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La Gazette Santé-Social • Mai 2014 21 DOSSIER PRIVÉ LUCRATIF Anticiper les besoins, grâce à la gestion des compétences Gestionnaire d’Ehpad privés en Languedoc-Roussillon, le groupe E4 met en œuvre une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, afin d’anticiper les besoins sur trois ans. «P our nous, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences [GPEC] constitue un axe straté- gique. » Aux yeux de Michèle Tomas, cogérante du groupe E4, la mise en œuvre de cette démarche dans les trois Ehpad de la société, en 2008, était une manière de « partir au front : au lieu de subir, les directeurs d’établissements ont repris la situa- tion en main ». Le service d’aide à domicile de- vrait en faire de même prochainement. Le groupe connaît en effet des difficultés à recruter et à maintenir le personnel. Un phénomène qu’ag- grave sa localisation dans l’agglomération montpelliéraine, où les nombreux établisse- ments de santé du bassin d’emplois exercent une forte concurrence. Fiches de poste La GPEC vise à adapter les effectifs et les com- pétences aux besoins futurs de l’entreprise, tout en donnant des perspectives d’évolu- tion aux salariés. A l’échelle de la région, la démarche est promue par la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) et le Syndicat national des établissements et résidences pri- vés pour personnes âgées (Synerpa). Les deux têtes de réseau ont tout d’abord pro- posé des formations. Des « journées réseaux » ont réuni directeurs de cliniques et d’Ehpad, afin de prendre en main les outils de la GPEC : tableau de suivi des effectifs, pyramide des âges, etc. Des fiches de poste ont alors pu être établies pour les Ehpad, harmonisant, pour chaque fonction, les compétences requises. Désormais, « nous pouvons expliquer préci- sément aux candidats ce que nous attendons d’eux, indique Emilie Vilella, directrice de l’Ehpad La Martégale, à Pérols [Hérault]. Quand nous diffusons des offres auprès de Pôle emploi, je sais que la personne qui se pré- sentera répondra à ces compétences. » Par ailleurs, chaque établissement dispose de son propre logiciel, qui centralise « l’en- semble des données pour chaque salarié, de son recrutement à son départ », indique Michèle Tomas. Y sont indiqués les fins de CDD de longue durée, les départs à la retraite, les formations suivies, etc. Cela donne aux directeurs d’établissements une visibilité sur trois ans. En outre, la GPEC favorise la remon- tée de statistiques au niveau régional. « Nous fournissons des éléments aux autorités, per- mettant l’évolution des quotas » dans les insti- tuts de formation, poursuit Michèle Tomas. La GPEC porte également sur le parcours des salariés. Des entretiens d’évaluation annuels ont débuté en 2010, avec un double objectif : proposer un bilan à chacun et offrir aux direc- teurs d’établissements une photographie des compétences et des évolutions possibles. Ces derniers peuvent donc élaborer leur plan de formation avec plus d’efficacité. Enfin, une réflexion participative sur les conditions de travail a été mise en place il y a deux ans. La démarche est accompagnée par l’agence-conseil Primum non nocere (lire le témoignage) : « Le but est de construire un plan d’action pour améliorer les conditions de travail, précise Charlotte Cedo, directrice gé- nérale du groupe E4. C’est aussi une manière de fidéliser les personnels. » GUILLOUX Olivier Toma, directeur général de l’agence-conseil en développement durable et santé Primum non nocere «Un baromètre social» «En un an et demi, nous avons conçu un outil de réflexion participatif sur les conditions de travail. Il est le fruit d’un travail de terrain. Nous avons réuni des directeurs de diffé- rents établissements sanitaires et médicosociaux à travers la France, ainsi que des salariés occupant tous types de postes [brancardiers, agents de service hospitalier, etc.]. Cela a permis de déterminer les points importants en termes de bien- être et de satisfaction au travail, de relation avec les collègues et la hié- rarchie. Vingt-quatre questions en ont découlé. Grâce à un code d’accès, chacun peut y répondre sur l’intranet, anonymement. Faute de quoi, les réponses ne pourraient pas être étudiées objectivement. Notre analyse des résultats produit un baromètre social. Par exemple, une question sur les valeurs de l’établissement a permis de dresser une photographie de celles ressenties par les salariés. En outre, l’outil est évolutif» REPÈRES 3 Ehpad. 1 service d’aide à domicile. • 182 lits. 139 collaborateurs, soit plus de 115 équivalents temps plein (ETP). 68% des ETP soignants et 35% de l’effectif total sont des aides-soignants et des aides médicopsychologiques. 1612 euros: salaire brut d’embauche pour un aide-soignant. • Contacts: Michèle Tomas: mtomas@groupe-e4. com Olivier Toma: [email protected]

Grand Âge - Des Idées Pour Recruter (4)

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  • La Gazette Sant-Social Mai 2014 21

    DOSSIER

    PRIV LUCRATIF

    Anticiper les besoins, grce la gestion des comptencesGestionnaire dEhpad privs en Languedoc-Roussillon, le groupe E4 met en uvre une gestion prvisionnelle des emplois et des comptences, a n danticiper les besoins sur trois ans.

    Pour nous, la gestion prvisionnelle des emplois et des comptences [GPEC] constitue un axe strat-gique. Aux yeux de Michle Tomas, cogrante du groupe E4, la mise en uvre de cette dmarche dans les trois Ehpad de la socit, en 2008, tait une manire de partir au front : au lieu de subir, les directeurs dtablissements ont repris la situa-tion en main . Le service daide domicile de-vrait en faire de mme prochainement. Le groupe connat en effet des diffi cults recruter et maintenir le personnel. Un phnomne quag-grave sa localisation dans lagglomration montpelliraine, o les nombreux tablisse-ments de sant du bassin demplois exercent une forte concurrence.

    Fiches de posteLa GPEC vise adapter les effectifs et les com-ptences aux besoins futurs de lentreprise, tout en donnant des perspectives dvolu-tion aux salaris. A lchelle de la rgion, la dmarche est promue par la Fdration de lhospitalisation prive (FHP) et le Syndicat national des tablissements et rsidences pri-vs pour personnes ges (Synerpa).Les deux ttes de rseau ont tout dabord pro-pos des formations. Des journes rseaux ont runi directeurs de cliniques et dEhpad, afi n de prendre en main les outils de la GPEC : tableau de suivi des effectifs, pyramide des ges, etc. Des fi ches de poste ont alors pu tre tablies pour les Ehpad, harmonisant, pour chaque fonction, les comptences requises. Dsormais, nous pouvons expliquer prci-sment aux candidats ce que nous attendons deux, indique Emilie Vilella, directrice de lEhpad La Martgale, Prols [Hrault]. Quand nous diffusons des offres auprs de Ple emploi, je sais que la personne qui se pr-sentera rpondra ces comptences. Par ailleurs, chaque tablissement dispose de son propre logiciel, qui centralise len-semble des donnes pour chaque salari,

    de son recrutement son dpart , indique Michle Tomas. Y sont indiqus les fi ns de CDD de longue dure, les dparts la retraite, les formations suivies, etc. Cela donne aux directeurs dtablissements une visibilit sur trois ans. En outre, la GPEC favorise la remon-te de statistiques au niveau rgional. Nous fournissons des lments aux autorits, per-mettant lvolution des quotas dans les insti-tuts de formation, poursuit Michle Tomas.La GPEC porte galement sur le parcours des salaris. Des entretiens dvaluation annuels ont dbut en 2010, avec un double objectif : proposer un bilan chacun et offrir aux direc-teurs dtablissements une photographie des comptences et des volutions possibles. Ces derniers peuvent donc laborer leur plan de formation avec plus deffi cacit.Enfi n, une rfl exion participative sur les conditions de travail a t mise en place il y a deux ans. La dmarche est accompagne par lagence-conseil Primum non nocere (lire le tmoignage) : Le but est de construire un plan daction pour amliorer les conditions de travail, prcise Charlotte Cedo, directrice g-nrale du groupe E4. Cest aussi une manire de fi dliser les personnels.

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    Olivier Toma, directeur gnral de lagence-conseil en dveloppement durable et sant Primum non nocere

    Un baromtre socialEn un an et demi, nous avons conu un outil de r exion participatif sur les conditions de travail. Il est le fruit dun travail de terrain. Nous avons runi des directeurs de diff -rents tablissements sanitaires et mdicosociaux travers la France, ainsi que des salaris occupant tous types de postes [brancardiers, agents de service hospitalier, etc.].

    Cela a permis de dterminer les points importants en termes de bien-tre et de satisfaction au travail, de relation avec les collgues et la hi-rarchie. Vingt-quatre questions en ont dcoul. Grce un code daccs, chacun peut y rpondre sur lintranet, anonymement. Faute de quoi, les rponses ne pourraient pas tre tudies objectivement. Notre analyse des rsultats produit un baromtre social. Par exemple, une question sur les valeurs de ltablissement a permis de dresser une photographie de celles ressenties par les salaris. En outre, loutil est volutif

    REPRES 3 Ehpad. 1 service daide

    domicile. 182 lits. 139 collaborateurs, soit

    plus de 115 quivalents temps plein (ETP).

    68% des ETP soignants et 35% de leffectif total sont des aides-soignants et des aides mdicopsychologiques.

    1612 euros: salaire brut dembauche pour un aide-soignant.

    Contacts:Michle Tomas: [email protected] Toma: [email protected]

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