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HISTOIRE UNIVERSELLE, DEPUIS LE COMMENCEMENT DU MONDE, JUSQU'A PRESENT. D'APRES... Digitized by Google

Histoire Universelle

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  • HISTOIRE

    UNIVERSELLE, DEPUIS

    LE COMMENCEMENT

    DU MONDE, JUSQU'A

    PRESENT. D'APRES...

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  • 1 1

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  • FI I S T O I R EUNIVERSELLE, :

    DEPUISLE COMMENCEMENT DU MONDE

    JUSQU'A PRESENT.TRADUITE DE LANGLOIS

    D'UNE SOCIETE DE GENS DE LETTRES.

    TOME C1U I N Z I E M E.CONTENANT

    La Vie de Mahomet, ^ THtfloire ^Arabes fous fer quatre premiers Califes,& fous les Califis Ommiades 6* Abbssxdes, jufqu Almansor,ENRICHIE DES FIGURES ET DES CARTES NECESSAIRES.

    A AMSTERDAM et A LEIPZIG,Chez A R K S T E * r M E R K U S.

    M D C C L X.lAT te J \J V I L t C Cl M Jl J B t T Z 1 11 r 7 H F 4 X F, &>.

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  • PRIVILEGIUM IMPRESSORIUMAD DECEM ANNOS

    SUPER LIBROHifloire Univerfelle traduite de TAnglois d'une Socit de Gens

    de Lettres, contenant PHiAoirc Moderne de tous les Empires,Royaumes, Etats, Rpubliques , &c. in Quarto, pro J. Caf-paro Arkfteo & Henrico Merko.

    NOS FRANCIS CUSDIVINA FAVENTE CLEMENTIA ELECTUS ROMA-NORUM IMPERATOR SEMPER AUGUSTUS, ACGERMANIE ET HIEROSOLYM AR UM REX, DUXLOTHARINGIE ET BARRI

    ,MAGNUS HETRU-

    R I JE DUX, PR INCEPS CAROPOLIS,M ARCHIO NO-MENEI, COMES FALEKENSTE INEI, &c. &c. &c.

    ' A gnofeimus & noram fecimus tenore prxfentium Univerfis, qud, cmNobis JonnneJt \ Cafparus Arckfte & Hcnricus Merkus

    ,Bibliopolae Amiklodamenfes & jMfen&i,

    humillime cxpor.i currint, quem in moduro Librum Gallicum, cui Titulus eft,Hifloire

    Univerfelle tra.luite de rAnglais d'une Socit de Cens de lettres,contenant PHijhire JV/o-

    deme de tous les Empires, Royaumes, Etats, Rpubliques, &c. in diverfis Toinis in Quartoprelo committerc refolvcrint , veresntur autan , n xmulonuii invidi hanc editionemimitantium

    ,impendii & laboris fui fruftu fruftrentur

    ,ideque Nobis demifle fupplicS-

    rint,

    qutenus eorum indemnitnti Ptivilegi Noftro Cxfare fuccurrcrc clemcntifllmdignareinur. Nos fubiniflx pariter ac xqux coruin ptition! annuenduni cenfuerimus ;ac proinde Authoritate Noftrl Cxfarc omnibus & fingulis Ribliopolis

    ,Bihliopeis

    ,

    Typographis, & aliis quibuscunque rem Librnriam feu negociationem exercentibus

    ,

    firmiter inhibemus , vetamus , & interdicimus, n quis fupra noiuinitum Librum, cuiTitulus eft ; Hifloire Univerfelle traduite de FAnglais tune Socit de Gens de Lettres ,contenant l Hifloire Miderne de tous lis Empires

    ,Royaumes , Etats

    ,Rpubliques

    , (j?c.fub hoc aliov titulo , aut hc alive forma , feu nt ajunt formato

    ,per decem anno-

    rom fpatium ab hodierno die computandum , intra Sacri Romani Imperii fines recu-dere , vel aliis recudendum dare, aliorfumv iinpreflum apportare , vendere , vcl diftra-here citra prxfatoram impetrantiuin

    ,eorumdemque heredum ac fucceflbrum voluntatcni

    & afienfum in Scriptis obtenturo, auk vel pnefumat; fi quis ver fecs faciendo Privile-gium hoc Noftrum feu Intcrdidhnn violare, contcmncrcque prxfumpferit, eum non fo-Jm cjusmodi excmplaribus

    ,ubicunque locorum repertis, perperam quippe reeufis, feu

    apportatis: (qus diti Arckfle ci Merkus fivt propri authoriute >e Magiftrats illiusloci auxllis libi vindicare poterunt:) de fado privandum , fed &. decem marcarum auripuri pren JErar io feu Fifco Noftro Cxfareo & Parti Ixfx ex xqun pendend , omni fpcvenix fublati , multandum deccrnims

    ,dummod tnor liujus Noftri Privilegii in fron

    te Libri impreflus reperiatur, & confueta quinque Exemplaria Confilio Noftro Imprial!

    Aulico exhibeantur. Mandamus itaque omnibus & fingulis Noftris & Sacri Romani Im-perii fubditis & fidelibus diJeftis tam Eccltfiafticis

    ,qujn Sccularibus, cujufcunque ftats

    ,

    * 2 gr*

  • grads,

    difrnititi; aut ordir.Is facrint , prefcrtttn rcri ils , qui in Majjftratu criflenteavcl fuo vel Superiorum luoruin loc aut notnine jus, juftitiamquc adininiftrant, n quem.quam Privilcgium hoc Noftrum Cxfarcutn violare, fpernere r aut transgrcdi patiantur, fejfi quos contumaces compererint , conftitut Nobis mulfta eos puniri , & quibuscunquemodis idoneis exercert curent, quatenus & ipfi 'zraviilimam Noftrain indignationcm.prx-dictamque prenam evitare volucrint. Harum temmonid Literarum manu Noftr fubfcrip.t;iruin

    ,& It^illi Noitrl Cifarci apprcfllone munitaruin , nus dabantur Vicnnas die noua

    Julii Ann millefim fcptingcntcfiino quinquagefitn, Rcgui Noftri quint.

    FRANCISCUS.

    Vt. A COMEI COLLOT. CR.

    Ad Mandatum Sacrs Cafarc*Mijeftatis proptium

    !

    J. J. HAYECK DE WALDSTATTEN.i

    AVER.

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  • AVERTISSEMENTA V

    LECTEUR.LE s Arabes fe font rendus fi fameux depuis ttablifj'ement du

    Mahomtiiraeptfra/* eux , tant par dtendue de leurs conqu-tes, que par la culture des Sciences, que pendant plufteurs fteclesils ont ctipf la gloire de toutes les autres Nations. Le vafie Em-pire qu'ils ont fond

    ,femble mme encore fubfifler aujourd'hui

    dans ceux des 1 urcs Ottomans, des Perfans, des Tartares desMogols

    ,qui tiennent d'eux leur Religion & leur forme de Gou-

    vernement , leurs Loix Civiles p Religieufcs. Il n'ejl donc pasfurprenant que Pon ait fouhaitt depuis longtems dans notre Oc-cident une Hifloire complette de ce Peuple extraordinaire, depuisla naijfance de leurfaux Prophte& Lgislateur Mahomet, jufiqu' la rife de Bagdad par les Tartares, qui ft tire prinapa-hment des Auteurs Orientaux. Comme jufques prfent il n'a rienparu defemblable dans aucune Langue de l'Europe, nous nous flat-tons que le Public quitable recevra favorablement l'Ouvrage quenous lui prsentons en trois volumes (*) , fruit d'un travail pni-ble difficile, qui contient un dtail clair&fuccint de ce qui s'efipaff de plus remarquable dans ?Empire des Arabes durant cet in-tervalle

    ,puif principalement dans les Ecrivains Orientaux. Pour

    mettre le Lecleur mieux en tat djuger de cet Ouvrage , nous a-vons trouv propos d'indiquer ici les principaux Auteurs quinous ont fourni les matriaux que nous avons employs, lesfc-cours que nous avons eu pour en faire ufage.Pou Kla Vie de Mahomet

    ,que Pon peut regarder ajfes natu-

    rellement comme lapremire partie de tHifloire Moderne des A-rabes, nous avons fait ufage

  • v) AVERTISSEMENTZatnakshari , de Ebn Al Athir , de Ebn Hesham ,
  • AU LECTEUR. vijIraduRion dsarmtes de Ebn Shohnah

    ,depuis Van y 12 jufqri

    Pan 6$6 de PHgire. Pour donner plus de prix ) Jo. Oapi. Caruf. ad Chron. Sic. Can- dad Tamim Al Sarbaji ap. Caruf. ubi fup.Ubrig. Prifat. p. 3. p. 19. Abu/f. in Chron. ad Ami. Hejire(0 Chron. Sic Cantabr. ap. Caruf. in 336.

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  • viij AVERTISSEMENTMais c'efl ce qui fe trouve clairement prouv dans un endroit au.quel cette difcuffion appartient 'proprement. >

    Nous devons encore avertir nos Leclcurs, que nous avons ajou-t cette Hifoire moderne des Arabes des Remarques Critiquesfc? Philoiorques, places au bas des pages, dejlines claircir lesendroits du Texte auxquels ellesfe rapportent. Tous ceux qui lesliront s'appercevront de Vextrme utilit de ces Notes

    ,qui rou-

    lent non feulementfur le gnie , le gouvernement , la religion, lalangue, les feienecs, les coutumes, les qualits, les murs srV. desArabes & des Nations voifines, mais auffi fur prefque toutes lesparties de la Litrature Orientale. Nous avons auffi enrichi cettepartie de notre Ouvrage de ce qu'il y a de plus ejfentiel dans quel-ques Notes curieujs manuscrites fur Abulfrage

    ,qui corrigent

    Jouvent la Fer(ion Latine de cet tuteur du DUieur Pocock, &

    qui font prfent entre tes mains de Mr. Jean Swintorf, Matre-es-Arts du Collge de Chrift-Churcli Oxford, & Memltre de laSocit Royale de plusieurs extraits manuftrits de Mojiro'ddnAl Hanbai , Auteur de la Cbroniaue ferfane, intitule NokhbacAl Tawrkh, c'ef- dire la Moelle des Chroniques, ? d'autresAuteurs Orientaux peu connus dam notre Occident. On trouve-ra auffi dans notre Hijoire les ingnieufes explications que Mr.Kehr*(*)d publies Leipzig en 1 724., de pufteurs anciennes Mon-noves Arabes, trouves fur les ctes de la Mer Baltique en 1722

    ,

    'Stegen,pas loin de Dantzig; auxquelles nous avons ajout cel-

    les de plufmtrs autres Monnoyes,f fait voir qu'en quelques occa-fions ces Pices appuyent Tautorit des Hifloriens Orientaux , de lamme manire que les Mdailles Grecques ? Romaines confirmentles rcits des Hifloriens Grecs 5? Romains. Par toutes ces raifonsnous croyons pouvoir affurer fans tmrit

    ,que VOuvrage que

    nous fomettons au jugement du Public, Pemporte de beaucoupfurtout ce qui a paru jufques ici en ce genre dans aucune Langue deFEurope

    ,qull peut du moins pafj'er tous gards pour une

    Hijoire des Califes ou SuccclJ'eurs de Mahomet , telle que Mi\Ockley en foubaittoit une (\),& dont celle qu'il a donne riejlqu'un EfJ'ai.Nos Lelcurs infreront naturellement des Obfervations prc-

    dentes y que PHijoire Moderne des Arabes que nous leur prfen-tons,

    (*) Mmrcb. ATaHiihSar/iem. Sf/tr. &c. Nunn;. Argent pnTc. Arab. Script. Kitfic&c. iflulh Jt Georg. Jac. Kehr

    ,

    Slcufinsn-I'ranco-Oricntnli, Lipx 172.1.(t) Voyez la Prface de Mr. Ocktcy la tte de fon Ihftoirt Jcs Sarajtns, p. XXII.

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  • _AU L E C T E U R. ix

    tons,te/l point une Pice traduite du Franois , ni un Recueil

    tir de Recueils,mais un Ouvrage puif dans un nombre prefaue

    infini d'auteurs Orientaux originaux , les plus accrdits , que tontrouve toujours cits au bas de la page. Bien loin mme d'avoirjuivi aucune Verfum moderne de ces tuteurs, quand nous avons

    .

    pu confulter les Originaux, nous ne nous fommes fis m la Fer-fion Latine tElmacin par Erpenius

    ,qui cjl effelivement affez

    fautive 9 ni celle

  • x AVERTISSEMENT AU LECTEUR.me la production d'un juteur du fcond ordre , qui mrite peineattention des perfonnes judicieujes. Mais comme nous toucheronsencore cet article dans lafuite , 5? que nous indiquerons la varitdes matriaux que mus avons recueillis pur la premire Partiede notre vafle travail , on nous permettra aifment de ne pas nous

    "

    y tendre davantage.

    AVER-

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  • AVERTISSEMENTDU

    TRADUCTEUR.L'Accueil que le Public a fait YHiftoire Univerfclle , pu-

    blie en X V. \ olumes in Quarto dans notre Langue, nepermet pas de douter qu'on n'en reoive fo Continution a\ ce p\ai-iir. Il y a long-tems qu'on l'auroit donne, files Auteurs A ngloisavoient fait plus de diligence ; enfin ils viennent de f mettre endevoir de remplir leurs engagemens , & l'on a d'abord mis lamain l'uvre pour rendre leur Ouvrage en notre Langue. Onpourra continuer & ne pas faire languir le Public

    ,pareeque les

    Auteurs aprs avoir donn tout d'un coup huit Volumes in 8. ontcontinu depuis en publier ; ainfi on a de la matire pour quel-ques Volumes outre celui que l'on publie prfent.On trouve la tte du premier Volume de YHifloire Univer-

    fclle le Plan qu'ils s'toient trac d'abord, mais auquel ils s'toientrferv le droit de faire les changemens qui leur parotroient con-venables , & ils en ont fait aufli. A la fuite de YHiftoire des A'rabes depuis Mahomet jufaif la prife de Bagdad , ils dvoientdonner celle des diffrentes Dynajties Mabomtanes en Afrique

    ,

    en Europe & en Afie , dont les Souverains s'toient rendus in-dpendans des Califes ; mais ils fe font carts de ce Plan pourles raifons fuivantes , qu'ils rapportent la lin de fflloire desArabesj & que nous croyons devoir placer ici , pour mettre leLedeur d'avance au fait.

    I. En fuivant leur premier Plan , ils auroient t obligs d'en-trer dans le dtail de divers vnemens arrivs parmi les MufuUmans dans l fcond, le troifieme, le quatrime, le cinquime &le fixieme ficel de l'Hgire, aprs avoir fait l'Hiftoire de l'aboli-tion du Califat par les Tartares , dans le feptieme fiecle de l'EreMahomtane , ce qui auroit interrompu le fil chronologique.

    II. Parceque les Etats gouverns par ces Dynafties,s'tant for-ms en difft-rens tems des Provinces qui appartenoient aux Cali-fes, & les reconnoiflant -encore pour le fjrirituel, leur Hilloirc de-voit ou rentreadans celle des Califes, ou tre confidre commedtache du Corps de cet Ouvrage, & renvoye par confquent un Supplment.

    * 2 III. Par-

  • xij AVERTISSEMENT.III. Parceque l'ancien Plan eft dfectueux, comme on le verra

    clairement par les divers Articles ajouts dans le Nouveau.IV. Parcequ'en diffrant de donner l'Hiftoire de ces Dynafties,

    les Auteurs le trouveront vraifcmblablementen tat de les fai-re mieux connotre; parceque quelques Savans trangers,& par-ticulirement le clbre Mr. Rtiske de Leipzig

    ,qui a dj enrichi

    le Public d'une Verfion Latine d'une grande partie de l'Hiftoire U-niverfclle tfAbulfeda , & promis le refte , pourront peut-tre leurfournir de bons matriaux pour la dernire partie de leur Ouvra-ge

    ,qui n'ont encore paru dans aucune des Langues de YEurope,

    V. Parceque par le fecours de ces Savans , & par leurs propresfoins ils pourront peut-tre rendre la Lifte de ces Dynafties pluscomplette encore

    ,que celle qu'ils donnent prtent.

    VI. Parceque l'Hiftoire des Turcs , des Tartares & des Mo-gols, qui abolirent le Califat, vient plus naturellement la fuitede celle des Califes, que l'Hiftoire de la premire Dynaftie Maho-mtane, qui, flon les meilleurs Auteurs Orientaux, commenavers la fin du fcond fiecle de l'Hgire, & le rendit la fin engrande partie indpendante des Califes.

    VII. Parcequ'ils ont dj renvoy le Lefteur au Supplmenten queftion fur plufieurs particularits intrelTantes relatives cesDynafties. Quoiqu'ils ayent eu frquemment occafion d'en par-ler dans le cours de l'Hiftoire des Califes, parcequ'elle auroit timparfaite , s'ils avoient gard le filence fur plusieurs Princes deces Dynafties , en parlant des Califes fous lefquels ils ont fleuri;cependant les perfonnes qui ont du got pour un Ouvrage aultendu que le leur, doivent naturellement s'attendre une Hiftoi-re fuivie de chaque Etat Mahomtan , flon l'ordre chronologi-que, qu'ils ont toujours obferv.C'est par ces raifons que les Auteurs f propofnt de donner

    l'Hiftoire de ces Etats , dans un Supplment dtach du Corps del'Ouvrage,& d'y ajouter celle de quelques autres Royaumes, con-formment au Plan qui fuit.

    L'Hiftoire des Aglabites, Ro/lamites,Edriftes & Fatimites en'Afrique.- des Emtrs de Sicile ,qui fe rendirent peu peu indpendans

    des Princes Aglabites.fc des Califes Ommiaes & des Rois Maures en Efpagne.p

    du Royaume Mufulman , fond dans l'Ile de Crte par A-j pocbapfus ou Abu Kabs 3 Amiral Efpagaol Magrbien.i L'Hif-

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  • BU TRADUCTEUR. x iijL'Hiftoire des Familles de Telun & de Al Akbsbd, & des Cali-

    fes Fatimites d'Egypte. des Califes Abbajfides en Egypte aprs la prke de Bagdad

    par les Tartares. des Monarchies qui s'levrent dans YIran ou faPerfe, vers

    le dclin de la puiflance des Califes,

    jufqu'au tems o ls Ti?r-tares en firent la conqute 5 favoir des Tabriens ou Dbab-riens

    , Saffariens, Sammniens> Deylamites 9 Bdes> Gazne-vides, & Kbowrazmiens. des Indiens jufqu' la conqute de YIndoJlan par Mabmd

    Gazni, & celle de fs fuccefleurs des familles de Gazni, de

    Grfwr & de /Cr/,jufqtf la ruine de leur Empire par Timur-

    Bek & les Mogols. des Princes de la famille de Afards k AIep,e la famille deHamdan Io/ul

    ,Maredin, Alep y Kinnifrin, & autre lieux

    de la domination des Califes. des Sbebs d'A Batiba, des defeendans deMerwan en M-fopotamie, & des Arabes Okalitesk Mql'ul. des Atbeks, qui toient Souverains de YlrakBabilonienne

    ,

    de Syrie, Se de la plus grande partie de la Mjopotamie , appel-ls communment les Atbeks de Ylrak.

    . des Atbeks de VAdberbijan , de iVr/tf & du Lariflan. des Aybites en tyr, en Egypte & en Arabie, depuis 5*-lttaddin jufqif Tufurpation des Mammlucs Babrites.

    des Mammlucs Babrites en Egypte. des Mammlucs Circajfiens dans le mme Pays, jufqu'autems o il fut conquis par les Tarn. des Royaumes de Sennar & de Nubie. du Royaume des Hammadites en Afrique. des Molbidab ou IJmuliens dans r/ron & la 5yr/e , con-nus fous le nom dAffajfins , jufqu'au tems o ils furent exter-mins par les Tartares. de la Dynaflie Modbaferienne en Terfi , laquelle T/wr-Bek mit fin. de la Dynaftie Sarbedarienne dans le Kborafan y dont lesPrinces furent aufll fournis par ce Conqurant. des Zeyrites , des Al Morabeta ou Molatbemiyab , des AlMobedn & des Banu Merin dans la Barbarie Occidentale. des Drufes tablis fur le Mont Liban & fur la Cte de Sy*.rie.

    ** 3 L'HiS

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  • xiv AVERTISSEMENTL'Hiftoire des Royaumes du Trtre-Jean & du Thibet. des CircaJJiens , des Afghans , des Lesgiens & des autres

    Nations , dont on n'aura point parl particulirement ni dansle Supplment ni dans le Corps ae l'Ouvrage.En attendant ce Supplment , qui flon les apparences n'eft

    pas prt paratre, s'il ne vient qu' la fuite du refte de l'Ouvra-ge , on ne fera pas fch de fcvoir ce que nos Auteurs ont djdonn au Public.Apre s l'Hiftoire des Arabes y qui fait le fujet de trois Volu-

    mes in 8. en Anglois , vient XHifloire des Turcs & des limpiresqu'ils ont fonds en Tartarie & dans XAfie Mineure.

    L'Hiftoire des Sclgiucides de Perfe , du Kerman &c de Rm.j des Mogols & des Tartares depuis Gcngbis-kan^ celle de ceConqurant & de fes SuccefTeurs dans le Mogolijlan , la Tar*tarie , la Chine &c. de Timur Bek , connu fous le nom de Tamerlan & de fes

    Succefieurs.

    des Shahs de Perfe, depuis Jfmai Sofi> jufqu' la mort deNadir Sbab.

    des Rois Arabes 'Ormuz. des Turcomans & des Usbeks.

    de Ylndq/lan depuis les SuccefTeurs de Timur Bek, jufqu'l'expdition de Sbab Nadir. des divers Royaumes de VIndoflan*

    des Tartares Orientaux. de la Chine & de la Core.A la fuite de ces dtails, qui regardent le fond de l'Ouvrage,

    je dois ajouter quelque chofe fur ma Traduction.I. J'ai vrifi les Citations , autant qu'il a t poflible , l'ex-

    ception de celles qui toient trop vagues pour pouvoir les dter-rer, de celles des Auteurs Arabes,& d'un petit nombre d'autres,faute d'avoir pu me procurer les Ouvrages cits , aflez prompte-ment & auL long^tems qu'il aurait fallu pour en faire ufge par-tout. D'ailleurs j'ai eu foin de marquer les Editions dont je mefuis fervi. A l'gard des Auteurs Anglois, dont on a des Tra-ductions Franoils, j'ai cit ces dernires, pour la commodit deceux qui n'entendent pas l'Anglois

    ;j'ai de mme cit les Auteurs

    Franois , dont nos Hiftoriens citoient les Traductions en leurLangue. J'ai aufu ajout ici & i quelques citations d'Auteurs plusaifs a cohfultcr, que ceux auxquels ils renvoyent.

    II. Com-

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  • T>U TRADUCTEUR.- xvII. Comme l'Auteur de VHifloire des Arabes l'a crite en for-

    me d'Annales, flon les annes de l'Hgire, il en eft rfult unpetit inconvnient ; c'eft qu'il a quelquefois fpar des chofes

    ,qui

    runies font plus agrables & plus inltructives ; fouventauf aprsavoir parl de certaines Villes , il a ajout de nouvelles remarquesdans un autre endroit : j'ai tch de remdier cet inconvnientautant qu'il m'a t polfible , & j'ai fait quelques tranfpofitions& rapproch des morceaux plus ou moins tendus

    ,qui toicnt

    fpars.III. J'ai ajout quelques Remarques, qui m'ont paru nceuai-

    res, ou propres claircir le Texte de mon Original.IV. Enfin

    ,je dois avertir que je ferai oblig de remdier

    une forte de confufion,

    qui s'eft glifTe dans le nombre des Li-vres qui compofent cette Partie de l'Ouvrage qui a paru en An-glois , occafionne fans doute parceque divers Auteurs travail-loient en mme tems. L'Hiftoire des Arabes forme un premierLivre

    ,qui comprend deux Chapitres. Enfuite on trouve encore

    premier Livre jufqu'au quatrime ; vient aprs Livre fcond jufoues au treizime. Il faudra faire tout cela un lger changement,oc faire fuivre les Livres dans l'ordre naturel.

    Je me flatte que le Public rendra jullice mes foins, & que s'ilm'eft chapp des fautes ou des ngligences , il les pardonnera la nature dfu travail dont je me fuis charg. La multiplicit desobjets , & une Hiftoire allez peu connue, demandent une atten-tion fi foutenue

    ,qu'il ne parotra pas furprenant qu'elle ait pu fe

    relcher quelquefois.Quoique les Auteurs Anglois n'ayent mis ni Cartes ni Figures

    dans leur Continuation , les Libraires qui l'impriment en Fran-ois, ont jug propos d'en ajouter plufieurs, qui parohToient n-ceflaires , & propres rendre cette Continuation conforme auxVolumes qui prcdent; comme elle l'eft pour le papier & J'im-prelon.Nous devons avertir encore, que les Auteurs Anglois, ayant

    donn cette continuation fous le titre $Hiftoire Moderne , les Li-braires ont cru faire plaifir au Public d'en imprimer un petit nom-bre d'Exemplaires fous ce titre , pour les perfonnes qui n'ont pasf Hiftoire Ancienne,& qui feroient bien aifes d'avoir YHiftoire Mo-derne feule , mefurc qu'elle parotra. Ainfi on doit fe fouvenirque le Tome quinzime de l'Hiftoire Univerfelle , & YHiftoire Uni-verfelle , contenant fHiftoire Moderne , Tcms premier , font unfeul & mme Ouvrage.

    TA-

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  • A B L EDE CE QUINZIEME

    Q L U M E

    LIVRE I. CHAPITRE L La Fh de Mahomet.SEction I. Origine fi? Gnalogie de Mahomet. Hijloire de fa vie

    jufq'i' fa fuite Medne. Pag, iSection Jl. Hijloire de M au omet depuis fort tablffement ^Medine juf~

    qu' Ta mort. 77Section III. Ce qui Je pqjfa immdiatement aprs la mort deM a h o m e t.

    ~Part:cuiarits touchant fa perfinne ,J'es qualits, Js talcns,fa famille tfc. *77

    CHJPITRE //. Hijloire de rEmpire des Ak a b e s fous lesquatre premiers C'a li f es,& fous /es (Jalrjcs (Jgmiades^Abbassides

    ,jujqu' aprij'e jfijjgPjj par les Tartares. 2 1

    3

    Section I. Hijloire du Califat

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  • CONTINUATIOND E

    L'HISTOIREUNIVERSELLE,

    DEPUISLE COMMENCEMENT DU MONDE

    JUSQU'A PRESENT.

    LIVRE r*****CHAPITRE LLA VIE DE MAHOMET.

    SECTION LOrigine &? Gnalogie de Mahomet. Hijoire de fa viejufques fa

    fuite Mdinc.

    I'Ln'cfl point de Perfonnage clbre dans l'Hiftoire , dont on ait peut- Section

    .tre donn des ides plus diffrentes

    ,que de Mahomet ou Mohammed,

    le Lgiflateur des Arabes, & le Fondateur de l'Empire Mufulman. Quel-

    ^^Iboques Ecrivains Chrtiens l'ont reprfent comme un impofteur odieux, mct> &galement mprifable par les dfauts du corps & de l'efprit , & comme Hifirtdeun homme des murs les plus corrompues. D'autres, au contraire, n'ont fa vie iuf-

    qu'a ru*

    Diffrentmeux par l'tendue de fon gnie

    , & par la fagefle de Tes inftitutiens. Il Portraitsen eft mme, qui fembjent penfer fi librement fur les principes delaReli- ^Maho-pion tant naturelle que rvle

    ,qu'ils foutiennent aflez clairement, que J",'.fX.

    Mahomet ayant fait entrer dans l'Alcoran tout ce qu'il y a d'eflemiel dar^s UUTUla Religion Chrtienne, fans adopter les*additions par lefquelles on l'a cor-rompue, fon fyftme de Religion parot du moins auli digne de Dieu quectlui de l'Evangile, fi mme Mahomet n'a t Je dernier grand Prophte,envoy pour perfectionner la Loi de Jfus lui-mme {a).

    Mais(a) PriJeaux Vie de Mahomet, paffi*. Sale prelim. Difcourf./w/ Boulainviiliers Vie

    de Mahomet, paf.'lome AV. A

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  • 2 LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Chap. ISection d'un cl faut avoir Perdu le bon fens, & renonc la reU-

    VAkerm gion & la pit, pour la mettre de niveau avec la fublime doclrine defont fort l'Evangile. J)ans le fond, quelles que foient les vrits qui fe trouventau dfaut cjans l'Alcoran , il n'y a pas d'homme fage & clair qui n'avoue que l'onfubhm'ctdel

    rencomre au,r'bien dcs abfurdits. Ce n'eft pas non plus autant l'cxcel-

    fEvan. lence de ^*es prceptes & l'habilet de fon Auteur qui ont fi fort contribufile. le faire recevoir dans une fi grande partie du Monde, que la difpofition

    des Arabes,

    lorfque Mahomet commena fe glorifier d'une Million divi-ne, le luxe & la mollette gnrale des Grecs, la dcadence de l'Empire Ver-fan , la corruption & les divifions qui rgnoient en ce tcms-l parmi lesChrtiens t outre plufieurs autres caufes qui y concoururent, comme on leverra cn dtail dans la fuite de cette Hiftoire (a).

    Mahomet Selon les Auteurs Orientaux , Mahomet defeendoit en droite ligne d'Is-drfcrndoit tnal, fils d'Abraham , & par confquent d'Abraham mme. Kedar, oud'ifawei. comme l'appellent les Arabes Kidr, femble, aprs la mort de fon pere

    Ifmal, avoir communiqu fon nom la plus grande partie de FArabie Vi-tre, comme on peut l'infrer de l'Ecriture Sainte. Kidr eut pour hri-tier de fes biens ci de fon autorit fon fils {tonal, auquel fuccda Nabctou Xafc, & celui ci Salmn, pere d'Al Homcifa, duquel naquit Al Ta-za, dont le fils Odad engendra Odd, pere d'Adnn. Cette fuite Gnalo-gique, qui contient neuf gnrations, nous paroi t beaacoup plus vraifem-blable que celle que rapportoit Oinm Salma, une des femmes de Mahomet,qui prtendoit que fon Mari ne comptoit que trois perfonnes en lignedroite entre Ifmal & Adnn, favoir Lcra ou Kabet, Zcid ou Al Homcifa

    ,& Odad. Mais ce qui prouve que cette fueceflon ne peut tre exacte-ment vraye, c'eit rloignemcnt du fiecle o Abraham a vcu, comparavec le petit nombre de Gnrations compris dans l'interv ille entre AJ-nn & Mahomet. Les Ecrivains Arabes mmes ne font pas o'accord entreeux fur cet Article, comme on l'a remarqu ailleurs. Mais ils font fi mau-vais Chronologirtes,& ont fi peu de connoilance d'aucun vnement con-fidrable,du tems d'Abraham, que cette diveifit de (Intiment nefurpreu-dra point ceux qui font tant foit peu verfs dans la Littrature Orientait; {b).

    DixCini- La fconde lucceflion Gnalogique dans la famille d'/fmal, ou peurmieux

    (a) Pridi-au'x', Sn!e, Bmthiinv. ubi fupra. I, c. Pocrrk. not. in fpec. Ilift. Arab.p. 45-51.Voy .'suffi (TIhrbtk: ftbl. Orient, p. 59S 603. Salfs gen. tab. of the naturaiiztd Ar..b-* fySait not. fur l'Alcoran & l'Alcoran mme, aufl fitim. XL1X. 28. Uait LX. 7. Eztb.

    (A) Mn/feda de vit Molmnm.-d.t . IL p. XXV1J. ai. /'/. CXX. 5 II. I3. Kc.(5-8. Qxftid 1723.

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  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Chap. I. 3mieux dire celle de Mahomet, commence Adnn & finit Fcbr, umom- Secttom Koreijlb. Elle confifte en dix gnrations, comme il parot par les 1.

    *

    anctres de Mahomet, & ces dix gnrations Je font fuccd fans interrup- GM*bgktion depuis Ann jufqu a t'ebr. Les Arabes ont reprsent Moad ou Maud, ff< M^fils SAdnn, comme un fameux guerrier, & un ennemi dclar des Juifs. ySj*ZoAflri rapporte une Tradition

    ,comme l'ayant reue d'Ali fils de Mogbara, fa vie kf-

    ftlon laquelle A7oa/,& alla s'tablir avec

    fa famille dans V/raci. Rabid fut le pere de plufieurs Tribus, dont on trouve un dtailcirconftanci dans l'Hiftoire Univcrfelle '/lbu/feaa. Le fameux Potc Arabe Motalam-mes, qui defeendoit de Dobhib, un des fils de Rabid, ^ qui vivoit long-tems avant Ma-homet, ayant fait des vers fatiriques contre le Roi de //ira , ce Prince l'envoya chargd'une lettre pour un de les Gouverneurs, par laquelle il lut ordonnoit de faire mourir leporteur. Mais le Potc, ayint quelque foupon, ouvrit la lettre, c vie ce qu'elle con-tenoit. Ce qui a donn lieu ce Proverbe des Arabes, les Lettres de AUta/ammes. 11parolt clairement par -l, que les Arabes, du moins flon le fentiment de quelques-unsde leurs meilleurs Auteurs, avoient Ptifage des Lettres long-tems avant la naili'ancc deMahomet, //ttmdr, le plus jeune des liis de Nazdr

    t s'tablit dans / Tcn:e , o fa polt-rit fc multiplia beaucoup, mais elle fc confondit de bonne heure avec les anciens ha-bitansduPays (i).

    (f) A/A'ds, dont le nom lignifie Dfifpiir, naquit, lorfquc Xldnr fon pere toit djfi vieux, qu'il dlefproit d'avoir jamais un fils; il s'appclloit aulli Habib, c'cll--dircBien-aimi 11 adhra la religion ci aux traditions de les Anctres

    , & en toute occa-fion il tmoigna un zele tout particulier pour l'honneur & la dignit du Temple de lav.Mecque. Ce qui fit que les Arabes eurent une haute cftime pour lui, & le regardrentcomme un aufli grand Philofophe que /Mma, dont nous avons dj parl dans ITliOoi.re Ancienne des Arabes. Etant Prince de Ion Peuple & Chef de fa Tribu, il ne fc dci-doit aucune affaire fans fa participation. Son frre fu/is, furnomm /hlu, fut le perede plufieurs Tribus, dont les principales font les fuivantes, i. Les /Li.aztt.ita, d'ofore l'ortis les enfans de Saad fil? de Detr, fils de Ihn-dzen, qui leva Mahomet, a. Lesen fins deAW./6,d'o fontilTus les Seigneurs, de Il.ileb ou Altb, dont S.iieb tils de Mtriisfut le premier. 3. La Tribu 'Qkail, d'o font fortis les Rois de HhOtl. 4. Les enfansde Bancr, de Safaab & de Kbaj'.ijab

    ,qui ont t de toute anciennet Seigneurs de la

    Province d'fidk. 5. Ajoutez les enfans d'ffe/d/ & ceux de Tbaktf, que quelques-unscroient avoir fait partie des ./

  • r4 LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Chip. I.c -n engendra Moirecah (*) pere de Kbozaimab , (f) duquel eft forti Kennab

    1 0) pere d'^/ ATjJr () dont le fils il/afo eut Febr. C eft de /VA/-, queGnalogie les Arabes ont furnomm Koreisb , que toute la Tribu des Korcsbices a prisde Maho- fon nom> Ce fut du tems 'Adnn que les Arabes fixrent la rgle qui d-met ?

    plus haut t$fjinn t qu'ils rcconnoilTenc pour le pere de leurs Tribus ;par-ceque la fucceflion depuis lui eft certaine & n'efl point confre (a).

    Fchr eft la likr Semble s'tre diilingu parquelques grands exploits

    ,les Arabe* fup-

    metla pofant qu'il fut furnomm Koreisb caiife de fa valeur & de fon intrpi-Triu la dirtf. Quoi qu'il en foit, il peut tre confidr comme la tige de la Tribufluimbk i lus nobie & ja pius clbre parmi les Arabes. 11 eut trois fils, Cdkl\tu M-

    (a) Ahulfcda de Vit. Mobnmmcd. C. IL 45-51- Gagnicr Vie de Mahom. T. I. p.p. 6-8. l'ocuck. nut. in fpec. Hitt. Arab. p. 3S-5? Ed. de 1748.

    quarante ans contre les Abafdet, appclle par les Arabes la Guerre de Dahcs & de Cabra,qui font les noms de deux chevaux qui coururent contre deux autres , nomms Al h'atar& Al Fana. Mais la difficult de dcider de quel cot toit l'avantage, occalionna cetttfanglantc querelle, qui dura quarante ans. Del eft venu en fuite le Proverbe, en par-lant de procs longs &. difficiles, s"eft la Guerre de Dahes & de Cabra 1).

    () Modiecab avoit un frre nomm TaUkbab , duquel defeendent les enfans de Ta-mm, de Rabhib, de Dabbab, & de Mot inab. Mmlecab & Tabekbab furent furnomm*Kbcudaf, du fumom de leur merc, qui s'appelloit, dit-on, UH. Elle ctott fille de Ho/.Jn, fils d'Amnin, fils d'Alftdf, fils de kodbaab. Tontes ces Tribus furent appellesKbtndafists (2).

    (t) Hidbi.il frerc deKbozaiwab fut la tige des Ihbaiiitei : c'eft de cette Tribu qu'toientle Pote Abu Douaib, Galet % Saad, Knii & Abdallah fils de Mafud, compagnon deMahomet (jN

    (1) Kennab fut nomm ainfi du mot Ken, qui fignitic ombrage, enuverture, pareequ'ilfut le protecteur c l'afile de fon peuple. Il avoit deux frres, Al Havcn & Aj'ad, D'AlI/aun font iiTucs les Tribus d'Adal & d'A/-Dai>b, qui furent appellcs Al Hirab, parec-qu'elles toient runies enfemble, & toient confidres comme ne faifant qu'un mmepeuple. YfAfad font venus les Cdbilites , les Dudnites, & autres, qui font tous compri*fous le nom d'Afadites. Kendnab eut plufieurs auircs fils, outre /Il NaJbr, lavoir MaU

    ' tda, Abd Maadi, Amru, Amer & Maire. De Malcdn font iffiis les Malcanites ; 'AUMaiulb les enfans de Gbifdr , les enfans de Becr, les Doy/itet , les enfans de Lcirb, de Ha.retb, de Maillai & de Dai/irab: d' Ami 11 font foi tis les Annuits: d'Amer les Aitu-ritet,& de Malec les enfans de Perdu De Kendnab defeendent auffi les Ababisbitcs, 'que quel-ques-uns ont confondu avec les Abijjir.s ou Ethiopiens (4).

    (J) Al Nadbr fut ainfi nomm caufe de fa beaut & de l'clat de fon teint. Alfan.rdii \c nomme Korei>b, mais flon Ahu'.feda c'toit l le fumom de Febr. AlJan>nU>i n'eflpas aufii d'accord avec lui-mme fur cet article. Pour ce qui eft de l'origine du mot deKoreisb, c'eft le nom d'un certain Monftre marin, qui dvore les autres Monfires marin

    ,

    & fc difiingue par fa force & par fon courage. Fibr fut furnomm Koreiib caufe de fabravoure &. de fa hardiefie. D'autres font venir ce mot du verbe Kanisba, qui figniticrecueillir .ramafer y rafmblcr ,les defeendans de Febr ayant t raflembli par Kola, quandil entreprit de fc rendre matre de la Caaba. Mais la remiere tymologie fembie tre laplus fuivie par le* Hilioriens Arabes les plus clbres (5)-

    (\) ^dm*\ Hitt. G

  • LA VIE DE MAHOMET. Lit. I. Chap. I. 5Mohareb & Al Hreth. Ccft de Mohaub que font descendus les Mobarbi- Sectiontes, appelles aulli les enfans de Sbeibn; 'Ai Ilretb font iflus les enfans !'Al Cbo.'oge; & de GJ.W en droite ligne l'impofteur Mahomet. Un Aoifeur^^jS^moderne prtend que Gi/ffi a t trs-habile oans la Chymic, mais c'eflce mct gdont il n'y a aucune preuve. Gkb fut pure de Loim (*), & celui-ci (f) Jij/aitt

    A

    de Caab, dont le fils ($) Morrab eut jfr/a pre de '^/. DcZabrub, autre fvUjuf-fils de MA, font iflus les Zabrites; de cette Tribu toit 6W fils 'Abul'ff rli

  • 6 LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Ciiap. I.Section Uzza , & voyant fcs affaires dans -un tat trs- llori fiant, tandis que celles

    l; de Hati alloient fort en dcadence, il n'eut pas de peine engager Jes

    fMaho' korcishites le foutenir dans l'excution de Ton entreprife. Il allembla fc-n.cc, crutement un corps de troupes, qu'il polla aux environs de Mozdalifa.

    tomba fur les Khozates avec tant de furie, qu'il en fit un grand carnage,ce qui obligea ceux qui reliaient demander quartier. Aprs ce coup Jla-il 6c Kcja convinrent de remettre la dcifion de leur diffrend un arbi-tre, & choifirent pour cela Ta amer fils 'Avf, lequel adjugea la fouve-rainet de la Mecque & l'intendance de la Caaba Kofa. Jl prit d abordle titre de Roi, & reut le ferment de fidlit de fcs nouveaux fujets. Ildivifa enfuice la ville en quatre quartiers , 0& affigna au milieu des maifons ceux qui s'toient le plus diftingus dans fon expdition (a).

    D'autres Auteurs rapportent le fait d'une faon diffrente. Us prten-dent que Kofa trompa Abu Cabsbn

    ,

    pour lors en poll'cfiion de l'intendan-ce du Temple, que l'ayant enivre il acheta de lui les clefs de ce lieu facrpeur une bouteille de vin. Les Khozates piqus de l'affront que KoJ t ece tems-l Prince des Korcishites

    ,leur faifoit en la perfonne d'y,bu Gabsbn,

    formrent le deffein de fe remettre en polfcllion de la Caaba Kofa enayant eu avis, affembla fecrettement un grand nombre de Korcishites, a-vec lesquels il furprit les Khozates ,fe rendit matre de la Mecque, & s'as-fura fi bien de cette importante conqute, qu'elle demeura dans fa famillejufqu'au tems de Mahomet (/;).

    Nous ne devons pas oublier que, flon quelques Hiftoriens Arabes, JesJfmalitcs chtirent les Jorabmitcs de la Mecque & de la Caaba

    , & qu'ilsen furent enfuite chaJTs eux-mmes par les Khozates, fcondes par lesenfans de Becr, fils d'A'd Manab, fils de Kennab. JJ faut encore obfer-ver, que les Khozates ctoient de la famille de Jokian, qu'ils s'taient ta-blis originairement dans \'cmcn> mais qu'ils furent obligs d'abandonnerleur patrie par l'inondation d'A Arcm. Aprs les terribles ravages, caufspar cette inondation, ceux de cette Tribu fe retirrent dans la valle deMarri, dans le voilinage de la Mecque, o ils parvinrent bien-tot unhaut degr de puiJIance. Enfin ils fe rendirent matres de cette ville & duTemple qui y etoit, dont ils furent depofleds par les Korcishites , fous laconduite de Kofa, de la manire dont nous l'avons rapporte (c).

    Abtl yjy Mena/, fcond fils do Kofa, fut dclar Prince des Korcishites, duMenai,

    vivant de Ion pre, & fcs fujets lui prtrent ferment de fidlit. La lu-mire prophtique qui, flon les Mahomtans, brilloit fur fon vifage, lui

    valut(./) Al Jamai. Abulft. Pocock. not. in Vie de Mabm. T. I. p. 66 68.

    fpte. HUt Arab. p. 42. 50. 34 & ai;Lsi- (A, Pt/ccck. not. in fpte. Hift. Anb. p.fHaiwHft dans l'AIcoran fur. 106. Abr. F.c- 42. 342. Priieaux loc. cit.ci ./;/' [lui. Aub. p. 1. c. 3. Farta!, fi l, (cj /Il Beidaai. Pridtaux ubi ftinra. Cot'iiLib. IV. Conf. 1. GUi not. ad AH'ragan. not. ad Airagan. p. 4.p. 4, I tiJtaux Vie Je Mahoect. p. 6.

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Chap. I. 7valut le droit d'aineffe. Son nom propre toit Al Mogbarab ou Moghirah, Sectiok& un autre furnom toit Al Kamar, c'eft--dire, la Lune, qui lui fut don- i-n caufe de fon extraordinaire beaut. On dit que c'toit un Prince ffft*trs-religieux, qui recommandoit beaucoup la pit & la prire. Il mou-rut la Mecque, & fut enterr fur une petite colline, appelle /// IJajttn

    ,y//,/'/,-, de

    qui devint dans la fuite un lieu de fpulture commune. Abdal Dur fut le/ vit juf.pere des enfans de Sbibab, qui furent portiers du Temple de la Mecque. tu

    '

    rlk '

    Du mme AbSal Dr tiroit aufli fon origine Al Nodar, fils d yAl Hrttb . e"'e-un des plus grands ennemis de Mahomet , & il fut tu par fon ordre aprsla bataille de Balr. D'Abd'al Uzza, le plus jeune des fils de Kvfa, toitiifu Al Zobir , fils d'AlA'xm, un des dix martyrs ; auli bien que Kba-dija, premire femme de Mahomet, comme au Ti Jfaraka fils de Nazvfal.Le nom d'Abd'al Uzza fignifie le ferviteur ou l'adorateur d'Al Uzza, quitoit une idole des Mecquois, dont il eft parl dans l*A!coran : les anciensArabes ayant la coutume de prendre de femblables noms, pour tmoignerla profonJe vnration qu'ils avoient pour leurs faulfes Divinits (a).

    Rien n'efi donc plus videmment abfurde, que l'ide que les Mahom-tans fe font des fentimens de Ko/a & d"Abd Mcnaf fon fils, fur la religion.Ils fuppofent que l'un & l'autre furent diftingus par la lumire prophti-que, ci par confquent qu'ils profefJbient la vraye religion , ou du moinsqu'ils ont toujours ibutenu le dogme de l'unit de Dieu. Et cependant lesnoms mmed'/

  • 8 LA VIE DE MAHOMET. Liv. L CfcAP. LScctios O/.r, le Sublime, caufe de fa haute dignit. Il fut furnomm Hsbm,

    L c'efb -dire, Ctf/a/ qui rompt du p.iin , pareeque dans un tems de famine ilCinfibpe diflribua libralement du pain tous les habitans de la Mecque. Ayant4rMaho-

    aroaflj< line gruflc fomme d'argent, il fit, flon quelques Auteurs Arabes,liede un voy.ige en Syrie o il acheca une grande quantit de fanne dont il liefit vie v4- faire des gteaux, & quand il fut de retour la Mecque, il les rompitqu' U~ lui-mme X les diftribua au peuple. Il fit tuer aufl un nomhrc prodigieuxire- de chameaux, dont il donna fa chair aux habitans de la Mecque, qu'il fou-

    ' lagea ainii d.:ns leur grande difette. Et comme le terroir de cette villetoit fort ftrile, & ne rapportoit d'autres fruits que ceux qui fe trouvencdans les dferts, & par confequent ni froment ni grain, llshem eut foinde rem.iier ce dfaut. Il tablit annuellement deux Caravanes , l'unedans l'Et & l'autre dans l'Hiver, par le moyen desquelles il pourvut a-bondamment les habitans de la Mecque de tout ce qui leur toit ncefli-xe. Il elt parl de ces deux Caravanes de Pourvoyeurs dans l'Alcoran. Lesprovifions qu'elles apportaient fe diftribuoient deux fois par an, au moisde Rdjcb & l'arrive des PeLrins. En un mot llsbcm releva la gloirede fes Itijets au plus haut point par fa fage conduite, enforte que tousles Chefs des Tribus du voilinage & tous les Graiuls lui failbient leur cour.Il y a mme des Ecrivains Mahomtans qui alurent, que l'Empereur lie'racluis rechercha fon alliance. Ce que les Savans ne croiront point, la pre-mire anne de Hgire tombant l'an XII. de cet Empereur. Mais lesHilloriens Mahomtans font fi mauvais Chronologifks, qu'on ne doit pastre furpris de rencontrer de femblables aiiachronifmcs dans leurs Ecrits;par lesquels ils donnent des preuves videntes de leur extrme ignorance,de la faufTetc de leurs rcits, & de leur partialit. Hsbem mourut Gazaen Syrie ou Sbm t environ vingt ou vingt -cinq ans avant la guerre del'Elphant (a).

    JJisbtm eut trois frres, dont la poflrit a fait une grande figure parmies Arabes. ASbm, l'aine, eut pour fils Omm'tyab, duquel toentilus les Califes Ommhdes; entre lesquels furent Otbman fils d'Ajflin, Moa-vie fils d'Abu Sofin , Tczid fils de Aloavic , Moavic fils de Yezid, Mcrtvdnfils 'Al Hake;n % &c. comme on le verra plus en dtail dans la fuite del'Hiftoire. UAl Mutlkb defeendent les Motalbites , parmi lesquels l'ImamMibomct fils d'Edris , fils d"Al Abls , fils d'Otbwan, fils de Shife, corn-wunment dit /// Sb/e\ fut principalement clbre. Naivfal a toujourst confulr par les Arabes comme la tige des Na-xf

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. L Chai. I 9de la race de Mahomet, porte jufqu' aujourd'hui en Arabe le titre dV/SscnoaImam Al Hdsbem, c'eft--dire, Prince ou Chef des Hashmites (a), h

    Aidai Motallcb, fils de Hsbem, l'appdlok Sbaiba Al liambd, c'eft-- 2ff?dire vieiilejft vnrable , pareequ'il avoit la tte toute blanche en venantau monde. Ceux de la Mecque lui donnrent le furnom d'Abial Motalleb, ti,jre dec'eft--dire le fervitcur a"Al Motallcb, pareequ'ayant perdu fon pere dans, fit'vie juf-fon enfance, il fut lev par fon oncle Al Motallcb. Au commencement l'fllii-du mois de Ramadan il donnoit un fdlin aux pauvres fur la terrafle de s're'

    fa maifon,& enfuite il avoit foin de nourrir les oifeaux & les btes Abd'ifl

    fauvages , de diffrentes provifions que fes domeftiques portoient par Mottlkb,fon ordre fur le fommet des montagnes voifines. Selon les Arabes iltoit extrmement affable & d'un accs facile. Il parot autli pir ceque l'on vient de rapporter

    ,qu'il toit d'un caraflere excellent Ci g-

    nreux (b).Les Mahomtans difent que Dieu rvla extraordinairement AbTal

    Motallcb o toit le puits de Zemzem, environ cinq -cens ans aprs qu'ileut t combl par ordre d'Amru, fils $Al Hretb, Prince des JoibamiteS)peu de tems avant qu'il abandonnt le territoire de la Mecque, & qn'ils'enfut avec les fiens dans Y Ymen. Depuis ce tems-l le lieu o toit cet-te fameufe fource avoit t entirement inconnu. Les Koreisbites mirentd'abord obftacle aux recherches d'Abd'al Motallcb & d'Al Hreth fon fils ;mais le nombre de fes fils s'tant accru jufqu' douze.il travailla haut lamain , & conformment l'ordre cleite qu'il avoit reu

    , il ouvrit lepuits de Zemzem. Les Mahomtans font perfuads que Zemzem cft la m-me fourec que Dieu fit fourdre de la terre pour dfaltrer Ifmail, lors-au'Agar, fa mere, erroit avec lui dans le dfert; & quelques-uns prten-dent qu'elle a t nomme ainfi

    ,parce qu'elle lui cria en Langue Egyptien-

    ne, Zem, Zetn,

    c'eft--dire, arrtez, arrtez ; quoiqu'il femble plutt quece nom lui a t donn, caufe du murmure de fes eaux. D'autres le d-rivent du verbe Zetn, qui fignifie fourdre de terre. L'eau de ce puits, quicil l'orient de la Caa'a, & couvert d'un petit btiment en dme, eft re-garde comme fainte,& eft en grande vnration; ce font non feulementles Plerins qui en boivent avec une grande dvotion , mais on en envoyaulli en bouteilles, comme une grande raret , dans tous les pays de ladomination Mahomtane. Abiallah, furnomm Al Hfedh, caufe de fagrande mmoire, fur-tout l'gard des traditions de Mahomet

    ,prtendoit

    qu'il en etoit redevable la grande quantit de l'eau de Zemzem qu'ilavoit bue. Pendant long-tems les habitans de la Mecque n'avoient pointd'autre eau que celle que leur fourniffoit ce puits, mais le prodigieuxconcours de Plerins & de Caravanes, dans les fiecles fuivans

    ,ayant ren-

    du une plus grande abondance

  • 10 LA VIE DE MAHOMET. Lit. L Chap. Lnon commenc quelque tcm s auparavant , & qui conduit L'eau d'une fource quiL

    . eft une dillance confidcrable (a).

    * Maho' ^dallah, pre de Mahwiet , toit un des cadets $Abdal Motlleb, &net, & ' le plus beau de tous les Koreisbites. On ne peut cependant fuppofer qu'ilWjhireJe ft le plus jeune des fils de fon pre , comme le dit Mr. de Boulainvilliers ifa?"' jff puifque Hamza & Al Abbs toient tous deux plus jeunes qu'Abdallah,au' I'JIj- Qn pr Cend qa'Abdal Motlleb eut douze fils , outre Abdallah

    ,

    quAbuU.

    /ia range dans Tordre fuivant: Hamza, Al Abbds, Abu Tleb, Abu Labcb*Abd'aJJah. Al Ghidk , Al Hrtth

    ,Jehet, Al Mokawxam , Derr , Al Zobeir, Ketbm

    cAbdalCaaba. D'AlAbbds font defeendus les AbbaJJidcs , de la famille def-quels il y a eu plufieurs Califes. Abu Tleb toit le pere du fameux ylli Yle quatrime Calife & fuccelTeur de Mahomet. Pour ce qui eft $Abdallah,.toutes les femmes de fa Tribu devinrent fi perdument amoureufes de lui,que l'on dit qu'elles l'attaqurent de la mme manire que la femme de Po-tiphar fit Joleph, flon l'Hiftoire facre. 11 epoufa Amena fille de fVbeb rfils 'Abdal Menf, tant g de vingt -quatre ou vingt -cinq ans flonAbuffeda; quoiqu.'Ahmed , fils de Tu/eft lui donne prefque dix ans de moins, fon mariage. Quoi qu'il en foit , les Mahomtans reprfentent Amenacomme la plus belle , la plus fage & la plus vertueufe femme de fa Tri-bu , & par confquenc la plus digne d'un homme aufli extraordinaire qu'-toit Abdallah (b).

    Abdallah tant mort jeune, durant la vie de fon pere, laifia fa veuve r& fon fils encore enfant, n'ayant pour tout bien que cinq chameaux &une Efclave Ethiopienne. Abdal Motlleb fut donc oblig de prendre foinde fon petit-fils Mahomet. Ce qu'il fit non feulement pendant fa vie , mais fa mort, chargeant alors Abu Taleb, fon fils ain & frre utrin 'Abd-allah, d'avoir foin de lui dans la fuite. Abdal Motlleb expira peu aprs rg de cent-dix ans, flon Ebn Amid. Abulfeda nous apprend qu'il toitPrince ou Chef des Koreisbites dans la guerre de l'Elphant ;& Al Juzi rap-porte qu'Abdallah ayant t envoy par fon pere pour reconnotre l'ennemi, donna le premier avis de fa furnaturelle dfaite- Nos Lecteurs nes'attendent pas que nous donnions ici la relation de l'expdition 'Abrahahcontre lat Mecque, l'ayant rapporte d'une faon circonftancie dansl'IIi-oire des anciens Arabes , avant le tems de Mahomet (c).

    Il parotpar ce que nous avons dit, que Mahomet n'toit pas d'une auflibaffe & vile extraction que le prtendent quelques Auteurs

    ; puifque ceuxde Ci famille avoient t, depuis long-tems, Chefs des Koreisbites, la plus

    no-

    (*) Atlt. Lib. Sairat Mbcboltai. Ebn Hit- farag. ubi fupra. Al Kodai. Pocock. not. in:bam.Gab. Sion. & J. Htfr. de nonnull. urb. fpec. IM. Arab. p. 51. Vide etiam Cagn.Orient, p. 19. D'flerelef Bibl. Orient, p. 5. not. ad Abulf. de Vit. Mohamm. C. IX. p.Gagnitr T. 1. p. 77-791 Sbarif Al Edri/i, 21. & Fie de Mahomet T. I. p 84, 85.ap. totock. not. ad fpec. flift. Arab. p. 124* (c) Abulf. de Vit. Mohamm. p 2. Abul-Colii not. ad Alfragan. p. 99. Sale's prelinii farag. ubi fupra. Ebn Amid. Al Juzi. Cagn.Difc p. 3, 4^ loc. cit. p. 93-96 Alcoran fur. 105. Siies

    (b) Al ZamakUlwtri , Abmed Ebn TuCt-f* prelim. Difc. p. 38. tlijl. Univ. T. XII. p.AJJannai,Abulf.iaQ6QCilKoeish.Abui- 53 tffr

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  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Cha*. I. rinoble de toutes les Tribus Arabes. Et l'on ne doit pas cependant tre Sctiojifurpris qui! ait t, dans les commencemens de fa vie, dans la pauvret L& dans la baflefle, parceque fon pere tant mort, lorfqu'il n'avoit me C"Ad^ edeux ans, & qa'Abfal Motlleb fon ayeul vivoic encore, tout le bien & dc Mah :le pouvoir de fa famille tombrent en partage fes oncles. Abu Tleb, S a1 un deux, qui aprs la mort de fon pere eut la principale autorit la fJvkjuf.Mecque, fut celui qui fit la plus grande figure. U parvint un ge aflez w'rH-avanc, & eut beaucoup de tendrefi pour fon neveu Mahomet', il l'leva ***dans le Commerce, qu'il exeroit lui-mme. Pour l'y former il mena avec

    '

    lui en Syrie le jeune Prophte, flon le flile des Mahomtans, lorsqu'iln'avoit que treize ans,& le recommanda enfuite Khadijah, noble & richeveuve, pour tre fon Faeur. Mahomet fe conduifit avec tant de pru-dence, qu'elle 1 epouf, & le mit par-l de niveau avec les plus riches dela Mecque (a).

    Il eft vident par ce que nous avons rapport, que la premire fuite de temgnrations dans la Gnalogie de Mahomet, n'eft en aucune faon con- riem Ara-forme au cours de la nature. On n'y voit que neuf gnrations, nombre *"pecertainement trop petit pour remplir l'intervalle entre Abraham & Adnn Yf.sdn:tSans cela il faut foutenir que tout l'intervalle entre Abraham & Mahomet', t.*qui eft de prs de deux mille fix-cens ans, ne comprend que trente sn-

    '

    rations: ce queperfonne, tant foit peu verf dans l'Hiftoire & dans laChronologie, n'admettra aifment. Ceft pourquoi les Auteurs qui comp-tent quarante gnrations entre Iftnal & Adnn

    , approchent plus de lavrit qu'Ai Beihaki, Al Jana, ou que la Tradition dfOmm Sa/ma. Maisce nombre-l mme eft encore trop petit, puisqu'il ne fait monter les g-nrations entre Abraham & Mahomet qu' foixante; tandis que ce vafte in-tervalle en doit renfermer au moins foixante-fept ou huit, en donnant la vie humaine, dans les fiecles qui ont prcd David, toute l'tendueque l'on peut raifonnaWement demander. Ceft par cette raifon que nousne pouvons adopter le fentiment d'Abulfeda, quelque eftim que cet Au-teur foit parmi les Savans, lorfqu'il donne fur ce point la prfrence l'o-pinion XAIJarra, puifque cet Ecrivain ne met que huit gnrations entreJfmal & Adnan, tandis que d'autres Chronologies Arabes en comptentenviron Quarante. D'ailleurs Abulfeda place la cration du Monde 6216avant l'Hgire, & fait vivre Jfmal aufli longtems avant Mahomet, que lespartifans de la Chronologie du Texte Hbreu

    , du Samaritain , ou des Sep-tante, & par confquent il auroit d mettre dans l'intervalle, dont il s'a-git, autant de gnrations qu'aucun Auteur Chrtien. Mais comme onne doit point s'attendre l'exactitude dans les matires de Chronologie dela part des meilleurs Ecrivains Mahomtans, nous nefommes pas tonnsde voir que fur l'article en queftion Abulfeda fe foit fi fort cart du coursdc la nature, & par confquent de la vrit. Nous ne pouvons avoir au-

    ^//Xttfbf^T^i: ^t'I't Vie de Mahomct *B 2

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  • 12 LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Chap. icTios tant d'indulgence pour Mefleurs Gagnier & Sale, qui ont fuivi avcuglt?-

    oi. ment Abulfeda fur ce point , & ont amfi dcid en faveur d'Al Jarra, tan-Cnalozit dis qu'il n'eft perfonne, mdiocrement inftruit des premiers principes dede Maho l'Hiftoire & de la Chronologie, qui une pareille dcifion ne doive paro-S/w, trendes Plu8a^dej . B r . ....faiie jof- Pour ce qui efl: du Comte

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Chaf. T. 13iner des Arabes clbre pour Ton habilet dans la Chimie, & le plus an- SectioncienChimifte de cette Nation dont on ait aujourd'hui les Ouvrages. Com-me le Mot de Jeber lignifie en Arabe un homme de dijlmflnn & un R>%j%j^on fuppofe communment que cet Auteur toit un Prince, & comme il a met, ?crit tn Arabe, que c'toit un Prince d'Arabie. C'eft furement ce qui a Mjluirededonn occafion au Comte de Boulainvilliers , de dire que Gkb ell quali- fi*fi du titre de Roi dans Tes Ouvrages de Chimie, ce qui prouve videm-

    *Jment qu'il a confondu Gleb , fils de Fehr, avec Jeber, le grand rformateur de la Chimie ,& celui qui elle ell redevable de fes progrs. Une m-prife aufi grolicre ne peut que prvenir tous les Lecteurs intelligens con-tre l'Ouvrage du Comte, & fijflit pour noos convaincre qu'il n'etoit pascapable de remplir la tche qu'il* avoit entreprife, en fe hazardant d'cri-re la Vie de Mahomet. C'eft ce dont nous trouverons dans la fuite despreuves dmonftratives. En un mot l'Ouvrage du Comte de BoulainviU'nrsne doit pas tre conlidr comme une Hiftorre de Mahomet , mais commeun Roman impie, rempli d'alfcrtions arbitraires, fans fondement & fansautorit; ou-, fi Ton veut, comme un Pangyrique de cet Impoftcur, quifourmille de rflexions impies

    ,

    qui attaquent les principes fondamentauxdu Chrillianifme (a).

    C'eft donc en vain que fon Traducteur (Anglois) s'efforce de pallier l'i- Son Trvgnorance, lesidtes chimriques, & les fc-ntimens impies, fi vifiblea dansJ^urcet Ouvrage, en les qualifiant $rudition coucife, de lecture profonde, dcj^.^penfes nobles, de finejjb defentiment , & d'excellentes leons. C'eft avec aufli^

    ,i.

    peu de fuccs qu'il entreprend de jultifier la fincrit du Comte, en aflu-/wrant que cet Ecrivain n'avoit en vue dans fes rflexions que les abus del'Eglile Romaine. Car nous ne croyons pas qu'on puifle bien nier, queplulieurs de fes obfervations ne tendtnt renverfer quelques-uns des arti-cles de notre fainte Foi , & n'ayent t vraifemblablement deftines fap-per les fondemens du Chriflianifme. D'ailleurs, faifant profclTon d'treCatholique-Romain , dans le tems qu'il crivoic fa Vit de Mahomet , il nelui convenoit pas tout--fait, en qualit d'homme droit & lincerc, d'atta*quer les abus de fa Communion. Mais c'eft une rufe auffi furanne quecommune, parmi les propagateurs de l'Incrdulit, de prtendre qu'ils n'oncen vue que les erreurs de FEglifc de Rome, les abus & l'idoltrie qui yrgnent, dans le tems qu'ils fappent fourdement les fondemens de la Re-ligion Rvle, ou qu'ils l'attaquent directement. En forte qu' notre a-vis, le Traducteur de la Vie de Mahomet du Comte de Boulainvilliers, fefait connotre pour un homme d'autant de capacit, d'une lecture auffi ten-due, d'une rudition aufft profonde, d'une fincrit aujji pure, & enfin de la

    mme(a) Boulainvilliers Vie de Mahom. L. II. rtab. Aliique Script. Arab. C^n. Introd.P.IL

    & alibi paJT. Abulf. Al Zamakbibar. AIJan- H. Iioerbave HiCL Chem. p. 143. Lond. 1727.

    garde la Pierre Philofophale , dit le mime favant Auteur, l'exactitude de fes oprationscft rellement furprename. Il femble, cominuetil, avoir vcu dans le huitime Sicle.Nous renvoyons ceux qui fouhaittent de connoitre 'Jeber plus particulirement }Ai,Beerbave (1).

    (; tiijt. tmm. f. . ij. LooO. 17*7. V. auffi !-*. *Af,iu L. 1U, . 1*4.B 3

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  • H LA VIE DE MAHOMET. Liv. I. Chaf. I.mme religion que l'Auteur original. Mais il eft tenu de finir cette digres-

    ! fion , & de revenir THiftoire de Mahomet (a).Mahomet, le Lgiflateur des Arabes , & le Fondateur de l'Empire

    met Mufulman, honor par les fectateurs du glorieux titre d'Apkre de Dieu,mre de naquit la Mecque en l'anne 578 de Jfus-Chriffc, peu aprs le commen-favie juf- cernent de l'Ere de VElphant, comme on l'a dj obferv. Les principa-qu' ni- |es Epoques du Monde ont prcd cet vnement de la manire fuivan-2 te, flon Abulfeda (b).JeSiZ La Cration du Monde 6163. ans.met , fn Le Dluge univerfel 35>2i.Canne de La Confulion des Langues 32jr.J C 5?. La Naiflance 'Abraham ..... 2840.

    La fondation de la Caaba ..... 2740.La Mort de Moyfe 2295.La Fondation du Temple de Jrufalcm . 1749.Le commencement de l'Ere de Nahonaffar . 1316.La deflru&ion du Temple de Jrufaient . 1297.La conqute de l'Empire de Perle par

    Alexandre Je Grand . . . - . . 88 r.La Victoire d'Aclium 599.Le commencement de l'Ere Chrtienne 578.La dcftrucion du Temple de Jrufalem par

    Tite . . . 505La premire anne de l'Empereur Hadrien 454.La rvolte ,Jrdeshir i fils de Bbek . . 369.Le commencement du rgne de Dioclticn. 286.

    Le prtendu Prophte vint au monde le Lundi douzime du mois, queles Arabes appellent le premier Rabi

    ,& prcifment la fixieme heure

    du jour, ou, lelon notre manire de compter, Midi. Ce qui rpond auvingt-deuxime du mois de l'anne Syriaque nomm Ni/an

    ,lequel cor

    refpond notre mois d'Avril : le Soleil tant alors au dixime degr duSigne du Blier, comme quelques Hiftoriens Mahomtans l'ont foigneufe-ment remarqu (cj).

    phete fortit du fein de fa mere, il en fortit avec lui une lumire brillante,ho'mec. claira d'une faon extraordinaire les Villes , les Villages , Jes Chteaux

    & les Places publiques de la Syrie. Ils ajoutent, qu'au mme inftant il fejetta genoux , oc que tournant fon vifage vers le Ciel d'une maniredvote

    ,il pronona d'une voix diftincte & intelligible ces mots, Allah

    Acbar &c. C'efM-dire, D 1 u ejl grand , il n'y a qu'un feul D 1 e o , 6? je fuisfin

    (a) Boulaimill. pa". Vid. et. la Ddicace (

  • LA VIE DE MAHOMET. Lit. I. Chap. L jSfan Prophte. Ils aflurent encore qu'il nquit circoncis (), & qu'il avoit IesSscnoirvauTeaux ombilicaux coups , au grand tonnement de tous ceux qui af- [fiflterent fa naiflance (a).

    *i2>(Quelques-uns de ces Ecrivains nous ont transmis le dtail des prodiges met,

    3

    !?qui arrivrent fa naiflance , tels qu'ils ont t rapports par Amenab h infiltre demre. Le Leleur curieux ne fera pas fch de voir ici les plus remarqua /*'> M-bles-5 ce qui fervira lui donner quelque ide du gnie Arabe , & prou-*"'4 '7**vera en mme tems combien les Mahomtans s'en laiflent aifment impo- &,rt'1er de la faon la plus grofiiere (b).

    Premirement, tous les Dmons, ou mauvais Gnies, furent prcipitsdu haut des Etoiles & des Signes du Zodiaque, o ils s'toient ples pourpier les aclioos & pour couter les difeours des habitans du Ciel & pourles tenter; auffi ne purent-ils dans la fuite animer les idoles , ni rendre desOracles, leur pouvoir cet gard ayant i entirement ananti (c).En fcond lieu, le Feu facr des Perfans,qui avoit brl fans intermiF-

    fion depuis Zoroaftre,pendant plus de mille ans , fut totalement teint

    ,

    ds qu'Amena fut dlivre (

  • i* LA VIE DE MAHOMET. Liv. L Chap. LSuc-no meau fier & puuTant, vaincu par un beau cheval Arabe; qu'enfuite fl loi, 4

    }'.

    avoitfembl voir le Tigre fe dborder , & inonder toutes les Campagnes^Mrtf* voifines ; ce qui fignifie , ajouta-t-il, que nous recevrons quelque fcheu-uict, & nouvelle du cte de l'Arabie. Sur quoi Khojrk dpcha un Lxprs AlJHirefo Kooman , fils d'/l MondJr^ l'un de fes Vaflaux & Prince Arabe, qui rf-fiivie uf- d0 it Hira , Ville faue fur les frontires de la Syrie & de la Perle ; luiJJj ordonnant de fe rendre inceiTamment a la Cour, c de lui amener unhom-*'re '

    me capable d'expliquer les fonges & les prodiges. Nooman obit , & pr-senta au Roi bd'al MaJJb le Gaflanitc, qui Khofr fie un dtail exa&de ce qui s'toit pafT , Si lui en demanda l'explication. Abial Mafjih luirpondit

    ,qu'il lui ferait aile de le fatisfairc

    ,pourvu qu'il pt cpnfulter

    fon oncle Satih , clbre Devin , qui demeurait dans la partie orientalede la Syrie. Ayant obtenu la permiflion de le confulter, le Sage lui rpon-dit que la chte des quatorze tours , le defiiichement du Lac de S.: au, lefjnge du Mbedhn , Se l'extinction du feu facr des Pcrfes

    ,fignifioient

    la chute de la Famille Royale des SafTanidcs , & que les Perfes feraientfubjugus

    ,

    aprs que quatorze Rois & Reines auraient encore rgn. Cequi lut exactement accompli. On rapporte encore que Satib ( ) , extr-mement frapp des prodiges qu'JWW Majfib lui raconta

    ,fe fit tranf-

    porter la Mecque , o Mahomet venoit de natre. 11 y rencontra Abu'i'akby fon oncle ik Abdallah fon pere., auxquels il prdit la gloire futurede cet enfant , & leur die entre autres chofes, fon nom eft connu dans

    la Loi &. dans YEvangile: fon nom dans le Ciel cft Ahmed, fur la TerreMahomet , & dans le Paradis Abul Kufem (a) (f).

    /. Ma' Il n'eft pas necifaire d'avertir des Lecteurs intelligens , que ces extra-bowitant vagantes fables ont t forges par les Muhomtans, dans la vue de faire

    paratre la naiffunce de leur prtendu Prophte lemblable celle de jfus-ffa*' Lhrijl notre Sauveur;

    ou, pour dire la chofe en d'autres termes , de fai-re une efpece de parallle entre ces deux vnemens. Car, comme les Au-teurs facrs nous difent, que notre Sauveur tait Dieu tnanifejl pour d-truire les uvres d:t Diable; qu'i/f.nrceroit f n peuple , ou tout le genre- hu-main* de Jcs pchs } que h gloire du Seigneur rejpleniit autour des Bergers

    ,

    qui{a)AlMeJh.Abi,Ifed.Ma*bitm.Mar*ec. Al Bokbari. Hjde Hift. Rcl. Vct. Pcrf. p.

    ubi fupra. Ai Jatmabi. Hujlem Al Maulavi, 364.

    (*) Satil',fi l'on en croit AlJf/nnsibi, rgnoit dans la ville de Nirrn. Selon Al Bokbri,fon vritable nom toit Rahta fils de Miizrm. Nous renvoyons ceux qui voudront le connoitre plus particulirement ces Auteurs Arabes, qui font tr^-prolixes fur Ion ftijet (1).

    (f) Mahomet reut le furnom d'Ai>u/lCiJm, de KAjcm l'on (ils ain, de Kba.ui'o , flonla coutume des Arabes. Suivant sibrnedfils de Tufef. Mahomet fut le premier i qui on donnale nom 'Ahmed ou de Mahomet; mais c'eft ce qui cft contredit par FM KbaUtdn , lequel

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I Cha?. I 17qui toinc dans les Campagnes de Betblbem

    ,quand TAnge du Seigneur leur Sicnox

    annona fa naijfance; que Simon, homme jufte & craignant Dieu, & An- Lne la Prophteife prdirent de lui de grandes chofes ; que, peu de tems aprs OtJjiogufa naiflance, des Sages, ou plutt des Mages , vitrent d'Orient Vadorer, & J^f'S0,]m firent des prfens , pour rendre hommage fa grandeur; qu'ils furent m/uire jeconduits Betblbem, o il toit, par une Etoile, ou Mtore lumineux &c. fa vie iuf-De mme les Ecrivains Mahomtans aflurent

    ,qu' la naiflance de Mabo- *' M*-

    met une lumire furnaturelle fe rpandit fur toute la Syrie; que tous les Dmens &'rc -furent chaffs des Orbes Clcjles; qu'/ arriva d'autres prodiges furprenans; que

    "

    Satih,Sage ou Devin clbre, en fut fi frapp

    ,qu il fe rendit U Mecque

    pour voir ce merveilleux enfant , & que l il annona fa grandeur future occ.Par o il parot videmment

    ,que les Ecrivains Mahomtans ont imit,

    ou,pour mieux dire

    ,dfigur les Auteurs Sacrs fur le fujet dont il s'agit;

    les rcits de ces derniers tant aufli diffrens de ceux des premiers, que laralit eft diffrente de la fable, la Religion de la fuperftition, la Vritfainte & divine de l'erreur & de l'impoflure (a).Le feptieme jour aprs la naiffance de Mahomet , fon grand pere AITal AbJal

    Motlleb donna un grand feftin , auquel il pria les principaux des Koreisbi- Mutllcbtes; qui l'invitrent, aprs le repas, de donner un nom l'Enfant

    ,qu'il tH"'^

    les avoit appells voir; Abd'al Motlleb rpondit fur le champ, je le nom- fiitie nmme Mahomet. Les Koreisbites furpris lui demandrent, pourquoi il ne don- de Maho-noit pas fon petit -fils plutt un nom de quelqu'un de fa famille? Il re- rap-pliqua

    ,puijjh le Trs - haut glorifier dans le Ciel celui qu'il a cr fur la Terre !

    paroles par Itfqueles il fembloir faire allufion au nom de Mahomet,

    qui li-gnifie lou, glorifi &c. C'eft une chofe digne d'tre obferve, que ce r-cit n'eft; qu'une imitation de ce que rapporte St. Luc dans une occafionfemblable : nouvelle preuve

    ,que l'hilloire de Mahomet

    ,telle que nous

    l'ont donne les Auteurs Arabes , elt remplie de circonftances fabuleufes,& que l'on ne peut gueres compter, du moins l'gard de cet article, furleur fidlit (*).

    Mahomet perdit Abdallah fon pere, n'ayant que deux mois, flon Abul Mahometfedi; quoique d'autres prtendent

    ,que la mort de fon pere prcda hPtrdl

  • 18 LA VIE DE MAHOMET. Lit. L Chap. LSecttov qui eft au milieu de la Ville. Selon Abulfeda ,

    Abdallah zvok vingt-cinq

    T l. ans un peu avant le commencement de la guerre de 1 Elphant ; mais AL . . ' r- - i I ' _1

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. L Chap. L 19Aprs avoir t oblig, par l'accident qui lui toit arriv, de quitter Ha- Secttoji

    lima & Al Hretb fon mari, Mahomet demeura trois ans avec Amna fa mre,au bout defquels, ayant environ fix ans, il la perdit. Elle mourut dans une^'^g,e

    Bourgade , nomme AlAbwa, fitue entre la Mecque & Mdine, au Nord met /tfd'Al Jahfa y d'o elle efl: loigne d'environ huit Parafanges. Avuna avoit Hifilin tt vifiter les oncles

    ,qui toient de la Tribu d'Ada , & elle mourut en che- fi*

    t

    * jjfmin, en revenant chez elle. Aprs ce trille vnement Abd'al Motalltb, iu

    'iIi~

    grand - pere du jeune Mahomet , le prie fous fa tutelle ,& divers gards le s" e'prfra fes propres fils

    , qui il difoit fouvenc , nous devons avoir grand iu,rtfoin de ce jeune enfant (a). TAmn*.

    Abd'al Motalleb mourut deux ans aprs Amena: avant que d'expirer, il Mcrtchargea Abu Taleb, fon fils ain & frre utrin d'Abd'ailab, pere de Maho- Jbd'almet, d'avoir foin de lui dans la fuite; & il s'en acquitta avec beaucoup de AIo"" e!,tendrefle,& l'lcva dans le Commerce. Cet vnement arriva au commen-cement du rgne de Kbofr Hormz (*) , fils de Kbofr Anushirvin , Roi dePerfe, anne laquelle quelques Ecrivains Orientaux rapportent ia naiffan-ce d'Abubekre (/).Abu Takbt ayant t oblig de faire un voyage en Syrie pour les afFai- Premier

    rcs de fon commerce, il mena avec lui fon neveu, qui avoit alors douze ou ''-w frtreize ans

    ,pour le perfectionner dans fa profeflion. Il ne furent pas plutt Ma|?

    0' et

    arrivs kBoflra (|) , ancienne Ville de la Syrie Damafcene, qu'ils allrent vi- tnyr,e'

    fuer unMonaftere, o ils trouvrent un Moine Neftorien, nomm Flix,

    fils de Jonas , fils d'Abd'al Salibi , & qui toit furnomm Bobeira; qui les re-ut avec beaucoup de difr.indr.ion, & leur donna un feftiir magnifique (c),Abu! Hafan AU Al Mafudi prtend que ce Moine efl appell par les Chr-tiens Sergius , & qu'il toit du Monaftere d'Abial Kais. D'o l'on peut con-clure avec raifon , comme l'a obferv le Dofteur Prideaux

    ,que c'eil le Ser-

    gius de Pincent de Bauvais, dont il eft fait fi frquemment mention dans lesEcri-

    (*) Abulfed. ubi fup. p. 10. & in Gcogr. Ahmed Elu Tufef. Ahufarag Hift. Dynaft.p. 13. Aljfaimabi. Abulfarag. Hift. Dyiwlh Abu/ Hafan Ali /il Mafut!. Prideastx Viep. 161 ,10*. . de Mahomet p. jo. Vide et. I'*cck. not. ad

    (//) Ahilfed. 1. c Al Mnutek. ap Al'Jxn- fpec. Hift. Arab. p. 170. Et Cenlii not. admki.Al Ldar ap. Elrnac. Abulfarag. ubi fup. Muiladin. Sad p. 536.

    (f) Abulf. ubi fup. Al Jamiabi. Al hodai.

    (*) Les Ecrivains Arabes appellent ce Prince fefra, mais le Perfans crivent & pronon-cent fon nom Kbofr. Ahmed Ebu Tufef dit qu'il fut furnomm Al-Maire Al-Adel , ou leJioi iujie. le mme Auteur rapporte qtfAM'aliab pere de Mahomet toit n l'an 24, &Mahomet lui-mme l'an 42 de fon rgne. 11 l3ut obfervei qUe Kefra ou Kbofr toit lenom commun des Rois de Perfe, fur-tout de ceux de la famille des Saffanides, comme C-far toit celui des Empereurs Romains (1).

    (f) Abulfcda fait de cette Ville la Capitale de Hawrdn. Reland fuppofe que les Hbreuxlui ont donn le nom de mrcjO, Uttjlcra ou H./bai, de mnis'i' /va , la Ma:fou *l-.ficr*ou d'A/larotb. Abulfcda lui donne, d'aprs Al Bit uni, 6o\ 8' de Longitude , & m, 35' deLatitude. Elle cft environ quatre journes au Midi de Damas, & c'oit dans fon voifi-nage qu'toit le Motiafterc du Moine Bobeira. Ahmed Ebn Tufef nous apprend queiU.^.net alla ce Monaftere, ds qu'il fut arriv i Boflra (2).

    fi) sAhmt Un Tmfif la Hift. Sc. $4. tMlllf. (2) ^Und P.llaft. llluft. T. II. p. *l. *Alubi lopra. p. i. Se aUtiL Vid. et. C. . not. *J titmu p. Abulf. in Geost. ut \ tft ../.*Altf. p. 1 , ]. ibid. ~4> ""i i* Tusf ia Dcl'ct. Uibiuni &c.

    C 2

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  • ao LA VIE DE MAHOMET. Liv. I Chap. ISectto Ecrivains Latins. Le mot de Boheira fignific Marin

    ,quoique Prideaux l'ex-

    il,

    plique autrement. Nous aurons occafion dparier plus amplement de ceS- Mah Woine dans ,a faitc cle cette ^iftire 00;met /cT D"

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I Chip. I. 21Mahomtans contre eux leur ayant nceffairement infpir de l'horreur peur Stnosla Religion de leurs vainqueurs. Car cela a plus l'air d'une apologie de LMahomet & de l'Alcoran , fi ce n'efk d'un delfein de pallier Us cruauts ^'f'^"Sue les Setateurs de cet impofteur ont exerces fur Jes Chrtiens , que m t

    %~'un jufte & vritable expof de la difpofition des uns & du cara&ere MjhireJe

    l'autre (a). fit vie juf.Pour revenir l'Hiftoire, Mahomet, g de quatorze ans fclon Abul^lHi'

    feda, mais de vingt fuivant les autres Hiltoriens Orientaux, dont 'opi-^"*'

    nion eft plus vrailefnblable , fit fes premires armes fous fon oncle Abu PtentiresTaleb, qui commandoit les Koreishites contre les Tribus de Kenn & de*"m deHawazan. On ne dit point le fujet de cette guerre; mais elle fut appelle Mah-l-i guerre impie, parce que les deux Partis la pouffrent avec toute la f ureur mct *

    Sjfible, durant les quatre mois facrs, Al Moharram , Kajeb , Dhi'tkaada&hulbajja, pendant lefquels il toit dfendu de combattre , flon les Ara-

    bes; ils toient alors la pointe de leurs lances, ot s'abfrxnoient de faire descourfes,& de toute hoflilit. Ceux qui craignoient leurs ennemis, vivoienten affuranec ; enfoxte qu'un homme qui auroit rencontr le meurtrier defon pere ou de fon frre, n'ofoit l'attaquer, ni lui faire la moindre infulte.Il n'y avoit que les Tribus de Tay & de Kbatham,c quelques-uns desdefeendans 'Al Hretb fils de Caab , qui ne dillinguoient ni tems ni lieuxfacrs, qui n'euflent point d'gard cette efpece de Loi. Nous ne devonsas oublier

    ,que dans cette guerre les Kcreisbitei, fous la conduite u'Abu

    'aleb & du jeune Mahomet , furent vainqueurs , ce qui ne pouvoit queleur attacher de plus en plus ceux de leur Tribu (b).

    Al Juzi prrend que, vers ce tems -l , Mahomet , tout jeune encore , Preuve dedonna une preuve lignale de fa profonde fageffe. Les Kortishites, flon /*/^#cet Ecrivain, ayant trouv que la Caaba , ou Maifon quarre du Templede fa Mecque, toit trop petite & trop balle, formrent le deffein de ladmolir, pour l'aggrandir & l'exhaitifer. Mais quand le nouveau Btimentfut lev la hauteur qu'on lui vouloit donner pour placer la Pierre noire,continue le mme Auteur, les Tribus ne furent pas d'accord pour le choixde la perfonne qui auroit l'honneur de la placer. Enfin elles convinrentde s'en rapporter la dcifion de celui qui fe prefenteroit le premier laporte du Lieu facr, appell par les Arabes Al Hatdm

    , & il arriva que cefut le jeune Mahomet. Il ordonna que l'on mt la Pierre noire fur un grandtapis tendu , & que des hommes de chaque Tribu l'levallnt la hauteurqu'il falloit, aprs quoi il la prit de ddfus le tapis & la pol'a lui-mme. LaCaaba, ainfi rebtie fur les anciens fondemens, fut couverte de tapifleriesde diverfes couleurs. AbtTallab fils de Zobir , Calife de la Mecque

    ,la fie

    rparer dans la fuite , & Jofepb, furnomm /// Iledjaj , la rebtit entire-ment

    ,& lui donna la forme qu'elle a encore aujourd'hui , la foixante-

    quatorzime anne de l'Hgire j il la fit auli revtir de tapifTeries de foye.Mais

    (a) Sale ubi fup. A alibi. ov'/j. Al SUghoUai. ViA et Co/iinot. ad ANf Abulf. ubi fup. p. \ x. Al Ttrauzahadi. frag. p. 4 , 5. & Pocock nou in fpec. Hift. Arab.

    Al Ktdai. Al Jawbar. AlSbabrejlan. AlKaz- p. 1 74 &cC3

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  • 22 LA VIE DE MAHOMET. Lit. L Chap. LSicno!i Mais nous donnerons , dans la fuite , une description circonftancie de la

    J*.

    Caaba & de tout ce qui s'y rapporte (a).*Mah'o' ^n ne t0UVfi P'us 6uere de particularits de la Vie de Mahomet, depuismct^? ce tcms-I jufqu ce qu'il tt atteint l'ge de vingt-cinq ans ; ce futHijilire de alors qu'il poufa Kbadija , noble & riche veuve, qui fon oncle Abu Talebfa vie juf- i'avoic recommand en qualit de Fa&eur. Kbadija toit fille de Kboroailed,qu' thi*

    fil, fAfat fils 'AMTtl Uzza , iils de Atya, fils de AVa* de la Tribu des Ko-e're'

    reishites. Apres que Mahomet fut entr fon fervice , il fit un fcondMahomet voyage en Syrie, accompagn d'un de fes domeftiques nomm Afaifara;tMufe & il s'acquitta des ail aires, dont il toic charg, avec tant de fuccs, queKhadija. pCU je ttms aprs fon retour la Mecque , elle jugea propos d'en faire

    l'on mari. Thcopbane & CcJrcne fe font donc certainement tromps , en di-fant que Mahomet fervoit chez Khadija garder les chameaux

    ,lorfqu'elle

    lui donna fa perfunne & fa fortune. Si l'on s'en rapporte Abulfcda, ce qui

    l'a dtermina ce fut la haute opinion qu'elle avoit conue de la probit deMahomet, que Mafara augmenta encore, en r. durant qu'il avoit vu deuxAnges qui couvroient de leur ailes fon Facteur

    ,pour le garantir de l'ar-

    deur du foeil. Si ce fait eft vrai, Mahomet commena de bonne heure faire le rolle d'impofteur; & fit voir des ce tcms-l qu'il ne manquoit pasd'Jprk, en trouvant les moyens de prvenir fi avantageufement Alafaraen fa faveur. Quoi qu'il en loit, Khadija avoit quarante ans quand elle l -poufa. Les Mahometans prtendent qu'elle fut la premire proflyte del'iflamifme, & que Mahomet l'aima fi tendrement ,quoiqu'el!e ft de beau-coup plus ^ee que lui

    ,qu'il n'eut pas la moindre f amiliarit avec d'autres

    femmes , tant qu'elle vcut. Ahmed Ebn Tujff nous apprend qu'elle avoiteu deux autres n-.aris, cli m le premier avoit t Atik> JeMakbzumite, & lefcond Abu ILV.it , albci des enfans d'AbJ'al Dari. Les Commentateursde PAlcoran font dire leur Prophte, que parmi leshmmes il y en a eup'u-fieurs de parfatttt mas qu'il ny a eu que quatre perfonnes de l'autre fixe, qui ontarcint la pnfecliat; /avoir Alla femme de Pharao, Marie fille rfmrn,Kha*dija//fcVKhowailed.^Fatime f.lkdc Mahomet. Selon AbulfeJa, Khadijavcut avec fon ma:i

    ,pendant dix ans

    ,aprs le commencement de fa Mis-

    fion, & mourut (*) trois ans avant l'Hgire (/>).Il

    (,-) AI Jmi in I.ib. de rtb. peregrnat. Jamtabi. AI Kodai &c. Aimlforn*. ubi fin.Mcccan. C. J.XVIII Alu'.f. ubi fup. C. VI. Vid. et. Tbophnn Clironogr.' p.

    '277 , 27s!p. 13 , 14. Et in ilirt. Gcntr. /il Janabi. Paris 165s. Cedrm. Hift. Comp p. 421,422!Vid. et. Cogn. not aJ Abulf. ubi fup. & Paris 1647. Maracc. in Vie Mohamin. C. \.SaWi prelirn. Dite. p. 116,117. p- 15- Uamm ap. Pecock. in no:, ad{).Uuif. de V.t.Mohamm.CV.p 11-13. fpec. Hift. Arab. p. 171. ut & Ipfe RCck.

    Aviiwd EJm n/tf, in Hilc. Sert. L c. 40. Al ibid.(*) Les Auteurs Arabes varient entre eux fur l'ge de Kbadi'a, quand elle mourut la

    Mecque. Quelques-uns, fuivant Uaracci, croient qu'elle dcda dans l'a quarante-neuvi-me ou cinquantime anne , ce qui rpugne au tmoignage de l'Hiltoire; car il parolt parsibhijld* & par tous les meilleur* Hiltoritus Mahomuns

    ,que lorfque Khadija poufa Ma.

    hoinct, tilt avoit quarante ans , &. qu'elle a vcu avec lui vingt quatre ans; d o il s'en-fuit qu'tKe en avoit l'oixantt- quatre fa mort. C'cft ce qu'allure pofitiveme-nt. I .tllidi a,qui nous apprend en mme tems qu'elle fut enterre dans un lieu nomm AI-AJda/Ia^t).

    (ij ^tlnlf. sAI.9 l.u.ir* &c, Vjde tuim AUracri , Vit. Mobimra. CI p, ij Gffmtt ubi fup. (.11,1 j.

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  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. L Chap. L 23Il ne fera pas hors de propos d'obferver ici, que le gros des Hiftoriens Section

    Arabes, tant Chrtiens que Mahomtans, font videmment d'opinion que, *,.

    Mahomet a fait deux voyages en byne , comme on I a rapporte ci-defius; ^ Maho-quoiqu'E/pfn/or femble en douter , ou pour mieux dire Je nie. Ce qui l'a met , 6?tromp, c'eft le filence d'Elmacin, qui n'a dit abfolument rien de ces deux Hijhiredtvoyages. Parmi les autres qui en ont foutenu la vrit, on peut compter fa ?}e ffi"Ahmed Ebn Edris , Abu Nazar , & Al Becr, qui ont t fuivis en cela par*?*Hottinger & Maracci. Au premier voyage que Mahomet & Abu Taleb fi- s 'rent en Syrie, ils furent accompagns d'Abubebe & de Ec'tl, qui, ou MahometAbu Taleb, Bobeira fit les prdictions rapportes ci-defl"usi& il les avertit afait drutous, en mme tems, de le donner fur-tout garde des Juifs, qu'il appelloit jy^e"'*le Peuple du Livre. Au fcond voyage Mahomet vilita les Marchands deBofra ou Boftra, & il eut auli une entrevue avec BolKira, qui, flon unAuteur de poids , l'inftruifit des principes de la toi Lhreticnne , tellementqu' fon reiour la Mecque, il ne put s'empcher de faire part de Ils fen-timens aux Khoreishites ; &il femble avoir mdite depuis ce tems -l unerforme parmi les Arabes. En ce cas -l, il ne paroitra pas aulli impro-bable

    ,que Mr. Sale veut l'ininuer, que ce Moine Ntftorien, avec le-

    quel Mahomet avoit eu des liaifons dans fa jeunelle , l'ait aide dans lacompofition de fon Alcoran. Et il n'eft pas necefiaire , comme ce lavantAuteur le fuppof, que iioheira ait quitt fon Monailere, & qu'il ait fuivle Prophte des Mahomtans en Arabie

    ,

    pour lui faciliter l'excution defon delTein; puifqu'il a pu ou lui aider former fon plan, comme l'ex-cuter , dans les confrences qu'ils eurent tnlemble Boira ; ou dans la fui-te lui fournir , en divers tems , les matriaux dont il avoit befoin. Car onne peut gure douter, que la communication entre l'Arabie, & fur-tout laMecque & Medine,& la Syrie Damafcene , o Boheira demeuroit , ne fttrs-facile, par le moyen des Caravanes de Marchands qui alloient conti-nuellement d'un de ces Pays l'autre. Il n'y a non pius rien de fulide dansl'objefiion que Mr. Sale fait contre le fentiment gnralement reu parmiles Chrtiens , fur les vritables Auteurs de l'Alcoran; lavoir que les liai onsde Boheira avec Mahomet Bofra , font trop antiennes pour favorilir lapenfe

    ,qu'il lui a aid compofer l'Alcoraii, qui a t forg long- tems apr.*.

    Le plan de ce Livre peut avoir t fait, x les matriaux peuvvnt avoir tenvoys Mahomet, long-tems avant qu'il ait t eompol, & c'eft -l lefait, enforte que l'on ne peut tirer de la fuppolition contraire aucune con-fquence contre ce que l'on avance ici. D'ailleurs, c'eit ce dont Mr. Saliconvient lui-mme dans le fond, quand il dit que Mahomet a pu, dans fesconventions avec le Moine Ncftorieii

    ,acqurir quelque connoilfanee de

    la Religion Chrtienne & de l'Ecriture Sainte, qui lui a fervi dans la compofition de fon Alcoran. La vrit cil

    ,que ce Savant avoit des ides fi

    avantageufes des Ecrivains Mahomtans , & qu'il ctoit fi fort prvenu con-tre les Auteurs Chrtiens, qu'il avoit de la peine feperluader que les der-niers pufl'ent jamais avoir raifon, & que les premiers puiTeiu avoir tort (a).

    Khadija(a) A/uIf. ubi fup. Abu! Ha fan AH Al Natttr. A! I\ecr. dbnarag, ubi fup. &c.

    lafiid. Abiued Ebn Tufef. Set. 1. C. 39. Abu Vid. ce. ILttir.ger. Uiit. Olicot. p. to 7 & fcqq.M:-

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  • H LA VI DE MAHOMET. Liv. L Ciap. LSscioh Khadija ayant mis Mahomet , fon mari , dans une condition qui l'galoic

    1

    .aux plus riches Citoyens de la Mecque , un tabliement aufli avantageux

    de Maho'' Procura 'es moyens de vivre fon aife , durant les quinze premiresmet, e? annes qui fuivirent fon mariage , quoiqu'il y ait de l'apparence qu'il con-tifftore de tinitt faire commerce. Car fes Compatriotes, les Koreishitcs

    , y toient

    Mahomet Egyptiens, qu'ils fourniJToient des marchandifes des Indes, de l'Ethiopie&continue jjS autres Pays mridionaux, les leur portant fur des chameaux. Ce qui lesfaire com- cngageoit principalement fe livrer au Commerce, c'eil la ftrilitdu ter-p'7

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I Chap. I. t$faire , en dtruifant l'idoltrie groffiere o ls Compatriotes toient gnra- Sectionlemenc tombs,& en rformant les erreurs & les fiiperftitions

    ,par Tefquel- L

    les les Juifs & les Chrtiens des derniers tems avoient , ce qu'il prten- ^MahS.doit, corrompu leur Religion, qu'il vouloit rtablir dans fa puret primiti- met, &ve, laquelle conffloit, flon lui, dans le Culte d'un feu! Dieu. Par o l'on Hifloire Jvoit que Mahomet

    ,aul bien queTes plus extravagans Selateurs

    ,les fi* ,Uff'

    Difies modernes & les Sociniens,rejettoit la doctrine de la Trinit& tous JJiles autres myfteres de la Religion Chrtienne , fous prtexte d'tablir Tu- nit de l'Eflence Divine (a).On ne peut gueres douter, aue par le moyen du commerce qu'il faifoit Et uneR*

    en Egypte , dans la Palefline oc en Syrie , il ne fe foit inftruit des princi- ffgimpr*-pes des Juifs , & de ceux des diffrentes Sectes qui divifoient mifrable a **"ment les Chrtiens d'Orient i c'efl ce que l'on voit clairement dans l'Alco-ran. Remarquant auffi avec quelle implacable fureur les Juifs & toutts ces rem-diverfes Sectes Chrtiennes fe perfcutoient les uns les autres , il en con- braftr

    ,

    dut, que la voye la plus fre & la plus efficace pour s'lever, c'toit d'in-troduire une nouvelle Religion

    ,qui ft propre fduire ce qu'il y avoit de

    plus relch parmi les Juifs, de mme que les Chrtiens de toutes les Sec-tes , & les Paens mmes. Aufl Yljlamifme eft-il parfaitement adapt augot de la fenfualit: & toute cette Religion fe rduit croire l'Unit deDieu c la Million de Mahomet , quelques Principes htrodoxes emprun-ts de diverfes Sectes hrtiques , quelques Prceptes qui impofent l'obli-gation de certains devoirs moraux , & quelques Rites retenus du Judaf-me & du Paganifme (b).

    Il parot allez clairement par-l,

    que l'on ne doit pas envifager la gran- L'Amli-de entreprife de Mahomet , conduite avec tant de rufe & de fuccs , tant Hon & l*comme un effet d'enthoufiafme

    ,que comme un defTein d'envahir l'autorit

    fuprme dans fon Pays , & de s'nger en Lgiflatetir des .Arabes. Car il efl printi-viiient par l'Aicoran mme & par la nature du Mahomtifme , aufli bien paux **-que par les voyes dont cet Impofteur & fes Sectateurs fe font fervi pourpropager leur Religion, que l'ambition & le defir de fatisfaire leurs parlionsinluelies, ont t les principaux motifs de l'tntreprife. Mr. Sale penche croire

    , ,,qu'au commencement fes vues ne furent pas fi intreffes ;&que

    l'unit de Dieu toit ce qu'il avoit principalement defTein d'tablir, tou- tes fes autres doctrines & fes inA itutions tant plutt accidentelles & invitables , que prmdites & tablies defTein". Mais cette dernireaiftrtion doit tre regarde comme deftitue de tout fondement, ou com-me une condamnation abfolue des mefures de l'Importeur. Car li toutes fesautres doctrines & fes inflitutions toient par elles-mmes invitables, oudes confquences nceffaires du premier article de Foi qu'il propofoic fes Sectateurs , il faut qu'elles ayent une liaifon infparable avec ce quel'Auteur appelle fon grand point , favoir l'Unit de Dieu , & qu ils en d-coulent nceffairement (

  • 26 LA VIE DE MAHOMET. Lit. L Chap. LMais comme nous ne croyons pas un fi favant & judicieux Ecrivain ca*

    !'.

    pable de fou tenir une thefe aufli bizarre & choquante , il eft plus naturel^'JvkSSTde fuppofer qu'il a voulu dire que ces doctrines & ces inftitutions toiencmet, & invitables par rapport aux Arabes; ou, pour dire la chofe en d'autres ter-Mfloirede mes, que c'taient les doctrines & les inftitutions les plus convenables auii!rHi got fenrueI des Arabes de ce tems * la- 0r - fi 1>on admet ceIa il s'enfuieVire videmment que Mahomet, en dreflant Ton Syftme de Religion, a eu plus

    ' d'gard au gnie & au got des Arabes qu' la vrit ; ce qui eftprcif*Jl a aiuft ment ce dont les Ecrivains Chrtiens l'accufent. S'il ne confulta que lefes dogmes g0Q t des Arabes, & n'eut aucun gard la vrit dans les doctrines qu'ilQituthns enfe'noit U eft vident qu'il n'avoit pas leurfalut ternel cur, & qu'ila difrofi- n'toit guid que par l'ambition , c ne fe propofa que de les faire fervir tiom cor- fes vues ambitieufes. Ceft effectivement ce que Mr. Sale lui-mme infinue

    aflez clairement,quand il avoue, que l'on ne peut gueres douter que

    bcs. h Mahomet avoit un violent defir de gaffer pour un homme extraordinai- re; en quoi il ne pouvoit mieux ruffir, qu'en prtendant tre envoy de Dieu pour inftruire les hommes de fa volont ". Le Comte de Boulain-

    ,

    villiers, non moins zl Avocat de Mahomet, ne fait pas difficult non plusde reconnotre que fa Religion toit rgte de la manire la plus propre plaire aux Arabes, & trs-accommode leur caractre dominant; & il netmoigne nullement qu'il defapprouve les dcifions de ce Lgiilateur , nin'infinue le moins du monde que fa Religion ne ft pas telle qu'il falloit cet gard. Enforte que Mr. Sale & le Comte de Boulainvilliers juftifencpar-l

    ,quoique peu d'accord en cela avec eux-mmes , le portrait que les

    Ecrivains Chrtiens nous ont donn de cet impofteur ; tandis que le premierde ces Mefleurs prtend en mme tems qu'on l'a charg de la manire laplus odieufe (a).

    SSIad\

    y a P' 1^ reconnoe encore que Mahomet toit, comme tous

    pj^jtf iy les Arabes, d'une complexion fort amoureufe; que nous avons l-deffu*Mer quel- fon propre aveu; & que c'eft-l mme un des reproches que lui font'lues-unes conftamment les Controverfiftes

    ,

    qui ne manquent pas de citer le grandfapius

    n nombre de femmes qu'il a eues, comme une preuve dcilivede fapaflion

    %7nfliii- **defordonne pour le fexe ; ce qu'ils croient fffifant pour prouver qu'il a

    tiom de'

    t un mchant homme, & par confquent un impofteur". Il n'eft pasMaho- furprenant

    ,qu'aprs une aull ample conceflion , cet Ecrivain entreprenne

    met.

  • LA VIE DE MAHOMET. Liv. I Chap. L b7

    pour prouver qu'elle eft permife, & fur-tout l'exemple de perfonnes re-

    1

    connues de tout le monde pour gens de bien, & dont quelques-uns ont * mme t honors d'un commerce intime avecDieu. La plupart desLoix SKK' touchant le Mariage & le Divorce , & les privilges particuliers accords mtt'&w Mahomet dans Ion Alcoran , font tires de la Loi des Juifs, comme on Hift'oiree le verra dans la fuite ; deforte qu'il a pu croire que c'toient des inftnu-

  • i8 LA VIE DE MAHOMET. Liy. L Chap. LSac-non cher

    ,par toutes fortes de voyes , de parvenir cette fuprme flicit

    ,pour

    l-

    .

    laquelle nous fommes originairement deftins (a).

    AuS ^Iais malr^ cc 9U*'' y a de pernicieux & d abfurde dans quelques-unsnet* S? de fes dogmes , plufieurs circonstances concoururent rendre MahometHijhire de puifiant , & favorifer la propagation de fon impofture. Les Koreishites,fa *,J*f-ies compatriotes, toient infects de 2Zendicifme, que l'on fuppofe avoir eu

    beaucoup d'affinit avec le Sadducifme,parmi les Juifs, lequel nioit l'exif-

    gire'tence des Anges & des Efprits. Cette erreur , fi on en adopte & fuit tou-

    Qvtlquet tes les confquences, doit aboutir une Irrligion totale ou l'AthifmeArabes . mme; deforte que Mr. Sale ne fait pas grand honneur aux Difies, quand'f-rUde

    *' u^PP e^ 9u'i's fnt Peu Pres dans les mmes ides. Puis donc que lesZcndicU- Arabes ne reconnoiflbient point de Providence, de Refurretion, ni d'Etatne. venir , ils n'avoient dans le fond proprement point de Religion ;& toient

    difpofs, comme le remarque trs -bien le favant/ViVwux, a recevoir tou-tes les impreflions que Manomet jugea propos de leur donner touchantla Divinit & fon Culte. Cependant Mr. Sale le contente de les reprfenter, comme adorant un feul Dieu , loigns de l'idoltrie, & n'adoptant au-,

    , cune des Religions de leur Pays ". Ce qui eft certainement un expoftrop favorable des fentimens impies qu'ils fuivoient (/;).

    Grandet Les divifions dans l'Eglife d'Occident , de mme que l'extrme corruptiondtvifttm jgj fijperftitions qui dfiguroient celle d'Orient , contriburent encoretims'dam beaucoup l'tablifiement & aux progrs du Mahomtifrae. Dans le temsrEgHfi que Mahomet parut , les difputes parmi les Chrtiens, fur -tout dans l'Oc-Chrcticn- ci dent , allrent fi loin

    ,qu'elles donnrent occafion des violences& mme

    ne.