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EHESS Fin d'une religion? Monographie d'une paroisse canadienne-francaise by Colette Moreux Review by: J. -P. D. Archives de sociologie des religions, 14e Année, No. 28 (Jul. - Dec., 1969), pp. 230-231 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30123659 . Accessed: 12/06/2014 20:21 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sociologie des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.126.55 on Thu, 12 Jun 2014 20:21:11 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Fin d'une religion? Monographie d'une paroisse canadienne-francaiseby Colette Moreux

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EHESS

Fin d'une religion? Monographie d'une paroisse canadienne-francaise by Colette MoreuxReview by: J. -P. D.Archives de sociologie des religions, 14e Année, No. 28 (Jul. - Dec., 1969), pp. 230-231Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30123659 .

Accessed: 12/06/2014 20:21

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

dont le nom et I'oeuvre m~ritaient d'bchapper B l'oubli.

A. V.

236 MOREL (Georges).

Probl~mes actuels de religion. Paris, Aubier, 1968, 240 p. (Collection Recherches bconomiques et sociales).

Recueil d'articles parus dans la revue Etudes de 1964 B 1967. Prenant appui sur les sociologues - a malgrb l'inbvitable ambiguit6 de leur science )) (p. 11) -, I'A. saute trbs vite, par Marx, dans la philosophic allemande et sa post~rit6 frangaise. Dbnongant le fiddisme aussi bien que le nihilisme, il exerce son talent dans l'argumentation et puise, pour l'illustrer, au floriltge de ses lectures. Il se situe ainsi dans un entre-deux, n'allant pas jusqu'd poser a|A

son dernier niveau la question du christianisme , et ne s'attardant au a(fait (ambigu) de la d~christianisation s que pour introduire concrdtement, historiquement, au malaise contemporain concernant l'existence mbme d'un Dieu, ((a cet autre fait, sans lequel l'analyse du premier se condamne A une abstraction inavoude D (p. 7).

La rbflexion philosophique vise done ici conjointement A donner son statut factuel k un palier psycho-sociologique habituellement laiss6 dans le clair-obscur des confusions - pour des raisons d'ailleurs contradictoires, puisque l'existence de Dieu et le malaise qui l'entoure seont rejets dans la sphsre des opinions et, de l|, au lieu d'etre trait~es m~tho- dologiquement comme telles, renvoybes ? la m6taphysique -, et a manifester la naivet6 d'un empirisme qui s'imRagine de plain-pied immtdiat avec le reel. Rdflexion B partir d'un fait aborde par les sociologues, et non sutr la sociologie de ce fait: ni l'dtat de la recherche ni, sans doute, le temperament de 1'A. ne permettaient beaucoup plus. Un sociologue ne trouvera gubre ici ce qu'il cherche, ou ce que son metier l'incline A chercher: cc n'est pas A dire qu'il n'y trouvera rien. Ily apprendra au moins d'un j6suite que, c pris comme tel, le mot Dieu n'a pas de sens s, qu'il est p~rilleux i l'usage et grev6 d'un passif thbologique devenu d~cid~ment bien lourd (p. 187 et 227) : mais, loin de s'dpuiser dans l'histoire ou le discours, il est finalement (( le signe qui, enve- loppant et traversant tout systtme linguistique, indique comme avec l'index l'abime entre Dieu et le langage . (p. 237).

E. P.

237 MOREUX (Colette). Fin d'une religion ? Monographie d'une

paroisse canadienne-francaise. Montreal, Presses de l'Universit6, 1969, XLI-485 p.

Dans la brlve introduction qu'il donne i ce gros livre, le Professeur Guy Rocher, de l'Uni- versit6 de Montrbal, defend avec vigueur le genre monographique qu'a adopt6 Colette Moreux et il en montre la f~conditi : il le fait avec une certaine ipret6 de ton, comme s'il craignait que la critique ne soit s6vlre pour un genre que certains jugeraient d~pass6 ou superficiel. De son c6t6, I'A. semble vouloir pr~venir la critique en montrant longuement que la culture qu~bbcoise est si unifibe que la vie d'une seule paroisse, adroitement choisie, rbfracte le climat culturel de la Province toute entilre. Rassurons-les tous les deux: ce livre n'avait pas besoin d'etre pr~sent6 avec de telles precautions. Disons, tout simplement, que la lecture en est absolument passionnante, que l'A. aborde et traite son sujet avec une immense maitrise, une precision raffinde, une totale libert6 de propos et une 6l1gance s laquelle on ne pourrait reprocher qu'une seule chose: c'est de fasciner le lecteur au risque de lui faire craindre qu'il ne soit en train de perdre son sens critique. Une premiere lecture le s~duit tellement qu'il se sent oblige d'y revenir une seconde fois pour voir si le travail r~siste i une lecture plus exigeante. I1 y rbsiste.

Il est clair que C. M. ne limite pas son infor- mation i la double enqubte qu'elle a menbe en 1964 et 1965 auprbs de 90 femmes (diment

chantillonnes) dee * Saint-Pierre (nom fictif). Sa connaissance de la vie de la paroisse est quotidienne ; elle est allhe partout, elle connait tout, elle a parl6 avec tout le monde. Elle a su saisir de 'intrieur le fonctionnement routinier mais foisonnant d'une petite agglomeration de prts de 3 000 habitants, de la grande banlieue de Montreal, qui, apr~s avoir vu ses habitants s'engouffrer dans la M~tropole, les voit mainte- nant revenir, urbanis~s et critiques, mais n~anmoins guettbs par I'immersion dans la passivit6 d'un village oft, d'apris la majorit6 des interviewbes, (( il ne se passe rien >.

Ce n'est pas le moindre mirite de l'A. que d'avoir su, d'une part, se d~gager de sa proximit6 aux hommes, aux lieux et aux choses pour organiser, structurer et expliquer, d'avoir su, d'autre part, percer l'apparente passivit6 de ce milieu oh t il ne se passe rien pour faire craquer les censures, d~gager les 6picentres sociaux, mettre a nu les nerfs d'un organisme apparemment assoupi et d~couvrir, par deli le placottage (caneans ?), toute la complexitt d'un systhme social finalement foisonnant. On comprend qu'elle ait donn6 des noms fictifs aux lieux et aux personnes:

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BULLETIN DES OUVRAGES

la dtontologie est sauve. Mais le luxe de d~tails est si grand que personne, du c6t6 de Montr4al, ne doit ignorer quel village se cache sous le nom de * Saint-Pierre, et que le lecteur ne peut s'emp~cher, de temps en temps, de se sentir coupable d'un certain voyeurisme si ce n'btait pricis6ment la trche du clinicien.

La vie de * Saint-Pierre, village exemplaire, ne peut se comprendre qu'en r6f6rence t son histoire. Celle-ci rifracte celle du Qubbec tout entier: et pour qui ignorerait cette histoire, C. M. en donne un apergu ramass6 et percutant, prenant une certaine joie, semble-t-il, A bousculer un bon nombre de choses. Dans une premiere partie (59-147), elle installe le d6cor, dbcrit les institutions reli- gieuses et civiles, analyse les micro-fonctionne- ments sociologiques et donne de la soci6t6 de * Saint-Pierre et de sa culture un tableau d'une verve et d'une agilit6 ohf l'on souhaiterait peut-6tre quelquefois surprendre un tout petit peu plus de sympathie.

C'est ensuite l'6tude de la pratique religieuse (149-285) et des attitudes religieuses et 6thi- ques (287-408). Et 1l, tous les genres mbtho- dologiques s'entremblent d'une fagon assez 6tonnante, du plus technique et du plus statis- tique au plus descriptif et au plus color6, sans que jamais l'on succombe au genre douteux de la phdnombnologie. On a tout mesurb, mais on a rbussi t tout faire revivre. On a tout mesur : la pratique religieuse, la participa- tion aux rites secondaires ou intimistes (d bou- chant sur une typologie astucieuse), le nombre de pieces de monnaie dans les plateaux de la quote, le nombre de participants aux phleri- nages et aux retraites spirituelles, les 17,4 messes chl|brbes en moyenne pour le repos de I'&me d'un d~funt, les constellations quasi- sociom~triques adopt~es par les fidfles sur les banes de l'6glise le dimanche. Mais le tout, loin d'aboutir i un 6parpillement atomis6, est rnint6gr6 dans une attitude totale: celle d'un milieu que l'on fait revivre avec une verve quelquefois inigalable (par exemple, la des- cription de la messe dominicale ou celle de la croyance aux miracles). De sociographique, le travail est devenu socio-clinique.

Disons-le: le tableau finalement dress6 est accablant et le ton adopt6 est doucement f4iroce. La religion de * Saint-Pierre apparait comme une immense complicit6 sociale: une sorte de traditionalisme paresseux, un consensus pateux localement revitalis~ par des visbes magiques, un utilitarisme oft I'on ne sait d~brouiller cc qu'il s'y trouve de d~sir d'appropriation du sacrb et de volont6 d'inser- tion sociale, un individualisme farouche combine aux torpeurs d'un fatalisme culpabili- sant. Ce n'est pas le propre d'une monogra-

phie que de proposer des explications ultimes et fondamentales: il est clair, pourtant, que l'A. voit la cause de cette situation d6solante dans le clhricalisme qui, selon elle, est parvenue entre 1840 et 1960 h faire des habitants de * Saint-Pierre ce qu'ils sont pour la plupart: des Yesmen.

Fin d'une religion ? L'A., prudemment, ne fait que poser l'interrogation: mais on sent qu'elle irait bien plus loin encore, tout en laissant la perspective ouverte sur l'ind6termination voulue que suggfre le titre. C'est que, derriere la presque unanimit6 qui rbgne encore, la ((religion )) est en train de se vider de l'intdrieur et que, en devenant folklore paisible, regulation sociale et statu quo 4thique, la religion traditionnelle est en train de se mourir. Elle parvient encore f organiser des fastes collectifs, f rkgler les comportements rituels, f maintenir envers et contre tout les pr~ceptes vieillissants d'une morale aux abois: elle n'atteint plus les croyants dans leur vie rbelle, individuelle ou sociale. Quel est son avenir ? L'A. ne pose pas le problfme et ne pouvait sans doute pas le poser: c'est peut-8tre ia que le genre mono- graphique montre le plus ses limites.

J.-P. D.

238 MORINo (Claudio). Church and State in the Teaching of St.

Ambrose. Washington, The Catholic Uni- versity of America Press, 1969, 218 p. (trad. de M.J. Costelloe).

L'A. a judicieusement saisi l'important problfme des rapports entre l'Eglise et l'Etat romain f un moment capital de l'6volution interne de l'Empire chr~tien. Le personnage d'Ambroise, sa double competence de juriste- haut fonctionnaire et d'6v~que de Milan, les 6v~nements politiques et religieux auxquels il fut mbl6, expliquent que sa doctrine ait eu une si considirable influence et qu'elle porte en germe les bases du droit public de l'Eglise ainsi que la th6orie, d6jf m~di~vale, des rela- tions entre les deux pouvoirs. Suivant un plan assez abstrait, Mgr Morino rassemble les t&- moignages de la pensle ambrosienne sur l'Eglise communaut6 de foi et sur la communaut6 civile et politique qu'est l'Empire. I1 examine ensuite les fondements de l'autorit6 religieuse et du pouvoir civil et termine par une sorte de plaidoyer pour l'action d'Ambroise, d~fenseur de l'orthodoxie. L'6tude est consciencieuse- ment men&e, dans le respect des textes abon- damment cites mais malheureusement sou- vent isolhs de leur contexte precis.

A vrai dire, le sujet mdme de cette etude n'est pas entifrement neuf et sa version ori-

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