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Entreprises et logement : au-delà du 1% Quelles initiatives pour faciliter l’accès au logement des salariés ? Pôle Innovation sociétale Étude 1

Entreprises et logement au dela du 1% - etude ims

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IMS-Entreprendre pour la Cité a réalisé, en partenariat avec l’Institut Nexity pour le Logement, durant l’été 2008, une étude exploratoire sur les enjeux et les initiatives des entreprises en faveur du logement. Il s’agit d’une des premières investigations auprès des entreprises sur ce sujet émergent, qui touche de plus en plus de salariés.

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Entreprises et logement :

au-delà du 1%

Quelles initiatives pour faciliter l’accès au logement des salariés ?

Pôle Innovation sociétale

Étu

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Cadre de l’étude IMS-Entreprendre pour la Cité a réalisé, en partenariat avec l’Institut Nexity pour le Logement, durant l’été 2008, une étude exploratoire sur les enjeux et les initiatives des entreprises en faveur du logement. Il s’agit d’une des premières investigations auprès des entreprises sur ce sujet émergent, qui touche de plus en plus de salariés.

L’étude comportait deux volets : - un volet quantitatif, réalisé à partir d’un questionnaire Internet envoyé aux entreprises du réseau

IMS ; - le deuxième volet – qualitatif – s’appuyant sur des entretiens semi-directifs réalisés avec les

entreprises intéressées par ce sujet.

A partir des éléments obtenus lors de ces deux phases, IMS-Entreprendre pour la Cité a réalisé une première analyse des enjeux qui poussent le monde des affaires à s’intéresser aux problèmes de logement, ainsi que des initiatives mises en place pour aider les salariés à se loger.

Comité Éditorial Composé de :

Olga Gontier Barykina, Chargée d’études, IMS-Entreprendre pour la Cité Léa Durupt, Chargée d’études, IMS-Entreprendre pour la Cité Caroline Lassalle Saint-Jean, Responsable du pôle Innovation Sociétale, IMS-Entreprendre pour

la Cité Alexandra Palt, consultante Institut Nexity pour le logement

Dirigeants & experts interviewés Erkia Benouda, Encadrante en charge du suivi Social, SITA Rebond Frédérique Berthe, Directrice Adjointe chargée des Ressources Humaines, SITA Rebond Suzanne Boé, Directrice du Développement d’Accueil Partenaires, Accor Services Jean-Marc Boulicaut, Chargé de projets, EDF Dominique Cocquet, Directeur Général Adjoint Conseil et développement projets stratégiques,

Euro Disney Georges Dao, Président, Cari José Felix, Directeur des Ressources Humaines, Aldes Aéraulique Philippe de Gibon, Directeur Général, Convers Télémarketing Claire Guiraud, Responsable formation, Jet Multimedia France Anne Hutson, Senior Manager Logement, Euro Disney Philippe Laurent, Directeur Général, Trialp Agnès Lioult, Directrice commerciale, Accor Sevices Yann Orpin, Gérant, Cleaning Olivier Riom, Président Directeur Général, Volutique Marie-Dominique Wormser, Responsable Service Logement, PSA Peugeot Citroën

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CADRE DE L’ETUDE 2

COMITE EDITORIAL 2

DIRIGEANTS & EXPERTS INTERVIEWES 2

SOMMAIRE 3

CONSTATS : LA SITUATION DU MAL LOGEMENT EN FRANCE 4

ENJEUX POUR L’ENTREPRISE 5

TREPRISES AUX PROBLEMES DE LOGEMENT DE LEURS SALARIES 7

PRINCIPALES DIFFICULTES… ET QUELQUES SOLUTIONS 13

MAIS QUI PREND EN CHARGE LE SUJET DANS L’ENTREPRISE ? 15

QUELLES PISTES POUR AVANCER ? 17

Sommaire

REPONSES DES EN

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CONSTATS : LA SITUATION DU MAL LOGEMENT EN FRANCE La France dénombre aujourd’hui plus de 3,3 millions de personnes non logées ou mal logées. Parmi celles qui sont privées de logement personnel, on compte 100 000 personnes sans domicile, 200 000 personnes hébergées suivant des dispositifs collectifs, 100 000 personnes vivant dans des campings, 150 000 personnes hébergées chez leurs proches, et plus de 300 000 qui vivent dans des conditions inadéquates1.

Cette crise du logement se fait ressentir inégalement selon le type de logement recherché. Selon une étude de Nexity datant de janvier 2007, la majorité des français estime qu’il est moins difficile de trouver des logements en accession à la propriété (64%) que des logements en location (75%), des logements sociaux (86%) et surtout des logements d’urgence pour les plus défavorisés (90%)2. Ce sont donc logiquement en priorité les personnes défavorisées, voire en situation de précarité, qui sont les premières impactées par cette crise.

Il est important de noter qu’un grand nombre des personnes mal logées sont des salariés. Elles souffrent le plus souvent d’une situation professionnelle atypique (intérim, temps partiel, cumul de deux jobs…) ou ont été impactées par un « accident de la vie » (divorce, famille monoparentale, maladie, décès…) remettant en cause leur parcours résidentiel. Outre ces situations particulières, un nombre conséquent de salariés est aussi confronté à des prix de loyers très élevés sur des zones tendues.

Cette crise se double d’une inadéquation entre l’offre et la demande immobilière. Si ce sont majoritairement des petits appartements qui pourraient correspondre à la demande des personnes les plus défavorisées, ce sont plutôt de grands logements avec un loyer relativement élevé qui sont le plus souvent disponibles.

1 Source : « L’état du mal-logement en France », Rapport annuel, Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés. 2 Source : « Les français et la situation en matière de logement », étude réalisée pour Nexity par TNS Sofres, Janvier 2007.

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ENJEUX POUR L’ENTREPRISE

Bien que les études les plus récentes tendent à prouver que le phénomène du mal-logement s’amplifie et touche de plus en plus de salariés, seules quelques entreprises pionnières commencent à se sentir concernées par ces difficultés. S’il est vrai que les considérations éthiques jouent pour beaucoup dans la mobilisation des managers, les arguments pragmatiques ne manquent pourtant pas pour motiver les entreprises à passer à l’action. Comme l’explique Jean-Marc Boulicaut, Chargé de projets au Pôle Sociétal de la Direction Développement Durable d’EDF, « l’entreprise a intérêt à agir à ce propos car c’est un élément qui peut être très délicat et dommageable aussi bien pour les salariés que pour elle. Un salarié en situation de mal-logement ou sans logement est en difficulté et rencontrera très probablement des problèmes dans le cadre de son activité professionnelle. J’ai vécu cette situation avec des personnes en contrat d’alternance et de qualification : des jeunes arrivant les matins disant ‘’je n’ai plus de logement’’ avec le risque de devoir dormir dehors ! Ce n’est pas entendable humainement. En plus, on imagine très facilement à quoi cela va aboutir. Quelqu’un qui dort dehors ou n’a pas de logement fixe, très vite il risque de ne plus travailler car il ne se lave plus, il ne dort plus… il n’a plus d’équilibre de vie ».

Parmi les enjeux cités par les entreprises, on recense :

• Le recrutement :

Dans un contexte de vieillissement de la population et de départs massifs à la retraite, certaines entreprises se trouvent confrontées à une raréfaction de la main-d’œuvre. Quand elles sont situées dans des bassins où les logements sont difficilement accessibles – peu disponibles et/ou très chers – elles peuvent ressentir les effets de la crise du logement sur leur politique de recrutement. Comme en témoigne Philippe de Gibon, Directeur Général de Convers Télémarketing, « le logement dans les grandes villes est un vrai problème aujourd’hui. Quand on a besoin de recruter, c’est toujours très difficile de faire venir une personne d’une autre région ». Dans certaines régions, les candidats sont peu nombreux à répondre aux offres d’emploi, les désistements sont fréquents, surtout parmi les candidats les plus qualifiés… Dans ce cas, l’accessibilité au logement peut influencer le développement de l’entreprise.

A noter : le phénomène s’amplifie encore quand s’ajoutent les horaires atypiques et le manque de transports publics.

• La fidélisation du personnel :

Afin d’éviter que les candidats ne choisissent une autre entreprise, certaines sociétés préfèrent proposer des avantages en matière d’accès au logement. Dans le contexte actuel de crise du logement, être en mesure de proposer à des salariés des solutions de logement, temporaires ou à plus long terme, constitue un avantage souvent décisif face à ses concurrents. « La question du logement a des répercussions sur l’ensemble de l’entreprise, notamment au niveau du recrutement. Mais c’est aussi valable pour les salariés qui sont déjà depuis quelque temps dans l’entreprise et qui ne trouvent pas de solutions de logement, notamment pour les jeunes qui ont fondé une famille. Aujourd’hui ce problème atteint un niveau crucial. Le turn-over augmente et commence à avoir une influence négative sur la performance de l’entreprise », explique Georges Dao, Président de Cari.

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• La mobilité et la disponibilité de salariés :

Dans un contexte économique marqué par le nomadisme des entreprises, qui cherchent à optimiser leurs coûts, les délocalisations amènent les entreprises à demander davantage de disponibilité géographique à leurs salariés. Ces derniers doivent pouvoir envisager de déménager vers des quartiers excentrés, ou d’autres régions françaises. L’employeur se doit d’accompagner de tels changements, sans quoi il pourrait subir une perte importante de salariés. « L’action en faveur du logement des salariés est un besoin pour les entreprises et pour leur développement économique. Quand vous n’avez aucun service à apporter à vos salariés par rapport à la mobilité professionnelle, vous n’arrivez pas à les faire bouger, ils ne sont pas mobiles. Le salarié peut accepter de monter en région parisienne, mais le loyer et le transport coûtent deux fois plus cher, et si personne ne l’aide à trouver un logement abordable de manière rapide, comment va-t-il faire ? Il faut accompagner les salariés pour qu’ils acceptent la mobilité comme une chose positive plutôt que comme une difficulté ! », confirme Suzanne Boé, Directrice du Développement d’Accueil Partenaires du Groupe Accor. « L’entreprise doit être souple dans ses effectifs et dans le redéploiement de ses activités. Mais vous ne pouvez faire accepter cette souplesse aux salariés que si vous apportez des services qui vont faciliter leur quotidien. Annoncez donc sa mutation en région parisienne à un salarié qui n’a pas un gros salaire, et vous le verrez se décomposer ! Il n’acquiescera que lorsque vous lui expliquerez que vous allez l’accompagner, qu’il existe des aides pour ça », renchérit Agnès Lioult d’Accor Services.

• L’image d’entreprise citoyenne :

De récentes études ont démontré que les candidats, surtout jeunes, sont plus enclins à postuler pour des entreprises qui attachent de l’importance à leur responsabilité environnementale, sociale et sociétale. Selon une étude réalisée en 2004 par les firmes de consultation britanniques The Work Foundation et Future Foundation, 20 % de la population anglaise place la Responsabilité Sociale des Entreprises au sommet de sa liste de critères de sélection d’un employeur, devant le salaire. Au Québec, l’édition 2006 du Défi Meilleurs Employeurs, un palmarès qui mesure l’engagement des employés envers leur organisation, révélait que les entreprises lauréates étaient perçues comme des entreprises citoyennes par leur personnel. L’aide à la recherche d’un logement, surtout pour les personnes en difficulté et les « travailleurs pauvres », peut donc constituer un axe de la politique sociale de l’entreprise à fort impact en termes d’image.

..… Les enjeux du mal-logement touchent donc les entreprises avec plus ou moins d’intensité selon leurs métiers et territoires d’implantation. Quelles sont les entreprises les plus touchées par cette problématique ? Les entreprises implantées dans des zones où le marché du logement est fortement tendu, des zones qui sont mal desservies par les transports publics, et les entreprises qui pratiquent les horaires décalés et qui emploient des salariés à bas niveau de qualification.

Face à cette situation, certaines entreprises décident de se mobiliser. Georges Dao, Président de Cari, en témoigne : « Je n’aime pas subir. Le problème existe et s’il est vrai qu’on pourrait se plaindre que les pouvoirs publics ne font pas ce qu’il faut, ça ne résout pas le problème. Je préfère me poser la question, ‘’puisque c’est important pour nous, qu’est-ce que nous pouvons faire pour ça ?’’. Cela nous amène à réfléchir ». A l’image de Cari, d’autres entreprises pionnières entament des réflexions pour apporter de l’aide à leurs salariés qui éprouvent des difficultés pour se loger.

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REPONSES DES ENTREPRISES AUX PROBLEMES DE LOGEMENT DE LEURS SALARIES

Face aux problèmes de leurs salariés pour trouver un logement décent et adapté ou tout simplement pour avoir un toit sur la tête, les entreprises ont le choix entre deux moyens d’action : soit aider les salariés à trouver un logement, soit en mettre un à leur disposition.

1. Dispositifs d’aide à la recherche du logement :

Dans la résolution de n’importe quel problème, disposer d’une information complète et fiable constitue une des clés de succès. Ce postulat est d’autant plus vrai pour les démarches touchant à la recherche du logement : ce domaine complexe et caractérisé par une multitude d’acteurs peut dérouter les personnes qui cherchent à se loger. « Il y a une méconnaissance en matière d’accès aux droits. Le système est opaque, mais il y a beaucoup de solutions et de systèmes d’aide. Ces aides de droit commun sont très mal maîtrisées, les gens ne savent pas à qui s’adresser pour les obtenir. C’est ressenti avec plus d’acuité par nos jeunes salariés, les primo-accédants au logement qui sont aujourd’hui la population la plus exposée aux difficultés », regrette Jean-Marc Boulicaut, chargé de projets à EDF. Or, en l’absence d’information complète et adaptée, les projets de logement mal gérés peuvent avoir des conséquences dramatiques. « Les situations découlant de problèmes de logement peuvent s’avérer très difficiles, car mal maîtrisées. C’est normal puisqu’on n’achète pas une maison tous les jours. Mais quand les gens prennent la décision d’acquérir un logement, ils se lancent dans des projets avec quasi aucune info juridique et financière. Je vois des personnes en grande difficulté à cause de projets immobiliers mal montés », témoigne Marie-Dominique Wormser, Responsable du Service Logement chez PSA Peugeot Citroën.

• Information générale

Pour informer leurs salariés sur différents sujets ayant trait au logement, une majorité d’entreprises utilise les canaux existants de communication interne : panneaux d’affichage, journaux internes… Certaines entreprises dotées d’un réseau Intranet l’utilisent pour diffuser des informations sur le logement à leurs salariés. Comme l’explique Marie-Dominique Wormser, Responsable du Service Logement chez PSA Peugeot Citroën, le constructeur automobile « fait une communication sur l’Intranet et également à côté des entrées et sorties des restaurants d’entreprise, dans les ascenseurs et les points de passage importants ». EDF possède un dispositif similaire : « Nous avons un Intranet qui propose entre autres beaucoup d’informations en la matière et qui permet de basculer sur les plateformes du 1% », précise Jean-Marc Boulicaut. Aisément accessibles, ces canaux de communication internes présentent l’avantage de toucher un grand nombre de salariés. Mais, « si l’information en libre service est très utile, il est nécessaire de disposer également de relais pour ne pas être tout le temps face au virtuel », met un bémol Jean Marc Boulicaut.

En outre, certaines entreprises expérimentent un moyen innovant d’information généralisé aux salariés : les Forums Logement. Ces forums ont pour but de mettre en relation les salariés avec les principaux acteurs du logement - notaires, banques, agences immobilières -, afin de faciliter la circulation d’information sur les questions relatives au logement. Un dispositif de ce type a été mis en place par PSA Peugeot Citroën. Marie-Dominique Wormser, Responsable du Service Logement, apporte quelques précisions sur le fonctionnement de ces événements, pendant lesquels le groupe ne

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se limite pas à renseigner les salariés, mais leur apporte également quelques services supplémentaires : « Je réunis différents acteurs de l’immobilier : les organismes de 1%, des banques avec qui on a négocié des taux d’intérêts attractifs, des notaires afin qu’ils répondent aux questions des salariés. Vu qu’aujourd’hui il y a de grands chantiers sur l’économie d’énergie et la rénovation de l’habitat, nous invitons aussi EDF, GDF, l’Agence Economie d’Energie et les promoteurs immobiliers ».

Le constructeur automobile a décidé d’aller plus loin dans sa démarche d’information des salariés sur les questions de logement. En parallèle avec les Forums Logement, il a mis en place des Conférences Logement, des rencontres dédiées à des thématiques en rapport avec l’acquisition de logement et le parcours résidentiel des salariés. Marie-Dominique Wormser, qui est à l’origine de ce projet, explique la démarche : « J’ai mis en place ces rencontres face aux situations difficiles de nos salariés liées à leurs parcours résidentiels. La dernière avait pour thème ‘’le logement à deux’’. Elle était abordée sous différents angles : que l’on soit locataires ou propriétaires, en concubinage ou marié, avec ou sans contrat de mariage. L’objectif était que les gens prennent conscience de l’incidence de leur situation personnelle sur la décision de se loger à deux. On a fait également des conférences sur le financement d’une acquisition ou la VEFA3 au cours de laquelle on a abordé les difficultés avec des promoteurs, les surprises rencontrées en cours de constructions ».

• Un accompagnement et un conseil individualisés

Outre l’information d’ordre général, les entreprises mettent également en place des services d’accompagnement personnalisé, adaptés aux cas spécifiques de chaque salarié.

En premier lieu, l’entreprise peut aider ses salariés à constituer leurs dossiers de demande de logement. Erkia Benouda, Encadrante en charge du suivi social de SITA Rebond, entreprise d’insertion du groupe SITA4, précise les démarches d’accompagnement en faveur des salariés : « Dès l’entrée du salarié à SITA Rebond, on fait le point sur sa situation sociale, on détermine quel type de demande d’hébergement ou de logement on va mettre en place et les procédures à suivre. En fonction de chaque demande, il y a plein de petits critères qu’il faut respecter et on fait chaque dossier en adéquation avec ces critères. On encourage les salariés à faire une première demande auprès de la mairie pour obtenir un numéro départemental qui leur permettra de continuer leurs démarches auprès de la mairie et de la préfecture, mais aussi auprès des organismes immobiliers sur toute la région Île-de-France. S’ensuit toute la partie de contacts téléphoniques et administratifs : on accompagne les salariés pour remplir les dossiers de demande de logement, pour pouvoir faire les dossiers auprès de la CAF, de Locapass, du FSL (Fonds Social de Logement) ».

Véritable parcours du combattant, notamment pour des personnes ne connaissant pas tous les rouages institutionnels, les démarches ayant trait à la recherche d’un logement peuvent être considérablement facilitées par l’entreprise. Elle joue alors le rôle d’intermédiaire entre les organismes spécialisés et le salarié, pour pallier le manque d’information de ce dernier, mais également pour donner plus de poids à son dossier. « Nous aidons nos salariés, nous mobilisons toutes les aides qui existent sur ces dossiers. Beaucoup de gens sont prêts à se porter caution ou à accompagner les salariés, mais il est difficile de les mobiliser. L’entreprise essaie de mettre en relation le salarié et ces personnes pour faciliter les démarches », explique José Felix, DRH d’Aldes Aéraulique.

3 VEFA : Vente en État Futur d’Achèvement 4 Filiale de SUEZ Environnement

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L’accompagnement - professionnel et formalisé - mis en place par SITA Rebond est pour l’instant peu répandu dans d’autres entreprises, notamment dans les petites structures. Disposant de peu de moyens, les PME optent pour une aide plus informelle mais pas moins efficace. Olivier Riom, Président Directeur Général de Volutique, PME spécialisée en aménagements intérieurs, témoigne : « Les salariés qui ont des problèmes de logement se débrouillent eux-mêmes, et ils viennent me voir pour obtenir des aides ou le financement par le 1 %. Nous les mettons en contact avec notre organisme, le CIL, et faisons l’intermédiaire ».

L’aide financière constitue une autre modalité d’accompagnement par l’entreprise. Cette étude a permis de recenser plusieurs modalités : si certains groupes réservent cette aide financière aux publics en difficulté (par exemple, les personnes ayant connu des accidents de parcours), d’autres la proposent à l’ensemble du personnel. L’action d’EDF en donne une illustration : « EDF met en place dans certaines conditions des indemnités logement qui viennent soutenir la mobilité géographique. Elles sont beaucoup utilisées pour favoriser la mobilité géographique et fonctionnelle, qui est souhaitée et favorisée dans notre Groupe. Dans un autre registre, en matière d’acquisition, il y a des possibilités d’accès à des prêts à taux préférentiel qui couvrent une partie des sommes nécessaires pour l’achat », précise Jean-Marc Boulicaut d’EDF.

Dans ce domaine, La Poste a mis en place un dispositif très intéressant, qui combine une aide généralisée avec un appui financier aux salariés les plus démunis. Ainsi, avec la signature d’un accord social triennal en faveur du logement des postiers en juillet 2006, le groupe a instauré le principe d’une aide financière aux salariés nouvellement recrutés. Après son embauche en CDI, chaque salarié du groupe reçoit un courrier lui indiquant le droit à cette aide, allant jusqu’à 200 euros mensuels. La Poste a également décidé d’intégrer dans l’accord social une aide financière aux salariés en situation délicate en matière de logement. Le versement de cette ‘’aide sur quittance’’ est conditionné par un examen préalable par le réseau des Assistantes Sociales de La Poste de la situation individuelle du salarié. Une dotation budgétaire de 400 000 euros par an sur la durée de l’accord est affectée au financement de ce dispositif.

En incluant dans les aides financières les avances sur salaire, il est possible de constater que les aides financières aux salariés pour accéder au logement sont pratiquées de façon plus ou moins régulière par certaines entreprises… Frédérique Berthe de SITA Rebond justifie cette démarche : « On n’est pas une banque, mais on fait des avances sur salaire. Ce sont des petits prêts, mais on ne le fait que quand c’est vraiment justifié, si la personne est prise à la gorge ».

Parallèlement aux aides financières, l’entreprise peut également se porter garante pour le salarié qui souhaite louer un logement. Ce genre de démarches est très apprécié par les bailleurs, qui sont rassurés par la caution de l’entreprise, directe ou réalisée à travers le dispositif de Locapass (dispositif du 1% logement permettant à l’entreprise de constituer un dossier d’avance et de garantie de loyer pour les personnes qui souhaitent accéder au parc locatif privé). « On fait l’intermédiaire et on aide les gens qui ne sont pas capables de se loger dans le parc privé compte tenu de leurs revenus. On prend contact avec le bailleur pour le rassurer. Mais on peut également remettre au salarié les produits du 1% logement, notamment la garantie Locapass. Parfois ce produit est méconnu des bailleurs et nous les appelons pour le leur expliquer et les rassurer », explique Marie-Dominique Wormser de PSA Peugeot Citroën.

Enfin, certaines entreprises proposent à leurs salariés des sessions de formation ou du coaching pour les former aux techniques de recherche de logement. Ainsi, les ateliers proposés par des associations comme Emmaüs ou Habitat & Humanisme, visent à donner des outils techniques aux personnes en difficulté de logement afin qu’elles puissent mener leur propre recherche dans les

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meilleures conditions. Ces ateliers poursuivent un double objectif : faire connaître aux participants les droits et devoirs du locataire, tout en facilitant l'accès au logement de droit commun à des personnes à faibles ressources. Il s’agit de « casser » la logique d’assistance dans laquelle ces personnes se trouvent recluses pour passer à une logique d’acteur de leur propre demande. Des entreprises comme SITA Rebond envisagent des partenariats avec des associations qui organisent des ateliers similaires pour mieux armer leurs salariés face à la complexité des démarches à accomplir.

Avec le même objectif, depuis avril 2007, le Fonds d'Action Sociale du Travail Temporaire (FASTT) a lancé une formule pilote consistant à mettre à disposition de ses salariés intérimaires un coaching de recherche de logement à travers une plateforme téléphonique. Le coaching se déroule en plusieurs étapes : la réalisation d’un diagnostic, suivie d’une analyse de la situation et l’élaboration d’un plan d’actions. Les intérimaires reçoivent également un kit de constitution de dossier qui leur permet de déposer auprès du bailleur un dossier complet et « parfait », ce qui augmente significativement leurs chances d’obtenir un logement. Une évaluation intermédiaire a révélé que la pertinence du conseil et la dimension coaching ont été particulièrement bénéfiques pour les personnes concernées. Devant les résultats probants de cette initiative, elle sera étendue sur l’ensemble du territoire.

2. Mise à disposition de logements

Certaines entreprises possèdent un parc immobilier qu’elles peuvent mettre à disposition de leurs salariés en situation difficile par rapport au logement. On y trouve, bien sûr, les entreprises de service public, comme la SNCF. La tendance actuelle parmi ces entreprises est à la vente de leur parc immobilier, notamment pour se concentrer sur leur cœur de métier, mais également parce que « les salariés préfèrent l’autonomie, être à l’extérieur des enceintes… ». Dans un mouvement inverse, des entreprises privées commencent à acheter ou construire des logements pour les proposer à leur personnel. Au début de l’été 2008, l’initiative du supermarché Leclerc de Saint-Nazaire a fait beaucoup parler d’elle. Constatant les difficultés de certains de ses salariés à se loger, le directeur du magasin a décidé de faire construire un immeuble à proximité du centre commercial. Loïc Rigault, Directeur de l’hypermarché Leclerc, raconte : « La flambée des prix du logement a amené les salariés à devoir se loger plus loin et à devoir faire des trajets de plus de 20 à 30 km en voiture pour venir travailler. De plus, les propriétaires sont très frileux pour louer, et le prix du carburant a tellement augmenté que j’ai souhaité trouver une solution pour nos salariés. Mais il faut dire que j’avais un terrain disponible à côté du magasin ». Dés le départ, le directeur a impliqué les représentants du personnel et les salariés dans sa démarche. Afin d’étudier la viabilité de son projet, il a sollicité le personnel afin de lui demander quelles étaient ses attentes et demandes : « J’ai demandé au Comité d’entreprise d’interroger les salariés et de faire un état de lieux de leurs difficultés à trouver un logement. Je voulais également savoir s’ils me faisaient confiance si je leur proposais de les loger dans un immeuble construit par nos soins, à côté du magasin ». L’étude a abouti sur une réponse favorable à cette initiative. Le projet a donc été lancé : le nouvel immeuble comptera une vingtaine de logements, des T1, T2 et T3, pour un coût d’environ deux millions d’euros. Le directeur de l’hypermarché souligne que les loyers seront très bas, dans la moyenne, voire moins chers que les loyers HLM. Priorité sera donnée aux couples travaillant dans l’entreprise, aux personnes démunies ou en difficulté temporaire.

D’autre part, les entreprises pour qui le développement d’un parc immobilier est impossible à réaliser ont la possibilité de mutualiser leurs efforts avec d’autres entreprises du bassin d’emploi, confrontées à des problématiques similaires. La mise en commun des ressources leur permet

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d’envisager des projets bien plus ambitieux. Surtout si une grande entreprise vient se joindre à eux, comme cela a été le cas pour les entreprises de la plateforme aéroportuaire de Roissy-Charles de Gaulle, soutenues par Aéroports de Paris (ADP). L’entreprise a initié en 1995 la création de l’association ‘’Comité habitat’’. Cette association, subventionnée par l’entreprise, rassemble :

- les PME de la zone aéroportuaire qui mutualisent le 1% logement au sein de l’association ; - le collecteur du 1% ; - les bailleurs sociaux ; - les grandes entreprises du bassin d’emploi qui mettent leur contingent de réservations non-

utilisé sur la zone dans un pot commun ; - Aéroports de Paris qui, au-delà d’une subvention financière, met à disposition des

compétences. S’adressant aux 75 000 salariés et aux 700 entreprises de l'aéroport, l’association intervient pour toutes les questions ayant trait au logement du personnel des entreprises installées sur l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, et a pour but de faciliter leur accès à l'information juridique et financière. ‘’Comité Habitat’’ facilite également la rencontre, les échanges et la coordination des "partenaires logement" en vue d'apporter des réponses aux besoins exprimés sur l'aéroport. En 2007, grâce à l’action de cette association, 86 salariés ont été logés en locatif conventionné et 78 salariés ont signé des prêts accession.

La solution peut également venir des pouvoirs publics sous forme d’un partenariat public-privé, comme en témoigne l’exemple d’Euro Disney. L’entreprise emploie une très grande majorité de CDI (90%) mais fait également appel, comme toute entreprise du secteur touristique, à de jeunes salariés sur une base saisonnière, dont un bon nombre rencontrent des difficultés d’accès au logement. C’est pour faire face à ces difficultés de logement que l’entreprise explore l’idée de créer une offre de logements temporaires en accession sociale. La première étape est de s’engager dans une mutualisation des moyens entre acteurs privés et publics. Pour ce faire, Euro Disney se rapproche du Ministère du tourisme. Ensemble, ils cofinancent la construction d’un nouveau produit social : les ‘’Resid’étapes’’. Ce sont de petits studios individuels, accessibles sur la base d’un loyer équivalent aux loyers HLM ou logements sociaux. Ces résidences ont vocation à être habitées temporairement : la durée de location est de 24 mois maximum. Historiquement, le premier collecteur du 1% ‘’Construire à l’Est de Paris’’, a été le premier partenaire d’Euro Disney pour monter, financer et gérer les "Résid'étapes", en mobilisant les fonds du logement social. Depuis Euro Disney a développé d’autres résidences de ce type avec d'autres partenaires, comme Expansiel.

Initiateur de ce projet public/ privé, Euro Disney est également force de remplissage : l’entreprise a un droit de réservation pour remplir les résidences. Selon Dominique Cocquet, le facteur clé de succès de cette initiative réside dans le partenariat entre acteurs publics et acteurs privés : « En fédérant les acteurs publics et privés, nous avons réussi à créer un système qui déspécialise le logement temporaire, par rapport à la catégorisation sociale. L’important est de créer une bonne interface entre le privé et le public ». Depuis 2003, 3 ‘’Resid’étapes’’ ont été construites. Cela apporte une capacité de logement de 335 studios, tous meublés, avec un loyer modéré. Preuve de son succès, de nouvelles résidences se construisent actuellement, avec l’ouverture en 2008 de 2 autres résidences de ce type. La mutualisation s’est également étendue à d’autres entreprises privées implantées dans le même bassin d’emploi.

Enfin, l’entreprise peut louer des logements à des constructeurs immobiliers. C’est le cas de Cari qui, il y a 4 ans, a loué 6 appartements à un organisme social. Le principe est de louer ces logements de façon temporaire, sur une durée de 6 mois maximum. Les logements sont donc principalement

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affectés à des salariés recrutés en période d’essai, en déplacement dans d’autres régions ou stagiaires. Dans tous les cas, Cari se porte garant de la location, et lorsqu’un appartement est inoccupé, c’est l’entreprise qui paye le loyer à l’organisme.

Au début, le concept était assez mal compris dans l’entreprise, mais aujourd’hui la demande est telle que les appartements sont complets en permanence, et dès qu’un logement se libère il est tout de suite repris. Georges Dao, Président de Cari, raconte : « Au début, les gens étaient réticents. Il a fallu 6 mois pour que le concept soit compris dans l’entreprise et que les gens se rendent compte de l’intérêt de l’outil. Maintenant tout le monde le connaît et appelle la personne référente pour pouvoir en bénéficier ». Aujourd’hui, le succès est tel que Cari envisage de prendre de nouveaux appartements si l’organisme renouvelle son programme de location.

Certaines entreprises ont d’ailleurs pris conscience des besoins des salariés en matière d’hébergement et créent des services adaptés. C’est par exemple le cas d’Accor qui a participé à la création de résidences hôtelières pour les salariés en mobilité qui peuvent être hébergés temporairement, en attendant de trouver un logement pérenne. Ces résidences, de catégorie économique, sont composées de studios pour des personnes seules et autonomes, entièrement meublés et équipés : kitchenette, coin bureau, canapé-lit, toilettes et douche. Elles peuvent accueillir temporairement les salariés loin de chez eux : salariés en formation de longue ou moyenne durée, intérimaires, salariés en mobilité ou en mutation qui étaient en province et qui reviennent en région parisienne… Elles concernent également les agents de la fonction publique (les agents stagiaires, en mutation ou en mobilité). « C’est du dépannage, une solution provisoire qui permet de chercher un logement pérenne », explique Agnès Lioult d’Accor Services. Les premières résidences hôtelières vont ouvrir en janvier 2009 à Goussainville, dans le Val d’Oise, bassin d’emploi très prisé des entreprises, et au centre d’Evry, dans l’Essonne. A terme, d’autres résidences ouvriront en région parisienne, puis dans des grandes villes du nord de la France, en PACA et en Rhône Alpes.

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PRINCIPALES DIFFICULTES… ET QUELQUES SOLUTIONS

Malgré la diversité des initiatives qui peuvent inspirer les employeurs désireux d’aider leurs salariés à se loger, les entreprises ayant effectivement mis en œuvre des actions de ce type sont pour l’instant peu nombreuses. En effet, les difficultés à surmonter pour mettre en place une démarche en faveur du logement ne manquent pas.

Le premier obstacle rencontré par les entreprises est, comme le souligne José Félix, DRH d’Aldes Aéraulique, de « trouver des logements compatibles avec les demandes de nos salariés ». Suzanne Boé, Directeur Développement de l’Accueil Partenaires, chez Accor, résume la situation : « aujourd’hui il n’y a pas assez de logements sociaux et de logements de petite taille ».

Bien évidemment, le manque de moyens se trouve également en haut de la liste des raisons évoquées par les entreprises pour expliquer leurs difficultés. Comme en témoigne Olivier Riom de Volutique, « ce qui manque c’est le temps pour s’en occuper et puis le financement de l’opération. Il y a déjà le 1 % logement ». Cette opinion est partagée par 38% des entreprises qui ont participé au volet quantitatif de l’étude IMS-Entreprendre pour la Cité. Les principales entreprises affectées par l’insuffisance de ressources sont les PME. Philippe de Gibon de Convers Télémarketing en donne une illustration : « Nous sommes une PME et nous n’avons pas de moyens importants à consacrer à cette question ».

Or, les moyens nécessaires au traitement des demandes de salariés peuvent s’avérer considérables, car comme le souligne Marie-Dominique Wormser de PSA Peugeot Citroën, « les questions posées par les salariés et leurs problématiques sont très différentes. Chaque cas est différent, il faut s’adapter. On ne peut pas être sur les solutions standardisées. On ne peut pas dire qu’on a une gamme bien établie de solutions pour loger les salariés ».

L’identification des bénéficiaires de ces démarches pose également problème. Mais dans ce domaine, les difficultés rencontrées par les PME sont diamétralement à l’opposé de celles que rencontrent les grands groupes. Comme l’explique Philippe Laurent, Directeur Général de Trialp, la principale problématique est « d’identifier les problématiques de logement des employés. Il est clair que l’on n’a pas forcément connaissance des besoins de certains salariés. Et eux, ils ne connaissent pas forcement ce que l’on peut leur proposer ».

En revanche, les services logement des grandes entreprises sont victimes de leur succès et tellement submergés par les demandes qu’ils ont parfois du mal à aider les personnes qui en auraient le plus besoin. Marie-Dominique Wormser de PSA Peugeot Citroën raconte : « Nous sommes une grande entreprise et les gens s’imaginent que l’on va leur trouver des logements superbes et pas chers ! Il faut mettre des limites à ces personnes. La solution consiste à cibler le public et bien définir les populations que l’on appuie. On devrait plutôt soutenir les gens en très grande difficulté qui ne peuvent pas s’en sortir seuls ou les gens en mobilité professionnelle à l’initiative de l’entreprise. C’est normal qu’on les soutienne dans leurs recherches. Mais il ne faut pas accepter les demandes de confort ».

Alors, face à ces difficultés, quels conseils pourraient aider une entreprise qui souhaite entamer une démarche en faveur du logement de ses salariés ? Selon Philippe Laurent, Directeur Général de Trialp, la principale clé de succès réside dans la simplicité des dispositifs. Pour lui, les solutions proposées par l’entreprise doivent être « simples et pratiques. Quelque chose de facilement

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accessible pour les salariés, avec une réelle efficacité et qui ne soit pas trop complexe à mettre en place ».

Il est également nécessaire d’accompagner la mise en place de ces dispositifs par une communication adaptée, basée sur des messages accessibles. « Comme pour tout ce qui est innovation, il faut énormément communiquer, informer, expliquer pourquoi on le fait et comment cela fonctionne », décrit Georges Dao de Cari. « Naturellement, tout le monde met un peu de freins à tout ce qui est innovant. Même si l’innovant paraît attractif. Il faut communiquer et expliquer ». Une approche empirique et un discours basé sur les preuves peuvent s’avérer nécessaires pour lever l’opposition de ceux qui considèrent que les questions de logement se trouvent hors de la compétence de l’entreprise. « Quand on fait des actions qui ne sont pas directement liées à la production, il y a des personnes qui disent ‘’c’est au détriment de la production, ce n’est pas à l’entreprise de s’en occuper, on perd du temps, ça coûte de l’argent’’. Il n’est pas évident de démontrer qu’en faisant des actions de ce type, on favorise la production et que les bénéfices sont là, directement ou indirectement », témoigne Georges Dao. Quant aux messages destinés aux potentiels bénéficiaires des dispositifs en faveur du logement, ils doivent être aussi détaillés et pédagogiques que possible. Jean-Marc Boulicaut d’EDF explique : « Ces aides ne sont pas des robinets ouverts d’où l’eau coule à flot. Les refus génèrent de la frustration chez les personnes qui ne remplissent pas les critères d’accès aux aides. La frustration doit être résolue en amont, lors de la communication. Chacun doit savoir ce à quoi il peut prétendre. Si les règles sont claires, elles sont comprises ».

Comme dans toutes les démarches touchant à des questions sociales, les actions en faveur du logement de salariés ont plus de chances de réussir si l’entreprise sait établir des relations constructives avec les principaux partenaires. Respect, confiance et collaboration, tels sont les maîtres mots qui régissent les rapports entre l’entreprise et les autres acteurs qui interviennent sur les questions de logement. Cela suppose en effet une vraie relation de confiance entre les organismes collecteurs et l’entreprise. Frédérique Berthe de SITA Rebond va jusqu’à parler d’une « chaine de solidarité avec les personnes qui travaillent sur le logement : les réseaux, les carnets d’adresse, les assistantes sociales, les PLIE, les missions locales, les associations qui accueillent les plus démunis et l’ANPE… Ils peuvent nous donner des filons, de façon à pouvoir mieux accompagner le salarié vers des solutions de logement ou d’hébergement ».

Néanmoins, la principale clé de succès reste l’identification d’interlocuteurs dédiés au sein de l’entreprise, vers qui les salariés en difficultés de logement peuvent se tourner pour tout conseil ou information. Selon Frédérique Berthe de SITA Rebond, « il n’y a rien d’extraordinaire ! Il suffit d’embaucher une personne qui a l’habitude de l’accompagnement, qui se débrouille ». Plus que des compétences spécifiques, ce sont des qualités personnelles qui constituent le profil d’un ‘’référent logement’’ : « Il faut quelqu’un de persévérant, qui soit là, qui suit ses dossiers, sans faillir. Les premières démarches ne donnent rien. Puis, à un moment, les portes commencent à s’ouvrir. C’est un acharnement pour arracher les réponses à l’administration, il faut faire bouger le ‘’dinosaure’’ : des relances téléphoniques, par courrier, des recommandés qui repartent, joindre les élus au logement… », explique-t-elle.

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MAIS QUI PREND EN CHARGE LE SUJET DANS L’ENTREPRISE ?

Dans la majorité des entreprises, notamment les PME, le soutien aux salariés n’est pas institutionnalisé. Il peut par exemple s’agir de l’appui du chef d’entreprise au dossier d’un salarié, qui se fait ainsi l’intermédiaire entre le salarié et les bailleurs sociaux. Bien que non formalisé, ce soutien aide bien souvent à dégripper des situations jusque-là bloquées. Philippe de Gibon, Directeur Général de Convers Télémarketing témoigne : « Je m’en occupe moi-même, on aide nos salariés dans les formalités, la constitution des dossiers… Récemment, je suis intervenu auprès de mon interlocuteur du 1% patronal pour un de mes salariés qui avait fait un prêt d’accession à la propriété, pour donner un peu plus de poids à son dossier et pour que le prêt lui soit accordé. Je ne sais pas si sans cette démarche il aurait obtenu ce prêt, mais j’ai préféré prendre les devants ».

Il peut également s’agir de l’équipe RH. Par exemple, à Trialp, PME de 85 salariés spécialisée dans le tri et la valorisation de déchets, « il y a deux personnes à la DRH qui sont chargées de répondre aux salariés sur ce type de demandes », précise son Directeur Général Philippe Laurent.

Travaillant avec les données personnelles des salariés, les responsables du personnel sont souvent les premiers à être mis au courant si un des employés rencontre des problèmes de logement. Mais ces RRH ne possèdent pas toujours le savoir-faire nécessaire pour apporter de l’aide sur la question du logement. Dans les entreprises régulièrement confrontées à ces problèmes, certains membres de l’équipe RH acquièrent progressivement la connaissance du système et deviennent des référents - plus ou moins formalisés - sur ces sujets, base d’un futur service logement.

Certaines entreprises – surtout de grands groupes ayant de l’ancienneté sur le marché français – ont dépassé le stade d’aides ponctuelles. Devant le caractère systématique des demandes d’aides au logement, elles ont mis en place de véritables services logement, structures en charge d’informer et d’orienter les salariés. A titre d’exemple, PSA Peugeot Citroën a mis en place une structure de ce type, dont Marie-Dominique Wormser, sa responsable, explique le fonctionnement : « Nous sommes un service rattaché aux ressources humaines. On s’occupe de salariés de toutes catégories sociales confondues – ouvriers, cadres supérieurs en mobilité. Selon leurs ressources et attentes, on les aide à trouver un logement soit dans le parc social pour des personnes n’ayant pas de gros revenus, soit dans le parc privé pour des cadres en mobilité. Nous sommes 4 personnes pour toute la région Île-de-France et nous avons un encours de 350-400 logements. Nous recevons 2 000 demandes par an, et nous arrivons à loger de 50 à 60 % des demandeurs ».

Référents dédiés à ces questions, les responsables de service logement possèdent souvent une bonne connaissance de l’organisation et du fonctionnement du 1% logement. Selon Marie-Dominique Wormser, « il faut une fine connaissance des marchés pour savoir sur quel secteur et quel type de parc on peut orienter chaque personne en fonction de sa situation. C’est un métier qui nécessite un vrai savoir-faire et un réseau important ». Cette profonde connaissance du système, combinée à un conseil individualisé, est très appréciée par les salariés qui connaissent peu le système et se sentent perdus face à sa complexité et découragés par la lenteur des démarches. « Il ne faut pas lâcher le dossier, si vous lâchez, il part aux oubliettes. Il est nécessaire de faire régulièrement des relances, demander à voir physiquement les élus, se déplacer dans les mairies, il faut y aller au culot », précise Erkia Benouda de SITA Rebond. « Cela nous est arrivé de demander des entretiens avec des adjoints au maire », insiste Frédérique Berthe.

Dans certaines entreprises, l’action du service logement est complétée par les interventions d’équipes d’assistants sociaux, qui s’occupent plus particulièrement des salariés les plus démunis.

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Il n’est pas rare que le service logement et les assistants sociaux travaillent en collaboration sur les mêmes dossiers concernant les logements en accession sociale. Les entreprises insistent sur la nécessité d’un travail en équipe de tous les acteurs de l’entreprise touchant de près ou de loin aux problèmes de logement : la RH locale, le médecin de travail, le service logement et l’assistante sociale….

Bénéficiant de rapports privilégiés avec les salariés, ces acteurs ont néanmoins besoin de l’appui des managers, souvent les premiers à pouvoir détecter qu’un membre de leur équipe ne dispose plus de logement. « Quand on est sur des situations de détresse ponctuelles, on touche à la question du lien managérial », explique Jean-Marc Boulicaut d’EDF. « Il est essentiel que le management puisse écouter les problèmes des collaborateurs. Détection, écoute et prise en compte, tels sont les maîtres-mots. Néanmoins, le manager ne sait pas tout gérer lui-même et il est important qu’il sache sur qui il faut s’appuyer », conclut-il, mettant l’accent sur la nécessité d’un travail en équipe.

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QUELLES PISTES POUR AVANCER ? Bien que les démarches en faveur de l’accès au logement des salariés soient pour l’instant assez timides, et les entreprises à les mettre en place encore peu nombreuses, le début de la prise en compte de ces problématiques est d’ores et déjà posé.

Les actions d’entreprises pionnières soulèvent une controverse au sein du monde des affaires : n’est-il pas du ressort des pouvoirs publics de prendre en charge ces sujets ? En agissant à leur place, le secteur privé ne l’encourage-t-il pas dans l’attitude attentiste ? Ces initiatives n’approfondiraient-elles pas le fossé entre les grandes entreprises et les petites structures qui ne disposent que de peu de moyens ? L’entreprise, bien que guidée par les motivations humaines, a-t-elle le droit de s’immiscer de cette façon dans la vie privée de ses salariés ? Marie-Dominique Wormser de PSA Peugeot Citroën résume bien ce dilemme : « C’est une question très délicate, on renvoie à l’entreprise la gestion des questions personnelles des salariés. Il faut rester mesuré. Jusqu’où peut-on s’impliquer ? ».

Face à ces questions qui restent pour l’instant sans réponse, certaines entreprises décident de prendre les devants et affirment la nécessité d’agir sans attendre la construction (trop éloignée dans le temps ?) d’un consensus. Comme l’affirme Georges Dao, le Président de Cari, « le problème ne date pas d’aujourd’hui. Malgré la volonté affichée du Président de la République, je pense que l’administration va mettre du temps avant de le régler. Donc, si nous voulons garder nos performances, nous allons être obligés de le faire, au moins pendant la période transitoire. J’ai parlé avec des entreprises de Sofia Antipolis : elles ont des problèmes de recrutement pour certains postes et se disent qu’elles seront peut-être obligées à délocaliser vers d’autres pays si elles n’arrivent plus à embaucher pour assurer leur développement ! C’est une problématique de survie pour ces établissements ».

D’autres entreprises, rebutées par la politisation de la question du logement, préfèrent ne pas communiquer sur leurs actions en faveur du logement de leurs salariés. Comme l’explique José Felix, le DRH d’Aldes Aéraulique, l’action de cette entreprise en faveur du logement de ses salariés « n’est pas le fait du hasard. Nous écoutons les problèmes et nous essayons d’y répondre. Mais nous n’avons pas envie d’être identifiés ou étiquetés comme une entreprise faisant quelque chose dans ce domaine… ».

Cependant cette réticence à communiquer sur l’engagement en faveur du logement des salariés ne signifie pas que les actions seront stoppées et ne connaîtront pas d’évolutions. D’ores et déjà certaines entreprises commencent à réfléchir aux suites à donner aux actions existantes, afin d’amplifier leur impact.

Une des pistes envisagées est la prise en compte du bien-être de ses salariés dans son ensemble, en abordant simultanément la question du logement, du transport, du déplacement et de la garde d’enfants. En effet, c’est le cumul de toutes ces difficultés d’organisation de la vie quotidienne des salariés qui a un impact significatif sur l’activité des entreprises. Et bien souvent, comme le constate Marie-Dominique Wormser, Responsable Service Logement chez PSA Peugeot-Citroën, ces trois temps de la vie quotidienne ne vont pas l’un sans l’autre : « Ce sont des sujets importants. Les gens ont des difficultés pour trouver un logement accessible, car souvent cela signifie aller très loin, avec des problèmes de transport et de garde d’enfant qui vont avec. Certaines entreprises se dotent de crèches pour accueillir les enfants de leurs salariés, mais si ces derniers habitent très loin c’est très fatiguant pour les enfants ». Georges Dao de Cari partage ce point de vue et voit le futur de ces

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démarches dans la conciliation des différents temps de vie: « A partir du moment où les entreprises vont s’occuper aussi de logements pour les actifs, je pense qu’elles vont le faire dans un cadre plus large, par exemple sous l’angle de déplacements travail-domicile. Si je faisais des logements pour des actifs, j’essayerai de les faire proches de l’endroit où les gens travaillent ».

Pour aller plus loin donc, et pour affirmer son engagement en tant qu’entreprise socialement responsable, une réflexion sur l’articulation entre ces trois temps de la vie personnelle et professionnelle - logement, transport, garde d’enfants - est donc à mener. Ainsi l’entreprise, tout en favorisant le quotidien de ses salariés, pourra démontrer son rôle d’acteur engagé au cœur de la société, dans une démarche gagnant-gagnant.

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Créé en 1986, IMS-Entreprendre pour la Cité fédère un réseau de près de 200 entreprises en les accompagnant dans leurs démarches d’Engagement Sociétal. L’association aide les entreprises à développer des initiatives génératrices d’une plus grande équité sociale et créatrices de valeur pour les territoires où elles sont implantées : accès à l'emploi des publics en difficulté ou potentiellement discriminés, notamment dans les quartiers sensibles ; promotion de la diversité ; partenariats de solidarité ; innovations en faveur des clients pauvres, soutien au développement socio-économique local… Plus largement, l’IMS invite les entreprises à ouvrir de nouvelles voies de collaboration avec les autres acteurs de la Cité. L’objectif est de les aider à bâtir des démarches d’Engagement Sociétal véritablement en phase avec leurs enjeux et les nouvelles attentes de la société.

IMS-Entreprendre pour la Cité 141, avenue de Clichy 75 017 Paris

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