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ACTA OPHTHALMOLOGICA VOL. 41 1963 Clinique oflhtalmologique de l’llniversith de Liige (Professeiir R. Weekers) ETUDE EXPERIMENTALE DE L’HYDRATATION DE LA CORNEE DE L’OEIL ENUCLEE PAR G. Lavergnc”) La f a p n la plus rkpandue de conserver les yeux destines a fournir des greffons corntens, consiste a les garder a 4’ centigrades aprks les avoir enfermks dans de petites chambres humides ou immerges dans un milieu liquide. Celui-ci peut Stre artificiel (solutions physiologiques de compositions diverses) ou natu- re1 (par exemple, sang; Zintz, 1960). D’autres mtthodes de conservation ont ktk proposkes dans les dernikres annkes : la lyophilisation (King, 1957 et 1959; Payrau, Bone1 et Guyard, 1958; Payrau et Pouliquen, 1959; Stocker, Matton, Ewing, Georgiade et Georgiade, 1960), la silico-dessication (Payrau, 1960; Payrau et Pouliquen, 1960). Les techniques de simple rkfrigkration dans un milieu liquide ont pour but de prolonger la survie de la cornke pour permettre la greffe d’un tissu vivant. Le principe des autres techniques est de tuer le tissu sans dktruire sa struc- ture. L’emploi de greffons morts est dictt par deux considtrations : a) la conservation prolongke et la mise en reserve des tissus sont plus faciles; b) les tissus morts auraient un pouvoir allergisant moindre que celui des vivants et permettraient la rkussite d’opkrations qui tchoueraient avec les tissus vivants. Ce second point n’est pas dtmontrt et continue a faire actuellement l’objet de recherches intkressantes. I1 ne s’agirait plus de greffe au sens propre du terme, mais d’une reconstitution ordonnke du tissu. La majoritk des auteurs continue donc B utiliser le tissu vivant, aussi frais que possible et conservk dans des conditions favorisant la survie. Nous montrons dans ce travail que, dans ces conditions, l’hydratation de la cornke subit d’importantes variations qui se traduisent par des modifications de l’kpaisseur cornkenne. Ce phtnomkne a une importance chirurgicale : “) AssociP au Fonds national belge de la Recherche scientilique. Rep le 25 fCvrier 1963. 288

ETUDE EXPERIMENTALE DE L'HYDRATATION DE LA CORNEE DE L'OEIL ENUCLEE

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A C T A O P H T H A L M O L O G I C A VOL. 4 1 1 9 6 3

Clinique oflhtalmologique de l’llniversith de Liige (Professeiir R. Weekers)

ETUDE EXPERIMENTALE DE L’HYDRATATION DE L A CORNEE DE L’OEIL ENUCLEE

PAR

G. Lavergnc”)

La f a p n la plus rkpandue de conserver les yeux destines a fournir des greffons corntens, consiste a les garder a 4’ centigrades aprks les avoir enfermks dans de petites chambres humides ou immerges dans un milieu liquide. Celui-ci peut Stre artificiel (solutions physiologiques de compositions diverses) ou natu- re1 (par exemple, sang; Zintz, 1960).

D’autres mtthodes de conservation ont k t k proposkes dans les dernikres annkes : l a lyophilisation (King, 1957 et 1959; Payrau, Bone1 et Guyard, 1958; Payrau et Pouliquen, 1959; Stocker, Matton, Ewing, Georgiade et Georgiade, 1960), la silico-dessication (Payrau, 1960; Payrau et Pouliquen, 1960).

Les techniques de simple rkfrigkration dans un milieu liquide ont pour but de prolonger la survie de la cornke pour permettre la greffe d’un tissu vivant.

Le principe des autres techniques est de tuer le tissu sans dktruire sa struc- ture. L’emploi de greffons morts est dictt par deux considtrations : a) la conservation prolongke et la mise en reserve des tissus sont plus faciles; b) les tissus morts auraient un pouvoir allergisant moindre que celui des vivants et permettraient la rkussite d’opkrations qui tchoueraient avec les tissus vivants. Ce second point n’est pas dtmontrt et continue a faire actuellement l’objet de recherches intkressantes. I1 ne s’agirait plus de greffe au sens propre du terme, mais d’une reconstitution ordonnke du tissu. La majoritk des auteurs continue donc B utiliser le tissu vivant, aussi frais que possible et conservk dans des conditions favorisant la survie.

Nous montrons dans ce travail que, dans ces conditions, l’hydratation de la cornke subit d’importantes variations qui se traduisent par des modifications de l’kpaisseur cornkenne. Ce phtnomkne a une importance chirurgicale :

“) AssociP au Fonds national belge de la Recherche scientilique. R e p le 25 fCvrier 1963.

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1) Si le greffon sert A pratiquer une greffe perforante, l’augmentation d’kpaisseur de la cornte nuit B l’alignement de l’kpithklium et de l’endo- thtlium; il y aura donc retard dans le rktablissement des barrikres endo et Cpithtliale sans lesquelles est impossible le mttabolisme cornten de l’eau et des sels. De plus le parenchyme de la cornee ou celui du greffon sera en contact avec l’humeur aqueuse. Or, Teng, Chi et Katzin (1960) ont dkmontrt la toxicitk de l’humeur aqueuse pour le stroma cornten, qu’elle liqutfie vkri- tablement.

2) S’il s’agit d’une greffe lamellaire, on se trouve devant le dilemme sui- vant : a) prtlever sur le cadavre un greffor, de meme kpaisseur que le tissu excise chez le patient, mais qui du fait de l’oedkme, contiendra moins de lamelles parenchymateuses; b) prelever sur le cadavre un greffon contenant approximativement le mtme nombre de lamelles parenchymateuses que le tissu excist chez le patient, mais ce greffon sera plus tpais que le fragment cornken excisk et il sera donc pratiquement impossible de mettre A niveau I’tpithClium de la cornte rtceptrice et celui du greffon.

Un des buts de ce travail est de dkfinir les conditions experimentales per- mettant de ramener dans la mesure du possible, l’bpaisseur de la cornCe du cadavre A une valeur A peu prks normale au moment de l’opkration.

TECHNIQUE ET MATERIEL

L’oedkme de la cornte se traduit uniquement par une augmentation de son tpaisseur. Les autres dimensions ne changent pratiquement pas (Van Walbek et Heringa, 1960). I1 suffit donc de mesurer les fluctuations de l’tpaisseur cornkenne pour avoir le reflet fidkle du taux d’hydration de la cornte. L’Cpais- seur est mesurte au centre de la cornte au moyen de l’oculaire B coincidence mis au point par Goldmann en 1932 pour la mesure de la profondeur de la chambre antkrieure (figure 1). C’est un accessoire de la lampe B fente Haag- Streit (ancien modkle). Sa description et le principe sur lequel est base son emploi ont ktk exposes dans des travaux anttrieurs (Weekers, Grieten et Lavergne, 1961; Lavergne et Kelecom, 1962).

Cet oculaire est montC sur le tube droit tlu microscope de la lampe B fente. 11 est combine au faible objectif (1 .G X). L’angle cntre le dispositif d’kclairage, d’une part, et l’axc de l’oculaire de mesure, d’autre part, est rkglk B 60’ grbce B l’kchelle graduCe fixee entre le support du microscope et celui de la lampe B fente (figure 2). Une vis de blockage permet de conserver cet angle pendant les mesures. Le microscope est tou- jours B droite et la lampe B fente B gauche. Comme le rayon doit p6nCtrer dans l’oeil perpendiculairement B la cornte, l’observateur s’assied lattralement. L’oeil clont on mesure l’kpaisseur corneenne repose par son p61e infkrieur sur un support annulaire en verre. Au moyen d’une rkgle en T, on veille B ce que le plan irien de l’oeil soit bien perpendiculaire au rayon lumineux incident. La fente de la lampe lumineuse est rkduite au minimum compatible avec une vision suffisante de l’image cornbenne

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Figure 1 . Objectif B coincidence monte sur le tube droit du biomicroscope de la lampe

B fente de HaagStreit.

Figure 2. Lampe B fente de Haag-Strtit munie de I’oculaire B coincidence.

Les systilmes d’tclairenient et d’observation font un angle dc 60 degres

Celle-ci est soigneusement mise au point. La precision du centrage est donnCe, d’une part, par le passage du faisceau lumineux par I’image de Purkinje-Sanson dependant de la face anterieure de la cornee et apparemment situte au foyer du miroir theoriquc que constitue cette face an th i ewe , et d’autre part, par la coupure de l’image cor-

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Figure .3. Image du segment anttrieur vue dans l’oculaire b coincidence.

a) Position de depart. b) Position de lecture, l’image de la face posterieur de la cornte est alignte sur celle

de la face anttrieure.

ntenne en deux moitits tgales par la ligne de separation des deux demi-lentilles de l’oculaire B coincidence. En respectant ces conditions, les mesures sont toujours faitrs au centre optique de la cornte. On voit alors dans l’oculaire dont l’tchelle est au ztro, une image normale (figure 3 a). Si on tourne la mollette de l’oculaire A coi‘nci- dence, les deux moitits de l’image se dtplacent en sens contraire. On s’arrete au

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Lectures & l‘oculatte par coincidence Cmm,

Figure 4. Abaque servant B la transformation du chiffre lu B l’oculaire B coincidence (bpaisseur

apparente de la cornte) en tpaisseur rtelle de la cornte, exprimt en millimktres. Cet abaque n’est valable que pour l’objectif 1.6 X et un angle de 60 degres entre le

systkme d’tclairage et le systkme d’observation.

moment oh I’image de la face posttrieure de la cornte s’aligne parfaitement sur l’image de la face anttrieure. On rtpkte deux fois la lecture. On porte la moyenne arithmktique des trois valeurs lues B l’oculaire B coincidence sur l’abcisse d’une abaque donnant en ordonnee I’tpaisseur corntenne exprimte en millimktre (figure 4).

Chacune des experiences exposees dans ce travail a port6 sur un groupe de 10 yeux de porcs, 6nuclei.s aussitBt aprks la mort. Les sclkrotiques sont soig- neusement debarassees de tout dkbri de muscle, de graisse, d’kpisclkre et de conjonctive. Les yeux sont immerges, par groupes de 5 , dans 100 cc. d’humeur aqueuse artificielle sterile repondant B la forniule de Donn, Maurice et Mills (1959) :

Chlorure de sodium B 0.90 O / O 100 ml. Chlorure de potassium B 1.15O/0 5 ml. Chlorure de calcium B 1.22 O/O 1 ml. Sulfate hepta-hydrate de magnesium B 3.82 O / O 0.6 ml. Phosphate monobasique de potassium B 2.11 Q/o 1 ml. Bicarbonate de sodium B 1.30 O / o 42 ml. Dextrose A 12.00’0/0 1 ml.

A 100 cc. de cette solution sont ajoutks 1 mgr. de streptomycine et 10.000 unites de pknicilline. La solution est renouvelke toutes les 24 heures. Les flacons sont conserves A 4’ centigrades.

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E X P O S E DES E X P E R I E N C E S E T R E S U L T A T S

Exposh des exphriences et rhsultats. Pour tous les groupes, la valeur 100 ‘ O / O exprime l’kpaisseur cornkenne

moyenne mesurke en debut d’expkrience (c’est-i-dire environ une demi heure aprks l’knuclkation de porcs fraichement tuks).

Groufie I ( f igure 5) . L’kpaisseur cornkenne moyenne 100 O / o est de 0.74 mm (0 = 0.06 mm.). Les

yeux sont conserves en permanence B 4’. Le septiPme jour, l’kpaisseur moyenne atteinte est de 247’0/0 (1.91 mm.; 0 = 0.016 mm.). Cette augmentation est trPs significative : t = 21.358 (0.1 ‘O/O >> P).

ParallPlement A l’kpaississement des cornkes, on note l’apparition d’autres modifications au niveau du segment antkrieur. AprPs 24 heures, apparaPt un trouble cornken discret. Le quatrikme jour, le liskrk pigmentaire de l’iris se met en ectropion. AprPs cinq jours, la cornke est opacifike, mais les mesures d’kpaisseur restent aiskes. 1.e pigment provenant du feuillet postkrieur de l’iris se rkpand dans la chambre antkrieure A travers la pupille dont le dia- mPtre augmente lentement.

A p r h sept A huit jours, le trouble cornken rend toute mesure alkatoire. l’kpithklium desquame et la chambre antkrieure est remplie de pigment irien

Pendant toute la durke de l’expkrience, le pH du milieu de conservation oscille entre 7.1 et 7.3.

1 2 3 4 5 6 Temps ( j o u r )

Figure 3. Relation entre l’tpaisseur de la cornte et la dur te de conservation i 4 de degrks

centigrades de l’oeil h u c l t t .

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Figure 6 . Relation entre I’epaisseur de la cornie et la dude de conservation B 4’ centigrade

puis de rechauffement B 37’ de l’oeil inuclC6. . . . . . . . . . . . : courbe tbmoin des yeux conserves en permanence B 4’ centigrade

- . - . - . - : influence du rechauffement du milieu de conservation (groupe no 3 ) (groupe no 1).

: influence du rechauffement et de l’oxygenation du milieu de conserva- tion (groupe no 2).

La flkche indique le debut du rechauffement des groupes 2 et 3 .

Groupe 2 (f igure 6) . L’tpaisseur corntenne moyenne 1000/0 est de 0.75 mm. (0 = 0.06 mm.).

E l k n’est pas statistiquement diffkrente de celle du groupe 1 (t = 0.371; 80 “in > P > 70 o/o). Les yeux sont conserves B 4’ pendant 24 heures. Apr& ce laps de temps, les corntes se sont ltgkrement opacifiees et leur Cpaisseur moyenne est passee 152 o/o (1.13 mm.; o = 0.06 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors places dans un bain thermostatique B 37’ et le milieu de conservation est saturt en oxygene.

Huit heures aprPs le dtbut du rechauffement, l’tpaisseur cornkenne moyenne est revenue B 121 lo/o (0.91 mm.; 0 = 0.11 mm.). Cet amincissement est signi- catif aussi bien par rapport B l’epaisseur moyenne mesurte immkdiatement avant le rtchauffement (t = 6.194; 0.1 ‘o/o >> P) que par rapport A l’tpaisseur moyenne atteinte par les cornees du groupe 1 aprks le meme laps de temps de conservation (groupe 1, 2e jour, 8e heure : 1.10 mm., = 0.07 mm.; t = 6.643;

L’amincissement des corntes s’accompagne d’un retour A une transparence normale. Ces ph tnomhes durent au moins 4 heures. Toutefois, le p H du milieu de conservation passe de 7 B 10 en l’espace de 8 heures.

Cette alcalinisation est dfie B la precipitation des sels tampons acides de

0.1 o/o >> P).

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l’humeur aqueuse artificielle par l ’oxyghe pur. E l k se produit dkjA dans les kchantillons du milieu ne contenant ni yeux, ni antibiotiques.

AprPs 12 heures de rkchauffement, les cornkes se troublent A nouveau et le pigment irien commence h se rkpandre dans l’humeur aqueuse.

Aprks 22 heures, l’kpaisseur moyenne est remontke h 158 O/O (1.19 mm.). Elle continue h augmenter trks rapidement. Les cornkes s’opacifient et leui tpithklium desquame.

Groupe 3 ( f igure 6). L’kpaisseur cornkenne moyenne 1000/0 est de 0.69 mm. (a = 0.05 mm.).

Elle n’est pas statistiquement diffkrente de celle du groupe 1 (t = 1.905; 10 O / o > P > 5 O / o ) . Les yeux sont conservks B 4’ pendant 24 heures. AprPs ce laps de temps, les cornkes se sont lkgkrement opacifikes et leur kpaisseur moyenne est passke h 140 O/O (0.97 mm.; 0 = 0.07 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors placks dans un bain thermostatique h 37’.

Trois heures aprks le debut du rkchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est de 135 O / O (0.93 mm.; u = 0.07 mm.). Elle ne diffkre pas statistiquement de l’kpaisseur moyenne mesurke immkdiatement avant le rkchauffement (t =

0.537; 60 Q/o > P > 50 Ojo). Par contre, 5 heures aprPs le dkbut du rkchauffe- ment, l’tpaisseur cornkenne moyenne atteint 177 O/O (1.22 mm.; u = 0.1 mm.). Cet Cpaississement est significatif aussi bien par rapport i l’kpaisseur moyenne mesurke immkdiatement avant le rkchauffement (t = 6.303; 0.1 O/O > P) que par rapport i l’kpaisseur moyenne atteinte par les cornkes du groupe 1 aprks le meme laps de temps de conservation (groupe I , 2e jour, 5e heure : 1 mm.; u = 0.08 mm.; t = 3.395; 1 o / o > P > 0.1 ‘O/O). Les cornkes commencement h se troubler. L’kpaississement cornken ne fait que s’accentuer pour atteindre 322 O / O ,

22 heures aprPs le dkbut du rtchauffement. A ce moment, les cornkes sont opacifikes et l’kpithtlium desquame.

Groupe 1 (figure 7). L’kpaisseur cornkenne moyenne 100 O/O est de 0.79 mm. (a = 0.06 mm.).

E l k n’est pas statistiquement diffkrente de celle du groupe 1 (t = 1.728: 20 Oio > P > 10 O/O). Les yeux sont conservks B 4’ pendant 24 heures. Aprks ce laps de temps, les cornkes sont lkgkrement opacifikes et leur kpaisseur moyenne est passke 133 O/O (1.05 mm.; u = 0.09 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors placks dans un bain thermostatique A 3 7 O et le milieu de conservation est saturk en carboghe (oxygkne 95 O/o et anhydride carbonique 5 O / O ) . Avec ce mklange gazeux, le pH reste stabilist entre 7.2 et 7.3.

Pendant les 3 premikres heures de ikchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne augmente et passe h 137 O/O (1.08 mm.; u = 0.09 mm.). Mais aprks 22 heures de rkchauff ement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est revenue A 110 O / O (0.87 mm.; 0 = 0.07 mm.). Cet amincissement est significatif aussi bien

295

T e m p s ( j o u r )

Figure 7. Relation entre I’tpaisseur de la cornbe et la durke de conservation h 4’ centigrade

puis de rtchauffement 21 3 7 O de l’oeil tnuc l t t . . . . . . . . . . . . : courbe ttmoin des yeux conserves en permanence h 4’ centigrade

- . - . - . - : influence du rtchauffement et de I’oxygtnation du milieu de conserva-

: influence du rtchauffement et de l’oxygtnation du milieu de conserva-

(groupe no 1).

tion au moyen d’oxyghne pur (groupe no 2).

tion au moyen de carbogtne (groupe no 4). La flPche indique le dPbut du richauffement des groupes 2 et 3.

par rapport A l’kpaisseur moyenne atteinte 3 heures aprPs le dtbut du re- chauffement (t = 5 .857; 0.1 ‘O/O >P) que par rapport B l’kpaisseur moyenne atteinte par les corntes du groupe 1 aprPs le m@me laps de temps de conserva- tion (groupe 1 , 2e jour, 22e heure : 1.17 mm.; 0 = 0.08 mm.; t = 9.188;

L’amincissement des corntes s’accompagne d’un retour A une transparence normale. AprPs 24 heures de rkchauffement, le pigment irien commence B se rtpandre dans la chambre antkrieure. AprPs 36 heures, les corntes se troublent A nouveau.

AprPs 46 heures de rtchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est re- montte B 147’0/0 (1.16 mm.). E l k continue B augmenter trPs rapidement. Les corntes s’opacifient et leur tpithtlium desquame.

0.1 ‘O/o > P).

Groupe 5 (f igure 8). L’kpaisseur cornkenne moyenne 1000/0 est de 0.77 mm. (0 = 0.06 mm.).

E l k n’est pas statistiquement diffkrente de celle du groupe 1 (t = 0.114: 30 O/o > P > 20 O/O). Les yeux sont conservtes B 4’ pendant 48 heures. AprPs ce laps de temps, les corntes sont modkrkment opacifikes et leur kpaisseur

296

Temps ( j o u r ) Figure 8.

Relation entre l’epaisseur de la cornee et la durke de conservation B 4’ centigrade puis de rkchauffement 21 37’ de l’oeil CnuclG.

. . . . . . . . . . . : courbe temoin des yeux conservCs en permanence B 4’ centigrade (groupe no 1).

: les yeux sont conserves B 4’ centigrade pendant 48 heures (groupe no 5 ) . La flkche indique le debut du rechauffement de ce groupe.

moyenne est passke A 142’0/0 (1.09 mm.; a = 0.06 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors places dans le bain thermostatique A 37’ et le milieu de conservation est saturk en carbogkne.

Vingt-deux heures aprks le dkbut du rkchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est revenue A peu prks A sa valeur initiale (0.78 mm.; 0 = 0.14 mm.). Cet amincissement est significatif aussi bien par rapport A l’kpaisseur moyenne mesurke immkdiatement avant le rkchauffement (t = 6.414; 0.1 O/o > P) que par rapport A l’kpaisseur moyenne atteinte par les cornkes du groupe 1 aprks le m6me laps de temps de conservation (groupe 1, 3e jour, 22e heure : 1.34 mm.; a = 0.09 mm.; t = 10.848; 0.1 O/o>>P). L’amincissement des cornees s’accompagne d’un retour A une transparence normale. Par contre, la migra- tion du pigment irien dans la chambre antkrieure apparait dks le debut du rkchauffement et aprks 24 heures, la face postkrieure de la cornke est entikre- ment tapisske de pigment.

Aprks 46 heures de rkchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est re- montke A 1580/0 (1.22 mm.). E l k continue A augmenter trks rapidement. Les cornkes s’opacifient et leur kpithklium desquame.

Groupe 6 ( f igure 9).

L’kpaisseur cornkenne moyenne 100 O/O est de 0.71 mm. (a = 0.05 mm.).

297

T e m p s ( j o u r )

Figure 9. Relation entre l’kpaisseur de la corn& et la durke de conservation B 4’ centigrade

puis de rkchauffement B 3 7 O de I’oeil knuclkC. . . . . . . . . . . . : courbe temoin des yeux conserves en permanence 21 4” centigrade

(groupe no 1) . : les yeux sont conservks B 4’ centigrade pendant 72 heures (groupe no 6).

La flitche indique le dGbut du rkchauffement de ce groupe.

Elle n’est pas statistiquement diffkrente de celle du groupe 1 (t = 1.142; 30 010 010 P > 20 >). Les yeux sont conserves A 4’ pendant 72 heures. Aprks ce laps de temps, les cornkes sont modkrkment opacifikes et le feuillet pig- mentk de l’iris commence A se mettre en ectropion. L’kpaisseur cornkenne moyenne est passke A 1900/0 (1.35 mm.; o = 0.06 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors places dans le bain thermostatique A 3 7 O et le milieu de conservation est saturk en carbogtne.

Vingt-deux heures aprts le dkbut du rkchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est revenue A 135 Q/o (0.96 mm.; o = 0.1 mm.). Cet amincissement est significatif, aussi bien par rapport A l’kpaisseur moyenne mesurke immk- diatement avant le rkchauffement (t = 10.620; 0.1 O/o>>P) que par rapport A l’kpaisseur moyenne atteinte par les cornkes du groupe 1 aprks le m&me laps de temps de conservation (groupe I , 4e jour, 22e heure : 1.48 mm.; u = 0.16 mm.; t = 8.636; 0.1 O/O >P), L’amincissement des cornkes s’accom- pagne d’un Cclaircissement tr ts net des cornkes. La chambre antkrieure est remplie de pigment irien.

Aprks 36 heures de rkchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est re- montke A 173 O / O (1.23 mm.). E l k continue A augmenter trks rapidement. Les cornkes s’opacifient et leur epithelium desquame.

Groupe 7 ( f igure 10). L’kpaisseur cornkenne moyenne 1000/0 est de 0.75 mm. (u = 0.06 mm.).

298

1 2 3 4 5 6 Temps I j o u r 1

Figure 10. Relation entre I’tpaisseur de la cornte et la dur te de conservation A 4 O centigrade

puis de rkchauffement i 37’ de I’oeil 6nucltt. . . . . . . . . . . . : courbe temoin des yeux conservts en permanence B 4 O centigrade

: les yeux sont conserves B 4 O centigrade pendant 4 jours (groupe no 7) . (groupe n o 1).

La f k h e indique le d6but du rtchauffement de ce groupe.

Elle n’est pas statistiquement diffkrente de celle du groupe I (t = 0.371; 80 O/O > P > 70 O / O ) . Les yeux sont conserv6s B 4’ pendant 4 jours. Aprks ce laps de temps, les cornkes sont nettement opacifikes et le feuillet pigment6 de l’iris, en ectropion, commence a se dksagr6ger dans la chambre antkrieure. L’6paisseur corntenne moyenne est passke B 191 O / o (1.43 mm.; u = 0.05 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors places dans le bain thermostatique A 37’ et le milieu de conservation est saturke en carboghe.

Vingt-deux heures a p r h le d6but du rkchauffement, l’kpaisseur cornCenne moyenne est revenue 123 O / O (0.92 mm.; u = 0.13 mm.). Cet amincissement est significatif aussi bien par rapport A 1’Cpaisseur moyenne mesurke imm6- diatement avant le rkchauffement (t = 11.434; 0.1 O/o>>P) que par rapport A l’kpaisseur moyenne atteinte par les cornkes du groupe 1 aprks le m&me laps de temps de conservation (groupe 1 , 5e jour, 22e heure : 1.69 mm.; a = 0.19 mm.; t = 10.396; 0.1 O/o>>P). L’amincissement des cornkes s’accompagne d’un kclaircissement trPs net. L a chambre antkrieure est remplie de pigment irien.

Aprks 36 heures de rbchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est re- montke A 172 O / o (1.29 mm.). Elle continue A augmenter trks rapidement. Les corn6es s’opacifient et leur kpithklium desquame.

Groupe 8 (figure 1 1 ) . L’kpaisseur cornkenne moyenne est de 0.75 mm. (a = 0.06 mm.). Elle n’esl

pas statistiquement diffkrente de celle du groupe 1 (t = 0.371; 80 o/o > P >

299

Relation

2.1

*. .*.. ."..

?

7

6

.'I . ...... {-

7 8 Temps ( j o u r )

entre l'epaisseur de la cornke et la duree de conservation B 4" Figure 1 1 .

puis de rtchauffement B 37" de I'oeil enuclke. centigrade

. . . . . . . . . . . : les yeux sont conserves B 4" centigrade pendant 6 jours (groupe no 8). La fli.che pleine indique le debut du rkchauffement de ce groupe.

: les yeux sont conserves B 4' centigrade pendant 8 jours (groupe no 9). La fli.che en pointille indique le debut du rkchauffement de ce groupe.

70 O / o ) . Les yeux sont conservks A 4" pendant 6 jours. Apr& ce laps de temps, les cornkes sont opacifikes, mais les mesures d'kpaisseur restent aiskes. La chambre antkrieure est remplie de pigment irien. L'kpaisseur cornkenne moyenne est passke 212 O/O (1.59 mm.; a = 0.07 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors placks dans le bain thermostatique i 37" et le milieu de conservation est saturk en carboghe.

Vingt-deux heures aprks le dkbut du rkchauffement, l'kpaisseur cornkenne moyenne est revenue i 172 O/O (1.28 mm.; o = 0.37 mm.). Cet amincissement reste significatif par rapport a l'kpaisseur moyenne mesurk immkdiatement avant le rtchauffement (t = 2.629; 2 O/O > P > 1 O/O). L'exptrience du groupe 1 n'ayant pas ktk prolongbe au de l i de 6 jours et 8 heures, ce groupe 1 ne peut plus servir de ttmoin dans le cas prksent. C'est pourquoi nous avons compark le groupe 8 au groupe 9 dont les cornkes ont ktk conservkes 8 jours i 4'. La difference entre l'kpaisseur moyenne atteinte par les cornkes du groupe 8 aprks 22 heures de rkchauffement et l'kpaisseur moyenne des cornkes du groupe 9 (1.81 mm.; o = 0.04 mm.) restkes A . 4' 7 jours et 22 heures est statistiquement significative (t = 4.545; 0.1 O/O > P).

Les cornkes amincies s'kclaircissent un peu. La chambre antkrieure est pleine de pigment irien.

300

Aprks 36 heures de rkchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne est re- montke h 224 O/O (1.68 mm.). Elle continue A augmenter trks rapidement. Les cornkes s’opacifient et leur epithelium desquame.

Groupe 9 (figure 11). L’kpaisseur cornkenne moyenne 100 O/O est de 0.81 mm. (a = 0.08 mm.).

Elle n’est pas statistiquement diffkrente de celle du groupe 1 (t = 2.034: 10 O/O > P > 5’0/0). Les yeux sont conservks a 4’ pendant 8 jours. Aprks ce laps de temps, les cornkes sont opacifikes et la mesure de leur kpaisseur une skrieuse difficult& La chambre antkrieure est remplie de pigment irien L’kpaisseur cornkenne moyenne est passke h 232 O / o (1.88 mm.; o = 0.04 mm.). Les flacons contenant les yeux sont alors places dans le bain thermostatique a 37’ et le milieu de conservation est saturk en carboghe.

On n’observe plus d’amincissement des cornkes. Au contraire, dks le dkbut du rkchauffement, l’kpaisseur cornkenne moyenne augmente trks rapidement et l’kpithklium desquame.

C O M M E N T A I X E S

Les cornkes des yeux conservks au froid dans l’humeur aqueuse artificielle augmentent d’kpaisseur relativement vite pendant les 24 premitres heures, plus lentement ensuite. L’opacification des cornkes kvolue paralldement a l’accroissement de leur kpaisseur. Cet kpaississement traduit la prksence d’un oedkme dO h la modification de l’ktat des mucopolysaccharides acides de la substance fondamentale, situke entre les fibres collaghes du parenchyme cornken (Ashton, 1960; Fransois et Rabaey, 1960). Cette substance fondamen- tale gonfle et de ce fait, les fibres collaghes, dont le calibre reste inchangk, s’kcartent les unes des autres. Cette dksorganisation de la rkpartition des fibres en t r ahe l’opacification de la cornke (Maurice, 1962).

Ce phknomhe est reversible : le rkchauffement et l’oxygknation des yeux conservks au froid rend aux cornkes une kpaisseur et une transparence quasi nor male.

Avec l’humeur aqueuse artificielle que nous avons utiliske, il est nkcessaire de remplacer l’oxygkne par du carboghe afin d’kviter l’alcalinisation du milieu. Fransois et Rabaey (1961) ont dkmontrk que le gonflement du tissu cornken dkpend du p H de la solution dans laquelle il est plongk. L’hydration de la cornke, minimum pour un p H de 4 h 4.5, augmente si on alcalinise le milieu : les mucoi’des du parenchyme absorbent plus d’eau et contrebalancent ainsi l’excrktion d’eau rktablie par le rkchauffement.

Dans nos conditions expkrimentales, le rkamincissement des cornkes peut encore 6tre obtenu 6 jours aprts le prkltvement des yeux.

301 Actn Ophthalrnol. 41, I11 20

Ce phknomkne a ktk dkcrit par Davson en 1955 et la mCme annke, par Harris et Nordquist. La facon dont il se dkroule suggkre qu’il est tributaire du mktabolisme cornken.

L’action du froid, en arrCtant le mktabolisme cornken, bloque le mkcanisme qui maintient normalement le taux d’hydration adkquat du parenchyme cor- d e n . Mais si on rCchauffe la cornke, en lui fournissant de l’humeur aqueuse artificielle oxygknke, le mkcanisme fonctionne B nouveau normalement et le tissu cornken Climine l’excks d’eau qu’il contenait.

Mais nos conditions de rkchauffement et de nutrition ne sont kvidemment pas idkales.

Alors que normalement, la cornke se nourrit B partir de l’humeur aqueuse A travers l’endothklium et respire B la fois par I’kpithklium et I’endothklium (Maurice, 1960; Davson, 1962), les cornkes des yeux knuclkks ne sont en con- tact avec le milieu nutritif et oxygknk qu’B travers I’kpithklium, tandis qu’au niveau de l’endothklium pknktrent les substances toxiques provenant de la dksintkgration cadavkrique des tissus endoculaires. Les cellules cornkennes meurent donc relativement rapidement, d’oh nouvelle hydratation excessive du parenchyme cornken. Le fait que nous n’avons pas pu obtenir l’amincissement des cornkes a p r h 8 jours de conservation est probablement dfi B la mort de tous les klkments cellulaires de ces cornkes, d’ou l’impossibilitk de la reprise du mktabolisme.

Le ph6nomPne que nous venons de dkcrire permet de ramener B une valeur proche de la normale I’Cpaisseur des cornkes conservkes par le froid. I1 rend possible le prklkvement de greffons dont l’kpaisseur correspond mieux A celle de la cornke du patient. Par ailleurs, le fait d’obtenir l’amincissement, par la chaleur, de la cornke conservke semble prouver qu’il persiste des klkments cellulaires vivants en nombre suffisant pour assurer un mktabolisme satisfaisant du greffon.

CONCLUSIONS

1 ) La cornke des yeux conservks au froid, en milieu humide, s’oedkmatie et donc s’kpaissit et s’opacifie.

2) Le rkchauffement et l’oxygknation de ces yeux provoquent l’amincisse- ment et l’kclaircissement des cornkes oedkmatikes, probablement par suite du rktablissement du mktabolisme de l’eau et des sels.

3) Dans nos conditions expkrimentales, ce phknomkne peut &re obtenu apres 6 jours de conservation, au plus tard.

4) La possibilitk de rendre A la cornke de cadavre kpaissie par le froid une epaisseur proche de la normale a une importance pratique pour la greffe de la cornke.

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