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Épidémiologie et impact médico-économique des cervicalgies Anne-Christine Rat a , Francis Guillemin a, * a EA3444, service d’épidémiologie et évaluation cliniques, hôpital Marin, 92, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy, France Reçu le 10 mai 2004 ; accepté le 18 mai 2004 Disponible sur internet le 28 juillet 2004 Mots clés : Épidémiologie ; Cervicalgies ; Incidence ; Prévalence ; Coût Keywords: Epidemiology; Cervical pain; Incidence; Prevalence; Cost Les cervicalgies comptent parmi les pathologies rhumato- logiques les plus fréquentes dans les pays occidentaux. L’étude de la prévalence, de l’incidence et des facteurs de risque des cervicalgies rencontre cependant plusieurs diffi- cultés. Les systèmes de classification des cervicalgies et des pathologies des membres supérieurs qui ont été publiés sont très imparfaits [1], la définition des cervicalgies, la topogra- phie des douleurs prises en compte, l’intensité des douleurs, la formulation des questions et de la durée des symptômes varient suivant les études. Celles-ci associent parfois plu- sieurs localisations (cervicalgies et douleur d’épaule, cervi- calgies et lombalgies) [2–7]. De plus, la méthodologie, les mesures, les objectifs des études, les populations étudiées sont différentes et rendent les comparaisons difficiles. Les différences de prise en charge [8,9] et de compensation entre les pays sont importantes à prendre en compte en particulier dans les cas de cervicalgies post-traumatiques. En fait, une modification des chiffres de prévalence peut ne pas refléter un réel changement et est fortement influencée par une ab- sence de définition précise de la maladie, un changement culturel d’acceptation ou de prise de conscience de la mala- die, une modification des comportements envers la consom- mation de soins et une modification des croyances et prati- ques médicales. Il est dommage que les études ne distinguent que rarement les atteintes invalidantes des cervicalgies béni- gnes car les conséquences de l’affection (handicap, arrêts de travail, incapacité au travail et utilisation des soins médicaux) sont très différentes. 1. Épidémiologie 1.1. Cervicalgies 1.1.1. Prévalence et incidence[10] La prévalence des cervicalgies est variable suivant la pé- riode sur laquelle on va considérer la survenue des symptô- mes (Tableau 1). Lorsque l’on s’intéresse à la prévalence instantanée, les chiffres varient de 14 à 43 % [11–16]. La prévalence des douleurs cumulées sur une période de un an est de 21 à 54 % [7,16–19] et la prévalence des douleurs cervicales au cours de la vie a été estimée à 70 % environ dans les pays occidentaux [11,14,20]. Quant aux cervicalgies chroniques (durée supérieure à 3 ou 6 mois), leur prévalence est de 11 à 19 % [3,11,13,16,19,21] ; 5 à 11 % des patients ont une atteinte invalidante ou sévère [12,15,16]. Une seule étude a permis d’avoir une idée de l’évolution de la préva- lence des cervicalgies au cours du temps sur une période de deux ans. En utilisant la même méthodologie d’étude et les mêmes questions, les résultats de prévalence des cervicalgies et des lombalgies étaient similaires (73 et 66 %), les caracté- ristiques de la pathologie, la consommation de ressources médicales et l’absentéisme ne différaient pas non plus [7]. L’incidence a été estimée à 18 pour 100 000 habitants [22] et à respectivement 7,3 et 12,5 % des hommes et des femmes constituant une cohorte étudiée en milieu professionnel en France [21]. 1.1.2. Facteurs de risque Huit à 16 % des hommes et 13,5 à 23 % des femmes souffrent de cervicalgies chroniques [3,11,13]. Les cervical- gies sont plus fréquentes chez les femmes [2,12,19–21, 23,24] et chez les personnes jeunes ou d’âge moyen [3,16] mais ceci n’est pas retrouvé dans toutes les études [12,19,21]. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Guillemin). Revue du Rhumatisme 71 (2004) 653–658 www.elsevier.com/locate/revrhu © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.rhum.2004.05.005

Épidémiologie et impact médico-économique des cervicalgies

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Épidémiologie et impact médico-économique des cervicalgies

Anne-Christine Rat a, Francis Guillemin a,*a EA 3444, service d’épidémiologie et évaluation cliniques, hôpital Marin, 92, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy, France

Reçu le 10 mai 2004 ; accepté le 18 mai 2004

Disponible sur internet le 28 juillet 2004

Mots clés : Épidémiologie ; Cervicalgies ; Incidence ; Prévalence ; Coût

Keywords: Epidemiology; Cervical pain; Incidence; Prevalence; Cost

Les cervicalgies comptent parmi les pathologies rhumato-logiques les plus fréquentes dans les pays occidentaux.L’étude de la prévalence, de l’incidence et des facteurs derisque des cervicalgies rencontre cependant plusieurs diffi-cultés.

Les systèmes de classification des cervicalgies et despathologies des membres supérieurs qui ont été publiés sonttrès imparfaits [1], la définition des cervicalgies, la topogra-phie des douleurs prises en compte, l’intensité des douleurs,la formulation des questions et de la durée des symptômesvarient suivant les études. Celles-ci associent parfois plu-sieurs localisations (cervicalgies et douleur d’épaule, cervi-calgies et lombalgies) [2–7]. De plus, la méthodologie, lesmesures, les objectifs des études, les populations étudiéessont différentes et rendent les comparaisons difficiles. Lesdifférences de prise en charge [8,9] et de compensation entreles pays sont importantes à prendre en compte en particulierdans les cas de cervicalgies post-traumatiques. En fait, unemodification des chiffres de prévalence peut ne pas refléterun réel changement et est fortement influencée par une ab-sence de définition précise de la maladie, un changementculturel d’acceptation ou de prise de conscience de la mala-die, une modification des comportements envers la consom-mation de soins et une modification des croyances et prati-ques médicales. Il est dommage que les études ne distinguentque rarement les atteintes invalidantes des cervicalgies béni-gnes car les conséquences de l’affection (handicap, arrêts detravail, incapacité au travail et utilisation des soins médicaux)sont très différentes.

1. Épidémiologie

1.1. Cervicalgies

1.1.1. Prévalence et incidence[10]La prévalence des cervicalgies est variable suivant la pé-

riode sur laquelle on va considérer la survenue des symptô-mes (Tableau 1). Lorsque l’on s’intéresse à la prévalenceinstantanée, les chiffres varient de 14 à 43 % [11–16]. Laprévalence des douleurs cumulées sur une période de un anest de 21 à 54 % [7,16–19] et la prévalence des douleurscervicales au cours de la vie a été estimée à 70 % environdans les pays occidentaux [11,14,20]. Quant aux cervicalgieschroniques (durée supérieure à 3 ou 6 mois), leur prévalenceest de 11 à 19 % [3,11,13,16,19,21] ; 5 à 11 % des patients ontune atteinte invalidante ou sévère [12,15,16]. Une seuleétude a permis d’avoir une idée de l’évolution de la préva-lence des cervicalgies au cours du temps sur une période dedeux ans. En utilisant la même méthodologie d’étude et lesmêmes questions, les résultats de prévalence des cervicalgieset des lombalgies étaient similaires (73 et 66 %), les caracté-ristiques de la pathologie, la consommation de ressourcesmédicales et l’absentéisme ne différaient pas non plus [7].

L’incidence a été estimée à 18 pour 100 000 habitants [22]et à respectivement 7,3 et 12,5 % des hommes et des femmesconstituant une cohorte étudiée en milieu professionnel enFrance [21].

1.1.2. Facteurs de risqueHuit à 16 % des hommes et 13,5 à 23 % des femmes

souffrent de cervicalgies chroniques [3,11,13]. Les cervical-gies sont plus fréquentes chez les femmes [2,12,19–21,23,24] et chez les personnes jeunes ou d’âge moyen [3,16]mais ceci n’est pas retrouvé dans toutes les études [12,19,21].

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (F. Guillemin).

Revue du Rhumatisme 71 (2004) 653–658

www.elsevier.com/locate/revrhu

© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.rhum.2004.05.005

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Dans les enquêtes transversales, les cervicalgies ont étéassociées avec un état de santé médiocre, une détresse psy-chologique [11,17,20], des antécédents traumatiques[2,11,13,20] et, dans une étude, à l’obésité [11] (non retrouvédans une autre [20]. Certaines occupations [5], les posturesstatiques prolongées, répétitives, les rotations et flexions an-térieures du tronc sont des facteurs de risque de cervicalgies[25]. Les flexions du rachis cervical, la manipulation d’en-gins vibrants, les travaux mettant en jeux la force des bras etle travail fréquent des mains pourraient également jouer unrôle. Des facteurs psychosociaux tels qu’une charge de tra-vail importante, peu de soutien social, peu de responsabilités,une insatisfaction et des conditions défavorables dans letravail sont des facteurs de risque reconnus [4,5,11,15,26,27]. Lorsque l’on distinguait la sévérité des symptômes enfonction de l’âge, la prévalence des cervicalgies peu invali-dantes diminuait avec l’âge tandis que celle des cervicalgiesplus sévères ne variait pas en fonction de l’âge [14,20].

Une étude cas-témoin nichée dans une cohorte (n = 484)suivie sur 24 ans a mis en évidence que chez les femmes lesfacteurs professionnels physiques et psychosociaux et chezles hommes les facteurs physiques étaient associés aux cer-vicalgies et aux pathologies de l’épaule. Les travaux répéti-tifs des mains étaient associés aux cervicalgies dans les deuxsexes. Il existait une relation significative entre facteurs phy-siques et psychiques et entre facteurs de risques profession-nels et domestiques [4]. La période d’exposition pouvait êtrerelativement courte : moins de cinq ans [6].

Les données des études longitudinales prospectivesconfirment ces facteurs de risque. En France, une étude decohorte prospective d’actifs suivis sur un an a montré que lesfacteurs psychologiques, un antécédent de douleur cervicaleou de céphalées, être une femme, être plus âgé étaient d’im-

portants facteurs prédictifs d’incidence ou de persistance descervicalgies. L’insatisfaction au travail était associée à lasurvenue de cervicalgies mais pas à leur persistance [24].Une seconde étude française réalisée parmi des actifs a cons-taté que certaines caractéristiques, en particulier du travail,étaient associées à la survenue de cervicalgies : le travailrépétitif, difficile, la demande de travail, les symptômes dé-pressifs, et l’absence d’activité sportive [21]. Dans une étudeprospective réalisée en Angleterre dans la population géné-rale, l’incidence cumulée sur un an des cervicalgies a étéestimée à 17,9 % (IC 95 % : 16,0–19,7) (305/1708). Enanalyse multivariée, l’état de santé perçu et l’état psycholo-gique, le nombre d’enfants, la présence de lombalgies et lesantécédents de traumatisme cervical étaient associés à uneincidence plus élevée. Il ne s’agissait pas obligatoirementd’un premier épisode de cervicalgie puisque le seul critèred’inclusion de l’étude était l’absence de cervicalgie dans lemois précédent l’inclusion. Les antécédents de traumatismecervical étaient rapportés à l’inclusion en dehors de toutépisode douloureux. Leur proportion était de 11,4 % et lamédiane de leur ancienneté de neuf ans. La faible proportiond’antécédent traumatique montre que l’impact des facteurspsychologiques et de l’état de santé perçu ont une influenceplus importante sur le poids de la maladie [22].

1.2. Cervicalgies post-traumatiques

Concernant les cervicalgies post-traumatiques, plusieurstermes sont utilisés dans la littérature anglo-saxonne : « whi-plash », « neck strain ou sprain » ou « acceleration–decele-ration injury », ce que l’on peut traduire par traumatismecervical par mécanisme d’accélération–décélération (TAD)ou « coup du lapin ». Les critères d’inclusion et d’exclusion

Tableau 1Prévalence des cervicalgies

Auteurs Pays Age (années) n Définition Prévalence (%)(IC 95%)

Hommes (%)(IC 95%)

Femmes (%)(IC 95%)

Côté [14] Canada 20–69 2184 douleur le jour de l’enquête 22 (20–25)Guez [13] Suède 25–75 6001 douleur le jour de l’enquête 43 (41–44) 38 (36–39) 48 (46–49)Picavet [16] Pays-Bas > 25 3664 douleur le jour de l’enquête 21 (19–22) 16 (14–18) 25 (23–27)Mäkelä [11] Finlande > 31 7217 douleur au cours du mois écoulé 41Urwin [12] Angleterre > 16 5752 douleur au cours du mois écoulé 14 (13–15) 11 (9–13) 17 (15–19)Linton [18] Suède 35–45 2305 douleur au cours des 12 derniers mois 44Linton [7] Suède 35–45 2781 douleur au cours des 12 derniers mois 35 50Bovim [19] Norvège 18–67 9918 douleur au cours des 12 derniers mois 34 (33–35) 29 (28–31) 40 (38–41)Rajala [17] Finlande 55 1008 douleur au cours des 12 derniers mois 35 45Picavet [16] Pays-Bas > 25 3664 douleur au cours des 12 derniers mois 31 (30–33)Leclerc [24] France actifs 568 douleur au cours des 6 derniers mois 40Côté [14] Canada 20–69 2184 douleur au cours de la vie 67 (64–69)Mäkelä [11] Finlande > 30 7217 douleur au cours de la vie 71Andersson [3] Suède 25–74 1609 douleur > 3 mois 14 (12–17) 19 (16–22)Mäkelä [11] Finlande > 32 7219 douleur chronique 9 13Guez [13] Suède 25–74 6000 douleur > 6 mois 19 (18–20) 16 (14–17) 22 (20–23)Bovim [19] Norvège 18–67 7648 douleur > 6 mois 14 10 17Cassou [21] France 37–52 16950 douleur > 6 mois + douleurs à la mobilisation 8 15

9 18Schrader [38] Lituanie conducteurs plus de 7 jours par mois 8

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ne sont pas toujours semblables dans les différentes étudespubliées, y compris depuis l’introduction des recommanda-tions de la « Québec task force » [28]. La « Québec taskforce » a défini par consensus des critères permettant deposer le diagnostic de TAD : il s’agit d’un transfert d’énergieau rachis cervical par un mécanisme d’accélération–décélé-ration pouvant résulter d’accidents de la voie publique (AVP)avec un impact postérieur ou parfois latéral ou d’accidents deplongée ou autre. L’impact peut être responsable de lésionsosseuses ou des tissus mous (TAD) pouvant à leur tourconduire à des manifestations cliniques chroniques variées(« pathologies associées au TAD »). Ces pathologies asso-ciées au TAD sont, en revanche, caractérisées par l’absencede fracture ou de subluxation du rachis cervical [28,29].

1.2.1. Les traumatismes par accélération-décélérationLes TAD (Tableau 2) dont la cause n’est pas un accident

de la circulation sont rarement décrites. Cependant, dans uneétude rétrospective s’étendant sur 25 ans dans le serviced’urgence d’un hôpital néerlandais, 49 % des TAD étaientdus à des chutes, des traumatismes sportifs, des accidents debicyclette ou divers autres traumatismes. La prévalence deces entorses a augmenté de la période 1970–1974 à la période1990–1994, passant de 0,65 à 2,85 pour 10 000 habitants. Lespersonnes les plus à risque étaient les 10–19 ans et leshommes [30]. La même équipe a recensé les cervicalgies paraccident de la circulation. Ils trouvaient également une aug-mentation nette de la prévalence qui passait de 3,4 en 1970–1974 à 40,2 en 1990–1994. Les personnes âgées de 25–29 ans et de 40–44 ans étaient les plus fréquemment touchées[31]. L’augmentation de la prévalence semblait partiellementdue à l’augmentation du nombre de voitures et du nombre dekilomètres parcourus. La « Québec task force » a comptabi-lisé les cervicalgies par AVP de façon très différente puisqueles patients étaient répertoriés à partir des demandes deremboursement ou de paiement adressées à la société d’assu-rance automobile lorsque la personne était absente de sontravail plus de trois jours. En 1987, l’incidence était de

70 pour 100 000 habitants avec une prédominance féminine(1,5 fois plus). L’incidence la plus élevée était parmi les20–24 ans et dans les régions les plus peuplées [32]. Dansdeux autres provinces du Canada, 68 et 85 % des demandesde remboursement auprès des assurances automobiles étaientpour des TAD alors que le pourcentage n’était que de 20 % auQuébec. L’incidence des TAD dans ces provinces atteindrait700/100 000 habitants par extrapolation. En Australie et enNouvelle Zélande, cette incidence a été estimée respective-ment à 106 et 13/100 000 habitants [32].

1.2.2. Les pathologies associées aux TADL’évolution des TAD et la survenue des pathologies asso-

ciées aux TAD sont variables suivant les pays et de nombreu-ses hypothèses quant à ses facteurs de risque ont été avan-cées. La majorité des auteurs s’accordent pour dire que peude patients gardent une invalidité : entre 6 et 18 %. Leproblème est malgré tout important dans la plupart des paysoccidentaux [33]. En Angleterre, 18 % des patients gardaientdes douleurs après un suivi moyen de trois ans et 44 % à un an[34]. En Finlande, en 1998, 332 personnes victimes d’unAVP occasionnant des plaintes cervicales ont constitué unecohorte. Après une année, 8 % disaient que l’accident avaitaffecté leur santé de façon significative. La proportion detraumatismes cervicaux au cours des AVP était de 3,7 % [35].Dans une cohorte canadienne, 22 % des personnes étaientguéris en moins d’une semaine, 50 % en quatre semaines et3 % étaient encore absents de leur travail après un an [32]. Laprévalence des pathologies associées aux TAD a été compa-rée à un groupe témoin de personnes victimes d’un AVP parchoc postérieur mais n’ayant pas rapporté de symptomatolo-gie et un groupe témoin non accidenté. Sept ans après lasurvenue du traumatisme, parmi les personnes accidentéesn’ayant pas rapporté de TAD, 14 % se plaignait de cervical-gies contre 40 % parmi celles ayant rapporté un TAD. Lesrisques relatifs étaient de 1,3 (NS) et 2,7 (S) respectivementpour les personnes sans et avec TAD lorsqu’elles étaientcomparées aux témoins non accidentés [36]. Pour d’autres

Tableau 2Incidence des traumatismes cervicaux avec accélération–décélération (TAD) et prévalence des pathologies associées au TAD

Auteurs Pays Age(années)

n Définition Prévalence(%)

Incidence(/100 000habitants)

Hommes(/100 000habitants)

Femmes(/100 000habitants)

Spitzer [32] Canada 47661 a TAD 70 86 54Cassidy [40] Canada > 18 3046 a TAD 417 398 432

2230 b 302 230 3712186 b 296 223 367

Berglund [36] Canada 18–65 182 cervicalgies 7 ans après TAD 39,6136 cervicalgies 7 ans après AVP

(choc postérieur sans TAD)14,0

Parmar [34] Angleterre 20–67 204 cervicalgies 1 an après TAD 44cervicalgies 8 ans après TAD 18

Miettinen [35] Finlande 312 altération santé significative 8Schrader [38] Lithuanie 32 cervicalgies 6 mois après TAD 0

TAD : traumatisme cervical avec accélération–décélération.a Régime d’assurance avec préjudice dommageableb Régime d’assurance sans faute

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auteurs, l’incidence des cervicalgies chroniques parmi lespatients suivis après un TAD semble être la même que dans lapopulation générale [19,37,38].

Les différences entre pays sont très marquées. Dans uneétude rétrospective réalisée en Lituanie où il n’existe pas decompensation ni de médiatisation de cette pathologie, les32 patients se souvenant s’être plaints de cervicalgies aprèsl’accident avaient une résolution complète de leur sympto-matologie le plus souvent dans les sept jours [38]. Une étudeprospective a confirmé ces résultats. Parmi 210 victimesd’AVP avec choc postérieur, 47 % se sont plaints de douleursaiguës mais la durée médiane des cervicalgies était de troisjours et la durée maximale de 17. La survenue de cervicalgiesaiguës était plus élevée parmi les patients se plaignant dedouleurs cervicales avant l’accident et lors d’accidents plusgraves [37]. En Grèce, les mêmes constatations ont été faites.Il faut noter qu’en Grèce, contrairement à la Lituanie, lesautomobilistes sont assurés et peuvent être en litige pourdommage corporel, ce qui démontre que la présence d’unecompensation n’explique pas à elle seule les pathologiesassociées aux TAD [39]. Une étude avant–après a été réaliséeafin d’analyser l’effet de la disparition d’une compensationfinancière sur l’évolution des demandes de remboursementau cours des TAD. Grâce aux données de l’unique assureurautomobile d’une province canadienne, deux cohortes de7462 patients de plus de 18 ans ayant adressé une demandede remboursement pour accident de la voie publique ont étésuivies sur six mois sous un régime de préjudice dommagea-ble (possibilité de demander des compensations financières)puis sous un régime sans faute (pas de compensationpossible). L’incidence des TAD a diminué de 28 %(417/100 000 vs 302/100 000) lors du changement de régimemalgré l’augmentation des demandes de remboursementpour AVP et l’augmentation du nombre de kilomètres par-courus. Le délai médian entre l’ouverture et la fermeture dudossier était de 433 jours pour le régime de préjudice dom-mageable et 194 pour le régime sans faute. Les facteursfavorisant un délai plus long étaient dans les deux systèmes,être plus âgé, être une femme, avoir un meilleur niveaud’éducation, une douleur plus intense et plus étendue à l’in-clusion et l’implication d’un avocat. Il existait par ailleursune association entre le délai de fermeture du dossier et desindicateurs de guérison. Sous le régime sans faute, il y avaitnon seulement moins de demande de remboursement maisles patients récupéraient également plus rapidementpuisqu’ils avaient un accès immédiat aux soins ou bénéficessans avoir besoin de prouver leur traumatisme [40]. Desrésultats un peu similaires ont été notés en Australie. Lors duchangement de la loi, obligeant les personnes à rapporter tousles AVP et à payer les premiers $317, le nombre de demandesde remboursement a diminué de 68 % [41]. Par ailleurs,parmi les volontaires participant à des collisions expérimen-tales (et donc en dehors d’un contexte médicolégal), et seplaignant de cervicalgies aiguës, il n’a pas été rapporté de casde cervicalgies chroniques [37,42]. En fait, les différentsfacteurs responsables de la chronicité des TAD sont nom-

breux : gain financier, litiges avec les compagnies d’assu-rance, contexte social et culturel, implication des médias,adoption du rôle de malade et capacités de l’individu à faireface au traumatisme et à la douleur initiale. Pour Ferrari, danscertains pays, l’information sur les douleurs survenant aprèsun TAD surabondent et sont responsables d’une hypervigi-lance de la part des personnes accidentées et d’une amplifi-cation inconsciente des plaintes. Les contacts avec les pro-fessionnels de santé et les assurances amplifient encore lapathologie. En fait, les facteurs psychosociaux prédisent lemieux les symptômes à quatre semaines et six mois del’accident [41,43] comme au cours des lombalgies aiguës[44].

2. Impact médicoéconomique

2.1. Consommation de ressources

Les coûts en rapport avec les cervicalgies peuvent résulterde la consommation des ressources médicales, de l’absen-téisme et d’une invalidité. Dans l’étude de Makela, l’invali-dité au travail, les capacités réduites de travail, la diminutiondes activités, le nombre de consultations médicales et l’utili-sation régulière d’analgésiques étaient plus fréquents parmiles patients cervicalgiques [11]. Dans une étude transversale,un peu plus de 50 % des patients avaient eu au moins uncontact avec un professionnel de santé, 27,4 % avaientconsommé des traitements médicamenteux, 30 % rappor-taient une limitation dans leurs activités quotidiennes mais72,4 % n’avaient pas eu d’arrêt de travail [16]. Pour l’ensem-ble d’une cohorte, 13 % avaient eu un contact avec unprofessionnel de santé et 13 % avaient reçu un traitementmédicamenteux [24]. Dans une autre étude française de pa-tients actifs et cervicalgiques depuis plus de six mois, 78 %de femmes et 68 % d’hommes avaient consulté un médecin,74 et 59 % avaient reçu un traitement et 27 et 24 % avaient euau moins un arrêt de travail [21]. Il faut remarquer que laprévalence des douleurs multiples étant forte, l’estimation duhandicap et de la consommation des ressources de santé pourun site isolé risque d’être surestimée. Il faut noter que lafréquence des consultations médicales parmi des travailleursexposés tend à diminuer avec le temps, possiblement paradoption d’un meilleur geste technique, d’une meilleure er-gonomie, parce que les personnes font face à la situation oupar un biais de sélection (‘travailleurs en bonne santé’) [5].

À l’aide de la base de données des demandes de rembour-sement des travailleurs de l’état de Washington une étude desmétiers à risque de cervicalgies a été menée entre 1990 et1998. Il s’agissait dans 44 % des cas de femmes d’âgemédian 35 ans. Quarante demandes de remboursement,20 arrêts de travail de plus de trois jours ont été comptabiliséspour 10 000 équivalents temps plein d’emploi. Le tempsmoyen d’arrêt de travail était de 170 jours ; 657 jours detravail étaient perdus pour 10 000 équivalents temps pleinpendant la période. Le coût médian par demande de rembour-

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sement était de $521 et le coût moyen de $7514 en dollars1998. Les entreprises de construction et de transport, lesusines et les entreprises de travaux publics étaient les plusimportants pourvoyeurs d’arrêts de travail. Il faut moduler lesrésultats par le fait que cette étude a peu de données sur lesplus gros employeurs de l’État qui ont des assurances privéeset une capacité de reclassement plus importante ce qui dimi-nue les coûts. Les biais de déclaration ne sont pas non plusnégligeables [45].

Concernant les cervicalgies post-traumatiques, en Nor-vège, un travail rétrospectif portant sur 426 patients vus auxurgences d’un hôpital pour traumatisme cervical après AVP aestimé que 27 % des patients avaient eu un arrêt de travailaprès l’accident (86 % pour une durée supérieure à 14 jours),5 % avaient fait des demandes de remboursement, de reclas-sement ou de pension d’invalidité. Les patients ayant eu unarrêt de travail après l’accident étaient plus nombreux à avoirdéjà eu des arrêts de travail pour cervicalgies. Parmi les 58 %patients présentant une symptomatologie chronique qu’ilsrattachaient à l’accident, l’augmentation de la consommationd’antalgiques et de sédatifs n’existait que parmi ceux souf-frant de céphalées [46]. Dans une étude finlandaise, après unTAD par AVP, 35 % des victimes avaient eu un arrêt de travaildont 10 % de plus de un mois et 3 % de plus de trois mois[35].

2.2. Études de coûts

Une seule étude publiée rapporte une estimation du coûtdes cervicalgies et a été réalisée aux Pays-Bas en 1996 surdes cas prévalents. Les sources de données ont été extraitesde registres nationaux, d’instituts de recherche et des agencesde santé. Les coûts totaux étaient de $686 millions pourl’année, dont 77 % étaient des coûts indirects (50 % parinvalidité et 27 % par absentéisme). Parmi les coûts directs,l’hospitalisation représentait 11 % des coûts et les soinsparamédicaux 84 %. Ces coûts totaux représentaient 1 % desdépenses de santé en 1996. Cependant, le calcul des coûts estsouvent approximatif car fondé sur des données incomplèteset sur des hypothèses. À noter par ailleurs que les coûtsindirects étaient 2,7 fois moindres lorsque l’on utilisait uneautre méthode de calcul faisant l’hypothèse que les pertes deproduction se limitent à la période nécessaire au remplace-ment du patient sur son lieu de travail et ne prend donc pasnon plus en compte les coûts d’invalidité. On peut concluremalgré tout que toute stratégie d’amélioration du rapportcoût-efficacité devra s’attacher à diminuer les coûts indirectsmais également améliorer l’efficience des traitements para-médicaux [47].

Dans l’étude des TAD de la « Québec task force », le coûta été estimé à 3800$ canadiens par patient. Environ 75 %étaient dus aux paiements des indemnités journalières. Parmiles patients de la cohorte, 62 % ne représentaient que 16 %des coûts mais ceux dont la durée d’absence était supérieureà six mois (12,5 %) représentaient 46 % des coûts [32].

3. Conclusion

Les estimations de prévalence des cervicalgies donnentdes chiffres de 14 à 43 % (prévalence instantanée) et lesconséquences cliniques et économiques (arrêts de travail,consultations médicales, traitements médicamenteux) nesont pas négligeables. Certains métiers, des facteurs psycho-sociaux, être une femme, et avoir des antécédents traumati-ques sont des facteurs de risque importants. Les cervicalgiespar TAD et les pathologies associées aux TAD ont fortementaugmenté dans les pays industrialisés mais les chiffres deprévalence sont fortement influencés par le pays lui-même etle système de compensation. Le passage à la chronicité a faitl’objet de nombreuses hypothèses. Les conséquences descervicalgies en terme de consommation de soins et de coûtssont importantes mais très peu étudiées. Les coûts indirectssont très supérieurs aux coûts directs et une minorité depatients est responsable d’une grande part de ces coûts.

Il faut souligner par ailleurs l’absence de système declassification satisfaisant des pathologies cervicales et desmembres supérieurs compliquant les comparaisons, les étu-des épidémiologiques et économiques. Des définitions et uneméthodologie standardisées sont nécessaires pour permettreune surveillance et une étude du poids économique des cer-vicalgies.

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