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. . . . . . s .... Faut-i/ refuser d'operer /es fumeurs ? L es colonnes du British Medical Journal se sont ouvertes ~ une pol~mique qui pourrait probablement s~vir en France sous peu. Deux m~decins, d'avis opposes, r~agissent a la d~cision recente d'un centre de soin ~britan- tuque ?) de refuser de r~aliser des interventions chirurgicales chez des patients fumeurs. Les deux interlocuteurs opposent des arguments qu~ tiennent pour le premier de "atsons #thiques (les m#decins n 'ont pas ~ ~tablir de discrimination entre leurs patients) et pour I'autre d'arguments 6conomiques. Le Dr Matthew J. Peters soutient une politique d'exclusion des fumeurs. II rappelle en particulier que les fumeurs sont exposes a un nombre stgnificatif de complications postop~ratoires : problames respiratoires et cardiaques, difficult~s de cicatrisation, augmentation du nombre d'infec- tions... Ces complications augmentent la dur#e des temps de s~jour, le risque d'interventions multiples et menacent ~ventuellement le succes des interventions, ce qui consfitue une charge tmportante pour les systemes de sante dent les ressources sont limit~es. L'impact de la consom- mation tabagique sur I'issue des interventions es~ particulierement bien document# dans les domaines de la chirurgie plastique et reconstruc- trice et dans le cadre de certaines interventions orthop~diques. L'une des ~tudes pr~sent#es s'est int~ress~e aux complications postop~ratoires ceux qui seront les mieux & meme de gerer leur sante & r&ge adulte, en comprendreI'impact deletere de certains regimes alimentaires, de la cigarette ou de I'alcool sur I'avenir de leurs arteres,. Le vegetarisme est une pratique alimentaire, assez polymorphe dans sa mise en place, qui rejette globalement les regimes & base de viande. Certains pra- tiquants extremes excluent toute forme de viande animale (viandes rouges ou blanches, poisson), mais egalement tout produit d'origine animale (oeufs, laitages...). On parle alors de vegetalisme. Des travaux assez recents indiquent qu'il existe un benefice reel des regimes vegetariens moderns (incluant les produits d'origine animale) sur la sante. Un groupe de chercheurs britanniques s'est donc demande dans quelle mesure les enfants ayant les plus forts QI n'etaient pas, & I'&ge adulte, plus frequemment v~getariens, ce qui pourrait expli- quer leur moindre exposition aux pathologies coronariennes. Uetude presentee a ete realisee sur une cohorte comprenant 17 198 sujets nes entre le 5 et le 11 avril 1970 de parents vivant en Grande-Bretagne. L'etude confirme, avec un degre de significativite tout & fait remar- quable, que les enfants ayant les QI les plus importants sont plus frequemment destines & devenir vegetariens & I'&ge adulte. En revanche, ceux qui ont fait le choix du vegetalisme, I'option ultra, n'etaient pas les plus brillants durant I'enfance... Comme quoi I'exces n'est pas une preuve d'intelligence. Cette etude montre que les vegeta- riens ont en general fait des etudes plus Iongues, qu'ils appartiennent & des classes sociales superieures. Pour autant, cette caracteristique ne se traduit pas dans leur salaire : ils occupent principalement des fonctions associatives, travaillent dans des oeuvres de charite ou occupent un poste dans le sec o teur public (frequemment darts I'Education). Pour la plupart, les vegetariens ont fait ce choix alimentaire des I'ado- lescence, donc apres la mesure de leur QI. Les auteurs font cependant remarquer, de faoon assez mali- cieuse, que si les enfants intelli- gents sont plus frequemmentvege- tariens & I'&geadulte, on ne conna~t pas I'impact de ce regime sur leurs performances intellectuelles posterieures... Vaste debat en perspective ! Gale C.R. et aL, IQ in childhood and vegetarianism in adulthood : 1970 British cohort survey, Br. Med. J. online (2006) doi : 10.1136/bmj.39030.675069.55 da s ESB (encephalopathie spon- giforme bovine), ou maladie de la vache folle, a ~te d~crite en Grande-Bretagne des les annees 1985-1986. Elle a donne lieu & I'une des epizooties du cheptel bovin parmi les plus preoccu- pantes, notamment parce que I'agent infectieux implique, la pro- teine prion, ou PrPsc, est suscep- tible d'etre transmise & I'homme et de provoquer une encephalopathie fatale, decrite comme une nouvelle forme (variant) de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. PrPsc est produite & partir de la proteine cellulaire (PrPc) par un pheno- mene complexe resultant d'un changement conformationel de la proteine normale. Celle-ci adopte la structure tridimensionnelle de la proteine anormale PrPsc et s'ac- cumule. La capacit6 de la proteine PrPsc & induire la conversion de a proteine PrPc en proteine anormale est ~. I'origine de son pouvoir pathogene et explique son caractere infectieux. Les tissus des bovins infectes ne subissent pas tous les memes charges infectieuses et ne sont doric pas tous associes au meme risque de transmission de PrPsc & I'homme. Les tissus bovins ~. haut risque infectieux sont I'encephale, les yeux,la moelle epiniere,les gan- glions rachidiens, I'intestin, la rate, le thymus et les amygdales. On considere en revanche que le muscle et le lait ne presentent pas de risque infectieux. Un groupe de laboratoires suisses, allemands et americains a developpe une technique de purification tres efficace de la pro- teine PrPc, precurseur cellulaire de la proteine PrPsc. Cette approche a facilit6 la mise en evi- dence, pour la premiere fois, de la proteine PrPc dans le lait de vache. Ce resultat permet de sup- poser que la proteine PrPsc, qui presente la meme distribution tissulaire a priori, pourrait conta- miner le lait de vaches atteintes d'ESB. Les concentrations detec- tees, de I'ordre de 200pg/mL, sont faibles mais significatives. Elles ne varient pas Iorsque le lait est expose aux traitements habi- 18 Revue Francophone desLaboratoires, mars 200?, N ° S90

Faut-il refuser d'opérer les fumeurs?

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Faut-i/ refuser d'operer /es fumeurs ? L es colonnes du British Medical Journal se

sont ouvertes ~ une pol~mique qui pourrait probablement s~vir en France sous peu.

Deux m~decins, d'avis opposes, r~agissent a la d~cision recente d'un centre de soin ~britan- tuque ?) de refuser de r~aliser des interventions chirurgicales chez des patients fumeurs. Les deux interlocuteurs opposent des arguments qu~ tiennent pour le premier de "atsons #thiques (les m#decins n 'ont pas ~ ~tablir de discrimination entre leurs patients) et pour I'autre d'arguments 6conomiques.

Le Dr Matthew J. Peters soutient une politique d'exclusion des fumeurs. II rappelle en particulier que les fumeurs sont exposes a un nombre stgnificatif de complications postop~ratoires : problames respiratoires et cardiaques, difficult~s de cicatrisation, augmentation du nombre d'infec- tions... Ces complications augmentent la dur#e des temps de s~jour, le risque d'interventions multiples et menacent ~ventuellement le succes des interventions, ce qui consfitue une charge tmportante pour les systemes de sante dent les ressources sont limit~es. L'impact de la consom- mation tabagique sur I'issue des interventions es~ particulierement bien document# dans les domaines de la chirurgie plastique et reconstruc- trice et dans le cadre de certaines interventions orthop~diques. L'une des ~tudes pr~sent#es s'est int~ress~e aux complications postop~ratoires

ceux qui seront les mieux & meme de gerer leur sante & r&ge adulte, en comprendre I'impact deletere de certains regimes alimentaires, de la cigarette ou de I'alcool sur I'avenir de leurs arteres,. Le vegetarisme est une pratique alimentaire, assez polymorphe dans sa mise en place, qui rejette globalement les regimes & base de viande. Certains pra- tiquants extremes excluent toute forme de viande animale (viandes rouges ou blanches, poisson), mais egalement tout produit d'origine animale (oeufs, laitages...). On parle alors de vegetalisme. Des travaux assez recents indiquent qu'il existe un benefice reel des regimes vegetariens moderns (incluant les produits d'origine animale) sur la sante. Un groupe de chercheurs britanniques s'est donc demande dans quelle mesure les enfants ayant les plus forts QI n'etaient pas, &

I'&ge adulte, plus frequemment v~getariens, ce qui pourrait expli- quer leur moindre exposition aux pathologies coronariennes. Uetude presentee a ete realisee sur une cohorte comprenant 17 198 sujets nes entre le 5 et le 11 avril 1970 de parents vivant en Grande-Bretagne. L'etude confirme, avec un degre de significativite tout & fait remar- quable, que les enfants ayant les QI les plus importants sont plus frequemment destines & devenir vegetariens & I'&ge adulte. En revanche, ceux qui ont fait le choix du vegetalisme, I'option ultra, n'etaient pas les plus brillants durant I'enfance... Comme quoi I'exces n'est pas une preuve d'intelligence. Cette etude montre que les vegeta- riens ont en general fait des etudes plus Iongues, qu'ils appartiennent & des classes sociales superieures. Pour autant, cette caracteristique ne

se traduit pas dans leur salaire : ils occupent principalement des fonctions associatives, travaillent dans des oeuvres de charite ou occupent un poste dans le sec o teur public (frequemment darts I'Education). Pour la plupart, les vegetariens ont fait ce choix alimentaire des I'ado- lescence, donc apres la mesure de leur QI. Les auteurs font cependant remarquer, de faoon assez mali- cieuse, que si les enfants intelli- gents sont plus frequemment vege- tariens & I'&ge adulte, on ne conna~t pas I'impact de ce regime sur leurs performances intellectuelles posterieures... Vaste debat en perspective !

Gale C.R. et aL, IQ in childhood

and vegetarianism in adulthood :

1970 British cohort survey, Br. Med. J. online

(2006) doi : 10.1136/bmj.39030.675069.55

da s ESB (encephalopathie spon-

giforme bovine), ou maladie de la vache folle, a ~te d~crite en Grande-Bretagne des les annees 1985-1986. Elle a donne lieu & I'une des epizooties du cheptel bovin parmi les plus preoccu- pantes, notamment parce que I'agent infectieux implique, la pro- teine prion, ou PrPsc, est suscep- tible d'etre transmise & I'homme et de provoquer une encephalopathie fatale, decrite comme une nouvelle forme (variant) de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. PrPsc est produite & partir de la proteine cellulaire (PrPc) par un pheno- mene complexe resultant d'un changement conformationel de la proteine normale. Celle-ci adopte la structure tridimensionnelle de la proteine anormale PrPsc et s'ac- cumule. La capacit6 de la proteine PrPsc & induire la conversion de a proteine PrPc en proteine anormale est ~. I'origine de son pouvoir pathogene et explique son caractere infectieux. Les tissus des bovins infectes ne subissent pas tous les memes charges infectieuses et ne sont doric pas tous associes au meme risque de transmission de PrPsc & I'homme. Les tissus bovins ~. haut risque infectieux sont I'encephale, les yeux, la moelle epiniere, les gan- glions rachidiens, I'intestin, la rate, le thymus et les amygdales. On considere en revanche que le muscle et le lait ne presentent pas de risque infectieux. Un groupe de laboratoires suisses, allemands et americains a developpe une technique de purification tres efficace de la pro- teine PrPc, precurseur cellulaire de la proteine PrPsc. Cette approche a facilit6 la mise en evi- dence, pour la premiere fois, de la proteine PrPc dans le lait de vache. Ce resultat permet de sup- poser que la proteine PrPsc, qui presente la meme distribution tissulaire a priori, pourrait conta- miner le lait de vaches atteintes d'ESB. Les concentrations detec- tees, de I'ordre de 200pg/mL, sont faibles mais significatives. Elles ne varient pas Iorsque le lait est expose aux traitements habi-

1 8 Revue Francophone des Laboratoires, mars 200?, N ° S90