sait peu dechose toutefois des rapports qui existent entre elles. C’est un domaineoù il importe d’approfondir l’analyse des faits.

Les quatre aspects de la sécurité envisagés dans le questionnairesont liés. On peut considérer par exemple que l’insécurité objectivement

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engendrée par une éventualité quelconque sera d’autant moins grande,et d’autant moins grand le sentiment subjectif d’insécurité, que les per-sonnes touchées seront mieux équipées pour faire face à la situation 2.Le graphique ci-dessus représente un premier essai, très imparfait, deschématisation.

Six des huit formes de sécurité socio-économique considérées sedéfinissent au niveau individuel. Les informations correspondantessont demandées en conséquence à un membre particulier du ménage etont trait à sa situation personnelle. Il s’agit d’établir ainsi s’il a dutravail; ce qu’il fait et s’il peut s’attendre à conserver son travail; s’il tra-vaille dans de bonnes conditions de sécurité et d’hygiène; s’il a des pos-sibilités de formation; s’il peut espérer progresser dans son travail etfaire une carrière; s’il fait partie d’un syndicat ou d’un autre groupe-ment qui défend ses intérêts. Bien que, fondamentalement, la représen-tation syndicale ne se situe pas au niveau individuel, elle est traitéecomme une caractéristique individuelle, c’est-à-dire comme un aspectde la situation d’une personne déterminée. Les deux autres formes desécurité – la sécurité de base et, dans une moindre mesure, la sécuritédu revenu – se définissent, elles, au niveau du ménage, dont lesmembres mettent leurs ressources en commun. C’est donc pour leménage que les informations correspondantes sont recueillies.

Les moyens susceptibles d’être mobilisés contre l’insécurité sesituent à différents niveaux: capacités des individus eux-mêmes; res-

2 On peut penser ainsi que, dans la même situation, l’insécurité de l’emploi apparaîtramoindre aux personnes interrogées dans les ménages qui ont des biens ou des économies que dansceux qui n’en ont pas.

Enquêtes sur la sécurité socio-économique: articulation

Moyens de faire face à l’insécurité,niveau du travail

Sécurité/insécurité sub-jectivement perçue (pro-duit de la probabilitéde réalisation des risquesconsidérés et de la gra-vité de la situation quien résulterait, telles queperçues)

Réaction faceà l’insécurité

Sécurité/insécuritéobjectivementvécue

Moyens permettant de faire faceà l’insécurité, niveau individuel:– Capacités– Attitude quant à la possibilité ou à l’impossibilité d’agir

Ressources des ménages

Moyens de faire face à l’insécurité,niveau de la collectivité et des institutions:– Services et autres moyens– Mesures socio-économiques– Normes sociales et principes de justice sociale

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sources des ménages; moyens existant au niveau du travail (grâce à lareprésentation collective notamment); moyens existant au niveau descollectivités locales et de l’Etat (services et autres moyens, mesuressocio-économiques, normes et principes de justice sociale). Tous cesmoyens concourent à assurer la sécurité socio-économique.

On retrouve dans le schéma ci-avant le modèle valeur-attente dela psychologie, conformément auquel l’insécurité est fonction de lamenace existante, de la gravité de la situation considérée et de l’impuis-sance du sujet.

Les informations collectées sont plus ou moins poussées pour lesquatre aspects de la sécurité pris en considération, compte tenu de leurimportance respective.

Une série de questions portent uniquement sur l’activité princi-pale des personnes interrogées au moment de l’enquête 3. Or beaucoupde gens, surtout dans les pays à bas revenu, ont plusieurs activités, soitsimultanément (au moment de l’enquête), soit à un moment ou à unautre au cours de l’année 4. Laquelle de ces activités les questionsdevraient-elles viser alors? La réponse n’est pas évidente. Faut-il consi-dérer l’activité principale (selon le critère du revenu que la personne entire ou du temps qu’elle y consacre) au moment de l’enquête, l’activitéprincipale sur l’année, l’activité que la personne elle-même juge la plusimportante ou l’ensemble des activités lorsque cela semble logique?C’est un problème qu’il conviendra d’étudier encore, en expérimentantdiverses possibilités, dans les enquêtes futures.

Enfin, la façon dont les différentes formes de sécurité ou d’insécu-rité se manifestent et la façon dont elles devraient donc être mesuréesdiffèrent souvent selon la situation dans l’activité. Ainsi, la sécurité del’emploi – conserver son travail – ne se présente pas du tout de la mêmemanière pour les travailleurs indépendants et pour les salariés exposésau risque de licenciement. C’est pourquoi les questions posées diffèrentsouvent selon qu’elles s’adressent aux uns ou aux autres.

Le questionnaireIl n’est pas fait usage d’un questionnaire type qui serait identique

pour toutes les enquêtes. La sécurité et l’insécurité socio-économiquesse présentent de façon si diverse selon les lieux qu’un document de cegenre, trop rigide, conduirait à négliger quantité de problèmes quipeuvent être importants dans telle région ou tel pays. On a adopté ainsi

3 Des informations sont cependant recueillies sur l’exercice éventuel de plusieurs activitéspar les membres du ménage, dont la personne interrogée.

4 On peut envisager par exemple le cas du travailleur qui, au moment de l’enquête, cultivesa terre ou exploite sa petite entreprise en travaillant parallèlement comme salarié ici ou là et qui,trois mois plus tard, a pour principale activité un emploi salarié qu’il exerce pour un temps tout encontinuant de travailler accessoirement sur son exploitation ou dans son entreprise.

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une démarche «ad hoc» en sélectionnant, dans une liste longue, lesquestions sur les problèmes qui retiennent particulièrement l’attentiondans le pays considéré, en encourageant les instituts nationaux associésà les formuler 5.

Nous donnons ci-après une brève description de la structure et ducontenu de chacune des neuf sections du questionnaire de base. Ontrouvera en annexe la liste détaillée des questions posées. Pour le libelléexact des questions, voir Richard Anker: People’s Security Surveys,manuscrit non publié (à paraître dans les documents de travail du Pro-gramme focal sur la sécurité socio-économique) (Genève, BIT, 2002).

Informations généralesLe questionnaire débute toujours par une section portant sur les

caractéristiques générales, démographiques et socio-économiques, duménage et de la personne interrogée à titre individuel. On utilise untableau spécial où sont consignés les noms des membres du ménage et,pour chacun, des renseignements tels que l’âge, le sexe, la situationmatrimoniale, le lien avec le chef du ménage, l’instruction, le travail,l’éventuelle qualité de migrant, les handicaps, etc. Cette section con-tient aussi des questions sur l’entreprise, agricole ou autre, que leménage possède et exploite le cas échéant (secteur ou productions,importance, chiffre d’affaires, intrants, nombre de travailleurs fami-liaux, nombre de salariés, etc.).

Sécurité de baseLa deuxième section, d’ordinaire assez longue, porte sur toutes

sortes d’aspects de la sécurité socio-économique dans d’autres domainesque le travail, en relation avec les besoins fondamentaux – l’alimenta-tion, la santé, le logement, l’habitat, l’instruction, la sécurité face à laviolence, etc. – mais aussi avec d’autres problèmes moins souvent abor-dés – l’endettement, l’appréciation du niveau de revenu (suffisant,insuffisant), les difficultés financières, les revenus de transfert, ouencore le sommeil, l’attitude quant à la possibilité ou à l’impossibilitéd’agir sur sa vie, etc. 6 La sécurité socio-économique de base est envisa-

5 Jamais, dans les enquêtes antérieures, on n’avait traité dans un seul et même question-naire l’ensemble des formes de sécurité socio-économique envisagées ici ou un éventail tant soitpeu comparable. C’est ainsi qu’il faut chercher les informations sur la sécurité de base et les res-sources des ménages dans des enquêtes sur la pauvreté et des enquêtes auprès des ménages; lesinformations sur l’activité professionnelle et sur les revenus dans des enquêtes sur la populationactive et des enquêtes auprès des ménages; les informations sur les conditions de travail dans desenquêtes auprès des établissements; les informations sur les opinions et les représentations dansdes enquêtes d’opinion et des enquêtes psychologiques.

6 A l’avenir, il faudra envisager de limiter les questions sur la sécurité de base afin de con-sacrer plus de temps aux sept formes de sécurité liées au travail.

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Les enquêtes sur la sécurité socio-économique 349

gée selon une conception élargie des besoins fondamentaux, les infor-mations permettant de situer les ménages du point de vue de la condi-tion socio-économique. La section porte aussi sur l’opinion des person-nes interrogées au sujet de certaines questions, par exemple l’aide queles particuliers ou les pouvoirs publics devraient apporter à la popula-tion pauvre.

Sécurité du revenu: assurance d’avoir un revenu suf�santC’est un sujet qui revêt la plus grande importance pour les tra-

vailleurs et qui fait l’objet, dans le questionnaire, d’une section assezlongue elle aussi, comprenant douze points. Les questions portent surle montant du revenu, celui du ménage et celui de la personne interro-gée, sur le mode de perception et sur d’autres aspects de la sécurité durevenu: le revenu antérieur, les variations de revenu, les prévisionspour l’avenir, les arriérés de salaire (question particulièrement impor-tante dans le cas des pays en transition), l’épargne (revenu accumulé).Les personnes interrogées sont questionnées aussi sur les dispositionsen vigueur, à leur connaissance, en matière de salaires minima et detransferts sociaux. Elles sont invitées à donner leur opinion sur leniveau de revenu du ménage au regard des besoins habituels (suffisant,insuffisant) et sur le niveau relatif de revenu, comme à indiquer leurposition sur l’éventuelle fixation de seuils ou de plafonds de revenu parla société.

On ne cherche pas, il faut le relever, à mesurer précisément tousles revenus (par exemple le revenu net tiré de l’entreprise, agricole ouautre, exploitée par le ménage) 7. L’idée est de recueillir des informa-tions indirectes sur la situation socio-économique des ménages grâceaux questions sur la sécurité de base (comme on l’a vu plus haut).

Sécurité sur le marché du travail: assurance de trouverou d’avoir du travail

Assez longue elle encore, cette section, qui comprend douze points,porte sur la situation des personnes interrogées du point de vue du

7 Il y a à cela plusieurs raisons. Il faudrait procéder à de très longues interviews – c’est la prin-cipale – pour recueillir des données d’une certaine précision sur les revenus des ménages, notam-ment des ménages pauvres, dans les pays peu développés. Ces ménages ont généralement plusieursrevenus apportés par différentes personnes, auprès de chacune desquelles il faudrait collecter desinformations détaillées. Beaucoup de ménages exercent une activité agricole ou exploitent uneentreprise dont nul de connaît généralement le revenu net, qu’il faut reconstituer à l’aide de touteune série de questions sur les ventes, les coûts de production, l’autoconsommation, etc. Dans l’agri-culture, qui plus est, où les revenus fluctuent beaucoup d’une année à l’autre, le revenu susceptibled’être mesuré à un moment déterminé ne renseigne pas nécessairement sur le revenu habituel oule revenu dont le ménage dispose de façon permanente.

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travail et du chômage. Les questions relatives au chômage concernentnotamment les antécédents de la personne interrogée et des autresmembres du ménage (ou des proches parents) à cet égard, l’indemnisa-tion, le taux de chômage local ou national (connu ou supposé) et l’évolu-tion des effectifs au lieu de travail du moment. Les personnes interro-gées sont invitées à indiquer, dans l’hypothèse où elles perdraient leurtravail, quelle difficulté elles auraient à retrouver un travail semblable, sielles seraient prêtes à migrer pour trouver du travail, si elles recevraientun préavis et toucheraient la rémunération due en cas de licenciement ets’il existe des possibilités de travail dans les travaux publics. La sectioncontient aussi une question sur la position des personnes interrogéesquant aux mesures de protection sociale susceptibles d’être prises parl’Etat, l’indemnisation du chômage notamment.

Sécurité de l’emploi: caractéristiques du travaildu moment et assurance de le conserver

Cette section concerne la sécurité de l’emploi dans le travail queles personnes interrogées exercent au moment de l’enquête et leschances qu’elles pensent avoir de le conserver. La définition du travailest, comme dans les sections précédentes, la définition extensive sur la-quelle repose le concept de population active (définition internationaledu travail). Les questions, qui couvrent onze points, portent sur le tra-vail du moment – nature, lieu de travail, régularité du travail, em-ployeur, contrat, ancienneté dans le travail, changements de travaildans le passé – et sur le sentiment des personnes interrogées quant àleur satisfaction au travail, à leurs chances de conserver celui-ci, auxchances des travailleuses de conserver le leur en cas de grossesse, ou en-core aux effets de la mondialisation sur le travail.

Sécurité du maintien des quali�cations:assurance de pouvoir acquérir et conserverune quali�cation

Cette section porte sur les qualifications professionnelles. Si lesquestions sont généralement assez simples, elles font intervenir descaractéristiques et des notions qu’il est difficile de cerner dans lesenquêtes, telle la distinction formelle/non formelle, souvent malaiséedans la pratique, pour la formation. La section comprend six points: for-mation reçue, possibilités de formation dans le travail exercé et endehors, utilisation des qualifications dans le travail exercé, opinion surla formation et le perfectionnement nécessaires dans ce travail, facteurslimitant les possibilités de formation, attentes en ce qui concerne la for-mation des enfants.

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Les enquêtes sur la sécurité socio-économique 351

Sécurité professionnelle: assurance d’avoir des possibilitésde progression dans la vie professionnelle

Cette section, la plus courte du questionnaire, porte sur les possi-bilités de carrière et de progression générale dans la vie profession-nelle. Trois sujets sont abordés: les progrès et les reculs enregistrés dansla vie professionnelle antérieure, les attentes pour l’avenir, l’impor-tance accordée à la poursuite du travail ou de la profession exercée. Ilest difficile de cerner les notions de carrière et de continuité profession-nelle sur la vie entière dans des questionnaires d’enquête. Ce sont desaspects de la sécurité socio-économique qui ne sont pas non plus pri-mordiaux dans les pays à bas revenu. D’où les limites de cette section.

Sécurité au travail: conditions de sécurité et d’hygièneLa gamme des sujets abordés fait de cette section l’une des plus

importantes et des plus intéressantes du questionnaire. Conformémentà une conception large des conditions de travail comme de la sécuritéet de la santé au travail, elle vise à recueillir toute une série d’informa-tions sur huit grands sujets, et d’abord sur l’absentéisme au travail pourcause d’accident, de maladie ou de stress – alors que la plupart des sta-tistiques disponibles au niveau international se limitent aux absencespour cause d’accident (principalement parce que le lien de causalité estplus facile à établir en l’espèce qu’il ne l’est pour la maladie ou lestress). Les autres sujets abordés sont la sécurité et l’hygiène du travail(situation objective et opinion), la surcharge de travail et la maîtrise dutemps de travail, le harcèlement sexuel et les autres formes de harcèle-ment, la discrimination, les mesures d’indemnisation en cas d’accidentdu travail et les services pour les enfants.

On s’est attaché à adapter le questionnaire aux situations rencon-trées dans les pays à bas revenu. Y figurent ainsi des questions surl’existence de toilettes sur les lieux de travail, ou encore sur les formesde harcèlement susceptibles d’être exercées par la police ou par lamafia locale. Beaucoup de ces questions nouvelles demandent à êtreaffinées et testées encore quant à la fiabilité des informations qu’ellesapportent.

Sécurité de représentation: possibilités d’expressionet d’action collectives dans le travail

Comme on peut s’y attendre, cette section porte en grande partiesur les syndicats, lesquels constituent de loin la principale forme dereprésentation professionnelle de par le monde. Elle contient des ques-tions sur les organisations, le syndicalisme et les activités syndicales. Ils’agit de déterminer ce que les personnes interrogées, plus ou moins

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bien informées, en savent (avec des questions sur la nature des activitéssyndicales, par exemple, ou sur le taux de syndicalisation dans le pays)et ce qu’elles en pensent.

La section vise aussi les autres organisations qui représentent lestravailleurs le cas échéant, comme il arrive dans le secteur informel.Y figurent en outre des questions sur les relations entre les personnesinterrogées et leur employeur (intérêt porté par l’employeur, selonelles, à leur bien-être, confiance accordée, attention prêtée à leurspréoccupations).

Principes appliqués pour la collecte des donnéeset les opérations de sondage

Nous exposons dans cette section quelques-uns des problèmesrencontrés et des principes appliqués dans la conduite des enquêtes ence qui concerne les personnes interrogées, l’aménagement des ques-tions pour différentes catégories de personnes, les périodes de réfé-rence, la définition des ménages et la méthode de sondage. Nousévoquerons aussi les instruments supplémentaires d’enquête qui pour-raient être utilisés et les aménagements qui pourraient être apportés auquestionnaire.

Personnes interrogées: un représentant par ménageLes renseignements recueillis sur les sept formes de sécurité du

domaine du travail le sont pour une seule personne dans chaque ménagedes échantillons 8. L’application de ce principe se justifie par deux gran-des considérations, eût-elle pour effet d’accroître sensiblement le coûtdes enquêtes pour un échantillon d’une taille déterminée (le coût desopérations (constitution de l’échantillon, rencontre des ménages, col-lecte des informations), en effet, n’est pas étalé sur plusieurs personnesau niveau des ménages). Tout d’abord, on accroît ainsi la variance desréponses, pour un échantillon d’une taille déterminée, les différencesentre des personnes aux caractéristiques analogues étant moindres àl’intérieur du même ménage que d’un ménage à l’autre. Il faut bien voiren outre que, dans le cadre des ménages (surtout lorsque les interviewssont conduites en présence de plusieurs personnes, comme il arrive sou-vent, notamment dans les pays en développement), les réponses d’unmembre du ménage ont toutes chances de déteindre sur celles desautres, quand il s’agit de perceptions ou d’opinions subjectives.

8 La personne interrogée (un adulte) est choisie au hasard, à l’aide d’une table de nombresaléatoires, par exemple, comme dans l’enquête menée au Bangladesh, ou par la méthode du der-nier anniversaire fêté, comme dans l’enquête conduite en Afrique du Sud. Pour une descriptiondétaillée de la première de ces méthodes, voir Anker, op. cit.

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Aménagement des questions pour différentes catégoriesde personnes

La sécurité et l’insécurité prennent des aspects extrêmementdivers d’un endroit du monde à l’autre. Comment saisir cette diversité?C’est l’une des grandes difficultés rencontrées dans l’élaboration desquestionnaires. Les conditions de vie et les conditions de la sécurité debase se présentent très différemment dans les pays à haut revenu et lespays à bas revenu, comme dans les zones urbaines et les zones ruralesdans des pays d’un niveau de développement déterminé. Il en va demême, pour les formes de sécurité qui touchent au travail, selon lasituation des gens dans l’emploi. Ce sont jusqu’aux critères fondamen-taux en fonction desquels se définissent ces formes de sécurité qui, dansbien des cas, diffèrent profondément (pour les travailleurs indépen-dants et les salariés, les travailleurs réguliers et les travailleurs occasion-nels, les travailleurs ayant un emploi et les chômeurs, les personneséconomiquement actives et les personnes inactives).

Dans les enquêtes menées dans certains pays, on a recueilli desinformations sur ces situations très diverses en incorporant dans lequestionnaire différentes sections pour différentes catégories de per-sonnes (pour les hommes et les femmes, pour la population rurale et lapopulation urbaine, pour les travailleurs indépendants et les salariés).Comme il n’est pas possible de couvrir toutes les situations dans un seulquestionnaire, il apparaît souhaitable d’appliquer les principes suivants.a) Nombre de questions devraient s’adresser à toutes les personnes

interrogées, abstraction faite du niveau de développement du pays,du sexe de la personne ou de la situation dans l’emploi. Ce principeest valable notamment pour la plupart des questions concernantles informations générales et la sécurité de base, la plupart desquestions subjectives (perception des choses, opinion) et unegrande partie des questions sur les situations que les personnes ontconnues dans le domaine du travail et la façon dont elles y ont faitface.

b) Lorsque cela est utile pour recueillir des informations sur uneforme ou une autre de sécurité, il convient de prévoir une série dequestions pour les travailleurs indépendants et une autre pour lessalariés, de même qu’une série de questions pour les femmes.

c) Il convient d’inclure dans les enquêtes nationales des questions surles problèmes de sécurité socio-économique qui présentent uneimportance particulière dans le pays considéré.

Périodes de référenceDes périodes de référence de durée variable ont été utilisées

dans les enquêtes menées jusqu’ici. Pour assurer la comparabilité des

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résultats, il importe aujourd’hui de fixer des périodes de référenceuniformes pour différents types de questions, compte tenu des prin-cipes généraux d’enquête, de la fréquence des événements considéréset des risques d’erreur de mémoire. Il y aurait lieu d’appliquer lesprincipes suivants.

a) Pour les questions portant sur les situations que les personnes in-terrogées ont connues dans le passé ou sur celles qu’elles s’at-tendent à connaître à l’avenir, il conviendrait de retenir unepériode de référence de trois ans. C’est un temps assez long pouroffrir une vision de l’avenir, sans être si long que les choses de-viennent irréelles pour les personnes interrogées.

b) Pour la plupart des questions concernant les formes de sécurité dudomaine du travail, la période de référence devrait être d’uneannée. C’est la période habituellement retenue pour le relevé dedonnées économiques telles que le revenu; elle correspond aucycle annuel avec ses variations saisonnières.

c) Pour les questions portant sur le travail ou l’emploi au moment del’enquête, la période de référence devrait être d’une semaine oud’un mois. Une semaine est la période communément admise auniveau international pour la mesure de la population active dumoment (main-d’œuvre). C’est dans bien des cas une durée tropcourte pour déterminer la situation des personnes pauvres dans lespays en développement. On est ainsi amené à retenir générale-ment une période d’une année pour établir la qualité de «tra-vailleur exerçant une activité lucrative». Il semble qu’un moisserait généralement un bon compromis pour la collecte d’informa-tions sur ce point dans les pays à bas revenu.

Dé�nition des ménagesLe ménage est, outre l’unité d’échantillonnage, un élément extrê-

mement important de la sécurité socio-économique et il doit être clai-rement défini. Selon la définition communément utilisée dans lesenquêtes, c’est la réunion des personnes qui partagent leurs repas et/ouqui dorment sous le même toit.

Dans les enquêtes sur la sécurité socio-économique, cette dé-finition classique est étendue aux personnes qui mettent en commun oupartagent une fraction importante de leur revenu. Selon ce critère éco-nomique, les ménages comprennent certaines personnes momentané-ment absentes, comme les jeunes qui font des études et dont le ménagea la charge ou les travailleurs migrants qui envoient régulièrement del’argent. Cette définition exige plus de jugement des enquêteurs maiselle correspond mieux à la façon dont la sécurité socio-économique estenvisagée dans les enquêtes, au niveau des ménages.

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Les enquêtes sur la sécurité socio-économique 355

Méthode de sondageLa méthode utilisée est généralement celle du sondage à plusieurs

degrés. Le premier degré est communément constitué par de grandesunités géographiques (par exemple la capitale du pays, les villes secon-daires, des régions rurales aux caractéristiques diverses du point de vuedes structures agricoles ou des revenus). Ces unités peuvent être choi-sies, délibérément ou au hasard, de façon à réduire le coût des inter-views par ménage mais aussi à favoriser la diversité ou à faire ressortircertaines caractéristiques dans l’échantillon. Les degrés suivants sontgénéralement constitués d’unités plus petites tirées par sondage dudegré précédent (villes, zones des villes, quartiers dans ces zones ou, enmilieu rural, régions, circonscriptions, villages) 9. Au stade final du son-dage, les ménages sont tirés au hasard d’une liste complète (pour lesquartiers ou les villages tirés par exemple). Quand il n’existe pas de lis-tes des ménages ou que les listes sont incomplètes ou trop anciennes, leséquipes d’enquête élaborent elles-mêmes leur base de sondage en pro-cédant à un recensement des ménages dans les unités du dernier degré(quartiers, villages).

Il faut noter que, si les échantillons sont représentatifs des mé-nages, il n’en va pas de même des personnes interrogées. Comme uneseule personne est interrogée dans chacun des ménages de l’échan-tillon, les membres des ménages de grande taille ont moins de chancesde l’être que ceux des ménages de petite taille. Les seconds (lesmembres des familles nucléaires par exemple) sont surreprésentés end’autres termes parmi les personnes interrogées, et les premiers (lesmembres des familles élargies) sous-représentés.

Instruments supplémentaires d’enquêteLes informations collectées le sont, par voie de questionnaire, au

niveau des personnes ou des ménages. Il serait utile d’en recueillir aussiau niveau des collectivités locales, par voie de questionnaire, et de ras-sembler des informations complémentaires à l’aide d’enquêtes qualita-tives. L’appareil complet d’enquête comprendrait ainsi les trois sortesd’informations et les trois instruments suivants:– informations sur les personnes et les ménages: questionnaire;– informations sur les collectivités locales: questionnaire;– enquêtes qualitatives.

9 Il peut y avoir intérêt, si l’enquête est plus particulièrement axée sur la situation de lapopulation pauvre, à suréchantillonner les secteurs correspondants – les quartiers déshérités dansles villes, les villages retardés en milieu rural – à condition de recueillir assez d’informations pourpouvoir calculer des coefficients de pondération et pondérer les données collectées au stade del’analyse afin de produire des résultats représentatifs pour la population en général.

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Jusqu’ici, on n’a pas recueilli d’informations au niveau des collec-tivités locales à l’aide d’un questionnaire spécialement étudié à ceteffet. Ce sont pourtant des informations qui présentent un grand intérêtsi l’on veut cerner et comprendre les différentes formes de sécuritésocio-économique, dans la vie en général et dans le domaine du travail,lesquelles dépendent beaucoup des conditions qui se rencontrent à ceniveau (quand elles ne se définissent pas en fonction de ces conditions).Exposition aux catastrophes naturelles, possibilités de travail, servicespublics ou privés (routes, écoles, établissements de soins), pour ne don-ner que ces exemples: la situation diffère d’une collectivité à l’autre 10.Il serait souhaitable dès lors, dans les enquêtes futures, d’introduire unnouveau questionnaire pour recueillir des informations sur les collecti-vités locales.

Seules deux enquêtes (celle qui a été menée en Inde dans l’Etat duGujarat et celle qui a été menée dans la République-Unie de Tanzanie)se sont accompagnées d’enquêtes qualitatives. Il serait souhaitable d’enprévoir une systématiquement à l’avenir. Le bon moment, pour collec-ter des informations qualitatives, se situe après la première analyse desdonnées fournies par les enquêtes auprès des ménages; ces informa-tions devraient permettre en effet d’expliquer les constatationsparticulières que les premiers résultats auraient permis de faire. Lesaspects complexes de la sécurité et de l’insécurité socio-économiques,dans la vie en général et dans le domaine du travail, sont souvent diffi-ciles à saisir dans un questionnaire formel destiné aux ménages. Il con-viendrait ainsi, pour les enquêtes qualitatives, d’élaborer des guides quifournissent simplement un canevas d’enquête. Les méthodes qualitati-ves (études de cas, étude des parcours personnels, discussions degroupe) permettent d’appréhender ces aspects complexes et de donnervie aux froids résultats des enquêtes.

Travailleurs exerçant plusieurs activitésOn rencontre dans les pays à bas revenu un grand nombre de tra-

vailleurs qui exercent une série d’activités ou d’emplois pour s’assurerun revenu suffisant et étaler les risques. Les questionnaires utilisés dansles enquêtes menées jusqu’ici n’ont pas permis d’appréhender convena-blement la situation de ces travailleurs du point de vue de la sécuritédans le domaine du travail, soit au cours de la période de référence consi-

10 Les techniques d’interview qu’il convient d’utiliser ne sont pas les mêmes, il faut le rap-peler, dans les enquêtes auprès des ménages et dans les enquêtes au niveau des collectivités locales(voir Richard E. Bilsborrow, Richard B. Anker et Deborah S. DeGraff: Poverty monitoring andrapid assessment surveys, Genève, BIT, 1998). Dans les premières, les informations sont deman-dées en principe à des personnes interrogées en tête à tête, en dehors de la présence d’autres. Dansles secondes, elles sont fournies par des informateurs qualifiés ou tirées de documents; les discus-sions de groupe sont recommandées.

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dérée (une semaine ou un mois par exemple), soit au cours de l’annéeécoulée. C’est un problème qui demande encore à être approfondi etdiscuté.

Elaboration de questionnaires typesComme nous l’avons indiqué, la démarche adoptée jusqu’ici a été

une démarche «ad hoc», qui laissait aux instituts d’enquête nationauxla latitude de modifier le libellé des questions et d’inclure dans le ques-tionnaire des questions supplémentaires s’ils le jugeaient nécessairedans la situation de leur pays. C’est ainsi qu’ont été traités une foule desujets qui ne sauraient tous trouver place dans une seule et mêmeenquête. Bien que cette formule, qui ouvrait toutes sortes de possibili-tés, ait beaucoup contribué à l’essor des enquêtes, il faudra s’en écarterà l’avenir. Pour assurer une démarche uniforme et obtenir des résultatscomparables d’un pays à l’autre, il importe de déterminer la structureet l’importance approximative des différentes sections du question-naire (sur les différentes formes de sécurité socio-économique), en éta-blissant la liste de base des sujets à traiter, et d’élaborer sur lesdifférents sujets une série de questions types précisément libellées. Lequestionnaire de base ainsi produit devrait être assez bref pour qu’ilsoit possible aux instituts nationaux d’y ajouter des questions sur lesproblèmes particulièrement importants dans leur pays.

Remarques finalesLes enquêtes auprès des ménages sur la sécurité socio-économique

sont des enquêtes d’un type nouveau lancées en 2000 par le BIT dans lecadre du programme focal sur le même sujet, parce qu’il apparaissaitnécessaire d’entendre ce que les gens eux-mêmes avaient à dire surl’insécurité qu’ils rencontraient dans leur travail et dans leur vie. A la finde 2001, des enquêtes avaient été menées à bien dans treize pays de parle monde.

Ces enquêtes se distinguent des enquêtes classiques auprès desménages par la façon dont elles combinent quatre sortes de questions:1) des questions sur la situation socio-économique objective des per-sonnes interrogées; 2) des questions sur la perception subjective que cespersonnes ont de leur sécurité et de leur insécurité; 3) des questions surles moyens qu’elles peuvent mobiliser pour faire face à l’insécurité;4) des questions sur les opinions qu’elles professent en ce qui concerneles principes de justice sociale et les normes en matière de sécurité etd’insécurité.

Les enquêtes se distinguent aussi par l’étendue des questionsqu’elles embrassent dans leur domaine, sur la sécurité socio-économiquede base et sur sept formes de sécurité liées au travail, concernant

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l’emploi et le chômage, la sécurité de l’emploi, le revenu, la qualifica-tion, la progression dans la vie professionnelle, la sécurité au travail et lareprésentation collective au travail.

C’est un gros effort qui a été fourni ces deux dernières annéespour perfectionner les enquêtes, avec des résultats remarquables àbien des égards. Il n’est guère contestable que ces enquêtes sont un utilemoyen de connaissance et de mesure des conditions de sécurité socio-économique. Cela dit, elles demandent encore à être améliorées etaffinées. Ecrit dans cet esprit, cet article pourra fournir, nous l’espé-rons, une base de travail.

Annexe. Questionnaire d’enquête: liste détaillée des questions

Caractéristiques générales du ménage1. Membres du ménage

a) Caractéristiques démographiques (nom, âge, sexe, situation matrimoniale,absence temporaire, lien avec le chef du ménage)

b) Travail (activité principale et autres activités)c) Instructiond) Groupe ethnique, confession, langue, etc.e) Handicaps

2. Personne interrogée à titre individuela) Caractéristiques démographiques (âge, sexe, situation matrimoniale, nombre

d’enfants, âge des cadets, migrations, lieu de naissance)b) Instruction (personne interrogée, conjoint, chef du ménage)c) Travail (activité principale et autres activités)d) Handicaps

3. Super�cie de terres possédée et cultivée

4. Exploitation agricole familiale (cultures, nombre de récoltes, intrants, rende-ments, grosses pertes, etc.)

5. Entreprise familiale (non agricole) (secteur, chiffre d’affaires, personnel ré-munéré et non rémunéré, saisonnalité de l’activité, etc.)

Sécurité de base

1. Appréciation du niveau de revenu (suf�sant, insuf�sant) au regard des besoinsfondamentaux

2. Appréciation de la sécurité �nancière future

3. Santéa) Accès et recours aux soinsb) Possibilité de payer le coût des soins, nécessité d’emprunterc) Assurance

4. Logementa) Propriété du logementb) Qualité et grandeur

5. Habitat

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Les enquêtes sur la sécurité socio-économique 359

6. Instructiona) Scolarité des enfantsb) Accès à l’instructionc) Evolution de la qualité des moyens scolairesd) Intérêt en tant qu’investissement

7. Alimentationa) Etat de faim, nombre de repas par jourb) Régime: lait, viande, etc.

8. Eaua) Provenanceb) Obligation d’acheter l’eau

9. Endettementa) Montant des dettesb) Raisons de l’endettementc) Nature des créditeursd) Appréciation de la capacité de remboursere) Obligation de travailler pour rembourser

10. Dif�cultés �nancièresa) Dif�cultés rencontréesb) Personnes pouvant apporter une aide

11. Sécurité face à la violencea) Problèmes rencontrésb) Auteurs des violencesc) Appréciation de la sécurité

12. Transferts reçus de sources publiques ou privées

13. Repos (heures de sommeil)

14. Attitude quant à la possibilité ou à l’impossibilité d’agir sur sa vie

15. Opinion sur les règles que la société devrait observer en matière de revenusa) Limitation des revenus individuelsb) Disparités de revenu existantes (acceptables/non acceptables)

16. Opinion sur l’aide à la population pauvrea) Paiement de l’Etat pour le travail non rémunéré d’aide/de soins aux personnes

ayant besoin d’une assistanceb) Aide qui devrait être apportée aux ménages pauvres par la population en

mesure de le fairec) Institution d’un revenu minimum pour la population pauvre, assuré par l’Etat

17. Opinion sur les actions à lancer (nature et moment)a) Contre l’Etat et les collectivités localesb) Contre les employeurs

Sécurité du revenu (assurance d’avoir un revenu suffisant) 1. Montant du revenu

a) Ménageb) Personne interrogéec) Principale(s) sources(s) de revenu pour le ménage

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2. Avantages/prestations accessoires de diverses sortes

3. Arriérés de salaire

4. Evolution du revenu par rapport au passé

5. Mode de perception du revenua) Méthode de paiementb) Part du revenu connue d’avancec) Possibilité pour les femmes de garder l’argent gagné par ellesd) Fourniture du matériel et des matières premières par l’employeur

6. Variations du revenua) Régularité du revenub) Grosses pertes dans les activités agricoles

7. Prévisions quant au revenu futura) Au cours des douze mois suivantsb) Dans la vieillesse

8. Appréciation du niveau de revenu (suf�sant/insuf�sant) au regard des besoinsordinaires

9. Appréciation du niveau relatif de revenu

10. Transferts reçusa) D’autres personnesb) De l’Etat ou d’organisations non gouvernementales

11. Epargnea) Possibilité d’épargnerb) Principales raisons d’épargnerc) Appréciation de la sécurité de diverses formes d’épargne

12. Connaissance des dispositions en vigueura) Salaires minima of�cielsb) Seuil de pauvreté of�cielc) Transferts susceptibles d’être obtenus de l’Etat ou des organisations non gou-

vernementales

Sécurité sur le marché du travail (assurance de trouverou d’avoir un travail) 1. Travail du moment

a) Situation dans l’emploib) Durée du travailc) Exercice de plusieurs activités

2. Nombre d’années de vie active

3. Antécédents du point de vue du chômage: personne interrogéea) Chômage au cours des douze mois antérieurs et situation du momentb) Causes du chômagec) Efforts faits pour trouver du travaild) Chômage au cours des années antérieures

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4. Antécédents du point de vue du chômage: autres membres du ménage ou prochesparents

5. Indemnisation du chômagea) Prestations reçuesb) Conditions imposées pour l’obtention de prestationsc) Opinion sur l’indemnisation du chômage par l’Etat

6. Taux de chômage (connu ou supposé)a) Taux du momentb) Evolution future

7. Evolution des effectifs au lieu de travail du momenta) Evolution au cours des douze mois antérieursb) Prévisions pour les douze mois suivants

8. Travail salarié, types de travail non acceptésa) Restrictions pesant sur le travail salarié des femmesb) Antécédents en ce qui concerne le travail salarié et intérêt pour ce type de tra-

vailc) Types de travail non acceptés

9. Questions se posant au cas où la personne interrogée perdrait son travaila) Possibilité de trouver un travail analogue (facilité/dif�culté)b) Disposition à migrer pour trouver du travailc) Préavis et versement de la rémunération due en cas de licenciementd) Opinion sur le préavis qui devrait être donné

10. Appréciation du risque de perdre son travail en cas de maladie ou de grossesse

11. Possibilités de travail dans les travaux publics dans la région

12. Opinion sur les mesures de protection sociale susceptibles d’être prises par l’Etata) Indemnités de chômageb) Services sociaux et aides socialesc) Congé de maternité ou de paternité (durée)

Sécurité de l’emploi (caractéristiques du travail du momentet assurance de le conserver) 1. Caractéristiques du travail du moment

a) Activitéb) Lieu de travailc) Régularité du travail

2. Caractéristiques de l’employeura) Secteur d’activitéb) Secteur de l’économie (privé, public)c) Propriété de l’entreprise (entreprise nationale, étrangère)d) Taille de l’entreprisee) Recours à la sous-traitance

3. Contrata) Natureb) Systèmes de sous-traitance ou de marchandagec) Licence exigée pour le travail indépendant

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4. Exercice de plusieurs activitésa) Personne interrogéeb) Autres membres du ménage

5. Changements de travaila) Ancienneté dans le travail du momentb) Changements de travail antérieurs

6. Satisfaction dans le travail du moment à différents égards

7. Appréciation des chances de conserver le travail du momenta) Pour les salariésb) Pour les travailleurs indépendants

8. Importance accordée à la conservation du travail du moment

9. Opinion au sujet des effets de la mondialisation sur le travail

10. Recours à l’aide des enfants dans le travail indépendant et répercussions sur lascolarité

11. Appréciation des chances des femmes de conserver leur travail en cas degrossesse

Sécurité du maintien des qualifications (assurance de pouvoir acquériret conserver une qualification) 1. Formation reçue

a) Formelle (dans le cadre d’un système organisé de formation)b) Non formelle

2. Possibilités de formation dans le travail du moment et en dehors

3. Emploi des quali�cations acquisesa) Emploi des quali�cations acquises dans le travail du momentb) Utilisation d’ordinateurs

4. Opinion sur la formation et les quali�cationsa) Opinion sur le temps de formation et de pratique nécessaire pour le travail du

momentb) Opinion sur la valeur de la formation reçue et des quali�cations acquises par

rapport au travail du moment (adaptées, non adaptées)c) Opinion sur les besoins de formation dans l’avenir

5. Facteurs limitant les possibilités de formation

6. Attentes en ce qui concerne la formation des enfants

Sécurité professionnelle (assurance d’avoir des possibilitésde progression dans la vie professionnelle) 1. Progrès et reculs enregistrés dans la vie professionnelle antérieure

2. Attentes pour l’avenira) Progrès ou reculsb) Nécessité d’acquérir de nouvelles quali�cations

3. Importance accordée à la poursuite du travail ou de la profession exercée

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Les enquêtes sur la sécurité socio-économique 363

Sécurité au travail (conditions de sécurité et d’hygiène)

1. Accidents, maladies et situations de stress liés au travaila) Absences au travail pour cause d’accident, de maladie ou de stress de la per-

sonne interrogéeb) Autres absences au travailc) Absences dues à des activités liées au ménage

2. Surcharge de travail et maîtrise du temps de travaila) Surcharge de travail: possibilité de faire des pausesb) Surcharge de travail: objectifs impossibles à atteindre, longue durée du travail,

horaires différents des horaires normauxc) Pauses autorisées, maîtrise du temps de travail

3. Harcèlement sexuel et autres formes de harcèlementa) Harcèlement sexuel subi au travail par la personne interrogéeb) Harcèlement sexuel subi au travail par d’autres personnesc) Formes de harcèlement subies par les travailleurs indépendants (de la part de

la police, de la ma�a, de la clientèle, des conjoints)d) Pour les travailleurs indépendants: problèmes de licence

4. Sécurité au travaila) Existence de conditions de travail dangereusesb) Utilisation de vêtements ou d’équipement de protectionc) Existence de toilettes et approvisionnement en eaud) Existence d’un service ou d’une commission de sécurité

5. Opinion sur la sécurité au travaila) Opinion sur la sécurité d’ensembleb) Opinion sur la mise en œuvre d’une politique de prévention du harcèlement

sexuel

6. Indemnisation au titre des frais médicaux en cas d’accident au travaila) Existence d’une assurance au travailb) Existence de prestations médicales et de prestations en faveur des familles au

travail

7. Services pour les enfants

8. Opinion sur la discriminationa) Tolérabilité de la discrimination à l’encontre de certaines personnes en ma-

tière de rémunérationb) Tolérabilité de la discrimination à l’encontre de certaines personnes en ma-

tière d’embauchec) Cas de discrimination dont la personne a été témoin

Sécurité de représentation (possibilités d’expressionet d’action collectives dans le travail)1. Syndicats: information et opinion

a) Information sur les syndicats et leur actionb) Information sur le taux de syndicalisationc) Opinion sur les syndicats

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d) Opinion quant à la possibilité de former un syndicat au lieu de travaile) Opinion quant à la possibilité d’adhérer à un syndicat

2. Opinion sur les syndicats

3. Action syndicalea) Existence d’un syndicat et/ou d’un mécanisme de négociation collective au

lieu de travailb) Appartenance à un syndicatc) Activités syndicales personnelles

4. Autres organisations représentant les travailleursa) Organisations connuesb) Appartenance à une telle organisation

5. Relations avec l’employeur

6. Circonstances pouvant appeler une action