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 II PREMIERES LEÇOI\TS DE MAGIE INVENTION DE LA MAGIE Les thèses s'affrontent : la Masie naquit-elle en Égypte ou dans les mystèies antiques? Isidore de Seville est net dans les affir- mations contenues dans se:; Éryt"tolocres (V,39-7) l'art magique naquit en Perse. Beaucoup d'auteurs précisent que ce fut l'æuvre de Zoroastre. Démocrite la fit connaître : c'est donc p,ius une rëvëla- lron qu'une invenfion. Selon Hugues de Sairrt Victor, au xtle ,:,,"c|e, la magie se divise en mantique. ou ciivinatioî, mathématique. ou usage des nombres. en sortilèges. malëfices et prodiges. La mantique se subdivise en cinq branches. dont la nécromancie (par les morts). la géomancie (par la terre). I'hydromancie (par I'eau), I'aéromancie (par I'air). la pyromancie (par le feu). La, mathématique comprend : les aruspices. les augures. les horoscopes. Les entrailles des animaux. le vol des oiseaux, la geste des étoiles. des éclipses, des comètes, sont largement étudiés. Les sortilèges utilisent les sorts. Les maléfices procèdent par incantation démoniaque. Déià se dis- 69

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II

PREMIERES LEÇOI\TS

DEMAGIE

INVENTION DE LA MAGIE

Les thèses s'affrontent : la Masienaquit-elle en Égypte ou dans les mystèiesantiques?

Isidore de Seville est net dans les affir-mations contenues dans se:; Éryt"tolocres(V,39-7) : l'art magique naquit en Perse.

Beaucoup d'auteurs précisent que cefut l'æuvre de Zoroastre. Démocrite lafit connaître : c'est donc p,ius une rëvëla-lron qu'une invenfion.

Selon Hugues de Sairrt Victor, auxtle ,:,,"c|e, la magie se divise en mantique.ou ciivinatioî, eî mathématique. ou usage

des nombres. en sortilèges. malëfices etprodiges. La mantique se subdivise encinq branches. dont la nécromancie (parles morts). la géomancie (par la terre).I'hydromancie (par I'eau), I'aéromancie(par I'air). la pyromancie (par le feu). La,

mathématique comprend : les aruspices.les augures. les horoscopes. Les entraillesdes animaux. le vol des oiseaux, la gestedes étoiles. des éclipses, des comètes, sontlargement étudiés. Les sortilèges utilisentles sorts. Les maléfices procèdent parincantation démoniaque. Déià se dis-

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tinguent : la magieet la magie noire ou

blanchegoétie.

ou théurgie,

C'est en Asie. dans la sérénité du firma-ment constellé des phénomènes célestes.que s'éveillèrent les premiers mages. del'observation que firent les Chaldéens. dela concordance du mouvement des astres et

de leurs relations avec l'existence humaine.Les Assyriens adorèrent assez simple mentles astres. telles des divinités. et trèsrapidement se rendirent célèbres par leurconnaiss ince d'une astronomie théolo-gique dont I'interprétation fut nomméepar les Grecs < astrologie >.

Babylone forma les premiers grands

magiciens : astrologues devins. magesprophétiques. guérisseurs plus ou moinssorciers. Leur réputation d'opérer desprodiges se répandit dans toute I'Anti-quité. Leur manière savanle. et assez

justifiée par les faits. d'interpréter les

songes. fut recherchée : le rêve el I'halluci-nation sont les moyens de révélation de laDivinité. Diodore de Sicile a détaillé le

rôle des prêtres astrologues de Chaldée.ll demeure fort curieux de constater

chez les Chaldéens des croyances qui ferontleur chemin dans la plupart des religionset oui dureront en Occident à travers le

Moyen Age et jusqu'à nos jours : influencedu soleil et de la lune selon leurs fonctionsquant aux constellations du Zodiaque.Les douze demeures de l'astre royal et

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les douze signes constituent Ies douzemois de l'année. La jonction des planètespermet par Ia conjonction céleste et l'étatastronomique du ciel à un moment donné,comme celui de la naissance d'un individu.de faire des prédictions que les Grecsappelèrent les horoscopes. Alexandre, roide Macédonie. consulta les Babyloniens.

Lagrande croyance d'attribuer le

signe et I'influence d'une planète sur lesmétaux précieux fut la plus célèbreinvention des magiciens chaldéens : I'orse place sous le Soleil, I'argent sous laLune, le plomb Saturne. le fer Mars.l'étain Jupiter.

L'interprétation des sacrifices sanglantsconstitua aussi une branche importantede la science des Chaldéens. ll en estautant de I'observation des augures, de [asignification des prodiges. de I'usage descharmes et des incantations. Organisés encollèges. les mages de Babylone se trans-

mettent les rites et mystères dans Ie plusgrand secret initiatique.Lors de la conquête de I'empire de

Babylone par Cyrus, ce fut la religion desPerses qui s'implanta. Les prêtres, queles Grecs avaient dénommés mages,venaient de Perse et se fondirent avec les

collèges babyloniens. Une idée cêntralese dégageait peu à peu, celle d'un dieucréateur du monde et son maître. nomméOrmuza. Contre lui, dieu bon. se dresseune divinité mauvaise. Ahriman. C'est lalutte du Bien et du Mal. D'autres divi-nités intermédiaires, génies familiers et

protecteurs. interviennent sans cesse. Pourles Perses. c'est le soleil qui incarnela divinité. à I'instar de I'lndra desVédas.

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Les Manichéens - nous le verronsultérieurement - reprendront la notiondes deux forces équilibrées. Zoroastre,au contraire. combattait le dualisme, pourattribuer la part dirimante à Ormuza.le dieu qui domine. La lumière I'emportesur les ténèbres.

Le grand prophète Zoroastre, de la

Perse, fut le législateurde la magie : on

lui attribue des livres sacrés. Athènes etRome le considèrent définitivement commele vrai créateur de la magie.

Une plante sacrée. le hom, considéréecomme plante magique, était employéedans les libations. pour sa vertu merveil-leuse de vrai talisman donnant la vie. Elledevint le symbole de la nourriture céleste.Le Hom prit rang d'une sorte de divinitépropitiatoire qui se laissait manger sous

une apparence matérielle. pour apporterla vie éternelle. Des religions reprendrontcette émouvante et ésotérique allégorie'

sublimée Dar Jésus.

CHEZ LES GRECS

Les charmes et les incantations ma-giques jouaient un grand rôle chez lesGrecs, comme dans toutes les religions.Les rites usaient de formules magiqueséprouvées, de gestes consacrés. On avaitégalement recours. outre la divination,le sacrifice cérémoniel de chaque religion,à la fascination. Orphée apprit à fasciner

les animaux. notamment les serpents. Ondit que les magiciens grecs avaient lepouvoir de transformer les humains enanimaux. Cette métamorphose. dite l.t'<'an-

LE DEMON ASSYRIEN PAZUZV(vrrrr pu suo-ouEst)

7l

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thropie, a été adoptée par plusieurscroyances religieuses. Les fables de Médéeet de Circé attribuent ces pratiquesaux magiciens.

Les femmes de Thessalie se rendirentcélèbres par I'art de Ieurs enchantements.Leurs chants magiques faisaient descendre

la lune des cieux. si nous en croyonsMénandre.

Les sorciers ou < goètes ) étaient redou-tés pour leurs maléfices : ils savaient jeterdes sorts avec Ieurs imprécations etconnaissaient la science des poisons lesplus subtils et volatils, les tuniques mor-telles. les fleurs qui tuaient. Aussi lareligion, dans ses prières. contenait-elletoujours des exorcismes de délivrance dumal.

Le culte de la lune, Hécate, contenait leplus d'opérations magiques. La mysté-rieuse action nocturne de ses rayons

mortels suscitait bien des invocationstutélaires. On disait Hécate la patronnedes sorcières. C'est elle qui attribuait ledon des prodiges. C'est elle qui envoyaitsur terre les spectres. C'est elle encorequi déchaînait jusqu'à la folie les prêtresde Cybèle. les bacchantes des fêtes deDionysos, qui. inspirés des dieux, se

Iivraient à cent excès, et la foule les imitait,et les jeunes filles s'ébattaient comme deschèvres. O jeune ./ille! un dieu te possède,c'esl ou Pan, ou Hécate, ou les vénérablescorybantes, ou Cybèle qui t'agite! clame

le chæur en parlant à Phèdre, dans latragédie d'Hippolvte.Le pouvoir maléfique de la déesse

Hécate était considérable. Ecoutons cequ'Hippocrate lui attribtre, lorsqu'il parledes hommes tourmentés oar les dieux

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MIROIR MAGIQUE

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jusqu'à en perdre la raison. Car Hippo-crate, comme Plalon dans sa Phèdre-pense qu'un dieu malfaisant cause lesdésordres intellectueis des malheureuxaliénés. Plutarque va jusqu'à dire que cesont les démons qui demandent parfoisqu'on leur livre le corps des hommes.pour les accabler, et que si I'on refuse. ilslancent des contagions sur les villes et

frappent les champs de stérilité.Si le malade imitait Ie bouc, s'il grinçaitdes dents, et que son côté droit fût enconvulsions. la Mère des Dieux ëtaitregardée comme la cause de la maladie.S'il parlait d'un ton dur et plus Jbrt qu'àl'ordinaire. on le comparait à un cheval et onattribuait son mal à Poséidon. S'il ne rete-nait pos ses excréments, Hécate Errodiaen était, assurait-on, la cause. Lorsqu'ilparlait d'un lon aigre et vif comme lesobeaux, le mal était produit par ApollonNomios. Ecumait-il ou frappait-il du pied ?

Arès était réputé l'auteur de la maladie,

Toutes lesfois qu'une personne ëtait soisiede frayeur et de crainte pendant la nuit,qu'elle était hors d'elle-même. qu'elle sau-lait à bas du lit pour courir hors de sachambre, c'étaient des pièges qui lui étaienttendus : Hécate et les héros prenaientpossession d'elle.

Les Grecs appelaient manio la foliefurieuse, mot dérivé du radical nrcn.men, qui signifie l'âme des morts. pourles Latins ce sera manes. Ceur+i pen-saient que les furieux étaient lgités parles mânes, par la déesse Manil ls mèredes lares et des mânes.

A Rome. un fou passait pour êtrË Ènbutte à la vengeance de Cérès. lir deessede la terre, celle qui conserve en son sein

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les âmes dsacrée, /ues

morts. L'épilepsie érait

Les puri s, les rites, les exor-ctsmes c ient les démons du coroshumain. P hyre a noté I'oracle de ladéesse. dicté r elle-même, et son invoca-tion exorci te. Une aspersion, ou sortede baptême, I

la terminait.

pagnait. Une offrande

vorcl les termes :Sculpte:

comme je vaicorps de cett<< rue ,, squIëzards domedu styrax et

, puis ornez-le de petits: écrasez de la mvrrhe.

I'encens qvec ces mêmesIqisserez Ie mélange à l'air

adressere: vosde la lune. Alors vousdans les termes rituels

Autant j'ai formes diférentes, autantvous prenclrezsotgneusement.

Iézards. Faites les chosesVous me conslruirez une

demeure avec

de lui-même.

rameaux du laurier poussé

ayant adressé de ferventesprières à l' vous me verrez durantvotre sommeil.

Origène donconsacrée :

Vous. inrtBombô. déesse des grands chemins, des

qui opporres Ia lumière,qui marches Ia fiuit. ennemie de la lumière,qmie et de Ia nuit. toi querëiouissent l', des chiens et Iesang versé. quià travers les t

au milieu des ombres, toi qui dësires le

sang eÎ qut Ia îerreur aux mortels,Gorgo, M lune aux mille formes.

également est précis, ce sontappels à la déesse redoutée.

les mêmes

antmaux etpendant Ie

statue de bois bien rabotée.vous I'enseigner. Faites le

statue svec Ia racine de la

la formule d'invocation

terrestre ,i céleste

L'évocation des morts, la divinationpar les ombres de I'au-delà. étaient forten pratique, notamment dans les srottesde Trophonius, c'était la nécyoàancie,véritable opération magique. L'Odysséeen parle, au long d'une scène (OovssÉe.Xl. 29). La Nécromancie la perpétue àtravers le Moyen Age.

Mais les Grecs méconnaissaient larigueur des observations scientifiques desAssyriens et leurs déductions asirolosi-ques. Pythagore et Démocrite, qui avaie-nttravaillé les enseignements de Zoroastre.furent des exceptions. Darius et Xerxèsinnovèrent, en ramenant d'Asie Mineuredes mages. Pline leur attribue I'importa-tion de la magie en Grèce, par un cèrtainPersan Osthanès, qu'ils avaient amené.C'était un prêtre fervent du culte de Zoro-astre. A partir de cette date, Xerxès et lesautres rois furent toujours accompagnésde mages. En Occident, on citait les nomsd'Astrampsychos, de Gobryas et dePazatas, comme des mages aux talentsstupéfiants. Tant fut la renommée desChaldéens.

L'influence de ces mages et astrologuesen Grèce fut de développer des rites deprovenance orientale et qui se recomman-daient du culte mystérieux d'Orphée.On prôna les purifications et les exor-

ossiste d'un eil propice à nos sacrifces!Que ce soit Médée qui le rapporre, que

ce soit Ovide, le témoignage d'Euripide

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cismes, les évocations et les expiations.De toutes parts surgirent des sorciersaux divers enchantements. La religiondevint incantatoire, ses dogmes inspirés;la parole est aux illuminés.

PYTHAGORE,

MAGICIEN DES NOMBRES

Si la Kabbale a dégagé la vertu magiquedes chiffres, c'est à Pythagore que I'on doit,bien avant elle. la science des Nombres.Pythagore appelait ses disciples les mathé-maticiens. Pour eux, le nombre, qui repré-sente le signe du chiffre. ne figure pas uneabstraction, une quantité abstraite, maisune réalité découlant de la vertu intinsèqueet active de l'UN suprême, source de l'har-monie universel/e (Schuré). La science desnombres devient alors la connaissance par

les forces vivantes du macrocosme pénétrépar le microcosme : I'action des facultésdivines en mouvement dans le monde.

Cette révélation à I'initié était cachéeau vulgaire. Les chiffres, les lettres, lesfigures géométriques. algèbre du mondeocculte. n'étaient enseignés qu'après avoirformulé le serment du silence. Pythagoreprécisa cette science secrète dans unouvrage Hieros Logos, La parole secrée,qui malheureusement fut perdu : sciencedu UN d'harmonie, composé du Feumâle, I'Esprit. l'Unique et i'Éternel. Lui.Deux de I'esprit et la matière. dualité de

Zoroastre. le Binaire, l'équilibre et lepartage des forces. Trois, Esprit-Ame-Corps, la formule absolue de la divinité.etc. Pythagore s'élance dans [a cos-

mogonie du monde visible, découvre lesprofondeurs de I'invisible et atteint legrand mystère de l'âme humaine. Avecles nombres des sphères d'or et d'ozursillonnées d' essences lumineuses dëroulaientleurs orbes jusqu'à l'infni.

On a justement qualifié I'enseignementde Pythagore une Magie de l'âme.

Mais une destinée implacable s'acharnesur les grands magiciens.

La mort de Pythagore fut, en effet,particulièrement dramatique.

Un de ses élèves évincé. Cylon, se

montrait un adversaire extrêmement vio-lent. ll groupa les mécontents, réunit desmeneurs et commença une campagnecontre les Pythagoriciens. Une fouleorageuse s'assembla. Cylon monte à latribune, lit des pages du Hieros Logos en

les tournant en dérision. les travestissant.Un ou deux orateurs essayent en vain dedéfendre le philosophe. on les hue. Cylon

poursuit sa harangue vengeresse et des-tructrice : la doctrine de Pythagore. dilil,est une atteinte à la liberté.

- Qu'est-ce que ce maître, ce prétendudemi-dieu auquel on obëit aveuglëment etqui n'a qu'un ordre à donner pour que tousses frères s'écrient : Ie maître I'a dit! Sice n'est Ie tyrqn de Crotone et Ie père destyrans. un tyran occulte? De quoi est fqitecette qmitié indissoluble qui unit tous lesmembres des hétairies pythagoriciennes, sice n'est de dëdain et de mépris pour Iepeuple? Ils ont toujours à la bouche ce motd'Homère que le prince doit être le berger

de son peuple. C'est donc que pour eux Iepeuple n'est qu'un vil troupeau. Oui, I'exis-tenc'e même de l'ordre est une conspirationpermanente conte les droits populaires.

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avait annIl la derMais il nde nouvei.il deviendComrnodr

Tant qu'il ne sera pas détruit, il n'y aurapas de liberté dans Crotone!

Un adepte du philosophe s'écria :

- Qu'on permette qu moins à Pythagoreet aux Pythagoriciens de venir se .iustifierà votre tribune. avant de les condamner.

Cylon répondit avec hauteur :

-Ces Pythagoriciens ne nous ont-ils

pas enlevé Ie droit de.iuger et de déciderdes afaires publiques ? De quel droit deman-deraient-ils aujourd'hui qu'on les écoute?IIs ne nous ont pas consultés en nousdëpouillant du droit d'exercer Ia justice.Eh bien, à votre tour, frappez sans lesentendre !

La foule hurla son approbation etapplaudit avec force.

Un soir, quarante des principauxmembres de I'ordre étaient réunis avec leurmaître chez Milon. Cylon ameuta la foule.On cerna la maison. Les Pythagoriciens

se barricadèrent. On mit le feu au logis.Pythagore et ses adeptes y périrent dansles flammes. Ainsi mourut cet homme divin.

L'ordre se perpétua encore pendantdeux cent cinquante ans. Son influencefut considérable. La science divinatoirereprit de plus belle grâce à lui. Delphesflorissait. C'est grâce aux Pythagoriciensque les magiciens de Delphes reprirenttoute leur autorité pour leurs oracles.Des progrès s'accomplirent. Eschyle ypu:.:,: le sujet de ses récits merveilleux.Pytnagore fut un grand maître de I'occulte.Platon lui empruntera sa métaphysique.

Heureux qui a traversé les Mystères,II connaît Ia source et la frn de la Vie.

Pnrpenr.

A ROME

A Rome, la consultation des augures,le culte des mânes et des dieux lares, laconjuration des mauvais génies, prenaientle premier rang dans la cité. L'époque deCatilina voit abonder les devins et magi-ciens. Tacite raconte que

lademerue

de Poppée. épouse de Néron, étaitconstamment remplie d'astrologues. Dansson palais d'Apoilonie, Octave comrrieAgrippa, consulta l'astrologue Théogènequi lui fit son horoscope. L'astrologue se

prosterna aux pieds d'Octave et luiannonça l'empire, ce qui le rendit toutheureux, ajoute Suétone qui rapporte lascène.

Quand un astrologue annonçait demauvais présages, ou se trompait, on lejetait en prison, ce qui souvent avaitI'avantage de répandre sa popularité.

En 52 av. J.-C., sur les exhortations deMécénès, qui démontra à Auguste queles devins sont les prêtres de religionsétrangères, celui-ci les chassa et fit brûlerdeux mille ouvrages de magie. Tibèreégalement bannit de Rome astrologues etmagiciens : I'un d'eux, nommé Pituanius,fut jeté du haut du Capitole.

Les empereurs redoutaient que I'onsût la date de leur mort et par conséquentla fin de leur règne. Tibère mettait à mortles tireurs d'horoscopes, mais se hâtait dedemander les prédictions le concernantet visant son entourage. Septime Sévère

croyait aveuglément en I'astrologie.Comme il était devenu veuf, il décida dese remarier, et pour cela consulta le magi-cien sur le choix d'une fiancée. Celui-cilui indiqua une fllle en Syrie à qui I'on

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avait annoncé qu'elle épouserait un roi.Il la demanda en mariage et l'épousa.Mais il n'était pas roi. Alors. il consultade nouveau le magicien pour savoir quandil deviendrait roi. ce qu'apprit I'empereurCommode qui en fut très irrité. Or. peude temps après. I'empereur mourut demort violente. Septime Sévère monta sur

le trône. Le magicien avait eu raison.Mais la divination au sujet de l'empe-

reur devint un crime de lèse-majesté. Onpersécuta les magiciens et tous ceux qui lesvisitaient. Auguste interdit devins, mageset astrolosues.

Et pourtant, la magie demeurait ancréedans la vie quotidienne et les croyances.C'était le culte des morts, la communication du monde des vivants avec celuides trépassés, le voyage chez ceux quiséjournent dans I'Au-delà, et notammentla descente aux Enfers. C'étaient ensuiteles exorcismes et les maléfices. C'étaitenfin I'interrogation de I'avenir par divina-tion. L'interprétation des signes obscursde la volonté des dieux tenait une placedéfinitive et religieuse.

Cicéron distingue la divination intuitive(qui comprend les vaticinations, l'oniro-

mancie ou science des rêves) et la divina-tion inductive (auspices. aruspices. inter-prétation et conjuration des prodiges). DeI'astrologie à la divination par I'oignon,ou crommyomancre. existaient soixante

HERMES

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procédés de divination. La lécqnomanciee't l'h.t,dronrancie procédaient par I'eauet les objets qu'on y jette. La sphondvlo-mancie est la divination par boules;l'axinontancie utilise la hache: la lamna-domancie se sert des lampes. La science

Ia plus difficile. la plus dangereuse, estcertainement la nëcromam'ie, ou sciencedes morts, des fantômes. des corps nonensevelis, des crimes mortels.

La procuratio comporte un rite destinépar conjuration à écarter la menace dudestin, I'avenir reposant essentiellementsur le fatum.

Rome comptait beaucoup de magiciens,de magiciennes, de sorciers. Horace,Ovide, Lucain, Pétrone et Apulée, lesdécrivent complaisamment. Quant à Vir-gile, Tibulle et Sénèque. ils consacrentsurtout Ia grande magie. moyen de

connaissance qui dépasse les possibilitésde la raison.

Les philosophes entretenaient les mys-tères de Cybèle. de Bacchus. d'lsis et deMithra.

Le thaumaturge, par ses cérémoniesmagiques. par son verbe. ses opérations.ses alliances surnaturelles. ses rites com-plexes et divers, agissait sur la nature. surla vie et l'âme des hommes. sur la décisiondes dieux et sur l'univers entier.

La superstition agissait aussi beaucoup.On redoutait les jeteurs de sort. Ies

conjurations, le mauvais æil. I'envoûte-ment, le loup-garou. Pline I'Ancien croitentièrement à I'efficacité de la magie pourla médication.

Le monde de Platon offre un universrempli de magie. ll est le maître du surna-turel et de I'influence des étoiles.

78

Mais Platon s'enfonce dans les mystèreset dans les régions cachées de I'inspirationdivine :

< Une preuve que Dieu n'a donné ladivination à I'homme que pour suppléerà son défaut d'intelligence. c'est qu'aucun

individu ayant I'usage de la raison n'atteintjamais à une divination inspirée et véritablemais bien celui dont la faculté de penser se

trouve entravée par le sommeil et égaréepar la maladie ou par quelque fureurdivine. > (Timëe. 71.\

Magie des songes. magie des égare-ments de la pensée. de la parole... Chéronée.le philosophe. raconte sa visite à la Pythiede Delphes qu'il va consulter. La Pythierefuse de parler. Les prêtres I'aspergentd'eau. Elle entre en convulsions. N'ëtantplus maîtresse d'elle-même, elle s'élancehors du sancluaire en poussont des cris

horribles el se roulant à lerre. en sorteque tout le monde prit la fuite et qu'onI'emporta sans connaissance hors du temple.

La démonologie de Platon remplit lemonde perceptible.

Avec les Pythagoriciens. les nombresdeviennent des êtres vivants, des hypostases

divines. Les Pythagoriciens apparaissentcomme les théoriciens de la magie.Empédocle. au ve siècle avant J.-C.. réalisades miracles devant le peuple, ressuscitantdes morts. provoquant la pluie. Thalès(vrt" siècle avant J.-C.) croyait aux appa-

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ritions démoniaques, Platon aux fan-tômes. Démocrite également. Héraclite,Pindare, Xénophon, Socrate, affirmentouvertement le pouvoir de la magie : lesphilosophes hellènes avaient réputationde magiciens experts.

Ulysse interroge la magicienne Kirké.Elle lui conseille de naviguer jusqu'à la

nation des Cimmériens, au bout de laterre, avoisinant le domaine des morts, oilil pourra interroger I'ombre du devinTirésias. Ulysse fait le sacrifice magique,il immole une génisse stérile et une bre-bis noire, asperge de leur sang les alen-tours, ranime une ombre. Achille paraîtet pousse sa lamentation : J'oimeraismieux être cultivateur ou service d'unhomme sans patrimoine et sans grandesressources, que rëgner sur lous les mortsdisparus ! (OoYssÉr, XI-489).

Apulée affirme que le démon de Socrateétait visible à tous. Les songes remplis-

sent sa vision augurale du monde. Apuléeétait un vrai faiseur de miracles, quivécut cent ans après Jésus, et que I'onopposait beaucoup au Cruciûé. II vécuten Numidie vers 125, puis à Carthage,puis à Athènes. s'instruisit avant d'effec-tuer de grands voyages. Il professa laphilosophie platonicienne à Rome où ilétait avocat. Il enseigna la rhétoriqueà Carthage. Saint Augustin assure qu'ilétait un grand maître en magie. Lactancerapporte que ses prodiges valaient sensi-blement ceux de Jésus. Ses poèmes, ses

dissertations brillantes. ont passé à la

postérité. On I'a comparé à Socrate.Son Livre de Ia Magie fait autorité. Sonretentissant Ane d'Or, à la façon deLucien. est constamment cité. On le consi-

dère comme un des maîtres de la magie

en pays méditerranéen au Ite siècle.Une place prépondérante est aussi

accordée à Apollonius de Thyane. le magi-cien thaumaturge du ler siècle. dont lascience et les prodiges furent opposés.avec sa sagesse et sa fin mystérieuse. à

ceux du Christ. Le récit de sa vie. par

Philostrate. abonde en merveilleux. Sesvoyages tiennent du fabuleux. ses ouvragesde la fantasmagorie. On le comparait cou-ramment à Jésus. pour ses miracles. son

ascétisme, ses discours, qui témoignaientd'un mage formé à la plus véridique Tra-dition. Les thèses de Pythagore furent les

siennes. Détenait-il vraiment le secretdu monde? Son traité de la Divinationpar les Astres était fameux. La légendeen faisait un héros initié au prodigedivin.

Apollonius de Thyane a laissé un textemagique que nous reproduisons ici. C'est

son Nuctemeron, qui signifie la lumièrejaillissant des ténèbres. Il est divisé en

douze heures symboliques qui corres-pondent aux douze signes du Zodiaqueet aux travaux allégoriques d'Hercule.Elles marquent la voie de I'initiationmagique.I Première heure : < Dans I'Unité.

les démons chantent les louanges deDieu. ils perdent Ieur malice et leurcolère. > (Dompter ses passions malé-fiques et obliger les démons à se rallierà la divinité.)

It Deuxième heurè : < Par le Binaire,

les poisons du Zodiaque chantent leslouanges de Dieu. les serpents de feus'enlacent autour du caducée et lafoudre devient harmonieuse. > (Loi

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de l'équilibre des contraires. selonHermès. et loi de I'agent magiqueuniversei.)

III Troisième heure : < Les serpentsdu caducée d'Hermès s'entrelacent Troisfois, Cerbère ouvre sa Triple gueuleet le feu chante les louanges de Dieu

par les Trois lances de la tbudre. >

(Symbolisme du Ternaire, base essen-tielle des religions et des symboles.)

IV Quatrième heure : < A la quatrièmeheure, l'âme retourne visiter les tom-beaux. c'est le moment où s'allumentles lampes magiques aux Quatre coinsdes cercles. c'est l'heure des enchante-ments et des prestiges. > (Loi du Quater-naire; avancée dans l'initiation ducercle magique.)

V Cinquième heure : < La voix desgrandes eaux chante le Dieu des sphères

célestes. > (La table de marbre dumonde des Hébreux. Du Déluge naîtle Soleil, paraissent les astres.)

VI Sixième heure : < L'esprit se tientimmobile, il voit les monstres infernauxmarcher contre lui et il est sans crainte. >

(Loi du Spirituel et de la fermeté dansla vision initiatique.)

VII Septième heure : < Un feu quidonne la vie à tous les êtres animés,est dirigé par la volonté des hommespurs. L'initié étend la main et lessouffrances s'apaisent. > (Le pouvoirlnitiatique donne le pouvoir Occulte.)

VIII Huitième heure : < Les étoilesse parlent, l'âme des soleils correspondavec le soupir des fleurs, des chaînesd'harmonie font correspondre entreeux tous les êtres de la nature. > (Har-monie universelle d'Hermès. d'lsis.

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de Yahvé. Chaînes d'union de courantsmagiques.)

IX Le Nombre qui ne doit pas êtrerévélé. (Chercher le Nombre essentiel etsavoir garder le secret. Accession auTernaire chiffré et ses combinaisonsmultipliées. Contemplation Pythagori-cienne.)

X Dixième heure : < La clé du cycleAstronomique et du mouvement circu-laire de la vie des hommes. > (L'Astro-logie, base essentielle de la Connais-sance.)

XI Onzième heure : < Les ailes desgénies s'agitent avec un bruissementmystérieux, ils volent d'une sphère àI'autre et portent de monde en mondeles messages de Dieu. > (Les Espritset la légion des forces mènent le monde.Accession aux degrés suprêmes.)

XII Douzième heure : < S'accomDlis-sent par le feu les Guvres de l'ÉternelleLumière. > (L'initié passe par I'illumi-nation du feu éternel, feu transcen-dantal. Il a reçu la Lumière et agirapar Elle.)Apollonius de Thyane donne ensuite

la liste des génies selon les heures :

Première heure .' Papus (médecin),Sinbuck (juge), Rasphunia (nécromant),Zahun (le scandale), Heiglot (les neiges),Mizkun (les amulettes), Haven (la dignité).Voie d'accession à la dignité du mage.

Deuxième heure .' Siséra (le désir),

Torvatus (discorde), Nitibus (les étoiles),Hizarbin (les mers), Sachluph (les plantes),Baglis (mesure et équilibre), Labezerin(nécessité). Vr de travail dans les secretsde la Nature.

Troisième heure : Hahabi (la crainte),

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Phlogabitus (les ornements). Eirnéus (des-truction des idoles), Mascarun (la mort),Zarobi (les précipices), Butatar (lescalculs), Cahor (la déception). Voie quitraverse les embûches, la peur et I'angoisse.

Quatrième heure : Phalgus (le juge-ment), Thagrinus (confusion), Eistibus(divination), Pharzuph (fornication). Sis-lan (poison), Schiekron (l'amour des

bêtes)Aclahayr (le jeu). Voie qui traverse lespires périls. les dangers, les échecs.

Cinquième heure : Zeirna (infirmités),Tablibik (fascination), Tabritau (Goétie),Suphlatus (poussière), Sair (stibium dessages), Barcus (quintessence), Camaysar(mariage des contraires). Marche versl'équilibre d'Hermès : des contraires naîtI'unité.

Sixième heure : Tabris (libre arbitre).Susabo (voyages), Eirnilus (fruits). Nitika(pierres précieuses), Haatan (trésors ca-chés) Hatipha (parures), Zaren (vengeur).

Premières joies de l'esprit, des sens, jouis-sances initiales.Septième heure : Sialul (prospérité),

Sabrus (force), Librabis (or), Mizgitari(les aigles), Cansub (l'enchanteur desserpents), Salilus (ouvre les portes), Jazer(fait être aimé). Réussite du mage quiaccède à toutes les satisfactions.

Huitième heure : Nantur (l'écriture).Toglas (les trésors), Zalburis (médecine).Alphun (les colombes),Tukiphat (schamir),Zizuph (mystères), Cunial i (l'association).Le schamir est Ie diamant allégorique.le trésor des sages, perdu par Adam,

retrouvé par Enoch, possédé par Zoro-astre et Salomon : celui-ci tailla les oierresdu temple avec ce diamant, récompensesuprême du Sage.

Neuvième heure : Risnuch (agriculture),Suclogus (feu), Kirtabus (langues), Sablil(découvre les voleurs), Schachlil (chevauxdu soleil), Colopatiron (ouvre-les prisons),Zeffar (le choix irrévocable). Enumérationgraduée des joies célestes et des pouvoirsdu magicien élu.

Dixième heure : Sezarbil (le diable),

Azeuph(tueur

d'enfants), Armilus(la

cupidité), Kataris (les profanes commedes chiens). Razanil (la pierre d'onyx),Buchaphi (les stryges), Mastho (vainesapparences). Retour des difficultés malé-fiques à conjurer.

Onzième heure : Aeglun (la foudre),Zuphlas (les forêts), Phaldor (les oracles),Rosabis (les métaux), Adjuchas (les ro-chers), Zophaz (les pentacles), Halacho(les sympathies). Loi de force de I'initiéqui progresse dans la pratique des oracles,des rites. Magie effective et opératoire.

Douzième heure : Tarab (la concussion).

Misran (la persécution). Labus (l'inqui-sition), Kalab (les vases sacrés), Hahab(les tables royales), Marnès (discerne-ment des esprits), Sellen (faveur desGrands). Au banquet de I'intelligence,à Ia table des rois, le mage boit aux vasessacrés échappés aux forces maléfiques.

Edouard Schuré a noté avec justessequ'Orphée fut le grand magicien initia-teu.r et protecteur, à I'aurore de I'Hellé-nisme; Pythagore fut Ie maître à son

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apogée; Apollonius de Thyane à sondéclin. Le premier fut le grand inspiré,le second le philosophe de la scienceésotérique, Apollonius l' illuste philosophe-magicien, le stoïcien moralisateur et lemagicien populaire de la dëcadence.

Philostrate raconte qu'Apoilonius avaitle don de double vue. C'est ainsi que, se

trouvant à Éphèse. il eut la vision de l;assas-sinat de I'empereur Domitien à Rome.Clément se jeta sur lui à midi. A la mêmeheure, Apollonius dissertait dans les jar-dins attenant aux Xystes. Une frayeursubile s'empara de lui, il cessa son discours,se leva en s'écriant : Frappe le tyran!comme s'il voyait une scène dans unmiroir. Les Ephésiens qui I'entouraientfurent frappés d'étonnement. Alors lemagicien clama : Al,ez bon courage.Ephësiens. le tt,ran a ëté tuë aujourd'hui.Que dis-je. aujourd'hui? Par Minerve !II vient d'être tuë à l'instant même pendant

que .je me suis interrompu. On crut qu'ilavait perdu l'esprit. Des messagersparurent bientôt. qui confirmèrent la nou-velle et les détails. et I'heure. annoncéspar le magicien.

Philostrate raconte également qu'unjeune malade fut amené à Apolloniuspour qu'il le guérît. Possédé d'un démon,il conv':'rait de I'expulser du corps dujeune iiomme qui faisait mille extra-vagances. Le magicien procéda par unesorte d'envoûtement hypnotique :

Àpolloniu.t le regarda fixement. alorsIe dénon se mit à parler d'une voix uain-live. se plaignanr d'ête tourmentë pqr laprésence du théosophe et promerlant de

sortir de sa victime er de ne plus enterdans le (orps d'autui. Apollonius lui

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répondit avec indignation, du ton dont unmaître porle à quelque rusë ou impudentesclave. Il lui commanda de quitter lemalheureux et de donner au départ unepreuve de sa fuite. Le dëmon annonçaqu'il abattrait une des statues placëes sousun portique voisin; aussitôt la slaîue chan-cela et tomba en éclats. Alors le jeune

homme se frotta les yeux comme s'ilfiit sorti d'un sommeil profond; il tournason visage du côté du soleil, honteux de ceque toute l'assemblée le regardait. Sapétulance avait disparu; son æil n'étaitplus hagard ; il ëtait revenu à lui, comme siun remède l'eiit guëri d'une cruelle maladie.

On dit que le grand magicien opéra denombreux exorcismes qui parurent commede vrais miracles.

Les historiens rapportent qu'il avaitconstamment auprès de lui un disciplequ'il chérissait particulièrement pour sonintelligence et sa beauté, Ménippe. Cet

étudiant était pauvre. Or Ménippe annonçaun jour à son maître qu'une dame étran-gère. d'une grande richesse, une Phéni-cienne fort belle, avait décidé de l'épouser,malgré la différence des conditions. Mé-nippe aimait passionnément cette femme.ll se réjouissait vivement de l'épouser.Il invita Apollonius au banquet de sesnoces; mais celui-ci désapprouva le ma-riage, sentant un danger flotter sur sonélève, et bien qu'il eût I'habitude de nejamais se rendre à une réception, ilaccepta d'assister à la fête qui s'annon-çait magnifique. Un repas somptueux,

aux mets et aux vins exceptionnels, fut eneffet préparé. Alors. Apollonius demanda àêtre présenté à la mariée. II Ia regarda d'unæil pénétrant et demanda à qui apparte-

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naient toute cette vaisselle d'or et d'argentet ce riche ameublement. A cette dame.répondit le jeune homme. car.je ne possèdepour toute fortune que mon vêtement. Alorsle maître déclara : Tout ce décor n'estpoint réel mais faux semblanr, et ta belleet délicate épouse n'est pas un être humain.

mais une dëmone vampire. vouée au cultedëlicieux d'Aphrodite et se nourrissant de

chair humaine. La dame sourit. mais ellepria le philosophe de quitter les lieux.Soudain Apollonius saisit sur la table ungobelet d'argent. le soupesa, car il étaitléger comme plume, et le gobelet disparutdans I'air. D'autres pieces du couverts'évanouirent aussi. Les cuisiniers. lesserviteurs se changèrent en courants d'air!La maison se volatilisa. La dame imploraitle mage de cesser ses maléfices. Elle avouasa magie, reconnut qu'elle avait eu lesecret dessein de bien nourrir et de bienengraisser Ménippe, avant de le dévorer.Elle s'évanouit dans les airs, et Ménippe.s'il acheva brutalement son beau rêve,fut sauvé.

Apollonius possédait une puissancevraiment divine. On sait qu'il fut déifiéà sa mort. On lui éleva des temples.

Ainsi donc. le culte des morts demeurait.Il était très perfectionné et consistait tou-jours en l'évocation des défunts au moyendes rites magiques. On disait d'Orphéeque Je.r chqnts /àisaient revenir les morts.

A Lesbos, on conservait embaumée Iatête d'Orphée. Elle accomplissait desprodiges, elle annonçait I'avenir. Mélampecomprenait Ie langage des oiseaux, Epi-ménide vécut trois cents ans, Mélisangueprophétisait à Athènes. Bakis se disaitpossédé par les nymphes et les filles des

sources. qui parlaient par sa bouche.L'Antiquité avait le respect des Pythieset de leurs oracles : à Delphes. sur lespentes du Parnasse, devant la statued'Apollon dans une grotte, la Pythiesur son trépied d'or, dans les fuméesd'encens, délirait et jetait une terreurreligieuse. Les fêtes orphiques se dou-blaient toujours de paroles divinatoires.Le vol des oiseaux. la rumeur des forêts,un éternuement. portaient le signe desdieux.

Le magisme d'Orphée et de Zoroastre,redirons-nous. compose une des bases deI'Histoire de la magie: toute l'écoled'Alexandrie s'en imprègne : Ammonius,Saccas et Platon sont les maîtres. JulienI'Apostat sera le grand maître du triomphede la magie. tl préférait ouvertementOrphée à Jésus. La Table d'Hermès,

I'Apocalypse de saint Jean et la Claviculede Salomon constituent les dogmesmagiques dans le Nombre d'Or de Virgileet le culte de Pythagore.

Les grands sages des premières annéeschrétiennes annonçaient que viendrait

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bientôt l'Ere du Paraclet promise parJésus : Je vous enverrai l'Esprit Consola-teur. lou| le Moyen Age le répétera.

NAISSANCE DE LA MAGIE

AU PARADIS TERRESTRE

Une vieille légende rabbinique racontequ'au Paradis Terrestre, Eve fut la maî-tresse de I'ange SamaëI. alors qu'Adamétait dans les bras de Lilith. Et c'est de latrilogie des amours d'Adam et d'Ève.d'Adam et Lilith. d'Ève et SamaëI.que naquit I'humanité. Or, Lilith et Samaëlenseignèrent la magie à Adam et à Eve.

La seconde légende au sujet des originesde la magie découle du verset de laGenèse Vl-2 : Les Enfants de Dieu.voyant que les flles des hommes étaient

belles, prirent pour Jèmmes celles qui leuravaient plu. Ce sont ces anges déchus.qui. dans leur enthousiasme pour les fillesde I'humanité. leur apprirent la magie.Le livre d'Enoch en donne I'assurance :

< Dans ces jours où les enfants deshommes se furent multipliés, il arrivaque des filles leur naquirent, belles etdésirables.

< Et lorsque les Anges, les enfantscélestes, les eurent contemplées. ils endevinrent amoureux: et ils se dirent mu-tuellement : < Choisissons des épouses

dans la race des hommes. et nous auronsdes enfants avec elles. r,

< Au nombre de deux cents. ils descen-dirent donc sur Aradis, lieu situé près dumont Armon.

< Voici le nom de leurs chefs : Samyaza,

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le principal d'entre eux. Urakabaraméel.Akibeel. Tamiel. Ramuel. Danel. Azkeel.Saraknyal. Asael, Amers, Batraal, Anane.Zavebe. Samsavael. Ertael. Turel. YomiaelArazéal. Tels furent les chefs des deuxcents anges: et tous étaient avec eux.

< Et ils se choisirent chacun une femme:

et ils s'en approchèrent, et ils cohabi-tèrent avec elles; et ils leur enseignèrentla magie. Ies enchantemenls et les pro-priétës des racines et des orbres.

< Et ces femmes conçurent; et ellesenfantèrent des géants. dont la tailleavait trois cents coudées.

< lls dévoraient tout ce que les travauxdes hommes pouvaient produire. et ildevint impossible de les nourrir.

<< Azayel enseigna aux hommes à fairedes épées et des couteaux, des boucliers,des cuirasses et des miroirs; il leur appritla fabrication des bracelets et des orne-

ments. I'usage de le peinture, I'art de sepeindre les sourcils. d'employer les pierresprécieuses et toute espèce de teintures,de sorte que le monde fut corrompu.

< L'impiété s'accrut; la fornicationse multiplia; les créatures transgressèrentet corrompirent toutes leurs voies.

< Amazarak enseigna tous les sorti-lèges, tous les enchantements et les pro-priétés des racines.

< Amers enseigna I'art de résoudre lessortilèges.

< Barkayal enseigna I'art d'observer lesétoiles.

< Akibeel enseigna les signes et lescaractères magiques.

< Tamiel enseigna Ia science des astres.( Et Araradel enseigna les mouve-

ments de la lune. >> (Livre d'Enoch.)

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Ces géants, nés des anges et des femmesles plus belles de la Création. furent dessurhommes : tels furent Hermès. Osiris.Orphée et les autres grands mages deI'Antiquité.

Nombreux sont ceux qui affirment cesorigines divines de la magie.

La science de la magie et son art expéri-

mental. pendant de longs siècles. parti-cipèrent de I'Art Sacerdotal, que lesAlchimistes retrouveront avec les redou-tables cuissons du Grand CEuvre. C'étaitI'Art Royal. mais un art cruel et qui se

retournait contre les mages puisqueOrphée fut écharpé, Moïse seul et aban-donné, Apollonius torturé, Jésus crucifié.

Son signe essentiel reposera toujourssur les éléments de l'(Euvre : sel, mercure,soufre. azote: éléments de la Science :

air, eau, terre, feu. Éléments de la Kabbale:Homme, Aigle. Lion. Taureau. Ces quatreaspects magiques de base sont essentielle-

ment ceux du sphinx égyptien. Jean leVisionnaire pare de ses vertus bénéfiquesI'auréole de Jésus martyr. Les,simplistescroient y voir les quatre évangélistes.

SUR LES HAUTS LIEUX D'ISRAÉL

En lsraëI, c'est Iahvé le grand magicienqui lance la foudre et qui fait claquer letonnerre, qui accomplit les prodiges. Onpeut dire que toute la Bible est conçuesur un arrière-plan de forces occultes etde luttes de ces forces entre elles : forcesdirigées dans le sens du monothéisme etde I'efficacité religieuse. par crainte. parmenace, par extase ou par mystique.

Forces annexes. des mages, des prophètesélus et des collèges de prophètes croyants.Forces ëtrangères parfois utilisées (Satil). leplus souvent écartées. Enfin. /'or<'es né-

Jastes. répudiées. combattues. émanant desennemis et attribuées aux dieux barbares.Luciférisme.

On peut donc distinguer parmi tant

de mages de la Bible : les prophètes quis'affirment illuminés par le Divin. LesVoyants, qui sont acceptés et tout justetolérés. Les devins. sorciers. les pytho-nisses. les nécromants. qui n'agissentque de leur propre ceur. des concurrentstrès dangereux, non conformistes. qu'ilfaut proscrire et supprimer.

On relève aussi dans ce domaine leségarements des femmes hallucinées - mi-distance de la sainteté. de la folieet du satanisme - telle la prostituéeJézabel, fardée, parée, que I'on jetterapar la fenêtre et qui périra sous les pieds

des chevaux! Elles abondent. ces prê-tresses magiciennes qui imitent les déli-rantes Miriam. la sæur d'Aaron. le grandprêtre magicien. ou Deborah qui se renditélèbre par le péan qu'elle entonna à ladéfaite de Siséra; ou la voyante Houldah.qui donnait ses consultations à domicileet dont I'oracle est rapporté. On retrouveradans le Nouveau Testament Anne. lapythonisse du Temple, selon Luc. ainsique les quatre filles du diacre Philippe,selon les Actes des Apôtres. On comptesept prophétesses messianiques, contrequarante-huit prophètes acceptés.

Il y avait ensuite les adorateurs desdieux paîens, les enfants de Belial etde Mammon. A mi-distance, se tenaientles groupes de sorciers qui. tout au long

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des ans, perpétuent leurs écoles sur lesmontagnes, toujours en ces hauts lieux.comme ie pratiquaient les mages romains.dans le vent et le vol des oiseaux.

lv[qis les hauts lieux ne disparurent pas :les gens sacrif aient encore et brûlaientencore de l'encens sur les hauts lieux.(ll. Rors. XIV-4.)

La Bible cite fréquemment sur ces

sommets

laprésence des Nabis exaltés.

inspirés, dangereux. et qui font école.Peu à peu, nous allons le voir. les prophètesprendront le titre de Nabi. (Aujourd'hui,chez les Musulmans. Al-Nabi est le GrandProphète. Mahomet lui-même.)

Samuel est < Le Voyant >, Nathan < LeProphète >, Gad < Le Visionnaire ))

(1. CHnoxrqurs. XXIX-27).Les maîtres magistes assurent que. dès

la première ligne de la Bible. on se tientau milieu du cercle de magie. On débutepar les rites magiques de Dieu. grandMage de I'Univers. engendrant ie monde

par la parole et la pensée, Ie Verbe. Sonappel fait surgir les mondes. En magie,tout rituel comporte et la parole et lesattitudes.

La Kabbale est entièrement tournéeau premier chef sur le rite magique deDieu, opérateur et premier magicien.La prière est un rite magique immuable.Le triangle de Yahvé contenant l'æilmagique est pour elle l'æil mystique deI'Egypte. ceiui de la magie transcendan-tale qui exprime le plus haut pentaclebénéfique. Culte magique du triangle,du chiffre trois. essentiellement cosmique

et qui reviendra constamment. Ouvronsla Bible.

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LA BIBLE EST

LE PREMIER FORMULAIREMAGIQUE

ET MOÏSE LE PREMIER MAGE

Tout au long de son Histoire, lsraëldéploie les actes de magie : la voyance, laprophétie. les prodiges. les guérisons, lesenvoûtcments et désenvoûtements (exor-cismes),

lalévitation.

latransfiguration.

la résurrection des morts : par insuffiation,par la volonté obsédante du regard fixe

r sur ia naissance du nez, par I'impositiondes mains, par les passes magnétiques.Le massage, I'huile sacrée, I'appositiond'un peu de salive sur la partie malade.la lecture de pensée ou divination, enfinles transports. les apparitions, les paroiestombant du ciel, marquent une iiste deprodiges relevant du pouvoir occulte ettotal du mage que ie Nouveau Testamentqualifiera définitivement de miracles. Tou-jours I'on remonte aux Égyptiens. qui

furent les plus grands mages car leurreligion reposait intégralement sur lamagie. On dit justement qu'lsraël se

découvre très égyptien (ls.).Selon Philon, Moise était un initié

d'Égypte, prêtre d'Osiris, cousin du Pha-raon, élevé entre les colonnes d'lsis etd'Osiris du temple, descendant d'Abrahamle grand mage chaldéen et d'Isaac (ls,égyptien).

Moïse possède le don des prodiges : iltransforme son bâton en serpent, il changesa main en main blanche de lépreux puis larend vive. L'épreuve du buisson ardent

a révélé son poqvoir, tous comprennent,ils s'agenouillèrent et se prosternèrent. i'.1

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Il utilise un bâton magique. emblème dupouvoir royal (le sceptre), du pouvoirsacerdotal (la crosse épiscopale). de I'initiésur les chemins de la connaissance (lebourdon du pèlerin), I'instrument duprêtre (le gouoillon), la masse du chefcommunal. C'est le sceptre d'Osiris tenupar les Pharaons. le sceptre d'Assuérus. lamassue d'Hercule. le bâton de Romulus.

I'emblème phallique de I'action _eénésiquedu principe solaire. Le bâton est le signedu culte solaire. La lettre lod des Rabbins.Le Tau des prophètes.

C'est devant le Pharaon, magicienlui-même. que Moïse montre son pouvoir.Les sorciers de la Cour égyptienne en fontimmédiatement autant. Moïse ensuite.aidé d'Aaron, change I'eau du Nil ensang. Les pgissons meurent, le Nil estinfecté. Les Egyptiens ne peuvent plus leboire et les irrigations du Nil répandentdu sang dans les campagnes. MoTse vaplus loin, il fait apparaître une multitude

de grenouilles géantes qui sortent dufleuve et envahissent les maisons. Sur ungeste de lui. les grenouilles disparaissent.Mais comme le Pharaon ne rend toujourspas la liberté aux Hébreux, Moïse faitde nouveaux prodiges : il couvre Ia terrede vermine. il suscite des nuées de mouchesqu'il écarte ensuite. Il fait paraître lapeste et tous les troupeaux - sauf ceuxdes Hébreux - meurent. Prenant la suiede four, il la jette en I'air et, retombantsur les Egyptiens. elle leur cause despustules et des ulcères!

Tendant son bâton magique, Moise fait

pleuvoir une grêle qui ravage et tue. Lescampagnes sont anéanties. Il fait ensuiteéclater la foudre, retentir le tonnerre,

répandre Ia pluie. D'un geste. il rendI'accalmie. Mais le Pharaon demeuretoujours inflexible. Moïse. d'un coup desa baguette. fait paraître des nuages desauterelles. puis s'épandent des ténèbresépaisses; d'un coup de baguette. toutrentre dans I'ordre. On se rappelle la findu drame : il faudra que lahvé s'en mêleet fasse mourir tous les oremiers-nés des

Égyptiens pour que le Pharaon laissepartir les Hébreux.Moïse se servira encore de son bâton

magique pour fendre les eaux de la merRouge et les traverser à pied sec. Quandles cavaliers égyptiens s'y avancèrent,poursuivant les Hébreux, Moïse. d'ungeste. fit refermer les eaux sur eux etcelles-ci les engloutirent.

Pour ses exploits magiques, Moïseétait assisté d'Aaron, son frère le Lévite,un mage comme lui, et de la sæur de cedernier, Miriam, prophétesse, que nousavons déjà citée et qui, tambourin en

main, mène les chæurs. De sa baguette,Moïse accomplira de nouvelles mer-veilles : il fera jaillir les sources. tomberla manne du ciel, surgir les cailles pournourrir le peuple dans le désert. C'estdans le tonnerre, le feu, le son du cor,que Moïse rencontrera lahvé au sommetdu mont Sinaî. Pendant ce temDs. Aarontrahira MoTse et élèvera l'idole magiquedu Veau d'Or, d'importation égyptienne.A son retour. Moïse fera un massacre!

Redescendant du r.nont Sinaï. Moisemontre le visage si éblouissant de lumièrequ'il fit peur. et il dut se couvrir d'un voile.

La transfiguration du mage.L'urche d'Alliance est I'objet magique

par excelience : on certifie qu'un courant

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fluidique vous secouait à son contactet pouvait faire mourir.

Les grands prêtres consultaient Ie

Seigneur sur la table d'or de I'arche sainte,entre les cherubs, ou sphinx à corps de

taureau. ailes d'aigle, et interrogeaient,avec l'(Jrim et le Thumim, le carré magiquede 12 nombres et 12 mots nommé Epnop.

Les Théraphim sont les hiéroglyphessacrés.La GeNÈsr (XXI-19) raconte que Rachel

déroba les Téraphim de son père Laban,alors qu'il était parti tondre ses brebis.Elle s'enfuit. Alors Laban dit à Jacob :

Qu'as-tu fait? Pourquoi as'tu dérobëmes dieux? Car il croit que Jacob est levoleur des idoles magiques. La GrNÈseajoute : Rachel avait pris les Tëraphim,les avait mis sow le bât du chameau ets'était assise dessus. (XXXI-34.)

Mica, au Ltvnr prs Jucrs. fabriqueune paire de Téraphim en argent. il fait

même un Ëphod. et éduque son jeune,fils à les interroger par magie (XVII-5-6).

Comme David, le peuple consultaitsouvent l'Éphod d'or pur.

L'Exooe (XXXX) d_onne une descrip-tion minutieuse de l'É,phod oracle, decouleur pourpre, violette et rouge, auxdeux pierres d'onyx insérées dans des

chatons d'or et gravées du sceau des ûlsd'IsraëI. Une sorte de jeu d'osselets dansune boîte, deux dés, pour le sort! Lepectoral : un pentacle d'or, de pourpreviolette et rouge, carré, doublé, serti dequatre rangées de pierres : la première

comprenant un rubis, une topaze. uneémeraude; la seconde rangée était consti-tuée d'une malachite, un saphir, un bril-lant; la troisième : d'une oPale, une

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agate et une améthyste; la quatrième :

d'une chrysolithe, un onyx et un jaspe.Les pierres précieuses étaient enchâsséesdans l'or pur. Chaque pierre portait unnom des douze tribus d'Israël. Le manteaude I'Ephod était également de mêmepourpre violette, orné de grçnades avecdes sonnettes!

Le diadème de Sainteté, d'or pu,portait le nom de Yahvé, et se tenaitposé sur le turban de I'officiant.

L'autel de I'holocauste est confectionnéde bois d'acacia magique et d'airain,carré, à quatre cornes magiques aux quatreangles, sur lequel brûle un feu perpétuel(Exope, XXXIX). L'huile d'onction. L'en-cens aromatique. L'Arche est égalementen acacia et or pur, les deux chérubinssont d'or, les ailes levées. Candélabresd'or pur. Sept lampes d'or pur.

La capacité du Septénaire est absolueen magie, on la retrouve constamment.

Il y a sept notes de musique - septplanètes - sept cordes de la lyre.

LTs SEPT OISEAUX MAGIQUES SONt :

cygne, chouette, vautour, colombe, cigogne,aigle, huppe.

LEs srpr PolssoNs : phoque, elurus,lucius, thimallus, mugil, dauphin, seiche.

Lrs snpr euÀDRUPÈDEs : lion, chat,loup, bouc, singe, cerf, taupe. Leur sang,fiel, graisse, servent pour les enchante-ments.

Lgs sepr PIERRES MAGIeuEs : carbun-culus, cristal, diamant, émeraude, agate,saphir, onyx.

Lns snpr uÉrlux : or, argent, fer,cuivre,mercure fxë, étain, plomb.

Lns srpr sIcNEs cABALIsTIQUTs : ^So/eil .'

serpent à tête de lioni Lune .' globe coupé

:t.l

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par deux croissants; Mars : un dragonmordant fa garde d'une épée; Vénus : unlingam; Mercure .' un caducée hermétiqueet à tête de chien; Jupiter .' pentagrammeflamboyant dans les serres ou le bec d'unaigle; Saturne .' un vieillard boiteux, ouun serpent enlacé autour d'une pierrehéliaque.

Le chift're sept revient constammentau temps de Moïse. Il y a dans le rituelsept aspersions. sept jours, sept lampes,sept Sabbats...

Sept, le nombre sacré par excellenceen magie; celui de toutes les religions etqui est composé du Ternaire (le triangle)et du Quaternaire (le cube). Car Septdonne le pouvoir magique de force.

Les Sept Symboles de I'Astrologie etde la religion sont :

Ia Foi, représentée par le Soleil (c/ or-gueil),

I'Espérance, par la Lune (c/ I'avarice),

la Charité, par Vénus (cl luxure),étoile du matin.

Ia Force, par Mars (c/ la colère),la Prudence, par Mercure (c/ paresse),Ia Tempéronce, par Saturne (c/ gour-

mandise),la Justice. par Jupiter (c/ I'envie).Dans la Kabbale des Hébreux, il y a

sept anges et sept planètes : le So/er7 estI'ange de lumière; la Lune. I'ange desaspirations et des rêves; Mars. l'angeexterminateur; Vénus. I'ange des amours;M e r cure, I'ange civil is atew ; Jup i ter, I'angede puissance: Saturne. I'ange des soli-tudes.

Ce sont aussi : Michaël / Gabriel /Samaël / Anaël / Raphaël I Zachariel IOrifiel.

Les sept puissances dominatrices sont,selon les âges :

Le Soleil, auquel est vouée I'enfance /la Lune,l'adolescence I Mars et Vénus. lajeunesse f Mercure. la virilité I Jupiter,l'âge mûr f Saturne.la vieillesse.

Le Sept. depuis les temps les plusreculés, faisait partie de I'incantation

magique chaldéenne :Ils sont sept, ils sont sept. dans les pro-

fondeurs de l'abîme, ils sont sept...Il y a Sept autels de Balaq; Sept tau-

rillons; Sept béliers. L'oracle de Balaamest fameux (Nouonrs, XXIV-I) :

Oracle de Balaam, f Is de Beor,Oracle de l'homme qui voit le mystère...dont les yeux se dessillent !

Balaam, le prophète, était Ie fils deBéor devin célèbre (Notrlsnrs, XXIf-S).Le roi de Moab, Balaq, lui demanda demaudire collectivement I'armée d'lsraëI,

pour la battre plus facilement.

Moîse est un mage. Quand il immolele bélier de I'holocauste. dit bélier d'inves-titure, il prend de son sang, en met surle lobe de I'oreille droite d'Aaron et deses fils. sur le pouce de la main droite, surle pouce du pied droit. Le gâteau d'azyme,le gâteau de pain à I'huile, sont nourrituresmagiques :

Le sacrifice expiatoire et le sang, lepain, signes magiques que I'on retrouvera

9l

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chez Jésus. De même le pain perpëtuel(Not'lsnrs. IV-7).

La cérémonie du bouc expiatoireconstitue un acte de sorcellerie. Le grandprêtre Aaron. conduit par Moïse. se faitamener un bouc: il appose ses mainssur sa tête et se t'onfesse sur lui de toutesles fautes des fils d'lsraël et de tous leursforfaits d'après tous leurs péchés. il les

met sur la tête du bouc. et le lâche dansle désert. Le bouc emportera sur lui toutesIeurs fautes vers une terre aride (Levl-rleuE. XVI-19-29). Celui qui aura tenu lebouc devra se baigner soigneusementtout le corps dans I'eau.

Le taureau. le chien et le bouc sontles trois animaux symboliques de la magiehermétique de l'Egypte, de I'Inde et dela Bible.

Le taureau exprime le signe de la terre,ou Ie sel des philosophes. Le chien. c'estHermanubis. le Mercure des sages, le

fluide. I'air et I'eau.Le bouc représente le feu et la géné-ration. Il sera Satan même.

En Judée. on consacrait deux boucs. lepur et I'impur. On sacrifiait le premier, enexpiation des péchés. On chassait le seconddans le désert. Jésus maintiendra cettecFoyance antique et magique. Les Gnos-tiques disent que Jésus expiant fait æuvredu bouc blanc. La magie blanche etla magie noire se placent sous le signedes deux boucs.

Eliphas Lévi détaille ainsi re Bouc :

< Le bouc porte sur le front Ie signe

du pentagramme. la pointe en haut, cequi suffit pour en faire un symbole delumière. Il fait des deux mains le signede I'occuitisme et montre en haut la

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lune blanche de Chesed. et en bas laiune noire de Géburah. Ce signe exprimele parfait accord de la miséricorde avecla justice. L'un de ses bras est féminin,I'autre masculin. comme dans I'androgynede Khunrath dont nous avons dû réunirles attributs à ceux de notre bouc, puisquec'est un seul et même symbole. Le flam-beau de l'intelligence. qui brille entre ses

deux cornes, est la lumière magique del'équilibre universel; c'est aussi la figurede l'âme élevée au-dessus de la matière,bien que tenant à la matière même,comme la flamme tient au flambeau. Latête hideuse de I'animal exprime I'horreurdu péché, dont I'agent matériel, seul res-ponsable. doit seul et à jamais porter lapeine : car l'âme est impassible de sa

nature, et n'arrive à souffrir qu'en se

matérialisant. Le caducée, qui tient lieude l'organe générateur, représente la vieéternelle; ie ventre couvert d'écailles, c'est

I'eau; le cercle qui est au-dessus, c'estI'atmosphère; les plumes qui viennentensuite sont I'emblème du volatile; puisI'humanité est représentée par les deuxmamelles et les bras androgynes de cesohinx des sciences occultes. >

Le bain de purification revient constam-

ment dans la Bible. On sait I'usagequ'en fera saint Jean-Baptiste I'Essénien.Moise et Aaron pratiquent les aspersionsd' < eaux d'expiation >. spécialement

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ijliTIÈ

lil

consacrées avec les mains, le souffie, laprière.

Au-dessus de la Demeure, on voitfréquemment comme une apparition de

feu.jusqu'au matin, pùis la nuée lumineuse :

cette nuée donne aux fils d'lsraël la direc-tion oir ils doivent porter leurs pas. Lerôle de cette nuée magique est ample-ment décrit (Nounnes. IX-16-23).

Les fils d'lsraël quittèrent aussi le

désert de Sinai et s'avancèrent plus loin,dans le désert de Paran.Les deux trompettes d'argent que

sonnent les fils d'Aaron font partie d'un< rite éternel >> voulu par Moîse aussi.

Un jour, dans le désert de Paran,comme le peuple mourait de faim, deuxHébreux, Eldad et Meydad, visités parI'Esprit, se mettent à prophétiser quebientôt viendrait du nouveau. Josué. filsde Noun, ministre de Moise, le dénonce :

Moise ne se montre pas jaloux et déclarequ'il voudrait que tout le peuple d'Israëlfût constitué de prophètes

-

nous dirions

aujourd'hui de sorciers (NoMBREs, XI-28).Les deux mages n'eurent pas tort, car unnuage de cailles s'abattit et le peuple futrassasié !

Lors de la rébellion des Israélites,conduite par Coré. Dathan et Abiram,contre Moise et Aaron, Moîse se défenditviolemment : il commença par un trem-blement de terre qui engloutit les chefs;puis un feu qui brûla deux cents de leurspartisans. Comme le peuple s'indignait,Moise fit la proposition suivante : on vachoisir un nouveau chef en demandantà chaque prince d'lsraël de déposer dans

la tente de I'Alliance une verge ou bâton,soit douze bâtons pour les douze tribus,

94

et le bâton qui fleurira désignera le nouveauchef. Or, ce fut celui d'Aaron qui fleuritpar hasard, en floraison de fleurs etamandes. Moïse démontra ainsi I'autoritéde son frère Aaron. (Norrtnnes, XVll-20.)

Peu de temps après, dans le désert deTsiu. la soif accablait Israë1. Pour montrerson pouvoir, Moïse prit son bâton magiqueet fit jaillir I'eau d'un rocher (Nounnns.XX-6). Il prophétisa ensuite et annonça

qu'Aaron allait mourir et qu'il fallait dèsà présent consacrer son fils Eléazar.Aaron mourut.

A une autre rébellion, vers Edom,Moïse fit mordre les récalcitrants par desserpents brûlants. C'est alors que, pourcalmer le peuple, Moïse dressa un serpentsur un bâton et changea le serpent enairain. On se prosterna. Moïse donnaI'ordre de célébrer désormais le culte duserpent. On lui obéira dans le Temple deJérusalem, jusqu'à l'époque d'ÉzécÀiel.

Le Serpent? Inquiétant serpent desOphites, du Paradis perdu, des Egyptiens...

et qui servira de motif à bien des explica-tions ésotériques. Serpent de Balaal...Serpent tentateur ou caducée d'Esculape,messager de Vie ? Serpent-lingam desVierges.

Trop de tentations attiraient le peuple deYahvé sur les chemins défendus, puisqueles Hébreux se mirent à forniquer avec lesfilles de Moab et s'en montrèrent si satis-faits, qu'ils adorèrent Baal-Peor. Il fallutque Yahvé envoyât un fléau qui tua24 000 d'entre eux, pour qu'ils revinssentà lui! (Nousnns, XXV-9-19).

Moïse est mort seul, au sommet désolé

du mont Nébo, regardant de loin la TerrePromise à laquelle il ne pouvait accéder.

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Pour ruiner les murailles de Jéricho.JosuÉ, que Moïse avait initié, passe leJourdain à pied sec, arrêtant le cours deseaux. Il fait tomber du ciel des pierressur ses ennemis, fait avancer sept prêtres.jouant de sept trompettes pendant septjours. Ils tournèrent sept fois par jourautour de la ville. Le peuple poussa un

grand cri magique et la muraille s'écroula :la ville fut prise, ses habitants passés aufil de l'épée, la cité brûlée. Josué commandeaux astres : Soleil! affête-toi sur Gabaon.Et Lune! sur la vallée d'Avalon!ce qui se

produisit, jusqu'à ce que Ia nation se

fût vengëe de ses ennemis. (JosuÉ, X-13.)Il fit pendre les cinq rois vaincus.

POSITION DE LA BIBLEDEVANT LA MAGIE

Il est fort intéressant de noter que lesIsraélites. qui utilisèrent largement lamagie, la limitaient strictement à I'emploiqu'ils en prescrivaient pour le culte deIahvé. A chaque prodige, à chaqueprophétie, à chaque songe, les LivresSacrés précisent de façon formelle queIahvé en est I'inspirateur, que lahvéI'a voulu, que Iahvé I'a commandé, etque tout acte de magie opéré en dehors duGrand Prêtre, du Roi Prophète ou desreligieux du temple, est expressémentinterdit et condamné. La démarcationest violemment indiquée par les chroni-queurs qui composèrent les récits bibliques.Israël voit d'un très mauvais æil les magesqui ne marchent pas sous l'étoile tutélaireet indicatrice de Iahvé : si I'on tolérait

les pratiques < hors religion >, tout s'écrou-lerait et I'on reviendrait aux idoles, auxmystères égyptiens, aux prodiges despaTens. La religion de Iahvé tomberaitdans cet éparpillement de forces, decroyances et d'opérations cultuelles. Qu'onne trouve chez toi personne. écrit le Deu-rÉnoNour (XVIII, 10-12), qui fasse passer

son fls ou sa fille par le feu, personne quiexerce Ie mëtier de devin, d'astrologue,d'augure, de magicien, d'enchanteur, per-sonne qui consulte ceux qui évoquent lesesprits, ou disent la bonne aventure, per-sonne qui interroge les morts. Car quiconque

fait ces choses est en abomination à l'Eter-nel, Beaucoup d'autres textes répètentcette défense. Seuls les grands mages dela Religion sont habilités à se servir desforces du surnaturel. Le LÉvrnqur (19-39,20-6) dit : Vous ne pratiquerez pas lamagie. IseïE (8-19), SopHoNrr (l-5 et 9),MrcHÉs (5-l l), S,ruuu. I (15-23) le

répètent. Ce commandement est impératif :Tu ne laisseras pas vivre la magicienne,(Exoor, 22-18). Dans les Actes des Apô-tres, on assiste aux lettres de Philippe,Paul et Barnabas, Paul et Silas contre lesmagiciens (8. 9-13; 13. 6-12; 16. 16-18).Saint Jean, comme saint Paul, dénonceles enchanteurs qui sont lâches, incrédules,abominables, meurtriers, impudiques, ido-Iâtres et tous menteurs. (Anocervrse, 2l-8.)

Or constamment, le peuple d'IsraëI,tout au long de son Histoire, reprend despratiques semblables à celles des peuplesaux religions similaires, qui utilisent elles

aussi la magie : Palestiniens, Amoréens,Cananéens, Egyptiens, Chaldéens : Ccrtu as abandonné ton peuple, Ia maison deJocob. - Ils étaient envahis de superstitions

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venues de l'Orient. - Et ils pratiquaientIa ntagie comme les Philistins. - Ils se

sont alliés auxfls des étrangers. (lsATE.2-6.)

Et dans les Rols '. Ils allèrent... après lesnations qui les entouraient et que l'EternelIeur avait défendu d'imiter. Ils abandon-nèrent totts les commandements de Dieu.Ils .fobriquèrent des idoles d'Astarté...Ils se livrèrent à la tlivinqtion et aux enchan'

tements. (Rols. 2l-6. II. CunoNtQurs.33-6). Prescription impérative : Lorsquetu seras entrë dans le pays que l'Eternel,ton Dieu, te donne, tu n'apprendras pointà imiter les abominations de ces nations-là!(DeurÉnoNone, l8-9).

L'Histoire de la magie est rempliedu

récit des combats que se livrent les magesentre eux. Ces combats sont redoutables.

On verra comment Faust lutta vioiem-ment contre d'autres magiciens. Et c'estsouvent la mort du magiste vaincu quimarque cette compétition.

ll en est de même dans la Bible. entreles mages-prophètes et les autres magesconcurrents. et qui trop souvent captentla foi du peuple, tels les magiciens duVeau d'Or, qui gagnèrent tout le peupled'lsraëI, tandis que Moïse I'abandonnaitpour monter sur le Sinaï. Moïse eut fort

à faire et beaucoup de gens à tuer. dansles rangs des lsraélites. Quand Ezéchiasdevint roi, il renversa les idoles magiques.anéantit les < hauts lieux >. détruisit

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le serpent d'airain de Moïse, (II - Rots,l8 - 3.4.) Balaam proclame : L'enchante-ment ne peut rien contre Jacobl (Nouanes,23-23.) Isaïe flétrit Babylone : Malgré lamultitude de tes sortilèges, malgré le grandnotnbre de tes enchantements (lsnis, 47-9).

Elie lutta cruellement contre les magesde Baal.

Entre l'Égypte toute imprégnée derituels magiques. et la Chaldée. lieud'origine de la magie, Israël a sa part.Une très large part. Le serpent d'airain,I'Arche magique. I'Urim et le Thumim,les colonnes du Temple... magie pure ausommet, au Saint des Saints.

Le Sceau de Salomon, comme le Bouclierde David, les pentacles, I'Hexagramme etle Pentagramme, scellent définitivementavec les Sept Sceaux de saint Jean cetteintégration de la magie dans les pratiquescultuelles et dans les rites hébraiques.

ll n'y a guère de frontières entre lamagie et les rites des religions. Isis,Bouddha. Allah et lahvé, sont les GrandsMagiciens Architectes de I'Univers.

LES TALISMANS SACRÉS

Le talisman joue un rôle important enmagie. Amulettes, talismans. pentacles,dont parle déjà Pline (Le fétiche, fabriqué

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de main d'homme et adoré comme divi-nité, est tout à fait différent). Le talisman(tilasm en arabe. telesma en grec. objetconsacré) contient son pouvoir du fluidecosmique d'après lequel le microcosmeappartient au macrocosme, la grande loide I'Unité. jusque dans la matière, dufluide du monde. En Égypte. la barquesolaire. les sarcophages des morts. lesstatues des dieux, sont garantis par destalismans. Celui du Pharaon est constitué

d'un disque solaire et de deux serpents.La croix ansée donne la vie. Le sceptre duroi est sa force. Il évite aussi l'æil prophy-lactique, la main aux doigts repliés. lepouce entre l'index et le majeur. Le sca-rabée joue un rôle important.

Pour les Assyriens, ce sont les Keroubim,ou taureaux ailés à face lunaire et coiffésd'une tiare. Gardiens des portes du templeet des palais. ils exprimaient la puissanceet la pensée. Ces génies de pierre ont uncaractère magique. Pour I'antique Baby-lone. les Ziqqurat. pyramides à étages,sont les maisons de sept directions du ciel

et de la terre du roi Nabopolassar sur lavoie sacrée. Ces tours sont : La GrandeRésidence. lieu du Ciel et de la terre,Maison du Grand Luminaire. Maisonde la Vie. etc... Les quatre angles sontorientés aux quatre points cardinaux etd'une couleur émaillée, de planète (noirSaturne. orange Jupiter, rouge Mars,or Soleil. jaune Vénus. bleu Mercure,argent Lune). Les sept étages des pyra-mides reçoivent I'influx des planètes.Les mages étudient le ciel.

Dans la Bible. Ies Keroubs de I'Arche

d'Alliance sont certainementles

continua-teurs des Keroubim assyriens. Les Tephi-

lim ou phylactères protecteurs, I'un portésur le front, I'autre sur le bras gauche,le serpent d'airain. l'Arche d'Alliance.I'Ephod et le Pectorai du Grand Prêtre,sont des talismans puissants.

Le serpent d'airain du temple de Jéru-salem s'appelait Nechuschatan, on luibrûlait de I'encens. Ezechias le détruisitcar il se refusait à I'adorer comme uneidole.

L'Arche d'Alliance d'acacia peut être

maléfique : quand. après sa victoire surles Philistins. David la ramena vers la CitéSainte, au son des harpes, tambourins,fifres et cymbales. les bæufs firent unécart. Ouzza, qui dirigeait. porta sa mainsur elle et la sqisit... Alors la colère deIahvë s'enflamma conte Ouzza. ll Ie

frappa à cause de son imprudence et ilmourut là. près de l'Arche (NoMBRES, II,Sluurl. VI).

Le Propitiatoire était fait d'une plaqued'or pur d'un mètre trente et un, sursoixante-dix-huit centimètres et poséesur I'Arche d'Alliance. On lit dans le

Lëvitique que c'est là qu'Aaron devrabniler les aromates en dedans du voileafn que lq nuée du parfum couvre le propi-tiatoire qui est sur ce témoignage... Ilprendra aussi du sang de tqureau et en

Jëra aspersion avec son doigt sur le devantdu propitiatoire vers l'Orient: et devantle propitiatoire, il fera ospersion du sangsept fois avec son doigt. (XYl-2). Ce Pro-pitiatoire est le lieu en or où séjourneIahvé et oir il rend ses oracles. Là. Moiseparle avec [ahvé.

Que penser des talismans de la Bible?

Talisman vient aussi du mot hébraïqueTselem, image : c'est I'image magique,

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I'image sainte, la médaille sainte. le véri-table pentacle bénéfique. émetteur flui-dique, conjurant les sorts, canalisant lesEsprits, appelant les forces secrètes deI'Univers. C'est aussi bien le pectoraldu grand prêtre que le tablier de peaudes Egyptiens portant les lettres sacréesmagiques.

Les Téraphim sont des pentacles dedivination. Les Phylactères sont des rou-leaux de parchemin aux inscriptions ma-giques et puissamment bénéfiques (Exooe.XIII-l-10 et ll-16. DeurÉRoNor"tr. Vl.4-9 et Xl. t3-21).

Pour consulter I'Arche, on interrogeaitle carré magique de douze nombres etdouze mots. On plaçait les quatre motssacrés : I'onyx de droite signifiait Geburah,ou justice et colère; I'onyx de gaucheGedulah. disait miséricorde et magnifi-cence.

Le mystère de l'Ephod et des Teraphims'est-il reporté sur le Tarot. depuis que

I'Arche et ses instruments magiques ontété anéantis?Picatrix définit ainsi le Talisman :

<< Un Talismanl n'est autre chose que lesceau ou I'image d'un signe céleste, pla-nète ou constellation, imprimée, gravéeou ciselée sur une pierre s_,-mpathique. ousur un métaf correspondant à I'astre.par un ouvrier qui ait I'esprit arresté etattaché à I'ouvrage et à la fin de sonouvrage. sans estre distrait ou dissipéen d'autres pensées étrangères au jouret à I'heure du planette, en un lieu fortuné,en un temps beau et serein. et quand il

est en la meilleure disposition dans leciel qu'il peut être. afin d'attirer plusfortement les influences. Dour un effet

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dépendant du mesme pouvoir et de lavertu de ses influences. >

L'Agnus Dei. de nos jours. est un talis-man chrétien : c'est un petit morceau decire béni et moulé en forme de bulle.portant un agneau pascal et une inscrip-tion. On le fait parfois en une bulle d'or,surmontée d'une croix ou d'un lan.

MAGIE DE L'ÉCRITURE

La Tradition a souvent rapporté le pou-voir magique de I'écriture. Onvoit sur lespyramides des hiéroglyphes envoûtants.Comme I'incantation et la danse, la fixa-tion du verbe par l'Écriture contient uneforce connue de tous les magiciens et debeaucoup de religions. La parole écriteprocède par une magie que la Kabbalea rendue indiscutable. La Kabbale attribueégalement cette puissance aux lettres.

qui sont le signe et I'abréviation des mots.Il y a des lettres pentacles, des lettreséblouissantes et transcendantales commele G, le Tau. J, et B, M et 8, etc. Lettresmêmes de I'alphabet et qui ont leur viepropre. Lettres terribles et tellementéblouissantes parfois. telles celles du nomde lahvé. et que I'on n'ose ni dire niécrire. Le Zohar expose toute la philo-sophie trancendantale des lettres. Lestalismans en feront usage et des lettresécrites sur un petit rouleau. accroché aucou. possèdent des pouvoirs surnaturels.Et quelle vertu magique contient maté-

riellement le livre de la Bible! Tout l'au-delà y demeure enclos. Le pouvoir ma-gique de la parole. du mot. du nom. de la

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lettre, de f image, réside dans les lignes

et chapitres du Livre Sacré, tout chargé

de ses incantations' de ses formules, de

ses allégories ritueiles, ses récits qlirelèvent de la divinité elle-même. et dugrand secret du monde. C : verra I'usage

àu'en fit saint Jean comme Ezéchiel'La magie du pouvoir du nom, écrit ou

orononcé,revient souvent dans la Bible

àt la Kabbale I'utiiise abondamment dansses démonstrations transcendantales' Le

nom écrit a un pouvoir-propre, évocateur.agissant. La vieille Egypte y aJoutatt

niême I'utilisation magique de la simili-tude de deux noms :

Dis-moi ton nom

- celui qui conduit de la Grande Déesse

sur son chemin, tel est ton nom'Nous ne te laisserons enffer et passer à

travers nous si tu ne nous dis pas nos noms-'

- Langue du séiour de la Droiture et de

la Vérité, tel est notre nom.

Hérodote et Plutarque rapportent que

les initiés prononçaient rarement le nomd'Osiris. Nous lisons dans le Livre des

Morts .' le résident de I'Amenti déteste

que I'on prononce son nom. (XLIV')ies Babyloniens cachaient le nom des

dieux. Israël prescrit : Tu ne prononceraspas le nom de lahvé. Le Tétragramme a

àes pouvoirs magiques extraordinaires. Ses

lettrès sont allusives et le nom sacré reste

caché. La Bible ne parle que d'Adonai, Ie

Seigneur, ou Elohim, Ie maître' et jamais

ne donne les trois lettres magiques : IAÉ'

Toute la magie des lettres, des chiffresleur correspondant, découle dans Ia Biblecomme dans le Talmud et la Kabbale,des trois lettres éblouissantes que I'on

épelle à peine. de bouche à oreille. et quisônt cellés de la divinité dans son trianglede lumière.

SAtTL, SAMTIEL ET DAWD

LA PYTHONISSE D'ENDOR

La Bible rapporte que Saûl, fils de

Quish, était remarquable et beau : il n'yaiait pas un des fils d'Israël qui fût plus

beau que lui : il dépassait tout le peuple

à partir de l'épaule. Ot, son père ayantperdu ses ânesses, il I'envoya à legriecherche avec un serviteur, mais ils

marchèrent beaucoup et ne les trouvèrentpas. Et, en passant au PaYs de SouPI,rendons-nous chez le voyant, dirent-ils,car, précise la Bible. ( voyant > et ( pro-phète > sont synonymes. Ce ( voyant >l

s'appelaitSamuel. Dès qu'il vit SaûI,

-iltui^àit : C'est moi le voyant... je t'indi-querai tout ce que tu as dans Ie ceur.Samuel I'invita à un grand déjeuner quise préparait, et lui servit le meilleur gigotd'agnéau. Il le convia à coucher et le

lenàemain matin, I'oignit d'huile, le

baisa et lui annonça tout.ce qu.i allait se

Dasser. et notamment les stgnes qulàllaient faire de lui un voysnl qui seraitaccueiili dans sa ville par une bande de

sorciers, descendant du haut lieu, avec

hames. tambourins, flûtes et cithares et

prophétisant. Tu prophëtiseras avec eux

et tu seras changé en un aute homme.Au bout de sept jours, i'arriverai. En effet,sept jours plus tard. - il y a longtempsque les ânesses avaient été retrouvées -

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Samuel arriva. il réunit les chefs des tribuset proclama la royauté de SaûI. commemarqué du doigt divin. La royauté deSaûl fut mal acceptée, bien des tracas ensurgirent. Si bien que Saûl perdit I'esprit.Alors, il choisit parmi les jeunes gens

d'Israël un garçon très petit. roux. filsd'lsaï. et fort avenant. du nom de David.et il eut la croyance que c'était à lui que

reviendrait le pouvoir. Il I'oignit d'huile,se I'attacha comme porteur d'armes.Saûl I'aima beaucoup, dit la Bible.David jouait parfaitement de la cithareet quand Saùl avait ses dérèglementsd'esprit, David I'apaisait par des chantsmélodieux et quasi magiques.

David héritait du pouvoir secret desmages. Son astucieux combat avec Goliathle Philistin qu'il abattit à coup de frondeet dont il trancha la tête. confirma sonautorité. SaûI, qui délirait, en fut outragé.Il voulut percer David de sa lance et se

montra fort irrité : ils devinrent ennemispour toujours. Rien n'égale la haine d'unmage pour un autre.

Saûl essaya plusieurs fois. sans succès,de tuer David. Il avait voulu consulterSamuel, mais Sarnuel était mort. Il déclaraalors : Cherchez-moi une femme nécro-mancienne, pour que.j'aille vers elle et queje la consulte. On Iui conseilla d'allervisiter celle d'Endor. Sai.il se déguisaavec d'autres vêtements et se rendit chezelle nuitamment. Il lui déclara : Pratiquepour moi, je t'en prie. la divination parI'esprit et ëvoque pour moi ce que .je te

dirai. La sorcière fut effrayée. car elleavait rapidement identifié Saù1. et ellecrut à un piège. Le roi insista. Il luidemanda d'évoquer Samuel, ce qu'elle

fit aussitôt. Samuel apparut, drapé dansson grand manteau blanc. et se plaignit àSaùl qui se prosternait devant lui. qu'onI'eût fait surgir. Pourquoi m'as-tu troublëen me faisant remonter? dit-il. et Saûldéclara : Je t'ai appelë pour que tu me

fasses connaître ce que je dois ,faire. Alors,Samuel lui fit des reproches. il lui annonçala royauté de David. Il lui prédit que le

lendemain. lui et ses fils périraient aucombat avec les Philistins. Ce qui se

réalisa.Il est à retenir que Sai.il avait avoué à

la Pythonisse que ses moyens usuels devoyance demeuraient depuis quelque tempssans effets : c'étaient les songes (l'onori-mancie). l'Ilphod et ses OuriÀ et Tummim.la consultation des autres voyants! lls'adressait alors à la nécromancie. (l

-luurr: XXVIII-4.)

Le témoignage de la Bible est précis :

David magicien était un Nabi. (Son penta-gramme flamboyant sera l'étoile desmages.)

La secte des Nabis. en Palestine. dutemps de Salomon, jouait un rôle impor-tant. On la trouvait en confrérie à Rama.C'étaient des sorciers. très consultés. et

qui se livraient à des danses furieuses.hurlant. se roulant nus à terre. Leurécole de prophètes était puissante. C'estelle qui assura le pouvoir de Samuel. qui

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I'aida à fonder Ia monarchie d'lsraël età la transmettre à Sai.il.

La Bible rapporte que David pratiquaitla sorcellerie des Nabis. les rites secretsde leurs voyants illuminés et prophétiques :

Dqvid vint à Nai:oth en Rama, et là. avantôtë ses vêtements, il prophétisa lui aussi

devant Samuel et il resta nu par terre.tout ce iour-là et toute lq nuit. (1. Sluurl.xIX-24.)

C'était d'eux que Samuei tenait sondon de voyance. Il savait lire dans lapensée des autres, assure la Bible : "/ete dirai tout ce qui se passe dans ton cæur,dit Samuel à Saûl.

Dès la période des Juges, les Nabis jouentun grand rôle dans le Royaume. C'està Rama que Samuel fut proclamé roi parI'assemblée des tribus. Au bois d'olivierset de chênes-lièges, les Nabis font leurdanse infernale. les yeux révulsés, la bouchedilatée. jetant des cris perçants, ils sautentet se roulent à terre, complètement nus.Une musique sauvage les excite.

Elisée et Saiil, rapporte la Bible. ytrouvaient une sainte surexcitation. Desjeûnes. des veilles. des macérations. pré-paraient à ces exercices d'extase. pendantlesquels on répétait inlassablement :

Oracle de I'homme aux )'eux Jèrmés.oracle de celui qui entend la parole deIahvë. qui sait la science du Très-Haut! etpuis : Oracle de celui qui voit la vision etqui tombe alors et dont les .r'eux s'ouvrent!

(Nounnns. XXIV-4). D'après Desnoyers,I'origine des Nabis remonte à Abraham,que la GexÈse (XX-7) appelle déjà dutitre de < Nabi >, ce qui signifie < I'illu-miné >. Marie. sæur de Moïse, étaitNabi. L'Exooe (XV-20) parle souvent de

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leurs extases prophétiques. Deborah, autemps des Juges, fit parler d'elle. Samuelfut un farouche Nabi. Sous David, oncite Nathan et Gad. sorcier du roi. SousSalomon, on notera Ahias de Silo lerévolté. qui prêcha la rupture.

Salomon se plaisait à Rama parmi les

Nabis. Il assistera à leurs folles exhibi-tions. leurs rondes hallucinées. Les convul-sionnaires de Saint-Médard, en 1731,n'auront rien inventé, pas plus que lesUrsulines de Loudun ni les religieusesde Louviers !

Beaucoup de membres de Ia cour deSalomon se dépouillèrent ainsi de leursvêtements et se lancèrent dans la che-vauchée fantastique, en criant : Oraclede l'homme aux yeux ouverts ! etc.(Nounnrs, XXIV. 3-15).

A I'instar des collèges initiatiques égyp-tiens. les Nabis ont une école de sorciers

qui ouvre des succursales au Carmel ( !)à Galgala, à Béthel, à Silo. Ahias en estIe grand chef et il ne cache pas son hosti-lité à Salomon. auquel il annonce qu'ilperdra son trône, ce qui I'exaspère.Les Nabis sont jaloux de la gloire deSalomon.

La Bible cite aussi le jeune Phéniciende Byblos. qu'inspirait le dieu égyptienAmon. et qui. au cours d'un sacrificeoffert par le roi de Zakerbaal, crie. hurle.parle au nom de son dieu. De même. ellerapporte I'agitation créée par les Nabis

du Baal Tyrien qui envahirent le palaisd'Achab à Samarie et le Temple (Rols.| - XVIII). Plus tard. Jérémie cite lesNabis de Moab. Édom, Ammon, Tyr etSidon. que les princes consultaient fré-quemment au vtte siècle.

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La Musique, que I'on dit avoir étéinventée par Orphée, mage de lumière,

faiseur de charmes, a toujours été consi-dérée comme agent magique. De touteantiquité on remarque l'efficacité deI'incantation magique. Qu'il soit mélo-pée, qui exhale l'âme et appelle les tréfondsdu monde secret, qu'il soit rythmeobsédant, dont la répétition agit sur lescentres nerveux et exalte, le chant magiquedéploie sa séduction. Musique sacrée del'Inde, musique rituelle des collèges desorciers de la Bible. Musique qui déploiele pouvoir envoûtant de I'incantationobsessionneile.

La Bible souligne, à propos de David,

la portée surnaturelle du chant, desinstruments de musique, du bruit descymbales. On se croirait devant un orches-tre orphique. Toutes les religions chantentdes hymnes, prières modulées par la voix,émanations du souffie, ainsi que des can-tates, des concerts, exécutés par l'assem-blage des instruments. dont la réunionsymphonique agit sur l'< aura ), commeelle atteint la divinité.

De tout temps, il y eut des êtres parti-culièrement sensibles au charme de lamusique, qui agit ici avec une force detalisman.

La Danse, avec ses gestes rituels, sesattitudes symboliques, ses passes, ses tours,sa souplesse évocatrice, possède aussi,tant pour celui qui danse, que pour celui

qui la regarde. une puissance envoûtanteémanant d'une magie. Les danses fréné-tiques de I'Afrique mènent à I'extase. Letrépignement des noirs dédouble leurpersonnaiité. Lascive comme celle deSalammbô. brutale et rythmée commecelle des Aïssaouas ou celle des dervichesdanseurs de Damas et des Soufis, suave et

plaintive, ou au contraire haletante etaccélérée. la danse comme la musicue. etdavantage encore la danse accompagnéede la musique. émet son pouvoir choc.

David prenait sa harpe, il chantait, ildansait. La Bible rapporte des chantsmagnifiques. Devant I'Arche, Davids'élançait. Il prophétisait alors, en pleinemagie, et, tels ies Nabis, rejetait sa chemisepour se dresser dans une nudité rituelle,adamique. celle du Paradis Terrestre, cellede I'homme nu au contact des forcesmagnétiques de I'univers. La Bible ajouteque les jeunes tiles et les femmes d'Israël

en étaient profondément choquées. Sou-vent, les miniatures du Moyen Age repré-sentent David dansant et relevant unpeu trop haut les pans de sa chemise. Latradition répétera que David était extrê-mement sexuel, voire érotique. Sa dansesacrée, peut-être phallique, avait d'autressignifications rituelies, héritées sans doutede l'Egypte. retrouvées dans leur expres-sion crûment réaliste, sur les murs destemples, les parois et bas-reliefs des pyra-mides, dont les obélisques ont un sensphailique religieux précis et sont érigéesdans le culte du Soleil, car la force

régénératrice était considérée comme labase essentieile de la vie humaine, de lacroissance végétale et animale. Vie etfécondation. Loi d'Amour. Mystère et

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magie de l'accouplement sexuel dans lafusion de deux êtres obsédés par la magieérotique et sentimentale. imaginative etpassionnée. Culte phallique des Grecs. desRomains. des Egyptiens. Osiris, sur ses

statues, montre un organe viril érigé. Leculte phallique prédominait à Hiérapolis.

ville sacrée de I'Euphrate. Les Indes seprosternent devant le lingam. C'est sousle règne d'Achaz que la magie sexuelletriomphait à Sodome et à Gomorrhe.Babel aussi. qui fut un < haut lieu > demagie concurrente et qui fut détruite,Malheur sur Babel!

Babel, la splendeur des roraumes.La parure orgueilleuse des Chaldéens.

(lsrle, Xlll-19.)Et la Damas Arabe. Oracle et malheur!

Et, bien entendu. malheur sur l'Égypte.ses idoles. ses revenants. ses nécromants,ses devins! (lseie. XIX-3). Exterminationdes Lieu.r élevës! otr s'accomplissent lesmirages. Malheur au culte d'Adonis!Babyione! Tyr! Samarie! Jérusalem estperdue I

Qu'ils se prësentent doncEt qu'ils Ie sauvent. c'eux qui

Ceux qui observent les ëtoilesEt font connaitre. t'haque ntois,Ce gui doit t'arriver!

devinentIe ciel,

(lsrie. XLVII-12.)

ËZÊCHIEL, ÉLIE, ÉLYSÉE

ÉZÊCgletapparrient à la race des plusgrands visionnaires. comme saint Jean.

S'il élève sa grande voix. c'est pour

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flétrir ceux qui continuent de consulter lesmagiciens et faux prophètes, trompeursqui abusent du peuple (EzÉcurel. XIII-8).Malheur aux magiciennes qui pratiquentla sorcellerie avec bandelettes et voiles,et que I'on gorge avec de I'orge et dupainl Sur elles. le vrai prophète lancera

la foudre, la grêle et le tonnerre. (XlV-l- l l.)Seuls, Noé, Daniel et Job, invoqués,pourront écarter les fléaux de la famine.la peste, les bêtes. Alors Ézéchiel se

transporte au temple de Jérusalem. envision. et que voit-il? Soixante-dix hommesentourant un mage, Yaazanyâhou: tousont I'encensoir en main. célèbrent lesdieux Égyptiens et commettent de grandesabominationsl A I'extérieur du Temple.il voit encore des femmes et ving-cinqhommes se prosterner vers I'Orient etcélébrer le Soleil selon le rite lranien.avec palme sur le visage (pour ne pas

souiller l'atmosphère de son souffie).l,es magiciens tiennent donc le Temple!(EzÉcHrel, IX-13.)

La figure que nous reproduisons, duchérubin à quatre têtes (dessin d'EliphasLévi) recons-titue I'image magique de laprophétie d'Ezéchiel sur le double trianglede Salomon. La roue d'Ezéchiel est la cléde tous les pentacles, le signe de Pytha-gore est aussi la clé essentielle. Les quatretêtes expriment le quaternaire de Merca-vah. Les six ailes expriment le sénaire deBereschit. La figure humaine du milieu

exprime la raison; la tête d'aigle, lacroyance: le bæuf, la résignation et letravail ; le lion. la lutte, la conquête. Onretrouve les signes du sphinx d'Egypte etles grands thèmes emblématiques desaint Jean. C'est la Kabbale des Hébreux.

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ÉLIE est vraiment le thaumaturge type,qui agit sur les forces de la nature :

il vit dans le désert portant sa ceinture depeau sur les reins; il ressuscite le fils dela veuve; il sait provoquer la pluie. ou aucontraire créer la sécheresse. Il ordonne

aux corbeaux de le ravitailler en pain,en viande; assure farine et huile inépui-sables à la vieille de Sarepta. Il guérit sonfils mourant en s'allongeant trois fois surIui.

Un jour. Élie décida de mener à mal lessorciers qui pullulaient au mont Carmel.voués au dieu Baal : on en dénombrait450; et ceux de I'Ashérah se comptaient400- Élie les défia, les provoqua én leurenjoignant de faire tomber, comme lui, lefeu du ciel sur les holocaustes. Les sorcierss'y essayèrent et, malgré leurs grands rites.ne parvinrent à rien. Aussi, Élie les fit-il

pendre et égorger! Au torrent de Cison,il fit ensuite gronder le tonnerre et tomberla pluie. (1. Rors. XVIII. 35.)

Elie possède un manteau magique.Quand son heure dernière sonnera, ildisparaîtra au sein des cieux sur un charde feu. traîné par des chevaux de feu etdans un tourbillon.

ÉUSÉe. lui aussi. utilise un manteaumagique. avec lequel il sépare en deux leseaux du Jourdain. Il ressuscite le fils d'uneSunamite. fait manger par deux ourses les42 gamins qui I'ont insulté! fait apparaîtreabondamment I'huile pour la veuve. rend

mangeable un potage empoisonné. multi-plie les pains. Il guérit la lèpre. Il faitsurnager une lame de fer sur le Jourdain,il aveugle des Araméens. il arrête Iafamine. sait lancer la mort à l'écuyer quia douté de ses prophéties. Après sa mort,

ses ossements accomplissent encore desmiracles.

Quand Élisée mourut, Joas, roi d'lsraëI.vint pleurer sur sa dépouille. Or le mort luimurmura : Prends un erc et des fèches!...Bande l'arc avec ta main! Quand ce fut

fait. Élisée mit ses mains propitiatoiressur ia main de Joas et lui dit : Ouvre lafenêtre qu-i se trouve sur /'Ëst. Et le roiI'ouvrit. Elisée ordonna i tire! Et Ie roitira la flèche. Élisée dit : C'est un-e flèchede délivrance de la part de l'Eternel...Une fèche de dëlivrance conte les Svriens!Puisses-tu battre les Syriens à Aphekjusqu'à leur extermination! (ll. Rols,xrU-14-19.)

Le rite de la flèche. portant la malédic-tion. était connu. Il atteignait les Syriens,oersécuteurs d'lsraë1.

La prière, comme I'incantation. estun acte magique. Elle mène à I'illumina-tion. I'extase. la [évitation, l'ascension,des Grands Visionnaires mages élus, carelle appelle le transcendantal et transcendecelui qui prie en se concentrant dans I'actemagique.

Amen est un mot magique, de valeur

kabbalistique 99, venant des Egyptiens.Amen est le signe de convention magiquede l'Adepte et du Mage opérant cérémo-niellement, I'alliance, le pacte de partici-pation occulte. Le mot essentiellementkabbalistioue.

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Le sacrifce sanglant. tout au long del'Ancien Testament. est un rite magique.Immolation. sang versé aux points cardi-naux, paroles rituelles. Le sacrifice peutaller jusqu'à I'immolation humaine (Abra-ham).

Le repas communqutaire est égalementun rite aux pouvoirs occultes. !e pain et le

vin. Sacrifice symbolique. Eléments deterre et de soleil. le pain et le vin confèrentla vie. On rapporte que Melchisédec etAbraham communiaient avec le vin etle pain rompu de la même main. Commu-nion des initiés. Le lien de la Fraternité.La consommation des éléments. Le signede la vie. Les Esséniens lui accordent unrôle essentiel.

Le voyant. dans la Bible. est nu eldécharné (ll. Srt'ruel. VI-16-20). Pour ses

déplacements. il revêt un vêtement de poil.la ceinture de peau (sans doute I'originedes tabliers de peau des initiés). Saint

Jean-Baptiste fut ainsi reconnu.La Bible révèle aussi des actes essen-

tiellement magiques des visionnaires :

Jérémie. notant ses oracles contre Baby-lone. ordonne à Sérayah, après les avoirlus à Babylone, de jeter le rouleau quiles porte dans I'Euphrate. pour forcerI'engloutissement de la ville (JÉnÉute. L.t.60-64).

Ézéchiel écoutant ses voix avale parla bouche, pour s'en imprégner dans leventre, le rouleau manuscrit de ses pro-phéties destinées aux captifs de Babylone

(EzÉcHrer. ll-8; III-3).Saint Jean. sur la prescription de l'Ange.fait de même et avale ses prophéties(Apocalvpse. X-9-ll).

Le chaudron bouillant d'Ézéchiel tÉzÉ-

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cslrl, XXIV-I-I4), posé sur les bois enrond. est une marmite infernale oir mi-jotent les épices, et dont I'airain doit rougirà la flamme et consommer Ia chute deBabylone en morceaux par la cuisineinfernale des os. des cuisses. des épaules,sans doute d'un bouc émissaire la repré-sentant.

Pour entrer en transes. Élisée demandecomme David I'aide magique de lamusique, car pour prophétiser il fautharpes. flûtes, cithares et tambourins.(II. Rors. III-15.)

Or, constamment les Hébreux reviennentaux idoles magiques des Égyptiens. Jéré-mie. après la prise de Jérusalem par Nabu-chodonosor, est entraîné avec son peupleen Égypte. où il voit les Hébreux retournerinstinctivement au culte idolâtrique desÉgyptiens. Il les fustige de ses anathèmes(JÉnÉure, XLIII-6).

Oracles. Visions. Anathèmes. Prophé-

ties! Grand visionnaire, Isaïe trépigne :

car il existe aussi, dans le camp opposé,de la magie et de la divination, notam-ment au règne d'Achaz. I'impie roi deJuda, qui fut I'allié de I'Assyrie et quiprend ses mots d'ordre à Damas et mêleà la religion hébraïque celle du roi Assur!Alors lsaïe le stigmatise, il appelle à I'aideles mouches d'Egypte et les abeillesd'Assur. et il lance sa colère contre Judaqui adore Baal, qui pratique la magieégyptienne par la divination et les enchan-tements sur les hauts lieux (ll. Rors,

XVII. l6). Trahison de Juda! Iahvé lanceles lions contre Samarie.Les rois Manassé. Amon. seront autant

impies et alliés aux monarques de Ninive,capitale prestigieuse de l'Assyrie, soutenue

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par le Pharaon d'Egypte Néchao. quebattra Nabuchodonosor.

MAGIE DE SALOMONDANS LA CONSTRUCTION

DU TEMPLE

C'est David inspiré, qui, avant depasser de vie à trépas, prescrivit à son filsSalomon le plan du Temple, sur le montMoriah, à Jérusalem, là oir lui est apparuI'ange. Il lui prépara I'or. les pierres pré-cieuses, beaucoup d'albâtre.

Alors, Salomon brûla des encens aroma-tiques rituels sur I'emplacement sacré. etcommenca la construction de l'édifice.

Selon Vogiié (Le Temple de Jérusalem),la décroissance des hauteurs dans I'archi-tecture extérieure du temple de Salomonest un principe égyptien. La hauteur desportiques est double de celle du ( saint D.

le triple de celle du < saint des saints >.

La seule différence entre le temple juifet le temple égyptien c'est qu'en Egyptela ceinture des chambres latérales n'aqu'un rez-de-chaussée. tandis qu'à Jéru-salem elle constitue trois étages superposésqui s'élargissent par le haut. Les retraitsbrusques, d'un étage à I'autre. assuraientla solidité de l'édifice. Sur ces retraitsétaient posées les solives. ce qui n'enta-mait pas les murs sacrés.

Citons aussi Vogùé. quant à I'appari-

tion du triangle magique :< On sait que les rapports mathéma-tiques des nombres et des lignes jouent ungrand rôle 9ans Ia symbolique des anciens.C'est en Egypte que I'on rencontre les

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premières applications de ce système;c'est là qu'il a pris naissance. Les trianglessont l'élément principal de ces combinai-sons et. parmi eux. deux triangles déter-minés : l'équilatéral, figure parfaite,symbole d'équilibre, de stabilité. de régu-larité. Le rectangle, dont les trois côtéssont présentés par les nombres 3. 4 et 5;

le plus beau de tous, suivant Platon,I'image de la nature selon les Égyptiens,qui, comparant la base au principe femelle.la hauteur au principe mâle. I'hypothénuseau produit des deux principes. en faisaientle symbole de I'univers vivant. Un autretriangle, dérivé de celui-ci. joue un rôleimportant : le triangle égyptien dont lahauteur égale 5/8 de la base. Le temple deJérusalem, construit d'après c€s nombres,est un exemple parfait de I'applicationde ce système harmonieux. >

Le candélabre à sept branches. surI'autel d'or. était aussi une survivance

du chiffre sept des premiers prophètes.dans le Saint des Saints. On brûlaitbeaucoup d'encens, parfum aux vertusmagiques. La musique rituelle que I'onentendait, celle des chæurs et des instru-ments, était celle jadis réglée par Davidlui-même. musicien et chantre illuminé.

Les deux colonnes de bronze creux,couronnées de chaînettes. de lys. trèshautes (12.65 m avec le chapiteau), se

dressaient devant I'entrée du Temple.La Bible précise bien leurs noms : Yokin,il rendra stable et Bo'az. en lui est la J'orce.

Deux hommages à lahvé qui tient deboutle Temple et dont les attributs séphiro-tiques seront détaillés plus tard par laKabbale.

L'historien Flavius Josephe confirme

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la présence des deux colonnes d'airain.fondues par Ie tyrien Hiram. II précisequ'autour du chapiteau orné de palmeset de lys pendaient des rangées de gre-nades.

La colonne Yakin. dont Ia dénomina-tion commence par le Iod initial, mâle desHébreux. est essentiellement masculine,tandis que Bo'az, qui commence par leBeth féminine. est féminine passive. Lapremière était rouge, la seconde blancheou noire. Elles correspondent aux séphi-roths Net:ah et Hod. qui expriment laVictoire et la GIoire. Le premier viseI'attribut générateur, Ia puissance fécon-dante de Dieu et le second la fusion desattributs mâle et femelle au cæur deI'univers. Les deux colonnes marquentaussi les bornes du monde. De plus. la

colonne J correspond au soleil et estfrottée de rouge. la colonne B est blancheou noire. correspond à la lune. Le blancest le signe de la sagesse, de la grâce etvictoire, le rouge confère I'intelligence.la vigueur et la gloire. Le noir correspondà Malkuth. le Royaume.

Les deux colonnes symboliques ne sou-tiennent pas le Temple; c'est le rôle despiliers. Elles marquent l'entrée. montentla garde tels deux glaives érigés vers leciel. les deux indicateurs du cadran solaire.les deux bâtons de justice.

Quant aux grenades, la _tradition veut

que le fruit àonné par Ève à Adam,comme par Pâris à Vénus, fût non pasune pomme mais unegrenade. La grenaderouge, aux nombreux gratns qul s'enéchappent. est signe de fécondité. Legrenadier de Mésopotamie et de Persea des vertus médicinales. Le lys des

Écritures est I'anémone rouge, qui abondeen Syrie. On lui attribue les mêmessymboles qu'au lotus des Indes. Sonparfum âcre. de miel et de poivre. a desvertus aphrodisiaques.

Les sept chaînes qui les retenaientsymbolisaient la captivité. mais signifiaientaussi I'union des participants aux mys-tères.

Érigées, orientées. dénommées. les deuxcolonnes qui montent la garde telles deuxépées de fer à la porte du Temple deSalomon. épées des Kéroubs qui gardaientdans la GeNÈse le chemin vers I'Arbre deVie, épées angëliques. elles expriment queI'insubordination. le vice et le crime n'ontpas accès au Temple. Le culte solaireégyptien, la dualité binaire métapl'vsique.Les deux montants magiques .ious le

triangle hébraïque.

Aux grandes cérémonies. le roi Salo-mon, revêtu d'une robe somptueuse degrand prêtre. rouge pourpre (magique).aux franges d'or. porte au cou le triplecordon de pierreries. et sur sa poitrinele pectoral étincelant le protège des

excès d'effiuves magiques de I'Arched'Alliance.

Les Kéroubs anthropomorphes. à lafois lions et taureaux à. face humaine.dont nous avons dit qu'ils sont la défor-mation du sphinx égyptien, les corollesde lotus plaquées d'or qui décorent les

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murs en boiseries d'olivier sauvage' les

portes de cèdre ont leur significationmagique. Certains prêtres. rapporte laBible, condamnèrent cet ensemble profane.

Salomon mit sePt ans à édifier son

Temple. [l y construisit trois rangées de

colonnes. Trois étages de fenêtres super-posées. La grande cour montre un pour-iour de trois rangées de pierres de taille.C'est la maison magique par excellence.

Toute en plaques de cèdres extraits duLiban et en or fin.

Salomon accomplit trois grandes æuvres :

son Palais; son TemPle; la Muraillede Jérusalem. Sur les murs du Temple,il fait sculpter des bæufs, des lions, des

chérubins chargés de protection et devantchasser les mauvais esprits, comme en

Égypte s'en chargent les animaux sacrés.

On remarque cinq candélabres à droite'

cinq à gauche. Un rideau de PourPreviolette et rouge, en cramoisi' voile Ie

Saint des Saints.Les fêtes d'inauguration dureront sept

jours. Ce ne seront que fumigations,chants, extases, visions.

Mais Salomon pour bâtir son palais a

eu besoin d'or, de beaucouP d'or. Ildoit abandonner vingt villes de Galileeà Hiram de Tyr, pour lui payer les cèdres,le travail fourni, et tout I'or. Il va égale-

ment acheter de l'or à Ophir. Il en achèteaussi beaucoup à la reine de Saba. Il fait

faire des boucliers d'orpour orner le

Temple, un grand trône d'ivoire paréd'or. entouré de douze lions d'or. Tous les

vases étaient d'or. Sa flotte lui ramènetous les trois ans encore de I'or, beaucoupd'or, avec de I'argent, des ivoires, des

singes, des paons.

ll0

Le roi Salomon fut plus grand que tousles rois de la terre en richesse et en sagesse(I. Rots, X-23). Tout le monde cherchaità Ie voir, à I'approcher. Il acceptait tousles cadeaux, et notamment les objetsd'or. Les marchands de Salomon étendent

leur trafic avec tous les voisins, vendentet achètent des chevaux, fabriquent etvendent des chars.

Hélas, le roi Salomon aime beaucouptrop de femmes étrangères, outre la filledu Pharaon, sa femme. Ce furent des

Moabites, des Ammonites, des Édornites,des Sidoniennes. des Hittites. Il avait700 femmes et 300 concubines! (I. RoIs,XI). Sur cette mauvaise pente, il se metavec elles à adorer Astoreth. Milkom,Camos, Moloch et les dieux païens. Illeur élève des autels, leur brûle de I'encens,leur consacre des sacrifices. Salomon est

en pleine magie cérémonielle.D'après le Talmud, Salomon s'amusait

avec quatre spectres nocturnes du nom deLilith, Naama, Aguereth et Mahala,chacune par saison, et qui séjournaient auMont Naspa. Ces quatre génies femmesdonnèrent naissance à des démons. Onprétend que Salomon se serait adonné àI'inversion, en même temPs.

Le voilà donc qui bâtit des petits templespour que ses femmes puissent y célébrerleurs dieux. Sur le Mont des Oliviers,c'est un sanctuaire à Camosh, dieu de.

Moab, pour'les femmes moabites. Au

village de Siloé. on honore Astarté,déesse de I'Amour. Dans le voisinage, oncélèbre Milkom, dieu des Ammonites.Pour son épouse égyptienne, il fait éleverun temple au dieu égYPtien, Set' de

Tanis, et à Ia déesse Anta. Il y a aussi des

5/12/2018 Histoire de La Magie 069-111 _P02 - slidepdf.com

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autels à Baal. Le Sage des Sages. le Roi desRois officie. D'une religion à I'autre. lamagie domine.

La colère de Iahvé sera redoutable.Son Temple. dont il est si fier. et qui a

coûté des fortunes (et bien des dettesencore vers Hiram. roi de Tyr). est remplid'idoles pius ou moins magiquesl

Le livre des Rots. (XXIII-4-12) parle de

certaines idoiâtries magiques dans leTemple : << Le roi (Josias) ordonna àHélias, grand prêtre, de re.ieter du templede lahvë tow les ustensiles qui avaientété faits pour Baal, pour Astarté. Il chqssa

les prêtres des idoles établis par les rois deJuda pour brûler des parfums à Baal, ausoleil, à la lune, aux douze signes. et àtoute l'ormée du ciel.

La fête du Sabbat n'est-elle pas d'inspi-ration magique? En effet, les anciens

Hébreux. nomades. puis cultivateurs. célé-braient la pleine lune avec la fête du Sabbatdès avant le vrlle siècle. Sabbat venait dubabylonien Shabattu. la fête lunaire. Leslucifériens reprendront un jour cette fêtedont ils feront leur Sabbat Satanique.

Pour toute la postérité. le roi Salomon

demeurera le prince des magiciens. lemage des mages et le premier nécromant.

Les Clavicules de Salomon. ou clés deI'Occultisme. qu'on lui attribue. sont lebréviaire même de tous les magiciens. leGrimoire le plus vénéré des mages, nourri

de formuies incantatoires (nous.en parle-rons plus ioin). En effet, les témoignagesne manquent pas pour attester le pouvoirsurnaturel de Salomon : ies auteurschrétiens comme Léonce de Constanti-nople, au xle siècle, Grégentius, arche-vêque de Téphra. citent sa puissance indis-cutable sur ies Esprits. A l'époque de Ves-pasien. au premier siècle de l'ère chrétienne,circulait déjà le livre d'incantations pourles démons. dont il aurait été I'auteur.L'historien Flavius Josèphe assure que celivre redoutable était entre les mains dujuif Éléazar, celui qui, devant I'Empereur,accomplissait ses prodiges.

Au xIe siècle, l'écrivain grec MichelPsellus confirme I'existence des clés deSalomon. Au xrtle siècle. I'historien byzan-tin Nicetas Choniates, dans son Histoirede I'Empereur Manuel Comnène, affirme

que, grâce à ce iivre magique, AaronIsaac, interprète de I'Empereur, Jàisaitapparaître des légions de dëmons.

On disait à Prague que le Pape Hono-rius III. Dominicain élevé au trône desaint Pierre en 1216, après Innocent III,était particulièrement expert en magiecomme Léon III. Jean XXII, Sylvestre II ( !)et qu'il aurait rédigé lui-même les textesdéfinitifs des Clavicules de Salomon! lldemeurait certain que Roger Bacon, morten 1254. eut en main le redoutableouvrage et qu'il le pratiqua.

Le Pape Innocent IV, en 1350, brûla

publiquement le Livre. si nous en croyonsNicolas Eymeric. Mais au xve siècle,on utilise toujours ce formulaire desdémons. L'historien grec Michel Glycasi'affirme.

L'abbé Tritheim le connaissait bien. Les

lu