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TÊTU+ Cahier n° 3 de TêTU n° 183. Ne peut être vendu séparément. TETU.COM LE GUIDE GRATUIT D’INFORMATION SUR LE VIH ET LES HÉPATITES TÉMOIGNER LES MILITANTS PRENNENT LA PAROLE Reportage Au coeur de la lutte au burkina faso TOUT SAVOIR SUR LES DROITS SOCIAUX SE SOIGNER + 25 FICHES TRAITEMENT + LES MÉDOCS DU FUTUR + L'INTERFÉRON MIEUX VIVRE FAIRE OU REFAIRE L´AMOUR 2012 2013

Guide TETU+ 2012/2013

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Tous les 2 ans, TÊTU édite le Guide TÊTU+ sur les hépatites et le VIH. Un guide très complet à lire et relire.

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têtu+

Cahier n° 3 de TêTu n° 183. Ne peut être vendu séparément.

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Le guide gratuit d’information sur Le ViH et Les HÉPatites

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têtu+DirecteurPierre Bergé

Directeur De la publicationHugues Charbonneau

Directeur DÉlÉGuÉJean-Marc Gauthier

Directeur De la rÉDactionGilles Wullus

rÉDacteur en chef Du GuiDe têtu +Luc Biecq

Directeur artistique DÉlÉGuÉRudy Augustin-Lucile

rÉDacteur GraphisteNikola Cindric

assistante MaquettisteAdrien Rocca

iconoGraphie, proDuction photo Alexandre Roche

chef D’ÉDitionFrançois Couzinié

rÉvision-correctionAnne-Françoise Cochet

coMitÉ scientifique Dr Éric Billaud, Dr Frédérique Delatour, Dr Anne Gervais, Gilles Laffon, Nathalie Morgensztejn, Pr Daniel Vittecoq.

ont collaborÉ à ce nuMÉroElsa Bastien, Isabelle Blin, Alexis Buisson, Christophe Cordier, Christophe Courau, Isabelle Delaleu, Marie-Catherine de La Roche, Olivier Donnars, Jérôme Farina-Cussac, Romain Farina-Cusac, Anne-Claire Genthialon, Noëlle Guillon, Catherine Kapusta-Palmer, Guillaume Le Hegarat, Renaud Persiaux, Fabienne Rigal, Adeline Toullier, Mélanie Vives, Isabelle Yaouanc.

photoGraphesBaptiste de Ville d’Avray, Alexandra Frankewitz, Cédric Gerbehaye (VU), Fico, Denis Lamaison, Alfredo Piola, Matthieu Sorey-Garnier, Yuri Toroptsov.

illustrateursRafaël Houée, Delphine Perret.

rÉDaction6 bis, rue Campagne-Première, 75685 Paris Cedex 14. Tél. : 01 56 80 20 80. Fax : 01 56 80 20 85.

Cahier n° 3 de TêTu n° 183, ne peut être vendu séparément. Il contient un encart abonnement jeté « Offre découverte ». Le guide TêTu + est édité par CPPD SAS 6 bis, rue Campagne-Première, 75014 Paris. Commission paritaire n° 1012 K 82644 – ISSN 1265-3578.

suivi De fabricationLaurence Coudert, Les Élements déchaînés, tél.: 06 84 84 43 44.

IMPRIMÉ SUR SOLARIS BRITE 1.35 DE L'USINE DE KOTKAMILLSDISTRIBUÉ PAR IDIP

le Guide têtu + a bénéficié du soutien des laboratoires pharmaceutiques suivants :

ABBOTT FRANCEGILEAD SCIENCESJANSSEN MERCK SHARP & DOHME-CHIBRET

Conformément à la législation en vigueur, les articles du Guide TêTU + n’ont été ni rédigés ni relus par les laboratoires pharmaceutiques.

Photo de couverture : AFP

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Le guide TêTu + a également bénéficié du soutien de :

La direction générale de la Santé (DGS, division Sida), l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) participe à la diffusion gratuite du Guide TêTU +.

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C e fut une déferlante. L’été 2012, à la conférence de Washington, une

vague d’optimisme a secoué quelques chercheurs et un bruit de fond a annoncé la fin du sida. C’était possible, tout d’un coup, il y avait des modèles, des graphiques, des chiffres, des projets. Il suffisait seulement de mettre des millions de personnes sous traitement et l’épidémie allait prendre fin, vaincue, épuisée, anéantie… Nous aurions aimé y croire, nous aurions aimé annoncer que les lendemains chantent. Mais vu d’ici, si certains séropositifs ne veulent plus du mot « malade », la chanson ne touche pas à sa fin. La stigmatisation reste monnaie courante et les associations, privées de fonds, peinent à accompagner les personnes touchées. Dans cette huitième édition du Guide TêTu +, les militants du Burkina-Faso nous disent la vérité : pour recevoir une thérapie contre le VIH, ils doivent attendre que quelqu’un meurt. L’urgence est donc toujours d’actualité : 533 millions de personnes dans le monde, vivent avec le VIH ou le virus d’une hépatite B ou C. Et si le combat, c’était maintenant ?Luc Biecq, rédacteur-en-chef

TémoignerNeuf personnes parlent de leur vie avec le virus de l’hépatite C ou avec le VIH 4

Faire l’amour24 questions-réponses pour jouir sans entraves 16

miliTerDouze assocaitions de lutte contre le sida et les hépatites, en France, en Belgique et aux États-Unis 26

reporTageAvec les militants de Revs +, à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso 40

ConnaÎTre ses droiTs14 questions et 14 réponses rédigées par des experts 46

emploiComment chercher, comment trouver ? 56

nuTriTionPourquoi se faire aider 58Apprendre à supporter l’interféron 61

sporTS’y remettre ! 62

Tribune Femmes 63

Comprendre, soignerDécoder : les mots clés du suivi 66Je viens d’être contaminé… 68Ma charge virale remonte ! 69Le suivi des trans 70Hépatite C, récit d’une transplantation 71Apprivoiser l’interféron 72Quand faut-il consulter en urgence ? 74Check-up : comment penser à tout 76Tabac : réussir à dire stop 78

TraiTemenTs Hépatite B, hépatite C et VIH : les combinaisons les plus prescrites 79Les traitements du futur 108Comité scientifique 110

Le Guide TêTu + est gratuit. Il est destiné aux personnes vivant avec le VIH et les hépatites, à leurs proches et à tous ceux qui souhaitent s’informer sur le sida et les hépatites. Il vous est offert par le magazine TêTu.

La fausse fin

sommaire

édito +

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C’était hier. Il se souvient de tout. Des tubes de sang et du traitement commencé très vite après le test positif au VIH. Ce résultat, Vincent s’y attendait. Les symptômes de la primo infection, la grippe en plein été, il les avait reconnus. C’est presque un expert : il milite à Aides depuis le lycée. « Par chance, j’étais informé, je savais comment maximiser mes chances. »Très souvent, on lui demande comment ça s’est passé, mais il n’a pas de réponses précises, et n’en cherche pas. « J’ai sûrement mal évalué les risques », lâche-t-il. Il laisse échapper que sa confiance en lui a été altérée par ce qu’il perçoit parfois comme un échec. Rien de cela ne l’a rendu indifférent et apprendre que quelqu’un a été contaminé l’affecte toujours autant. Mais il va bien, Vincent, et chaque jour, il vérifie que la science avance plus vite que la lutte contre les discriminations. S’engager, quand on vit bien, c’est pour lui un devoir moral. « C’est parce que je vais bien que je dois en faire encore plus pour l’accès aux droits et aux soins. » L’investissement militant lui donne de la force, c’est une étape de construction. Ce qui l’irrite ? Quand il entend raconter que les messages de prévention sont dépassés, que chacun en sait bien assez. Le manque de connaissances concerne toutes les classes d’âge, comme il le perçoit lors des entretiens de dépistage rapide menés avec Aides. Le jeune homme juge que  chacun peut et doit être un acteur de prévention. Ne pas se planquer, ça fait partie du processus.Certes, mais les peurs des uns et des autres, que peut-on en faire ? « J’en ai sans doute eu quand j’étais séronégatif, je peux les comprendre sans les juger. Ce qui est pesant, c’est la peur irrationnelle de contaminer quelqu’un, que je ressens parfois. Heureusement, ça se calme. » S’il a sûrement entendu quelques bêtises, il fait mine de les avoir oubliées et souligne, discrètement ému, que ses amis, sans attendre et sans juger, ont fait montre de bienveillance, de patience, d’écoute. Une amie proche, alors qu’il avait des cauchemars, lui a trouvé une veilleuse. Sa famille n’a pas dépareillé. Ses parents l’ont accompagné à une consultation médicale. Les lignes bougent, les esprits s’ouvrent, Vincent en est le témoin : « Les séronégatifs sont à même de comprendre, de partager. » Luc Biecq

“J’ai sûrement mal évalué les risques…”Vincent

vih, hépatite c, co-infection… durement éprouvés, parfois pendant de longues années, ils-elles ont su trouver les ressources pour résister. et aujourd’hui pour témoigner.textes Luc Biecq, Marie-catherine de La roche, oLivier duMas, noëLLe  guiLLon,

faBienne rigaL, MéLanie vivès et isaBeLLe yaouanc photos yury toroptsov

La Vie en + +témoigner

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Le mot ne vient pas tout seul, il n’est pas si simple à prononcer et, parfois, l’habitude de son contournement est telle qu’il faut quelques minutes pour y arriver. C’est le temps qu’il faut à Marcela, fragile, presque apeurée, pour dire « séropo ». Son français, laborieux, traîne avec lui un bel accent brésilien. Avec sa peau mate et ses cheveux longs, elle est vêtue simplement, d’un jean et d’un haut noir. Avant de débarquer à Paris l’an passé, « pour le travail », la jeune femme a vécu quelque temps en Guyane française. Marcela, transgenre, vit avec le VIH depuis une poignée d’années. « C’est arrivé après un accident », confie-t-elle. Depuis mars 2012, elle se démène bénévolement au sein d’Acceptess-T, une association qui soutient les personnes trans touchées par le virus. « Avant d’arriver là, je militais déjà pour Aides. Ici, je donne un coup de main dès qu’il y a du travail à faire. J’y suis très souvent, je m’y sens chez moi et ça me remonte le moral ! » Car ce dernier est loin d’être toujours au beau fixe. Qu’à cela ne tienne, derrière ces yeux noirs et cette voix douce se cache une véritable battante qui n’entend pas plier devant les épreuves. Sa source de stress numéro un en ce moment ? Son titre de séjour. Elle craint qu’il ne soit pas renouvelé. « J’ai peur, parce

qu’au Brésil, on ne trouve de traitements que dans les métropoles, et moi je suis originaire de Belém, une ville qui n’est pas riche… Mais ce qui me gêne vraiment, c’est quand les gens pensent que je suis là uniquement pour profiter des traitements que l’on trouve ici. Tout ce que je veux, c’est travailler et vivre comme une citoyenne normale. »Trans, séropositive, migrante… « C’est dur, mais je fais avec. Je sais que je ne suis pas seule. » De temps en temps, Marcela se prostitue pour gagner sa vie. Elle hésite beaucoup à chaque fois mais elle n’a pas d’autre solution. Parallèlement, elle est inscrite à Pôle Emploi. Après une première expérience dans la restauration, elle cherche un boulot « dans le ménage » ou « dans le massage parce que, à l’origine, c’est ma profession ». Mais la force de Marcela, c’est sans doute sa capacité à croire au bonheur, en amour comme ailleurs. Quand son ex-compagnon, très insistant, a demandé à la jeune femme pourquoi elle ne voulait pas abandonner le préservatif, de guerre lasse, elle lui a donné la raison. Donneur de leçons, il lui a répondu : « C’est triste, parce que les séropos sont tous malheureux. » Avec un grand sourire, Marcela se souvient de lui avoir rétorqué, du tac au tac : « Non chéri, ils ne sont pas tous malheureux ! »Il y a bien des clichés à démonter, elle ne le sait que trop. Et si elle témoigne aujourd’hui, c’est parce qu’elle constate, non sans amertume que « beaucoup de gens sont encore très peu informés sur le VIH, du coup on ne peut pas faire confiance à tout le monde. Il m’est par exemple arrivé de dormir chez des amis et de ne pas prendre mes médicaments par peur de leur réaction… » Marcela ne nage pas dans le bonheur mais continue d’avancer. Comme un exemple pour celles et ceux, nombreux, qui galèrent face aux mêmes obstacles, sans jamais perdre espoir. Mélanie Vives

Marcela

“Non, les séropos ne sont pas tous malheureux”PUB

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Vous faites quoi demain

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Ses ancêtres bâtissaient des églises flamandes. Dans les pas de son père, peintre et anarchiste soixante-huitard, Simon s’est fait artiste, sous le nom d’Élie Mirdain. Comédien, fondeur de statues, peintre dans la veine de Jean Bazaine qui fut un intime de sa famille… Il a roulé sa bosse d’Anvers à La Haye, d’une abbaye de la Vienne en ferme du Nord. Il brosse sa vie dans un café lillois où il expose. Marié pendant dix-sept ans, il se dit attiré aussi bien par les hommes que par les femmes. Il rejette le terme de « bisexuel », trop « clivant », préférant évoquer la qualité de ses relations sexuelles. Pendant quinze ans, il anime une association de réinsertion pour des libérés conditionnels, avec sa femme et son père. Certains week-ends, il voit des hommes. Quand les tensions deviennent trop grandes et que sa femme le quitte, son monde s’effondre. « J’ai fait le test du VIH en 2005. L’annonce de ma séropositivité est tombée comme un couperet. J’avais toujours fait des “virées”. Mais alors que je n’avais jamais utilisé de préservatif à Anvers, ici en France, je faisais attention, pour ma femme. Quand elle m’a quitté après dix-sept ans, avec mes enfants, j’ai pris des risques. J’étais perdu et j’ai été contaminé », glisse-t-il alors que le vert-de-gris de ses yeux se ternit quelque peu. Pour autant, il accepte rapidement son virus et reconstruit sa vie. Il partage celle d’un homme, William, pendant deux ans, puis celle d’une femme, Carole. Le quotidien, parfois, blesse. « Après l’éclatement de ma famille, j’ai jeté ma vie à la benne. Je traîne mon sac à dos entre des apparts qui ne sont pas les miens. Mais je fais attention à ma prise de médicaments, à mes repas à horaires fixes. Je me préserve. Ma priorité actuelle : trouver un atelier, un endroit de travail et de vie, aller à l’essentiel. » Son allocation adulte handicapé n’a été renouvelée que pour deux ans. On lui reproche de ne pas chercher de CDI alors que sa charge virale est indétectable. « Mais je vis tout le temps ! » Sa seule crainte ? Partir avant d’avoir fait le tour de sa peinture et de lui-même. « La confrontation avec la maladie, c’est accepter l’idée de la mort. Je ne m’identifie pourtant pas à l’image du peintre qui souffre, séropo. La maladie me fait transcender des barrières dans mon art, dans ma relation amoureuse et avec les autres. Ma peinture n’en est que plus incarnée, c’est une question de vie ou de mort ! » Comme Antonin Artaud, homme de théâtre sur lequel il travaille depuis toujours, Élie ne fait aucun mystère de sa maladie. Pour s’ancrer dans la vie. Noëlle Guillon

“La maladie me fait transcender des barrières”

Élie-Simon

Elle ouvre la porte avec un grand sourire, vous prend dans ses bras et vous embrasse sur les deux joues. Elle est comme ça, Salomé. Puissante, chaleureuse, avec un cœur gros comme une papaye solo. Début 2010, elle est arrivée du Cameroun pour voir sa fille. Depuis des années, la santé ça n’allait pas fort, mais au pays personne ne trouvait ce qu’elle avait. « Ça a commencé par des maux de tête, des douleurs, de la fatigue, plus de goût à rien. Les médecins me parlaient d’hypertension, de paludisme, de rhumatisme et me prescrivaient du paracétamol… » En 2008, les choses s’aggravent. Salomé maigrit, maigrit. Elle est hospitalisée. Examen, analyse, toujours aucun diagnostic précis. Elle se dit que c’est les nerfs. Finalement, cette veuve, mère de dix enfants, qui gère un commerce de vêtements et de chaussures, se décide à venir en France. Le 20 mars, elle déjeune chez des amis. Elle se sent très mal. « Comme si on m’avait versé de l’alcool à brûler dans l’estomac. » Un premier médecin lui prescrit des hypertenseurs. Un deuxième la fait hospitaliser. Finalement, après trois semaines, un interne lui annonce qu’elle est porteuse du VIH. « Je me suis dit : il est fou, les tests ont toujours été négatifs ! » Et pourtant, Salomé est bien porteuse du virus. « J’ai rencontré la psychologue du service. Elle m’a dit qu’on allait me traiter, que je pouvais vivre encore cinquante ans, mais que pour ça il fallait que je reste en France. Et elle m’a orientée vers des associations. » L’une d’elles est Les Petits Bonheurs. Un grand bonheur pour Salomé. Elle est seule, loin de son pays, de sa famille, elle n’a pas voulu rester chez sa fille après le diagnostic et n’a dit à personne de quoi elle souffre. « Ils m’ont invitée à une fête, j’ai rencontré Grégory Bec, le coordinateur de l’association. Il m’a sortie de ma solitude. Il m’a fait bouger. Je suis partie en vacances avec l’association, près d’Avignon. Grâce aux Petits Bonheurs, je me sens exister. Grégory est devenu un ami. Il sait ce qu’il fait, où il va, il a le don. » Un sacré compliment de la part de celle qui, elle-même, a créé une association au Cameroun pour sortir les femmes de la pauvreté, en les aidant à commercialiser leurs produits, en créant une caisse de secours et d’épargne pour payer la scolarité des enfants, faire face aux frais médicaux… « Nous avons le projet de faire travailler ensemble nos deux réseaux », dit Salomé avec un sourire à décroisser la lune. Ce sourire qu’elle avait perdu depuis quatre ans et qui lui est revenu. Marie-Catherine De La Roche

Salomé

“Grâce aux Petits Bonheurs, je me sens exister”

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Il se sent bien, il est presque surpris de le dire. C’est comme ça, c’est tant mieux, Fred ne pense plus qu’il va mourir demain. Dire que tout va bien, il en avait perdu l’habitude mais c’est rudement bon de pouvoir le faire. Sans rien oublier des pneumocystoses et du cytomégalovirus des années 1990, ni de l’extrême précarité des années où, sans domicile, il dormait dans des lits de hasard. « Il en reste des traces, je ne peux plus marcher cinq kilomètres et je vis comme un invalide qui connaît son corps. »Quand on a connu un résultat de prise de sang avec 7 cellules T4 et une charge virale à 3 millions de copies, on se souvient de l’insistance qu’il a fallu pour bénéficier, au plus vite, des trithérapies. C’est pour ça qu’il ne s’est jamais désengagé. « Ce refus de la fatalité, ça passe aussi par le combat. » Militant, à Act Up-Paris d’abord, aujourd’hui salarié de l’association Aides, il raconte avec naturel qu’en 1986, quand le plus beau serveur du Palace lui a ouvert les bras, il n’a pas dit non. À cette époque, l’information qui circule est imprécise ou délirante. Rares sont ceux qui multiplient les précautions, en faisant l’amour ou en testant les drogues qui déferlent sur la nuit

“Ce mot de malade, je n’en veux plus”Fred

comme d’irrésistibles étoiles scintillantes. Est-il resté un usager ? « Hum, disons que je maîtrise ma consommation, la drogue ne me désocialise pas et ne m’empêche pas de bosser. » Il sait choisir ses mots, il a réfléchi mais pas perdu l’envie de s’énerver. « Je vis avec le VIH, je ne suis pas malade, ce mot-là je n’en veux plus. » Cet emploi réitéré du mot par quelques-uns le hérisse, il trouve que c’est abusif et ne se sent pas malade pour la simple raison qu’il prend un traitement au long cours. Serait-ce une guerre des mots ? Pas seulement, c’est une façon d’être, de prendre la vie à bras-le-corps, sans se cacher. Contre la phobie de quelques gays à qui l’on parle depuis trente ans et qui restent sérophobes, il sait qu’on ne peut rien. « Le fait de ne plus être malade n’oblige plus à dire et en même temps je milite pour la dicibilité. » Pour lui, c’est une façon d’interroger un discours gay, producteur de normes et plus du tout révolutionnaire : « Quelle place vont avoir les séropositifs dans une société de pédés qui veut famille et enfants ? » On ne sait pas, mais il faudra encore se battre et ça tombe bien, il est prêt au combat. « Nous sommes bien trop nombreux pour avoir à nous excuser. » Luc Biecq

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“Je ne manque pas de faire remarquer leur ignorance aux hépatologues”

Michelle

“Ce mot de malade, je n’en veux plus”

Son hépatologue ne lui promet pas de guérir son hépatite. Simplement d’arriver « à stabiliser les choses ». À l’époque, il n’y avait rien d’autre « à se mettre sous la dent » que de l’interféron, trois fois par semaine. « La piqûre du lundi soir, c’était un vrai séisme dans le corps et la révolution dans la tête, avec cette impression d’entendre la voix de la conscience ou du subconscient ! » se rappelle-t-elle. Mais le traitement de sept mois ne change rien. Deux ans plus tard, elle passe à une injection d’interféron tous les jours. Ce qui l’achève, physiquement et moralement.Sa rencontre avec l’association SOS hépatites la sauve, d’une certaine manière. Elle y plonge littéralement pour « ne plus se prendre la tête avec le traitement ». Elle s’informe, arrive à faire le tri des effets secondaires de l’interféron. Ce qui lui permet de vivre nettement plus sereinement. Michelle comprend aussi la force de l’exemple. Informer, témoigner, animer des groupes de parole, apporter une information fiable devient son credo. Sans s’oublier pour autant. Au début des années 2000, elle est mise sous interféron pégylé et ribavirine. Puis passe à des doses plus fortes. Rien n’y fait. En 2009, elle tente sa chance, comme elle dit, en testant une trithérapie − interféron, ribavirine et télaprévir − proposée à des personnes ayant une cirrhose. Michelle pensait avoir tout vécu mais le traitement l’anémie terriblement, lui enlève toute force. Dans son groupe de parole, tout le monde la trouve très pâle. « Le corps était très fatigué mais dans la tête, tout allait bien car les résultats étaient bons. » Michelle tient le coup car elle sait qu’elle s’est débarrassée du virus dès le premier mois. Mais il faut continuer le traitement. À bout de forces, elle reçoit une transfusion sanguine qui l’a « ressuscitée in extremis. »Michelle prend tout cela avec recul, voire avec humour, sans jamais se plaindre. Elle n’oublie pas combien il est important d’accompagner les personnes durant leur traitement. Et même après, une fois débarrassées du virus : « Les médecins ignorent totalement que le sevrage de l’interféron peut être très mal vécu. Au point que certains peuvent tenter de mettre fin à leurs jours. Je ne manque pas de faire remarquer leur ignorance aux hépatologues. » Avec son tempérament, on n’en doute pas une seconde. Olivier Donnars

Aujourd’hui, elle a retrouvé le sommeil et les matins chantants. Mais on peut dire qu’elle revient de loin. Les traitements contre l’hépatite C, Michelle, 64 ans, les a enchaînés, en dix-huit ans. Et pas des moindres ! Ce qui l’a aidée à tenir ? « Un tempérament de Bretonne aux pieds bien ancrés dans le sable », affirme-t-elle fièrement dans un grand éclat de rire. Un caractère trempé qui ne l’a jamais lâché. Même quand on lui annonce en 1994 qu’elle vit avec le VHC et, en prime, une cirrhose. Sans se démonter, elle rétorque que ce n’est pas possible : « Je suis bretonne mais je ne bois pas suffisamment pour en avoir une ! »

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Le VIH fait partie de sa vie. Depuis bien avant sa contamination. Bruno, un brun aux yeux bleus toujours amusés, a commencé à militer contre le sida en 1992. « En tant que pédé, et parce que je voyais des copains touchés, je ne pouvais pas rester les bras ballants. » Quelques années plus tard, avec son compagnon de l’époque, il part en Guyane bosser pour Sida Info Service. En 2004, célibataire, sa séroconversion est bruyante. « J’ai eu un petit sentiment de culpabilité car moi, je savais. Mais c’était aussi la faute à pas de bol. Et puis, c’était fait ! » Bruno rit de tout, et par rapport au VIH, il se considère privilégié, parce qu’il a pu en parler à beaucoup de personnes autour de lui. « La maladie, les traitements, ce n’était pas une découverte et je ne l’ai pas vécu comme la fin du monde. Les trithérapies étaient là, et on s’orientait vers une maladie chronique. J’ai tout de suite pensé que je ne mourrais pas de ça. » Bien sûr, il y a un « avant » et un « après » : il revient en métropole, change de travail. Aujourd’hui, amoureux et en couple depuis cinq ans, il est salarié à temps partiel de CIGaLes, le centre LGBT de Dijon, pour Dimmagay, un projet de dépistage des IST. Il a aussi participé à la mise en place d’Actif Santé Bourgogne Franche-Comté, un groupe de parole pour séropos. « Savoir que d’autres personnes sont touchées, c’est utile. Témoigner, c’est important pour moi : la visibilité nous sert tous. La vie continue, il faut le dire et redire qu’il est possible de rester séroneg. » Mais est-ce si simple, ce statut ? « Nous, les pédés, on a commencé notre sexualité avec le VIH, ça a toujours été là. Savoir qu’on peut le choper, ça pourrit aussi la vie. » En tant que séropositif et à un an de la fin de son contrat avec Dimmagay, le seul endroit où l’invisibilité peut avoir une importance réelle pour Bruno demeure le milieu professionnel. Mais, là encore, il renverse les évidences : « Le milieu du travail est très dur aujourd’hui, et cela n’a rien à voir avec la séropositivité, car la stigmatisation existe envers toute maladie chronique. » En fait, le VIH, Bruno n’y pense pas tous les jours. Il prend ses médicaments sans songer au virus, sans pour autant choisir la passivité face au monde médical. « Nous devons nous impliquer comme patients : c’est à nous de parler de la sexualité homo aux soignants, par exemple. Le médecin a son rôle à jouer, mais nous aussi devons être acteurs. » Et pour privilégier l’action à la résignation, on peut lui faire confiance. Fabienne Rigal

“Il est possible de rester séroneg”Bruno

Les boucles grises encadrent un front d’empereur et, régulièrement, l’œil laisse perler une larme, au souvenir de Luc, le compagnon disparu. Est-ce que le temps efface, est-ce que les années pansent les plaies ? Pas tant que ça, car si vous demandez à ce grand gaillard de 66 ans ce que le virus a foutu en l’air, il parle de l’histoire d’amour qui a éclairé sa vie. Il est à l’aise, Hervé, il sait passer des années noires aux années folles, celles d’avant le sida. Les années 1970, lui a connu, « les grandes heures du quai Branly et les délices du jardin du Trocadéro », des lieux de rencontres au masculin. Son coup de foudre remonte à 1974, dans un sauna aujourd’hui disparu. « Je l’ai aimé dès qu’il est entré dans la cabine », précise-t-il. Nous aimerions réécrire avec lui une belle histoire simple et coquine et faire des flash-back comme dans les films de Claude Sautet. Mais Hervé n’a pas le goût du mensonge. Il a vu son compagnon, qui avait déjà du mal à vivre, s’étioler, entre le moment où il fut diagnostiqué séropositif, en 1985, jusqu’à sa disparition en 2007, à 63 ans. L’amoureux qu’il est resté ne cherche pas à se présenter en modèle ni à embellir ce qui ne peut pas l’être. « C’était un calvaire. Honnêtement, je ne pensais pas pouvoir aller si loin dans le don de soi. Je ne me croyais pas capable d’autant de force et d’abnégation, même pour celui que j’adorais. »

“Être confronté au vieillissement, c’est  inespéré”

Hervé

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Lui qui, tout jeune, était nombriliste, renfermé et timide, explique que le VIH lui a permis de devenir quelqu’un d’autre : « M’occuper de mon compagnon, m’occuper des autres, ça m’a détourné de ma maladie. » Hervé va plutôt bien, mais il a eu une rétinite à CMV et des problèmes cardiovasculaires qui lui laissent de douloureuses séquelles aux jambes. Pas de quoi l’empêcher d’être président d’Envie, une association d’aide aux personnes touchées par le VIH et les hépatites, et trésorier de la Lesbian and Gay Pride de Montpellier. L’été dernier, il a hissé son élégante silhouette sur le podium, parce qu’il faut empêcher le sida de tomber dans les oubliettes de l’histoire. « Je suis un homme heureux,

je vis avec ça depuis vingt-sept ans, et être confronté au vieillissement, c’est inespéré. En 1987, on nous donnait six mois à vivre… » Il se réjouit aussi d’avoir retrouvé une sexualité. Le progrès l’a permis, il ne se sent plus « un instrument de mort » en faisant l’amour. Amoureux de son époque, Hervé continue à être surpris. Il s’étonne de voir que la capote n’arrive plus, comme avant, dans la conversation de nouveaux amants. Il voit aussi la stigmatisation gagner du terrain et juge que les séronégatifs n’éprouvent plus beaucoup de compassion. « Comment peut-on, en 2012, avoir peur d’être vu à une manifestation du 1er décembre au milieu de séropos ? » C’est bien étonnant, en effet. Luc Biecq

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Cela fera bientôt trente ans que Didier vit avec le VIH, une souffrance quotidienne dont il veut à tout prix témoigner. « Le non-dit est la pire des choses. Je veux dire ce qui s’est passé dans ma vie pour que les jeunes l’entendent, qu’ils se protègent », expose-t-il sans véhémence. Didier ne cache pas ses maux, pourtant sa voix est douce et son regard rieur. Sa contamination, il l’a apprise en 1984, à l’âge de 26 ans. « J’avais une bronchite qui ne guérissait pas et mon médecin a eu l’idée du test… Positif. » En couple depuis deux ans, Didier demande à son compagnon de se faire dépister. Lui aussi apprend sa séropositivité. À l’époque, les recherches sur le sida sont balbutiantes et le généraliste avoue ne pas savoir quoi préconiser au couple. Alors, la vie suit son cours. Jeune homme indépendant, Didier continue à exercer son métier de formateur en informatique. Mais peu à peu, les problèmes de santé se multiplient. Jusqu’à l’hospitalisation. Atteint du sarcome de Kaposi, Didier doit entamer une chimiothérapie, après laquelle il ne retravaillera plus. Commencent alors de nouvelles épreuves. « Malgré le bonheur partagé pendant treize ans, mon couple ne me satisfaisait plus, j’ai préféré rompre. Cette maladie m’a permis de grandir, je suis devenu réaliste vis-à-vis des gens. » Après la séparation, sans ressources, il se retrouve dans 15 m2. Et même s’il ne regrette aucun de ses choix, il crève de solitude. Il trouve le réconfort auprès d’associations de gays séropositifs et participe à la chorale mise en place par l’une d’elles. « Le chant, ce n’est pas simplement avoir une voix, c’est un partage. On donne autant que l’on reçoit. » En 1998, une septicémie le contraint de nouveau à une longue hospitalisation. Il évoque les terribles moments de solitude, de dépression même. « Il n’y avait pas que mon corps qui avait mal, mon âme aussi. » Mais cette expérience renforce sa foi.Aujourd’hui, Didier ressemble à un homme apaisé, même si les effets secondaires l’ont affaibli. « C’est ça le plus dur au quotidien. Paris, cette ville que j’aime tant, devient difficile à vivre. Je dois désormais prévoir deux fois plus de temps pour mes déplacements. » Pourtant, chaque matin lorsqu’il se réveille, Didier est heureux de la nouvelle journée qui s’annonce. « Je n’ai plus envie de gâcher quoi que ce soit », précise-t-il dans un éclat de rire. Didier a pour projet de s’établir à Toulouse dans une résidence semi-collective. « J’ai un ami qui habite là-bas. Dans ce type de logement, on n’est pas seul, sans pour autant vivre les uns sur les autres. » La première chose qu’il fera quand il sera toulousain ? S’inscrire à une chorale. Pour chanter, mais aussi étancher sa soif de partage. Isabelle Yaouanc

Rafa a le sourire facile. Le genre de sourire qui vous pousse à vous confier comme on le ferait avec un bon pote. Il avoue lui-même être toujours à l’écoute des autres et se définit comme « quelqu’un de très gentil ». Trop, peut-être. Ce qui l’a souvent trahi. En février 2011, ce Brésilien de 35 ans fait justement un peu trop confiance à un mec qui affirme être séronégatif pour le VIH. Ils baisent sans capote, « pour s’amuser un peu plus ». Rafa tombe très vite malade. « J’ai appris plus tard que le mec était contaminé depuis cinq ans et avait une charge virale très forte. » Un infectiologue de l’hôpital Saint-Antoine à Paris le met vite sous traitement et le met en garde contre l’hépatite C, un virus dont il ne connaît quasiment rien. « Six mois plus tard, j’ai chopé le virus de l’hépatite C. » Rafa ne sait pas trop comment. « Peut-être avec les jouets de

cul contaminés d’un partenaire. » Il ne faut pas grand-chose pour provoquer un petit saignement…Il reçoit rapidement un traitement de six mois pour son hépatite. Il échappe à un an de médicaments, mais cette période de six mois, c’est tout de même difficile. Le cocktail de pilules a des effets secondaires importants. « Les cachets, c’est presque rien. J’allais très bien jusqu’à la piqûre d’interféron à faire toutes les semaines. La veille de l’injection, j’étais déjà angoissé et dépressif à l’idée de me taper des effets horribles et douloureux durant les trois à quatre jours suivants. » Plus de goût, plus de faim et une extrême fatigue. « C’est comme les montagnes russes. Un coup, tu te sens bien et après c’est la descente. Et ainsi de suite. » Le sportif au corps sculpté finit par perdre plus de quatorze kilos. Sans compter la libido réduite à « zéro,

zéro, zéro ! » Son moral d’acier l’a cependant aidé à lutter. « J’ai continué mon boulot de barman et de DJ pour ne pas sombrer dans la dépression. »De ce traitement, il ne regrette rien. Mais le gentil sort les griffes pour dénoncer une situation qu’il juge hypocrite. « Ça m’énerve de voir que certains ne cherchent pas à se soigner ou se foutent de transmettre cette merde d’hépatite C qui peut te conduire à la cirrhose ou au cancer. » Des conneries, il en a faites, il le reconnaît et ne se pose pas en donneur de leçons. Il veut surtout témoigner à propos d’un virus que tout le monde feint d’ignorer. « Je crois que cette maladie est plus grave et plus contagieuse que le sida. On n’en parle pas assez dans la prévention. Il faut vraiment que les mecs se montrent responsables en se protégeant et en protégeant les autres. » Olivier Donnars

“On ne parle pas assez de l’hépatite C en prévention”Rafaël

“Plus envie de gâcher quoi que  ce soit”

Didier

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“On ne parle pas assez de l’hépatite C en prévention”

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pour les personnes séropositives, redécouvrir un corps « joyeux » et accepter la possibilité de la rencontre passe par une bonne estime – et donc une bonne connaissance – de soi. pourquoi se protéger ? parce que vous le valez bien, répondent nos experts ! par Elsa BastiEn, luc BiEcq, noËllE Guillon, cathErinE Kapusta-palmEr, FaBiEnnE riGal

illustrations raFaËl houéE

tout ce que vous devez oser demander à proposDU SEXE

+faire l’amour

1 > Ma charge virale est indétectable, puis-je contaminer mes amoureux ?La réponse de Yazdan Yazdanpanah, professeur en maladies infectieuses

« La plus grande prudence doit prévaloir. La probabilité de contaminer ses partenaires avec une charge virale indétectable est certes bien moindre mais elle n’est pour l’instant pas nulle. Pour les hommes, des études montrent qu’alors même que la charge virale dans le sang est indétectable, elle peut ne pas l’être dans le sperme 1. Par ailleurs, une charge virale indétectable dans le sperme ne signifie pas que le virus n’est plus présent, mais que cette charge est inférieure à un certain seuil de détection. On ne peut pas dire que le risque zéro est atteint avec les traitements actuels. L’étude HPTN 052, portant majoritairement sur des couples hétérosexuels et stables, a montré une très forte diminution du risque de contaminer son partenaire dans un couple sérodiscordant lorsque la personne séropositive est sous traitement. Mais cette étude portait sur moins de 2 000 couples : cela ne veut pas dire que sur les quelque 100 000 personnes traitées et avec une charge virale indétectable, en France, il ne pourra pas y avoir de contaminations.La situation peut être différente chez des gays ayant des comportements dits à « risques », avec des partenaires multiples : dans cette population, aucune étude n’a pour le moment évalué l’efficacité du « traitement comme prévention », et il y a encore des besoins de modélisation. Intuitivement, il me semble que d’autres solutions de prévention pourraient être intéressantes pour ce groupe, comme les traitements pré-exposition chez des personnes séronégatives ne connaissant pas le statut de tous leurs partenaires. Les conditions d’utilisation des traitements dans cette indication restent toutefois a définir 2. En tout état de cause, aujourd’hui, le port du préservatif reste fortement recommandé, surtout en dehors d’un couple stable. C’est aussi important car il n’y a pas que le VIH mais aussi d’autres maladies transmissibles, comme la syphilis ou l’hépatite C. » ProPos recueillis Par NG

1. Objet de l’essai ANRS Evarist chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes dont les inclusions viennent d’être closes.2. Le Truvada, indiqué en prévention de la contamination chez les personnes séronégatives au VIH, est autorisé dans cette indication aux États-Unis, mais pas en France, à l’heure où nous imprimons.

2 > Mon mec ne veut pas se faire dépister, je fais quoi ?La réponse d’Élise pelegris, chargée de prévention au CRIPS

« Voici trois éléments pour le convaincre :− Se faire dépister, c’est prendre soin de soi et des autres, avoir une sexualité active et réfléchie.− On n’est pas seul face au test. On peut se faire accompagner et s’il y a séropositivité, la prise en charge est immédiate.− Gâce à d’énormes progrès, on vit maintenant plus longtemps avec le VIH et avec des traitements moins lourds. Mais il est important de se faire dépister tôt pour une meilleure prise en charge. » ProPos recueillis Par NG

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4 > Je viens d’être contaminé-e, j’ai peur de faire l ’amourLa réponse de DaviD Friboulet psychanalyste, conseiller en éducation thérapeutique

« C’est une réaction fréquente et c’est une étape légitime, à respecter. Cette peur peut être temporaire, mais l’on voit parfois des personnes s’y résoudre, tant la peur de contaminer l’autre est grande. En fait on veut surtout éviter la peur du rejet, en cas d’annonce de sa séropositivité. Or faire l’amour est différent d’avoir une relation sexuelle, la question de “comment se présenter à l’autre” est posée. La peur de ne pas être accepté renvoie à la culpabilité. Bien souvent la contamination sonne comme une “sanction” par rapport à la vie sexuelle. C’est encore plus flagrant pour les gays. La contamination leur rappelle tout ce qu’il a fallu transgresser socialement pour vivre leur homosexualité. On pense alors ne plus avoir droit au plaisir, on se limite dans ses pratiques, car le premier sentiment, dans un rapport sexuel, c’est celui d’être porteur d’un virus qui peut donner la mort. En fait, je dirais que c’est un deuil à surmonter, la vie n’est plus exactement la même, on a l’impression d’avoir perdu quelque chose. Par exemple, on se met à penser qu’on ne pourra plus avoir d’enfant, même chez les homos, ce qui est faux. Et l’on se trouve de nouvelles capacités, parfois même une nouvelle force. Le retrait de tout désir est encore plus grand chez les femmes, surtout si elles n’ont pas encore eu d’enfant, mais cela arrive aussi chez des hommes, homos ou hétéros. Comment se reconstruire ? Par la recherche d’espaces de parole, avec des professionnels mais aussi avec des personnes concernées, qui sont passées par là. Bien souvent les choses s’améliorent avec la mise sous traitement et le sentiment d’être moins contaminant. Il est possible de se réapproprier son désir et sa sexualité. » ProPos recueillis Par NG

3 > Je suis mal dans mon corps La réponse d’Élise Pelegris, chargée de prévention au CRIPS

« Avoir des difficultés avec l’image de son corps est courant chez les séropositifs… mais pas uniquement chez eux ! C’est assez commun, finalement. Cela touche peut-être plus les femmes séropositives que les hommes, tant l’on voit partout des images de corps de femmes parfaits. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer l’importance que cela peut avoir chez les hommes, gays ou hétéros. Bien sûr, le corps peut changer lorsque l’on est séropositif, mais, plus que cela, c’est surtout le sentiment de dépossession qui est troublant. Les lipodystrophies sont plus rares avec les nouveaux traitements, par contre le corps devient médicalisé. On n’est plus tout seul à s’en occuper. Il est alors nécessaire de se le réapproprier, seul ou à deux. En plus, beaucoup de gens pensent qu’on peut voir physiquement si une personne est atteinte du VIH, ce qui est de plus en plus faux ! En Afrique subsaharienne, par exemple, être séropositif c’est être maigre et au bord de la mort. Il faut expliquer aux gens qu’ici, cette image n’a pas lieu d’être. Il existe des lieux, notamment communautaires, qui font à ce sujet un travail remarquable. » ProPos recueillis Par NG

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6 > Les mecs hétéros refusent les capotesLa réponse d’Élise Pelegris, chargée de prévention au CRIPS

« Certains hommes évoquent des problèmes au niveau des sensations ou associent le préservatif à une baisse de virilité. C’est ce que disent certains d’entre eux, y compris ceux venant d’Afrique subsaharienne. Pour les femmes, il existe un outil : le préservatif féminin. Certaines femmes en prennent aisément dans nos associations et l’utilisent assez facilement. L’outil, confortable, large, ne provoque pas de sensation de gêne pour le partenaire, il permet d’avoir de bonnes sensations. On peut le mettre jusqu’à huit heures avant le rapport. C’est très pratique avant de sortir ou si l’on a peur d’être moins attentive, du fait d’une consommation d’alcool, par exemple. Point négatif : on le trouve difficilement en pharmacie, il faut parfois le commander, sans parler des supermarchés d’où il est carrément absent. Restent les associations et les stands de prévention. Il n’est, par contre, pas très adapté aux jeunes filles qui débutent dans la vie sexuelle et ne connaissent pas encore bien leur corps. Pour elles, le mieux est d’essayer de convaincre le partenaire qu’on peut rendre le préservatif attractif et jouer sur le plaisir. » ProPos recueillis Par NG

5 > J’ai peur de transmettre mon hépatiteLa réponse de lawrence serfaty, hépatologue à l’hôpital Saint-Antoine

« L’hépatite B est une maladie sexuellement transmissible, dont le virus est présent dans les sécrétions sexuelles. Il n’existe pas, à ma connaissance, de sur-risque de contamination chez les séropositifs. Par contre, il y a une forte prévalence de l’hépatite B chez les gays, donc davantage de risque de contamination chez eux, séropositifs ou non. Le vaccin, qui existe, est clairement recommandé à tous les séropositifs. L’hépatite C est très différente puisqu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une maladie sexuellement transmissible. Néanmoins, on a remarqué une transmission sexuelle chez les gays séropositifs, voire même de véritables épidémies. Cela est beaucoup moins vrai chez les hétéros. Le mot clé de la transmission de l’hépatite C par voie sexuelle, c’est le contact sanguin et on ne voit pas toujours le sang. Certaines pratiques “invasives”, comme le fist ou la sodomie non protégée, peuvent favoriser cette transmission. Par ailleurs, des études de transmissions nosocomiales de l’hépatite C ont pu montrer que ce virus très résistant pouvait persister sur des endoscopes ou sur des surfaces comme celles de jouets sexuels pendant des temps très longs. Chez des séropositifs avec une charge virale élevée du virus de l’hépatite C, le risque de transmission par ces objets n’est donc pas négligeable. Enfin, il y a un risque encore plus élevé, pour l’hépatite B comme pour la C, chez les usagers de drogues. En intraveineuse bien entendu, mais aussi avec la cocaïne et le crack. Il peut y avoir un peu de sang sur la paille et des ulcérations nasales ou buccales rendent la transmission possible. » ProPos recueillis Par NG

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9 > Ma crainte des IST me bloque La réponse d’Élise Pelegris, chargée de prévention au CRIPS

« Les différentes IST sont fréquemment occultées par le VIH, on n’en parle vraiment pas assez. Et pourtant, elles font partie du risque de toute vie sexuelle et y échapper est extrêmement rare. Elles peuvent avoir plus de conséquences négatives chez une personne séropositive, mais il faut quand même savoir qu’avec un check-up régulier, les personnes séropositives ont plus de chances d’être détectées et traitées plus tôt pour une IST. De manière générale, il est très important d’informer sur les différentes IST mais attention à ne pas créer une angoisse inutile. Par exemple, l’hépatite C ne concerne pas tout le monde. Elle est sexuellement transmissible mais uniquement en présence de sang (sodomie non protégée, fist, utilisation d’objets sexuels sans préservatifs ou rapports sexuels pendant les règles). Il faut en parler à ceux qui sont concernés par ces pratiques, répondre aux interrogations. Pas question pour autant de dresser une liste anxiogène. Le plus important : connaître son corps, se faire dépister au moindre symptôme et, surtout, ne pas oublier que le préservatif reste le principal allié contre certaines IST. » ProPos recueillis Par NG

8 > Les mecs de mon milieu sont misogynes  La réponse d’Élise Pelegris, chargée de prévention au CRIPS

« Faites très attention à ce type de comportements. Ce qui est dévalorisant fait baisser l’estime de soi et peut amener à une prise de risque accrue car cela entraîne les femmes à accepter des pratiques qui ne les attirent pas. Les comportements misogynes découlent du tabou concernant la sexualité des femmes, surtout dans certaines communautés. Il est très important de ne pas rester dans ce type de situation, surtout lorsqu’il s’agit de son compagnon. Il existe pour cela des groupes de parole ou des entretiens individuels. Mais la misogynie, comme les comportements dévalorisants pour les femmes, ne sont pas l’apanage d’une communauté. Pour lutter contre les dérives, on peut commencer l’information très tôt, notamment chez les jeunes garçons en recherche d’affirmation et en questionnement. Avec des films porno de plus en plus trash et de plus en plus accessibles, il faut leur faire prendre du recul, les aider à avoir conscience de ce qu’est réellement la sexualité. » ProPos recueillis Par NG

7 > Qu’est-ce que la santé sexuelle ?La réponse de Carine Favier, infectiologue et présidente du Planning familial

« Ce concept apparaît en 1975, et l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, en donne la définition suivante : “La santé sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité.” Elle l’a complétée en 2003 : “La santé sexuelle a besoin d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence.” Cette notion de santé sexuelle a pu émerger grâce à la dissociation entre sexualité et procréation, laquelle découle de l’accès à la contraception. Différentes conférences internationales ont permis à la sexualité de quitter le domaine privé pour passer dans celui des droits humains. Les dimensions sociale et émotionnelle y ont leur place, et on insiste sur l’importance de la reconnaissance sociale des sexualités et la non-discrimination. Elle ne se résume pas à traiter les IST ou les difficultés sexuelles mais demande de considérer l’environnement social et économique. Prendre en compte la santé sexuelle des personnes séropositives, c’est donc leur donner toutes les informations dont elles ont besoin pour construire leur stratégie de réduction des risques. C’est aussi reconnaître leur sexualité et leur plaisir comme légitimes et ne pas les considérer uniquement sous l’angle du risque et de la prévention. » ProPos recueillis Par Fr

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12 > À quel rythme dois-je aller voir un proctologue ?La réponse de Laurent abramowitz, médecin-chef de l’unité de proctologie à l’hôpital Bichat

« Un risque particulier de développement de cancers anaux existe chez les personnes infectées par le VIH. Il est dû à une infection persistante par le papillomavirus HPV. Le risque est en effet multiplié par 40 pour la population séropositive globale et par 80 chez les homosexuels séropositifs. Attention : ne pensez pas que tous les séropositifs vont développer un cancer de l’anus. Par contre, il faut absolument dépister tôt. Aux premiers stades de condylome ou de dysplasie − une modification précancéreuse des cellules −, les lésions sont curables. Même au stade du cancer en tant que tel, on atteint 80 % de guérison. Le rapport Yeni préconise un examen annuel chez le proctologue pour les gays séropositifs. C’est surtout nécessaire pour ceux qui ont de multiples partenaires. Chez ceux qui ont un seul partenaire ou même aucun, un examen tous les trois ans suffit. Chez les femmes séropositives ou les hommes hétérosexuels séropositifs, il faut consulter au moins une fois en cas d’antécédents de condylomes anogénitaux, de dysplasie ou de cancer du col de l’utérus pour les femmes, ou s’il y a des symptômes, douleurs, saignements, émissions de glaire ou présence d’une boule. L’examen nécessaire est l’anuscopie réalisée par le proctologue en complément d’un toucher rectal. Il permet vraiment de détecter toute anomalie dans l’anus, mais aussi d’autres pathologies comme des hémorroïdes ou des fissures anales. Il faut absolument le dédramatiser. Il est pratiqué en douceur, avec du gel, et dure moins d’une minute. » ProPos recueillis Par NG

À lire : http://www.e-cancer.fr/toutes-les-actualites/6948-trois-nouveaux-documents-dinformation-sur-la-prevention-du-cancer-de-lanus-chez-les-personnes-vivant-avec-le-vih

10 > Homme ou femme, quand doit-on consulter pour une IST ? La réponse de Carine Favier, infectiologue et présidente du Planning familial

« Si vous avez un bouton, une végétation, un écoulement purulent ou sentant mauvais, une gêne, une douleur génitale ou urinaire, consultez le plus tôt possible, car certains symptômes peuvent disparaître vite même si l’infection reste présente, ce qui rend le diagnostic plus difficile. D’autres sont silencieuses et il faut les dépister, surtout si on s’expose à des risques. C’est le cas par exemple de l’hépatite B. Ce n’est pas parce qu’on ne voit rien qu’il n’y a pas d’infection. Les chlamydiae peuvent ne provoquer que des maux de ventre, des brûlures urinaires, voire même ne pas donner de signes, mais, sans traitement, elles peuvent être sources de complications. La syphilis, en recrudescence, se manifeste généralement par des lésions muqueuses, appelées “chancres”, sur les organes génitaux (voire dans la gorge, du fait des rapports buccaux), peu ou pas douloureuses et qui peuvent disparaître sans traitement pour revenir sous la forme d’une syphilis secondaire (cutanée), plus grave, alors qu’un traitement simple existe. Le virus de l’herpès continue d’être présent et peut se transmettre même en l’absence de symptômes. Les condylomes ou “crêtes de coq” dues au papillomavirus humain (HPV) peuvent évoluer vers un cancer au niveau du col de l’utérus ou du canal anal, en particulier pour les personnes séropositives : un contrôle proctologique [voir question 12] pour les hommes et gynécologique (frottis) − et proctologique en cas de présence de HPV génital − pour les femmes est nécessaire régulièrement. Pour celles des personnes séropositives qui sont surexposées aux IST du fait de partenaires multiples et de relations non protégées, le dépistage de la syphilis est proposé régulièrement (tous les 3 à 6 mois). En effet, dans ce cas, la syphilis est souvent très peu symptomatique et passe plus rapidement d’un stade à un autre. Il est à noter que les hépatites évoluent aussi plus rapidement en cas de co-infection avec le VIH, d’où l’importance de se faire vacciner contre l’hépatite B et de réduire les risques de transmission de l’hépatite C. En conclusion, signe ou pas, toute prise de risque doit amener à se poser la question des IST et donc à consulter. » ProPos recueillis Par Fr

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11 > Je préfère des partenaires séropositifs  La réponse de DaviD FribouLet, psychanalyste, conseiller en éducation thérapeutique

« La société fait peser beaucoup de responsabilités sur les séropositifs : l’annoncer, entrer sous traitement, protéger ses partenaires… Se développe toute une représentation du “bon séropo”. Dans ce contexte, l’auto-exclusion de relations amoureuses avec une personne de statut différent vient d’une exclusion vécue ou imaginée. On ne veut pas vivre ou revivre un épisode douloureux de rejet. C’est plus fréquent chez les gays que chez les hétéros, hommes ou femmes. Certains vont même plus loin. Il se développe dans la communauté gay des comportements de sérophobie, de sérotriage pour éviter la peur et vivre une sexualité plus épanouie, sans entrave, sans préservatif. Pour autant, si la sexualité peut parfois apparaître plus “compliquée” dans les couples sérodifférents, la vie en couple est possible si l’on repose la question du couple, c’est-à-dire vivre avec l’altérité de l’autre, quel que soit le statut de chacun. Dans nos sociétés centrées sur l’individualité, il faut réapprendre à “faire couple”, vivre la différence et créer du neuf à deux. Il est fondamental aussi de réduire l’angoisse. Rappelons que les dernières études ont montré des risques extrêmement réduits de contamination lorsque la personne séropositive est sous traitement. » ProPos recueillis Par NG

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14 > Je suis sex-addict, à quel  rythme me faire dépister ? La réponse du docteur Michel OhayOn, directeur du centre de santé sexuelle parisien Le 190

« La question de l’addiction sexuelle n’est pas vraiment en lien avec la prise de risque, puisqu’on peut très bien être sex-addict uniquement en se masturbant dix fois par jour, en matant du porno tout le temps mais sans avoir de rapports sexuels… En revanche, dès qu’on est multipartenaire, il faut s’interroger sur la fréquence à laquelle se faire dépister et pourquoi. Dès qu’il y a le moindre signe (écoulement, bouton, etc.), il faut consulter. Mais toutes les infections sexuellement transmissibles peuvent être “occultes” [lire question 10]. Donc à partir de 20 partenaires par an, vu le nombre de “bestioles” en circulation, il y a un risque de tomber sur quelque chose : faites-vous dépister au moins tous les six mois. En dessous de ce chiffre, un dépistage au moins une fois par an convient. Concernant l’hépatite C, elle se transmet sexuellement au cours de rapports non protégés, mais avec une fréquence difficile à évaluer. Le risque est limité dans une sexualité standard non protégée, mais il augmente en particulier avec l’usage de drogues intraveineuses, ou dans les réseaux de rencontres sexuelles entre gays séropositifs. Une LGV (lymphogranulomatose vénérienne) rectale, qui ne donne pas forcément de symptômes mais peut aussi entraîner inflammation rectale et saignements, favorise aussi le risque d’hépatite C. Or, quand la contamination à l’hépatite C date de plus de six mois, son traitement est très long, très pénible et avec une chance de guérison inférieure par rapport à une contamination plus récente. Un dépistage semestriel est le minimum. Mieux vaut privilégier un test tous les trois mois. C’est faisable. » ProPos recueillis Par Fr

13 > Je suis une personne sourde, comment m’informer ?La réponse de Martin Dutrait, animateur de prévention et sourd à l’association ACCES (Action pour la Citoyenneté et l’Éducation à la Santé)

« L’accès à l’information est le premier obstacle à la prévention des personnes sourdes. Dans les années 1980, les sourds ont donc été particulièrement atteints par le VIH. Un jeu de mots sur une affiche, comme “Le sida, on l’aura !”, peut être mal compris. Beaucoup de sourds ne maîtrisent pas le français, il faut un bon niveau pour comprendre ces subtilités, les campagnes ne sont pas adaptées. Les spots télévisés, eux, ne sont jamais sous-titrés. Quant aux structures médicales, peu disposent de personnel maîtrisant la langue des signes française (LSF). Acces a donc créé deux DVD, “Pose-moi une question”, faits par et pour ce public en LSF. L’un en 2005, “Sexualité et VIH ”, l’autre en 2008, “Drogues, VIH et autres risques”. Le but : créer des groupes de parole autour de la sexualité et du VIH. Au-delà du manque d’information, il y aussi le tabou. Les sourds forment une petite communauté, tout le monde se connaît et l’homosexualité comme la maladie sont souvent cachées. Pour s’informer, le site de Sida Info Service propose des clips de prévention sous-titrés et en LSF (sur www.sida-info-service.org, cliquer sur “vidéos pour les personnes sourdes ”). Sur celui d’Acces, la rubrique Vidéos présente un reportage signé : “L’Œil et la main”. » ProPos recueillis Par eB

Ghandis, 21, bd Pasteur, 34000 Montpellier, ghandis @live.frAides « groupe sourds », 14, rue de Scandicci, 93508 Pantin Acces, 55, rue Saint-Bazile, 13001 Marseille, [email protected], http://acces13.org

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16 > Avec qui parle� de santé sexuelle ?La réponse du docteur Michel OhayOn, directeur du centre de santé sexuelle parisien Le 190

« Mieux vaut s’adresser à quelqu’un qui appréhende la sexualité dans son ensemble, et pas seulement par ses aspects médicaux et techniques. Et qui sache un peu de quoi il est question, pour éviter de passer par ce moment pénible où l’on doit expliquer ce que l’on fait. Quant à parler de sexualité avec une personne séropositive sans connaître du tout le VIH, c’est… compliqué ! Quand on est pris en charge à l’intérieur d’un réseau de soins, il faut lancer des sondes, identifier les gens avec qui c’est possible d’en parler ou pas, que ce soit le médecin, l’infirmier, l’assistante sociale ou le psychologue. Il faut savoir qu’il est possible de se retrouver face à une fin de non-recevoir. Il existe aussi l’éducation sexuelle par les pairs (autres personnes vivant avec le VIH ou avec une hépatite) : parler avec d’autres permet d’apprendre d’eux, mais aussi d’avancer soi-même. Deux obstacles à cela : les forums internet sont intéressants mais regroupent parfois des gens qui vont mal, ce qui donne une vision altérée de la sexualité. Dire sa séropositivité peut parfois entraîner un rejet violent. Enfin, il y a les antennes locales d’associations de lutte contre le sida, les centres LGBT, les numéros verts de Sida Info Service et Hépatites Info Service où l’on peut parler de façon anonyme à des professionnels formés qui ne portent pas de jugement. » ProPos recueillis Par Fr

15 > Comment bénéficier d ’un bon suivi gynécologique ? La réponse de DOMinique BOuBilley, médecin au centre médical Marmottan et à Villeneuve-la-Garenne

« Ce suivi est, bien sûr, important, mais lorsqu’il n’y a pas de complications, chez les femmes séropositives, c’est un acte simple (un frottis et une palpation mammaire) qui doit faire partie du suivi global des femmes. Il peut être fait par un(e) gynécologue en ville ou à l’hôpital, dans les centres de planification municipaux, départementaux ou associatifs (Planning familial) ou par le médecin généraliste. Comment faire face au manque de gynécologues, aux frais que peut représenter un suivi en ville ? Que dire de la peur d’être discriminée, des services VIH qui n’ont pas toujours mis en place cette consultation ou qui ont des files d’attente trop longues ? Sachez que les associations ou les amies peuvent aussi être sources de conseils. Ce qui importe avant tout pour cette consultation, c’est de se sentir à l’aise et en confiance. C’est primordial pour qu’une femme puisse faire ce suivi de manière régulière. Souvent, elle ne sait pas que certains médecins généralistes peuvent s’en occuper ou conseiller un(e) gynécologue. Si des complications se présentent, il ou elle saura vers quel spécialiste l’orienter. Le médecin généraliste, bien souvent, sait encore voir sa patiente dans sa globalité, comme une personne. » ProPos recueillis Par cK-P

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17 > Est-ce facile de trouver un bon gynéco ?La réponse de Marie-Laure BrivaL, gynécologue obstétricienne et chef de service à la maternité des Lilas, et de Carine Favier, présidente du Planning familial

« La consultation gynéco suscite des peurs chez toutes les femmes, mais le VIH complexifie encore la démarche par la crainte du rejet. Car malgré les progrès des traitements, le VIH continue à inquiéter les soignants. Bien plus que les hépatites, d’ailleurs. Quand les femmes taisent leur séropositivité, ce n’est pas idéal pour établir une relation de confiance. Quand elles l’annoncent, elles courent ainsi le risque que le médecin refuse le suivi, par peur ou par manque de connaissances, ce qui est regrettable. Pour trouver le “bon”, on peut demander des contacts à son médecin traitant si celui-ci ne se sent pas en capacité d’assurer ce suivi [voir question 15] ou encore à des associations, à son infectiologue. Pendant la consultation, certains aspects médicaux sont spécifiques : il y a une exposition particulière au risque de cancer du col de l’utérus du fait de la persistance de certaines infections (HPV) et des frottis réguliers annuels sont, bien sûr, nécessaires. Se posent aussi les questions de la contraception et de la ménopause. Il est impossible de considérer que la capote est utilisée de façon systématique et, par ailleurs, en tant que contraceptif, elle n’est pas efficace à 100 %. Le contexte de forte diminution de la transmission en cas de charge virale indétectable augmente les relations non protégées et donc le risque de grossesse. Il faut aussi prendre en compte les antirétroviraux dans le choix de la contraception, car ils diminuent l’efficacité de certains contraceptifs. Mais dans tous les cas, le VIH est subsidiaire en gynéco : c’est à la femme dans sa globalité que s’adresse la consultation. » ProPos recueillis Par Fr

19 > Je veux un bébé ! La réponse de Marie-Laure BrivaL, gynécologue obstétricienne attachée à la consultation Puzos-maternité Port-Royal et chef de service à la maternité des Lilas

« Concernant la transmission du VIH de la mère à l’enfant, des progrès considérables ont eu lieu et, aujourd’hui, sauf arrêt ou absence de traitement, il n’y a presque plus d’enfants séropositifs qui naissent en France. Actuellement, beaucoup de couples sont sérodifférents, c’est donc en amont de la conception qu’il faut éviter la transmission au sein du couple. Si c’est la femme qui est séropositive, une auto-insémination à la seringue est tout à fait adaptée. Quand la charge virale est bien contrôlée, on peut préconiser, dans tous les cas, des rapports ciblés, mais seulement dans un cadre très strict et avec un suivi médical. On peut aussi passer par la procréation médicalement assistée (PMA). Certains laboratoires sont dédiés à la prise en charge des couples sérodifférents. Ils sont de plus en plus nombreux à être agréés, mais la liste d’attente est parfois longue. Le premier protocole est l’insémination artificielle sur cycle naturel ou stimulé hormonalement, si la femme est séropositive. Quand c’est l’homme qui est séropositif, le laboratoire procède à une préparation, une sorte de “lavage” du sperme. S’il y a un problème d’hypofertilité en plus de la séropositivité de l’un des partenaires, d’autres techniques comme la fécondation in vitro (FIV) peuvent être privilégiées. » ProPos recueillis Par Fr

18 > Je suis gay et séropo, et j’oublie parfois la capote…La réponse de BenoÎt FéLix, chargé de prévention au CRIPS

« Un “oubli” de capote, ça peut arriver à tout le monde. Consciente ou non, la perte de contrôle occasionnelle de ses actes est chose normale. S’il est vrai que les risques de transmission du VIH sont réduits sous un traitement au long cours avec charge virale indétectable depuis plusieurs mois, il faut aussi penser à soi, à se protéger des autres IST. Une relation sexuelle non protégée peut transmettre d’autres infections qui nuisent à la qualité de vie. La question à se poser dans ce cas, c’est : pourquoi cet oubli du préservatif ? Est-ce qu’une prise de produits psycho-actifs (alcool, shit, poppers, ecstasy, cocaïne…) a anesthésié la conscience des choses ? En cas de consommation de ces produits, il ne faut pas oublier que, outre le problème de compatibilité avec certains traitements médicaux, l’usage de ces substances peut entraîner perte de contrôle, sécheresse des muqueuses et certaines prises de risques. Est-ce dû à une lassitude, une perte de sensation ? Est-ce lié au statut sérologique ? Il est possible de faire le point avec des professionnels de santé, des bénévoles associatifs, et trouver ensemble les solutions les plus adaptées. La capote peut être un outil utile au plaisir ! Le plaisir, si possible partagé, nécessite souvent une tranquillité d’esprit. Son bon usage, avec régularité, peut même améliorer la relation sexuelle en réduisant le stress et l’angoisse liés aux éventuelles IST. » ProPos recueillis Par lB

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20 > Mettre une capote pour sucer, je n’y arrive pasLa réponse de BenoÎt Félix, chargé de prévention au CRIPS

« Beaucoup de gens ont des difficultés à utiliser le préservatif pour une fellation, mais il faut savoir que le risque de transmission des IST en suçant ou en se faisant sucer existe. Pour réduire les risques en cas de fellation non protégée, il faut éviter l’éjaculation dans la bouche ainsi que le brossage des dents, qui peut fragiliser les muqueuses buccales. Un dépistage régulier des IST permet aussi de réduire une éventuelle transmission. Une personne séropositive qui prend bien son traitement antirétroviral (ARV) et qui a une charge virale indétectable réduit les risques de transmission du VIH. Mais comment apprécier une pipe “encapotée” ? Certains préservatifs parfumés ont un goût chimique désagréable, mais depuis peu on trouve sur le marché de nouveaux parfums : banane des Antilles, fraise Tagada, piña colada, etc. On peut aussi ajouter sur son préservatif préféré les nouveaux lubrifiants alimentaires parfumés et comestibles (certains sont  sans sucre !). Érotiser l’objet comme la pose peut aussi aider à intégrer la capote aux pratiques buccales. Et jouer sur les parfums rend le geste… délicieux. » ProPos recueillis Par lB

22 > Sur les sites de rencontres gays, j’ai l ’impression d’être seul à vouloi� mettre une capoteLa réponse de BenoÎt Félix, chargé de prévention au CRIPS

« Oser rester soi-même et imposer ses choix est le seul moyen de ne rien regretter après ! Souvent, les gens réfractaires à la protection ne connaissent pas vraiment les techniques de prévention et les conséquences liées à une séroconversion. Certains peuvent avoir un comportement sexuel associé à une importante prise de risque. Pour ne pas être confronté à un refus du préservatif, mieux vaut fréquenter des sites qui valorisent l’usage de la capote, comme certains lieux de drague où la majorité des gays se protègent. Bref, choisis les terrains de drague qui te correspondent, et utilise “ta” prévention. Ainsi, tu te protèges et tu protèges les autres. Ton estime de toi n’en sera que meilleure. »ProPos recueillis Par lB

21 > Faut-il en parler à un coup d’un soir ?La réponse de BenoÎt Félix, chargé de prévention au CRIPS

« C’est un choix bien évidemment très personnel que de dire ou ne pas dire sa séropositivité à un(e) partenaire “d’un soir”, et rien ni personne n’oblige à en parler. Certain(e)s préfèrent annoncer leur statut sérologique positif au VIH par souhait de partager au mieux la responsabilité de l’acte, parce qu’ils craignent de stresser ou de culpabiliser du fait de leur silence ou pour d’autres raisons qui leur sont propres. Si, aujourd’hui, beaucoup d’outils sont à disposition pour limiter les risques de transmission (capote, dépistage, traitement), tout le monde n’est pas prêt à affronter un éventuel refus discriminatoire. D’autres souhaitent donc conserver, dans le cadre de rencontres sexuelles sans lendemain, cette information intime et personnelle. »ProPos recueillis Par lB

23 > J’ai du mal à me protéger quand je picole ou que je prends des produits La réponse de PhiliPPe Batel, psychiatre et addictologue à l’hôpital Beaujon à Clichy

« L’alcool (comme les autres produits dits “psycho-actifs”) et la prévention ne font pas bon ménage. L’euphorie induite par la prise banalise la question du risque, sous le refrain bien connu du “je vais bien, tout va bien”. Cet état fugace de bien-être contribue au relâchement de la vigilance. Un sentiment de toute-puissance qui amène à penser que “rien ne peut m’arriver”, les pensées vagabondent et l’on oublie parfois les précautions que l’on prend habituellement. Enfin, quand on est franchement défoncé, on peut même avoir du mal à organiser un geste simple : déchirer l’emballage du préservatif et dérouler correctement celui-ci sur un pénis souvent mou… Dans notre jargon d’addictologue, prendre un produit dans un contexte sexuel répond souvent à une “croyance”, un “effet d’attente”. La personne qui consomme un produit est influencée par cette croyance, elle peut se dire que pour faciliter l’approche du partenaire et amplifier le plaisir, un produit est absolument nécessaire même si celui-ci peut altérer le niveau de protection. Dans ce cas, on sacrifie la protection sur l’autel du désir. L’alcool, ou une autre substance, peut aussi provoquer, le lendemain, une anxiété majeure, si l’on ne se souvient plus de ce qui s’est passé. Quand on est séronégatif, difficile alors de mettre en place un traitement post-exposition au VIH. Il faut savoir qu’aucun vaccin n’existe pour l’hépatite C. Pour se protéger, il faut se redire mentalement, et en permanence, que tout rapport sexuel est potentiellement à risques. Mieux vaut, du coup, initier le rapport sans produit, même si on le prend dans la suite des événements. » ProPos recueillis Par Fr

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24 > Je ne bande plusLa réponse du docteur Michel OhayOn, directeur du centre de santé sexuelle parisien Le 190

« Cette affirmation recouvre de nombreuses situations différentes. Est-ce que dire “je ne bande plus” signifie bander mais ne pas tenir l’érection ? Avoir une qualité d’érection différente de ce que l’on a connu avant ? Avoir des érections nocturnes mais rien d’autre ? Bander seulement pendant la masturbation mais pas avec un partenaire ? Selon les cas, les causes sont très différentes. Il peut s’agir d’une absence de désir sexuel, ou d’une absence de désir dans la vie en général. Si notre partenaire n’a plus envie de nous, ça peut être une forme d’adaptation pour lutter contre l’insatisfaction. Le stress et certaines maladies (diabète, syndrome métabolique) peuvent faire débander. Bien sûr, les drogues ont un effet négatif, tout comme de nombreux médicaments. Les antirétroviraux ont rarement ce type d’effets secondaires, mais plutôt certains antidépresseurs, antihypertenseurs, ou même des médicaments contre la calvitie. Le VIH peut aussi être impliqué, car un séropo peut s’interdire de bander par peur de contaminer son partenaire. Les mecs ont parfois tendance à surinvestir leur érection, et à croire que c’est forcément organique et qu’un médicament va tout résoudre. Alors que pour une grande majorité, ne pas bander a plutôt une cause d’ordre psychologique. » ProPos recueillis Par Fr

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depuis le tout début de l’épidémie, les séropositifs et les malades du sida ont pu trouver auprès des associations le soutien et l’information nécessaires pour lutter efficacement contre le vih. une expertise qui s’est étendue aux hépatites.

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Chaque jeudi et vendredi soirs, une équipe d’Alias sort de ses bureaux discrets du quartier gay bruxellois pour aller à la rencontre des prostitués de la capitale belge. « Il faut d’abord les trouver, explique le travailleur de rue Aurélien Vitielo, car la prostitution de rue est moins visible et s’est déplacée vers des lieux fréquentés par la communauté gay. » Discrètement, Aurélien et sa collègue s’installent et prennent un verre, avant de discuter avec les garçons qu’ils connaissent déjà ou d’en rencontrer d’autres grâce au bouche à oreille. « Ils sont méfi ants, observe Katia Sendel, travailleuse de rue. Gagner leur confi ance, ça prend du temps. » Dans d’autres lieux, comme des saunas ou des cinémas porno, le duo se présente au patron en expliquant son travail. Les parcs publics font également partie du terrain d’action d’Alias, dont l’objectif est de réduire les risques IST-sida auprès d’un public doublement exposé car homosexuel et prostitué. « Notre rôle n’est pas d’éradiquer le phénomène, explique Katia, même si, bien sûr, nous aidons celui qui veut en sortir. » Les garçons que rencontrent Aurélien et Katia sont souvent originaires d’Afrique du Nord ou d’Europe de l’Est. Ils sont très jeunes et vivent dans une grande précarité. Ils ne se prostituent pas uniquement pour gagner de l’argent, mais aussi pour manger, trouver un toit ou se fournir de la drogue… « Ils ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la prostitution masculine, précise Aurélien. Il existe aussi une prostitution occasionnelle, pratiquée lors de certaines soirées. Pour l’instant, nous n’avons pas de prise non plus sur la prostitution via internet. »Généralement, les prostitués entrent d’abord en contact avec Alias pour obtenir des préservatifs ou du lubrifi ant. L’association fournit des traitements post-exposition et a mis en place une permanence médicale qui lui permet de pratiquer le dépistage. Chaque mercredi, l’association tient une permanence sociale dans ses locaux. « Les garçons y trouvent un espace de parole. Nous les aidons à résoudre leurs diffi cultés, explique Katia, aide sociale, régularisation en cas de séjour illégal, dépendance à la drogue ou à l’alcool… Nous les accompagnons dans leurs démarches, car beaucoup ne parlent pas français. » Alias a vu le jour en mai 2009 et reçoit des fonds dans le cadre de la promotion de la santé, ce qui lui permet de fi nancer quatre emplois. Depuis juin, la permanence médicale est soutenue fi nancièrement par l’Institut national d’assurance maladie invalidité. Alias va aussi créer une permanence sur internet. « La prostitution via internet concerne un public mieux intégré, explique Aurélien, auquel nous proposons avant tout de la prévention IST-sida. » Mais la pérennisation des actions est un combat permanent : la prostitution masculine fait l’objet de peu d’études en Belgique. Et dans la communauté gay, le tabou reste si vivace qu’elle paraît, encore en 2012, invisible. Texte Christophe Cordier Photo Cédric Gerbehaye

+ d’infos : www.alias-bru.be

Auprès des prostitués “invisibles”

Alias (Bruxelles)

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La “maison accueillante”

Ikambere

De délicieuses odeurs de cuisine et des rires s’échappent de la cafétéria de l’association Ikambere, à Saint-Denis, à quelques centaines de mètres du Stade de France. Quelques poussettes encombrent l’entrée, les murs sont recouverts de peintures aux couleurs vives. On papote en se demandant des nouvelles. En kinyarwanda, une langue du Rwanda, « ikambere » signifie « maison accueillante ». Et ici, les portes sont toujours grandes ouvertes. Voilà quinze ans que Bernadette Rwegera [photo] et son équipe viennent en aide aux femmes africaines touchées par le VIH-sida. C’est pendant son mémoire de DEA que cette anthropologue constate leur isolement criant. « Les femmes africaines cachent leur maladie à leur famille et à leur entourage. Elles ont peur d’être rejetées et n’en parlent pas », raconte-t-elle. À la cafét’, ou au « village » comme l’appellent les bénéficiaires, toutes les femmes se connaissent. Chacune échange un mot, un sourire ou donne un coup de main pour le service. « On est entre sœurs », dit Naomie, 37 ans, qui vient à Ikambere 

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depuis l’année dernière. « La maladie, on en parle presque jamais. Sauf quand il y a une nouvelle qui arrive, pour lui redonner de l’espoir, lui dire qu’on a été comme elle, il y a quelques mois, mais qu’aujourd’hui, on va de l’avant. » Au fil des années, des besoins ont émergés. Le logement. Le titre de séjour. Le travail. Quand il ne s’agit pas, tout simplement, de trouver de quoi s’alimenter. « Ces femmes sont orientées vers nous par les hôpitaux ou les assistantes sociales : nous avons à gérer des situations de détresse », détaille Diane Caba, assistante sociale, une des vingt-deux salariées d’Ikambere. De salon de discussion, l’association s’est muée en véritable service d’aide personnalisée pour les accompagner progressivement vers l’emploi et le logement définitif. L’association dispose de cinq appartements pour dépanner. Des colis alimentaires sont distribués le vendredi et des cours d’alphabétisation, de remise à niveau ainsi qu’un chantier d’insertion sont proposés. À Ikambere, il y a aussi des cours de fitness et un atelier beauté pour ne pas oublier de rester des femmes, avec des envies. En avril dernier, l’association a organisé une soirée de rencontres entre hommes et femmes. « C’est important, aussi, la vie affective », dit Bernadette Rwegera. « Les femmes préfèrent rencontrer des hommes séropositifs, car elles n’ont alors pas besoin de s’expliquer. » Pas question pour autant d’ouvrir l’association aux hommes. « Ici, c’est le lieu des femmes. Accueillir les hommes nous confronterait aux relations de genres et aux représentations qu’on en a, ce qui nuirait à la convivialité, appréciée des femmes, entre elles. » Et pour la suite ? Bernadette Rwegera planche déjà sur une halte-garderie ou une épicerie solidaire. Pour épauler toujours plus ces femmes isolées. Texte Anne-Claire Genthialon Photo Fico

+ d’infos : www.ikambere.com

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j’ai découvert qu’il y auratoujours quelqu’un pour m’aider à voir plus haut

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faire face à une nouvelle  grossesse… En cinq ans, Dalila a vu la situation de ces femmes se détériorer : « Elles sont les premières victimes de la crise économique, du “climat anti-immigrés” et de la complexité accrue pour faire renouveler ses papiers, obtenir des remboursements de soins, etc. »Pour mieux les aider, Dalila et Amélie ont élaboré un projet de groupe de parole qui serait exclusivement destiné aux femmes. Elles n’attendent plus que le financement.Texte Isabelle Blin Photo Baptiste De Ville D’Avray

+ d’infos : www.avh78.fr

Ici, ni blouses blanches ni murs tristes, mais un appartement coloré et confortable où, à votre arrivée, on vous offre un thé ou un café accompagné de quelques biscuits. Et pourtant, nous sommes au centre hospitalier intercommunal de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Chaque mercredi après-midi, au sixième étage du pavillon Jacques-Courtois, l’association Ville-Hôpital et le Planning familial proposent ensemble une permanence de médiation en santé sociale, gratuite et ouverte à tous. Les porteurs du VIH et malades du sida peuvent y évoquer « à la fois leurs problèmes de santé et leurs difficultés sociales », explique Amélie Fiancette, directrice de AVH78. Avec son « binôme », Dalila Touami [photo], conseillère conjugale au Planning familial, elles écoutent, informent et découvrent des parcours difficiles, un isolement profond et une grande précarité. « Nous recevons quelquefois des couples, sérodiscordants surtout, des hommes seuls, mais surtout des femmes, essentiellement venues d’Afrique », explique Dalila Touami. La

plupart ont appris leur séropositivité depuis moins de cinq ans. Beaucoup se sont renfermées sur elles-mêmes depuis. Elles sont sans travail, sans ressources, avec des enfants à charge. Amélie Fiancette les accompagne dans leurs démarches administratives pour obtenir l’ouverture de leurs droits, la couverture maladie universelle (CMU) ou l’aide médicale d’État (AME), l’obtention ou le renouvellement de papiers, la demande de logements sociaux… « Je vais avec elles à la préfecture, si nécessaire. Je leur propose aussi de participer à des groupes de parole, des soirées de convivialité une fois par mois, ou je les oriente vers un psychologue, car elles ont besoin de se confier, de rencontrer d’autres personnes “comme elles” et de vider leur sac. »De son côté, Dalila Touami aide les femmes à réfléchir sur leur vie affective et sexuelle : comment annoncer sa séropositivité à son conjoint ou à son enfant, quelle sera l’incidence sur leur vie sexuelle, pourquoi est-il nécessaire d’avoir un suivi gynécologique régulier, comment

Ville-Hôpital et Planning familial : un duo à l’écoute

AVH78

10e AnnIVersAIre Du ColleCTIf InTer-AssoCIATIf femmes & VIH Act Up-Paris, le Planning familial, Sida Info Service, Médecins du Monde et les associations Aides, Frisse, Ikambere, LFMR, Marie-Madeleine, AVH78… se sont tous engagés au sein de ce collectif. Leur objectif : donner la parole aux femmes séropositives et porter cette parole auprès des acteurs institutionnels, politiques, scientifiques, impliqués dans la lutte contre le sida [lire page 63]. Soutenu par Sidaction et la direction générale de la Santé, le collectif est toujours en quête de financement pour réaliser de nouveaux projets.Interassociatif Femmes & VIH, S/c Act Up-Paris, BP 287, 75525 Paris Cedex 11.

+ militer associations

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militer +

Blonde, frisée, des yeux doux cerclés de noir, Giovanna Rincon [photo] nous reçoit dans les 40 m2 dont dispose Acceptess-Transgenres. « Ici, c’est un lieu de convivialité avant tout, c’est la “maison” de beaucoup de gens ! » Ces locaux sont loués avec le soutien de Sidaction. La directrice et médiatrice de santé publique de l’asso parisienne attrape une feuille et un stylo, « au cas où », et nous liste, avec un fort accent colombien mais dans un français quasi impeccable, les missions de la structure née il y a deux ans. Elle est intarissable sur ses missions principales, la prévention et la lutte contre le sida ainsi que le soutien aux personnes trans touchées par le VIH et les hépatites. « On cherche à améliorer leur qualité de vie et de soins, en prenant notamment en compte toutes les spécificités endocrinologiques, les interactions entre l’hormonothérapie et les antirétroviraux. Leur santé passe aussi par des activités physiques et sportives adaptées, ce qu’on leur propose. Nous essayons également de prévenir l’apparition d’autres IST, d’améliorer leur vie affective, leur santé sexuelle et celle de leurs partenaires. On aide également celles et ceux qui veulent révéler leur séropositivité, grâce au soutien d’un professionnel de la santé. »L’énumération en dit long : largement fragilisées, les personnes trans ont de vastes besoins. « Elles doivent d’abord justifier leur identité et s’affirmer dans la société, apprendre la langue française. Et, parfois, ce sont aussi des personnes migrantes, explique Giovanna. Alors, si, en plus de ça, elles doivent assumer le fait d’être séropositives, beaucoup de situations et de problèmes peuvent s’ajouter. » C’est pourquoi Acceptess-T, plutôt que de ne gérer que les questions liées au VIH, propose une prise en charge globale de la transsexualité : suivi lors du changement de sexe, insertion professionnelle, accès aux droits, soutien juridique… L’association reçoit de plus en plus de personnes provinciales, et elle compte 250 adhérent-e-s (à 90 % des « hommes vers femmes »), 15 militantes actives et 2 salariées à mi-temps, dont Giovanna. Cette ancienne travailleuse du sexe est devenue, après une formation, « médiatrice par les pairs », c’est-à-dire qu’elle a un parcours semblable à celles qu’elle aide. Elle mène le même combat depuis vingt ans partout où elle passe. En Italie, en Espagne, aux Pays-Bas… « Je suis arrivée à Paris en 2003, par militantisme. À l’époque, j’y emmenais une très bonne amie trans qui était malade du VIH en phase terminale. J’avais l’espoir de lui trouver des soins et de la sauver… » Elle marque une pause comme pour mieux annoncer : « Aujourd’hui, elle est toujours vivante ! » Texte Mélanie Vives Photo Fico

Acceptess-T

Aide globale aux transgenres

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À des milliers de kilomètres de l’Hexagone, la Guyane est le département français le plus touché par le VIH. Guyane Promo Santé, une association créée en 2007, fédère et anime le réseau des acteurs de l’éducation pour la santé sur le territoire guyanais. Le travail est vaste, la structure sert à la fois d’instance régionale en éducation et promotion de la santé (Ireps) et de centre régional d’information et de prévention du sida (Crips). « Nous appuyons les acteurs, à leur demande, pour mettre en place des actions concrètes à destination de la population, mais aussi pour valoriser leur travail. Nous veillons à ce que leur expérience soit prise en compte lors de la définition des priorités sanitaires, régionales et nationales », explique Gilles Dolor [photo], chargé de mission. Guyane Promo Santé s’adresse en priorité aux professionnels et aux bénévoles impliqués dans l’éducation pour la santé. Des associations comme Ader, Aides, Entr’Aides, entre autres, vont, par exemple, dans les collèges pour informer les jeunes « qui n’ont pas le réflexe d’utiliser le préservatif masculin lors de leur premier rapport sexuel ». Elles distribuent aussi des préservatifs féminins, accompagnent les travailleuses du sexe… Les professionnels de santé, les enseignants ou les bénévoles sont formés à la prévention des conduites à risques, les tests rapides de dépistage, etc.Mais malgré ces efforts, plus de 1 % des femmes enceintes restent infectées par le VIH. Le principal mode de contamination est le rapport hétérosexuel (environ 87 % des personnes infectées). En Guyane, une personne sur deux vivant avec le VIH est une femme. Malgré une activité importante de dépistage, la découverte de la contamination s’effectue souvent

Prévention tous terrainsGuyane Promo Santé

à un stade trop tardif. Le virus, tabou, continue d’être appelé pudiquement « la maladie ». L’« étranger » est considéré comme le principal porteur du virus, ce qui amène une forme de désintérêt pour la question. Près de 80 % des personnes infectées par le VIH sont de nationalité étrangère. Pour couronner le tout, il ne fait pas bon être homo, bi ou trans en Guyane française. « Toutes ces pratiques se vivent le plus souvent en cachette », observe Gilles Dolor. Autre difficulté, en matière de santé, les inégalités sont flagrantes entre la Guyane et la France hexagonale, avec des disparités aussi en région : 31,6 % de la population bénéficiait de la couverture médicale universelle complémentaire en 2010. Les flux migratoires importants ajoutés à la diversité des populations (Amérindiens, Créoles guyanais, Bushinengés, Haïtiens, Surinamais mais aussi Brésiliens, Chinois, Hmong, métropolitains…) sont un défi pour mener des politiques de prévention. Certaines communes ne sont pas accessibles par la route. Trois agglomérations, l’île de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni, regroupent la quasi-totalité de l’activité économique et des services. C’est là que travaillent une quinzaine d’associations impliquées dans la lutte contre le sida, même si l’on en trouve dans de petites communes du littoral (APS-villages) ou sur des territoires plus isolés (Wi Na Wi). Face aux obstacles, les acteurs restent mobilisés afin de permettre à chacun, sur tout le territoire et sans discrimination, d’accéder à l’information, aux soins, aux traitements d’urgence et au dépistage. Texte Isabelle Blin Photo Denis Lamaison

+ d’infos : Guyane Promo Santé, 4, rue Félix-Éboué, 97300 Cayenne. 05 94 30 13 64. − Courriel : [email protected]

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+ militer associations

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+ MILITER ASSOCIATIONS

Cela fait bientôt trois ans que Nora [photo] est bénévole à l’association Les Petits Bonheurs. « Mon grand plaisir, c’est quand les choses bougent, qu’une personne me dit : allons prendre un pot au bistrot, et puis on peut passer par le fl euriste pour acheter une petite plante… » L’association, implantée dans le neuvième arrondissement de Paris, s’adresse à des personnes isolées porteuses du VIH. Les bénévoles des Petits Bonheurs se déplacent chez elles ou à l’hôpital, et leur pose une simple question : « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? » Parce que réaliser de petits rêves du quotidien redonne goût à la vie. « Je me souviens de cette femme qui voulait de la lingerie à elle pour son anniversaire, parce qu’elle n’avait que des sous-vêtements donnés par des associations. Elle ne voulait plus avoir honte de se déshabiller devant son docteur… » Et les voilà en route vers une boutique de lingerie ! Ces virées sont très diverses : elles vont du bar de quartier à un magasin d’art en passant par la maison de Claude François, le rêve d’une dame de 78 ans ! « Ce sont des petits plaisirs bien ciblés, pas distribués à la louche », se réjouit Nora. Ses yeux sourient sans cesse, elle a l’énergie de ceux qui soutiennent mordicus que le verre est à moitié plein. On a du mal à l’imaginer immobile, cette femme de 63 ans aux cheveux courts qui consacre quelquefois plus de vingt heures par semaine à l’association, en plus de son emploi. Le VIH, elle le combat depuis la fi n des années 1980, lorsqu’elle a vu plusieurs proches partir. Après avoir soutenu des amis, aujourd’hui, ce sont des inconnus qu’elle écoute, dont elle comprend les silences, avec qui elle tisse des liens durables. Cinq personnes actuellement, sans compter les anciens. En 2002, elle était déjà bénévole à l’hôpital. Au fi l des ans, elle a vu combien la solidarité, très forte au début de la maladie, « s’est éteinte ». Avec les Petits Bonheurs, tous ceux dont les liens se sont émoussés − des personnes marquées par vingt ans de traitements et souvent « multi-endeuillées », mais aussi des plus jeunes − retrouvent des effl uves fraternelles. Et si vous avez ne serait-ce qu’une heure par-ci par-là à donner, l’association vous ouvre grand la porte. Texte Elsa Bastien Photo Fico

+ d’infos : www.associationlespetitsbonheurs.org

Il n’y a pas de “petit” bonheur

Les Petits Bonheurs

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militer +

Des malades acteurs de leur santéSOS hépatites

thèmes qui reviennent. « Nous répondons aussi aux questions juridiques et nous leur expliquons leurs résultats d’analyse. Ils les reçoivent souvent par courrier et comme leur prochain rendez-vous à l’hôpital n’est prévu que dans plusieurs semaines, ils veulent savoir… » Qui mieux que lui pourrait les comprendre, lui qui a réussi à éradiquer l’hépatite C, mais qui a subi une transplantation du foie en 2009. Bénévole de l’association depuis 2006, date de sa bithérapie, il a, durant toutes ces années, trouvé dans le forum de SOS hépatites un réel soutien. À son tour, il offre de son temps. « Je m’occupe surtout des cas lourds, reconnaît-il, des personnes qui vont être transplantées, de celles qui sont en fin de vie… » Et l’action de SOS hépatites ne se limite pas au territoire français. En juillet 2011, préoccupée par les 750 millions de personnes infectées par le virus de l’hépatite B sur le continent africain, SOS hépatites a choisi de sensibiliser les pays francophones aux hépatites virales lors de l’« appel de Dakar ». Dix pays (Liban, Algérie, Mali, Togo…) se sont déjà engagés à tout mettre en œuvre pour faciliter l’accès au dépistage et au traitement dans leur pays. Un début prometteur ! Texte Isabelle Blin Photo Baptiste De Ville D'Avray

+ d’infos : 0 800 004 372 (appel gratuit depuis un poste fixe) − www.soshepatites.org

« L’hépatite C tue autant que la route », « Plus vite on sait, mieux c’est », « Hépatite B, y a pas de plan B : vaccinez-vous ! »… Sans doute avez-vous déjà entendu ces messages sur les ondes. Derrière ces campagnes de prévention et de sensibilisation, on trouve SOS hépatites, une fédération qui regroupe quinze associations régionales réparties dans l’Hexagone. Sa première mission est d’informer, encore et toujours, sur ces maladies (hépatites B et C) qui évoluent sans symptôme pendant des années. Selon les études, plus de 40 % des porteurs du virus de l’hépatite C ignorent encore leur état. « Nous militons pour un meilleur dépistage des hépatites par un diagnostic rapide et pour le remboursement de l’examen sanguin − le IL28B − qui permet de savoir comment un malade va réagir au traitement, avant même sa mise en œuvre et nous accompagnons les malades pour qu’ils soient acteurs de leur santé », souligne Patrick Favrel, porte-parole bénévole de l’association. Pour éviter de nouvelles contaminations, mais aussi se donner les chances d’en guérir. Car plus l’hépatite est ancienne, plus les dommages collatéraux sont importants : cirrhose, varices œsophagiennes, cancer…Afin de soutenir les malades et leurs proches, SOS hépatites a mis en place un numéro vert et des groupes de parole. Les porteurs du virus ou malades y parlent de leurs difficultés, cherchent un soutien. « On ressent une vraie angoisse, surtout de la part de ceux qui ont une famille à charge. Ils se demandent s’ils vont pouvoir continuer à travailler, à subvenir aux besoins de leurs enfants », raconte Patrick Favrel [photo], bientôt 62 ans. La peur de mourir, la crainte de contaminer ses proches, l’intérêt du traitement, ses effets secondaires sont les

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Aime la vie »), inscrits en lettres roses contre le mur, derrière l’accueil. Les téléphones sonnent. L’espace bourdonne. Nous sommes au siège de Gay Men’s Health Crisis (GMHC). Créée en 1982 par six amis pour lutter contre les ravages du sida au sein de la communauté gay, l’association poursuit son combat, trente ans plus tard. En 2011, à travers ses programmes, la première et plus ancienne structure de lutte contre le virus aux États-Unis a aidé onze mille personnes malades ou exposées. Cela va du dépistage aux groupes de soutien en passant par les conseils juridiques, les consultations médicales, la fourniture de médicaments et même une cantine. Près de la moitié (49 %) des individus qui ont eu recours à ses services étaient gays.« Nous sommes une petite armée », sourit sa directrice, Marjorie Hill [photo]. À la tête de l’organisation depuis 2006, cette lesbienne afro-américaine a été témoin des ravages de l’épidémie dans les années 1980. « Parfois, j’ai l’impression que la situation est pire aujourd’hui. Hier, on en avait peur. Maintenant, on pense que le problème est réglé », regrette-t-elle. Or, c’est loin d’être le cas. Il existe 1,1 million de séropositifs aux États-Unis et malgré les progrès du dépistage et de la prévention, le nombre de nouvelles infections reste élevé : environ 50 000 par an ces quinze dernières années. Les homosexuels non blancs sont particulièrement touchés : en 2010, 59 % des personnes touchées étaient des gays noirs ou hispaniques, selon le gouvernement. En cause, selon Marjorie Hill, la persistance de discours homophobes dans les communautés dites « de couleur ». « Quand certaines Églises dévalorisent les gays, parfois sans le vouloir, cela n’aide pas à sortir du placard ou à trouver des soutiens pour aller se renseigner sur les dangers du sida, souligne-t-elle. Notre conservatisme autour des questions touchant au sexe empêche également de lutter efficacement contre le virus. » Pourtant, GMHC trouve plusieurs raisons d’espérer : outre la mise sur le marché des auto-tests, l’autorité américaine de la santé, la FDA, a autorisé la commercialisation de Truvada, une pilule en prise préventive pour les séronégatifs. La docteure Hill se félicite également de l’action de Barack Obama, dont la réforme du système de santé prévoit, à l’horizon 2014, de faciliter l’accès aux soins des LGBT malades ou à risques en obligeant les assurances à rembourser les dépistages et les soins. Aujourd’hui, presque 30 % des malades américains n’ont pas d’assurance. « Mais le président ne peut pas tout changer seul », s’exclame Marjorie Hill. Cette militante se dit aussi inquiète de la manière dont on parle de sexualité, dans les écoles publiques par exemple. « Il y a des jeunes qui pensent

qu’on est toujours vierge après un rapport anal, s’alarme-t-elle. Nous pouvons mettre un terme au sida aux États-Unis, mais nous devons être plus nombreux, avec plus de moyens. » Texte Alexis Buisson Photo Matthieu Sorey Garnier

+ d’infos : www.gmhc.org

+ militer associations

Gay Men´s Health Crisis (New York)

Une “petite armée” contre le sida

Murs épais, sol en béton armé, gris, hall d’entrée froid : le numéro 446 de la 33e rue de Manhattan, à New York, a des allures de bunker. Mais au sixième étage de l’imposante bâtisse, c’est une autre histoire. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur les mots « Fight Aids. Love Life » (« Combats le sida.

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Libérer la paroleRelais VIH (Rodez)

MILITER +

Relais VIH est née en août 2008 de la volonté d’un groupe de parole d’une quinzaine de personnes qui se réunissait à l’hôpital de Rodez. « Nous avons eu envie de nous retrouver en dehors du cadre hospitalier », explique Robert Henneguier [photo, à droite], 62 ans, président de l’association et l’un des cinq fondateurs (une fondatrice est décédée depuis). « Le nom de l’association est issu du fait que nos premières discussions, informelles, se tenaient dans le Relais H de l’hôpital, comme un clin d’œil. » Au départ, l’association aveyronnaise a partagé des locaux du centre de volontariat de Rodez ouvert sur la rue par une vitrine, donc « pas adapté à la confi dentialité ». « Nous avons eu beaucoup de mal pour trouver des locaux, explique Robert. Ni le conseil général ni la mairie ne nous ont aidés. Du côté des agences immobilières, si le mot “association” faisait tiquer, la lutte contre le sida fermait carrément les portes. Il n’y avait tout à coup plus rien de libre ! » Jusqu’à ce qu’un ami propriétaire leur propose un appartement. Pas de pancarte, un simple interphone et trois étages à grimper pour atteindre un lumineux petit deux-pièces cuisine. « Au début, on trouvait cela diffi cile de devoir monter à pied, mais les médecins nous ont dit que c’était bon de faire

de l’exercice », rigole Robert : « Nous y sommes très bien. C’est discret. » L’association y poursuit les groupes de parole, qui se réunissent tous les mois en présence d’un médecin et d’un psychanalyste bénévoles. « C’est très important : c’est le seul moment où certaines personnes qui habitent à la campagne peuvent aborder leur vécu de la séropositivité », explique Robert qui a vu, « en trois ans, des personnes recroquevillées sur elles-mêmes, pleines de culpabilité, s’ouvrir et aller beaucoup mieux ». Désormais l’association, fi nancée à 80 % par Sidaction, tient des permanences tous les mardis après-midi et le mercredi, assurées par Noëlle Tardieu [photo], coordinatrice salariée à temps partiel depuis l’an dernier. « Nous développons également des actions de prévention auprès des établissements scolaires et de formation du département », explique Noëlle. Et dans ce département le plus âgé de Midi-Pyrénées (14,23 % de la population est âgée de plus de 75 ans), Relais VIH se lance dans une étude autour de l’accueil des séropositifs en maisons de retraite. Toujours sans aides fi nancières locales. « On a compris qu’il fallait faire sans eux. » Texte Christophe Courau Photo Alexandra Frankewitz

+ d’infos : www.relaisvih12.fr

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« C’est bien utile d’être en liaison avec les médecins : on peut ainsi rapidement leur faire savoir qu’une personne ne prend plus son traitement à cause d’un effet secondaire, ou les appeler directement et obtenir un rendez-vous dès le lendemain », explique Éric Raja [photo], coordinateur de Vivre. Créée à Sète, en 1995, par des personnes concernées par le VIH et par le réseau local médico-psycho-social (les médecins de l’hôpital et de ville, une assistante sociale, une infi rmière…), l’association effectue un travail effi cace pour un public très fragile : «Nous voyons ici beaucoup de gens en diffi cultés sociales et psychologiques, et qui ont des problèmes médicaux et d’observance », poursuit le permanent présent depuis l’origine. Il y a toujours besoin de soutien pour des papiers, une prise en charge de logement… Pour les personnes les plus en diffi culté, l’association fi nance des choses pratiques, comme un déménagement, l’achat d’un frigo, et peut proposer des aides fi nancières remboursables. « Il y a une vraie peur de l’administratif », explique Yoanne Murray, la responsable administrative. « Gérer la paperasse pour un précaire, c’est presque une activité à plein temps… »Les hommes sont accueillis le lundi après-midi, les femmes le mercredi et tout le monde est bienvenu le vendredi. Un seul mot d’ordre : la convivialité. « Il y a des gens, très isolés, qui viennent ici comme dans une deuxième famille, où l’on peut tout dire sans être jugé. Du coup, ils sont toujours partants pour un petit goûter ou la préparation d’une sortie », explique Éric. Pique-nique, balades, visites… « On arrive à remettre des gens en selle, certains qui se sentaient incapables de sortir de chez eux », poursuit-il.Depuis 1998, Vivre développe aussi une forte action de prévention. « Nous intervenons chaque année dans toutes les classes de troisième et de terminale du bassin de Thau. Du coup, on voit régulièrement des jeunes venir chercher des préservatifs. Diffi cile pour eux d’aller dans la pharmacie de leur village où ils sont connus du pharmacien », résume Yoanne, chargée de la prévention. L’association effectue aussi un travail de prévention en milieu libertin, dans les saunas et les clubs du département pendant l’année et au Cap d’Agde, l’été. « Après huit ans d’efforts nous avons créé un bon réseau auprès des employés et des patrons d’établissements en favorisant la distribution et la vente de préservatifs − 100 000 préservatifs par an − et l’information sur les lieux de dépistage. » Texte Christophe Courau Photo Alex Frankewitz − + d’infos : www.vivresida.fr

“Comme une deuxième famille…”Vivre (Sète)

+ MILITER ASSOCIATIONS

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Une quinzaine de femmes en boubou coloré et une poignée d’hommes attendent leur tour, assis à l’abri du soleil écrasant du matin.

À l’entrée d’une petite pièce, Célestin Nagallo, attaché de santé, prélève le sang d’une femme qui porte son bébé dans le dos. Sur une table, s’entassent des fiches médicales sur lesquelles il inscrira le nombre de cellules CD4 analysées dans le sang de chacune des personnes qui le consultent. Une trentaine d’autres fiches viendront s’empiler tout au long de la journée. Célestin est fier de montrer dans

depuis quinze ans, À BoBo-dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, en aFrique de l’ouest, responsaBilité-espoir-vie-solidarité + déFend l’accès aux soins et aux traitements des personnes séropositives. et l’association se Bat contre toute Forme de discrimination, y compris l’homophoBie. par Olivier DOnnars photos alfreDO PiOla

un coin de son laboratoire, l’appareil servant à compter les CD4, acheté il y a trois ans grâce aux fonds de Sidaction. Il déplore de ne pouvoir faire d’autres examens biologiques, comme la charge virale. Cela serait bien sûr indispensable pour le suivi médical, et les habitants sont forcés de débourser, en ville, entre 15 000 et 17 000 francs CFA, soit 24 à 27 euros. Une somme énorme pour beaucoup. D’ici à la fin de la journée, Célestin donnera le résultat de l’examen. Demain, la file de patients ira voir l’un des trois médecins de l’association pour se faire prescrire des antirétroviraux s’il s’agit

au burkina rEVs+ pour tous

d’un premier traitement ou bien pour en changer, quand c’est possible.

Dans son cabinet médical ouvert en 2004, dans l’enceinte de la direction régionale de la santé de Bobo-Dioulasso où siège Revs +, le Dr Daouda Maré est justement très affairé. « Le début de la semaine est surtout consacré au renouvellement des antirétroviraux, lance-t-il entre deux patients. On peut recevoir jusqu’à 120 patients en une matinée ! » Une trentaine de personnes sont déjà là, un carnet de santé bleu à la main, attendant que l’un des trois conseillers assistant le médecin les appelle

+reportage

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de la sexualité et de la prévention. Les femmes sont les premières à se sentir concernées. Les hommes ont du mal à venir à ces causeries. Au « pays des hommes intègres », comme on le dit du Burkina, on ne mélange pas si facilement hommes et femmes. Comme on ne mélange pas jeunes et vieux. « Les hommes de plus de 50 ans ne se sentent pas concernés par le dépistage et le VIH, se désole Brigitte Palenfo, la secrétaire générale de Revs +. C’est une tranche d’âge avec laquelle il est très difficile de discuter et qui se braque si un jeune éducateur leur parle de sexualité. »

Attendant son tour, M. Sidi pense différemment. Dès qu’il a appris que sa femme était séropositive, il est venu se faire dépister à Revs +. Dans un sens, il dit avoir été soulagé d’apprendre sa propre contamination. « Je n’étais plus dans le doute et je savais qu’avec ma femme, nous

au burkina rEVs+ pour tous

obtiendrions ici tous les soins et toute l’aide dont nous avions besoin », estime-t-il. Pour donner l’exemple, il est devenu bénévole à l’association.

LeS feMMeS et LeS enfAntS D’ABoRD Revs + mène son combat depuis 1997, année de sa création par une vingtaine de personnes séropositives, dont seules cinq sont toujours vivantes. « À l’époque, les médecins ont rejeté en bloc l’idée d’une association de patients, se souvient amèrement Martine Somda Dakuyo, la présidente et fondatrice de Revs +. Le Comité national de lutte contre le sida a même refusé de nous financer, prétextant que c’était de l’argent jeté par la fenêtre car nous allions tous mourir. » La rencontre avec un représentant du fonds mondial et trois associations françaises (Sidaction, Aides et Act Up) sera déterminante et mènera l’association

pour leur donner un rendez-vous ou annoncer un résultat. Le plus souvent, c’est pour leur rappeler l’importance de l’observance au traitement. Mais comment faire comprendre une prescription quand un grand nombre ne sait pas lire ? Pour eux, hors de question de faire lire leur ordonnance par quelqu’un d’autre. on risquerait de leur poser des questions sur le contenu du document et de les rejeter. Des cours d’alphabétisation en dialecte local leur sont donc proposés. Pour relayer les messages, les conseillers s’appuient sur cent cinquante éducateurs bénévoles, la plupart séropositifs eux-mêmes.

“CAUSeRIe PRéVentIon”Au Burkina faso, comme dans beaucoup de pays d’Afrique de l’ouest, on aime palabrer en groupe. Des « causeries » réunissant une dizaine de personnes où l’on débat autour du VIH, des ISt,

Page de droite : Martine Somda Dakuyo, présidente et fondatrice de Revs +. En haut : Célestin Nagallo réalise lui-même les examens sanguins. Ci-dessus: le cabinet médical accueille parfois cent vingt personnes en une matinée.

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à plaider sa cause jusqu’à la présidence du Burkina Faso.

Son premier combat : la défense des femmes, premières victimes du VIH mais aussi victimes des hommes qui cherchent à les priver de leurs droits et même souvent de soins. Quand ce n’est pas le corps médical lui-même qui veut leur interdire de se marier, d’avoir des rapports sexuels et même des enfants. L’association s’est toujours révoltée contre ces discours en aidant les femmes à bénéficier du droit de disposer de leur corps, et en mettant tout en œuvre pour éviter le risque de transmission. L’association a ainsi été la première au Burkina Faso à faire de la prévention de la transmission mère-enfant (PTME).

Plusieurs centaines de femmes enceintes séropositives sont actuellement accompagnées par Revs +. Elles

accouchent cependant en dehors de l’association, à l’hôpital pédiatrique de Bobo-Dioulasso. Mais d’ici à quelques mois, grâce au programme Grandir, elles devraient pouvoir être suivies médicalement à l’association durant toute leur grossesse et après l’accouchement. Le programme apporte aussi une aide sanitaire et psychosociale à 850 enfants. Tous ne sont pas infectés par le VIH −– moins de 200 le sont −,–mais lorsqu’on regarde les dessins affichés dans le bureau de Bernadette Paré, la responsable du programme Grandir, on comprend

que le virus a envahi la vie de chacun et celle de la famille. « Le VIH reste la maladie leur évoquant le plus la mort, constate la responsable. Nous faisons un gros travail en montrant qu’on peut bien vivre en prenant un traitement. Cela nous permet ensuite d’aborder l’annonce de la séropositivité à ceux qui sont infectés. » Pas simple d’expliquer avec des mots d’enfant. Dans ce cas, quand le vocabulaire fait défaut, le dessin est souvent le meilleur allié.

“LuMIèRE” PouR LES GaySToujours prête à défendre les plus discriminés, Revs + a aussi été la première association burkinabé à se préoccuper des homosexuels. Même si le Burkina Faso n’a pas de politique répressive envers les gays, comme dans d’autres pays africains, le sujet est hautement tabou. L’homosexualité est souvent perçue comme une menace à l’identité nationale. Stigmatisés, rejetés dans un pays fortement religieux, beaucoup d’hommes cachent leur homosexualité. Pour les atteindre, Revs + a lancé en 2009 le projet yeelen (« Lumière »), un programme de prévention en direction des gays, soutenu par aides et Sidaction. Il a pourtant fallu deux ans pour que le conseil d’administration de Revs +, les volontaires et les membres de l’association acceptent le projet. Deux ans à lutter contre les préjugés. « J’ai eu l’impression de revenir en arrière, au début de l’épidémie, soupire Martine Somda Dakuyo. J’ai dû rappeler qu’à Revs +, nous avions toujours défendu tous ceux qui souffrent sans jamais les juger. »

yeelen repose entièrement sur le travail des éducateurs, la plupart

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+reportage au burkina FaSo

Pour le traitement des personnes séropositives, le Burkina Faso dépend quasi exclusivement du Fonds mondial.

Le premier des combats menés par Revs + a été la défense des femmes, victimes tout

à la fois de l’épidémie et des hommes.

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homosexuels [lire le portrait de Yves, page de droite]. Ils sillonnent le terrain et vont à la rencontre des gays et les incite à venir à leur « grin », un groupe d’une dizaine de personnes. On y parle de sexe, on y distribue capotes et gels lubrifiants et on rappelle les messages de prévention aux nouveaux venus. Une fois par mois, une quarantaine se réunissent à Revs + pour discuter d’un thème particulier, comme l’importance de se faire dépister. Message bien compris, puisque 90 % des participants ont fait le test. C’est aussi l’occasion de consulter un des médecins de l’association ou bien de voir le psychiatre, le Dr Benoît Da Sié, gay lui-même. Ce qui en rassure plus d’un. Certains lui confient la pression qu’exerce sur eux la famille. Le mois dernier, un homme de 35 ans s’est enfui à Cotonou, au Bénin. Sa famille est allée le chercher pour le marier de force avec une mère de quatre enfants. Tounkara Noumou, éducateur pour Yeelen, a joué le médiateur en expliquant à l’oncle qu’une famille aussi nombreuse serait une charge pour son neveu. « Cette femme méritait de se marier avec un homme ayant une meilleure situation », a-t-il argumenté, pour éviter le mariage à

son protégé. Dans ce genre de situation, il faut savoir ruser.

TRaiTeMeNT SuR LiSTe D’aTTeNTeMalgré les campagnes de prévention ciblées et les discours sur l’importance du dépistage, les médecins voient encore arriver des personnes extrêmement affaiblies. Dans une pièce à côté du cabinet médical du Dr Maré, deux femmes se reposent sur un lit. L’une d’elles, très amaigrie, est sous perfusion. Beaucoup sont dépistées avec plusieurs maladies opportunistes, allant des dermatoses à la tuberculose, et une immunité si basse qu’un traitement devrait débuter sans tarder. Malheureusement, recevoir une trithérapie demande une longue attente. Sur le papier, et uniquement dans la théorie, toute personne diagnostiquée avec moins de 300 CD4 par millilitre de sang devrait être mise sous traitement. « Mais au Burkina Faso, on en est encore à tirer au sort qui sera mis sous antirétroviraux, s’indigne Martine Somda Dakuyo. On doit attendre qu’une ligne budgétaire se libère, qu’une personne décède ou abandonne son traitement pour qu’une autre puisse bénéficier des aRV ! »

La présidente a l’impression de répéter le plaidoyer qu’elle a dû faire au début

des années 2000. Revs + avait alors convaincu l’État burkinabé de financer les premiers traitements, des génériques produits en inde. Les commandes étaient arrivées dans le pays mais peinaient à être acheminées vers les structures de santé et les associations. « Nos patients étaient préparés depuis quatre mois à être mis sous traitement et certains sont morts, ne voyant rien venir, se remémore-t-elle avec tristesse. On a alors dénoncé la situation dans les journaux et on a interpellé le président du Burkina Faso. » Le coup d’éclat avait fait mouche. en 2002, seize bénévoles de Revs + ont été mis sous traitement. Pas un de plus. une période très pénible pour Martine Somda Dakuyo :

Encore trop souvent, les personnes dépistées positives sont atteintes de maladies opportunistes. Et il leur faut patienter longtemps pour bénéficier d’un traitement.

Une épidémie avec des zones d´ombreLe VIH touchait 1,6 % de la population du Burkina Faso en 2007, principalement dans les zones urbaines. Une épidémie pour moitié féminine. Chez les 15 à 49 ans, la prévalence du VIH était de 2 % en 2008. Mais tout laisse supposer que le nombre de personnes atteintes est beaucoup plus élevé dans certains groupes. Selon une enquête auprès des professionnelles du sexe, le VIH toucherait 16,3 % des prostituées. Chez les homosexuels, aucune donnée officielle n’existe. La plupart des associations évaluent cependant la prévalence parmi les gays entre 14 et 19 %. Le Burkina Faso fait aussi face a une très forte proportion de personnes co-infectées par la tuberculose : en 2008, 83 % des nouveaux cas de tuberculose étaient diagnostiqués VIH +.

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Il est celui par qui tout a commencé. Ce timide jeune homme de 37 ans n’aurait jamais imaginé que son coming out puisse un jour servir

aux gays de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou. Yves est conseiller psychosocial depuis quelques années à Revs + quand il entend parler, en 2007, d’un nouveau programme en direction des gays. La secrétaire générale de Revs + lui propose de s’en occuper, sans rien savoir de son homosexualité. « Je lui ai

répondu qu’il n’y avait pas de problème pour m’en charger car je suis moi-même gay », raconte-t-il tranquillement avec un large sourire. Pas facile de l’évoquer dans un pays où l’homosexualité n’est pas pénalisée mais néanmoins très mal acceptée. Même par certains membres de l’association. « Grâce à mon témoignage, ils ont pu mettre un visage sur l’homosexualité », se félicite-t-il.

Yves forme alors des éducateurs et va dans les « maquis » – ces bars de rue

où l’on vient écouter de la musique et danser – à la rencontre de ceux qu’il appelle « les VIP ». On se taquine, on se lance des « t’es choco ! », autrement dit « t’es trop beau ! ». Voire on demande : « T’es un poisson ? », c’est-à-dire « T’es gay ? ». Toutes les techniques de drague sont bonnes pour entrer en contact avec ces « VIP » et leur parler de Revs + et de son programme dédié aux gays.

InterventIons dans les “maquIs”Le conseiller reconnaît que les débuts étaient difficiles : « Certains étaient incrédules, ne voulaient pas croire à l’existence de ce type d’action. » Tous se cachent, de peur de perdre un boulot, une situation privilégiée ou leur vie de famille. « Beaucoup sont mariés, de force ou pour avoir une couverture », reconnaît Yves.

Peu à peu, un groupe se forme. Le bouche à oreille fait le reste. Certains amènent un partenaire, un copain. Des causeries ont d’abord lieu dans les « maquis » car la plupart ne veulent pas venir à Revs +. « Ils avaient peur que la police ne les attende là-bas, avoue Yves. Je les ai rassurés et leur ai montré que nous étions tous bien acceptés à l’association. »

Trois ans plus tard, deux cents homosexuels ont rejoint l’association. Yves se félicite d’avoir réussi à sensibiliser tout le monde au dépistage et à l’utilisation de la capote et du gel lubrifiant. Auparavant, les méthodes étaient « vraiment rudimentaires ». « Sans ça, personne ne voudra aujourd’hui coucher avec toi, lance-t-il dans un rire. On est d’ailleurs très emmerdés quand il n’y en a plus ! »

Ce qu’aimerait aujourd’hui Yves, c’est s’exprimer librement, malgré le poids de la tradition et de la religion. Il rêve de venir voir en France comment vivent les jeunes gays. Partager cette expérience, « ce serait magnifique pour les jeunes d’ici et pour Revs +. » Olivier DOnnars

“Grâce à moi, ils ont pu mettre un visage sur l´homosexualité”Yves Somé, coordinateur de la cellule prévention du programme Yeelen de l’association Revs +.

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« Choisir qui devait être traité était une vraie souffrance. J’avais l’impression de décider qui doit vivre et qui doit mourir. » Dans ces années-là, certaines mères se sont même sacrifiées en laissant leur traitement à leur enfant contaminé.

La situation n’a guère évolué, et c’est désolant. En 2011, sur 3 426 personnes séropositives suivies à Revs +, dont la grande majorité devait être traitée, 37 % d’entre elles étaient sous trithérapie. Et cela fait plusieurs mois que l’association n’a pas mis d’autres malades sous traitement

Aujourd’hui, quand on voit la pharmacie de l’association et la file d’attente qui s’y presse, on a le sentiment que les traitements ne manquent pas. « Mais jusqu’à quand ? se demande la présidente.

Le stock est renouvelé tous les trois mois. Mais le sera-t-il au prochain trimestre ? » Comme on dit en Afrique, le Burkina Faso « dort sur la natte du voisin » : le pays dépend quasi exclusivement du Fonds mondial. En période de crise planétaire, les effets sont terribles. Depuis des mois, les ruptures de médicaments sont courantes. Il faut se battre pour obtenir le moindre réactif de base nécessaire aux examens sanguins. Faire un bilan biologique complet est quasi impossible

et ne se fait d’ailleurs qu’en de très rares endroits à Bobo-Dioulasso, à un coût prohibitif.

Mais Mme Somda Dakuyo ne s’avoue pas vaincue. Elle, qui a réussi à essaimer les activités de son association dans plusieurs provinces du pays, a gardé sa combativité de la première heure. Et elle voit grand. Elle souhaite ouvrir un centre de soins palliatifs. « Trop de personnes séropositives sont encore mal soignées et chassées de l’hôpital, faute de place », déplore-t-elle. Depuis vingt ans qu’elle vit avec le virus, la militante a toujours su garder la force de se battre et d’espérer. Et cet espoir, elle compte le transmettre encore longtemps. Olivier DOnnars

Merci à Christian Andreo et Stéphane Simonpietri de l’association Aides.

Psychiatre, le docteur Benoît Da Sié reçoit les gays rencontrés dans le cadre du programme de prévention Yeelen.

Au sein de Revs +, Bernadette Paré (ci-dessus) est en charge de Grandir, qui apporte son

aide à 850 enfants. Inès Sanou (ci-dessous) est conseillère en observance thérapeutique.

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LA RÉGION CENTRELUTTE CONTRE LE

SIDA

Sida Info Service0 800 840 800

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17+connaître ses droits

Travailler, se soigner, demander un emprunT… quels sonT vos droiTs ? une équipe d’experTs répond à vos quesTions.TexTes Jérôme et romain Farina-cussac,

coordinateurs Juridiques de sida inFo droit *

eT adeline toullier, responsable soutien

Juridique et social de aides

* Sida Info Droit : 0 810 636 636.

questionsclés

depuis 1998, les étrangers gravement malades ne pouvant pas se soigner dans leur pays d’origine sont protégés contre l’expulsion et peuvent obtenir un titre de séjour en raison de leur état de santé, pour « vie privée et familiale ».

Ce titre ne permet pas de venir se faire soigner en France : il concerne les seules personnes résidant déjà sur le sol français. la loi sur l’immigration votée en juin 2011 a restreint les conditions d’accès à ce titre de séjour : désormais, si le traitement approprié est réputé présent dans le pays, même si son accessibilité effective n’est pas garantie, l’administration refuse le titre de séjour.une instruction du ministère de la santé de novembre 2011 précise toutefois que la présence d’un traitement approprié doit s’entendre comme l’ensemble des moyens mis en œuvre pour guérir ou soigner une maladie (médicaments, soins techniques, examens de suivi et de bilan) selon l’état de santé de la personne (stade de la maladie, complications…) et en fonction de l’offre de soins dans le pays d’origine (équipements sanitaires, stock de médicaments, démographie médicale…). l’annexe ii de cette instruction donne aussi des recommandations précises pour le viH :

la couverture médicale pour le viH / sida doit être considérée comme « absente » dans tous les pays en développement, à savoir ceux qui n’ont pas un « indice de développement humain très élevé » selon les nations unies *. Cette annexe précise que les recommandations sont sensiblement similaires pour les hépatites et le viH. enfin, elle indique que cette approche peut servir pour toute pathologie lourde ou chronique.* http://hdr.undp.org/fr/statistiques.

en pratique, comment procéder ? d’abord, la personne malade consulte un médecin agréé par la préfecture ou un praticien hospitalier pour obtenir un rapport médical attestant de la gravité de la pathologie et du besoin de prise en charge médicale. Ce rapport doit être le plus complet possible (bilan, diagnostic, évolution prévisible, etc.). la consultation médicale pour la rédaction de ce rapport entre dans la couverture santé du demandeur, ce n’est pas un acte d’expertise justifiant une tarification spécifique.ensuite, la demande de titre de séjour est déposée à la préfecture du domicile, avec des pièces administratives (état civil, durée de vie en France…) et le rapport médical sous pli confidentiel. Ce rapport est transmis au médecin de l’ars (agence régionale de santé) ou, à paris, le médecin

Je suis étranger, ai-je droit à un titre de séjour pour soins ?

de la préfecture de police qui apprécie les conditions médicales, notamment si un traitement approprié est absent ou présent dans le pays d’origine. C’est lui et lui seul qui a à connaître la pathologie en cause : en aucun cas, l’enveloppe avec le dossier médical ne doit être ouverte par le personnel administratif, sous peine de violation du secret médical. le médecin de l’ars rend un avis, sur la base duquel le préfet décide ou pas d’accorder le titre de séjour. même si la loi prévoit qu’une réponse soit donnée dans les quatre mois, la procédure peut prendre plus de six mois.le titre délivré est d’une durée variable selon l’ancienneté de présence en France du demandeur. s’il peut prouver une résidence en France depuis au moins douze mois (avec ou sans papiers), il a droit à une carte de séjour valable un an, portant la mention « vie privée et familiale » et l’autorisant à travailler. à défaut de résidence de plus d’un an, il obtient une autorisation provisoire de séjour de six mois. la maladie n’est pas indiquée sur le titre.en cas de refus, des recours sont possibles, dans de très brefs délais, soit auprès du préfet ou du ministère de l’intérieur, soit devant le tribunal administratif. pour plus d’informations et des modèles de recours : http://odse.eu.org. ObservatOire Du DrOit À la santé Des étrangers (ODse).

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Dans quel cas dois-je révéler mon statut sérologique ?Le statut sérologique est couvert par le secret médical et fait partie intégrante de la vie privée dans son ensemble. Chacun est libre de le révéler à qui bon lui semble.

Dans la plupart des situations, il est d’ailleurs fortement conseillé de ne pas révéler cette information sensible. La seule personne à qui l’on est contraint de révéler son statut sérologique est le médecin-conseil d’une assurance. En effet, dans le cadre d’un contrat d’assurance portant sur la personne, l’assurance exige un questionnaire médical relatif à l’état de santé général du souscripteur. Toute fausse déclaration étant illégale et pouvant entraîner la nullité du contrat, la révélation du statut sérologique paraît souvent inévitable. JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES DE SIDA

INFO DROIT.

Qui peut avoir accès à mon dossier médical ?Lorsqu’on parle de « dossier médical », il faut en réalité entendre « informations médicales ». Ces informations sont celles qui concernent chaque patient dans le cadre d’une hospitalisation, d’un examen, d’un diagnostic, d’une consultation… C’est la raison pour laquelle ces informations peuvent être hébergées en de nombreux endroits simultanément : dans une clinique, dans un hôpital, chez un médecin…

Outre la personne concernée par les informations médicales (l’accès étant direct pour elle), seuls les professionnels de santé qui les hébergent peuvent y accéder dans le cadre des soins prodigués.Il est fait interdiction, même à un professionnel de santé, de se procurer des informations médicales en dehors de ce cadre.Il en va de même des professionnels de santé entre eux qui ne peuvent échanger, sans le consentement du patient concerné, lesdites informations, hormis le cas du secret partagé (deux professionnels travaillant conjointement pour la continuité des soins). Tout professionnel violant le secret médical encourt des sanctions pénales, professionnelles et civiles.Les autres professionnels sont également tenus au secret médical notamment les caisses de la Sécurité sociale, les assurances… JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES DE SIDA INFO DROIT.

Est-il possible d´obtenir un crédit si je suis séropositif au VIH ou si je suis atteint d’une hépatite ? En matière de prêt immobilier, la séropositivité au VIH ou à une hépatite n’est pas, en soi, un obstacle. En effet, lorsque vous empruntez de l’argent à une banque, celle-ci n’est pas amenée à connaître votre état de santé. D’ailleurs, votre santé l’indiffère car elle va se couvrir d’une éventuelle défaillance de paiement par une assurance sur ce prêt. C’est ici seulement (sur le contrat d’assurance couvrant le prêt) que votre état de santé peut poser un éventuel problème. Car les lois interdisant les discriminations fondées sur l’état de santé ne sont pas applicables aux opérations d’assurance (art. 225-3 du Code pénal). Ainsi, une assurance peut vous exclure d’un contrat d’assurance ou augmenter le montant de la cotisation en raison de votre pathologie. En pratique, les assurances n’excluent pas d’emblée la séropositivité mais examinent individuellement l’état de santé du souscripteur.

Le médecin-conseil de l’assurance est ainsi autorisé à demander à l’emprunteur de révéler son état de santé, en lui remettant un questionnaire de santé, voire en lui demandant de se soumettre à des examens médicaux complémentaires. Il est donc important d’envoyer les informations médicales directement au médecin-conseil de l’assureur, et non de les remettre au conseiller de la banque, sauf si cela se fait sous pli cacheté. Mais il convient d’être prudent en répondant au questionnaire médical. En effet, toute fausse déclaration peut entraîner la nullité du contrat d’assurance (article L. 113-8 du Code des assurances), ainsi que la nullité du contrat de prêt qui peut, alors, être invoquée par la banque.Pour améliorer ce qu’on appelle « l’assurabilité » des personnes présentant un risque de santé, la convention AERAS et la loi Lagarde de 2010 donnent au consommateur le droit de choisir librement son assurance emprunteur à condition que l’assurance de son choix présente des garanties équivalentes à celles demandées par la banque pour son contrat dit « de groupe ». Si la banque refuse cette délégation, elle doit motiver sa décision. Elle ne peut moduler le taux d’intérêt du crédit immobilier selon que l’assurance est ou non déléguée.Il est donc conseillé de s’adresser, pendant l’instruction du dossier par l’assureur de la banque, à d’autres compagnies d’assurance, afi n de mettre en concurrence plusieurs assureurs. Ceci permet de choisir la meilleure garantie et le meilleur prix parmi plusieurs offres. En cas de refus d’assurance, ou de refus du prêt à la suite du refus d’assurance, le souscripteur peut également saisir la Commission de médiation prévue par la convention AERAS, afi n de contester le refus de la banque ou de l’assureur. L’application de cette convention est automatique mais la Commission doit être saisie par le souscripteur lui-même à la suite d’un refus. Cette Commission rend un avis généralement suivi par les établissements et peut donc inciter la banque ou l’assurance à revenir sur son refus initial. Toutefois, s’agissant des crédits à la consommation jusqu’à un maximum de 17 000 euros et d’une durée maximale de quatre ans, les organismes de prêt se sont engagés à dispenser l’emprunteur âgé de 50 ans au plus de tout questionnaire médical. JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES DE SIDA INFO DROIT.

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À quoi sert le mi-temps thérapeutique ?Le temps partiel thérapeutique permet à un salarié de reprendre une activité à un temps réduit, et de toucher le salaire correspondant à ce temps de travail tout en continuant à percevoir des indemnités journalières de la Sécurité sociale. Ce droit, prévu par le Code de la Sécurité sociale, permet donc de poursuivre une activité à mi-temps en percevant l’équivalent d’un salaire à temps complet. La reprise progressive de l’activité permet au salarié de préserver son état de santé s’il n’est pas encore en mesure de travailler à plein temps. Ce mode de reprise de l’activité suppose l’accord du médecin traitant, du médecin-conseil de la Sécurité sociale et de l’employeur.Qui fait la demande ?

La demande de temps partiel thérapeutique doit être prescrite par le médecin traitant et transmise à la caisse de Sécurité sociale accompagnée d’un accord de l’employeur et du montant du salaire correspondant au temps préconisé par le médecin.La Sécu est alors libre, en fonction de l’état de santé de l’assuré, d’accorder ou non le temps partiel thérapeutique. En cas d’accord de celle-ci, le salarié passe une visite de reprise devant le médecin du travail. Habituellement, le temps partiel thérapeutique est prescrit juste après un arrêt pour maladie, mais il peut également être prescrit même lorsque le salarié a repris à temps plein son activité après un arrêt, si les diffi cultés de reprise sont liées à une affection de longue durée (ALD).Quelle durée ? Le temps partiel thérapeutique est prescrit pour une période de trois à six mois et est renouvelable jusqu’à épuisement des droits aux indemnités journalières (soit trois ans si l’assuré est en ALD) auxquels s’ajoute un an.Attention : dans la fonction publique, le temps partiel thérapeutique ne peut être prononcé qu’après six mois de congé ordinaire de maladie (sauf en cas de maladie professionnelle ou d’accident de service), ou après un congé de longue durée ou un congé de longue maladie (ces règles étant un peu plus restrictives pour les agents non titulaires).JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS

JURIDIQUES DE SIDA INFO DROIT.

Puis-je être licencié après un arrêt maladie ?Pour pouvoir justifier un licenciement, l’employeur doit prouver une cause réelle et sérieuse. C’est-à-dire un élément objectif et suffisamment grave qui le contraigne à se séparer du salarié. Ainsi, un simple arrêt maladie ne peut pas, en soi, justifier un licenciement. Cependant, la jurisprudence (les décisions rendues par les juges) a depuis longtemps reconnu la possibilité pour l’employeur de licencier un salarié pour absences répétées ou prolongées, même justifiées.

Pour que le licenciement soit légal, l’employeur devra obligatoirement justifier une désorganisation de service provoquée par ses absences l’obligeant à remplacer définitivement le salarié. Le risque pour le salarié d’être licencié dépendra ainsi du poste qu’il occupe et de la taille de la structure dans laquelle il évolue. Il pourra être licencié plus « facilement » s’il est directeur commercial dans une petite entreprise que s’il est employé dans une multinationale. Le conseil de prud’hommes, éventuellement saisi par le salarié licencié, examinera au cas par cas la réunion de ces conditions relatives à une telle désorganisation. JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES SIDA INFO DROIT.

Comment est indemnisé un arrêt maladie ?Tout salarié est obligatoirement couvert par un régime de Sécurité sociale. Toutefois, pour bénéfi cier d’indemnités journalières (dénommées « IJ ») en cas d’arrêt maladie, il faut avoir perçu un certain salaire ou avoir travaillé un certain nombre d’heures au cours des trois derniers mois précédant l’arrêt (200 heures au moins).Le salarié, bénéfi ciant du droit à IJ, est indemnisé pour ses arrêts maladie, à partir du 4e jour (délai de carence de trois jours, sauf en cas d’arrêts de travail successifs dus à une affection longue durée) sur la base de son salaire journalier à hauteur de 50 %. À partir du 31e jour d’arrêt (ou dès le 4e jour s’il a trois enfants à charge au moins), le salarié percevra 66,66 % de ce même salaire de base. Les IJ étant plafonnées à 41,38 € par jour jusqu’au 30e jour et 55,17 € par jour au-delà. De plus, sur les IJ versées sont prélevées la CSG et la CRDS.

La durée totale d’indemnisation est d’un an pour les arrêts maladie simples et de trois ans pour les affections de longue durée (VIH, hépatites…). À noter : les IJ versées au titre d’une affection de longue durée ne sont ni déclarées ni imposées fiscalement. Dans certains cas, le salarié bénéficie d’un maintien de salaire par son employeur (il perçoit ainsi, même pendant ses arrêts, l’intégralité de son salaire) à condition que ce dernier ait conclu un contrat d’assurance prévoyance entreprise. Il n’est pas fait obligation à l’employeur de négocier un tel contrat auprès d’une assurance sauf s’agissant de son personnel au statut cadre ou dans certaines branches professionnelles (les conventions collectives peuvent imposer la conclusion de telles assurances). JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES DE SIDA INFO DROIT.

+CONNAÎTRE SES DROITS

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GUIDE TÊTU + 2 0 1 2 - 2 0 1 3 51

Je suis discriminé, quels sont mes droits ?Les personnes lesbiennes, gays, trans ou séropositives au VIH, victimes de discrimination ou de harcèlement au travail, dans leur voisinage, leur famille, dans la recherche d’un logement, sont protégées par la loi qui interdit les discriminations en raison de l’orientation sexuelle, l’état de santé ou l’identité sexuelle. Pour une défense efficace, des précautions s’imposent : il faut réagir dans l’urgence, préserver les moyens de preuve (témoignages, mails, courriers…) et surtout se rapprocher d’un professionnel du droit (avocat, délégué syndical) et / ou d’une association.

Outre le soutien juridique et judiciaire, il est également déterminant de bénéficier d’un accompagnement moral, voire d’une aide médicale ou psychologique. Mais, attention : il faut savoir ce qu’est une discrimination, un harcèlement moral ou sexuel. Une discrimination, c’est une distinction opérée sur un critère interdit par la loi : l’origine, le sexe, le handicap ou encore l’orientation sexuelle, l’état de santé, l’identité sexuelle…Le harcèlement moral est le fait de harceler autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou agissements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.JEAN-BERNARD GEOFFROY, AVOCAT ET PRÉSIDENT

DU RAVAD, RÉSEAU DÊASSISTANCE AUX VICTIMES

DÊAGRESSIONS ET DE DISCRIMINATIONS.

Que dire à mon médecin du travail ?Le médecin du travail est chargé de vérifi er l’aptitude du salarié à l’emploi ainsi que de sa surveillance médicale dans le cadre de son travail. Il est tenu au secret médical. Généralement, il est conseillé de n’évoquer devant le médecin du travail que les informations qui nécessitent un éventuel aménagement de poste, pour lequel il peut apporter une aide à une adaptation du rythme ou des conditions de travail. Il peut aussi faire le lien avec le médecin de la Sécurité sociale. Que conseiller ?

Il convient de taire sa séropositivité car elle est, bien souvent, sans incidence sur l’aptitude à l’emploi. Plus encore, un test VIH demandé, même par un médecin du travail, serait discriminatoire car le seul fait d’être porteur du VIH ne permettrait pas de déclarer inapte le salarié. En revanche, pour certains emplois, dont le personnel soignant dans certains établissements, la loi prévoit des obligations vaccinales, notamment contre l’hépatite B et la tuberculose (art. L. 3111-4 et R. 3112-1 du Code de la Santé publique). Ainsi, le médecin du travail pourra légitimement réclamer la preuve de telles vaccinations. Des contre-indications vaccinales peuvent être présentées mais le médecin du travail décidera discrétionnairement. En revanche, un recours contre sa décision est possible devant un médecin de l’Inspection du travail. JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES DE SIDA INFO DROIT.

J´ai eu des périodes où je n´ai pas pu travailler, quel sera l impact sur ma retraite ?Le VIH peut affecter durablement ou ponctuellement la capacité à travailler. Ainsi, certaines personnes séropositives au VIH ou porteuses d’une hépatite peuvent rencontrer au cours de leur carrière professionnelle des périodes de chômage et / ou des arrêts maladie au cours desquels elles ont bénéfi cié d’indemnités journalières versées par l’Assurance maladie ou, en cas de longue maladie, de pension d’invalidité. Comment sont prises en compte ces différentes périodes non travaillées sur le montant de la pension de retraite ?

Les pensions de retraite sont calculées en fonction de la durée d’assurance (le nombre de trimestres validés) et du salaire moyen, moyenne des salaires des 25 meilleures années de carrière. Les périodes de chômage, d’invalidité et de maladie avec versement d’indemnités journalières sont prises en compte. Les trimestres au cours desquels une personne a bénéficié de l’AAH (allocation adulte handicapé) ne sont pas du tout pris en compte.Pour calculer le salaire moyen, en revanche, les périodes d’invalidité et de versement d’indemnités journalières ne sont pas prises en compte. Pour les personnes ayant eu des carrières en dents de scie, avec une progression salariale ralentie et de longues périodes d’arrêt, ce mode de calcul est défavorable.Outre les périodes non travaillées, les périodes de travail dit « précaire » (temps partiel, travail temporaire de courte durée, etc.) affectent également le montant de la pension de retraite. En effet, les revenus annuels inférieurs à 200 heures rémunérées au SMIC (soit 1 880 € au 1er juillet 2012) ne permettent pas de valider de trimestre d’assurance et ne sont pas pris en compte dans le calcul du salaire annuel moyen.En cas de faible montant de la pension de retraite, une personne de plus de 65 ans (60 ou 62 ans en cas d’incapacité) peut prétendre à l’allocation de solidarité pour personnes âgées (ASPA : 777,17 € par mois pour une personne seule, au 1er juillet 2012).ADELINE TOULLIER, RESPONSABLE SOUTIEN JURIDIQUE ET SOCIAL

DE AIDES.

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Comment faire face à mes dépenses de santé?Le VIH permet d’être pris en charge à 100 % au titre de l’ ALD (affection de longue durée) par l’Assurance maladie. Toutefois, cette couverture à 100 % ne signifi e pas que les personnes séropositives ont un accès gratuit à la santé, pour tous leurs frais de santé. D’abord, seules les dépenses liées au VIH, et prévues dans le cadre du protocole de soins, sont couvertes par l’ALD. Les frais de santé qui seraient sans lien avec le VIH sont couverts dans les conditions habituelles. Les effets secondaires des traitements, les pathologies associées au VIH sont inclus dans l’ALD à 100 % à condition que le médecin les ait mentionnés dans le protocole de soin. Il ne faut pas hésiter à le lui demander. Au surplus, les frais de santé inclus dans l’ALD ne sont pas en réalité couverts à 100 %, de plus en plus de sommes restant à la charge du malade. Baisse du taux de prise en charge de médicaments, forfait journalier hospitalier, forfaits et franchises multiples… Pour tout ce reste à charge, lié ou pas au VIH, une couverture complémentaire santé s’avère nécessaire.

Les personnes disposant de très faibles ressources (moins de 661 € par mois en juillet 2012) peuvent prétendre gratuitement à une complémentaire santé de service public, la CMUC (couverture maladie universelle complémentaire). Les personnes disposant de ressources faibles (entre 661 € et 893 € par mois) peuvent bénéficier d’une aide à la complémentaire santé. Cette somme forfaitaire (100, 200, 300 ou 500 € par an, selon l’âge) est à déduire des cotisations à une complémentaire santé. Quelles que soient leurs ressources, les personnes séropositives au VIH et / ou aux hépatites peuvent également bénéfi cier, par l’intermédiaire de Aides, d’une complémentaire santé pour un coût modique, adaptée à leurs besoins (avec, par exemple, un « pack VIH » couvrant les frais liés au VIH non ou insuffi samment remboursés par l’Assurance maladie, dans la limite d’un plafond annuel). Pour plus d’information, se rapprocher de l’antenne de Aides la plus proche de chez vous. ADELINE TOULLIER, RESPONSABLE SOUTIEN JURIDIQUE ET SOCIAL DE AIDES.

+CONNAÎTRE SES DROITS

Une fois établi le caractère discriminatoire, par exemple d´un licenciement, quelle stratégie suivre ?Outre la saisine du Défenseur des droits, plusieurs voies sont possibles avec chacune leurs spécificités. Devant le conseil des prud’hommes, la preuve est aménagée. Dans l’hypothèse d’une plainte auprès du procureur (contentieux pénal), la preuve de l’intention discriminante doit être rapportée par le plaignant.

L’efficacité et le résultat des démarches dépendent ainsi fortement des pièces du dossier, sachant que dans la quasi-totalité des procédures, l’auteur d’une discrimination ou d’un harcèlement moral ou sexuel nie les faits. Le réseau d’associations Ravad aide les personnes homosexuelles, bisexuelles, transsexuelles et transgenres victimes de discriminations et/ou d’agressions à évaluer les faits et à trouver un accompagnement adéquat. L’association dispose d’un téléphone portable et d’une adresse mail d’urgence, disponible sur le site : www.ravad.org. JEAN-BERNARD GEOFFROY, AVOCAT ET PRÉSIDENT DU RAVAD, RÉSEAU D´ASSISTANCE

AUX VICTIMES D´AGRESSIONS ET DE DISCRIMINATIONS.

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Mon employeur peut-il m interroger sur mon état de santé ?Toutes les informations qui sont demandées au candidat à l’embauche doivent avoir un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé (article L. 1221-6 du Code du travail).

De plus, en règle générale, toute question relative à la vie privée (l’état de santé en faisant partie) est exclue. Après l’embauche, le salarié passe devant le médecin du travail chargé de vérifi er son aptitude à occuper le poste. Le médecin ne peut révéler à l’employeur ces informations à caractère médical. Il transmet simplement un document présentant l’aptitude ou l’inaptitude du salarié, voire éventuellement les aménagements de poste nécessaires.JÉRôME ET ROMAIN FARINA-CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES DE SIDA INFO DROIT.

On m´a refusé des soins. Que faire ?

Un refus de soins peut consister à ce qu’un professionnel médical ou paramédical refuse d’accorder un rendez-vous à une personne en raison de sa séropositivité et / ou parce qu’elle relève de la CMU (couverture maladie universelle) ou de l’AME (aide médicale d’État). C’est aussi le fait de donner un rendez-vous tard en soirée, ou avec de très longs délais, d’orienter systématiquement vers des confrères.

De telles pratiques sont interdites : la déontologie médicale (intégrée au Code de Santé publique) impose en effet d’assurer la continuité des soins pour tous, quels que soient l’origine ou l’état de santé, et interdit toute discrimination dans l’accès à la prévention et aux soins. Ce n’est que dans certaines hypothèses bien précises qu’un médecin peut refuser de soigner une personne : pour des raisons professionnelles ou personnelles, dans le respect des « devoirs d’humanité », hors situation d’urgence, avec l’obligation d’orienter vers un autre praticien. À noter : il n’est pas juridiquement obligatoire de mentionner sa séropositivité à un praticien, cela peut néanmoins être conseillé pour que des soins adaptés puissent être apportés. En cas de refus de soins, le premier obstacle, c’est de réunir des preuves. Hors preuves flagrantes (affichettes dans la salle d’attente excluant explicitement un type de patient), c’est la parole du soignant contre celle du malade. Pour établir les faits, il faut autant que possible trouver des témoins (un ami qui accompagne, un patient qui était dans la salle d’attente…). Une fois un minimum de preuves réunies, plusieurs instances peuvent être saisies : le Défenseur des droits (ex-Halde), le directeur de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) et / ou le conciliateur de la CPAM s’il existe, le président du conseil départemental de l’Ordre auquel le praticien est inscrit (médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, infirmiers, etc.). Pour toutes ces démarches, Aides peut accompagner les victimes de refus de soins et mettre à leur disposition des modèles de courriers.ADELINE TOULLIER, RESPONSABLE SOUTIEN JURIDIQUE ET

SOCIAL DE AIDES.

Allocation adulte handicapé : comment remplir son formulaire MDPH ?Pour demander l’allocation adulte handicapé, l’AAH (comme d’autres droits et prestations pour les personnes touchées par un « trouble invalidant de santé » : cartes d’invalidité et de priorité, reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, prestation de compensation du handicap…), une demande doit être adressée à la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) sur un formulaire spécifique. Ce formulaire est destiné à recenser les attentes et les besoins en lien avec l’état de santé, l’incapacité, le handicap affectant la qualité de vie du demandeur. Doit être joint à la demande, sous pli cacheté, un certificat médical de moins de trois mois, rempli par le médecin qui suit la personne concernée.

Ce certificat médical constitue un document clé du dossier de demande d'AAH, déterminant pour la reconnaissance des droits et l’attribution d’un taux d’incapacité. Le fait d’être touché par le VIH n’ouvre en effet pas automatiquement droit à des prestations. C’est au cas par cas, sur la base de ce dossier, que la MDPH évalue les besoins et accorde des réponses adaptées. En plus des résultats biologiques et cliniques, il peut ainsi être utile de préciser le retentissement du VIH sur la vie quotidienne des personnes touchées (gestes de la vie quotidienne, locomotion), la capacité à tenir un emploi, les aspects psychologiques, un éventuel état dépressif, la fatigue, la vie sociale et affective, etc. Peut aussi être mentionnée l’existence de symptômes associés ou d’autres pathologies sans lien avec le VIH (soucis gynécologiques, dentaires, dermatologiques…). Toutes ces informations gagnent à être étayées par des bilans, évaluations, rapports médicaux et sociaux, en plus des justificatifs obligatoires. Une brochure de Aides, pratique et illustrée, peut faciliter le remplissage de ce formulaire : http://www.cnsa.fr/IMG/pdf/Guide_AIDES_certificat_MDPH_bassedef_septembre2010.pdf.ADELINE TOULLIER, RESPONSABLE SOUTIEN JURIDIQUE ET SOCIAL DE AIDES.

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+CONNAÎTRE SES DROITS

La pension d invalidité, c´est quoi ? C’est un revenu de remplacement destiné à compenser la perte de salaire du fait de la maladie. Elle concerne donc des personnes qui ont eu une activité professionnelle un minimum de temps et qui sont en âge d’occuper un emploi : les personnes qui n’ont pas ou peu travaillé relèvent de l’AAH (allocation adulte handicapé), ceux qui ont atteint l’âge légal de la retraite (60 ou 62 ans selon la date de naissance) d’une pension de retraite. Cette pension d’invalidité (PI) est temporaire, révisable ou supprimable. Elle est accordée sur demande ou à l’initiative du médecin-conseil de l’Assurance maladie.Quand peut-on y prétendre ?L’invalidité est reconnue lorsque la capacité de travail ou de gain est réduite d’au moins deux tiers à la suite d’un accident ou d’une maladie. Autrement dit, une PI est accordée à la personne qui, en raison de son état de santé, ne peut percevoir qu’un tiers de la rémunération des salariés des mêmes catégorie, secteur et région. L’invalidité est envisagée après une période d’arrêt maladie, soit lorsque l’état de santé est stabilisé, soit à l’expiration d’une période maximale de trois ans. En cas d’ALD (affection de longue durée, incluant le VIH), l’Assurance maladie peut proposer une PI après six mois d’indemnités journalières.Par ailleurs, il faut justifi er, d’une part, de douze mois d’immatriculation à la Sécurité sociale et, d’autre part, d’un montant minimal de cotisation ou d’une durée de travail préalable minimale.Quel est son montant ?Le montant de la PI varie selon l’ampleur de l’incapacité de travail et la rémunération moyenne des dix meilleures années de la carrière. La catégorie de pension d’invalidité accordée est contestable, la 2e peut être plus avantageuse que la 1re.En cas de faible PIUn complément est prévu pour assurer un minimum de ressources (soumis à une condition de régularité et d’ancienneté de la résidence) : l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI) d’un montant de 396 € par mois au 1er juillet 2012 (portant les ressources à 689 € par mois).ADELINE TOULLIER, RESPONSABLE SOUTIEN JURIDIQUE ET SOCIAL DE AIDES.

1re catégorie Permet de continuer à travailler. 30 %

Ne permet pas de continuer 2e catégorie à travailler (sous-entendu : à temps plein).

50 % Ne permet pas de continuer 3e catégorie à travailler et nécessite l’aide d’un tiers pour effectuer les actes ordinaires de la vie.

Pension État de santé Montant PI (% du salaire annuel moyen)

Puis-je m´exposer à des poursuites en contaminant quelqu´un ?Les condamnations pénales pour des contaminations dites « volontaires » du VIH se sont multipliées en France depuis 2006, même si ce nombre reste limité par rapport à d’autres pays.

Les condamnations prononcées par la justice française l’ont été sur le fondement du délit d’administration de substances nuisibles (article 222-15 du Code pénal). Si une personne pense avoir été contaminée par quelqu’un qu’elle peut identifi er, elle est libre de déposer une plainte sur le fondement de ce délit. Le procureur de la République décidera de la suite qu’il entend donner à la plainte de la victime en fonction des éléments qu’il peut recueillir, éventuellement en ordonnant une enquête de police ou une instruction. Le procureur pourra, au vu de ces éléments, soit poursuivre l’auteur présumé devant un tribunal correctionnel (qui pourra prononcer une peine d’emprisonnement de dix ans maximum), soit classer sans suite la plainte.Dans tous les cas, la victime devra tenter de prouver :• qu’elle était séronégative auparavant et qu’elle a été contaminée par l’auteur présumé des faits ;• que l’auteur présumé connaissait sa séropositivité ;• que l’auteur présumé lui a intentionnellement caché sa séropositivité.La victime a trois ans à compter de la découverte de sa séropositivité pour déposer une plainte (au-delà de ce délai, l’action est prescrite et la plainte sera nécessairement classée).La victime peut également engager une action civile (visant à obtenir des dommages-intérêts) devant un tribunal de grande instance (il est alors obligatoire de recourir à un avocat), devant lequel elle devra prouver qu’elle a subi un préjudice et que l’auteur est à l’origine de la contamination.Si la victime a déjà déposé une plainte pénale, elle est libre de se constituer partie civile, c’est-à-dire de demander une réparation civile (dommages-intérêts) en plus de la condamnation pénale éventuelle de l’auteur présumé. Les deux actions (pénale et civile) seront alors liées dans la même procédure et le tribunal se prononcera d’abord sur l’infraction, puis sur les intérêts civils. JÉRôME ET ROMAIN FARINA-

CUSSAC, COORDINATEURS JURIDIQUES DE SIDA INFO DROIT.

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C’est des risques qu’il faut se protéger, pas des personnes.Séropos, séronegs, il y a des moyens de nous rencontrer.

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Quelles sont les erreurs à ne pas commettre ? comment augmenter ses chances de retravailler rapidement ? anthony nedelec, responsable du pôle insertion et accompagnement vers l’emploi de l’association basiliade *, livre ses trucs et astuces. propos recueillis par Marie-Catherine de la roChe illustration delphine perret

+mieux vivre

1. Oubliez le CV chronologique : présentez vos domaines de compétences. « Ça permet de ne pas faire apparaître

les périodes d’inactivité, de congés maladie, qui pourraient susciter des questions. si, malgré tout, on vous interroge à ce sujet, ayez une réponse toute préparée : congé d’éducation parental, opération d’une scoliose, d’une hernie discale… en restant évasif. »

2. Ne révélez JAMAIS votre séropositivité lors d’un entretien d’embauche. « c’est la règle d’or. même si vous vous sentez très à l’aise, en confiance, et que le recruteur à l’air “cool”. en plus, ce n’est en aucun cas une obligation légale. »

3. Sollicitez la “Reconnaissance de Travailleur Handicapé”. « vous multiplierez vos chances de trouver un emploi par 100 ! la

reconnaissance de travailleur handicapé (rth) permet d’accéder à des métiers hautement qualifiés, même sans diplômes, de se faire financer des formations et le permis de conduire, d’obtenir jusqu’à dix mille euros d’aide si on monte sa boîte… alors, pourquoi s’en priver ? cette “reconnaissance” n’est pas inscrite sur votre front, c’est un simple papier, un “joker”, que vous utilisez quand vous le désirez. et vous n’avez pas à donner la raison pour laquelle elle vous a été délivrée. Quant à l’employeur, il est tenu, par la loi, de ne pas révéler aux autres que vous avez une rth. » En savoir + : http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F1651.xhtml

5. Esquivez les questions pièges. « si vous avez la reconnaissance de travailleur handicapé (rth), les recruteurs savent très bien qu’ils ne peuvent pas vous demander de quelle pathologie vous souffrez, mais sous prétexte de mieux adapter votre poste, certains vont vous interroger sur vos contre-indications médicales. dans ce cas, restez strictement factuel : je ne peux pas rester debout plus de X temps, porter des charges de plus de X kilos… »

4. Faites-vous accompagner. « par une association de lutte contre le sida qui a un service d’insertion. malheureusement, il n’en existe que

très peu en France. et, là encore, la reconnaissance de travailleur handicapé (rth) vous donnera accès à cap emploi. contrairement à pôle emploi, le personnel y a reçu une formation spécifique, vous n’êtes pas juste un numéro et on ne vous reçoit pas sept minutes par mois. vous êtes suivi par le même référent du début à la fin, il est au courant de toutes les possibilités de formations, d’aides… et des demandes de recrutement des entreprises (tenues d’employer 6 % de travailleurs handicapés). bref, il s’agit d’un véritable accompagnement. » Pour en savoir + : http://capemploi.com

mieux vivre emploi

Ne vous interdisez aucun métier. « il n’existe aucune profession interdite aux personnes séropositives. on peut très bien travailler avec des enfants, par exemple. »

UN JOB10 CHOSES À SAVOIR POuR tROuVER

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6. Envoyez des candidatures spontanées. « Les deux tiers des opportunités d’emploi se trouvent dans le “marché invisible”. Envoyez votre CV directement aux entreprises. Pour 

les plus grosses, si vous avez la reconnaissance de travailleur handicapé (RTH), adressez-le à la personne chargée “du handicap et de la diversité”. Même chose pour la fonction publique. Pour en savoir + : www.missionhandicap.com

7. Formez-vous. « C’est un vrai plus pour trouver un emploi. Et il existe de très nombreuses formations financées par les départements, les régions… Pensez aussi aux contrats en alternance, d’apprentissage, de 

professionnalisation… qui d’un CDD aboutissent souvent à un CDI. Renseignez-vous auprès des chambres de commerce et d’industrie (CCI), du Comité national des entreprises d’insertion (CNEI), allez dans les forums de l’alternance. » Pour en savoir + : www.cnei.org et www.cci.fr

8. Arrêtez de penser que l’Allocation Adulte Handicapé ne permet pas de travailler. « C’est faux, archifaux. On peut cumuler cette allocation avec une activité salariée, si celle-ci équivaut à un mi-temps. Et, au-delà, continuer à la toucher partiellement. »

9. Essayez d'accorder votre confiance au médecin du travail. « Aujourd’hui, tous respectent la confidentialité (voir Droits sociaux, 

page 48). Vous n’avez pas besoin de lui dire que vous êtes séropositif lors de la visite médicale d’embauche. Mais, une fois la période d’essai passée, vous pouvez avoir tout intérêt à le faire. Surtout si vous craignez d’être fatigué. Dans certains cas, sans rien révéler à l’employeur, il pourra obtenir l’aménagement de vos horaires et de votre poste de travail. »

10. Faut-il le dire ou ne pas le dire aux collègues, à la hiérarchie ? « C’est un choix personnel, qui doit être mûrement réfléchi. Même ceux 

qui affirment “ne pas avoir de problème avec ça” peuvent, en fait, avoir des réactions très négatives, voire violentes, ou de pitié. En tout cas, dévoiler sa séropositivité ne doit pas se faire “entre deux portes”, dans l’élan d’un dîner sympa, mais lors d’une discussion à huis clos, après avoir bien pesé le pour et le contre. » MCDLR

* Basiliade, 12, rue Béranger, à Paris (3e). 01 48 87 77 77. www.basiliade.org

des adresses utilesParmi les associations qui proposent une aide à la recherche d’emploi, consultez :à Paris… acceptess-Transgenres (01 42 29 23 67). Ligne de vie (www.lignedevie.net).Dessine-moi un mouton (www.dessinemoiunmouton.org). Basiliade (www.basiliade.org)ET… La main fine à Saint-Denis (www.lamainfine.com).résonance à Caudan (Morbihan) (www.kerfleau.org).Le CEFra (www.cefra.fr) et Ideo (www.ideo.asso.fr) à Lyon.Envie à Montpellier (www.associationenvie.com).Le TiPi à Marseille (www.letipi.org).adis à Dunkerque (www.asso-adis.com).

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1 Soulager SeS troubleS digeStifSles diarrhées, fréquentes, sont dues au traitement antirétroviraux (ARV), surtout au début de celui-ci, mais des astuces alimentaires aident à les réduire. « Nous jouons sur les fibres, les eaux minérales, les matières grasses, en privilégiant

certains aliments − bananes et carottes cuites et mixées, par exemple − ou en en supprimant d’autres temporairement », explique la diététicienne Talie Soulez. Il faut aussi recoloniser la flore intestinale, dévastée par ces épisodes diarrhéiques et qui ne contient plus les bactéries indispensables à son fonctionnement optimal. « Les probiotiques fonctionnent mais, en compléments alimentaires, ils restent chers. Aussi je recommande, au moins en première intention, des laitages au bifidus − une bactérie “amie de la flore” −, de la levure de bière à parsemer sur son alimentation ou de l’ultra-levure, en gélules bon marché », conseille la nutritionniste Florence Waxin.

MAINTeNIR SoN poIdS de FoRMeLe VIH et ses traitements entraînent des transformations du métabolisme : on perd souvent du poids au début, puis on le reprend. Ne pas grossir, mais également ne pas maigrir ni se dénutrir pour ne pas s’affaiblir : les enjeux sont différents selon

les patients et le moment. Les consultations aident à maintenir son poids de forme, et un suivi régulier reste un garde-fou efficace.

SuRVeILLeR SA MASSe gRAISSeuSe, pRoTégeR SoN cœuRLes traitements antirétroviraux agissent sur les graisses corporelles, entraînant un déplacement et une concentration de celles-ci sur l’abdomen (on parle de « lipodystrophie »). un phénomène naturel, mais plombant pour le moral et, en outre,

dangereux pour la santé, puisque ces graisses intra-abdominales sont un important facteur de pathologies cardiovasculaires, surtout si elles s’associent à l’explosion de certaines constantes biologiques. « Nous avons montré par une étude pilote qu’il était possible, grâce à l’alimentation et particulièrement à une meilleure gestion des sucres, de réduire ces graisses nocives sans pour autant perturber les graisses périphériques, anodines, explique le dr Myriam Kirstetter. Les patients retrouvent un tour de taille normal et protègent ainsi leur cœur.

+mieux vivre nutrition

bien manger, c’est protéger son organisme, garder la forme et limiter les effets secondaires des médicaments. consultez un spécialiste, qui donnera des conseils sur mesure, en fonction de l’état de santé et des symptômes de chacun, mais aussi de votre culture et de votre budget. texte Isabelle Delaleu illustration DelphIne perret

UN sUivi aU plUs prÈs de ses besoiNs et problématiqUesToute consultation passe par un bilan nutritionnel précis pour connaître les caractéristiques de chacun : ses habitudes alimentaires, mais aussi ses goûts, son état psycho-affectif, ses attentes, sa culture et ses problématiques individuelles (budget, conditions de vie…). « Pour avoir un réel impact, il nous faut avoir la compréhension du patient et son adhésion : il n’est pas question de lui imposer un cadre alimentaire rigide, mais au contraire de travailler en collaboration. C’est à moi de m’adapter à mon patient et non l’inverse ! » estime la diététicienne Talie Soulez. Sensibilisés aux conséquences sanitaires et sociales de l’infection, les spécialistes sont ainsi capables de trouver des solutions au cas par cas. Pédagogie alimentaire adaptée, ateliers culinaires pour migrants, recettes pour petits budgets, astuces… Tous les moyens sont bons pour aider les patients. « Notre objectif est que bien manger reste simple et bon marché », estime la nutritionniste Florence Waxin. Pour la docteure Myriam Kirstetter : « Une bonne alimentation est un atout majeur, et participe aujourd’hui pleinement de la prise en charge du patient VIH et d’une médecine adaptée, sur mesure et responsabilisée. »

7 raisoNs de CoNsUlterUN NUtritioNNisteoU UN diététiCieN

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4 RéguleR ses constantes biologiquesFréquemment, les traitements

font augmenter les taux de triglycérides, de cholestérol mais aussi de sucre sanguin (glycémie), entraînant un risque de diabète. ces anomalies peuvent de surcroît s’associer pour former un syndrome métabolique qui multiplie les risques cardiovasculaires. Mieux vaut prévenir… les sucres seront surveillés (réduction de l’alcool et des aliments sucrés), ainsi que les graisses : coup de frein sur celles considérées comme dangereuses (les acides gras saturés contenus dans les fromages, produits laitiers entiers, certaines viandes grasses, beurre, aliments frits ou panés ou plats industriels…) pour, parallèlement, favoriser les « bonnes » graisses, indispensables et protectrices, qu’elles soient d’origine végétale (huile de noix, de colza ou de lin) ou animale (poissons gras, y compris

sardines ou thon en boîte). En collaboration avec le Dr Kirstetter, Talie Soulez propose à ses patients un « jeûne glucidique » de douze heures par jour qui met au repos le système foie-pancréas et régule efficacement non seulement la glycémie, mais aussi le cholestérol et les triglycérides ! « nous utilisons le jeûne de la nuit, en adaptant un repas au choix − dîner ou petit déjeuner, selon le souhait des patients − pour en supprimer les sucres », explique la diététicienne. le reste de la journée, ceux-ci sont autorisés, à condition de présenter un index glycémique bas (fruits, légumes, légumineuses, pâtes, aliments complets…).

liMiteR l’inFlaMMationMême si la charge virale devient indétectable, un syndrome inflammatoire, lié au « bruit de fond » virologique, provoque un phénomène permanent d’oxydation et d’inflammation de l’organisme, qui accélère son vieillissement et entraîne

fatigue et stress corporel. « Je conseille de booster l’apport en antioxydants : fruits et légumes − même en conserve ou surgelés −, mais aussi certaines herbes − coriandre, menthe − ou épices − curcuma −, et des aliments moins connus mais très bénéfiques, comme les baies de Goji ou le gingembre », explique Florence Waxin.

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REMBOURSÉ OU PAS ?Les consultations données à l’hôpital sont remboursées. En cabinet, par contre, la Sécurité sociale ne les prend pas en charge, et le tarif est libre (compter 40 à 50 euros pour une première consultation puis 25 à 40 euros pour les suivantes). Toutefois, certaines mutuelles les remboursent partiellement (avec souvent des forfaits annuels). Les réseaux de santé peuvent prendre en charge un nombre limité de consultations, et certaines associations de patients proposent des conseils et même des ateliers culinaires.

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Protéger ses os et ses reins« il n’est pas prouvé à 100 % que le ViH accroisse le risque d’ostéoporose, estime la docteure Waxin. Mais il est néanmoins très important de respecter les règles de l’équilibre alimentaire en consommant quotidiennement trois produits laitiers dont deux laitages − yaourt nature, fromage blanc et petits-suisses − et une part de fromage.

Cet apport peut être complété par des eaux minérales riches en calcium. » Quant à l’insuffisance rénale, elle survient tardivement, souvent associée à des problèmes cardiovasculaires, mais on a tout intérêt à ne pas abuser des protéines pour protéger ses reins.

réduire la fatigueL’infection par le VIH peut augmenter les besoins énergétiques et perturber la glycémie, en générant souvent de gros coups de fatigue.

Une alimentation équilibrée et suffisante, riche en vitamines et minéraux, en glucides complexes − riz, pommes de terre, pâtes, lentilles… −, permet d’éviter ces baisses de régime et de maintenir son énergie. Certains patients, pour des raisons culturelles ou budgétaires, ne font qu’un seul repas par jour, et il faut les aider à multiplier leurs prises alimentaires pour leur assurer un apport énergétique régulier.

RemeRciements À :• talie soulez, diététicienne, travaille en collaboration avec le Service deS maladieS infectieuSeS de l’Hôpital de la pitié-Salpêtrière.• FloRence Waxin, diététicienne nutritionniSte à pariS (9e).• docteur myRiam KiRstetteR, médecin à pariS (12e).

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Interférondes menus antI-fatIgueL’Interféron peut provoquer de vraIs coups de pompe. une aLImentatIon choIsIe peut LImIter ces effets secondaIres. armeLLe saout, dIététIcIenne * et membre de L’assocIatIon françaIse des dIététIcIens nutrItIonnIstes, donne ses conseILs. par Isabelle Delaleu

Le « bon » petit déjeuner : s’il « passe » bien et que vous avez de l’appétit, privilégiez-le : produit laitier (yaourt, petit-suisse ou fromage, si vous en avez envie), produit céréalier (pain, biscottes, céréales…), boisson, fruit (ou jus), éventuellement jambon ou œuf si votre appétit est comme vous… réveillé. Si vous n’avez pas faim le matin, vous pouvez parfaitement le décaler plus tard (à midi, par exemple).

Je n’ai pas d’appétit : c’est un souci fréquent et, pourtant, vous alimenter suffisamment est une priorité. Essayez de faire trois repas par jour, avec un minimum de régularité, même si l’appétit vous fait défaut. Si vous vous sentez incapable d’ingurgiter un repas complet, fractionnez-le : mangez, par exemple, au déjeuner votre plat principal et le fromage et / ou dessert plus tard dans l’après-midi. Lors du repas, attaquez directement le plat de résistance, plus consistant (avec viande, poisson ou œuf et féculents, au choix), et ne mangez les crudités ou légumes qu’après, si vous avez encore faim. Même s’ils sont sains et vitaminés, ils n’apportent que peu de calories et risquent de vous rassasier trop vite. Privilégiez les fruits, frais ou en jus, pour l’apport en vitamines.

Je suis trop fatigué pour cuisiner : anticipez (idéalement avant le début du traitement) et faites un stock de surgelés et de conserves « gain de temps » : plats cuisinés, desserts lactés, salades composées toutes prêtes, céréales précuites vous dépanneront rapidement les jours où vous n’aurez aucun courage pour les courses ou la cuisine. Un exemple : gratin dauphinois (en conserve) + fromage râpé + jambon + crème dessert.

Je ne mange pas, je grignote : les collations ne posent aucun problème, au contraire (elles augmentent l’apport énergétique), à condition de ne pas être trop déséquilibrées, composées seulement de sucres rapides et graisses (barres chocolatées, chips, sodas…). Essayez de manger des desserts lactés (riz au lait, gâteau de semoule, flans), une banane écrasée avec du fromage blanc, du sucre et du citron (facile à avaler), un petit sandwich au fromage, jambon ou blanc de poulet…

Je ne mange pas très varié : déculpabilisez-vous ! Si vous raffolez des pâtes ou du riz, qu’ils vous font envie et « passent » bien, ne vous en privez pas, même chaque jour, sous prétexte d’équilibre. L’important est de privilégier le plaisir.

Je perds un peu de poids… C’est le moment de réagir, si possible dès les premiers kilos perdus. N’hésitez pas à consulter votre médecin ou une diététicienne pour l’aménagement de vos repas. Une prescription de compléments nutritionnels oraux (hyperénergétiques et / ou hyperprotéinés) peut être nécessaire. Sachez aussi que ces kilos, vous les récupérerez dès l’arrêt du traitement.

En résumé :Avant de songer à manger équilibré, pensez à vous nourrir suffisamment, en favorisant les aliments riches en énergie (féculents et sucres lents) et les protéines nécessaires aux muscles (viande, poisson, œufs, produits laitiers…). Pensez aussi à consulter avant le début du traitement si vous souffrez d’un excédent de poids, cela peut vous aider à réorganiser vos apports alimentaires.

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* Dans le service d’immuno-hématologie, clinique du docteur Poizot-Martin, au CHU de Marseille.

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Forme olympiquemême le Comité international olympique l’écrit : « pratiquer régulièrement une activité physique ne protège pas uniquement le système cardio-vasculaire des personnes vivant avec le ViH ; des tests psychologiques montrent aussi que les activités sportives amenuisent l’état dépressif, le stress et la colère, et contribuent à retrouver vigueur et qualité de vie. le sport permet de se focaliser sur la santé plutôt que sur la maladie. » reste que, même sans vouloir devenir un athlète olympique, le plus difficile… c’est de s’y mettre !

CommenCer tout de suite « Chaque cas est unique. Le seul point commun, c’est que c’est difficile pour tout le monde. Pourtant, une fois que l’on est prêt, l’idéal est de commencer tout de suite », assure marie eichelbrenner.

l’association montpelliéraine D’un monde à l’Autre, qu’elle dirige, propose des séances d’aquagym, de natation et de gym adaptées aux personnes fragilisées par une pathologie chronique. « Notre plus bel exemple, c’est une personne qui a commencé très amaigrie, très fatiguée, puis qui a progressivement pris de la masse et du volume musculaire. Sa tolérance à l’effort a progressé. Alors qu’elle était incapable de faire une pompe, elle peut aujourd’hui enchaîner des séries, s’est acheté un vélo pour se déplacer et prend même des cours de danse. »

preNDre Du plAiSirSi certains apprécient les contacts physiques, comme en procure la danse, pour d’autres ce qui importe c’est de trouver une activité sans esprit de compétition, comme le taï chi, le yoga ou la marche nordique. « le maître mot, c’est “plaisir” ! » clame Xavier rey-Coquais, coordinateur d’Actif santé, une association parisienne de personnes vivant avec le ViH qui propose des randonnées pédestres d’une dizaine de kilomètres en Île-de-France. « Pratiquez l’activité qui vous convient », poursuit Xavier qui a, lui, choisi la salsa. prendre du plaisir est, en effet, la condition nécessaire pour atteindre cette régularité si bénéfique.

pArtAgerÀ part pour les joggeurs munis d’oreillettes − et encore −, le sport est l’occasion de rencontrer les autres. À la salle de gym, lors d’une randonnée, dans les vestiaires de la piscine, on parle, on échange. et ça fait du bien ! Si, parfois, les aléas des traitements et la fatigue sont décourageants, « restez bienveillant avec vous-même », conseille Xavier rey-Coquais. « il faut beaucoup d’encouragements, confirme marie eichelbrenner. un jour en forme, la fois suivante fatigué. tout n’est pas linéaire : ne cédez pas aux injonctions de réussite ou de progrès à tout prix.» le vrai gain d’une activité physique est en effet d’abord une meilleure estime de soi.

DU sportpour tous

+mieux vivre forme

Prendre du Plaisir sans se Prendre Pour un athlète. Voici une des façons de Pratiquer cette fameuse actiVité Physique, si nécessaire à notre équilibre et dont les bénéfices se font aussi sentir dans la tête. Par Christophe Courau

laissez-vous entraÎner⁄Un certain nombre d’associations proposent des activités physiques adaptées, le plus souvent à des prix défiant toute concurrence.D’un Monde à l’Autre, Montpellier. Sur orientation d’un professionnel de santé : [email protected] et 06 14 36 97 54.Association Siel Bleu Paris : www.sielbleu.org et 06 98 02 83 10.Santé Baumettes Action (SANBA) : activités sportives, matériel et produits d’hygiène pour personnes séropositives sans ressources, incarcérées à la prison des Baumettes à Marseille.Actif Santé : randonnées en Île-de-France chaque dernier dimanche du mois. www.actif-sante.fr.Acceptess-T : activités physiques pour les personnes trans séropositives, à Paris. 01 42 29 23 67 et www.acceptess-t.net.

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C réé en 2003, le collectif inter-associatif Femmes et VIH 1 souhaite rappeler que, d’une part, la lutte contre le sida passe, pour les femmes, par la lutte pour leurs droits en tant que femmes et que, d’autre

part, les femmes vivant avec le VIH sont les « expertes » concernant leur maladie.

Le colloque de 2011 a abordé les questions qui se posent aux femmes séropositives en matière de sexualité, d’identité sexuelle et de rapport au corps 2. Ces corps habités par une maladie sexuellement transmissible qui doivent supporter des traitements qui permettent de vivre mais au prix d’effets indésirables lourds, qui les abîment, les transforment, les rendent parfois méconnaissables. Dans tous les ateliers, les femmes séropositives ont parlé de culpabilité et de la peur de contaminer auxquelles s’ajoute, pour certaines, la difficulté à le dire, à imposer le préservatif, à négocier sa sexualité. Mais elles ont aussi et surtout dit ne pas vouloir baisser les bras pour parler de prévention. Si le préservatif masculin nécessite d’être reconsidéré constamment avec les partenaires, le préservatif féminin une fois discuté est souvent accepté définitivement. La question des TASPs 3 a souvent été soulevée mais n’a pu malheureusement être approfondie par manque de temps : il était donc nécessaire de poursuivre cette réflexion.

Aussi, le colloque des 7 et 8 décembre 2012 aborde ce thème de la prévention 4. Les nouveaux enjeux, souvent commentés par des hommes, sont plus complexes et sujets à controverse. Nous avons voulu, avec ce colloque, faire entendre le point de vue des femmes sur ce que représentent pour elles ces nouveaux outils et sur la manière dont elles entendent gérer leur prévention. Plus largement, ces rencontres sont l’occasion de construire des stratégies : si les femmes séropositives veulent se battre pour que leurs spécificités soient prises en compte dans la recherche, pour que l’histoire de cette maladie tienne compte d’elles en tant que femmes et pas seulement en tant que mères, elles ne souhaitent cependant plus être étiquetées « plus vulnérables ». Ce sont 

les facteurs socio-économiques, les inégalités juridiques et culturelles, les inégalités en matière d’éducation, etc., qui les mettent dans une situation de plus grande vulnérabilité sociale et économique et donc de plus grande exposition aux risques liés au sida. C’est cela qu’elles disent vouloir combattre, afin que les populations « construites comme vulnérables » ne le restent pas et ne soient pas encore et toujours les populations les plus touchées par le VIH.

Il reste encore du chemin à faire pour que les spécificités et les demandes des femmes soient dites, relevées et entendues, pour que la médecine prenne en considération le fait que vivre avec le sida est différent selon que l’on est femme ou homme, pour que la société reconnaisse que c’est un parcours différent selon le genre ou la sexualité (que l’on soit femme, homme, homo, trans…), pour que les politiques entendent.

Alors, après toutes ces années de travail commun avec les femmes séropositives, l’inter-associatif Femmes & VIH vient de créer, à la demande des femmes, un site web :  www.femmesetvih.org. Construit autour de douze rubriques, il vise à répondre à leur besoin d’informations − sur les sujets tels que la recherche, les traitements, la sexualité, la prévention, les droits, la visibilité, etc. − et à rendre accessible au plus grand nombre les actes de ces rencontres ainsi que la mise à jour des connaissances sur les spécificités des femmes vivant avec le VIH, mais aussi et surtout leur parole et leurs revendications.

1. Composé des associations Act Up-Paris, Médecins du Monde, Planning familial et Sida Info Service, en partenariat avec Actions Traitements, Aides, AVH78, Frisse, Ikambere, Marie-Madeleine et Sol En Si.2. « VIH : femmes, corps et identités. Du vécu aux revendications ». Actes consultables sur le site www.femmesetvih.org/spip.3. TASPs : Treatments as prevention (Traitements comme méthode de prévention).4. Thème du colloque « Femmes & VIH 2012 -Enjeux de prévention : toujours concernées ? » Les actes seront consultables au début de 2013 sur le site www.femmesetvih.org.

des femmesVIH : entendreet éCouter la parole

Par le collectif interassociatif Femmes et VIH

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hépatiques et aussi la fibrose, car c’est la fibrose qui aboutit au stade de cirrhose. Mais, attention : la charge virale de l’hépatite C (VHC) reflète mal l’intensité des désordres hépatiques et ne permet pas de suivre aussi bien leur évolution que pour le VIH. C’est aussi le cas pour l’hépatite B. Cinq cents millions de personnes vivent avec une hépatite B ou une hépatite C dans le monde.

CoMMent ça se transMet ?Le virus de l’hépatite B (VHB) est transmissible par le sang, les sécrétions sexuelles, voire par la salive. Le virus de l’hépatite C (VHC) se transmet principalement par voie sanguine. La transmission sexuelle existe et elle est en forte hausse chez les homosexuels masculins qui ont des rapports non protégés [lire page 16]. Là encore, il ne faut donc partager ni son rasoir, ni sa brosse à dents, ni ses jouets sexuels.

DoIs-je Me faIre VaCCIner ?L’organisation mondiale de la santé conseille le vaccin contre l’hépatite B à tous les jeunes enfants (cette hépatite entraîne 1 million de morts chaque année) et il est fortement recommandé à tous les adultes ayant des rapports sexuels non protégés, tout comme à ceux qui sont usagers de drogues, de se faire vacciner. on recommande aujourd’hui aux porteurs du VIH et aux porteurs de l’hépatite C de se faire vacciner contre l’hépatite B. Le plus simple, c’est d’en parler à son médecin. Il n’existe pas, à ce jour, de vaccin contre l’hépatite C.

transMIssIon Mère-enfant De L’HépatIte BLa transmission du virus de l’hépatite B de la mère à l’enfant va de 10 à 90 % selon le niveau de charge virale B chez la mère. C’est pourquoi le dépistage de l’antigène HBs est obligatoire en france au cours du sixième mois de grossesse. si la mère a un antigène HBs détecté, la sérovaccination (vaccination et injection d’anticorps anti-hépatite B) est systématique pour le bébé, avec un succès de 70 à 100 %, selon le taux d’aDn viral de la maman. si ce taux est élevé, accroissant le risque d’échec de vaccination et donc celui de transmission à l’enfant, il est proposé de traiter la mère par Viread au troisième trimestre de grossesse. Le risque de transmission du virus de l’hépatite C est bien moindre − entre 2 et 5 % −, ce chiffre augmente si la maman est porteuse du VIH. La transmission intra-utérine du virus de l’hépatite a est rare, mais peut exister.

Des bilans sanguins, Des cellules T4, Des TraiTemenTs… la vie avec un virus DemanDe parfois une peTiTe mise à niveau. voici un abrégé pour ne pas êTre perDu eT pour mieux Dialoguer avec le personnel soignanT.Par Luc Biecq

DécoDage quelques mots De vocabulaire

+se soigner comprendre

CoMMent ça se transMet ?Il y a un risque de transmission du virus lorsqu’il y a un contact entre un liquide contaminant (sang, sperme, liquide séminal, lait maternel) et une muqueuse ou une plaie ouverte. Les muqueuses sont les membranes qui tapissent les parois internes des cavités naturelles de l’organisme : bouche, vagin, rectum, gland… au quotidien, il ne faut donc pas partager son rasoir ni sa brosse à dents.

Qu’est-Ce Qu’une HépatIte ?C’est une inflammation du foie. Que l’on soit co-infecté (par le VIH + une ou deux hépatites) ou pas, la communauté scientifique conseille aujourd’hui de surveiller et souvent de soigner les hépatites. L’hépatite chronique, si elle ne donne pas forcément de symptômes spécifiques, comme la fatigue, peut aboutir à une cirrhose, voire à un cancer du foie. C’est-à-dire à un fonctionnement anarchique des cellules du foie et à des lésions. on parle souvent de fibrose, ça désigne un tissu fibreux qui s’est installé à l’endroit où les cellules hépatiques ont été détruites. parmi les paramètres à prendre en compte dans l’évolutivité de l’hépatite, on distingue l’inflammation, qui est associée à un degré de destruction des cellules

Le VIH, C’est QuoI ?Le sigle signifie « virus de l’immunodéficience humaine ». Comme il a besoin d’intégrer le noyau de la cellule humaine pour détourner son fonctionnement et se répliquer, on dit que c’est un rétrovirus. pour le moment, on ne s’en débarrasse pas. Quand on est porteur du VIH, on l’est toute sa vie. Cette saleté de virus n’a pas encore livré tous ses secrets, et aucun vaccin n’existe. aujourd’hui, 33,3 millions de personnes vivent avec ce virus.

HépatIte C et VIH : ça CHange QuoI D’aVoIr Les Deux ?globalement, le fait d’être porteur du VIH accélère les lésions hépatiques. Il ne faut pas se voiler la face : les co-infectés ne sont pas une priorité pour l’industrie pharmaceutique. C’est un domaine où les associations font entendre leurs voix et défendent les besoins des personnes concernées.

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Pourquoi dit-on que le ViH, c’est chronique ?Jusqu’à l’arrivée des antiprotéases, en 1996, la simple notion de « maladie chronique » donnait des crises de nerfs aux militants associatifs de la lutte contre le sida qui voyaient, et c’est encore le cas, leurs proches perdre la vie. si l’on s’en tient à une définition purement médicale, donc limitée, le Vih, comme les hépatites, sont des maladies chroniques. Ce mot ne doit pas servir à banaliser : le ViH n’est pas une pathologie commune. elle est associée à des discriminations réelles, nombreuses et mesurées par des chercheurs, tant dans la vie amoureuse que dans le monde du travail. comme bien des maladies « chroniques », le Vih et les hépatites demandent un suivi médical régulier et imposent des traitements qui n’ont rien d’anodin.

Pourquoi Parle-t-on tout le temPs de t4 ?le lymphocyte cd4 (aussi appelé t4) est un globule blanc. les lymphocytes interviennent au cours de la réaction immunitaire. c’est l’un des paramètres fondamentaux de suivi de la personne séropositive au Vih, mais ce n’est pas le seul.

À qui montrer mes résultats de bilan ?ils peuvent vous être demandés par un médecin que vous consultez en ville, un cardiologue, par exemple. il s’agit de votre propriété et vous avez droit au secret médical. conservez-les, classez-les et, en cas de rendez-vous avec un médecin spécialiste (un hépatologue, un gynécologue ou autre), apportez vos trois derniers bilans sanguins et le nom de la thérapie si vous en prenez une. c’est utile afin d’éviter les interactions médicamenteuses.

Puis-Je éViter de faire mes Prises de sang À l’hôPital ?c’est possible, mais nous vous conseillons d’aller à l’hôpital une fois par an pour un bilan complet. les laboratoires biologiques hospitaliers gardent certains échantillons longtemps et cela peut être utile. l’hôpital garde aussi un historique de vos traitements, des résultats et peut vous orienter vers des spécialistes.

Puis-Je aller dans n’imPorte quelle Pharmacie ?oui, bien sûr. mais il est conseillé de mentionner le traitement que vous prenez (contre le Vih ou l’hépatite), afin d’éviter les mauvaises réactions. en demandant à votre médecin hospitalier ou aux associations, il est possible d’obtenir le nom d’une pharmacie de confiance, où vous serez libre de poser quelques questions et d’être conseillé.

que dois-je dire À mon médecin ?Parlez-lui de tout ce qui vous paraît compliqué : au vu de la multitude des thérapies disponibles, il est possible de trouver un traitement adapté à votre style de vie et à vos horaires. le médecin est là pour trouver la meilleure solution avec vous, mais si vous ne lui faites pas part de vos difficultés, il ne pourra pas vous aider. 

Faut-il lire ses bilans ?il est préférable d’en comprendre les grandes lignes et de savoir ce qui se cache derrière les mots et les sigles. en résumé, disons qu’il y a plusieurs mots clés et sept sous-familles : • le bilan hématologique permet de suivre l’état de votre immunité ;• le bilan virologique mesure la charge virale, c’est-à-dire la quantité de virus en circulation. attention, une charge virale indétectable ne signifie pas que le virus a quitté le corps. il reste présent dans des réservoirs ;• le bilan sérologique va vérifier si vous êtes ou non porteur d’autres pathologies, comme les hépatites ou les infections sexuellement transmissibles ;• le bilan lipidique observe comment l’organisme utilise les graisses ;• le bilan glucidique observe comment il se sert du glucose ;• le bilan hépatique surveille le bon fonctionnement du foie ;• le bilan rénal vérifie le fonctionnement des reins.

qu’est-ce qu’un globule ?les globules blancs sont des cellules sanguines produites par la moelle osseuse. les globules blancs interviennent dans la lutte contre les infections en défendant l’organisme contre les agressions extérieures comme, par exemple, les bactéries ou les virus. les globules rouges sont des cellules sanguines, les plus nombreuses, qui ont pour rôle de transporter l’oxygène entre les poumons et les organes.

la Primo-inFection, c’est quoi ?ce terme désigne la période où une infection (dans ce cas, un ou plusieurs virus) pénètre et « envahit » un organisme. quand on vient d’être contaminé par le Vih ou une hépatite, la présence du virus est importante. c’est à ce moment que l’on est le plus susceptible de transmettre ce virus à un partenaire sexuel et que les rapports protégés sont indispensables. le démarrage d’un traitement pendant cette période peut être conseillé.

qu’est-ce que l’obserVance ?c’est le fait de bien prendre son traitement, en respectant, précisément, la prescription médicale. la prise d’un traitement au long cours n’a rien d’évident et il est possible, à tout moment, de se faire aider dans une consultation d’observance, qui peut se faire avec une personne formée, comme une infirmière ou quelqu’un d’une association. c’est l’occasion de pointer des difficultés (comme le travail de nuit, la peur des effets secondaires ou une période de ras-le-bol). Pour le Vih comme pour l’hépatite c, de nombreuses recherches ont prouvé que la consultation d’observance est utile. n’hésitez pas à la demander. LB

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Séropositif ! Le médecin vient de lâcher le mot, les résultats de vos derniers tests sanguins entre les mains. Une foule chaotique de sentiments fait son apparition. Il n’est pas rare

de ressentir une énorme peur, une grande lassitude, ou même de perdre espoir. Cette réaction est normale, et il ne faut pas chercher à lutter contre ces sentiments mais accepter que le contrôle puisse vous échapper.

Une maLadIe “ChronIqUe”Tous ces sentiments vont faire place à d’autres et c’est le moment de prendre le temps de discuter tranquillement avec votre médecin. Car en 2012, être touché par le VIH ne signifie plus être menacé de mort imminente. La prise en charge médicale et les traitements antirétroviraux disponibles aujourd’hui permettent de vivre l’infection au VIh comme s’il s’agissait d’une maladie « chronique ». et de vivre de très nombreuses années comme n’importe quelle personne ou presque. Bien évidemment, il vous faudra être suivi, attentivement, par un médecin. Votre médecin traitant, un infectiologue à l’hôpital ou un des médecins du 190, un centre de santé sexuelle à Paris recevant particulièrement des personnes

séropositives. au Checkpoint, centre de dépistage VIh dans le marais à Paris *, après avoir annoncé une séropositivité, le Dr Pierre Cahen prend bien soin d’orienter la personne avec tous ses bilans (charge virale, Cd4, génotype du virus, bilan des hépatites et autres IST) vers le médecin avec qui elle se sent le plus à l’aise. « L’important est de se sentir “cocooné” et pas lâché dans la nature après l’annonce de sa séropositivité, souligne-t-il. dans la foulée, on peut proposer d’aller consulter un psychologue, ce qui n’est pas obligatoire mais qui peut s’avérer nécessaire pour certains. » d’innombrables questions peuvent en effet surgir. « Pourquoi moi ? » « Comment vivre avec ce diagnostic ? » « qu’est-ce que ça veut dire, concrètement, pour moi, mon ou ma partenaire, mes enfants, mes amis et mes proches ? » « À qui puis-je le dire ? et comment le dire ? »

ne PaS Se SenTIr ISoLéLe médecin qui vous suit pourra aussi vous aider. n’hésitez pas à lui poser toutes les questions qui vous viennent à l’esprit et qui vous préoccupent. Plus vous en saurez sur le VIh, sur les effets de l’infection et du traitement, plus vous serez capable de maîtriser vos angoisses et de mieux vivre au quotidien. attention : on ne vous demande pas non plus de faire des études de médecine en accéléré. Votre médecin doit prendre le temps de vous écouter. Si ce n’est pas le cas, fuyez et n’hésitez pas à en changer !Un appel à Sida Info Service * vous permettra aussi d’avoir une écoute confidentielle pour répondre à tous vos questionnements. Les écoutants pourront aussi vous orienter vers une structure médicale, un psy ou une association d’aide aux personnes séropositives. Sachez aussi que l’accompagnement à la prise de traitements peut être fait par une infirmière ou quelqu’un de formé, dans une association. Car dans tous les cas, il est important de ne pas se sentir seul ou isolé. C’est la clé de l’épanouissement. OD

* Checkpoint, 36, rue Geoffroy-l’Asnier, à Paris (4e). http://www.lekiosque.org/checkpoint.Sida Info Service, 7 jours sur 7, de 8 h à 23 h : 0 800 840 800. http://www.sida-info-service.org.Le 190 : 190, bd de Charonne, Paris (19e). www.le190.fr

Apprendre sA séropositivité n’A rien de fAcile. MAis depuis l’Arrivée des AntirétrovirAux, lA vie Avec le virus est plus siMple. coMMent Apprendre à vivre Au Mieux ? pAr Olivier DOnnars

Je vienS d´être contaminé. comment faire ?

+se soigner PsYCHo Je vienS d’être contaminé, comment faire ?Apprendre sA séropositivité n’A rien de fAcile. MAis depuis l’Arrivée des AntirétrovirAux, lA vie Avec le virus est plus siMple. coMMent Apprendre à vivre Au Mieux ?pAr Olivier DOnnars

Séropositif ! Le médecin vient de lâcher le mot, les résultats de vos derniers tests sanguins entre les mains. Une foule chaotique de sentiments fait son apparition. Il n’est pas rare de ressentir une énorme peur, une grande lassitude, ou même de perdre espoir. Cette réaction est normale et il ne faut pas chercher à lutter contre ces sentiments mais accepter que le contrôle puisse vous échapper. Tous ces sentiments vont faire place à d’autres et c’est le moment de prendre le temps de discuter tranquillement avec votre

médecin. Car en 2012, être touché par le VIH ne signifie plus être menacé de mort imminente. La prise en charge et les traitements antirétroviraux disponibles aujourd’hui permettent de vivre l’infection au VIh comme s’il s’agissait d’une maladie « chronique ». Et de vivre de très nombreuses années comme n’importe quelle personne ou presque. Bien évidemment, il vous faudra être suivi, attentivement, par un médecin. Votre médecin traitant, un infectiologue à l’hôpital ou un des médecins du “190”, un centre de santé sexuelle à Paris recevant particulièrement des personnes séropositives. au Checkpoint, centre de dépistage VIh dans le marais à Paris1, après avoir annoncé une séropositivité, le dr Pierre Cahen prend bien soin d’orienter la personne avec tous ses bilans (charge virale, Cd4, génotype du virus, bilan des hépatites et autres IST) vers le médecin avec qui elle se sent le plus à l’aise. « L’important est de se sentir « cocooné » et pas lâché dans la nature après l’annonce de sa séropositivité, souligne-t-il. Dans la foulée, on peut proposer d’aller consulter un psychologue, ce qui n’est pas obligatoire mais qui peut s’avérer nécessaire pour certains. » D’innombrables questions peuvent en effet surgir. « Pourquoi moi ? » « Comment vivre avec ce diagnostic ? » « Qu’est-ce que ça veut dire, concrètement, pour moi, mon ou ma partenaire, mes enfants, mes amis et mes proches ? » « A qui puis-je le dire ? Et comment le dire ? » Le médecin qui vous suit pourra aussi vous aider. n’hésitez pas à lui poser toutes les questions vous venant à l’esprit et qui vous préoccupent. Plus vous en saurez sur le VIh, sur les effets de l’infection et du traitement, plus vous serez capable de maîtriser vos angoisses et de mieux vivre au quotidien. attention, on ne vous demande pas non plus de refaire des études de médecine en accéléré. Votre médecin doit prendre le temps de vous écouter. Si ce n’est pas le cas, fuyez et n’hésitez pas à en changer ! Un appel à Sida Info Service2, vous permettra aussi d’avoir une écoute confidentielle pour répondre à tous vos questionnements. Les écoutants pourront aussi vous orienter vers une structure médicale, un psy ou une association d’aide aux personnes séropositives. Sachez aussi que l’accompagnement à la prise de traitements peut être faite par une infirmière ou quelqu’un de formé, dans une association. Car dans tous les cas, il est important de ne pas se sentir seul ou isolé. C’est la clé de l’épanouissement. OD

Je vienS d´apprendre QUe J´ai Une hépatite c⁄tout comme pour le viH, un traitement contre le virus de l’hépatite c (vHc) existe. la différence, c’est que ce traitement permet le plus souvent de se débarrasser du virus. la prise en charge peut se faire dans les mêmes structures médicales que pour le viH ou dans un centre d’hépatologie. le traitement est cependant plus difficile à supporter. un rendez-vous chez le psychologue vous sera proposé pour vous aider. Au besoin, n’hésitez pas à prendre contact avec des associations comme sos hépatites.sos hépatites : 0 800 004 372. www.soshepatites.org.

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+

Cette Charge virale, que déteCte-t-elle ?les techniques actuelles permettent de détecter jusqu’à 10 copies du virus par millilitre de sang. Mais même si vous êtes passé de 10 à 30 copies, pas de panique ! Tant que la charge virale ne dépasse pas le seuil de 50 copies, considéré comme le seuil d’indétectabilité, il n’y a pas lieu de s’en faire, encore moins de changer de traitement.

le “blip”, C’est quoi ?Au-delà de 50 copies (entre 50 à 1 000), voyez avec votre médecin s’il ne s’agit pas d’un « blip », une petite remontée transitoire de la charge virale. Cela arrive si vous avez attrapé une nouvelle IST, voire une autre infection ou que vous avez oublié de prendre vos comprimés aux bonnes heures après avoir fait la fête ou parce que vous êtes décalé par le jetlag de retour d’un voyage. Vos antirétroviraux (ARV) peuvent dans ce cas être sous-dosés dans votre sang et votre médecin traitant pourra vous demander de le vérifier par un examen sanguin.

que puis-je faire ?Dans tous les cas, vous devrez contrôler le mois suivant votre charge virale pour confirmer qu’elle est bien redescendue en dessous de 50 copies. Si c’est bien le cas, vous continuerez avec les mêmes comprimés. Votre médecin vous rappellera seulement les règles à suivre pour renforcer l’observance à votre traitement. N’oubliez pas qu’il s’agit d’une trithérapie et que rien ne doit être dissocié. Par exemple, une antiprotéase (IP), comme le Reyataz, ne doit pas être, sauf exception, prise à part de son booster, le Norvir.

Je PReNDS bIeN MeS MéDoCS, MAIS MA ChARge VIRAle ReboNDIT…Même si vous êtes bien observant, il peut arriver malgré tout que votre charge virale soit à la limite des 40-50 copies mais que vos CD4 chutent. les causes sont multiples. Si vous avez pris des risques, il est possible que vous ayez été contaminé par un nouveau virus, résistant à votre traitement. ou bien que des formes du virus jusqu’ici minoritaires et contrôlées aient pris le dessus. Votre médecin va aussi chercher si vous avez pris un autre traitement, comme un pansement digestif, qui peut, par interaction, influencer la concentration du médicament antirétroviral. Vous êtes face à ce que les virologues appellent « un rebond virologique » avec immunodépression. Il y a un rebond ou échec virologique lorsque la charge virale dépasse les 50 copies au cours de deux examens successifs.

le virus peut avoir muté et avoir commencé à résister au traitement. Il faudra alors changer de schéma thérapeutique. Un génotype du virus s’impose donc pour savoir s’il a ou non acquis de nouvelles résistances. Vous avez donc tout intérêt à faire un génotype lorsque vous devez commencer votre premier traitement.

À qUel RyThMe, le CoNTRôle ?la charge virale est donc le meilleur indicateur pour évaluer l’échec d’un traitement. Pensez donc bien à la surveiller tous les 3 mois la première année de traitement, puis tous les 4 à 6 mois. OD

Votre médecin Vous a répété de bien prendre Votre traitement et de surVeiller la charge Virale du Vih. tant qu’elle ne bouge pas, tout ira bien. oui, mais Voilà : elle est remontée… par Olivier DOnnars

Quand ma charge virale fait des siennes...

des vacances sans traitement ?il y a six ans, l’essai smart s’est intéressé à ce qu’on appelle les « vacances thérapeutiques ». ce fut un échec. depuis, les médecins déconseillent fortement les interruptions de traitement. pourquoi ? parce que vous risquez de retrouver les signes de la primo-infection et parce que la réplication du virus et la chute des lymphocytes cd4 sont possibles, tout comme l’apparition, à terme, de résistances. certains médecins envisagent de diminuer les prises. mais aucun essai ne démontre pour l’instant que c’est possible.(Merci au docteur Régis Missonnier.)

bilan se soigner

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Pourquoi la Prise en charge pluridisciplinaire chez les Personnes Trans « MtoF » (Masculin vers FéMinin) esT-elle iMPorTanTe ?

elle concerne tout le personnel paramédical et médical et doit considérer la diversité des personnes trans en évitant leur exclusion du système de santé, dont les conséquences néfastes sont l’isolement social et les automédications. sur le plan médical, elle doit tenir compte des transformations corporelles (traitements hormonaux croisés et interventions esthétiques avec leurs complications), des pathologies liées au sexe de naissance et des co-morbidités liées au vih,

aux hépatites, au mode de vie, à l’âge…

quid des TraiTeMenTs anTi-vih en cas de prise d’hormones ? l’idéal serait, dans le cas des trans « mtoF », d’utiliser des œstrogènes par voie transcutanée. les effets

indésirables les plus fréquents sont les perturbations des fonctions hépatiques, les complications thrombo-emboliques et cardio-vasculaires. des méningiomes ont été décrits en cas de surdosage des œstrogènes. des essais cliniques fiables et, surtout, le suivi de cohortes de personnes s’autotraitant par des hormones pourraient nous renseigner davantage sur ce vaste sujet.

que FauT-il surveiller lorsqu’une Personne Trans « MtoF » prend des hormones et des anTiréTroviraux ?un traitement hormonal croisé,

associé ou non à un traitement arV, impose d’être suivi par un endocrinologue. un dosage hormonal est de mise avant l’introduction de ce traitement et trois mois après pour vérifier l’efficacité. la surveillance du bilan hépatique, des triglycérides et du cholestérol et un éventuel dosage des antirétroviraux sont nécessaires. une mammographie ou, en cas de prothèses mammaires, une irM annuelle permettra de surveiller l’apparition de nodules suspects.

FauT-il êTre PrudenT lors de l’utilisation des produits de comblement ?oui, la prudence s’impose. le silicone non purifié appliqué en grand volume par un personnel non habilité au niveau

du visage, membres inférieurs, fesses, poitrine, peut engendrer des inflammations à type siliconomes, des infections locales à disséminées et des embolies pulmonaires. le silicone, en injection, est interdit en France !

FauT-il surveiller de Près les auTres isT ? si oui, lesquelles ?selon l’exposition au risque sexuel et au moins une fois par an, il faut dépister : la syphilis, les hépatites (a et b, dont les vaccins sont à

proposer en cas de sérologies négatives, et c), les urétrites (chaude pisse) à chlamydia et gonocoque et les condylomes-hpV (crête de coq et papillomavirus) avec des anuscopies, frottis et examens dermatologiques. CKP

* Médecin infectiologue au service de médecine interne et de néphrologie de l’hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt).

Le manque de données scientifiques concernant Les personnes trans et Les enjeux d’une prise en charge pLuridiscipLinaire font qu’iL est préférabLe d’avoir affaire à des médecins sensibiLisés. Le docteur anaenza freire-maresca * répond à 5 questions cLés. par Catherine Kapusta palmer

Personnes transÀ suivre de trÈs PrÈs

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On est au début des années 1990. Quand tombe le diagnostic de l’hépatite C, Alexandre ne prend pas ça très au sérieux, d’autant que son généraliste lui dit qu’il n’y a pas urgence. « Tout allait bien, je n’avais aucun symptôme. Pour moi, j’avais une maladie, mais je n’étais pas malade. Et puis je mangeais bio, ne faisais

jamais d’excès, alors, je n’avais pas à m’en faire. » Si ce n’est qu’en 2005, les examens de contrôle disent qu’il y a un début de cirrhose. Là encore, Alexandre laisse « filer ». Il ne ressent toujours aucun signe de la maladie, ça ne peut donc pas être bien grave. En 2009, il commence à enfler et s’en remet aux médecines alternatives. Rien n’y fait. Quand Alexandre se décide à consulter un hépatologue, c’est le choc : « C’est seulement maintenant que vous venez me voir ? Soit votre hépatite a dégénéré en cancer, soit vous en êtes arrivé à une phase terminale de cirrhose. Reste à tenter de sauver votre foie ! »

« mon nouvEAu foIE “SE bALAdE” »Quelques jours après, en plein mois de juillet, une jaunisse et des douleurs violentes conduisent Alexandre à l’hôpital. « Quand je suis arrivé, j’avais 17 litres d’eau à perdre. J’ai passé 20 heures aux urgences, on m’a fait tous les examens possibles, jusqu’à une ponction lombaire. une fois transféré en service d’hépatologie, ils ont voulu tout recommencer. J’ai refusé. Je n’en pouvais plus des piqûres, de souffrir. » S’en suivra un coma. Quand Alexandre en émerge, le lendemain, il voit tout le monde à son chevet, compagnon, famille, amis, en pleurs. Il accepte enfin de se soigner. « mon cerveau, mon cœur et mes poumons fonctionnaient encore, mais pour le reste rien n’allait. » Progressivement, pourtant, son corps reprend le dessus. fin juillet, il est inscrit sur la liste d’attente des greffons hépatiques. La transplantation a eu lieu un 15 août. « La veille j’avais fait un rêve prémonitoire, mon compagnon aussi. C’est une opération très lourde, je le savais, mais comme j’enseigne la relaxation, je me suis préparé mentalement, je suis arrivé au bloc parfaitement zen. Au sortir de l’opération, je n’ai pas souffert, mais j’avais l’étrange sensation de ne pas être refermé. Et pendant un long moment, on sent son nouveau foie, il se “balade”, c’est déroutant. » mi-octobre, Alexandre quitte enfin l’hôpital. [dans la majorité des cas, on attend la transplantation à domicile et l’hospitalisation ne dure qu’un petit mois.] Il a des projets plein la tête, l’envie de reprendre le boulot et un traitement anti-rejet à vie. Auquel viendra s’ajouter, un an plus tard, un traitement pour l’hépatite C, la greffe n’éliminant malheureusement pas le virus. « J’avais l’impression d’aller bien. mais le moindre petit problème, je le regardais comme à travers une loupe. » Alexandre va alors faire appel à une psychosomaticienne. « Avec son aide, j’ai retrouvé le sommeil, la joie, j’ai appris à gérer mon énergie. »

Amour, travail, aujourd’hui tout va bien pour lui. Rien ne laisse imaginer par quoi il est passé. La leçon de son histoire ? « Si je m’étais fait suivre et soigner correctement dès le départ, je n’aurais pas perdu mon foie. J’ai fini par accepter les traitements et eu la chance d’avoir une greffe. mais il était tout juste temps. Il ne faut jamais laisser traîner les choses et surtout se faire aider psychologiquement. » MCDLR

Un simple bilan proposé par la sécU, Une petite anomalie détectée aU niveaU hépatiqUe, Une ordonnance poUr faire des analyses… et le verdict tombe : “hépatite c”. dU diagnostic à la transplantation, alexandre raconte… par Marie-Catherine De La roChe

Hépatite C un parCOurs au lOng COurs

VaCCin : pOurquOi C´est utileil n’existe pas de vaccin contre l’hépatite c, mais il en existe un contre l’hépatite b ! séropositif, ou pas, il est important de savoir où l’on en est et de se faire vacciner quand c’est utile. les discours anti-vaccin circulent en france, mais il faut rappeler à quoi servent les vaccins et les rappels vaccinaux : à ne pas contracter la maladie, donc à éviter les complications et les séquelles, et à ne pas la transmettre à son entourage. l’oms estime tout de même à plus de deux millions le nombre de décès évités chaque année dans le monde grâce à la vaccination. c’est bon à savoir, non ?

passe totalement inaperçue. Le seul moyen de savoir si on a contracté une hépatite est donc de faire un test de dépistage. une simple prise de sang, à la recherche d’anticorps et d’antigènes spécifiques, suffit. Sur prescription, ce test est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale si vous êtes en ALd (100 %). on peut aussi se rendre dans un centre de dépistage anonyme et gratuit (CdAG).

CommEnT évoLuE LA mALAdIE ?dans de très rares cas, l’hépatite peut être fulminante, ce qui se traduit par des troubles de conscience puis un coma. une hospitalisation en urgence et parfois une greffe de foie sont alors nécessaires. mis à part ces cas graves, soit on guérit spontanément de la maladie, soit elle s’installe. Si l’inflammation du foie dure plus de six mois, on parle d’hépatite chronique. Plus ou moins active, elle peut alors évoluer à bas bruit durant des années.Est-ce la même chose pour toutes les hépatites ? Les hépatites A et E ne deviennent jamais chroniques, le corps élimine le virus. Exception faite des formes fulminantes, du repos et une bonne hygiène de vie (pas d’alcool, pas de paracétamol, une alimentation saine) sont la seule marche à suivre.Pour l’hépatite b, à l’âge adulte, l’organisme se débarrasse spontanément du virus dans 90 % des cas. on est guéri et immunisé. Reste qu’une fois sur dix, cette hépatite devient chronique. Le risque est énorme car le virus de l’hépatite b est extrêmement répandu. un tiers de l’humanité l’a rencontré. du coup, il est classé parmi les dix virus les plus redoutables au monde.

+ transplantation se soigner

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Choisissez votre moment « sauf exception, il n’y a pas urgence à mettre en route le traitement. en fonction de vos impératifs professionnels et personnels, discutez avec votre médecin du meilleur timing pour le commencer. Donnez-vous le temps de vous

organisez, préparez-vous psychologiquement. Plus vous aurez anticipé les contraintes et les effets secondaires, plus vous serez à même de les gérer. Évitez, par exemple, l’été pour débuter votre traitement. si vous aimez le soleil, vous ne pourrez pas vous y exposer. Prévoyez un éventuel aménagement de vos horaires au boulot. Choisissez le meilleur jour de la semaine pour votre injection d’interféron. en raison du syndrome pseudo-grippal qui suit, les lendemains sont souvent difficiles. Avant de sauter le pas, passez tout en revue, sans panique, mais pour avoir tous les atouts en main le moment venu. »

fAites-vous AiDer « Prévenez votre entourage, votre conjoint-e, que vous risquez de passer par des périodes où vous : serez à cran, aurez le moral au trente-sixième dessous, serez complètement hs, aurez une libido au niveau zéro… Qu’ils sachent que ce sont des effets du traitement. Prenez les

devants, n’attendez pas que la dépression s’installe, parlez-en à votre médecin, voyez un psy. Avant d’entamer le traitement, il est possible de se faire prescrire des séances de relaxation, des antidépresseurs. Certains services hospitaliers proposent aussi des programmes d’éducation thérapeutique, ne les zappez pas, ils sont gratuits et très utiles. »

AnticipAtion et orgAnisAtion, voilà les mots clés. le Dr AnDré-JeAn remY, chef Du pôle AbDomen hémAto-oncologie sAnté publique Du centre hospitAlier De perpignAn, Donne ses conseils. pAr Marie-Catherine de la roChe

illustrAtions rafaël houée

Interféron 7 ConSeILS CAPItAUX PoUr APPrIVoISer Son trAIteMent

+se soigner hépatites

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La piqûre, n’en faites pas une torture« si l’injection en sous-cutané vous fait peur, demandez une ordonnance pour que l’infirmière du quartier vous la fasse. Vous verrez avec elle si, au bout d’un moment, vous pensez pouvoir vous débrouiller seul. »

pensez au piLuLier et aux aLarmes « Avec l’arrivée des trithérapies, ce sont 3 molécules avec lesquelles il faut jongler. L’injection d’interféron 1 fois par semaine. Plus 2 ou 4 comprimés (Télaprévir ou Bocéprévir) à prendre 3 fois par jour, à 8 heures d’intervalle, avec une marge d’“oubli” de seulement quelques heures. Plus 2 à

3 comprimés (Ribavirine) matin et soir, à 12 heures d’intervalle, avec, cette fois, une marge d’une heure. L’efficacité du traitement dépend de la bonne prise des médicaments, mieux vaut s’aider d’un pilulier et faire marcher les alarmes de son portable. »

BoosTez voTRe ALimenTATion« on ne saute pas de repas, on fait un vrai petit déjeuner [voir page 58]. si l’alcool est à éviter au maximum, le chocolat, lui, n’a rien d’interdit. sachez que pour être efficaces, les antiprotéases (Télaprévir et Bocéprévir) doivent être prises avec des aliments gras : croissant au

petit déjeuner, yogourt au lait entier au goûter, fromage au dîner… »

posez-Vous« 80 % des malades sous traitement souffrent de fatigue. Acceptez de lâcher prise, d’être moins performant, posez-vous, reposez-vous, sans vous “endormir” au moment où vous devez prendre votre traitement. sachez aussi que la prescription d’ePo (l’anti-coup de pompe des rois du vélo) est possible. »

et si Vous êtes co-infecté…« Votre infectiologue et votre hépatologue doivent travailler main dans la main. surtout si vous êtes sous trithérapie pour votre hépatite : il peut y avoir des interactions graves avec les antiprotéases du viH. si vous avez un généraliste, mettez-le dans la “boucle”. » MCDLR

Des infos “hépatantes”Vous n’avez pas tout compris ? Allez sur le site de SOS hépatites, cliquez sur « Publications » et ensuite sur l’icône « Collection “Être Hépatant” » dans la colonne de gauche. Quatorze brochures, de véritables modèles du genre, ont été rédigées. Vous pourrez aussi être mis en relation avec un médecin qui vous consacrera tout le temps qu’il faudra. Ou bien vous inscrire à un groupe de parole.www.soshepatites.orget numéro vert : 0 800 004 372.

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IST : SurveIller leS SympTômeSBoutons, petites rougeurs, tâches colorées, sensation de brûlure au sexe. la liste de symptômes devant faire penser à une infection sexuellement transmissible (IST) est longue ! Consultez

immédiatement votre médecin généraliste, un infectiologue voire même un dermatologue, ou encore un centre d’information, de dépistage et de diagnostic des IST (Ciddist). un chancre (une petite plaie indolore) sur la peau ou les muqueuses, des taches rosées (la roséole) sur le tronc et les mains, des ganglions multiples et douloureux, principalement au niveau de l’aine, feront penser à la syphilis. un écoulement jaune à la verge ou par l’anus, très souvent accompagné de sensation de brûlures, indique une blennorragie, ou chaude pisse. Dans ce cas-ci, un traitement antibiotique suffit à s’en débarrasser rapidement. Alors autant consulter le plus tôt possible. mais, attention : beaucoup d’IST passent complètement inaperçues ! en cas de pratiques à risques et si vous êtes multipartenaire, pensez à voir un médecin au moins une à deux fois par an et à faire des sérologies.

ImmunITé en Sur-régImeDepuis que vous êtes sous antirétroviraux, votre système immunitaire a repris un peu de sa vigueur. parfois, beaucoup trop. Après quelques semaines de traitement,

quand le dépistage du virus a été tardif, vos CD4 peuvent brusquement remonter jusqu’à déclencher une inflammation sévère. C’est ce qu’on appelle le syndrome inflammatoire de restauration immunitaire (ou IrIS) et qui affecte 10 à 25 % des patients traités. Fièvre, zona, ganglions douloureux et nécrotiques,

épanchement dans les poumons, révèlent souvent une infection opportuniste latente (tuberculose, herpès, pneumocystose, toxoplasmose, cryptococcose ou leishmaniose). les patients co-infectés par le vHC ne sont pas épargnés. votre médecin surveillera ces manifestations et traitera votre infection opportuniste. mais vous garderez votre traitement antirétroviral. Dans les cas les plus sévères, une hospitalisation sera envisagée et on vous mettra sous corticoïdes. rassurez-vous, l’orage s’interrompt en quelques semaines et vous ne garderez aucune séquelle. vos CD4 seront même à leur plus haut niveau.

SoIgner Son eSTomAC, Contrôler son poidsDès les premières prises de médocs, il arrive qu’une diarrhée survienne. Comme la plupart des séropositifs, votre muqueuse intestinale est plus

sensible. patientez quelques jours pour que cela passe. Si cela persiste, au-delà de 2 à 3 semaines, consultez. si vous avez aussi des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et que vous êtes extrêmement fatigué, appelez rapidement votre médecin. Il vous fera faire des analyses de sang pour savoir si vous souffrez ou non d’une acidose lactique, une complication due à la toxicité des inhibiteurs nucléosidiques et nucléotidiques de la transcriptase inverse (InTI), comme Zerit et videx. Si c’est le cas, il supprimera le médicament en cause et vous trouvera une autre combinaison. Faites attention à toute perte de poids. pour quelques kilos, pas d’inquiétude. mais si vous perdez plus de 10 % de votre poids habituel en moins de 2 mois, précipitez-vous chez votre médecin.

on peut, dans certains cas, espacer les visites à l’hôpital. Mais il faut rester vigilant. une consultation peut éviter bien des angoisses inutiles et éviter qu’une broutille ne s’aggrave. par Olivier DOnnars, avec l’aide du Dr régis MissOnnier, Médecin généraliste

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Urgence je consUlte

des fourmis dans les membresSi vous éprouvez un engourdissement, des fourmillements ou des douleurs dans les membres ou les extrémités, signalez-le tout de suite à votre médecin. Certains inTi (inhibiteurs non nucléosidiques

de la transcriptase inverse ; Zerit et Videx) peuvent causer une affection appelée neuropathie périphérique, une atteinte des nerfs des pieds et des jambes, et parfois de ceux des bras et des doigts. Tout revient progressivement à la normale après le changement de l’INTI en question. la neuropathie peut aussi affecter les personnes mono ou co-infectées par le VHC. dans ce cas ce n’est pas le traitement qui est en cause, mais l’accumulation d’anticorps dans le sang provoquant une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins que l’on appelle vascularite cryoglobulinémique. elle se manifeste aussi par l’apparition de taches de coloration rouge violet au niveau de la peau (purpura). Les antirétroviraux (ARV) n’ont aucun effet sur cette manifestation. En revanche, un traitement efficace contre le VHC permet d’en être débarrassé.

DES RougEuRS à NE pAS pRENDRE à LA LégèREdepuis quelques semaines, vous prenez votre traitement, et apparaissent des plaques rouges sur tout le corps ou de manière très marquée sur la poitrine, le

dos, les bras, le visage ou les jambes, au point de vous démanger. Il s’agit d’un « rash », un effet secondaire dû à l’un des antirétroviraux. Notamment si vous prenez de la Viramune. informez-en rapidement votre médecin qui changera votre traitement. le rash peut être le signe d’un syndrome d’hypersensibilité

la premiÈre prescriptionIl est nécessaire de passer à l’hôpital et d’avoir affaire à un médecin formé et compétent pour une première prescription d’antirétroviraux. La consultation nécessite un échange long et précis et le médecin doit répondre à toutes vos questions. Et pourquoi ne pas faire une liste de tout ce que vous voulez savoir ?

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à un médicament pouvant être accompagné de fièvre, de nausées, de vomissements et de maux de ventre. dans de très rares cas, cette hypersensibilité entraîne une inflammation des yeux et des ulcères dans la bouche et sur la peau pouvant être grave, parfois mortelle (syndrome de Lyell). Le rash survient aussi chez 2 à 20 % des personnes co-infectées par le VIH et le VHC, signe d’une toxicité affectant le foie. La faute aux inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) et aux inhibiteurs de protéases (Ip). Là encore, consultez et faites évaluer vos taux de transaminases, des indicateurs de l’atteinte hépatique.

Quand le Cœur s’emballe…Vous avez plus de 45 ans, vous fumez comme un pompier, vous ne fréquentez pas les salles de sport et votre tension était plutôt élevée lors de vos derniers examens. prenez

garde à toute douleur dans la poitrine. la crise  cardiaque, l’accident vasculaire cérébral (aVC) ou toute autre maladie cardio-vasculaire peut survenir. leur fréquence chez les hommes séropositifs est 1,4 fois supérieure que dans la population générale. si vous êtes adepte de drogues récréatives (cocaïne, speed, méphédrone ou crystal), le risque est encore plus grand et la crise cardiaque peut survenir à chaque prise et en plein trip, sans que vous vous en rendiez compte. En cas de malaise, de douleurs thoraciques, dans le bras gauche, dans la mâchoire, le cou ou le dos, signes de l’infarctus, ou d’engourdissement soudain au niveau du visage, des bras ou des jambes, de troubles de la vue ou de l’élocution, signes précurseurs de l’aVC, prévenir les secours qui vous amèneront faire un électrocardiogramme dans une unité de cardiologie. OD

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Tous chez le denTisTe !

Pour les hommes et les femmesÊtre en mauvaise santé bucco-dentaire, c’est offrir un terrain fertile pour les infections fongiques, bactériennes et virales qui peuvent infecter l’ensemble de l’organisme. des douleurs dans la bouche peuvent entraîner une mauvaise alimentation. Voir un dentiste une fois par an est important, et pas seulement quand il y a des problèmes. Voyez-le avant d’avoir mal : quand la douleur est là, le mal est déjà fait.

l’examen ProcTologique

Pour les hommes et les femmesle risque de développer un cancer de l’anus est élevé chez certaines personnes vivant avec le Vih. c’est pourquoi un premier examen proctologique systématique fait par un proctologue est recommandé. À l’issue de la première visite, le spécialiste déterminera le rythme de la surveillance. une visite annuelle est toutefois recommandée. [Lire aussi page 20.]cet examen doit être pratiqué car le hPV (papillomavirus humain) peut se propager très facilement vers d’autres muqueuses.

mon suiVi gynécologique, mes seins, ma ménopause 

Pour les femmesl’infection au papillomavirus humain (hPV) peut provoquer, à terme, un cancer du col de l’utérus. le hPV est plus fréquemment observé chez les femmes vivant avec le Vih et est

aussi plus difficile à soigner. C’est pourquoi un frottis cervical, fait par un gynécologue ou par un médecin généraliste, doit être réalisé. À quel rythme ? lors de la découverte de la séropositivité, puis une fois par an lorsqu’il n’y a pas de lésions cervicales antérieures et si l’état immunitaire est satisfaisant (plus de 200 CD4) ; deux fois par an si le précédent frottis était anormal et si la charge virale est de moins de 200 CD4. Dans ce cas, une colposcopie doit être proposée (examen visuel du col de l’utérus à l’aide d’une loupe).

la PalPaTion mammaire eT La mammographiela palpation mammaire doit être effectuée avec le suivi gynécologique. une mammographie doit être faite tous les ans (au lieu de tous les deux ans pour les femmes de plus de 50 ans séronégatives). elles permettent de dépister le cancer du sein.

La ménopause  les rares études qui existent concernant la ménopause chez les femmes séropositives montrent qu’elle est plus précoce chez elles que chez les femmes séronégatives. il est très difficile de reconnaître les signes du début de la ménopause et si elle est due aux traitements ou aux effets du virus, mais il est important de s’en occuper, car elle peut provoquer, entre autres, des troubles au niveau de la densité osseuse. dans certains cas, il sera nécessaire de prescrire un traitement hormonal substitutif. attention : il peut être contre-indiqué en cas de problèmes métaboliques ou cardiovasculaires, d’antécédent personnel ou familial de certains cancers.

Le suivi des personnes vivant avec Le viH est de pLus en pLus compLexe et Les traitements ne sont pas sans conséquences. ne perdez pas Le fiL et n’oubLiez pas Les contrôLes réguLiers qui vont vous aider à rester en forme. par Catherine Kapusta-palmer

contrÔler quoi et quand ?

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OstéOpOrOse

pour les hommes et les femmesL’apparition de l’ostéoporose (fragilité osseuse) peut arriver tôt dans la vie des personnes séropositives. Il est donc conseillé de réaliser une ostéodensitométrie (examen qui permet de mesurer la densité minérale osseuse ou DMO). Une densité osseuse faible augmente le risque de fracture. Une activité physique est recommandée.

pour les femmesLa densité minérale osseuse des femmes séropositives est plus faible que dans la population générale et elle semble plus fréquente lorsqu’elles sont ménopausées (42 % contre 23 % chez les femmes séronégatives). Les risques liés à la fois à la ménopause et aux antirétroviraux s’ajoutent.

Les cOMpLIcatIOns carDIOvascULaIres

pour les hommes et les femmesLe risque d’infarctus du myocarde est élevé en raison de l’exposition aux antirétroviraux, des effets propres à l’infection par le vIH, du tabagisme et / ou de l’usage de drogues. chez les personnes sous antirétroviraux, l’augmentation du volume de l’abdomen, l’élévation du taux de graisse dans le sang, de glycémie, d’hypertension artérielle sont des facteurs qui peuvent entraîner des accidents vasculaires cérébraux ou cardiovasculaires, ou encore des diabètes. ces troubles métaboliques nécessitent un suivi particulier et régulier de la tension artérielle et du bilan sanguin (pour la glycémie et les triglycérides).en cas d’anomalie ou de dérèglement, il faut absolument être suivi par un cardiologue en lien avec l’infectiologue et connaissant les conséquences du vIH et de ses traitements.

pour les femmessuite à la prise de certains antirétroviraux, les femmes séropositives perdent la protection naturelle qu’elles ont jusqu’à la ménopause et les problèmes cardiovasculaires peuvent apparaître plus tôt. Il faut donc avoir la même vigilance que pour les hommes, ou même y faire plus attention, car les médecins n’ont pas l’habitude de les voir si tôt.

trOUbLes De La répartItIOn Des graIsses, OU LIpODystrOpHIes 

pour les hommes et les femmesLes lipodystrophies se présentent chez les personnes sous certains traitements antirétroviraux, sous forme de lipoatrophies (réduction de la masse graisseuse des membres, des fesses, du visage) et / ou de lipohypertrophies (augmentation de la masse graisseuse du ventre, de la poitrine, de la nuque). pour leur prise en charge, un examen clinique doit être réalisé par le médecin infectiologue avant de commencer un traitement antirétroviral, puis au moins une fois par an en tenant compte de l’historique de la maladie et de la prise des traitements. Il comprend : la mesure de la taille et de l’abdomen, du poids ; l’évaluation des habitudes alimentaires, de l’activité physique et de l’hygiène de vie (tabac, alcool, etc.), du risque cardiovasculaire (mesure des taux de sucres et de graisses dans le sang et de la tension artérielle). Il existe des solutions de prise en charge (chirurgie esthétique, changement de traitement). cette question doit être abordée avec le médecin qui doit tenir compte des conséquences sur la santé physique, mentale et la vie sociale et affective.

pour les femmesLes lipodystrophies ont tendance à être diagnostiquées à un stade plus avancé en raison de différences dans la répartition des graisses et de la masse du tissu adipeux qui s’altère. Le corps des femmes peut alors se « masculiniser » à cause de l’accumulation de graisse au niveau du torse et du dos, et d’une perte de graisse au niveau des fesses et des membres. CKP

Sources :– « Prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH, recommandations du groupe d’experts », rapport 2010, sous la direction du Pr Patrick Yeni. – http://aids.about.com/od/dentalinformation/a/dental_care.htm– http://www.catie.ca/fact-sheets/other-health-conditions/hiv-and-brain

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Êtes-vous un fumeur heureux ?Certains fumeurs viennent consulter parce qu’on leur a dit d’arrêter, mais ils n’en ont pas vraiment envie. « Ce sont des fumeurs heureux. Inutile de leur faire la morale, ça ne sert à rien, explique Dominique Blanc. Mon rôle est de les informer. Ça ne les intéresse pas aujourd’hui, mais je sème une graine qui les incite à réfléchir. » La plupart des fumeurs ont des sentiments mitigés. Ils n’ont pas encore décidé d’arrêter mais sont conscients des méfaits du tabac sur la santé. Parfois, c’est la dépendance elle-même qui est pesante : sortir au milieu de la nuit pour trouver un paquet de cigarettes fait réfléchir. Pour d’autres, c’est le prix du paquet qui amène à rogner sur les loisirs, voire sur l’alimentation. « Ces fumeurs pré-contemplatifs sont ambivalents vis-à-vis du tabac, constate Dominique Blanc. Je les aide à trouver des motivations solides qui vont les amener à se décider. »

VoLonté ou MotIVatIon ?« Contrairement aux idées reçues, la volonté n’est pas le moteur majeur. C’est

la motivation qui permet d’arrêter de fumer, précise le docteur Blanc. Le fumeur se projette dans une meilleure situation plutôt que d’envisager l’arrêt comme une privation. » Être libre, retrouver souffle et énergie, une haleine fraîche, chacun se motive comme il veut, la motivation est dans le plaisir et la récompense : améliorer sa qualité de vie, son estime de soi. Le thérapeute va enrichir et renforcer les motivations. et selon la situation de chacun,

Arrêter de fumer n’A rien de fAcile. dominique BlAnc, médecin générAliste et tABAcologue, rencontre des fumeurs séropositifs dAns le cAdre du réseAu sAnté mArseille sud. elle pArtAge quelques conseils. pAr Guillaume le HeGarat

Comment dire non À la

Cigarette ?

+se soigner tabac

nos motivations évoluent. « une motivation secondaire peut devenir principale, comme de ne plus sentir le tabac dans un contexte de séduction, par exemple. »

aPPrentI non-fuMeur« un patient l’a très bien dit : en venant il savait déjà pourquoi, et, avec moi il a trouvé comment arrêter. » Pour le docteur Blanc, il faut distinguer les diverses dépendances au tabac. « La dépendance physique se gère avec des médicaments et des produits de substitution nicotinique qui permettent d’éviter la sensation de manque, pénible et décourageante. » Les dépendances psychologiques et comportementales sont liées à des réflexes conditionnés, des émotions, des gestuelles, à la dépendance sociale aussi. Ces situations, l’ancien fumeur ne les contrôle pas : il faut donc « apprendre » à ne pas fumer. « Être fumeur est une construction identitaire forte, explique Dominique Blanc. Le tabac accompagne souvent depuis l’adolescence et fait partie de la vie d’adulte. Les thérapies cognitives comportementales aident le nouveau “non-fumeur” à se transformer dans son milieu, à effectuer une métamorphose. Il réapprend à vivre avec sa nouvelle identité. »

n’ayez Pas Peur De reChuterLa majorité des ex-fumeurs a essayé plusieurs fois avant d’arrêter définitivement.  Mais Dominique Blanc se veut rassurante : « Il faut accepter la rechute et ne pas culpabiliser. Le plus important, c’est d’en comprendre les circonstances : tirer les leçons de chaque expérience pour renforcer ses motivations et augmenter ses chances de succès à la tentative suivante. tout le monde peut y arriver. Par des chemins plus ou moins longs. » ProPos recueillis Par GlH

pourquoi il faut arrÊter⁄le tandem « tabac-ViH » est particulièrement nuisible. les risques d’hypertension artérielle, d’accident cardiovasculaire et de cancer du poumon augmentent quand on est séropositif et que l’on fume. la cigarette expose aussi à un risque accru des pathologies respiratoires et de diabète. Sida Info Service, lundi au vendredi, 8 h-20 h : 39 89 (0,15 € la min depuis un poste fixe).http://www.tabac-info-service.fr

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VIH : DES SCHéMAS THéRAPEUTIQUES PLUS ADAPTéSPlus simples à prendre, plus efficaces et mieux tolérées. L’amélioration des trithérapies anti-VIH se poursuit, avec un panel de molécules de plus en plus large qui permet de personnaliser au mieux le traitement. En 2012, on combine généralement deux analogues nucléosidiques de la transcriptase inverse avec un troisième agent : soit un non nucléosidique, soit une antiprotéase boostée par Norvir (ce qui permet d’espacer les prises), soit une anti-intégrase. Seuls figurent ici les antirétroviraux (ARV) les plus prescrits ou les plus récents. Deux trithérapies en un comprimé unique par jour sont désormais commercialisées : Atripla (qui associe Truvada et Sustiva en un seul comprimé par jour), mis sur le marché en juin 2009, et Eviplera (qui associe Truvada et un nouveau non nucléoside, Edurant, rilpivirine), mis sur le marché en septembre 2012. Eviplera semblerait mieux toléré au niveau psychique qu’Atripla, l’efavirenz causant, chez un certain nombre de personnes, des effets importants de type vertiges, insomnies, cauchemars, troubles de l’humeur.

CES MOLéCULES QU’ON N’UTILISE PLUS… Si Fuzeon, un traitement par voie injectable (sous-cutanée), reste disponible pour les personnes en multi-échec thérapeutique, depuis 2008, de nouvelles molécules en comprimé l’ont très souvent remplacé. Il s’agit notamment d’Intelence, un non nucléosidique, de Celsentri, un anti-CCR-5, ou encore d’lsentress, une anti-intégrase. Enfin, il est recommandé de ne plus utiliser Zerit, un ancien nucléosidique, en raison des lipoatrophies et neuropathies qu’il provoque, et de l’existence d’autres options thérapeutiques mieux tolérées. D’autres molécules anciennes ne sont généralement plus utilisées si d’autres options sont disponibles : Videx, Invirase, Crixivan, Telzir, Viracept.

ARRIVéE DE TRITHéRAPIES CONTRE LE VHCEn 2011, ont été mis sur le marché de nouveaux antiviraux efficaces contre le virus de l’hépatite C de génotype 1, Victrelis (bocéprévir) et Incivo (télaprévir). Ajoutés, l’un ou l’autre, à la bithérapie standard (ribavirine + interféron pégylé), ils font grimper les chances de guérison à 80 %, au prix de nouveaux effets indésirables qui doivent être pris en charge et anticipés. Ils figurent désormais dans ce cahier.

TRAITEMENTS DU VHBPour la première fois aussi, ce cahier pratique comporte également deux médicaments contre l’hépatite B : Viread (ténofovir), qui est aussi un médicament contre le VIH (contenu dans Truvada, Atripla, Eviplera), et Baraclude (entécavir), qui n’est pas pleinement actif contre le VIH et doit donc s’utiliser avec précaution chez les personnes co-infectées. Zeffix et Hepséra, deux anti-VHB plus anciens et moins efficaces, ne figurent pas dans le guide. Que ce soit contre le VIH ou contre le virus de l’hépatite C (VHC), plusieurs autres molécules seront commercialisées dans les trois prochaines années [lire p. 108].

Merci à Nathalie Morgensztejn et au professeur Daniel Vittecoq (Agence nationale de sécurité du médicament) pour leur aide précieuse dans l’élaboration des fiches d’association d’antirétroviraux, ainsi qu’à Dominique Costagliola (Inserm).

TRAITEMENTSTOUT SAVOIR SUR LES

Ce Cahier pratique donne les informations indispensables sur les Combinaisons de traitements les plus utilisées Contre le Vih et les hépatites b et C.Dossier réalisé par Renaud PeRsiaux

intro traitements +

SOMMAIRE LES TRAITEMENTS

80 les médocs décodés

Trithérapies avec non nucléoside82 atripla83 eviplera 84 Truvada + Viramune85 Kivexa + Viramune86 Kivexa + sustiva

Trithérapies avec antiprotéase87 Truvada + reyataz / Norvir88 Truvada + prezista / Norvir89 Truvada + Kaletra90 Kivexa + reyataz / Norvir91 Kivexa + prezista / Norvir 92 Kivexa + Kaletra

Autres multithérapies94 Truvada + isentress 95 Kivexa + isentress96 intelence + isentress + prezista / Norvir

Autres antirétroviraux98 intelence99 edurant 100 Combivir – Trizivir101 Celsentri102 Fuzeon103 ribavirine + interféron pégylé

Trithérapies anti-VHC104 Victrelis105 incivo

Traitements du VHB106 Baraclude106 Viread

Les futurs ARV108 De nouveaux antirétroviraux pour très bientôt109 Bonnes nouvelles dans la lutte contre l’hépatite C

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INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES Prévenez votre médecin ou votre pharmacien des médicaments (délivrés avec ou sans ordonnance) que vous prenez en dehors de votre traitement antirétroviral (ARV). Cela évite toute perte d’efficacité ou toute augmentation de la toxicité des antirétroviraux ou des autres médicaments que vous prenez.

REPASCertains ARV sont à prendre au cours des repas, car leur absorption est facilitée par la nourriture. On peut les prendre juste après avoir mangé, mais, si cela est possible, pas avant (ce qui équivaut, alors, à une prise à jeun). Pour d’autres ARV, la nourriture n’a aucune influence.

HÉMOPHILIEChez les patients hémophiles de type A et B, une augmentation des saignements a été rapportée avec des antiprotéases. Consultez immédiatement votre médecin. CO-INFECTION PAR L’HÉPATITE B OU C Si vous êtes co-infecté par le VIH et une hépatite B ou C, la prise d’un traitement ARV peut provoquer des effets

les médocsdécodésMalgré la siMplification des traiteMents antirétroviraux, la prise d’une trithérapie deMande un suivi Médical régulier. ces inforMations utiles vous aideront à repérer les situations où vous devez consulter votre Médecin.par Renaud PeRsiaux

indésirables sévères sur le foie, majorés en cas de cirrhose. Votre médecin peut augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques. La ribavirine, utilisée contre l’hépatite C, peut majorer la toxicité des nucléosides, en particulier la zidovudine (contenue dans Rétrovir, Combivir, Trizivir). Certaines données suggèrent que l’abacavir (contenu dans Ziagen, Kivexa, Trizivir) pourrait altérer l’efficacité de la ribavirine et de l’interféron pégylé (bithérapie standard contre le VHC).

TUBERCULOSELa rifampicine, indiquée contre la tuberculose, a des interactions importantes avec les antiprotéases et les non nucléosidiques. Le plus souvent, on ne peut les associer, mais, parfois, sous surveillance étroite, on ajuste les posologies. Il faut souvent utiliser la rifabutine chez les personnes co-infectées par VIH et tuberculose, sous étroite surveillance également, car il existe là aussi des interactions.

TRAITEMENTS DE SUBSTITUTIONCertains ARV modifient les concentrations de la méthadone : Prezista, Kaletra, Telzir, Sustiva, Viramune. C’est le cas aussi pour Subutex (buprénorphine) avec Prezista, Aptivus,

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fiches traitements +

Reyataz, Sustiva. Cela justifie une surveillance particulière. D’autres ARV n’interagissent pas avec la méthadone (Reyataz, Intelence, Isentress, Celsentri) ou Subutex (Kaletra, Atripla, Celsentri). Pour d’autres ARV, on ne dispose pas de l’information sur l’interaction.

FOIE ET REINSignalez à votre médecin si vous avez une maladie du foie ou du rein : cela peut influencer le choix des médicaments à prescrire ou faire modifier leur posologie.

ACIDOSE LACTIQUE Les nucléosides (utilisés contre le VIH ou l’hépatite B) peuvent être à l’origine d’une acidose lactique (excès d’acide lactique dans le sang). Quels sont les symptômes ? Douleurs abdominales, nausées et vomissements, douleurs musculaires, pertes d’appétit et troubles hépatiques. Rare mais sérieuse, l’acidose lactique touche plus souvent les femmes, surtout avec une surcharge pondérale, ou les malades du foie. Votre médecin doit surveiller ce risque. En cas de signes évocateurs, contactez-le sans attendre.

DIABÈTELes antiprotéases peuvent augmenter la présence de sucre dans le sang et entraîner le développement ou l’aggravation d’un diabète. Pour le vérifier, la fréquence des examens biologiques peut être augmentée.

RÉPARTITION DES GRAISSESCertains ARV anciens peuvent entraîner une modification de la répartition des graisses (lipodystrophie) : fonte de graisse (lipoatrophie) au niveau des jambes, des fesses, des bras et du visage ; ou accumulation de graisse (lipohypertrophie) au niveau du tronc et du ventre, des seins, du cou, de la nuque. Ces lipodystrophies ne doivent plus survenir avec l’arsenal thérapeutique dont on dispose aujourd’hui. Des prises en charge thérapeutiques de lipodystrophies sont possibles [lire p. 77]. Parlez-en à votre médecin.

COMPLICATIONS OSSEUSES Selon les traitements que vous prenez, votre médecin pourra vous proposer de réaliser des examens pour surveiller que des atteintes des os (ostéopénie ou ostéoporose) ne surviennent pas.

SYNDROME DE RECONSTITUTION IMMUNITAIRE (IRIS) Chez certaines personnes très immunodéprimées, les signes et symptômes inflammatoires dus à des infections antérieures peuvent survenir peu de temps après le début du traitement ARV. Cela serait lié à l’amélioration de la réponse du système immunitaire. Consultez rapidement votre médecin.

ÉRUPTIONS CUTANÉES ET HYPERSENSIBLITÉCertains médicaments (notamment Ziagen, Kivexa, Trizivir, Viramune, Intelence, Incivo, Victrelis) peuvent entraîner une réaction d’hypersensibilité (allergie avec éruption cutanée et fièvre, gonflement du visage, de la langue ou de la gorge, difficulté à respirer ou à avaler) qui peut mettre votre vie en danger. Contactez immédiatement votre médecin pour savoir la marche à suivre et s’il faut arrêter le traitement. Si on a arrêté un ARV à cause d’une réaction d’hypersensibilité, il ne faut jamais reprendre cette molécule. Parmi les cas sévères : le « Dress » (« Drug Rash » avec éosinophilie et symptômes systémiques) et le Lyell (avec décollement de la peau, toxidermie bulleuse).

GROSSESSE ET ALLAITEMENTPar prudence, en raison de l’insuffisance des données cliniques chez la femme enceinte, il est recommandé de ne pas utiliser certains traitements pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques. Sustiva (aussi contenu dans Atripla) est, quant à lui, strictement contre-indiqué au premier trimestre de la grossesse, en raison d’un risque de malformation pour l’enfant à naître.

ALLAITEMENTL’allaitement artificiel étant sans danger en contexte français, il est déconseillé aux mères vivant avec le VIH ou une hépatite virale, même traitées efficacement, d’allaiter leur enfant en raison du risque potentiel de transmission virale et d’éventuels effets indésirables chez l’enfant allaité. RP

Réveil

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milieu de matinée

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Atripla nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement. Atripla ne doit pas être utilisé en cas d’insuffisance hépatique sévère. Effets indésirables les plus fréquents : maux de tête, diarrhées, nausées, augmentation du taux de créatine kinase (avec douleurs et faiblesse musculaire). Des symptômes fréquents affectant le système nerveux apparaissent, souvent dès le premier jour : vertiges, insomnies, somnolence, problèmes de concentration, perturbation des rêves… Ils peuvent disparaître en quelques semaines ou se prolonger. Surviennent également fréquemment des troubles de l’humeur ou de la capacité de concentration (dépression, idées suicidaires, comportement coléreux et idées bizarres…). Voire, plus rarement, des tentatives de suicide (cependant plus fréquentes en cas d’antécédents de troubles psychiatriques). Contactez votre médecin si vous ressentez de tels symptômes. Une éruption cutanée, généralement bénigne à modérée, peut survenir, avec parfois modification de la couleur de la peau ou apparition de taches sombres. En cas d’éruption cutanée sévère (avec vésicules et un gonflement de la peau) ou s’accompagnant de fièvre, contactez votre médecin sans attendre.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Atripla peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière. Les troubles de la pensée et de l’humeur peuvent se prolonger au-delà des premières semaines.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Atripla peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), bépridil (contre les troubles du rythme cardiaque), pimozide (antipsychotique) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine, ergotamine. En raison de modification des concentrations plasmatiques de la carbamazepine (anti-épileptique), de l’itraconazole et du voriconazole (antifongiques) sans possibilité d’ajustement posologique, Atripla ne peut pas être co-administré avec ces médicaments. Le millepertuis peut diminuer l’efficacité d’Atripla.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins. La rifampicine peut diminuer l’efficacité d’Atripla. Atripla peut diminuer l’efficacité de certaines statines (atorvastatine, pravastatine, simvastatine), de la clarithromycine

(antibiotique), des inhibiteurs des canaux calciques (felodipine, nicardipine, nifédipine, verapamil, diltiazem), de la rifabutine (antituberculeux), du voriconazole (antifongique). Atripla peut modifier les concentrations des contraceptifs oraux, de la warfarine, du phénobarbital (barbiturique) et de la phénytoïne (anti-épileptique). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Atripla peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone ainsi que du Subutex (buprénorphine), ce qui justifie une surveillance particulière.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Atripla peut majorer les troubles de l’humeur associés à l’interféron pégylé utilisé contre le VHC. Beaucoup de médecins préfèrent ne pas l’utiliser en même temps que l’interféron. Les concentrations de Victrelis peuvent être réduites en cas de co-administration avec Atripla. En cas d’utilisation d’Atripla avec Incivo, une augmentation de la dose d’Incivo sera nécessaire.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Le ténofovir contenu dans Atripla est également indiqué contre le VHB. L’efavirenz contenu dans Atripla et l’interféron pégylé sont associés à des troubles dépressifs.

JE SUIS ENCEINTE  Atripla, qui contient de l’efavirenz, ne doit pas être utilisé par les femmes enceintes au premier trimestre de la grossesse, en raison du risque de malformations chez l’enfant à naître.

POSOLOGIE Atripla contient 300 mg de ténofovir (Viread) et 200 mg d’emtricitabine (Emtriva) et 600 mg d’efavirenz (Sustiva). PRISE : un comprimé une fois par jour. Pour améliorer la tolérance, il est recommandé de prendre Atripla au coucher.

POSOLOGIE ENFANT Emtriva est indiqué chez l’enfant à partir de 4 mois : il existe une forme solution buvable avec une posologie en fonction du poids ; la forme gélule adulte est utilisable chez l’enfant de plus de 33 kg. Viread est en cours de validation pour un usage pédiatrique dans le cadre de l’infection à VIH chez l’enfant à partir de 2 ans (avec une forme granulés adaptée) et chez l’adolescent, également dans le cadre de l’infection à VHB chez l’adolescent. Sustiva n’est pas adapté aux enfants de moins de 3 ans. De 13 à 15 kg : 200 mg par jour ; de 15 à 20 kg : 250 mg par jour ; de 20 à 25 kg : 300 mg par jour ; de 25 à 32,5 kg : 350 mg par jour ; de 32,5 à 40 kg : 400 mg par jour ; plus de 40 kg : dose adulte. Il existe des gélules dosées à 50, 100 et 200 mg, ainsi qu’une solution buvable (1 ml = 30 mg).

À RETENIR – Atripla combine Truvada et Sustiva dans un comprimé unique.– Atripla ne doit pas être utilisé pendant le premier trimestre de grossesse (contient du Sustiva).

Cette trithérapie en un comprimé unique par jour associe trois inhibiteurs de la transcriptase du VIH : un analogue nucléosidique (emtricitabine, Emtriva), un analogue nucléotidique (ténofovir, Viread) et un non-analogue nucléosidique (efavirenz, Sustiva).

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FICHES TRAITEMENTS +

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Eviplera nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement. En raison d’une insuffisance de données, Eviplera doit être utilisé avec prudence chez les personnes âgées, ou avec une insuffisance rénale sévère, ou avec une insuffisance hépatique modérée. Il n’est pas recommandé en cas d’insuffisance hépatique sévère. Effets indésirables les plus fréquents : maux de tête, diarrhées, nausées, augmentation du taux de créatine kinase (avec douleurs et faiblesse musculaire). Des effets cutanés peuvent être observés : modification de la couleur de la peau, apparition de taches sombres. À ce jour, il n’a pas été rapporté de syndrome d’hypersensibilité (dont « Dress »).

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Eviplera peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière. Effets indésirables les plus fréquemment rapportés : nausées, céphalées (maux de tête) et modifications du taux sanguin d’enzymes du foie (transaminases) ; puis éruption cutanée, fatigue, problèmes au niveau gastro-intestinal (douleur à l’estomac, vomissements, gêne gastrique, bouche sèche), diminution de l’appétit, dépression ou humeur dépressive, troubles du sommeil (dont rêves anormaux, difficultés d’endormissement ou insomnie).

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Eviplera ne doit pas être co-administré avec certains médicaments qui peuvent diminuer son efficacité : les anticonvulsivants (carbamazépine, oxcarbazépine, phénobarbital, phénytoïne), les antituberculeux (rifabutine, rifampicine, rifapentine), les inhibiteurs de la pompe à protons (tels que oméprazole, ésoméprazole, lansoprazole, pantoprazole, rabéprazole), le glucocorticoïde systémique dexaméthasone (sauf en cas de traitement à dose unique), le millepertuis.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Le risque de toxicité rénale du ténofovir contenu dans Viread peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins. Eviplera peut modifier les concentrations de médicaments tels que dabigatran (anticoagulant oral), digoxine (digitalique), metformine (antidiabétique). Les concentrations de rilpivirine (contenu dans Eviplera)peuvent être modifiées en cas d’association avec les antibiotiques, tels que clarithromycine et érythromycine. Eviplera doit être utilisé avec prudence avec les anti-H2 (tels que cimétidine, famotidine, ranitidine) : seuls les anti-H2 en une prise par jour doivent être utilisés, au moins 12 heures avant ou au moins 4 heures après Eviplera. Les anti-acides �− hydroxyde d’aluminium ou

de magnésium (Maalox, Xolaam) ou carbonate de calcium (Rennie) − doivent être administrés au moins 2 heures avant, ou au moins 4 heures après Eviplera. Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Méthadone : aucun ajustement posologique n’est nécessaire lors de l’initiation, mais une surveillance clinique est recommandée car un ajustement des doses de méthadone peut s’avérer nécessaire (possible baisse des concentrations). Subutex (buprénorphine) : pas de données disponibles.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Pas d’interaction attendue avec la ribavirine. Des données sont en cours d’analyse avec Incivo. Pas de données à ce stade avec Victrelis.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Le ténofovir contenu dans Eviplera est également indiqué contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE   Par prudence, en raison de l’insuffisance des données cliniques chez la femme enceinte, il est recommandé de ne pas utiliser Eviplera pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.  

POSOLOGIE Eviplera contient 300 mg de ténofovir (Viread), 200 mg d’emtricitabine (Emtriva) et 25 mg d’Edurant. PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours du repas.

POSOLOGIE ENFANT Emtriva est indiqué chez l’enfant à partir de 4 mois : il existe une forme solution buvable avec une posologie en fonction du poids ; la forme en gélule adulte pourra être utilisée chez l’enfant de plus de 33 kg. Viread est en cours de validation pour un usage pédiatrique dans le cadre de l’infection à VIH chez l’enfant à partir de 2 ans (avec une forme granulés adaptée) et chez l’adolescent, également dans le cadre de l’infection à VHB chez l’adolescent. Edurant : son utilisation n’est actuellement pas validée chez l’enfant et l’adolescent.

À RETENIR – Eviplera combine Truvada et Edurant dans un comprimé unique.– Eviplera a été commercialisé en France en septembre 2012.

Cette trithérapie en un comprimé unique par jour associe trois inhibiteurs de la transcriptase du VIH : un analogue nucléosidique (emtricitabine, Emtriva), un analogue nucléotidique (ténofovir, Viread) et un non-analogue nucléosidique (rilpivirine, Edurant).

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Viread (contenu dans Truvada) nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement. Emtriva (contenu dans Truvada) : les effets indésirables les plus fréquents sont maux de tête, diarrhées, nausées, augmentation du taux de créatine kinase (avec douleurs et faiblesse musculaire). Des effets cutanés peuvent être observés : modification de la couleur de la peau, apparition de taches sombres. Avec Viramune, il est très important de respecter le schéma suivant : pendant les 14 premiers jours, 200 mg uniquement par jour. En l’absence d’éruption cutanée, la dose est augmentée, à partir du 15e jour, à 400 mg par jour. Les cinq premiers mois requièrent une surveillance étroite de la survenue d’une éruption cutanée ou d’une hépatite grave. En cas de signes d’hépatite (perte d’appétit, nausées, vomissements ou jaunisse), contactez votre médecin sans attendre. Les réactions allergiques peuvent prendre la forme d’une éruption cutanée, avec d’autres effets indésirables (fièvre, formation de cloques sur la peau, plaies dans la bouche, inflammation des yeux, gonflement du visage, œdème, douleurs musculaires ou articulaires, malaise général…). Contactez votre médecin immédiatement car cela peut mettre votre vie en danger.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Viread (contenu dans Truvada) peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière. Avec Viramune, des toxicités graves sur le foie peuvent survenir. Aussi, en cas de douleurs abdominales, de nausées et de vomissements, contactez votre médecin.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER La rifampicine et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité de Viramune. Viramune peut diminuer l’efficacité de la clarithromycine (antibiotique).

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Avec Viread (contenu dans Truvada), le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins. Avec Viramune, la toxicité peut être majorée par les médicaments contenant du fluconazole (Triflucan, contre la candidose). Viramune peut : modifier l’efficacité des anticoagulants oraux (warfarine) ; diminuer l’efficacité des contraceptifs oraux et des médicaments contenant de l’itraconazole (antifongique), du kétoconazole (antifongique) ; majorer la toxicité de la rifabutine (contre la tuberculose). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Viramune peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone, ce qui justifie une surveillance particulière. Pas d’informations sur les interactions avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Truvada : pas d’interaction attendue. Viramune : les données sont insuffisantes pour autoriser une utilisation en association avec les traitements de l’hépatite C.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Le ténofovir contenu dans Truvada est également indiqué contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE  Des données rassurantes sont disponibles sur plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Truvada. Viramune : les données disponibles sont rassurantes pour l’enfant à naître, en revanche, l’utilisation de Viramune pendant la grossesse nécessite un suivi particulier au regard de la toxicité sur le foie de la mère.

POSOLOGIE Truvada contient 300 mg de ténofovir (Viread) et 200 mg d’emtricitabine (Emtriva). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours du repas. Viramune : un comprimé 400 mg à libération prolongée est en cours de commercialisation, il autorise une prise unique par jour. PRISE : 200 mg (un comprimé à libération immédiate) pendant les 14 premiers jours. Puis 400 mg par jour (au choix : un comprimé à libération immédiate 200 mg deux fois par jour, ou un comprimé à libération prolongée 400 mg une fois par jour).

POSOLOGIE ENFANT Emtriva est indiqué chez l’enfant à partir de 4 mois : il existe une forme solution buvable avec une posologie en fonction du poids ; la forme en gélule adulte pourra être utilisée chez l’enfant de plus de 33 kg. Viread est en cours de validation pour un usage pédiatrique dans le cadre de l’infection à VIH chez l’enfant à partir de 2 ans (avec une forme granulés adaptée) et chez l’adolescent, également dans le cadre de l’infection à VHB chez l’adolescent. Viramune. Enfant de 2 mois à 8 ans : 4 mg/kg par jour pendant 14 jours, puis 7 mg/kg deux fois par jour. Enfant de plus de 8 ans : 4 mg/kg par jour pendant 14 jours, puis 4 mg/kg deux fois par jour. Il existe une forme buvable de Viramune (1 ml = 10 mg). Un comprimé de 100 mg à libération prolongée est en cours de commercialisation.

À RETENIR – La forme Viramune à libération prolongée (400 mg) en cours de commercialisation autorise une prise unique par jour.– Pendant les 14 premiers jours de traitement, la posologie de Viramune est réduite à 200 mg.

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Cette trithérapie associe trois inhibiteurs de la transcriptase inverse : un analogue nucléosidique (Emtriva), un analogue nucléotidique (Viread), tous deux contenus dans Truvada, et un non-analogue nucléosidique (Viramune).

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FICHES TRAITEMENTS +

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Kivexa : avant la mise sous traitement, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 est réalisé. Kivexa ne peut pas être utilisé chez les porteurs de cet allèle qui ont un risque accru de développer une réaction allergique d’hypersensibilité potentiellement grave à l’abacavir contenu dans Kivexa. Appelez immédiatement votre médecin qui vous dira si vous devez arrêter de prendre Kivexa, si vous présentez une éruption cutanée ou des symptômes appartenant à au moins deux des catégories suivantes : fièvre ; essoufflement, maux de gorge ou toux ; nausées, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales ; fatigue, courbatures sévères ou sensation de malaise général. Si c’est le cas, ne reprenez jamais un médicament contenant de l’abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir), car cela peut entraîner en quelques heures une mise en jeu du pronostic vital. Avec Viramune, il est très important de respecter le schéma suivant : pendant les 14 premiers jours, 200 mg seulement par jour. En l’absence d’éruption cutanée, la dose est augmentée, à partir du 15e jour, à 400 mg par jour. Les cinq premiers mois requièrent une surveillance étroite de la survenue d’une éruption cutanée ou d’une hépatite grave. En cas de signes d’hépatite (perte d’appétit, nausées, vomissements ou jaunisse), contactez votre médecin sans attendre. Les réactions allergiques peuvent prendre la forme d’une éruption cutanée, avec d’autres effets indésirables (fièvre, formation de cloques sur la peau, plaies dans la bouche, inflammation des yeux, gonflement du visage, œdème, douleurs musculaires ou articulaires, malaise général…). Contactez votre médecin immédiatement car cela peut mettre votre vie en danger.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Viread (contenu dans Truvada) peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière. Avec Viramune, des toxicités graves sur le foie peuvent survenir, aussi, en cas de douleurs abdominales, de nausées et de vomissements, contactez votre médecin.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER La rifampicine et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité de Viramune. Viramune peut diminuer l’efficacité de la clarithromycine (antibiotique).

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Avec Viread (contenu dans Truvada), le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins. Avec Viramune, la toxicité peut être majorée par les médicaments contenant du fluconazole (Triflucan, contre la candidose). Viramune

peut : modifier l’efficacité des anticoagulants oraux (warfarine) ; diminuer l’efficacité des contraceptifs oraux et des médicaments contenant de l’itraconazole (antifongique), du kétoconazole (antifongique) ; majorer la toxicité de la rifabutine (contre la tuberculose). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Votre traitement peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone, ce qui justifie une surveillance particulière. Pas d’informations sur les interactions avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Kivexa : pas d’interaction attendue avec Victrelis et Incivo. En revanche, l’abacavir contenu dans Kivexa peut interagir avec la ribavirine. Association possible sous surveillance. Viramune : les données sont insuffisantes pour autoriser une utilisation en association avec les traitements de l’hépatite C.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB La lamivudine contenue dans Kivexa est également active contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE Des données rassurantes sont disponibles sur plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Kivexa. Viramune : les données disponibles sont rassurantes pour l’enfant à naître. En revanche, l’utilisation de Viramune pendant la grossesse nécessite un suivi particulier au regard de la toxicité sur le foie de la mère.

POSOLOGIE Kivexa contient 600 mg d’abacavir (Ziagen) et 300 mg de lamivudine (Epivir). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours ou en dehors des repas. Kivexa ne doit pas être administré aux adultes ou adolescents de moins de 40 kg. Viramune : un comprimé de 400 mg à libération prolongée est en cours de commercialisation, il autorise une prise unique par jour. PRISE : 200 mg (un comprimé à libération immédiate) pendant les 14 premiers jours, puis 400 mg par jour (au choix : un comprimé à libération immédiate de 200 mg 2 fois par jour, ou un comprimé à libération prolongée de 400 mg 1 fois par jour).

POSOLOGIE ENFANT Kivexa : les enfants de moins de 12 ans prendront Epivir et Ziagen (contenus dans Kivexa) séparément en fonction de leur âge et de leur poids. Viramune : enfant de 2 mois à 8 ans, 4 mg/kg par jour pendant 14 jours, puis 7 mg/kg 2 fois par jour. Enfant de plus de 8 ans : 4 mg/kg par jour pendant 14 jours, puis 4 mg/kg 2 fois par jour. Une forme buvable existe (1 ml = 10 mg). Un comprimé de 100 mg à libération prolongée est en cours de commercialisation.

À RETENIR – La forme Viramune à libération prolongée (400 mg) en cours de commercialisation autorise une prise unique par jour.– Pendant les 14 premiers jours de traitement, la posologie de Viramune est réduite à 200 mg.– Avant la mise sous traitement par Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 sera réalisé pour réduire le risque d’allergie (hypersensibilité).

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Cette trithérapie associe trois inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH : deux analogues nucléosidiques contenus dans Kivexa (Epivir et Ziagen) et un non-analogue nucléosidique (Viramune).

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Avant la mise sous traitement avec Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 est réalisé. Kivexa ne peut pas être utilisé chez les porteurs de cet allèle qui ont un risque accru de développer une réaction allergique d’hypersensibilité potentiellement grave à l’abacavir contenu dans Kivexa. Appelez immédiatement votre médecin qui vous dira si vous devez arrêter de prendre Kivexa, si vous présentez une éruption cutanée ou des symptômes appartenant à au moins deux des catégories suivantes : fièvre ; essoufflement, maux de gorge ou toux ; nausées, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales ; fatigue, courbatures sévères ou sensation de malaise général. Si c’est le cas, ne reprenez jamais un médicament contenant de l’abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir), car cela peut entraîner en quelques heures une mise en jeu du pronostic vital. Sustiva ne doit pas être pris en cas d’insuffisance hépatique sévère. Des symptômes fréquents affectant le système nerveux apparaissent souvent dès le premier jour : vertiges, insomnies, somnolence, problèmes de concentration, perturbation des rêves… Ils peuvent disparaître en quelques semaines ou se prolonger. Surviennent également fréquemment des troubles de l’humeur ou de la capacité de concentration (dépression, idées suicidaires, comportement coléreux et idées bizarres…). Plus rarement, des tentatives de suicide (mais plus fréquentes en cas d’antécédents de troubles psychiatriques). Contactez votre médecin si vous ressentez de tels symptômes. Une éruption cutanée bénigne à modérée peut survenir. En cas d’éruption sévère (avec vésicules et gonflement de la peau) ou accompagnée de fièvre, contactez votre médecin sans attendre.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Avec Sustiva, les troubles de la pensée et de l’humeur peuvent se prolonger au-delà des premières semaines.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Sustiva peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), bépridil (contre les troubles du rythme cardiaque), pimozide (antipsychotique) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle (tels que dihydroergotamine, ergotamine). En raison de modification des concentrations plasmatiques de la carbamazepine (anti-épileptique), de l’itraconazole et du voriconazole (antifongiques) sans possibilité d’ajustement posologique, Sustiva ne peut pas être co-administré avec ces médicaments. Le millepertuis peut diminuer son efficacité.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE La rifampicine peut diminuer l’efficacité de Sustiva. Sustiva peut diminuer l’efficacité : de certaines statines (atorvastatine, pravastatine, simvastatine), de la clarithromycine

(antibiotique), des inhibiteurs des canaux calciques (felodipine, nicardipine, nifédipine, verapamil, diltiazem), de la rifabutine (antituberculeux), du voriconazole (antifongique). Sustiva peut modifier les concentrations : des contraceptifs oraux, de la warfarine, du phénobarbital (barbiturique) et de la phénytoïne (anti-épileptique). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Votre traitement peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone ainsi que de Subutex (buprénorphine), ce qui justifie une surveillance particulière.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Pas d’interaction attendue avec Victrelis et Incivo. En revanche, l’abacavir contenu dans Kivexa peut interagir avec la ribavirine. L’association est possible sous surveillance. Sustiva peut majorer les troubles de l’humeur associés à l’interféron pégylé utilisé contre le VHC. Beaucoup de médecins préfèrent ne pas l’utiliser en même temps que l’interféron. Les concentrations de Victrelis peuvent être réduites en cas de co-administration avec Sustiva. En cas d’utilisation du Sustiva avec Incivo, une augmentation de la dose d’Incivo sera nécessaire.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB La lamivudine contenue dans Kivexa est également active contre le VHB. Il n’est pas attendu d’interaction de Sustiva avec les antiviraux utilisés contre l’hépatite B. Sustiva et l’interféron pégylé sont associés à des troubles dépressifs.

JE SUIS ENCEINTE  Des données rassurantes sont disponibles chez plusieurs centaines de femmes ayant reçu Kivexa. Sustiva ne doit pas être utilisé par les femmes enceintes au 1er trimestre de la grossesse en raison du risque de malformations chez l’enfant à naître.

POSOLOGIE Kivexa contient 600 mg d’abacavir (Ziagen) et 300 mg de lamivudine (Epivir). PRISE : 1 comprimé 1 fois par jour, au cours ou en dehors des repas. Kivexa ne doit pas être administré aux adultes ou adolescents pesant moins de 40 kg.Sustiva : 600 mg d’efavirenz (Sustiva). Prise : 1 comprimé 1 fois par jour. Il est recommandé de prendre Sustiva au coucher.

POSOLOGIE ENFANT Kivexa : les enfants de moins de 12 ans doivent prendre Epivir et Ziagen (contenus dans Kivexa) séparément selon leur âge et leur poids. Sustiva n’est pas adapté aux enfants de moins de 3 ans. De 13 à 15 kg : 200 mg/jour ; de 15 à 20 kg : 250 mg/jour ; de 20 à 25 kg : 300 mg/jour ; de 25 à 32,5 kg : 350 mg/jour ; de 32,5 à 40 kg : 400 mg/jour ; plus de 40 kg : dose adulte. Il existe des gélules dosées à 50, 100 et 200 mg, et une solution buvable (1 ml = 30 mg).

À RETENIR – Avant la mise sous traitement par Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 sera réalisé, pour réduire le risque d’allergie (hypersensibilité). – Sustiva ne doit pas être utilisé pendant le premier trimestre de grossesse.

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Cette trithérapie associe trois inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH, deux analogues nucléosidiques (Epivir et Ziagen, contenus dans Kivexa) et un non-analogue nucléosidique (Sustiva).

KIVEXA + SUSTIVA

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FICHES TRAITEMENTS +

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Viread (contenu dans Truvada) nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement. Avec Emtriva (contenu dans Truvada) les effets indésirables les plus fréquents sont : maux de tête, diarrhées, nausées, augmentation du taux de créatine kinase (avec douleurs et faiblesse musculaire). Des effets cutanés peuvent être observés : modification de la couleur de la peau, apparition de taches sombres.Reyataz peut entraîner une coloration jaune du blanc des yeux ou de la peau, vous devez alors contacter votre médecin. Des effets digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, indigestion, douleur abdominale), une éruption cutanée, des maux de tête, ont été rapportés.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Viread (contenu dans Truvada) peut : altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Reyataz / Norvir peut : majorer les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), bépridil, quinidine, (contre les troubles du rythme cardiaque) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine, les risques d’hypotension avec l’alfuzosine (Xatral). La toxicité de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire) peut être majorée. La rifampicine (contre la tuberculose) et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité de Reyataz / Norvir.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Viread (contenu dans Truvada) : le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins.Reyataz/Norvir peut majorer : le risque d’effets indésirables de type crampes ou douleurs musculaires de statines tels qu’atorvastatine (Tahor) et simvastatine (Zocor, Inegy) ; le risque de baisse de la tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra) ; la toxicité des anti-inflammatoires stéroïdiens (tels que flucticasone, prednisolone) utilisés par voie systémique ou locale (notamment en pulvérisation nasale), de la clarithromycine (antibiotique), du diltiazem, de l’itraconazole et du kétoconazole (antifongiques), des immunosuppresseurs (ciclosporine, tacrolimus, sirolimus), de la rifabutine (contre la tuberculose), du salmétérol (anti-asthmatique) et du vérapamil (contre les troubles du rythme cardiaque).

Reyataz / Norvir peut modifier les concentrations des anticoagulants oraux (warfarine) et des contraceptifs oraux, et diminuer l’efficacité du voriconazole (antifongique). Les anti-acides peuvent diminuer l’efficacité de Reyataz ; prévenez votre médecin car une augmentation de la dose de Reyataz peut être nécessaire. Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Reyataz peut entraîner une augmentation des concentrations de buprénorphine (Subutex), nécessitant un suivi clinique, voire une réduction des doses de Subutex, mais ne semble pas interagir avec la méthadone.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Reyataz peut être utilisé en même temps qu’Incivo (avec surveillance de l’hyperbilirubinémie). L’association avec Victrelis n’est pas recommandée car elle peut altérer l’efficacité du Reyataz ; elle ne sera envisagée par votre médecin qu’en cas de charge virale indétectable et d’absence de résistance.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Le ténofovir contenu dans Truvada est également indiqué contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE Des données rassurantes sont disponibles sur plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Truvada ou Reyataz / Norvir. En cas d’utilisation pendant la grossesse, des ajustements posologiques peuvent être nécessaires.

POSOLOGIE Truvada contient 300 mg de ténofovir (Viread) et 200 mg d’emtricitabine (Emtriva). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours du repas. PRISE de Reyataz / Norvir : une gélule de Reyataz de 300 mg, associée à un comprimé de 100 mg de Norvir par jour.

POSOLOGIE ENFANT Emtriva est indiqué chez l’enfant à partir de 4 mois : il existe une forme solution buvable avec une posologie en fonction du poids ; la forme en gélule adulte pourra être utilisée chez l’enfant de plus de 33 kg. Viread est en cours de validation pour un usage pédiatrique dans le cadre de l’infection à VIH chez l’enfant à partir de 2 ans (avec une forme granulés adaptée) et chez l’adolescent, également dans le cadre de l’infection à VHB chez l’adolescent. Chez l’enfant à partir de 6 ans, Reyataz / Norvir peut être utilisé avec une posologie en fonction du poids. À partir de 40 kg, l’enfant peut recevoir la dose adulte.

À RETENIR– Les comprimés de Norvir peuvent être conservés à température ambiante.

Cette trithérapie associe deux inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH contenus dans Truvada (un nucléosidique, Emtriva, et un nucléotidique, Viread) et l’antiprotéase Reyataz, co-administrée avec le booster Norvir pour majorer son efficacité.

TRUVADA + REYATAZ / NORVIR

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Viread (contenu dans Truvada) nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement. Avec Emtriva (contenu dans Truvada), les effets indésirables les plus fréquents sont maux de tête, diarrhées, nausées, augmentation du taux de créatine kinase (avec douleurs et faiblesse musculaire). Des effets cutanés peuvent être observés : modification de la couleur de la peau, apparition de taches sombres. Prezista doit être utilisé avec précaution chez les personnes présentant des troubles du foie légers ou modérés. Il ne doit pas être administré aux personnes atteintes de graves troubles du foie. Des effets digestifs (diarrhées, nausées-vomissements) ont été fréquemment rapportés, ainsi que : réactions cutanées, maux de tête, sensations vertigineuses, fatigue, picotements dans les mains ou les pieds, sensation de faiblesse, difficultés d’endormissement. En cas d’éruption cutanée sévère (avec vésicules et gonflement de la peau) ou s’accompagnant de fièvre, contactez votre médecin sans attendre.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Viread (contenu dans Truvada) peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Prezista / Norvir peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), amiodarone, bépridil et quinidine (contre les troubles du rythme cardiaque), pimozide et sertindole (antipsychotiques) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine ; la toxicité de certaines statines telles que simvastatine (Zocor, Inegy). La toxicité de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire) peut être majorée. La rifampicine et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité de Prezista / Norvir.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Viread (contenu dans Truvada) : le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins. Prezista / Norvir peut majorer : le risque d’effets indésirables de type crampes ou douleurs musculaires de certaines statines telles qu’atorvastatine (Tahor) ; le risque de baisse de la tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra), tadalafil (Cialis) ou vardenafil (Levitra) ; la toxicité des anti-arythmiques (tels que flécaïnide, propafénone), des anti-inflammatoires stéroïdiens oraux ou locaux (comme flucticasone, budesonide), du bosentan, de la carbamazépine (anti-épileptique et régulateur de l’humeur), de la clarithromycine (antibiotique), de la colchicine (médicament antigoutteux), des immunosuppresseurs (ciclosporine, sirolimus, tacrolimus),

de l’itraconazole et du kétoconazole (antifongiques), du métoprolol (utilisé contre les problèmes cardiaques et migraine) de la nicardipine, de la felodipine et de la nifédipine (contre l’angine de poitrine et l’hypertension), de la pravastatine (Zentiva), de la rifabutine (contre la tuberculose) et du salmétérol (anti-asthmatique). Les médicaments contenant dexaméthasone (glucocorticoïde), phénobarbital (barbiturique), phénytoïne (anti-épileptique) risquent de diminuer l’efficacité de Prezista / Norvir. Prezista / Norvir peut modifier les concentrations des anticoagulants oraux (warfarine) et diminuer l’efficacité des contraceptifs oraux, du répaglinide (antidiabétique), du voriconazole (antifongique), des antidépresseurs (paroxétine, sertraline). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Prezista peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone et de Subutex (buprénorphine), ce qui justifie une surveillance particulière.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Prezista ne peut pas être utilisé en même temps qu’Incivo ou Victrelis.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Le ténofovir contenu dans Truvada est également indiqué contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE Des données rassurantes sont disponibles sur plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Truvada. En raison de l’insuffisance des données cliniques, il est recommandé de ne pas utiliser Prezista pendant la grossesse. Mais votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.

POSOLOGIE Truvada contient 300 mg de ténofovir (Viread) et 200 mg d’emtricitabine (Emtriva). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours du repas. Prezista / Norvir. CAS N° 1 : deux comprimés de 400 mg associés à un comprimé de 100 mg de Norvir une fois par jour, au cours du repas. CAS N° 2 : chez certaines personnes prétraitées (avec mutations de résistance au darunavir, charge virale > 100 000 copies / ml et CD4 < 100 / mm3), la posologie en une prise n’est pas adaptée. Utilisez un comprimé de 600 mg matin et soir, associé à un comprimé de 100 mg de Norvir matin et soir, au cours du repas.

POSOLOGIE ENFANT Emtriva est indiqué à partir de 4 mois : en solution buvable avec une posologie en fonction du poids ; en gélule adulte chez l’enfant de plus de 33 kg. Viread est en cours de validation pour un usage pédiatrique dans le cadre de l’infection à VIH à partir de 2 ans (forme granulés adaptée). Prezista peut être utilisé chez l’enfant prétraité à partir de 6 ans (poids > 20 kg). Posologie en fonction du poids. À partir de 40 kg, posologie adulte.

À RETENIR- Les comprimés de Norvir peuvent être conservés à température ambiante.

Cette trithérapie associe deux inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH contenus dans Truvada (un nucléosidique, Emtriva, et un nucléotidique, Viread) et l’antiprotéase Prezista, co-administrée avec le booster Norvir pour majorer son efficacité.

TRUVADA + PREZISTA / NORVIR

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CAS N° 1

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FICHES TRAITEMENTS +

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Viread (contenu dans Truvada) nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement. Avec Emtriva (contenu dans Truvada), les effets indésirables les plus fréquents sont maux de tête, diarrhées, nausées, augmentation du taux de créatine kinase (avec douleurs et faiblesse musculaire). Des effets cutanés peuvent être observés : modification de la couleur de la peau, apparition de taches sombres. Avec Kaletra, les effets secondaires les plus fréquents sont digestifs (diarrhées, nausées) ; sont également rapportés fréquemment vomissements, maux de tête, insomnie, sensation de fatigue, éruptions cutanées.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Viread (contenu dans Truvada) peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Kaletra peut majorer ; les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), amiodarone (contre les troubles du risque cardiaque), pimozide (antipsychotique) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine ; la toxicité musculaire de la simvastatine (Zocor, Inegy) ; la toxicité du vardenafil (Levitra) et de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire). Le millepertuis peut diminuer l’efficacité de Kaletra.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Avec Viread (contenu dans Truvada), le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins.Kaletra peut majorer : le risque d’effets indésirables de type crampes ou douleurs musculaires de certaines statines telles qu’atorvastatine (Tahor) ; le risque de baisse de la tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra) et tadalafil (Cialis) ; la toxicité des anti-inflammatoires stéroïdiens oraux ou locaux (flucticasone, prednisolone…), du bépridil (contre l’angine de poitrine), de la clarithromycine (antibiotique), de la colchicine (alcaloïde), de la digoxine (digitalique), des immunosuppresseurs (ciclosporine, sirolimus, tacrolimus), des inhibiteurs des canaux calciques (felodipine, nifédipine, nicardipine), de l’itraconazole et de kétoconazole (antifongiques), de la quinidine, de la rifabutine (contre la tuberculose), du salmétérol (anti-asthmatique). Kaletra peut modifier les concentrations des anticoagulants oraux (warfarine) et diminuer l’efficacité du bupropion (Zyban), des contraceptifs oraux et du voriconazole (antifongique). Les médicaments contenant bosentan (Tracleer), phénytoïne et carbamazépine (anti-épileptique et régulateur de l’humeur), dexaméthasone (glucocorticoïde), phénobarbital

(barbiturique), rifampicine (contre la tuberculose) risquent de diminuer l’efficacité de Kaletra. Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Kaletra peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone, ce qui justifie une surveillance médicale particulière, mais ne semble pas interagir avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Kaletra ne peut pas être utilisé en même temps qu’Incivo ou Victrelis.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Le ténofovir contenu dans Truvada est également indiqué contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE  Des données rassurantes sont disponibles sur plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Truvada ou Kaletra.

POSOLOGIE Truvada contient 300 mg de ténofovir (Viread) et 200 mg d’emtricitabine (Emtriva). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours du repas. Kaletra contient 200 mg de lopinavir et 50 mg de ritonavir. Deux modes de prise sont possibles : 4 comprimés une fois par jour ; ou 2 comprimés toutes les douze heures environ avec ou en dehors des repas. Le schéma en une prise par jour semble moins bien toléré au niveau gastro-intestinal (diarrhées).

POSOLOGIE ENFANT Emtriva est indiqué chez l’enfant à partir de 4 mois : il existe une forme solution buvable avec une posologie en fonction du poids ; la forme en gélule adulte pourra être utilisée chez l’enfant de plus de 33 kg.Viread est en cours de validation pour un usage pédiatrique dans le cadre de l’infection à VIH chez l’enfant à partir de 2 ans (avec une forme en granulés adaptée) et chez l’adolescent, également dans le cadre de l’infection à VHB chez l’adolescent.Kaletra : chez l’enfant de plus de 2 ans, la posologie est adaptée à la surface corporelle. La posologie adulte est utilisable chez l’adolescent à partir de 12 ans.

À RETENIR– Kaletra est utilisable en une ou deux prises par jour. Le schéma en une prise par jour semble moins bien toléré au niveau gastro-intestinal (diarrhées).– Les comprimés de Kaletra peuvent être pris au cours ou en dehors des repas et se conservent à température ambiante.

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

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Cette trithérapie associe deux inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH contenus dans Truvada (un nucléosidique, Emtriva, et un nucléotidique, Viread) et l’association fixe de l’antiprotéase lopinavir boostée par ritonavir (Kaletra).

TRUVADA + KALETRA

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Avant la mise sous traitement avec Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 est réalisé. Kivexa ne peut pas être utilisé chez les porteurs de cet allèle qui ont un risque accru de développer une réaction allergique d’hypersensibilité potentiellement grave à l’abacavir contenu dans Kivexa. Appelez immédiatement votre médecin qui vous dira si vous devez arrêter de prendre Kivexa, si vous présentez une éruption cutanée ou des symptômes appartenant à au moins deux des catégories suivantes : fièvre ; essoufflement, maux de gorge ou toux ; nausées, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales ; fatigue, courbatures sévères ou sensation de malaise général. Si c’est le cas, ne reprenez jamais un médicament contenant de l’abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir), car cela peut entraîner en quelques heures une mise en jeu du pronostic vital. Reyataz peut entraîner une coloration jaune du blanc des yeux ou de la peau, vous devez alors contacter votre médecin. Des effets digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, indigestion, douleur abdominale), une éruption cutanée, des maux de tête, ont été rapportés.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Reyataz / Norvir peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), bépridil, quinidine (contre les troubles du rythme cardiaque) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine, les risques d’hypotension avec l’alfuzosine (Xatral). La toxicité de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire) peut être majorée. La rifampicine (contre la tuberculose) et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité de Reyataz / Norvir.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Reyataz / Norvir peut majorer : le risque d’effets indésirables de type crampes ou douleurs musculaires de statines telles qu’atorvastatine (Tahor) et simvastatine (Zocor, Inegy) ; le risque de baisse de la tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra) ; la toxicité des anti-inflammatoires stéroïdiens (tels que flucticasone, prednisolone) utilisés par voie systémique ou locale (notamment en pulvérisation nasale), de la clarithromycine (antibiotique), du diltiazem, de l’itraconazole et du kétoconazole (antifongiques), des immunosuppresseurs (ciclosporine, tacrolimus, sirolimus), de la rifabutine (contre la tuberculose), du salmétérol (anti-asthmatique) et du verapamil (contre les troubles du rythme cardiaque). Reyataz / Norvir peut modifier les concentrations des anticoagulants oraux (warfarine) et des contraceptifs oraux, et diminuer l’efficacité du voriconazole

(antifongique). Les anti-acides peuvent diminuer l’efficacité de Reyataz ; prévenez votre médecin car une augmentation de dose de Reyataz peut être nécessaire. Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Il n’est pas attendu d’interaction avec la méthadone chez la majorité des personnes, mais, occasionnellement, une adaptation de posologie peut s’avérer nécessaire. Votre traitement peut entraîner une augmentation des concentrations de buprénorphine (Subutex) nécessitant un suivi clinique, voire une réduction des doses de Subutex.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Pas d’interaction attendue avec Victrelis et Incivo. En revanche, l’abacavir contenu dans Kivexa peut interagir avec  la ribavirine. L’association est possible sous surveillance. Reyataz peut être utilisé en même temps qu’Incivo (avec surveillance de l’hyperbilirubinémie). L’association avec Victrelis n’est pas recommandée car elle peut altérer l’efficacité du Reyataz ; elle ne sera envisagée par votre médecin qu’en cas de charge virale indétectable et d’absence de résistance.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB La lamivudine contenue dans Kivexa est également active contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE Des données rassurantes sont disponibles chez plusieurs centaines de femmes ayant reçu Kivexa ou Reyataz / Norvir. En cas d’utilisation pendant la grossesse, des ajustements posologiques peuvent être nécessaires.

POSOLOGIE Kivexa contient 600 mg d’abacavir (Ziagen) et 300 mg de lamivudine (Epivir). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours ou en dehors des repas. Kivexa ne doit pas être administré aux adultes ou aux adolescents pesant moins de 40 kg. Reyataz / Norvir. PRISE : une gélule de Reyataz à 300 mg associée à un comprimé de 100 mg de Norvir par jour.

POSOLOGIE ENFANT Les enfants de moins de 12 ans doivent prendre Epivir et Ziagen (contenus dans Kivexa) séparément en fonction de l’âge et du poids. Pour Reyataz / Norvir, la posologie doit tenir compte du poids de l’enfant à partir de 6 ans. À partir de 40 kg, l’enfant peut recevoir la dose adulte.

À RETENIR– Avant la mise sous traitement par Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 sera réalisé pour réduire le risque d’allergie (hypersensibilité). – Les comprimés de Norvir peuvent être conservés à température ambiante.

Cette trithérapie associe deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase du VIH contenus dans Kivexa (Epivir et Ziagen) et une antiprotéase, Reyataz, co-administrée avec le booster Norvir pour majorer son efficacité.

KIVEXA + REYATAZ / NORVIR

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

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GUIDE TÊTU + 2 0 1 2 - 2 0 1 3 91

FICHES TRAITEMENTS +

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Avant de prendre Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 est réalisé. Car les porteurs de cet allèle risquent une allergie potentiellement grave à l’abacavir (Kivexa). Appelez immédiatement votre médecin qui vous dira s’il faut arrêter Kivexa, en cas d’éruption cutanée ou si vous ressentez deux de ces symptômes : fièvre ; essoufflement, maux de gorge ou toux ; nausées, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales ; fatigue, courbatures sévères ou sensation de malaise général. Si c’est le cas, ne reprenez jamais un médicament contenant de l’abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir), car cela peut entraîner en quelques heures une mise en jeu du pronostic vital. Prezista s’utilise avec précaution en cas de troubles du foie légers ou modérés. Il ne doit pas être prescrit en cas de graves troubles du foie. Des diarrhées, des nausées et vomissements ont été fréquemment rapportés, ainsi que des réactions cutanées, maux de tête, vertiges, fatigue, picotements dans les mains ou les pieds, sensation de faiblesse, difficultés d’endormissement. En cas d’éruption cutanée sévère (avec vésicules et gonflement de la peau) ou s’accompagnant de fièvre, contactez votre médecin sans attendre.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER  Prezista / Norvir peut majorer les risques : de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), amiodarone, bépridil et quinidine (contre les troubles du rythme cardiaque), pimozide et sertindole (antipsychotiques) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine ; la toxicité de certaines statines telles que simvastatine (Zocor, Inegy). La toxicité de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire) peut être majorée. La rifampicine et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité de Prezista / Norvir.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Prezista / Norvir peut majorer : le risque d’effets indésirables de type crampes ou douleurs musculaires de certaines statines telles qu’atorvastatine (Tahor), le risque de baisse de la tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra), tadalafil (Cialis) ou vardenafil (Levitra) ; la toxicité des anti-arythmiques (tels que flécaïnide, propafénone), des anti-inflammatoires stéroïdiens oraux ou locaux (comme flucticasone, budesonide), du bosentan, de la carbamazépine (anti-épileptique et régulateur de l’humeur), de la clarithromycine (antibiotique), de la colchicine (médicament antigoutteux), des immunosuppresseurs (ciclosporine, sirolimus, tacrolimus), de l’itraconazole et du kétoconazole (antifongiques), du métoprolol (utilisé contre les problèmes cardiaques et

la migraine), de la nicardipine, de la felodipine et de la nifédipine (contre l’angine de poitrine et l’hypertension), de la pravastatine (Zentiva), de la rifabutine (contre la tuberculose) et du salmétérol (anti-asthmatique). Les médicaments contenant dexaméthasone (glucocorticoïde), phénobarbital (barbiturique), phénytoïne (anti-épileptique) risquent de diminuer l’efficacité de Prezista / Norvir. Prezista / Norvir peut modifier les concentrations des anticoagulants oraux (warfarine) et diminuer l’efficacité des contraceptifs oraux, du répaglinide (antidiabétique), du voriconazole (antifongique), des antidépresseurs (paroxétine, sertraline). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Les concentrations plasmatiques de méthadone et de Subutex (buprénorphine) peuvent être modifiées, ce qui justifie une surveillance particulière.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC L’abacavir contenu dans Kivexa peut interagir avec la ribavirine. L’association est possible sous surveillance. Prezista ne peut pas être utilisé en même temps qu’Incivo ou Victrelis.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB  La lamivudine contenue dans Kivexa est également active contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE  Des données rassurantes sont disponibles chez plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Kivexa. Prezista n’est pas recommandé pendant la grossesse, mais votre médecin peut juger que le bénéfice est supérieur aux risques.

POSOLOGIE Kivexa contient 600 mg d’abacavir (Ziagen) et 300 mg de lamivudine (Epivir). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours ou en dehors des repas. Kivexa ne doit pas être administré aux adultes ou adolescents pesant moins de 40 kg. Prezista / Norvir. CAS N° 1 : deux comprimés de 400 mg associés à un comprimé de 100 mg de Norvir une fois par jour, au cours du repas. CAS N° 2 : chez certaines personnes prétraitées (avec mutations de résistance au darunavir, charge virale > 100 000 copies / ml et CD4 < 100 / mm3), la posologie en une prise n’est pas adaptée. Il faut utiliser un comprimé de 600 mg matin et soir, associés à un comprimé de 100 mg de Norvir matin et soir, au cours du repas.

POSOLOGIE ENFANT Les enfants de moins de 12 ans doivent prendre Epivir et Ziagen (contenus dans Kivexa) séparément en fonction de leur âge et de leur poids. Prezista peut être utilisé chez l’enfant prétraité à partir de 6 ans (poids > 20 kg) et chez l’adolescent prétraité. La posologie est fonction du poids. À partir de 40 kg, l’enfant peut recevoir la posologie adulte.

À RETENIR – Avant la mise sous traitement par

Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA

B 5701 sera réalisé pour réduire le

risque d’allergie (hypersensibilité).

– Les comprimés de Norvir peuvent se

conserver à température ambiante.

– Prezista s’utilise généralement en

une prise par jour (sauf cas particulier).

Cette trithérapie associe deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH contenus dans Kivexa (Epivir et Ziagen) et une antiprotéase, Prezista, co-administrée avec le booster Norvir pour majorer son efficacité.

KIVEXA + PREZISTA / NORVIR

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

PR

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CAS N°1

CAS N°2

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GUIDE TÊTU + 2 0 1 2 - 2 0 1 392

+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Avant la mise sous traitement avec Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 est réalisé. Kivexa ne peut pas être utilisé chez les porteurs de cet allèle qui ont un risque accru de développer une réaction allergique d’hypersensibilité potentiellement grave à l’abacavir contenu dans Kivexa. Appelez immédiatement votre médecin qui vous dira si vous devez arrêter de prendre Kivexa, si vous présentez une éruption cutanée ou des symptômes appartenant à au moins deux des catégories suivantes : fièvre ; essoufflement, maux de gorge ou toux ; nausées, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales ; fatigue, courbatures sévères ou sensation de malaise général. Si c’est le cas, ne reprenez jamais un médicament contenant de l’abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir), car cela peut entraîner en quelques heures une mise en jeu du pronostic vital. Avec Kaletra, les effets secondaires les plus fréquents sont digestifs (diarrhées, nausées). Sont également rapportés fréquemment vomissements, maux de tête, insomnie, sensation de fatigue, éruptions cutanées.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Kaletra peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), amiodarone (contre les troubles du risque cardiaque), pimozide (antipsychotique) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine; la toxicité musculaire de la simvastatine (Zocor, Inegy) ; la toxicité du vardenafil (Levitra) et de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire). Le millepertuis peut diminuer l’efficacité de Kaletra.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Kaletra peut majorer : le risque d’effets indésirables de type crampes ou douleurs musculaires de certaines statines telles qu’atorvastatine (Tahor) ; le risque de baisse de la tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra) et tadalafil (Cialis) ; la toxicité des anti-inflammatoires stéroïdiens oraux ou locaux (flucticasone, prednisolone…), du bépridil (contre l’angine de poitrine), de la clarithromycine (antibiotique), de la colchicine (alcaloïde), de la digoxine (digitalique), des immunosuppresseurs (ciclosporine, sirolimus, tacrolimus), des inhibiteurs des canaux calciques (felodipine, nifédipine, nicardipine), de l’itraconazole et de kétoconazole (antifongiques), de la quinidine, de la

rifabutine (contre la tuberculose), du salmétérol (anti-asthmatique). Kaletra peut modifier les concentrations des anticoagulants oraux (warfarine) et diminuer l’efficacité du bupropion (Zyban), des contraceptifs oraux et du voriconazole (antifongique). Les médicaments contenant bosentan (Tracleer), phénytoïne et carbamazépine (anti-épileptique et régulateur de l’humeur), dexaméthasone (glucocorticoïde), phénobarbital (barbiturique), rifampicine (contre la tuberculose) risquent de diminuer l’efficacité de Kaletra. Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Votre traitement peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone, ce qui justifie une surveillance particulière, mais il ne semble pas interagir avec le Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC L’abacavir contenu dans Kivexa peut interagir avec la ribavirine. L’association est possible sous surveillance. Kaletra ne peut pas être utilisé en même temps qu’Incivo ou Victrelis.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB La lamivudine contenue dans Kivexa est également active contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE  Des données rassurantes sont disponibles chez plusieurs centaines de femmes ayant reçu Kivexa ou Kaletra.

POSOLOGIE Kivexa contient 600 mg d’abacavir (Ziagen) et 300 mg de lamivudine (Epivir). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours ou en dehors des repas. Kivexa ne doit pas être administré aux adultes ou adolescents pesant moins de 40 kg. Kaletra contient 200 mg de lopinavir et 50 mg de ritonavir. Deux modes de prise sont possibles : 2 comprimés toutes les douze heures environ avec ou en dehors des repas ; ou 4 comprimés une fois par jour. Le schéma en une prise par jour semble moins bien toléré au niveau gastro-intestinal (diarrhées).

POSOLOGIE ENFANT Avec Kivexa, les enfants de moins de 12 ans doivent prendre Epivir et Ziagen (contenus dans Kivexa) séparément en fonction de leur âge et de leur poids. Chez l’enfant de plus de 2 ans, la posologie est adaptée à la surface corporelle. La posologie adulte est utilisable chez l’adolescent à partir de 12 ans.Kaletra : chez l’enfant de plus de 2 ans, la posologie est adaptée à la surface corporelle. La posologie adulte est utilisable chez l’adolescent à partir de 12 ans.

À RETENIR – Avant la mise sous traitement par Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 sera réalisé pour réduire le risque d’allergie (hypersensibilité). – Kaletra est utilisable en une ou deux prises par jour. Le schéma en une prise par jour semble moins bien toléré au niveau gastro-intestinal (diarrhées).– Les comprimés de Kaletra peuvent être pris au cours ou en dehors des repas et se conservent à température ambiante.

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

KA

LET

RA

KIV

EX

A

Cette trithérapie associe deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase du VIH contenus dans Kivexa (Epivir et Ziagen) et l’association fixe de l’antiprotéase lopinavir boostée par le ritonavir (Kaletra).

KIVEXA + KALETRA

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Viread (contenu dans Truvada) nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement. Avec Emtriva (contenu dans Truvada), les effets indésirables les plus fréquents sont maux de tête, diarrhées, nausées, augmentation du taux de créatine kinase (avec douleurs et faiblesse musculaire). Des effets cutanés peuvent être observés : modification de la couleur de la peau, apparition de taches sombres. Isentress, en raison d’une insuffisance de données, doit être utilisé avec prudence chez le sujet âgé et l’insuffisant hépatique sévère. Isentress contient du lactose : prévenez votre médecin si vous avez une intolérance à certains sucres. Effets indésirables fréquents : vertiges, fatigue, douleurs articulaires, constipation, troubles du sommeil (dont rêves anormaux, cauchemars), sensation de malaise, maux de tête, troubles digestifs (ballonnements, douleurs abdominales, diarrhées, nausées, vomissements), perte d’appétit, éruptions cutanées (plus fréquentes en cas d’association avec darunavir/ritonavir). Des réactions cutanées sévères, mettant potentiellement en jeu le pronostic vital, voire fatales, ont été rapportées chez des personnes prenant Isentress. Celles-ci incluent des cas de toxicité bulleuse (décollement de la peau). Des réactions d’hypersensibilité ont également été rapportées, caractérisées par une éruption cutanée, des symptômes généraux et parfois par des dysfonctionnements d’organes, y compris une insuffisance hépatique. Des cas d’atteintes musculaires ayant été observés (de type myopathie, rhabdomyolyse), la prudence est requise chez les personnes avec des antécédents de myopathie ou de rhabdomyolyse, ou présentant des facteurs de risque tels que la prise de médicaments connus pour entraîner de tels effets (par exemple, les statines). Isentress doit être utilisé avec prudence chez les patients avec antécédent de dépression ou de maladie psychiatrique, des cas de dépression, incluant des idées et des comportements suicidaires, ayant été rapportés.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Viread (contenu dans Truvada) peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Isentress ne doit pas être co-administré avec rifampicine (médicament contre la tuberculose). Si elle ne peut être évitée, l’association nécessite une modification des posologies d’Isentress. La toxicité d’Isentress pouvant être majorée avec des médicaments augmentant le pH gastrique (anti-acides, tels qu’anti-H2 et inhibiteurs de la pompe à protons),

ceux-ci ne doivent pas être utilisés, à moins qu’ils ne puissent être évités.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Viread (contenu dans Truvada) : le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Votre traitement n’interagit pas avec la méthadone. On ne dispose pas d’informations sur les interactions avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Il n’est pas attendu d’interaction avec l’interféron pégylé et la ribavirine. Pas d’interaction avec Victrelis ni Incivo.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Le ténofovir contenu dans Truvada est également indiqué contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE  Des données rassurantes sont disponibles sur plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Truvada. Par prudence en raison de l’insuffisance des données cliniques chez la femme enceinte, il est recommandé de ne pas utiliser Isentress pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.

POSOLOGIE Truvada contient 300 mg de ténofovir (Viread) et 200 mg d’emtricitabine (Emtriva). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours du repas. Isentress. PRISE : un comprimé de 400 mg deux fois par jour, à prendre au cours ou en dehors des repas.

POSOLOGIE ENFANT Emtriva est indiqué chez l’enfant à partir de 4 mois : il existe une forme en solution buvable avec une posologie en fonction du poids, la forme en gélule adulte pourra être utilisée chez l’enfant de plus de 33 kg. Viread est en cours de validation pour un usage pédiatrique dans le cadre de l’infection à VIH chez l’enfant à partir de 2 ans (avec une forme granulés adaptée) et chez l’adolescent, également dans le cadre de l’infection à VHB chez l’adolescent. Isentress n’est actuellement pas validé pour une utilisation pédiatrique. Des données sont en cours d’analyse.

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

ISEN

TR

ESS

TR

UVA

DA

Cette trithérapie associe deux inhibiteurs de la transcriptase inverse du VIH contenus dans Truvada (un analogue nucléosidique, Emtriva, et un analogue nucléotidique, Viread), avec un inhibiteur de l’intégrase (Isentress).

TRUVADA + ISENTRESS

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GUIDE TÊTU + 2 0 1 2 - 2 0 1 3 95

FICHES TRAITEMENTS +

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Avant la mise sous traitement avec Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 est réalisé. Kivexa ne peut pas être utilisé chez les porteurs de cet allèle qui ont un risque accru de développer une réaction allergique d’hypersensibilité potentiellement grave à l’abacavir contenu dans Kivexa. Appelez immédiatement votre médecin qui vous dira si vous devez arrêter de prendre Kivexa, si vous présentez une éruption cutanée ou des symptômes appartenant à au moins deux des catégories suivantes : fièvre ; essoufflement, maux de gorge ou toux ; nausées, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales ; fatigue, courbatures sévères ou sensation de malaise général. Si c’est le cas, ne reprenez jamais un médicament contenant de l’abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir), car cela peut entraîner en quelques heures une mise en jeu du pronostic vital. Isentress, en raison d’une insuffisance de données, doit être utilisé avec prudence chez le sujet âgé et l’insuffisant hépatique sévère. Isentress contient du lactose : prévenez votre médecin si vous avez une intolérance à certains sucres. Effets indésirables fréquents : vertiges, fatigue, douleurs articulaires, constipation, troubles du sommeil (dont rêves anormaux, cauchemars), sensation de malaise, maux de tête, troubles digestifs (ballonnements, douleurs abdominales, diarrhées, nausées, vomissements), perte d’appétit, éruption cutanée. Des réactions cutanées sévères, mettant potentiellement en jeu le pronostic vital, voire fatales, ont été rapportées chez des personnes prenant Isentress. Celles-ci incluent des cas de toxicité bulleuse (décollement de la peau). Des réactions d’hypersensibilité ont également été rapportées caractérisées par une éruption cutanée, des symptômes généraux et parfois par des dysfonctionnements d’organes, y compris une insuffisance hépatique. Des cas d’atteintes musculaires ayant été observés (de type myopathie, rhabdomyolyse), la prudence est requise chez les personnes avec antécédents de myopathie ou de rhabdomyolyse, ou présentant des facteurs de risque tels que la prise de médicaments connus pour entraîner de tels effets (par exemple, statines). Isentress doit être utilisé avec prudence chez les patients avec antécédent de dépression ou de maladie psychiatrique, des cas de dépression, incluant des idées et des comportements suicidaires, ayant été rapportés.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Isentress ne doit pas être co-administré avec rifampicine (médicament contre la tuberculose). Si elle ne peut être évitée, l’association nécessite une modification des posologies d’Isentress. La toxicité d’Isentress pouvant être majorée avec des médicaments augmentant le pH gastrique (anti-acides, tels qu’anti-H2 et inhibiteurs de la pompe à protons), ceux-ci ne doivent pas être utilisés à moins qu’ils ne puissent être évités.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Il n’est pas attendu d’interaction avec la méthadone chez la majorité des patients, occasionnellement une adaptation de posologie peut s’avérer nécessaire. Il n’y a pas de données disponibles avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC L’abacavir contenu dans Kivexa peut interagir avec la ribavirine. L’association est possible sous surveillance. Pas d’interaction avec Victrelis ni Incivo.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB La lamivudine contenue dans Kivexa est également active contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE Des données rassurantes sont disponibles chez plusieurs centaines de femmes ayant reçu Kivexa. Par prudence, en raison de l’insuffisance des données cliniques chez la femme enceinte, il est recommandé de ne pas utiliser Isentress pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.

POSOLOGIE Kivexa contient 600 mg d’abacavir (Ziagen) et 300 mg de lamivudine (Epivir). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours ou en dehors des repas. Kivexa ne doit pas être administré aux adultes ou adolescents pesant moins de 40 kg. Isentress. PRISE : un comprimé de 400 mg deux fois par jour, au cours ou en dehors des repas.

POSOLOGIE ENFANT Les enfants de moins de 12 ans doivent prendre Epivir et Ziagen (contenus dans Kivexa) séparément en fonction de leur âge et de leur poids. Isentress n’est actuellement pas validé pour une utilisation pédiatrique. Des données sont en cours d’analyse.

À RETENIR– Avant la mise sous traitement par Kivexa, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 sera réalisé pour réduire le risque d’allergie (hypersensibilité).

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

ISEN

TR

ESS

KIV

EX

A

Cette trithérapie associe deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase du VIH contenus dans Kivexa (Epivir et Ziagen) et une anti-intégrase (Isentress).

KIVEXA + ISENTRESS

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GUIDE TÊTU + 2 0 1 2 - 2 0 1 396

+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Votre traitement, en raison d’une insuffisance de données, doit être utilisé avec prudence chez le sujet âgé et chez la personne présentant une insuffisance hépatique modérée, et ne doit pas être utilisé en cas de trouble hépatique sévère. Effets indésirables fréquents : troubles digestifs, perte d’appétit, maux de tête, vertiges, sensation de malaise, fatigue, sensation de faiblesse, difficultés d’endormissement, troubles du sommeil (dont rêves anormaux, cauchemars), douleurs articulaires, picotements dans les mains ou les pieds. Intelence et Isentress peuvent provoquer des réactions cutanées modérées ou sévères. Avec Isentress : des cas de toxicité bulleuse (décollement de la peau) mettant potentiellement en jeu le pronostic vital. Avec Intelence : éruptions modérées, survenant pendant la deuxième semaine de traitement, peu fréquentes après la quatrième semaine, mais parfois plus sévères. Si vous développez une hypersensibilité (éruption cutanée et fièvre, gonflement du visage, de la langue ou de la gorge, difficulté à respirer ou à avaler, dysfonctionnements d’organes, insuffisance hépatique), qui peut mettre votre vie en danger, contactez immédiatement votre médecin, qui décidera si le traitement doit être arrêté. Dans ce cas, ne jamais le reprendre. Isentress contient du lactose : prévenez votre médecin si vous avez une intolérance à certains sucres. Des cas d’atteintes musculaires ont été rapportés : prudence requise chez les personnes avec antécédents de myopathie ou de rhabdomyolyse, ou prenant des médicaments pouvant entraîner de tels effets (statines). Isentress doit être utilisé avec prudence chez les personnes avec antécédent de dépression ou de maladie psychiatrique.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Une hypertriglycéridémie peut survenir. Si l’hypersensibilité (décrite ci-dessus) survient au cours du traitement, contactez immédiatement votre médecin.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER L’association aux anti-épileptiques (carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne), à la clarithromycine (antibiotique), au clopidogrel (antiagrégant plaquettaire), au diazepam (Valium) n’est pas recommandée. La rifampicine (antituberculeux) et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité d’Intelence et de Prezista. La rifampicine peut modifier les concentrations d’Isentress. La toxicité d’Isentress peut être majorée avec les anti-acides (anti-H2 et inhibiteurs de la pompe à protons) qui ne doivent pas être utilisés à moins de ne pouvoir être évités. Prezista / Norvir peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels qu’astémizole et terfénadine (antihistaminiques), amiodarone, bépridil et quinidine (contre les troubles du rythme cardiaque), pimozide et sertindole (antipsychotiques) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle ; la toxicité de certaines statines telles que simvastatine (Zocor, Inegy). La toxicité de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire) peut être majorée.

À RETENIR – Intelence peut rester effi cace sur certains virus ayant des résistances aux autres non nucléosides. – Ce schéma est adapté aux patients prétraités uniquement.

VOTRE TRAITEMENTAU QUOTIDIEN

ISEN

TR

ESS

NO

RV

IR

INT

ELEN

CE

PR

EZ

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A

Cette trithérapie associe un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse, (Intelence), une anti-intégrase, (Isentress), et une antiprotéase, (Prezista), co-administrée avec le booster Norvir pour majorer son efficacité. Elle est adaptée aux patients prétraités uniquement.

INTELENCE + ISENTRESS + PREZISTA / NORVIR

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Votre traitement peut modifier les concentrations de certaines statines , atorvastatine (Tahor), fluvastatine (Lescol), pravastatine (Elisor), ou majorer leur risque de crampes ou douleurs musculaires. La rifabutine (contre la tuberculose) peut voir sa concentration modifiée, sa toxicité augmentée, et modifier la concentration d’Intelence. L’efficacité de votre traitement peut être diminuée par dexaméthasone (corticostéroïde), phénobarbital (barbiturique), phénytoïne (anti-épileptique). Votre traitement peut modifier les concentrations de la warfarine (anticoagulant), ainsi que des immunosuppresseurs (ciclosporine, sirolimus, tacrolimus) dont il peut majorer la toxicité. Il peut diminuer l’efficacité des contraceptifs oraux, du répaglinide (antidiabétique), du voriconazole (antifongique), des antidépresseurs (paroxétine, sertraline). Il peut majorer le risque de baisse de tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra), tadalafil (Cialis) ou vardenafil (Levitra). Il peut majorer la toxicité des anti-arythmiques (tels que flécaïnide, propafénone), des médicaments contre l’angine de poitrine et l’hypertension (nicardipine, felodipine, nifédipine), des anti-inflammatoires stéroïdiens oraux ou locaux (flucticasone, budésonide), du bosentan (Tracleer), de la carbamazépine (anti-épileptique et régulateur de l’humeur), de la clarithromycine (antibiotique), de la colchicine (antigoutteux), de l’itraconazole et du kétoconazole (antifongiques), du métoprolol (problèmes cardiaques et migraine) et du salmétérol (anti-asthmatique). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Votre traitement peut modifier les concentrations de méthadone et de Subutex, ce qui justifie une surveillance.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Votre traitement (Prezista/Norvir) ne peut pas être utilisé en même temps qu’Incivo ou Victrelis.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Pas d’interaction avec les traitements de l’hépatite B.

JE SUIS ENCEINTE En raison de l’insuffisance des données cliniques, il est recommandé de ne pas utiliser les trois molécules de votre traitement pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.

POSOLOGIE Intelence : un comprimé de 200 mg deux fois par jour après un repas. Isentress : un comprimé de 400 mg deux fois par jour, à prendre au cours ou en dehors des repas. Prezista / Norvir : un comprimé de 600 mg et un comprimé de 100 mg de Norvir, deux fois par jour, au cours du repas.

POSOLOGIE ENFANT Cette association n’est pas validée chez l’enfant.

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+TRAITEMENTS FICHES

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Intelence (étravirine) est un non nucléoside qui peut rester efficace sur certains virus ayant des résistances à d’autres non nucléosides (Sustiva, Viramune). Il doit obligatoirement s’utiliser en association avec d’autres antirétroviraux.

INTELENCE

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AU DÉBUT DU TRAITEMENT En raison d’une insuffisance de données, Intelence doit être utilisé avec prudence chez le sujet âgé et chez le patient présentant une insuffisance hépatique modérée à sévère. La prudence est requise chez les personnes ayant eu des réactions cutanées avec d’autres non nucléosides. Les éruptions cutanées sont le plus souvent modérées pendant la deuxième semaine de traitement, peu fréquentes après la quatrième semaine, mais parfois plus sévères. Si vous développez une réaction d’hypersensibilité (allergie caractérisée par éruption cutanée et fièvre, un gonflement du visage, de la langue ou de la gorge, difficulté à respirer ou à avaler) qui peut mettre votre vie en danger, contactez immédiatement avec votre médecin. Il vous conseillera sur la prise en charge et décidera si Intelence doit être arrêté. Dans ce cas, ne jamais reprendre Intelence.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Avec Intelence, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sont des éruptions cutanées, diarrhées, nausées et hypertriglycéridémie. L’hypersensibilité [voir ci-dessus] peut survenir au cours du traitement, dans ce cas, contactez immédiatement votre médecin.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Les co-administrations avec les antiprotéases boostées Aptivus / Norvir ou Telzir / Norvir ne sont pas recommandées en raison de fortes interactions. L’association aux anti-épileptiques (carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne), à la clarithromycine (antibiotique), au clopidogrel (anti-agrégant plaquettaire), au diazepam (Valium) n’est pas recommandée. La rifampicine (antituberculeux) et le millepertuis peuvent diminuer l’efficacité d’Intelence.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Intelence peut modifier les concentrations de certaines statines : atorvastatine (Tahor), fluvastatine (Lescol), pravastatine (Elisor), simvastatine (Zocor, Inegy). L’association d’Intelence à la rifabutine (utilisée contre la tuberculose) nécessite la prudence, car les concentrations de chaque médicament peuvent être modifiées. L’efficacité d’Intelence peut être diminuée en cas d’association à la dexaméthasone (corticostéroïde). Intelence peut modifier les concentrations de la warfarine (anticoagulant), des immunosuppresseurs (ciclosporine, sirolimus, tacrolimus) et diminuer l’efficacité de sildenafil (Viagra), tadalafil (Cialis), vardenafil (Levitra).

Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Intelence ne semble pas modifier les concentrations plasmatiques de méthadone. On ne dispose pas d’informations sur les interactions avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Il n’est pas attendu d’interaction avec l’interféron pégylé et la ribavirine. Il n’apparaît pas d’interaction marquée avec Incivo et Victrelis (en cours d’analyse).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Il n’est pas attendu d’interaction avec les traitements de l’hépatite B.

JE SUIS ENCEINTE  Par prudence, en raison de l’insuffisance des données cliniques chez la femme enceinte, il est recommandé de ne pas utiliser Intelence pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.

POSOLOGIE Un comprimé de 200 mg d’Intelence, deux fois par jour après un repas.

POSOLOGIE ENFANT L’utilisation d’ Intelence n’est pas actuellement validée chez l’enfant et l’adolescent. Des données sont en cours d’analyse sur la posologie et la formulation.

À RETENIR - Intelence peut rester effi cace sur certains virus ayant des résistances aux autres non nucléosides.

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AU DÉBUT DU TRAITEMENT En raison d’une insuffisance de données, Edurant doit être utilisé avec prudence chez les personnes âgées, ou avec insuffisance rénale sévère, ou avec insuffisance hépatique modérée. Il n’est pas recommandé en cas d’insuffisance hépatique sévère. Edurant n’est pas recommandé en cas de charge virale élevée (plus de 100 000 copies / ml). Edurant contient du lactose : prévenez votre médecin si vous avez une intolérance à certains sucres. À ce jour, il n’a pas été rapporté de syndrome d’hypersensibilité (dont Dress).

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Avec Edurant, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sont : nausées, céphalées (maux de tête) et modification du taux sanguin d’enzymes du foie (transaminases) ; puis, éruptions cutanées, fatigue, problèmes au niveau gastro-intestinal (douleurs à l’estomac, vomissements, gênes gastriques, bouche sèche), diminution de l’appétit, dépression ou humeur dépressive, troubles du sommeil (dont rêves anormaux, difficultés d’endormissement ou insomnie).

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Edurant ne doit pas être co-administré avec certains médicaments qui peuvent diminuer son efficacité : les anticonvulsivants (carbamazépine, oxcarbazépine, phénobarbital, phénytoïne), les antituberculeux (rifabutine, rifampicine, rifapentine), les inhibiteurs de la pompe à protons (tels que oméprazole, ésoméprazole, lansoprazole, pantoprazole, rabéprazole), le glucocorticoïde systémique dexaméthasone (sauf en cas de traitement à dose unique), le millepertuis.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Edurant peut modifier les concentrations de médicaments tels que dabigatran (anticoagulant oral), digoxine (digitalique), metformine (antidiabétique). Les concentrations d’Edurant peuvent être modifiées en cas d’association avec les antibiotiques tels que clarithromycine et erythromycine. Edurant doit être utilisé avec prudence avec les anti-H2 (tels que cimétidine, famotidine, ranitidine) : seuls les anti-H2 en une prise par jour doivent être utilisés, au moins 12 heures avant ou au moins 4 heures après la prise d’Edurant. Les anti-acides − hydroxyde d’aluminium ou de magnésium (Maalox, Xolaam) ou carbonate de calcium (Rennie) − doivent être administrés au moins 2 heures avant ou au moins 4 heures après Edurant.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Méthadone : aucun ajustement posologique n’est nécessaire lors de l’initiation, mais une surveillance clinique est recommandée car un ajustement des doses de méthadone peut s’avérer nécessaire (possible baisse des concentrations). Pas de données disponibles sur Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Pas d’interaction attendue avec la ribavirine. Des données sont en cours d’analyse avec Incivo. Pas de données à ce stade avec Victrelis.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB  Il n’est pas attendu d’interaction avec les traitements de l’hépatite B.

JE SUIS ENCEINTE  Par prudence en raison de l’insuffisance des données cliniques chez la femme enceinte, il est recommandé de ne pas utiliser Edurant pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.  

POSOLOGIE Un comprimé de 25 mg d’Edurant, une fois par jour avec un repas.

POSOLOGIE ENFANT L’utilisation d’Edurant n’est actuellement pas validée chez l’enfant et l’adolescent.

Edurant (rilpivirine) est un inhibiteur non nucléoside de la transcriptase inverse du VIH commercialisé en septembre 2012. Il doit obligatoirement s’utiliser en association avec d’autres antirétroviraux.

EDURANT

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+TRAITEMENTS FICHES

Ce médicament associe dans un comprimé deux nucléosides (Rétrovir et Epivir). Il doit obligatoirement s’utiliser avec au moins un autre antirétroviral.

COMBIVIR

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Pas de précaution particulière.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Avec Rétrovir (contenu dans Combivir) : possible baisse importante des globules blancs (neutropénie) ou rouges (anémie). Un suivi sanguin est nécessaire.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Avec Rétrovir (contenu dans Combivir), la toxicité hématologique peut être majorée par : acide valproïque (anti-épileptique), dapsone (antibiotique), fluconazole (antifongique), ganciclovir (anti-herpétique), pyriméthamine (antipaludéen).

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) La méthadone peut majorer la toxicité de la zidovudine contenue dans Combivir. Pas de données avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC L’utilisation de ribavirine n’est pas recommandée : augmentation du risque d’anémie.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB La lamivudine contenue dans Combivir est également active contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE  Par prudence, Combivir ne doit pas être utilisé pendant la grossesse.

POSOLOGIE Combivir contient 150 mg de lamivudine (Epivir) et 300 mg de zidovudine (Rétrovir). PRISE : un comprimé matin et soir au cours ou en dehors des repas. En cas d’insuffisance rénale, Combivir n’est pas adapté, les deux molécules sont prescrites séparément pour permettre des adaptations de la posologie.

POSOLOGIE ENFANT Combivir : entre 14 et 21 kg, un demi-comprimé matin et soir ; entre 21 et 30 kg, un demi-comprimé le matin et un comprimé le soir ; à partir de 30 kg, posologie identique à celle de l’adulte.

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Avant de prendre Trizivir, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 est réalisé. Trizivir ne peut être utilisé chez les porteurs de cet allèle, qui sont exposés à un risque de développer une hypersensibilité potentiellement grave. Appelez immédiatement votre médecin, qui vous dira si vous devez arrêter de prendre Trizivir, si vous présentez une éruption cutanée ou des symptômes appartenant à au moins deux des catégories suivantes : fièvre ; essoufflement, maux de gorge ou toux ; nausées, vomissements, diarrhées ou douleurs abdominales ; fatigue, courbatures sévères ou sensation de malaise général. Si vous avez arrêté Trizivir, ne jamais en reprendre, ni Ziagen ou Kivexa, cela pourrait entraîner en quelques heures une mise en jeu du pronostic vital.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Possible baisse importante des globules blancs (neutropénie) ou rouges (anémie). Un suivi sanguin est nécessaire.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE La toxicité hématologique peut être majorée par acide valproïque (anti-épileptique), dapsone (antibiotique), fluconazole (antifongique), ganciclovir (anti-herpétique), pyriméthamine (antipaludéen). Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Votre traitement peut modifier les concentrations de méthadone, ce qui justifie une surveillance. Pas d’informations sur les interactions avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC L’utilisation de ribavirine n’est pas recommandée : augmentation du risque d’anémie.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB La lamivudine contenue dans Trizivir est également active contre le VHB.

JE SUIS ENCEINTE  Trizivir ne doit pas être utilisé pendant la grossesse.

POSOLOGIE Trizivir contient 150 mg de lamivudine (Epivir), 300 mg de zidovudine (Rétrovir) et 300 mg d’abacavir (Ziagen). PRISE : un comprimé deux fois par jour, toutes les 12 heures environ, au cours ou en dehors des repas.

+POSOLOGIE ENFANT Trizivir n’est pas validée chez l’enfant et chez l’adolescent.

À RETENIR – Avant la mise sous traitement par Trizivir, un dépistage de l’allèle HLA B 5701 sera réalisé. – Trizivir n’est pas adapté à un schéma en une prise par jour.

Ce médicament associe dans un comprimé trois nucléosides (Epivir, Rétrovir et Ziagen). Considérée comme insuffisamment efficace, cette trithérapie doit être réservée à des cas particuliers.

TRIZIVIR

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À RETENIR – Combivir n’est pas adapté à un schéma en une prise par jour.

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FICHES TRAITEMENTS +

TRIZIVIR

AVANT TOUT TRAITEMENT Celsentri ne doit être utilisé que chez les personnes dont le VIH présente un tropisme CCR5 exclusif, ce qui est déterminé par un test sanguin avant le début du traitement.

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Celsentri doit être utilisé avec précaution : chez les plus de 65 ans (données limitées) ; chez les personnes avec troubles hépatiques, une hépatite B ou C, en raison d’un risque de majoration de l’atteinte du foie ; chez les personnes avec antécédents de pression artérielle faible ou prenant des médicaments diminuant la pression artérielle (risque d’hypotension orthostatique) ; chez les personnes atteintes de troubles rénaux (surveillance particulière). Celsentri ne doit pas être utilisé chez les personnes pouvant présenter une hypersensibilité (allergie) au maraviroc, à l’arachide, au soja ou à l’un des autres ingrédients.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Effets indésirables les plus fréquents : diarrhées, nausées, fatigue et céphalées ; puis vertiges, dépression, insomnies, douleurs musculaires, éruptions cutanées. Si vous avez les symptômes d’une hépatite (perte d’appétit, fièvre, nausées et vomissements, jaunissement de la peau ou des yeux…), une éruption cutanée et / ou des démangeaisons, contactez immédiatement votre médecin qui vous dira si vous devez arrêter de prendre Celsentri.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Le millepertuis peut altérer l’efficacité de Celsentri.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Il existe de nombreuses interactions avec des médicaments (dont les antibiotiques clarithromycine et télithromycine et les antifongiques kétoconazole et itraconazole). Signalez à votre médecin toute co-médication.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Il n’est pas attendu d’interaction médicamenteuse avec la méthadone ou Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Il n’est pas attendu d’interaction médicamenteuse avec l’interféron pégylé et la ribavirine. En l’absence de données disponibles, aucune recommandation ne peut être émise avec Victrelis ou Incivo.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Il n’est pas attendu d’interaction avec les traitements de l’hépatite B.

JE SUIS ENCEINTE Par prudence en raison de l’insuffisance des données cliniques chez la femme enceinte, il est recommandé de ne pas utiliser Celsentri pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques.  

POSOLOGIE Les comprimés doivent être pris en dehors ou au cours des repas. En raison des interactions médicamenteuses, la posologie de Celsentri diffère selon le traitement auquel il est associé. Pour un même ARV, les posologies peuvent être différentes selon les autres ARV de la multithérapie. Les posologies peuvent aussi être modifiées en cas de co-administration avec des traitements autres que les antirétroviraux. Signalez à votre médecin toute co-médication.

CAS N° 1 : la dose normale quotidienne de Celsentri est de 600 mg. PRISE : un comprimé de 300 mg deux fois par jour. Valable : en cas d’association aux nucléosides ou nucléotides (par exemple, Viread, Rétrovir, Epivir, Kivexa, Truvada, Combivir…) ; en cas d’association à Isentress, ou au Fuzeon, ou à Viramune ; en cas d’association à Aptivus ou Telzir ; en cas d’association à Sustiva + Telzir.

CAS N° 2 : dose augmentée à 1 200 mg. PRISE : deux comprimés de 300 mg deux fois par jour. Valable en cas d’association à Sustiva (ou Sustiva + Aptivus).

CAS N° 3 : dose réduite à 300 mg. PRISE : un comprimé de 150 mg, deux fois par jour. Valable : en cas d’association à une antiprotéase boostée (sauf Telzir ou Aptivus : dose normale, cas n° 1) ; en cas d’association à Intelence et à une antiprotéase boostée ; en cas d’association à Sustiva et à une antiprotéase boostée (sauf Sustiva + Telzir, dose normale, cas n° 1 ; sauf Sustiva + Aptivus, dose augmentée, cas n° 2).

POSOLOGIE ENFANT L’utilisation de Celsentri n’est pas actuellement validée chez l’enfant et l’adolescent.

À RETENIR – En préalable à l’utilisation du Celsentri, un test de tropisme du virus doit être réalisé. – La posologie du Celsentri diffère selon les antirétroviraux associés.

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CAS N°1

CAS N°2

Celsentri (maraviroc) est un inhibiteur du co-récepteur CCR5. Indiqué pour les personnes pré-traitées par antirétroviraux dont le virus est de tropisme CCR5, Celsentri doit obligatoirement être utilisé en association avec d’autres antirétroviraux.

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CAS N°3

CELSENTRI

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT L’injection de Fuzeon peut provoquer des démangeaisons, rougeurs, douleurs, un durcissement de la peau et des nodules (petites boules) à l’endroit où l’on fait la piqûre. Ces réactions peuvent apparaître dans la première semaine de traitement. Pour les atténuer, il faut masser après la piqûre la zone d’injection ou appliquer une compresse. Il est important par ailleurs de changer de point d’injection à chaque piqûre. Surveillez toute apparition d’infections ou d’inflammations purulentes au niveau du site d’injection. Des symptômes tels qu’éruptions sur la peau, température élevée ou frissons, sensation nauséeuse ou vomissements, sueurs et tremblements peuvent indiquer la présence d’une réaction allergique. Dans ce cas, consultez immédiatement votre médecin. Très fréquemment sont rapportés des diarrhées, nausées, douleurs et engourdissements des mains, pieds ou jambes, et une perte de poids.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. Ce médicament a été associé à une fréquence accrue d’infections bactériennes. Ceci doit être particulièrement surveillé par votre médecin.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Aucune donnée n’est disponible à ce jour concernant les effets de Fuzeon sur les traitements de substitution.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHC Il n’est pas attendu d’interaction avec l’interféron pégylé, la ribavirine, Victrelis ou Incivo.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Il n’est pas attendu d’interaction avec les traitements de l’hépatite B.

CONSEILS PARTICULIERS POUR L’INJECTION DE FUZEON Pour la première injection, il faut se rendre à l’hôpital. Une infirmière vous explique comment préparer et se faire soi-même l’injection de Fuzeon. Ensuite, vous pouvez réaliser vous-même les injections, ou avec l’aide d’une infirmière à domicile. Être aidé pour ses injections peut permettre d’atteindre des zones difficiles d’accès. Préparez l’ensemble du matériel nécessaire à l’injection (le flacon de poudre, le flacon d’eau stérile, les tampons alcoolisés et les deux seringues). Lavez-vous les mains, nettoyez avec les tampons alcoolisés le flacon et le site d’injection. Mesurez exactement 1,1 ml d’eau stérile à l’aide d’une seringue. Injectez très lentement l’eau stérile dans le flacon de Fuzeon, afin d’éviter de faire de la mousse. Faites rouler entre vos doigts le flacon de Fuzeon quelques minutes, afin que la solution s’homogénéise (ne pas secouer le flacon ou le renverser pour mélanger,

cela entraînerait la formation d’un excès de mousse). Laissez le flacon au repos jusqu’à dissolution complète de la poudre (20 à 45 minutes). Une fois préparée, la dose doit être utilisée immédiatement ou conservée au réfrigérateur et utilisée dans les 24 heures. On peut préparer une injection d’avance et la laisser au réfrigérateur jusqu’à la suivante. Dans ce cas, mettez le flacon à température ambiante 20 minutes avant l’injection. L’injection sous-cutanée (sous la peau) se fait dans le bras, le ventre ou la cuisse. Dans le dos, l’abdomen et derrière les bras, les injections sont moins douloureuses. L’aiguille doit être inclinée à environ 45 ° par rapport à la peau. Faites l’injection lentement, après avoir plissé la peau dans la zone d’injection. Chaque injection doit être faite à un endroit différent du précédent et jamais là où il y a une réaction au site d’injection due à une injection précédente. Vous ne devez jamais injecter votre médicament dans un grain de beauté, une cicatrice, une ecchymose ou votre nombril.

POSOLOGIE Fuzeon : 90 mg / ml de Fuzeon reconstitué, deux fois par jour. PRISE : une injection deux fois par jour, soit toutes les douze heures environ.

POSOLOGIE ENFANTFuzeon peut être utilisé chez l’enfant à partir de 6 ans. La posologie doit être adaptée au poids de l’enfant en deux injections sous-cutanées journalières.

À RETENIR – Si vous ne parvenez pas à supporter les injections, parlez-en à votre médecin qui pourra être amené à reconsidérer votre prise en charge thérapeutique.

Fuzeon (enfuvirtide) est un inhibiteur de fusion qui reste disponible pour les personnes en multi-échec thérapeutique. Il doit toujours s’utiliser en association avec d’autres antirétroviraux.

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FICHES TRAITEMENTS +

La ribavirine est commercialisée sous plusieurs noms par différents laboratoires : Copegus, Rébétol ou ribavirine générique. L’interféron pégylé est commercialisé sous deux noms par deux laboratoires : Pégasys (interféron pégylé alpha 2a) et ViraféronPég (interféron pégylé alpha 2b).

AVANT TOUT TRAITEMENT Votre médecin vous prescrira un certain nombre d’examens pour décider de la mise sous traitement et du suivi. Il est important d’évoquer les effets indésirables décrits ci-dessous avec votre médecin, afin de les anticiper et de vous y préparer.

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Lors du traitement par bithérapie, certaines personnes se sont senties déprimées et, même, ont eu des idées suicidaires (des cas de suicides ont été rapportés). On peut noter un comportement agressif (parfois dirigé contre autrui). Ces effets liés à l’interféron peuvent survenir pendant le traitement mais également après son arrêt (surtout dans les 6 mois suivant l’arrêt). D’autres effets sur le psychisme peuvent survenir (manies, troubles bipolaires, troubles de l’attention et confusion). Dans tous ces cas, consultez immédiatement. Vous pouvez demander à un proche de vous aider à rester attentif à l’apparition de ces signes. Des affections des dents et des gencives peuvent entraîner un déchaussement des dents : brossez-les soigneusement et consultez un dentiste régulièrement. Allez voir un ophtalmologiste avant traitement, car des troubles oculaires peuvent apparaître et être à l’origine d’une perte de la vision (rares). Si votre vue baisse, parlez-en à votre médecin. Les personnes avec antécédents de troubles oculaires doivent bénéficier d’examens périodiques. D’autres effets secondaires sont possibles (peau sèche, toux, douleurs abdominales). Votre médecin peut prescrire des traitements pour atténuer ces symptômes (mais la fatigue est difficilement évitable).

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement. La ribavirine peut provoquer une anémie (baisse des globules rouges, d’où fatigue importante, sensation d’essoufflement…) et une neutropénie (diminution des globules blancs qui peut entraîner un risque d’infections). Le cas échéant, une prise en charge permettant de réduire l’anémie (EPO) peut être proposée par votre médecin.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE La toxicité sanguine de l’azathioprine (immunosuppresseur) peut être majorée sous bithérapie.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Votre traitement peut modifier les concentrations plasmatiques de méthadone, ce qui justifie une surveillance particulière. Pas d’information sur Subutex.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHC-VIH La bithérapie peut augmenter le risque de toxicité mitochondriale et d’acidose lactique des inhibiteurs

nucléosidiques de la transcriptase inverse (en particulier Videx et Zerit). Risque accru de développer une anémie avec la zidovudine (Rétrovir, Combivir, Trizivir). L’efficacité de la ribavirine peut être altérée par abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir). Sustiva peut majorer les troubles de l’humeur associés à l’interféron. Beaucoup de médecins préfèrent ne pas l’utiliser en même temps. Pas d’interaction avec Truvada ou Isentress.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHB-VHC L’interféron est également efficace dans le traitement de l’hépatite B, mais peut majorer le risque de neuropathie lié à la telbivudine (Sebivo).

SPERMATOGÉNÈSE ET GROSSESSE Toute grossesse doit être évitée pendant le traitement en raison du risque de malformations pour l’enfant à naître, lié à la ribavirine. Cela implique l’utilisation d’une contraception efficace pendant le traitement et plusieurs mois après son arrêt, pour prendre en compte la durée d’élimination de la ribavirine de l’organisme, ainsi que le cycle de spermatogénèse pour l’homme traité. Votre médecin vous expliquera les précautions à prendre.

MISE EN GARDE SUR LE STYLO-INJECTEUR ViraféronPég : une erreur dans la manipulation du stylo-injecteur peut entraîner une administration incorrecte du traitement. Une erreur dans l’enchaînement des différents gestes peut bloquer le stylo, mais on le force et le casse, on peut penser avoir reçu la dose alors que ce n’est pas le cas. Assurez-vous que les différentes étapes de manipulation ont bien été respectées et ne forcez pas le dispositif. Contactez un professionnel de santé en cas de doute sur les instructions. L’ordre des quatre étapes est à respecter scrupuleusement : 1. Préparer le stylo jusqu’au « clic » : placer verticalement le stylo, appuyer fermement sur la partie supérieure du stylo vers le bas jusqu’à entendre le « clic » et retourner le stylo deux fois sans agiter. 2. Visser l’aiguille : désinfecter la membrane en caoutchouc au sommet du stylo, enfoncer l’aiguille capuchonnée dans la membrane en caoutchouc et visser l’aiguille à fond en maintenant le stylo vertical. 3. Doser : tirer le bouton-doseur situé à la base du stylo jusqu’à voir le trait noir. Tourner le bouton-doseur sans forcer jusqu’à la dose prescrite. 4. Injecter : désinfecter la peau et injecter en piquant verticalement. Appuyer à fond sur le bouton-doseur et maintenir pendant 5 secondes. Pegasys : comme tous les stylos-injecteurs, celui de Pegasys est susceptible de poser des problèmes de manipulation et une bonne compréhension de celle-ci est nécessaire avant son utilisation.

POSOLOGIE L’interféron pégylé (dose fixe pour Pegasys, en fonction du poids pour Viraféron) s’administre une fois par semaine par voie sous-cutanée. La ribavirine (voie orale) en deux prises par jour, au moment des repas ; le nombre de comprimés varie en fonction du poids et / ou du génotype. Des modifications de la posologie peuvent être nécessaires en cas d’effets indésirables.

À RETENIR – Avant le début du traitement, il est important d’évoquer les effets indésirables avec votre médecin, afi n de les anticiper et de s’y préparer au mieux. Certaines prises en charge pourront vous être proposées.– Une bonne compréhension de la manipulation du stylo-injecteur d’interféron est nécessaire avant son utilisation.

Cette bithérapie est le traitement standard contre le virus de l’hépatite C (VHC). Elle reste d’actualité pour les personnes vivant avec un VHC de génotype 2 ou 3. Pour le génotype 1, on y ajoute le plus souvent un troisième agent [lire page 103].

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+TRAITEMENTS FICHES

SCHÉMA DE PRISE USUEL Le schéma de traitement incluant Victrelis varie selon différents critères : histoire thérapeutique, présence de cirrhose, rapidité de la réponse sous traitement… Le traitement débute par un mois de bithérapie par ribavirine + interféron pégylé, puis une période de trithérapie de durée variable et pouvant être suivie à nouveau par une période de bithérapie. Chez les personnes co-infectées VIH-VHC, selon l’étude clinique en cours, il s’utilise habituellement de la manière suivante : 4 semaines de bithérapie (ribavirine et interféron pégylé), puis 44 semaines de trithérapie.

AU DÉBUT DU TRAITEMENT  Victrelis peut entraîner une altération du goût (dysgueusie), des nausées et céphalées.

EN COURS DE TRAITEMENT : Victrelis entraîne un risque additionnel d’anémie par rapport à l’anémie déjà induite par la bithérapie, ainsi qu’un risque additionnel de neutropénie (diminution des globules blancs qui selon le degré et la durée peut entraîner un risque d’infections). Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER. Victrelis peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels que bépridil (contre l’angine de poitrine) ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine ; la toxicité de certaines statines (simvastatine, lovastatine), de certains anticancéreux (inhibiteurs de la tyrosine kinase), de certains antipaludéens (luméfantrine et halofantrine), de la pimozidine. En l’absence de données et compte tenu du risque de baisse des concentrations de Victrelis, ne pas utiliser Victrelis avec la rifampicine ou les anticonvulsivants (tels que phénytoïne, phénobarbital ou carbamazépine).

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE La toxicité de Victrelis peut être majorée en cas d’association aux antifongiques (tels que itraconazole, kétoconazole, posaconazole, voriconazole). Des ajustements posologiques des immunosuppresseurs (tels que ciclosporine et tacrolimus) peuvent être nécessaires en cas de co-administration avec Victrelis, de même qu’avec les statines (atorvastine, pravastatine). Victrelis peut interagir avec les contraceptifs oraux. La toxicité cardiaque de médicaments tels que l’amiodarone, la quinidine (contre les troubles du rythme cardiaque), la pentamidine (antiparasitaire) et certains neuroleptiques peut être majorée avec Victrelis.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Victrelis peut interagir avec la méthadone et la buprénorphine (Subutex), une surveillance accrue est nécessaire.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHC-VIH  Victrelis interagit avec de nombreux antirétroviraux. Il n’est pas recommandé avec Kaletra et Prezista / Norvir. Il peut être utilisé chez les personnes dont la charge virale VIH est indétectable avec Reyataz / Norvir, et avec une surveillance particulière en cas d’association avec Sustiva. La co-administration est possible avec Viread, de même qu’avec Isentress. Des études complémentaires sont menées sur d’autres co-administrations.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHB-VHC Aucune donnée n’est disponible.

POSOLOGIE PRISE : 4 gélules à 200 mg 3 fois par jour, toutes les 8 heures, impérativement avec des aliments.

POSOLOGIE ENFANT Victrelis n’est pas recommandé pour un usage pédiatrique.

À RETENIR – Victrelis est effi cace contre le VHC de génotype 1 et s’ajoute à la bithérapie par interféron et ribavirine.– Victrelis peut interagir avec les antirétroviraux, ce qui pourra nécessiter des ajustements. – Victrelis doit être pris impérativement avec des aliments, toutes les 8 heures environ.

Victrelis (bocéprévir) est un nouvel antiviral efficace contre le VHC de génotype 1. Il s’ajoute à la bithérapie standard contre le VHC avec ribavirine et interféron pégylé.

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FICHES TRAITEMENTS +

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Incivo (télaprévir) est un nouvel antiviral efficace contre le VHC de génotype 1. Il s’ajoute à la bithérapie standard contre le VHC avec ribavirine et interféron pégylé.

INCIVO

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SCHÉMA DE PRISE USUEL Le schéma de traitement incluant Incivo consiste en une trithérapie pendant 3 mois (12 semaines) avec interféron pégylé + ribavirine + Incivo, suivie d’une période de consolidation par bithérapie interféron pégylé + ribavirine dont la durée varie selon différents critères (histoire thérapeutique, présence de cirrhose, cinétique de la réponse sous traitement…). Chez la personne co-infectée VIH-VHC, selon une étude clinique en cours, il est habituellement utilisé de la manière suivante : une trithérapie avec ribavirine, interféron pégylé et Incivo pendant 12 semaines, puis 36 semaines de bithérapie avec ribavirine et interféron pégylé.

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Incivo entraîne très fréquemment des éruptions cutanées, un prurit notamment anal (fortes démangeaisons), des hémorroïdes, des nausées, diarrhées et vomissements.

EN COURS DE TRAITEMENT Incivo peut entraîner une éruption cutanée souvent associée à des démangeaisons. L’éruption peut être, ou devenir, sévère avec une toxicité bulleuse, des cas de Dress (avec fièvre, œdème du visage…). Contactez immédiatement votre médecin si vous développez une éruption ou si votre éruption s’aggrave : il décidera de la poursuite ou non du traitement ; en cas d’arrêt, Incivo ne doit jamais être repris. La disparition de l’éruption cutanée peut prendre plusieurs semaines. Incivo entraîne un risque additionnel d’anémie par rapport à l’anémie déjà induite par la bithérapie et peut entraîner des altérations du goût. Votre médecin pourra être amené à suivre votre fonction cardiaque en raison de la toxicité du produit, voire en cas de certaines co-administrations [cf ci-après]. Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets décrits au paragraphe précédent peuvent survenir ou perdurer au cours du traitement.

MÉDICAMENTS À NE PAS ASSOCIER Incivo peut majorer : les risques de toxicité cardiaque de médicaments tels que amiodarone, bépridil et quinidine (contre les troubles du rythme cardiaque), cisapride (Prepulsid), terfénadine (antihistaminique), alfuzosine (Zentiva), pimozidine ; les risques de problèmes respiratoires de médicaments tels que midazolam (Hypnovel) et triazolam (Halcion) ; les risques de problèmes vasculaires avec les dérivés de l’ergot de seigle tels que dihydroergotamine et ergotamine; les risques de myopathie avec certaines statines (lovastatine, simvastatine et atorvastatine). La toxicité du tadalafil (Cialis) et de Revatio (contre l’hypertension artérielle pulmonaire) peut être majorée. Compte tenu du risque de réduction des concentrations d’Incivo, il ne doit pas être co-administré avec la rifampicine, le millepertuis ou les anticonvulsivants (tels que phénytoïne, phénobarbital ou carbamazépine).

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE La toxicité d’Incivo, notamment cardiaque, peut être majorée en cas d’association aux antifongiques azolés (tels que

itraconazole, kétoconazole, posaconazole, voriconazole), certains antibiotiques (clarithromycine, érythromycine, télithromycine, troléandromycine). Des ajustements posologiques des immunosuppresseurs (tels que ciclosporine et tacrolimus) peuvent être nécessaires en cas de co-administration avec Incivo. Incivo peut diminuer l’efficacité des contraceptifs oraux. Incivo peut majorer : le risque de baisse de la tension, de troubles visuels, d’érection douloureuse et prolongée avec sildenafil (Viagra), vardenafil (Levitra) ; la toxicité des anti-inflammatoires stéroïdiens (flucticasone, budésonide) par voie nasale, de la colchicine (alcaloïde), de la digoxine (digitalique), des inhibiteurs des canaux calciques (felodipine, nifédipine, nicardipine, vérapamil…), du salmétérol (anti-asthmatique), de la dompéridone (contre les vomissements et les nausées) et de la trazodone (antidépresseur). Incivo peut modifier les concentrations des anticoagulants oraux (warfarine, dabigatran) et diminuer les concentrations du zolpidem (Stilnox). Les médicaments contenant bosentan (Tracleer), rifabutine (contre la tuberculose) risquent de diminuer l’efficacité d’Incivo. Votre médecin pourra être amené à augmenter la fréquence des examens biologiques et / ou cliniques et à modifier la posologie de vos médicaments.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Le traitement par méthadone peut nécessiter des ajustements en cours de traitement ainsi qu’une surveillance de la toxicité cardiaque. Incivo n’interagit pas avec la buprénorphine (Subutex).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHC-VIH Incivo interagit avec de nombreux antirétroviraux. Il n’est pas recommandé avec Kaletra, Prezista et Telzir. Il peut être utilisé avec une surveillance de l’hyperbilirubinémie en cas d’association avec Reyataz, avec une surveillance clinique et biologique accrue de la toxicité du Viread en cas d’association. La posologie d’Incivo devra être augmentée en cas d’association avec Sustiva (3 comprimés 3 fois par jour). Les concentrations d’abacavir (Ziagen, Kivexa, Trizivir) et de la zidovudine (Rétrovir, Combivir, Trizivir) pourraient être altérées en cas de co-administration. Pas d’interaction avec Edurant, Intelence, Isentress. Des études complémentaires sont menées sur d’autres co-administrations.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHB-VHC Aucune donnée n’est disponible.

POSOLOGIE PRISE : 2 comprimés à 375 mg toutes les 8 heures, impérativement avec des aliments, de préférence un peu gras. La possibilité d’une prise seulement deux fois par jour est en cours d’analyse.

POSOLOGIE ENFANT Incivo n’est pas recommandé pour un usage pédiatrique.

À RETENIR – Incivo est effi cace contre le VHC de génotype 1 et s’ajoute à la bithérapie par interféron et ribavirine.– Incivo peut interagir avec les antirétroviraux, ce qui pourra nécessiter des ajustements. – Incivo doit être pris avec des aliments, de préférence gras, toutes les 8 heures environ.– Contacter immédiatement votre médecin si vous développez une éruption cutanée ou si celle-ci s’aggrave.

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+TRAITEMENTS FICHES

AU DÉBUT DU TRAITEMENT  Baraclude contient du lactose : prévenez votre médecin si vous êtes intolérant. Effets indésirables fréquents : insomnies ; maux de tête, vertiges, somnolence ; vomissements, diarrhées, nausées, dyspepsies . Attention, si votre virus est résistant à la lamivudine ou en cas de maladie hépatique décompensée : posologie plus importante et prise à jeun (à plus de 2 heures des repas).

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Certains effets, survenant au début peuvent perdurer au cours du traitement. Le risque d’aggravation de l’hépatite pendant et à l’arrêt du traitement existe, ne pas arrêter la prise sans prévenir le médecin. Un risque faible d’acidose lactique n’est pas exclu, en particulier chez les femmes obèses. Pendant la durée du traitement et au moins 6 mois après son arrêt, des examens sanguins réguliers (transaminases et marqueurs de l’infection) sont indispensables.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Baraclude étant principalement éliminé par voie rénale, attention à toute co-administration avec des médicaments pouvant altérer la fonction rénale.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO)   Pas de données disponibles.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHB-VIH Baraclude ne doit pas être utilisé chez les personnes co-infectées VIH-VHB ne prenant pas de traitements anti-VIH, en raison d’un risque de sélection de VIH résistants.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHB-VHC Pas de données disponibles.

JE SUIS ENCEINTE Compte tenu des données obtenues chez l’animal, il est recommandé de ne pas utiliser Baraclude pendant la grossesse. Cependant, votre médecin pourra juger que le bénéfice est supérieur aux risques. POSOLOGIE Baraclude est disponible en comprimés à 0,5 mg ou 1 mg et en solution buvable à 0,05 mg/ml. CAS N° 1 − personne n’ayant jamais reçu de lamivudine : 0,5 mg d’entécavir par jour, avec ou sans aliments. CAS N° 2 − personne avec virus résistant à la lamivudine ou personne avec maladie hépatique décompensée : 1 mg d’entécavir par jour à jeun (au moins 2 heures avant ou après un repas).

POSOLOGIE ENFANT Baraclude n’est pas validé chez l’enfant et l’adolescent.

Baraclude (entécavir) est un analogue nucléosidique qui constitue à lui seul un traitement efficace contre le virus de l’hépatite B.

BARACLUDE

CAS N° 1

CAS N° 2

À RETENIR– Viread est également indiqué contre le VIH. Ne pas l’utiliser seul si on est co-infecté-e VIH-VHB (risque de sélection de VIH résistants).– Viread est également contenu dans Truvada, Atripla et Eviplera.

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À RETENIR– Baraclude ne doit pas être utilisé par les personnes co- infectées ne prenant pas de traitement anti-VIH (risque de sélection de VIH résistants).

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Très utilisé contre le VIH en multithérapie, Viread (ténofovir) est un analogue nucléotidique. Il est également indiqué contre le virus de l’hépatite B, dont il constitue un traitement efficace.

VIREAD

AU DÉBUT DU TRAITEMENT Viread nécessite un contrôle de votre fonction rénale avant traitement.

EN COURS DE TRAITEMENT Signalez tout effet indésirable à votre médecin. Viread peut altérer votre fonction rénale et diminuer la quantité de phosphate dans le sang, ce qui peut à la longue entraîner des anomalies osseuses, et nécessite une surveillance régulière.

MÉDICAMENTS NÉCESSITANT UNE SURVEILLANCE PARTICULIÈRE Le risque de toxicité rénale peut être majoré par les médicaments toxiques pour les reins.

JE PRENDS UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS (TSO) Viread n’interagit pas avec la méthadone. On ne dispose pas d’informations sur les interactions avec Subutex (buprénorphine).

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VIH-VHB Viread est également indiqué contre le VIH, uniquement en association avec au moins deux autres antirétroviraux. Il ne faut pas utiliser Viread seul si on est co-infecté-e VIH-VHB. Viread est également contenu dans Truvada (avec emtricitabine), ainsi que dans deux trithérapies en un comprimé par jour, Atripla et Eviplera.

JE SUIS CO-INFECTÉ-E VHB-VHC Pas de données disponibles.

JE SUIS ENCEINTE Des données rassurantes sont disponibles sur plusieurs centaines de femmes enceintes ayant reçu Viread.

POSOLOGIE Viread contient 300 mg de ténofovir (Viread). PRISE : un comprimé une fois par jour, au cours du repas.

POSOLOGIE ENFANT Viread est en cours de validation dans le cadre de l’hépatite B chez l’adolescent (à partir de 12 ans).

Très utilisé contre le VIH en multithérapie, Viread

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Cobicistat : conçu par le laboratoire Gilead, ce sera le deuxième médicament sur le marché des boosters, lesquels sont utilisés pour espacer les prises des antiprotéases. Il permettra le développement de médicaments « deux-en-un », en l’associant aux antiprotéases Reyataz ou Prezista. Il ne semble guère mieux toléré sur le plan digestif que Norvir. Commercialisation attendue : début 2014.

Elvitegravir : cette anti-intégrase développée par le laboratoire Gilead s’utilise en une prise par jour, boostée par le cobicistat (co-formulé dans le même comprimé). Dans un essai, elle est aussi efficace qu’Isentress (actuellement commercialisée) chez des personnes en multi-échec thérapeutique, avec des virus multirésistants, et les effets indésirables sont similaires. Commercialisation attendue : début 2014.

« Quad » : autorisé depuis la fin août 2012 aux États-Unis, sous le nom Stribild, le « Quad » est en cours d’autorisation en Europe et le nom du médicament est encore inconnu. Cette nouvelle trithérapie en un comprimé par jour associe au Truvada (emtricitabine + ténofovir), l’elvitegravir et le cobicistat. Dans les essais à deux ans, le « Quad » donne d’aussi bons résultats qu’Atripla ou que Truvada + Reyataz boosté, chez les personnes dont c’est le premier traitement. Commercialisation attendue : fin 2013-début 2014.

Dolutégravir : cette anti-intégrase de nouvelle génération, en une prise par jour, est développée par ViiV Healthcare. Elle

du nouveau trÈs bientÔtAu niveAu des trAitements AntirétrovirAux, que nous réserve l’Avenir ? dAns les trois prochAines Années, cinq médicAments Anti-vih devrAient Arriver dAns les phArmAcies. pAr Renaud PeRsiaux

semble aussi puissante que Sustiva, mais beaucoup mieux tolérée : ni symptôme psy ni « rash » cutané. Un comprimé « tout-en-un », le Trii, l’associant à Kivexa (lamivudine + abacavir) est en phase de développement avancé. Point fort : elle peut rester efficace sur des virus résistants aux deux autres anti-intégrase, Isentress et elvitegravir, mais en deux prises par jour. Commercialisation attendue : 2014.

GS-7340 : il s’agit d’un ténofovir (Viread) de deuxième génération, une version améliorée (une prodrogue qui se transforme en principe actif dans l’organisme) dont l’efficacité semble supérieure à des doses beaucoup plus faibles, selon les études précoces. Quel intérêt ? Cela devrait diminuer la toxicité à long terme sur les reins et faciliter les co-formulations de trithérapie. Un comprimé « tout-en-un », le premier avec une antiprotéase, est en projet (Prezista, cobicistat, emtricitabine, GS-7340), de même qu’un « Quad 2 » contenant ce GS-7340. Commercialisation attendue : après 2014. LE fUTUR DU VIH EN TRoIS moTS CLÉS ALLÉGER le traitement. Certes, les traitements sont de plus en plus simples, mais peut-on les alléger encore plus, une fois que la charge virale est indétectable depuis des mois ? Des essais ont montré que pour ces « traitements de maintenance », on pouvait débooster les antiprotéases Prezista et Reyataz chez certaines personnes qui ne supportent pas bien Norvir. ou encore se passer des nucléosides (base des trithérapies actuelles) en ne prenant qu’une antiprotéase boostée (monothérapie de Prezista / Norvir ou Kaletra).

+traitements à venir

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traitements +

Problème : le nombre de cachets et la tolérance, qui n’est pas toujours très bonne (troubles digestifs). Enfin, un projet français d’essai clinique, Iccarre, sans financements pour l’heure, vise à déterminer si chez des personnes dont le virus est déjà contrôlé, une prise d’ARV 4 jours sur 7 pourrait suffire à maintenir une charge virale indétectable. Si on souhaite alléger son traitement, il est indispensable d’en parler à son médecin qui fera une évaluation au cas par cas. Il est totalement déconseillé d’arrêter le traitement sans lui en parler.APAISER le système immunitaire. On parle de plus en plus de l’inflammation chronique qui persiste chez les séropositifs, même sous traitement efficace. Elle est notamment liée à la destruction par l’infection à VIH de la barrière immunitaire du tube digestif. Ce qui permet aux fragments bactériens pro-inflammatoires de passer dans le sang. Plusieurs défis attendent les scientifiques et, en premier lieu, identifier les marqueurs d’inflammation les plus pertinents (il en existe une kyrielle : interleukine 6, TNF-alpha…). Plusieurs solutions thérapeutiques sont dans les tuyaux, des statines aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, dont il faudra vérifier que les bénéfices sont supérieurs aux risques. D’autres études se penchent sur l’impact de compléments avec probiotiques, bactéries ou levures qui pourraient contribuer à restaurer cette barrière. Tandis qu’un antirétroviral expérimental, le cénicriviroc, aurait un effet anti-VIH (en bloquant le co-récepteur CCR5) et anti-inflammatoire (en bloquant le CCR2). Enfin, côté vaccin thérapeutique, certains candidats, comme VAC-3S, développé par InnaVirVax, au Génopole d’Évry, visent à réduire la suractivation immunitaire.GUÉRIR l’infection. Longtemps tabou, le rêve réapparaît dans les éprouvettes. Fruit de deux ans de travail, une stratégie scientifique mondiale a été lancée en juillet dernier. Trente-quatre chercheurs parmi les plus réputés ont identifié sept priorités de recherche. Avec deux objectifs : la guérison totale (disparition totale du VIH de l’organisme) ou la guérison fonctionnelle (les personnes ne prendraient pas de traitement, ne seraient pas malades et auraient un risque infime de transmettre le virus). Ces recherches ont été remises au goût du jour par le patient dit « de Berlin », séropositif guéri à l’occasion d’une greffe de moelle osseuse nécessaire pour soigner sa leucémie. Le donneur choisi était naturellement résistant à l’infection (parce que porteur de la double mutation delta 32, présente chez moins de 0,3 % de la population). Autre voie de recherche : la compréhension accrue du fonctionnement des réservoirs, cellules où le virus peut rester dormant pendant des années. En 2012, on a identifié une molécule, le vorinostat, qui semble capable de réveiller ces cellules mais il faudra des approches supplémentaires (notamment en immunothérapie) pour les éliminer. RP

SoIGnER SAnS InTERfÉRon, CE SERA bIEnTôT PoSSIblE !L’interféron aide le système immunitaire à se débarrasser du virus au prix d’effets indésirables lourds (troubles de l’humeur, fatigue, assèchement de la peau, etc.). Pourra-t-on se passer, pour traiter l’hépatite C, des injections d’interféron et de ses effets indésirables ? Les firmes pharmaceutiques cherchent les molécules qui permettront d’élaborer un traitement « tout oral », si possible contenu dans un seul comprimé. La course, effrénée, est très disputée : une cinquantaine de molécules sont en développement. Parmi les molécules les plus prometteuses et les plus avancées : le sofosbuvir (GS-7977), le daclatasvir (bMS-052), l’asunaprevir (bMS-032), le siméprevir (TMC 435), toutes en une prise par jour. Elles n’arriveront pas avant 2014-2015.

DE l’ESPoIR PoUR lES non-RÉPonDEURSIl y a aussi des traitements à venir pour les répondeurs dits « nuls », ces patients qui n’ont pas de réponse à un premier traitement anti-VHC. on observe de bons résultats, qui restent à confirmer, sur certaines nouvelles molécules. Mais peut-être faudra-t-il parfois conserver la ribavirine et l’interféron ? Ces schémas sont trop peu testés chez les personnes co-infectées par le VIH et le VHC, grandes oubliées de la recherche privée. En France, encore une fois, c’est l’agence publique, l’AnRS, qui s’y colle, avec un essai programmé pour le début 2013 sur les personnes co-infectées répondeurs nuls (daclatasvir, asunaprevir, ribavirine, interféron). Enfin, pour ceux qui ne pourront s’en passer, on cherche aussi un interféron qui serait moins « méchant » (interféron lambda). RP

Hépatite Cenfin de bonnes nouvellesLes bénéfices d’un traitement à base d’interféron sont indéniabLes mais Les effets indésirabLes restent Lourds. La recherche d’autres médicaments progresse. par Renaud PeRsiaux

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De haut en basNathalie MorgeNsztejN Chef de produits Maladies infectieuses à l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (aNsM).

Pr DaNiel Vittecoq Chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bicêtre, président du groupe de travail Médicaments, sida et hépatite à l’agence nationale du médicament et des produits de santé (aNsM) et président du groupe d’experts de l’European Medecines Agency sur les antiviraux (eMa).

Dr FréDérique Delatour chargée du dépistage du Vih et des ist à la direction générale de la santé (Dgs) et consultante au centre de dépistage anonyme et gratuit (cDag) de l’hôpital Bichat-claude-Bernard.

gilles laFFoN Directeur d’Arbor Carcassonne (appartements relais, coordination thérapeutique et point écoute) et délégué régional de sos habitat et soins.

ÉriC BillAuDPrésident de la société française de lutte contre le sida (sFls), président du corevih des Pays de la loire, praticien hospitalier au service des maladies infectieuses et tropicales du chu de Nantes.

AnnE GErvAishépatologue au service des maladies  infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat-claude Bernard, à Paris.

Des personnalités reconnues Dans le milieu De la lutte contre le siDa ont valiDé les informations contenues Dans le Guide TêTu +. les opinions, commentaires et points De vue Développés n’engagent que leurs auteurs et la réDaction De TêTu +.

Comité sCientifique

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