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JACQUES VOISINE HISTOIRE, CRITIQUE ET THI~ORIE LITTt~RAIRES (1760-1820) r Avec Voltaire, avec Hume et Gibbon, puis avec les cher- cheurs universitaires allemands des premieres d6cennies du XIX ~ si~cle, qui sont ~t l'origine de la vocation de Michelet, la pens6e historique s'est affranchie du providentialisme de Bos- suet pour se rapprocher de la r6flexion philosophique; la notion de ~ Philosophie de l'histoire ~> a regu avec Herder sa cons6cra- tion. Tant6t l'historien est soutenu par l'id6al d'un progr6s de l'humanit6, tant6t il volt dans l'enchalnement des 6v6nements un in61uctable d6terminisme, mais il ne se contente plus d'etre un chroniqueur. L'approche historique second6e par l'6tude critique des textes - que pratique aussi l'historien - va transformer l'6tude du ph6nom~ne litt6raire, ou ~t vrai dire donner naissance ~t une telle &ude. Les grandes 6ditions de textes du pass6 qui se sont multipli6es depuis le d6but du XVIII e si~cle ont rendu possible l'apparition, autour de 1800, ~ la fois de l'histoire litt6raire et de la critique litt6raire modernes, chacune b6n6ficiant des pro- gras de rautre. La production litt6raire du XVIII e si~cle en Europe occi- dentale a innov6 sur celle des si~cles pr6c6dents, en ce qu'elle n'est pas domin6e par la po6sie mais par les id6es, et par leur application ~t la vie pratique. De grandes histoires de la civilisa- tion, comme l'Essai sur les M~eurs de Voltaire ou son Sikcle de Louis XIV, comme le Risorgimento dell'Italia ne#li studi, helle arti, e nei costumi dopo il Mille, de BetineUi (1773) faisaient de bonne heure une large place ~t l'activit6 litt6raire et artistique, et montraient comment ces facteurs, au marne titre que les Neohelicon XVIII/2 Akaddmiai Kiadd, Budapest John Benjamins B. V., Amsterdam

Histoire, critique et théorie littéraires (1760–1820)

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JACQUES VOISINE

HISTOIRE, CRITIQUE ET THI~ORIE LITTt~RAIRES (1760-1820)

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Avec Voltaire, avec Hume et Gibbon, puis avec les cher- cheurs universitaires allemands des premieres d6cennies du XIX ~ si~cle, qui sont ~t l'origine de la vocation de Michelet, la pens6e historique s'est affranchie du providentialisme de Bos- suet pour se rapprocher de la r6flexion philosophique; la notion de ~ Philosophie de l'histoire ~> a regu avec Herder sa cons6cra- tion. Tant6t l'historien est soutenu par l'id6al d'un progr6s de l'humanit6, tant6t il volt dans l'enchalnement des 6v6nements un in61uctable d6terminisme, mais il ne se contente plus d'etre un chroniqueur.

L'approche historique second6e par l'6tude critique des textes - que pratique aussi l'historien - va transformer l'6tude du ph6nom~ne litt6raire, ou ~t vrai dire donner naissance ~t une telle &ude. Les grandes 6ditions de textes du pass6 qui se sont multipli6es depuis le d6but du XVIII e si~cle ont rendu possible l'apparition, autour de 1800, ~ la fois de l'histoire litt6raire et de la critique litt6raire modernes, chacune b6n6ficiant des pro- gras de rautre.

La production litt6raire du XVIII e si~cle en Europe occi- dentale a innov6 sur celle des si~cles pr6c6dents, en ce qu'elle n'est pas domin6e par la po6sie mais par les id6es, et par leur application ~t la vie pratique. De grandes histoires de la civilisa- tion, comme l'Essai sur les M~eurs de Voltaire ou son Sikcle de Louis XIV, comme le Risorgimento dell'Italia ne#li studi, helle arti, e nei costumi dopo il Mille, de BetineUi (1773) faisaient de bonne heure une large place ~t l'activit6 litt6raire et artistique, et montraient comment ces facteurs, au marne titre que les

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r~alisations ~conomiques et les exploits militaires, contribuent 5- constituer l'esprit d'une 6poque. Cette notion d'esprit du temps, de Zeitgeist, t6moigne de la conscience du relativisme historique. Elle peut s'appliquer soit 5- un si~cle, soit 5- divers moments d'une lente 6volution, soit 5- l'actualit6 contemporaine - favoris6e en cela par la presse p~riodique. C'est en grande partie autour d'elle que s'organisent et l'histoire litt6raire et la critique litt6raire, sans d'ailleurs que ces deux disciplines, n6ces- sairement compldmentaires, soient alors pergues comme dis- tinctes.

L'~quilibre entre d6marche historique et d6marche critique peut atre consid6r6 comme une opposition dialectique dont on trouverait sans doute des exemples dans le passe, mais dont prennent plus nettement conscience les g~n6rations de la fin du XVIII e et du d~but du XIX e si6cles. C'est que la r~flexion sur la litt6rature est alors renouvel6e par la d6couverte ou red6- couverte d'oeuvres jusqu'alors inconnues (c'est le cas, pour la plupart des lettr6s du continent europ6en, du tMatre de Shake- speare), ou m6pris6es (c'est le cas des po6tes frangais du XVI e si6cle frapp6s d'ostracisme par Boileau et que red6couvrent, avant les Frangais, des critiques anglais de la fin du XVIIP si~cle); et que dire de la r6v61ation d'Ossian, de l'int6r~t pour la litt6rature populaire, dont un Herder donne l'exemple?

A l'origine de ces d~couvertes ou r6habilitations sont 6videm- ment les d6bats sur la notion de gofit qui se sont multiplies depuis le d6but du XVIII e siScle. On accepte d6sormais plus ou moins selon les pays, qne le gofit puisse diff6rer d'une nation 5. une autre, et d'un sibcle 5- l'autre. Sous cet aspect au morns, la querelle des anciens et des modernes perd de son int6rat. Sans doute connait-elle un nouvel avatar dans les oppositions entre classiques et romantiques (les seconds, en France, traitant les premiers de t~ perruques ~), mais il convient de ne pas en exag~rer l 'importance; ce n'est pas en ces termes clue se pose, en Angleterre, la question du renouvellement po6tique; ailleurs les antagonismes litt~raires sont en partie fauss~s par la passion id6ologique. En Italie du nord le romantisme lib6ral et national

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s'oppose au conservatisme associ6 au pouvoir autrichien. En AUemagne le classicisme antiquisant de Schiller et de Goethe participe de l'humanisme cosmopolite des Lumi6res et est proche d'un protestantisme ~clair6, tandis que la plupart des ~crivains romantiques, conservateurs catholiques ou convertis au catho- licisme, d6fendent une estMtique qui se r~clame volontiers d'un nationalisme 6troit en mame temps qu'elle id6alise un moyen ~tge f6odal.

Quelles que soient les positions adopt6es, elles sont large- ment tributaires d'un esprit historique qui se manifeste aussi bien dans les sujets trait~s par les dramaturges et pontes que dans l'appr6ciation des oeuvres par la critique. La REvolution fran~aise joue son r61e ici en ce sens que jamais encore on n'a pris aussi nettement conscience qu'~t partir de la derni~re d6cen- nie du si~cle, de l'influence que peuvent avoir sur le cours de l'histoire les id6es propag~es par les grands 6crivains. Pour outranci6res qu'elles soient, les theses de Burke et de l'abb6 Barruel vont dans le m~me sens que les grandes histoires de la civilisation 61abor~es par les ~crivains des Lumi~res, mettant en valeur la place de la litt6rature et sa contribution ~ la marctle de l'histoire. Comment, d~s lors, l'6tude de la litt6rature pour- rait-elte se dispenser du recours5 l'approche historique?

Que la pratique et le terme m~me d'~ histoire litt6raire ~> soient repr6sentatifs, aux environs de 1800, d'un esprit nouveau, c'est ce que montre le r6sistance hostile de la critique con- servatrice frangaise. Dussault, rendant compte dans une s~rie d'articles du Journal des Ddbats, de l'ouvrage de Sismondi, De la littdrature du Midi de l'Europe, proteste, dans la livraison du 29 septembre 1813, contre (~ ces pr6tendues histoires litt~- fairest>, fond6es sur des ~ recherches aussi laborieuses que ridicules ~>; il y voit une tentative pour imposer <~ les principes de la litt6rature romantique >), c 'est / t dire pour introduire le chaos dans la critique. Cette litt6rature, poursuit-il, ~ a-t-elle

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ses principes et ses r6gles? Quel nouvel Aristote pourrait-il en r~diger la podtique ? >> Le grand mot est I~cM: l'histoire litt6- raire constitue la n6gation des po6tiques traditionnelles. ~ His- torique >> s'oppose ~ normatif ou dogmatique, et suppose que les Franqais renoncent ~t l'axiome d'un bon gofit universel et 6ternel dont ils d6tiendraient le monopole e n t a n t qu'Mritiers des Grecs et des Latins: conception sur laquelle repose implicite- ment l 'ordonnance des quatorze volumes du Lycde, ou Cours de littdrature ancienne et moderne (1799) de La Harpe.

On comprend, dans ces conditions, que la France et les autres pays de langue romane, qui les uns et les autres se consid6rent 5. des titres divers comme les continuateurs des Romains, ne renoncent que tardivement, et incompl6tement, aux Po6tiques qui font autorit6 depuis la Renaissance et qui se r6clament d'Aristote et d'Horace. En revanche l'Allemagne, justement fi6re de l'essor nouveau que prend sa litt6rature, affranchie de l'imitation des modes frangaises, est par excellence le promo- teur des nouvelles conceptions en mati6re de critique, ayant accepts avec enthousiasme les modules litt~raires offerts par Shakespeare, par Ossian, par la Bible - et aussi par l'image nouvelle que les travaux des 6rudits prdsentent d6sormais de l'antiquit6 classique, soumise elle aussi ~ une perspective historique dans laquelle le ou les auteurs de l'Iliade ne sont plus per~;us implicitement sur le m~me plan que Sophocle ou Virgile.

Si l'6tude de la litt~rature selon des principes historiques se trouve associ6e de fait ~t l'essor du mouvement romantique, le te rmed ' ~ histoire litt6raire ~> est ant6rieur au XIX e si~cle. C'est en 1733 que les B6n6dictins de St Maur ont publi6 le premier volume de leur monumentale Histoire littdraire de la France

- entreprise de tr~s longue haleine qui enest rest6e au Moyen age. C'est aussi au Moyen ftge que se limitait l'Histoire littdraire des troubadours de Lacurne de Ste Palaye (1774). Cette derni~re avait 6t6 pr6c6d6e par la Storia della letteratura italiana (1772) de Tiraboschi, premiere histoire d'ensemble d'une litt6rature nationale, avec laquelle rivalisera plus tard (1811-1819) celle,

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consaerfie toujours h l'ltalie, mais en langue franqaise, de Gin- guen6 - plusieurs fois traduite en italien.

Le premier quart du XIX e si~cle voir aussi paraltre, en divers pays, des ouvrages consaer~s, soit ~ l'histoire d'une litt~rature nationale, soit ~t celle d'un genre litt~raire dans une ou plusieurs litt~ratures. Les meilleurs de ces ouvrages prennent soin d'en- visager l'6volution litt~raire dans son rapport avee l'histoire g6n~rale de la civilisation, comme l'avait d~j~t fait Voltaire. On est d6sormais loin des sees r6pertoires ou catalogues des XVII e et XVII1 e si~eles comme les Ouvrages des Savants de Baillet (1696) ou la Cimbria literata de Johann Mollner (1743), compilations representatives d'un temps o~ litt6rature 6tait encore synonyme d'6rudition. La m~me transformation s'est op6r~e dans les monographies consacr~es ~t un 6erivain, et long- temps domin~es par la tradition rh6torique de l'~loge aead& mique; m~me si eertaines continuent ~ accorder ~t la biographic une place qu'on jugerait excessive aujourd'hui, la presentation et l'appr6ciation des ~crits de l'auteur b6n6ficient d~sormais d'une approche critique. L'interp6n~tration de la d6marche historique et de la d6marehe critique est en effet sensible dans tousles domaines des 6tudes litt~raires. L'emploi du substantif et de l'adjectif ~ critique >> s'est multipli~ au cours du XVIII ~ si~cle dans les titres des ouvrages plus ou moins th6oriques de diverses langues. Le ph~nom6ne s'aecroit encore en Allemagne avec le retentissement de la pens~e kantienne. Ces 6crits th~oriques eux- m~mes ne consistent plus en r~flexions abstraites sur la nature du Beau et sur le gofit esthdtique. En s'interrogeant sur la part du relatif et la part de l'universel dans ces notions, on est amen6 5. les illustrer par des exemples historiques. L'histoire des genres litt6raires prend ainsi naissance.

Cette association de l'histoire et de la critique dans l'dtude des faits litt6raires ne donne pas toujours lieu ~ des ~crits autonomes; elle entre comme par le pass6 dans des ensembles plus vastes (histoires de la civilisation), ou appara~t dans des pr&aces, des correspondances entre ~erivains (Goethe et Schil- ler), ou dans ces pol~miques qui constituent une des manifesta-

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tions caract~ristiques de l'av~nement du romantisme. Le d6ve- loppement de la presse offre aussi de nouvelles possibilit~s, soit darts les traditionnels comptes rendus, soit sons forme d'essais.

On donnera ici quelqnes exemples d'~crits marquants dans les diff&ents domaines qui viennent d'etre indiqu6s.

Les innombrables discussions sur le gofit et sur la nature du Beau ont amen6 de bonne heure 5. s'interroger sur ce qui rapprochait la litt6rature et les arts plastiques et sur ce qui constituait la sp~cificit6 de l'une et des autres. Dans le second cas l'ouvrage fondamental a 6t6 le Laocoon de Lessing (1766), sous-titr6 (~ Les limites de la peinture et de la po6sie ~). Dans le premier cas, on a vu se g6n6raliser l'attitude consistant 5. consid6rer une oeuvre litt6raire comme un objet artistique au m~me titre qu'un tableau ou une statue. Les enquStes sur ce que l'Espagnol Arteaga appelle dans le titre d'un trait6 publi6 en 1789, ~ La beaut6 id6ale consid6r6e comme objet de tous les arts d'imitation ~) s'inscrivent dans le domaine de cette discipline nouvelle que d~s 1750 l'Allemand Baumgarten, dis- ciple de Wolf, baptise du nom latin d'Aesthetica. Le terme, repris par le Hongrois Szerdahely en 1778, est bient6t naturalis6 par les Allemands, qui se font les promoteurs de la nouvelle (~ science ~, laquelle b~n6ficie bient6t des rigoureux principes critiques formul6s par Kant dans sa Critique du Jugement. Apr6s les Lettres de Schiller sur l'Education esthdtique de l'Humanitd, Jean Paul Richter sur le mode fantaisiste qui est le sien, puis plus s6rieusement le critique et historien de la litt&a- ture Bouterwek, marquent au d6but du XIX e si~cle les progr~s de l'Esth&ique, qui demeurera un domaine de pr6dilection des Allemands mais gagnera plus tardivement les autres litt6ratures.

La r6flexion sur la litt6rature proprement dite et sur la erda- tion litt6raire sont pour une bonne part tributaires, ~ la fois des grands trait6s comme celui de Lord Kames (Henry Home), Elements of Criticism, (1762) qui a surtout influenc6 les Alle-

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mands, et de la vogue des notions d' <~ originalit6 ~> et de <~ g~- nie ~>, qui prennent chez les Romantiques l'ampleur que l'on sait. LS- encore le relais par les Allemands des id6es de Shaftes- bury joue un r61e important, ainsi que les Conjectures on Original Composition d'Edward Young, mais le r61e central revient peut-~tre 5. Diderot.

Les adeptes de l'histoire philosophique, Voltaire, Gibbon, Hume, ont pr~par6 les esprits 5- abandonner l'id~e d'une 6volu- tion homog~ne et continue en mati~re litt6raire. L'opposition entre classicisme et romantisme va trancher d6finitivement. D6jS. Schiller opposait <~ poSsie naive ~> et <~ po6sie sentimen- tale ~>, soit deux types de mentalitS qui correspondent en gros, sans toutefois ~tre strictement dSlimit~s dans le temps, 5- l'op- position classique-moderne. Avec F. W. Schlegel et son vul- garisateur de gSnie Mme de Stall, la distinction entre litt6ra- tures du Nord et littSratures du Midi se double d'une distinc- tion entre antiquitS gr~co-latine et litt&ature moderne issue du moyen ~ge chr6tien. Ces distinctions ~l~mentaires, largement et rapidement adoptSes, vont favoriser le d~veloppement des historiographies littSraires nationales. Ce n'est pas que soient pour autant abandonn~es les ambitieuses tentatives pour tracer des tableaux d'ensemble de l'histoire des litt~ratures europ6- ennes depuis l'antiquitS (tendons par 15- Europe occidentale). La grande compilation du JSsuite espagnol Andres, r6dig~e d'abord en italien (1784-1806) relive encore des conceptions traditionnelles. Chez les novateurs, Fr. Schlegel fait porter ses travaux ~ la fois sur les litt~ratures anciennes et sur celles des modernes. Les confSrences de son fr~re Auguste-Guillaume se limitent 5- l'art dramatique, mais c'est d~js-, des Grecs et des Latins 5- la sc~ne contemporaine en Europe, un do- maine immense. Fr. Bouterwek a traits de la PoSsie et de l'Eloquence (en Europe) depuis la fin du XIII e si~cle, et la partie de l'ouvrage consacr~e 5. l'Espagne, bient6t traduite en espagnol, fait longtemps autorit6. Le prodigieux enrichissement des lettres allemandes depuis le milieu du XVIII e si~cle a frappS de bonne heure les observateurs Strangers. Carlo Denina con-

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sacre deux ouvrages en fran~ais, dans les ann6es 1780, aux ~ Progr6s de la litt6rature du Nord de l'AUemagne >>, mais on n'en saurait comparer l'importance au grand livre de Mine de StaE1 dans les ann6es 1810. Avec l'Espagne (grace h Bouterwek), l'Italie est seule h poss6der d6s avant 1820 une histoire com- pl6te de sa litt6rature nationale, celle de Ginguen6, qui d6passe le niveau de bonne compilation bibliographique r6alis6 par Tiraboschi. L'Angleterre a son histoire de la po6sie nationale (Thomas Warton) qui s'arr~te au d6but du XVIII ~ si6cle. L'histoire de la litt6rature tch6que de Jungmann (1825), 6crite dans la langue nationale et con~ue dans un esprit analogue celle de Tiraboschi, est un monument remarquable h cette date dans une litt6rature dont la r6surrection litt6raire est encore toute r6cente. I1 faut aussi signaler, pour sa nouveaut6, l'antho- logie bilingue de Fauriel, Chants populaires de la Grkce moderne (1822), que pr6c6de une longue et importante pr6sentation historique et critique.

Dans la plupart des pays, l'histoire litt6raire est une approche trop nouvelle encore pour qu'on rencontre, avant le milieu du XIX ~ si6cle, des ouvrages d'ensemble sur la production natio- nale. Les Conferences de Nyerup et Rhabek sur l'histoire de la litt6rature danoise, dbs les ann6es 1800, vont dans ce sens. A d6faut d'ouvrages d'ensemble, les ~ aper~us >>, les ~ coups d'~eil >>, sous forme d'articles dans des p6riodiques, sont nom- breux; de m~me les livres consacr6s ~t une p6riode jug6e im- portante. William Hazlitt donne, puis publie, une s6rie de con- f6rences sur la litt6rature dramatique 6lizab6thaine. Le ~ Ta- bleau ~> publi6 par Prosper de Barante en 1810, De la litt~rature frangaise pendant le XVIII e sikcle, est le d6veloppement d'un essai pr6sent6 quelques ann6es plus t6t, sur ce th6me mis au concours par l'Acad6mie fran~aise; le livre s'inspire de la m6thode suivie par Mme de StaE1 dans De la litt~rature, en int6grant l'histoire litt6raire au tableau de l'~volution sociale. Les 6crits consacr6s ~ la p6riode contemporaine se multiplient; Marie-Joseph Ch6nier, en 1815, retrace le progr6s de la Iitt6ra- ture fran~aise depuis 1789. C'est lh une nouveaut6 qui va 6tre

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favoris66 par le d6veloppement de la presse p6riodique: ainsi le tableau ~ critique et historique >> de la litt6rature su6doise du d6but du XIX e si6cle pr6sent6 par L. Hammarsk61d.

Lorsque l'histoire litt6raire se d6gage de la simple nomencla- ture bibliographique, elle peut ~tre tent6e de mettre l'accent sur les auteurs plus que sur les oeuvres. Cette d6marche va de soi pour la critique romantique, ~t la recherche de l'individualit6, du caract6ristique, des temp6raments originaux. La pratique du ~ portrait litt6raire >> brillamment illustr6e plus tard par Sainte- Beuve, mais inaugur6e d6s 1827 par William Hazlitt qui sous- titre ~ Literary portraits >> son Spirit of the Age, est appel~e ~t faire 6cole. Les monographies consacr6es ~ un grand 6crivain du pass6 proche ou lointain, qui se multiplient ~t partir de la fin du XVIII e si6cle, annoncent quelquefois cette tendance, mais certaines peuvent aussi traiter d'une oeuvre litt6raire 6tudife pour elle-m~me et ind6pendamment de la biographic de son auteur: ainsi le Commentaire sur Corneille (en fait sur son th6atre) de Voltaire (1764). Bien qu'on sache peu de chose sur la vie de Shakespeare, ses 6diteurs anglais (Pope, Samuel Johnson), puis ses traducteurs allemands et frangais, s'inter- rogent sur sa biographic. Plus tard Walter Scott, 6ditant les oeuvres de Dryden, les fait aussi pr6c6der d'une biographic. La Vie de Cervantes de l'6rudit espagnol Mayans y Siscar sus- cite de l'int6r~t en Angleterre, oia elle est traduite. Joseph Warton 6crit sur Pope, et Radiscev sur Lomonosov. Citons encore les Lettres sur les derits et le earaetdre de J.-J. Rousseau, 6crit de jeunesse de Mine de Stafil, le livre du Hongrois Jfinos Bats~nyi sur son grand compatriote des Lumi6res, Bessenyei; en pays scandinave les 6tudes de K. L. Rahbeck sur Holberg (1815-17), de L. Hammarsk61d sur Schiller (1808), en Angle- terre la Life of Schiller de Carlyle (1825).

La biographic des 6crivains n'est qu'un aspect de 1'effort gdn~ral d6j~t signal6 pour ancrer la litt6rature dans la vie de l'6poque, et pas seulement la vie du cr6ateur. L'esprit historique

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impose, avec le relativisme, l 'abandon du mythe d'une litt6ra- ture universelle et 6ternelle, r~gie par des principes inamovibles dont un des premiers est l'imitation. Une contrepartie est donc n6cessaire, si la libert6 d'inventer ne doit pas s'identifier ~t l'anarchie. C'est ~t quoi vise l'61aboration de la ~ science >> de l'esth6tique, qui comme les 6crits th6oriques des romantiques allemands se situe entre la philosophie et la po&ique. La posi- tion extrame qui leur est propre assimile la critique h un jeu po&ique, l'arfiste se d6tachant de sa cr6ation selon le principe de 1' <~ ironic romantique >). L'6quilibre entre attitude critique et atti- tude historique est ici rompu. En revanche, l~t o4 le romantisme allemand a associ6 l'ind6pendance critique - m~me au prix d'injustices /~ l'6gard du classicisme frangais - ~t l'6tude his- torique, c'est ~t lui que l'Europe est redevable d'une philosophic coh6rente qui cr6e v6ritablement l'histoire litt6raire, et dont l'expression par excellence est la s6rie des conf6rences d'A. W. Schlegel sur l'histoire du th6itre. Prononc~es en 1808 ~ Vienne, ces conf6rences sont r6unies et publi6es, puis tr~s vite traduites en frangais (1814) et en anglais (1815). Leur retentissement europden est consid6rable, non seulement par l'int6rat qu'elles 6veillent ou r6veillent, et pour le th6gtre de Shakespeare (dont Schlegel est lui-m~me un des traducteurs les plus remarquables), et pour celui du Si~cle d'or espagnol - mais aussi par la dis- tinction qu'6tablit Schlegel entre <~ classique ~) et ~ roman- tique ~>; distinction, comme on sait, imm~diatement vulgaris6e par le livre De l'Allemagne de Mine de Stafil.

La distinction reposait sur une base historique, opposant l'esth6tique 16gu6e par l'antiquit6 gr6co-latine /t celle n6e du christianisme et d6velopp6e dans les litt6ratures m6di6vales de rEurope. Le d6bat stir le romantisme domine d6sormais pour un quart de si~cle au moins route la r6flexion sur la cr6ation littdraire - mais aussi sur les t~ches de la critique et de l'his- toire litt6raires. L'une et l'autre, telles que nous les connaissons aujourd'hui, ont leurs racines dans l'int6rat passionn6 des romantiques pour l'histoire. I1 n'est pas inutile d'insister ici sur ce moment d6cisif.

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La confrontation des esth6tiques romantique et classique oblige la critique ~t sortir du cadre de la litt6rature nationale. Les grandes litt&atures de l'Europe occidentale jouent toutes un r61e, ~t des titres divers, dans le d6bat. L'anglaise est glorieuse- ment repr6sent6e par Shakespeare; le fait est ind6pendant de l'indiff6rence marqu6e par la critique anglaise du temps ~t l'6gard de la querelle entre classiques et romantiques, qu'elle consid6re comme une affaire purement continentale. Le culte de Shakespeare est en grande partie responsable du prestige qu'exerce la po6sie dramatique, 6clipsant sa rivale la po6sie 6pique, avec qui elle partageait la royaut6 dans la hi6rarchie aristot61icienne. Mais les grands dramaturges espagnols du pass6 b6n6ficient aussi grace 5. Schlegel d'une red6couverte. Pour la premi6re lois depuis un si6cle et demi, les mod61es fran~ais sont concurrenc6s, voire abandonn6s, et dans leur pays m~me.

Le succ6s des th6ses romantiques r6sulte de la conjonction ou de l'interaction de trois courants critiques; allemand, fran~ais, italien. Si en effet De l'Allemagne a largement second6 les id6es de Schlegel, les lib6raux milanais du journal II Conciliatore sont d6jh acquis par quelques-uns de leurs compatriotes, comme Bertola, aux m6rites de la litt6rature allemande contemporaine. Ces romantiques de Milan ont ~t leur tour exerc6 une influence non n6gligeable sur l'opinion cultiv6e fran9aise, tant grace ~t l'amiti6 entre Manzoni et Fauriel et ~t l'intervention directe du premier dans la querelle frangaise pour ou contre les unit6s au th65tre (la Lettre d M. Chauvet) - que par l'interm6diaire de Stendhal, partisan enthousiaste du lib6ralisme politique et litt6- raire milanais; on salt que Stendhal est l'introducteur en France du mot romantisme, d'abord sous sa forme romanticisme cal- qu6e sur l'italien. Une dizaine d'ann6es apr6s les campagnes du Conciliatore dans les ann6es 1816 et suivantes, le Globe en France revendiquait les droits de l'6crivain ~t l'ind6pendanee, et d6fendait le romantisme comme ~( le protestantisme dans les lettres et les arts ~>. Si l'Angleterre, on vient de le voir, n'a que faire alors de l'6tiquette ~ romantisme >>, elle compte paradox-

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alement le porte consid6r6 ~t l'6tranger comme repr6sentatif par excellence du mouvement: Byron. Pourtant Byron a lui-mame manifest6 bien peu de curiosit6 ~t l'6gard de la querelle roman- tisme-classicisme. S'il avait dfi prendre parti c'est au classicisme que serait all6e sa pr6f6rence. N'a-t-il pas d6fendu vigoureuse- ment Pope contre ses d&racteurs, dont William Lisle Bowles qui rut le maitre de Wordsworth? La facture du vers de Byron, sa rh6torique, l 'adoption de la strophe dite spens6rienne dans le long po~me de Childe HaroM qui fit sa gloire, rendaient ce porte, malgr6 la v6h6mence de son message, facilement acces- sible ~t un public europ6en habitu6 au goftt frangais et aux formes classiques. Parall61ement ~t Byron, passent 6galement pour ro- mantiques, aux yeux des Fran~ais du moins, qui se veulent classiques, Schiller et Goethe (ce dernier ~t cause de Werther).

Avec le triomphe europ6en du lyrisrne 6pique et dramatique de Byron, du roman historique de Walter Scott, la vieille cri- tique, ferm6e ~t l'histoire et plus encore ~ l'histoire litt6raire, rebelle ~t la vari6t6 des temps et des lieux (au ~ caract6ristique ~), a perdu tout credit. Les conceptions d'A. W. Schlegel, servies par Mine de Stall, ouvrent la vole ~t l'histoire et ~t la critique litt6raires de l'avenir.

I1 serait pourtant injuste de mettre au compte du seul esprit romantique l'ensemble du renouveUement critique du d6but du XIX e si~cle, L'6branlement, sinon la d6sagr6gation, de la hi6rar- chie et de la classification des genres telles que les fixaient les anciennes po6tiques, a commenc6 avant le romantisme. C'est un adversaire du rornantisme, en la personne de Goethe, qui a formul6 la conception - demeur~e valable, et d'ailleurs accept6e par ses compatriotes romantiques - d'un regroupe- ment en trois grands modes d'expression, 6pique, lyrique, dramatique, qu'il appelle les Naturformen der Poesie. On salt comment ce tryptique devait atre vulgaris6 par Victor Hugo dans la Pr6face de Cromwell, oia il le pr~sente comme corres- pondant ~t trois stades de l'6volution litt6raire depuis renfance de l'humanit6. D6marche historiciste, bien caract6ristique de l'orientation de la critique nouvelle.

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Plus d'un des grands principes critiques dont se r~clame le romantisme faisait partie de l'Mritage 16gu~ par le XVIIP si~cle; ainsi la notion d'originalit6, popularis6e par Edward Young, et le d6bat entre le gofit et le g6nie auquel contribua principalement Diderot. Un autre d6bat, celui entre l'inspira- tion et l'art, remonte au moins/ i la Renaissance; c'est encore Diderot qui lui a donn6 une nouvelle forme avec son Paradoxe sur le comddien, avant que William Wordsworth en propose une r~solution avec la d~finition de la po6sie qu'il a donn~e dans la Pr6face de 1815 des Lyrical Ballads.

Dans la premiere pr6face (1800) de ce recueil qui parut en 1798, on lisait: ~ Poetry is the spontaneous overflow of power- ful feelings ~ - formule qui semble accorder ~t la th~se de l'inspiration une supr6matie indiscut6e. Mais en 1815 la for- mule est reprise, et compl6t6e par ce correctif, qui r6tablit les droits de l'art r6fl6chi: ~ it takes its origin from emotion recol- lected in tranquillity ~>.

C'est une des caract6ristiques de la litt6rature romantique que le gofit des pr6faces; les Fran~ais s'y sont particuli~rement distingu6s. Signe des temps, la d6finition de la po6sie, du drame, et, peu ~t peu, du roman, est souvent au centre de ces pr6faces. La r6flexion critique - souvent accompagn6e de consid6rations historiques - tend 5. se g~n6raliser chez les 6crivains, sans vouloir se s6parer de la pratique puisqu' il s'agit de justifier aux yeux du public la nouveaut6 ou l'originalit6 d'une oeuvre. Cette tendance, qu'on pourrait appeler pragmatique, est sen- sible chez les Fran~ais et les Italiens, ~t un moindre degr6 chez les Anglais - alors qu'en Allemagne, of a sans doute elle n'est pas absente, les trait& th6oriques sont plus nombreux qu'ail- leurs, sous l'influence du d6veloppement sans pr6c6dent de la pens6e philosophique, de Kan t / i Hegel. En Angleterre Cole- ridge, qui de bonne heure s'est int6ress6 de pros 5. la philosophie kantienne, est le seul porte ~t s'en nourrir et ~t s'en inspirer dans une production th6or6tique consid6rable, et sous une forme abstraite qu'on ne rencontre gu~re chez ses compatriotes. La r6ticence g6n6rale ~t th6oriser se traduit par le recours ~t un

22 JACQUES VOISINE

mode d'expression qui a d6j~t ses lettres de noblesse dans la tradition nationale, ressai. Favoris6 par une presse p6riodique de qualit6, l'essai britannique est souvent connu et appr6ci6 ~t l'&ranger; en France, dans les ann6es 1820, une revue sp6ciali- s6e, la Revue britannique, pr6sente sous la forme de ce qu'on appellerait aujourd'hui un digest les meilleurs articles litt6raires d'outre-Manche, traduits par des critiques en renom. Les noms de Charles Lamb de William Hazlitt, de Leigh Hunt, deviennent familiers au public cultiv6 du Continent et contribuent h popu- lariser le cadre souple qu'offre l'essai ~t la r6flexion critique aussi bien qu'~t la m6ditation ou ~t la fantaisie. Voilh qui convient 5. la jeune g6n6ration romantique du premier quart du XIX ~ siacle, qui souhaite volontiers unir les positions de principe ~t l'activit6 cr6atrice. La formule tend de plus en plus tt remplacer la pratique des revues du si~cle precedent, ott la critique litt6- raire se r6duisait trop souvent ~t de simples comptes rendus qui ne d6passaient gu~re l'analyse descriptive.

L'abandon graduel des anciennes po6tiques dogmatiques ne se fait pas sans que d' ipres d6bats continuent ~t se d6rouler, en France et en Italie du moins, sur une question jug6e fondamen- tale, l 'opportunit6 de l'observation des r6gles, en vigueur depuis la Renaissance, dans la composition dramatique. C'est sur cette question des rSgles que roulent les principaux manifestes ro- mantiques. Ce n'est pas ici le lieu d'en traiter, puisqu'un ouvrage parall~le au n6tre est consacr6 aux genres dramatiques de la p6riode 1760-1820; la bibliographie qui suit le pr6sent chapitre mentionne les principaux textes de l '6poque relatifs ~t la question. On fera seulement remarquer que ces manifestes constituent l 'aboutissement d'un processus initi6 d6s le milieu du XVII I e si6cle avec le succ~s du drame domestique ou (~ bourgeois ~) anglais et sa rapide extension ~t la France, ~t l'Allemagne, h l'Italie; processus amplifi6 par le vogue de Shakespeare et par une relative dfsaffection pour l'6tiquette

HISTOIRE CRITIQUE ET THt~ORIE LITTI~RAIRES 23

~ trag6die >> (plusieurs des ~ drames >> du Sturm-und-Drang s'intitulent simplement (~ Schauspiel >>, soit ~ piece de tMatre >>).

Le genre litt6raire en prose qui commence ~t susciter d6sor- mais la r6flexion des critiques est 6videmment le roman, qui connaitra son plein d~veloppement et la reconnaissance de sa valeur estMtique h partir du milieu du XIX e si~cle. Le d6bat sur le roman est certes actif dos le XVIII e si~cle, mais pendant longtemps il se concentre sur des questions extra-esth6tiques telles que la moralit6, la vraisemblance rationnelle, l'utilit6 - valeurs fondamentales des Lumi6res. Le roman commengant seulement, autour de 1800, /t ~tre reconnu comme un genre litt6raire ~t part enti~re, le petit trait6 plus que centenaire de Daniel Huet, fait encore autorit~. C'est sous la forme d'une lettre ~t Segrais, en guise de pr6face au roman Zafde attribu6 alors ~t ce dernier (mais 6crit en fait par Mme de La Fayette) que l'6rudit 6v~que d'Avanches pr6sentait ses vues sur l'Origine des romans (1670). Une traduction allemande en est ins6r6e bient6t par E. G. Happel (1682) dans son roman Der insulani- sche Mandorell (Mandorell et les Iles) sous la forme d'un long r6cit du Mros, r6cit qui en constitue les derniers chapitres. En 1759 encore l'Italien Costantini juge utile de traduire Huet pour ses compatriotes. Clara Reeve en 1785, tout en affectant de le consid6rer comme superficiel, prend soin de le r&umer en quatre pages dans son Progress of Romance; Sade encore en 1800 se r6f~re au ~ savant Huet >>. Ces deux derniers auteurs adoptent sa m6thode, combinant pr6sentation historique de l'6volution du genre romanesque et palmaras des meilleurs romanciers, mais se r6servant sur ce dernier point la libert6 du choix. Clara Reeve toutefois (5. la diff6rence de Sade) ne s'inter- roge pas comme le faisait Huet sur les origines et du mot et du genre; elle pr6f~re, ce qui es ten effet plus int6ressant, recueillir des d6finitions (toutes anglaises). L'un et l'autre, comme le faisait Huet, 6hum+rent donc les principaux romans depuis l 'antiquit6-jusqu'h 1770 dans le cas de l'Anglaise, jusqu'h la p6riode tout ~ fait contemporaine, avec les r6cits de Mrs Rad- cliffe et le Moine de Lewis, dans le cas de Sade. M~me aper~u

24 JACQUES VOISINE

historique dans le Versuch fiber den Roman de Blanckenburg (1774), qui s'arr~te 6videmment plus t6t. Clara Reeve introduit dans son 6num6ration une int&essante division, chronologique en partie, mais aussi logique, en trois s&ies: ~ Old Romances ~) jusqu'~ la fin du XVI e si6cle, ~ New Romances ~) de La Cal- pren6de au T~l~maque, et ~ Novels ~, du D~eam~ron et des Nouvelles exemplaires ~ la fin du XVIII e si6cle, en passant par Mine de La Fayette; si elle pose bien d~s le d6but de son livre la distinction entre romance et novel, elle ne diff6rencie pas ~ nouvelle ~) et ~ roman ~>.

Clara Reeve, Mme de Stall (Essai sur les fictions, 1795), Sade, sont eux-m~mes romanciers, et ce dernier pr6sente son Idle sur les romans comme la pr6face ~t son recueil de courts romans (plut6t nouvelles) Les crimes de l'amour. Le trait6 de Huet aussi 6tait une pr6face. Clara Reeve a choisi au contraire de pr6senter ses conceptions sur le genre dans un ouvrage en deux petits volumes, et sous forme de dialogue, dans la tradition des d6bats critiques du si~cle pr6c6dent, comme les Parallkles des Aneiens et des Modernes de Charles Perrault ou rEssay on Dramatic Poesy de Dryden. Le Su6dois Palmblad recourt lui aussi, en 1812, ~t la forme du dialogue. C'est encore sous une forme traditionnelle, celle de la Lettre, que Friedrich Schlegel pr6sente des id6es qui n 'ont pourtant rien de conventionnel; mieux encore, ee Brief iiber den Roman s'ins~re dans un Dia- logue (Gespriich) sur la Po6sie. C'est une pr6sentation plus moderne qu'adopte Mme de Stall, dont l'Essai sur les Fictions, modeste par ses proportions, est assez novateur pour avoir attir6 l 'attention de Goethe, qui le traduisit. C'6tait d6j~ sous la forme d'un Essai que Blanckenburg avait publi6 un trait6 un peu confus dans sa richesse, mais dont la conclusion insiste justement sur le refus de tout dogmatisme, qui explique le choix du titre Essai. I1 reconnaR n'avoir pas lu Huet, ne mani- festant pas d'int6r~t sur la question des origines, ni du mot, ni du genre, d6sireux qu'il est seulement de proposer des sugges- tions ~t ses compatriotes futurs romanciers.

Le present chapitre 6tant consacr6 aux formes que rev~tent,

HISTOIRE CRITIQUE ET THI~ORIE LITTI2RAIRES 25

sous l'influence des 6tudes historiques, la critique et l'histoire litt4raires, ne peut omettre de faire mention des contributions qui concernent plus pr~cis6ment le genre romanesque; mais en raison du caract~re g6n6ralement fragmentaire et dispers~ qu'elles pr6sentent (les rares exceptions viennent d'Stre pass~es en revue), il serait artificiel d'en traiter ind6pendamment des ~euvres qu'elles accompagnent.

BIBLIOGRAPHIE PRIMAIRE HISTOIRE, CRITIQUE ET THEORIE LITTERAIRES 1

I. Esth~tique et th~orie litt~raires

1750 ALL BAU~GARTEN, Aesthetiea, I (Aesthetica, II, 1758) (en latin)

1753 A N G HOGARTH, W., The Analysis of Beauty 1755 ALL WINCKEL~AZ~N, J. J., Gedanken iiber die Nach-

ahmung der grieehisehen Wercke [. . . ] 1762 ALL HAMAN,, Aesthetiea in nuee (en allemand) 1766 ALL LESSINO, G. E., Laokoon oder die Grenzen der

Mahlerei und Poesie 1767 ALL RIEDEL, Fr. J., Theorie der seh6nen Kiinste und

Wissensehaften ALL SCH~ID, Chr. H., Theorie der Poesie naeh den

neuesten Grundsiitzen und Naehrieht yon den besten Diehtern naeh den angenommenen Ur- theilen

1771-74 ALL SULZER, J. G,, Allgemeine Theorie der schSnen Kiinste (extr. trad. ft. EncycL)

1773 ALL HERDER, Von deutseher Art und Kunst 1775 ITA PARINI, Corso sui prineipii di belle lettere

x I1 n'est pas tenu compte ici des tr~s nombreuses revues consacr6es en tout ou partie ~t la litt6rature. En outre beaucoup de textes critiques se pr6sentent sous la forme de pr6faces, de fragments (Kritisehe Frag- mente de Ft. Schlegel), ou de correspondanees entre 4erivains (Goethe et Schiller)...

26 JACQUES VOISINE

1778 1783

1789

1795-97 ALL

1804 ALL 1807 ALL 1817 ANG 1817 ALL

1818 ALL

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und Wissenschaften ALL ESCHENBURG, J. J., Entwurf einer Theorie und

Literatur des Wissenschaften ESP ARTEAGA, E., Tratado acerco de investigaciones

filosoficas sobre la Belleza ideal considerada como objecto de todas las artes de imitacion SCmLLER, Uber die dsthetische Erzichun# des Menschen (ds Horen) R~CHa'ER, Jean Paul, Vorschule der Aesthetik BOUTERWEK, Fr., Aesthetilc COLERIDGE, S., Biographia literaria SCHLEIERMACHER, Vorlesungen fiber die Aesthe- tik KRUG, W., Geschmackslehre oder Aesthetik

II. Critique littOraire, pr~ceptes & r~flexions sur l'art littdraire

1748 PORT 1755 RUS

1757 FR

1759 ANG

1760

1761 ANG

1762 ANG FR

1764-72 FR

1764 FR

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HISTOIRE CRITIQUE ET TI-It~ORIE LITTERAIRES 27

1765 NE

1765 ALL

1767 ALL

1769 ANG

1769 ALL 1775 POL

ITA 1776

1778 FR

1781 POL

1782 NEE 1782 NEE

1783 ANG

1783 ANG

(comp. en 1784)

1786 POL

1784 FR

VAN GOENS, R. M., Vrijmoedige bedenkingen over de vergelijking der oude diehtern met de hedendaagsehen HERDER, Versueh einer Geschiehte der lyrischen Dichtskunst (publ. 1846 par E. G. von Herder) SCHMID, Chr. H., ( . . . ) Nachrieht ( . . . ) [v. supra, I, 1767] (ITA) trad. fr. DELIVOY, de BARTOLI, D., Dell'uomo di lettere (1645) REYNOLDS, Discourses [ . . . ] (1769-90, publ. posth. 1797) HERDER, Kritische Wdlder MNISZECH, M. J., My~li o geniuszu (Pens6es sur le g6nie) PANINI, Corso sui principii di belle lettere BORDER, G.A. ((Herzensausguss fiber Volks- poesie )>, ds Aus Daniel Wunderlichs Bueh, Deutsehes Museum, mai 1776 MERCIER, S~b., De la litt&ature et des littdra- teurs KARVINSKI, Fr. (De l'expression en prose et en po6sie) (en polonais) VAN ALVHEN, Dichtkundige Verhandelingen BILDERDIJK, W., Hebben de dichtkunst en welsprekenheid verband met de wijsbegeerte ? BLAIR, H., Lectures on Rhetoric and Belles Lettres (trad. all. ESCHENBURa, 1785) BEATTIZ, {~ On Fable and Romancers, in Dissertations Moral and Critical BORGZR, G. A., Yon der Popularitat der Poesie (sur la po&ie populaire), publ. posth, ds Sgimtliche Werke, 6d. A. W. Botz, G6ttingen 1835 F. N. GOLANS~:I, O wymowie i poezji (De l'61oquence et de la po6sie) RIVAROL, Discours sur l' universalitd de la langue

fran~aise

28 JACQUES VOISINE

1787

1788

1790

1793

1795-96 ALL

1798 POL

1801 ALL

1800 FR

1804 NEE

1814 FR

1817 FR

1819 ANG 1820 TCH 1821 ANG

RUS 1825 RUS

FR MARMONTEL, Eldments de littdrature (~t partir d'art, publ. ds l'Encyclop~die)

POL DMOCHOWSKI, Sztuka rymotwdrca (L'art des vers)

ALL KANT, Immanuel, Kritik der Urteilskraft (Crit. du Jugement)

HONG VERSE~HI, (Qu'est-ce-que la po6sie et qui est le vrai po&e ?) (en hongr.) SCHILLER, Uber naive und sentimentalische Dichtun9 (ds Horen) K~SICKI, (De la po6sie et des po&es) (en po- lonais) SCHLEGEL, A. W., Vorlesungen fiber sch6ne Kunst und Literatur Mine de STM~L, De la littdr, consid, ds ses rapports av. les instit, soeiales DE Bosch, J., Welken invloed heeft de Dicht- kunst [...] opde beschavin9 van het mensche- lik verstand gehad? VILLEMAIN, Les avantages et les inconv~nients de la critique CHAUSSARD, Podtique secondaire (genres non mentionn& par Boileau) BOWLES, Invariable Principles of Poetry JUNaMANN, Slovesnost (La litt6rature) SHELLEY, P. B., A Defence of Poetry OSTOLOVOV, N., (Dictionnaire de po6sie) RYLr-EV, (Quelques pens6es sur la po6sie) (en russe)

1759 FR

IlL Thdorie de la traduction

D'ALEMBERT, (~Observations sur l'art de traduire en gdndral [ . . . ] ~), ds M3langes de littdrature, etc., t. III

HISTOIRE CRITIQUE ET THt~ORIE LITT/~RAIRES 29

1765

1770

1777

1788

1789

1791

FR B[EAUZEE], art. <~ Traduction, versions) ds l'Encyclopddie, t. XVI

FR DELILLE, J., <~ Discours pr61iminaire ~) en t&e de sa trad. des Gdorgiques Romain

FR MARMONTEL, art. ~( Traduct ion, ds le Supplt. t. IV, de l'Encyelopddie

NEE LUBLttqK den Jongeren, <~ Over bet vertalen ~), conf6rence pron. en janv. 1787

HONGRAJNIS, J., (~ Concernant la profession du traducteur ~ (en hongr.), Supplt. ~t son Virgile hongrois

ANC TYTLER, A. (Lord WOODIaOUSELZE), Essay on the Principles of Translation

1757

1782

1757-8

1768 1770

IV. Thdorie des genres

Eloquence

ALL WIELAND, Tkeorie und Gesehiehte der Red-Kunst und Dicht-Kunst Anno 1757

Epop6e

HON CSOKONAI VlTI~Z, M., Sur l'dpops (en hongr.) s . d .

NED FEITH, Rh., Verhandeling over het Heldendieht

Art dramatique (voir aussi: Manifestes litt6raires)

FR DIDEROT, Entretiens sur le Fils natureI. De la po~sie dramatique

ALL LESSING, Hamburgisehe Dramaturgie FR DIDEROT, Paradoxe sur le Comddien (2 e version

1773)

30 JACQUES VOISINE

1771 POL

1773 FR

1774 ALL 1775 ANG 1776 FR 1786 ESP

1791 ESP

1792 ALL

1794-96 ALL

1803 ALL

CZARTORYSKI, A., Preface gz ~ Parma na wy- daniu ~ (Jeune fille ~t marier) MERCIER, S6b., Du Th(dtre ou Nouvel essai sur l'art dramatique (tr. all. H. Wagner 1775) LENZ, J. M. R., Anmerkungen iibers Theater COOKE, W., Elements of Dramatic Criticism VOLTAIRE, Lettre gt l'AcadOmie LA HUERTA, La eseena espa~ola defendida (contre l'6cole fran~aise) QtSINTANA, Las reglas del drama [d'apr6s Boileau] SCHILLER, ~Ueber die tragische Kunst~ ds Neue Thalia GOETHE, (discussions et r6flexions sur Hamlet) ds Wilhelm Meisters Lehrjahre SCHILLER, (pr6f. fi Die Braut yon Messina) (~ Sur l'emploi du Choeur ds la Trag6die ~) (en allemand)

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1809 FR CONSTANT, Benj., (pr6f. de Valstein) (~Qq. r6flexions sur la piece de Schiller et le th6~tre allemand ~)

1819 ANG SCOTT, Walter, Essay on the Drama (dans FEn- cyclopaedia Britannica)

1820 ITA et FR MA~ZONI, Lettre ~t M. C. [Chauvet] (sur les Unit6s au th6~tre) (en fr.)

1821 HON KATONA, J6zsef, ~ Les obstacles que rencontre le th6~ttre hongrois ~ (en hongr.)

1823 FR STENDHAL, Racine et Shakespeare (I) (et 1825 Racine et Shakespeare II)

1820 ITA MANZOM, preface de Carmagnola

Roman

1752 CHIARt, (~ Difesa della storia contra i romanzi ~), in Lettre scelte [ . . . ] Venise 1752

HISTOIRE CRITIQUE ET THI~ORIE LITTI~RAIRES 31

1759

1761-62 1762 1765 1768

1774 1778

1785 1787

1789

1795

1797

1799 1800

1800

1803 1812

1812

1819 1824

trad. ital. par Gasparo PATRIARCHI du trait6 de HUET (1670) De l'origine des Romans pr6faces de J.-J. ROUSSEAU/~ sa Nouvelle Hdlo~se DIDEROT, Eloge de Richardson JAUCOURT, art. (~ Roman ~) ds l'Encyclopddie COSTANTINI, Gius. Antonio, r Intorno all'utilit/t della storia e de'romanzi )) (6crit en 1735), ds Lettere cri- tiche, etc., Venise 1768 BLANCKENBURG, Versuch iiber den Roman MERCK, J. H. Ober den Mangel des epischen Geistes in unserem lieben Vaterland REEVE, Clara, The Progress of Romance [...] MAR~ONTEL, Essai sur les romans consid&ds du cdtO moral ROBERTI, Giamb., ~ Del leggere libri di metafisica e di divertimento )), in Opere, Bassano 1789 Mme de STAi~L, Essai sur lesfictions (trad. par GOETHE 1796 ds Die Horen) MOORE, John., A View of the Commencement and Progress of Romance GODWIN, Pr6face de St Leon SADE, (~ Id6e sur les romans ~) en pr6face aux Crimes de l' amour SCHLEGEL Fr., ~ Brief iiber den Roman~) ds Gesprdch iiber die Poesie, IV DAMPMARTIN, m. H. de, Des Romans PALMBLAD, V. F., ~Ofver Romanen. Dialog~, ds le p6riod. Phosphoros, Uppsala SCHLEGEL, Ft., (~ Vom Roman )) et ~ Moderner Ro- man ~) ds Geschichte der alten und neuen Literaturen, 12 & 14 NICOLAI, Karl, Versuch einer Theorie des Romans SCOTT' W., An Essay on Romance, ds Encyclopaedia Britannica (limit6 ~t ~ Romance ~) en prose ou en vers, h l'exclusion de ~ Novel ~)).

32 JACQUES VOISINE

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RAYNAL, abb6, Anecdotes littOraires [... ] depuis le renouvellement des lettres sous Francois leT, jusqu' gt nos jours, 1750

VOLTAIRE, Le Sidcle de Louis XIV, 1751 LAMBERT, abb6, Histoire littdraire du sikcle de Louis XIV, 1751 ANON. (DACQUIN de CI~ATEAULVON), Le sidcle littOraire de

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LA HAR/'E, Lye~e ou Cours de litt~rature ancienne et moderne, 16 vol., 1799-1805

Publications cons6cutives ~t la raise au concours par l'Institut National du sujet: Tableau littdraire de la France au XVIII e sikcle, et parues entre 1807 et 1810, Pr. de BARANTE, (Ch. PICAULT) anon., GALLOIS de la BASTIDE, Fr. G. de LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT, VIALART de SAINT-MORYS, A. J. B. BOUVET de CRESSE, toutes Sous ce titre.

CH~N~ER, M. J., Tableau historique de I'Otat et du progrOs de la litt~rature franr depuis 1789, 1815

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seeolo XVIII ~

HISTOIRE CRITIQUE ET THI~ORIE LITT/~RAIRES 35

Pays-Bas

De CLERCQ, W., (en n6erl.) De l'influence des litt~ratures Otran- gores sur la n~erlandaise, du d~but du XVe siOcle d nos jours, 1824

Russie

TREDJAKOVSKIJ, Sur la po~sie russe, aneienne, moderne et contemporaine (ms. en russe de 1755 rest~ in~dit)

BESTUZEV, Aper~u de la litt~rature ancienne et nouvelle en Russie (en russe), 1823; Apercu de la litt~rature aneienne et nouvelle en Russie en 1824 et au d~but de 1825, 1825

Su0de

HAMMARSK()LD, L., Coup d'ceil sur la litt~rature suddoise depuis 1803, (anon.), Lyceum, 1810 Kritisch-historische iiber- sicht des Zustandes der schwedischen Literatur seit dem Anfange dieses Jahrhunderts, in Brockhaus" Hermes oder kritisches Jahrbuch der Literatur, 1823 La littdrature suddoise. Notes historiques et critiques (en su6dois ) 1818-19

Littdrature tehdque

PELCL, F. M., & DOBROVSKY, J., Scriptores rerum bohemicarum, 1783, 1784

PELCL, F. M., B6hmische, miihrische und schlesische Gelehrte und Schriftsteller aus dem Orden der Jesuiten, 1786 B6hmische Bibliothek oder Verzeichnis aller in b6hmischer Sprache gedruckten Biicher bis 1798 (ouv. rest6 en ms.)

DOBROVSK~, J., Geschichte der B6hmischen Sprache und iiltern Literatur, 1818

JUNGMANN, J., Historie literatury ?eske (Hist. de la litt6r. tch~que; en fait r6pertoire des 6crivains), 1825

Litt~ratures extra-europ~ennes CSOKONAI VIT~Z, M., De la podsie asiatique (en hongrois)

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36 JACQUES VOISINE

VI. Biographies et Monographies eonsacrdes ft un dcrivain

(par ordre alphab&ique des 6erivains trait6s)

fikNYOS : Jfinos BATS.~NYI, Anyos Pdl, 1788 BESSENYEI: BATS/~NYI, Bessenyei et ses oeuvres (en hongrois),

1788 BAGGESEN: Christian MOJBECH, B. comme podte et prosateur

danois (en danois) 1827 CERVANTES : Gr. MAYANS Y SISCAR, Vida de Mig. de Cervantes

(commandit6e par John Carteret, Lord Granville), 1737 CHAUCER: Thos. TYRWHITT, The Canterbury Tales of Chaucer,

etc. 1775-78 CORNEILLE : VOLTAIRE, Commentaire sur Corneille, 1764 CSOKONAI: KOLCSEY, Csokonai Vit(z Mihdly, 1817 DRYDEN: W. SCOTT, Life of D. in Works of D., 1808 GESSNER: BERTOLA DE' GIORGI, Elogio di G., 1785 HOLBERG: K. L. RAHBECK, Sur L. H. auteur de comedies, et sur

ses com~diens (en dan.) 1815-17 H6LDERLIN : W. WEmUNGER, Ft. H., Leben, Dichtung und Wahn-

sinn (&rit v. 1824) LOMOHOSOV : RAD~EV, Sur L. (en russe) 1780 POPE: Jos. WARTON, Essay on the Genius and Writings of P.,

1756, 1782 RICttARDSON : DIDEROT, Eloge de R., 1762 ROUSSEAU, J. J. : GIHGUENI', Lettres sur les ~ Confessions ~ de

J. J. R., 1791, Mine de STA~L, Lettres sur les 3crits et le caractdre de J. J. R., 1788

SCHILLER: Lorenzo HAMMARSK6LD, Essai de critique de Ft. Sch. comme pokte, historien et philosophe, (en su6dois), 1808 CARLYLE, Life of Schiller, 1825

SHAKESPEARE: Emily MONTAGU, Essay on the Writings and Genius of Shakespeare, 1769 (Trad. frse, Apologie de Shakespeare, anon., 1777) LE TOURNEUR, <~ Viede S. ~, dansPr~faceduShakespeare

HISTOIRE CRITIQUE ET THI~ORIE LITTI~RAIRES 37

traduit de l'anglais ~), Paris, 1776 (utilise les biogr, en t~te des 6d. publi6es par Rowe, 1709, POPE, 1725, S. JOHNSON, 1765) VOLTAIRE, Lettre d l'Acad~mie franfaise, lue en s~ance publique le 25 aoCtt 1776 Giuseppe BARETTI, Discours sur Shakespeare et 3I. de Voltaire, Lond., 1776

VOLTAmE: CONDORCET, Vie de Voltaire, 1789

COLLECTION DE BIOGRAPHIES

Samuel JOHNSON, The Lives of the Poets, 1782 (biographies de 52 pontes anglais)

MANIFESTES LITTERAIRES

1773 ALL HERDER, GOETHE, MGSER, Von deutscher Art und Kunst

1800 ANG WORDSWORTH & COLERIDGE, Pr6face des Lyrical Ballads (recueil publ. en 1798)

1810 FR Mine de STAi~L, De l'Allemagne 1815 ANG Seconde pr6face des Lyrical Ballads en t~te de l'6d.

des Poems de Wortsworth 1816 ITA BERCHET, Lettera semiseria di Grisostomo 1817 ANG COLERmGE, Biographia literaria 1818 ITA Giov. TORTI, Sulla poesia 1819 ITA Carlo PORTA, El [sic] Romanticismo 1819 ANG BOWLES, W. L. Invariable Principles of Poetry

(d6clenche pol6mique avec Byron sur les m6rites de Pope)

1820 FR NODmR, M~langes de littdrature et de critique 1820 ITA/FR

MANZONI, Lettre ~t Chauvet (el. Art Dramatique), 1820

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1821 ANG SHELLEY, A Defence of Poetry 1825 FR STENDHAL, Racineet Shakespeare ([) et (II) 1827 FR V. HUGO, Prdface de Cromwell