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Journal de Traumatologie du Sport (2013) 30, 25—30 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Historique de la pubalgie du sportif Historical Review of the ‘‘pubalgia’’ in athletes J. Rodineau a,, J.-B. Courroy b a 206, avenue de Versailles, 75016 Paris, France b Clinique Nollet, 21, rue Brochant, 75017 Paris, France Disponible sur Internet le 8 evrier 2013 « Très peu d’affections sont aussi universellement connues et médiatisées dans le monde sportif que la pubalgie et très peu suscitent [encore] autant de controverses. . . » [1]. Sous l’appellation de pubalgie, la première description chez les sportifs est habituellement attribuée à Spinelli. Elle date de 1932 [2]. En France, en dehors de quelques publications comme celle de Andrivet [3] et de Boeda [4], il faut citer la publi- cation faite par l’un d’entre nous avec Durey que plusieurs auteurs considèrent comme « princeps » [5]. En langue anglaise, à notre connaissance, le premier article est de Cochrane [6]. Il date de 1971 : « Osteitis pubis in athletes ». Ce terme d’osteitis pubis a été fréquemment repris par la suite et il est « encore largement utilisé par de nombreux auteurs anglais, canadiens, australiens, scan- dinaves et israéliens ». [1]. Dans la littérature nord-américaine, le sujet n’est abordé qu’à partir des années 1980, ce qui pourrait s’expliquer par la pratique peu répandue du football, considéré alors En direct du Congrès de Bordeaux sur la pubalgie (octobre 2012). Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Rodineau). comme le « principal pourvoyeur de cette pathologie en Europe ». [1]. Par la suite, de nombreuses dénominations ont été uti- lisées évoquant des lésions variées : osseuses au niveau du pubis, tendineuses au niveau des adducteurs puis des abdo- minaux, locorégionales plus ou moins complexes,. . . Historique des dénominations La pubalgie a connu un nombre invraisemblable d’appellations fondées parfois sur des constatations étiopathogéniques, cliniques, radiologiques,. . . toutes plus ou moins validées. En 1932, Spinelli : « Una nuova malattia sportiva : la pubalgia degli schermitori ». Par la suite, ce terme de pubalgie a été très fréquemment repris par de nombreux auteurs parmi lesquels on peut citer : Courroy (1982) ; Jae- ger (1982) ; Brunet (1983) ; Durey (1984) ; Djian et al. (1992) ; Rochcongar et al. (1996) ; Bouvard et al. (2004) ; Vidalin et al. (2004) ; Puig et al. (2004) ; Ziltener et Leal (2007). . . 1961 : Polacco : atlopati osteo articolari. 1963 : Schneider : Das Schambein(-adduktoren) syndrom bei Fusballspieler, spécificité reprise par Rispoli (1964) et par Bagnères et Renzulli (1965) : les tendinites des 0762-915X/$ see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2012.12.005

Historique de la pubalgie du sportif

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Page 1: Historique de la pubalgie du sportif

Journal de Traumatologie du Sport (2013) 30, 25—30

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Historique de la pubalgie du sportif�

Historical Review of the ‘‘pubalgia’’ in athletes

J. Rodineaua,∗, J.-B. Courroyb

a 206, avenue de Versailles, 75016 Paris, Franceb Clinique Nollet, 21, rue Brochant, 75017 Paris, France

Disponible sur Internet le 8 fevrier 2013

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« Très peu d’affections sont aussi universellement connueset médiatisées dans le monde sportif que la pubalgie et trèspeu suscitent [encore] autant de controverses. . . » [1].

Sous l’appellation de pubalgie, la première descriptionchez les sportifs est habituellement attribuée à Spinelli. Elledate de 1932 [2].

En France, en dehors de quelques publications commecelle de Andrivet [3] et de Boeda [4], il faut citer la publi-cation faite par l’un d’entre nous avec Durey que plusieursauteurs considèrent comme « princeps » [5].

En langue anglaise, à notre connaissance, le premierarticle est de Cochrane [6]. Il date de 1971 : « Osteitis pubisin athletes ». Ce terme d’osteitis pubis a été fréquemmentrepris par la suite et il est « encore largement utilisé parde nombreux auteurs anglais, canadiens, australiens, scan-dinaves et israéliens ». [1].

Dans la littérature nord-américaine, le sujet n’est abordé

qu’à partir des années 1980, ce qui pourrait s’expliquerpar la pratique peu répandue du football, considéré alors

� En direct du Congrès de Bordeaux sur la pubalgie (octobre 2012).∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (J. Rodineau).

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omme le « principal pourvoyeur de cette pathologie enurope ». [1].

Par la suite, de nombreuses dénominations ont été uti-isées évoquant des lésions variées : osseuses au niveau duubis, tendineuses au niveau des adducteurs puis des abdo-inaux, locorégionales plus ou moins complexes,. . .

istorique des dénominations

a pubalgie a connu un nombre invraisemblable’appellations fondées parfois sur des constatationstiopathogéniques, cliniques, radiologiques,. . . toutes plusu moins validées.

En 1932, Spinelli : « Una nuova malattia sportiva : laubalgia degli schermitori ». Par la suite, ce terme deubalgie a été très fréquemment repris par de nombreuxuteurs parmi lesquels on peut citer : Courroy (1982) ; Jae-er (1982) ; Brunet (1983) ; Durey (1984) ; Djian et al. (1992) ;ochcongar et al. (1996) ; Bouvard et al. (2004) ; Vidalint al. (2004) ; Puig et al. (2004) ; Ziltener et Leal (2007). . .

1961 : Polacco : atlopati osteo articolari.1963 : Schneider : Das Schambein(-adduktoren) syndrom

ei Fusballspieler, spécificité reprise par Rispoli (1964)t par Bagnères et Renzulli (1965) : les tendinites des

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dducteurs chez le footballeur. Le rôle des adducteurs até souligné par d’autres auteurs qui en ont fait la causerincipale, voire unique, de la douleur pubienne : Andrivet1972) ; Boeda et al. (1973) ; Nicholas et Tyler (2002) ; Grotet al. (2004) ; Janssen et Samanos (2007).

1966 : Cabot : osteopatia dinamica del pubis. Lesermes d’ostéopathie ou d’ostéite parfois qualifiés de

dynamique », parfois de « masculine » ont été repris par :ochrane (1971) ; Hanson et al. (1978) ; Guillen-Garcia et al.1995) ; Cabanel, Phelip, Cromarias (1972). En 2006, Vidalin’est posé la question de la dénomination de cette patho-ogie : ostéo-arthropathie pubienne ou ostéo-enthésopathieymphysaire ?

1967 : Luschnitz, Reideberger, Bauchspieb : Das röntge-ologische Bild der Osteonecrosis pubica post-traumatica.

1968 : Galmiche et Boyet : arthropathies symphysaires etstéopathies pubiennes. Le terme d’arthropathie pubienneou de symphysite pubienne) a été proposé en 1976 parenety et Brunet-Guedj et en 1977 par Rochcongar, puis pare Bourg (1979) ; par Nilsson et al. (2001),. . .

En fait, il semble plus logique de rester vague dans laénomination et de ne parler que de « lésions pubiennes desportifs » (Durey et Rodineau en 1976) ou de patho-pubo-bdominale (Rochcongar en 1980) ou comme les auteursnglo-saxons de groin (inguinal region) pain ou groin inju-ies ou groin strain ou groin syndrome,. . . comme Ekbergt al. (1981) ; Estwanik et al. (1990) ; Holmïch (1997) ; Brad-haw et al. (1997) ; Ekstrand et Hilding (1999) ; Emery eteeuwisse (2001) ; Tyler et al. (2001) ; Irschad et al. (2001) ;luin et al. (2004) ; Brennan et al. (2005) ; Morelli et Weaver2005) ; Macintyre et al. (2006) ; Harmon (2007) ; Koulou-is (2008) ; Jansen et al. (2008). Depuis les années 2000 estpparu dans la littérature de langue anglaise le terme deport’s hernia : Caudill et al. (2008) ; Kachingwe et Grech2008) ; Zoga et al. (2008) ; Omar et al. (2008).

istorique des tentatives de classification

n 1982, Durey dans son ouvrage consacré à la médecineu football a réalisé le démembrement des douleurs dea région pubo-abdomino-crurale. Il a montré qu’il pouvaitxister une atteinte des insertions tendineuses au niveaues adducteurs et des grands droits ou une maladie ostéo-rticulaire de la symphyse pubienne, dite « arthropathieubienne ». Dans le cadre de ces douleurs, il a aussi isoléa pathologie du canal inguinal qui pouvait se constituere facon traumatique. Il a également évoqué la possibilité’autres affections dont les douleurs se projetaient dans leême territoire : les atteintes de l’articulation coxofémo-

ale et celles de la charnière dorsolombaire.En 1983, Brunet [7] a proposé de distinguer trois formes :

une forme haute correspondant à l’insuffisance pariéto-abdominale ;l’arthropathie pubienne ;une forme basse par tendinopathie d’insertion des adduc-teurs.

Cette classification est encore utilisée dans la littératurerancaise mais n’a pas résolu le problème d’une définitionimple et consensuelle de la pubalgie. Comme le signale l’un’entre nous : « Elle est discutable car elle fait cohabiter une

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J. Rodineau, J.-B. Courroy

tiopathogénie (l’insuffisance pariétale), un aspect radio-raphique inconstant et non spécifique (l’arthropathie) etne forme anatomoclinique individualisable (la tendinopa-hie des adducteurs) » [1].

Dans la littérature plus récente, on retrouve un certainombre d’autres classifications, telles celle proposée parouvard et al. [8] qui ont repris la classification de Brunetn y ajoutant une quatrième forme anatomoclinique : la ten-inopathie d’insertion des grands droits déjà citée en 19765].

istorique de l’anatomopathologie

’atteinte symphysaire

’est la plus ancienne forme clinique décrite et peut-êtreelle qui demeure la plus connue. Cette atteinte est liée auxontraintes subies par la symphyse lors de certaines activitéshysiques et sportives qui en font une véritable arthro-athie d’hyperfonctionnement. Elle intègre l’importancees enthèses périsymphysaires dans un concept d’ostéo-nthésopathie pubienne. Un des problèmes de cette formest la fréquence des atteintes asymptomatiques de décou-erte fortuite lors d’une radiographie.

’atteinte pariétale

ivers éléments sémiologiques : topographie douloureuse,mpulsivité à la toux. . . ont rapidement attiré l’attention sura responsabilité éventuelle du canal inguinal. Les succèshérapeutiques obtenus par l’intervention de Bassini poures hernies inguinales ont permis de valider cette approche.

Nésovic a étendu le concept de faiblesse pariétale à toutea région inguinale en montrant que l’insuffisance pariétalee résulte pas seulement de la largeur de l’orifice inguinalais aussi de sa hauteur. Il a ainsi justifié sa technique de

etension élargie jusqu’à l’épine iliaque, technique diffu-ée en France par Jaeger [9], introduisant ainsi la notion deubalgie inguino-pariétale qu’il faut, toutefois, apprendre

distinguer d’autres pathologies régionales et, en premierieu, les véritables hernies inguinales et les hernies crurales,lus souvent observées chez la femme pour des raisons ana-omiques et pathologiques.

La péritonéographie avec opacification [10] a permise révéler d’authentiques hernies insoupconnées lors de’examen clinique chez des patients symptomatiques. Enait, il semble que ce soit la déficience du fascia trans-ersalis avec un orifice herniaire profond et large quioit responsable de la hernie dite du sportif. Toutefois,’étiologie de cette déficience n’est pas claire. Certainsuteurs évoquent une simple hyperutilisation, une balanceusculaire « inadaptée », une faiblesse congénitale.Les chirurgies centrées sur le canal inguinal et ses consti-

uants pariétaux se sont développées, comme la techniquee Shouldice initialement destinée par ses auteurs canadiensu traitement des véritables hernies inguinales.

’atteinte de la charnière dorsolombaire

’est la théorie proposée par Maigne [11] pour expliqueres échecs de la remise en tension musculaire. Sa théorie

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Historique de la pubalgie du sportif

se base sur un déséquilibre de la colonne vertébrale quitravaille, chez le footballeur, en hyperlordose. Il se pro-duit au niveau de la charnière dorsolombaire un conflitentre les articulaires postérieures et les nerfs grand et petitabdomino-génitaux responsables de l’innervation sensitivede la région inguinale.

Par la suite, de nombreux auteurs ont considéré que leslésions différaient selon la discipline concernée. C’est le casdes exemples suivants :• les atteintes inguinales sont très fréquentes chez les foot-

balleurs, les joueurs de rugby et les joueurs de footballaustralien ;

• l’atteinte prédominante des muscles adducteursconcerne, outre ces mêmes sports collectifs, d’autresspécialités sportives. Si certaines sont très peu respon-sables de lésions des adducteurs (c’est le cas de la danse,du basket-ball, du handball où les lésions représentententre 1 et 6 % des blessures selon la littérature), d’autresdisciplines sont plus touchées. Chez les nageurs dehaut niveau, le suivi a permis de mettre en évidenceune incidence beaucoup plus élevée de douleurs desadducteurs chez les spécialistes de brasse, comparée auxautres nages. En athlétisme, les lésions des adducteursne sont retrouvées que chez les spécialistes du sprint,des haies ou d’épreuves combinées ;

• d’autres pathologies ont été plus récemment évoquées,notamment les atteintes des rameaux nerveux de larégion inguinale. Dans la littérature, il semble quesix atteintes nerveuses ont été décrites : compressiondes nerfs obturateur et fémoral ainsi que de l’ilio-hypogastrique, du génito-fémoral, de l’ilio-inguinal et dufémoro-cutané.

Historique de l’évaluation clinique

Les données de l’anamnèse

Les patients consultent pour des douleurs inguinales appa-rues le plus souvent de facon progressive depuis quelquessemaines, parfois plusieurs mois.

Au stade de début, les douleurs sont provoquées par desefforts physiques tels un démarrage rapide, un changementsoudain de direction, des sauts, des pivots sur une jambe,des mouvements brusques de torsion du tronc, la frappedans un ballon ou encore l’abduction forcée d’un membreinférieur telle qu’on la voit dans un tacle. Lors de cettephase initiale de l’affection, les douleurs sont toujours cal-mées par la cessation des activités physiques.

Progressivement, les douleurs apparaissent de plus enplus précocement au cours des exercices et ne sontqu’atténuées par le repos. À ce stade, si l’arrêt du sportn’est pas préconisé, les algies pubiennes vont augmenterd’intensité et diffuser de la région symphysaire vers le plide l’aine de facon uni- ou bilatérale, la face interne descuisses, les testicules et le périnée (pouvant provoquer untenesme), la région abdominale. La montée des escaliers, lamoindre tentative de course, la marche en terrain irrégulier

deviennent pénibles. Parfois même, une boiterie peut appa-raître tandis que le passage de la station assise à la stationdebout ou encore les changements de position au lit peuvents’avérer douloureux.

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es signes d’examen

la phase de débutes seuls symptômes consistent en des douleurs à la contrac-ion isométrique des adducteurs ou des abdominaux et à laalpation de la corde des adducteurs ou de l’insertion desrands droits.

la phase d’état la phase d’état qui, en fonction du traitement, peut durere quelques semaines à quelques mois, on retrouve desouleurs d’une part, aux mouvements résistés d’adductiones hanches et de flexion du tronc, d’élévation simultanéees membres inférieurs et, d’autre part, à l’étirement pas-if des adducteurs. Au palper, on peut mettre en évidencee nombreux points douloureux sur la symphyse pubienne,es branches ischio-pubiennes, la région sous-pubienne, laorde des adducteurs (qui peut être alors le siège d’uneontracture marquée), les grands droits de l’abdomen. À cetade, on peut également parfois percevoir un crissement auiveau de la symphyse pubienne qui traduirait une instabilitéymphysaire [12].

istorique de l’imagerie

e bilan radiographique

ans les années 1970, l’accent était mis sur une véritabletteinte du pubis dont l’exploration était assurée par desadiographies.

En 1967, Luschnitz et al. [13] avaient montré que lesadiographies des patients souffrant d’une osteonecrosisubica post-traumatica présentaient des aspects osseuxaractéristiques d’une véritable arthropathie pubienne,lassés en quatre stades évolutifs :

stade de début avec de grandes encoches marginales dela symphyse ;stade intermédiaire et ses franges sclérosées des bordssymphysaires ;stade de guérison où il existe une densification osseusedes bords symphysaires ;stade dit de « myosite ossifiante », caractérisé par desossifications des trous obturateurs.

En 1976, Durey et Rodineau [5] avaient tenté de définires étapes évolutives de l’arthropathie pubienne :

stade précoce où le pubis est souvent normal, les signesradiologiques apparaissant tardivement dans l’évolutionde la maladie ;stade floride où les signes peuvent être rencontrés enassociation et de facon uni- ou bilatérale : images endouble contraste symphysaire, érosions marginales à largeniveau, images d’amputation des angles supérieurs ouinférieurs de la symphyse, géodes au niveau des surfacesangulaires, instabilité de la symphyse en appui monopodalet enfin élargissement de la fente symphysaire ;

stade de guérison clinique correspondant à un comble-ment des lacunes et des géodes, un amenuisement del’irrégularité marginale, un rétrécissement de la fentesymphysaire, une sclérose plus ou moins étendue des
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berges, avec parfois des ossifications dans l’aire du trouobturateur du côté le plus atteint ou des deux côtés ;stade terminal où la symphyse pubienne retrouve unaspect radiographique quasi normal présentant unecondensation des bords avec parfois un ostéophyte supé-rieur ou inférieur (après plusieurs années d’évolution).

Par la suite, ces images radiographiques sont apparuesomme inconstantes et non spécifiques de la « pubalgie duportif » et ces classifications sont tombées en désuétude. Enevanche, la radiographie standard demeure une obligationt doit comprendre un certain nombre de clichés.

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n 1996 en France, Ghebontni, Roger et al. ont montré’intérêt de l’IRM dans le démembrement des lésions [14].ar la suite, de nombreuses études ont décrit précisémentes lésions observées :

atteinte osseuse avec œdème du spongieux qui jouxtel’arthrodie et peut s’étendre vers les branches ilio- ouischio-pubiennes ;atteinte de l’enthèse du ligament pubien ;anomalies du fibrocartilage avec élargissement de lasymphyse, des érosions des berges, des ostéophytes pou-vant réaliser une arthrodèse sur le long terme, une rarearthrose vraie, une double fente réalisant une fissurationdu fibrocartilage comparable aux lésions intraméniscales ;lésion des enthèses périphériques avec des fentes acces-soires traduisant une atteinte de l’insertion du gracilis.

Dans les années 2000, les études IRM se sont affi-ées et ont permis plusieurs avancées dans le domainee l’exploration de cette pathologie [14—16]. Plusieursuteurs ont étudié sa sensibilité et sa spécificité : dans’atteinte des droits antérieurs, la sensibilité de l’IRM est de8 % et la spécificité de 100 % et dans celle des adducteurs,a sensibilité est de 86 % et la spécificité de 89 %.

La supériorité de l’IRM sur les autres techniques paraîtinsi avoir été établie. Son principal mérite est deouvoir individualiser de facon indiscutable les lésionsstéo-tendineuses d’insertion, parfois des grands droits,ais surtout des adducteurs. On constate alors queon nombre de patients se plaignant d’irradiations dou-oureuses des adducteurs ne présentent aucune lésionbjective à ce niveau. Si les anomalies de signal dea symphyse sont une réalité, toutes les images n’ontas la même valeur : il faut sûrement distinguer à ceiveau les hypersignaux linéaires des œdèmes médul-aires pubiens que l’on trouve chez des patients sportifssymptomatiques. . .

chographie

tilisée de facon plus récente, l’échographie seontre de plus en plus performante dans l’évaluationes orifices herniaires semblant normaux à l’examenlinique.

Une fois admise, au moins en partie, la parentéerniaire de la pubalgie, il était logique d’en recher-her des éléments significatifs visibles par endoscopiebdominale [11].

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J. Rodineau, J.-B. Courroy

istorique du traitement

e traitement médical

our de nombreux praticiens, le repos sportif ou plusxactement la suppression des gestes « toxiques » (course,ccélérations, rotation, frappe de balle, tacle pour le foot-alleur) en a été longtemps la seule possibilité : l’arrêtouvant aller de quelques semaines, si l’atteinte principaleoncernait les adducteurs ou s’il s’agissait d’un syndromeanalaire, à deux mois en cas d’atteinte inguinale. Le traite-ent anti-inflammatoire paraissait justifié (une à deux curese trois semaines avec intervalle libre de deux semaines). Cechéma thérapeutique devait être systématiquement asso-ié à une prise en charge rééducative, en tenant compte dea discipline sportive.

Par ailleurs, ce traitement médical de la pubalgiest étroitement lié à la prévention de cette pathologieomplexe. Il doit notamment tenir compte du type de sport,u niveau de pratique et des objectifs sportifs. Cela est par-iculièrement important pour les atteintes pariétales, carans le cadre de ces lésions, on ne peut en effet parler deraitement médical, la seule solution restant chirurgicale.

e traitement chirurgical

e traitement chirurgical a été popularisé par Nesovic à tra-ers toute l’Europe. Pour ce chirurgien, la pubalgie étantecondaire à un déséquilibre entre une musculature abdomi-ale déficiente et hypotonique et des adducteurs « forts ».l a proposé une intervention de rééquilibrage par plastiebdominale cherchant à pallier l’insuffisance des musclesbliques et à obturer sous tension la déhiscence, véritableernie directe, située entre le bord inférieur du tendononjoint et le ligament inguinal. Cette intervention avaitour but de stabiliser la symphyse pubienne en s’opposant

l’action prédominante des adducteurs. Elle se rapprochaite la cure de hernie inguinale selon Bassini.

L’intervention comportait une réparation profonde : la myofascioplastie » suivie d’une réparation superficielle : laascioplastie.

Malgré des indications discutées chez de jeunes adultesportifs, l’utilisation avec succès de plaques synthétiquese renforcement pariétal, même placées par voie endo-copique, questionne de facon plus radicale encore sur’étiologie de la pubalgie du sportif.

La phase de récupération postopératoire consistait enuatre semaines de repos. Au terme de ce délai, une remus-ulation isométrique des muscles larges de l’abdomen, laratique du vélo, la natation, le footing pouvaient être auto-isés. La reprise de l’entraînement au sport de compétition’était autorisée que si les tests d’adduction contrariée’étaient négativés, en moyenne vers la sixième semaineostopératoire pour les entraînements et la dixième pour laompétition.

Depuis cette époque, de nombreuses autres techniqueshirurgicales ont été proposées dans les formes rebelles à

n traitement médical bien conduit.

L’analyse de ces différentes techniques chirurgicaleshez le sportif permet de mettre en évidence les avantages,es inconvénients et les risques de chacune.

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Historique de la pubalgie du sportif

Le débat entre chirurgiens orthopédistes, favorablesà une réfection pariétale utilisant des voies inguinalesdirectes, et chirurgiens viscéraux utilisant soit les tech-niques locales, soit les techniques cœlioscopies avecprothèse reste d’actualité.

Les interventions les plus pratiquées sont soit desNesovic, le plus souvent, par des chirurgiens orthopé-distes, soit des Shouldice par des chirurgiens viscéraux.En Grande-Bretagne, le Gilmore est plus fréquemmentutilisé. Les résultats définitifs restent assez proches, avoi-sinant tous les 90 % de bons résultats, mais l’opérationde Nesovic garde l’avantage de sa simplicité, ses suitesplus confortables, avec des délais de reprise plus raison-nables.

Associée à un traitement pariétal, la ténotomie desadducteurs doit être réservée aux formes à symptomatologieprédominante au niveau des adducteurs, aux calcificationsou séquelles de claquages ou, en cas de douleurs persis-tantes des adducteurs, après une plastie abdominale de typeNesovic.

Lorsqu’il existe des douleurs controlatérales, la bilatéra-lité du geste doit être la règle.

Les délais de reprise, que nous considérons comme habi-tuels, sont de quatre semaines pour les sports axés, et desix à huit semaines pour la réintégration des entraînements.Une reprise plus tardive pouvant être en rapport avec desdouleurs résiduelles dont le délai de disparition est pro-portionnel à la durée d’évolution des pubalgies, sinon descauses extramédicales du domaine des entraîneurs ne sontpas à oublier.

Historique de la prévention

Arguments en faveur d’une politique deprévention

En 1983, Boeda, médecin fédéral national de la Fédé-ration francaise de football écrivait, dans l’introductionà une monographie intitulée « La pubalgie et sa pré-vention » : « la multiplication des cas de ‘‘pubalgies’’, lenombre croissant de footballeurs professionnels contraintsà l’intervention chirurgicale, ont suscité depuis quelquesmois la réflexion commune des médecins et techniciensde la Fédération francaise de football. Le conseil fédé-ral a chargé sa commission centrale médicale d’établirun rapport sur la fréquence accrue des pubalgies etdes interventions pratiquées sur les joueurs de hautniveau ».

Dans ce document, Durey insistait sur le rôle fon-damental de la protection rachidienne (et notammentde la lutte contre l’hyperlordose), de l’équilibre dela ceinture abdominale, et de la nécessité d’adapterla charge de travail à l’âge et au niveau de pra-tique.

Après plusieurs années d’études cliniques, de col-loques, le message de la prévention a permis de voir

diminuer cette pathologie en réduisant notamment, for-tement, les indications chirurgicales considérées, parbeaucoup, comme le seul traitement au début des années1980.

29

onclusion

l’heure actuelle, l’un d’entre nous a insisté sur la nécessité’une définition. Il a proposé la suivante :un syndrome pubien chronique défini par l’existence dedouleurs localisées au niveau du pubis, mais accompa-gnées d’irradiations péripubiennes, uni-ou bilatérales,diffuses vers l’abdomen, les régions inguinales, les adduc-teurs, voire le périnée ; déclenchées par des activités enappui : multisauts, courses. . . impulsives à la toux et àl’éternuement ;du sportif exclusivement : footballeurs en très grandemajorité, mais aussi hockeyeurs sur glace, rugbymen,handballeurs coureurs, danseurs. . . Deux à trois séanceshebdomadaires d’entraînement au minimum. Ces sportifsprésentent des caractères morphologiques particuliers :masse musculaire importante au niveau des membresinférieurs, raideur sous-pelvienne, hyperlordose dont laconséquence est d’augmenter les contraintes mécaniquessur les zones d’insertion abdominales antéro-inférieures ;d’origine microtraumatique le plus souvent, caractéri-sée par un début des douleurs progressif : reprise del’entraînement en début de saison, changement de ter-rain de jeu, stage intensif. La douleur initiale peut êtred’emblée localisée au niveau du pubis, ou plus pré-cise à type de ténomyalgie unilatérale des adducteurs.Elle est de type mécanique. À la phase d’état, les dou-leurs ne cèdent plus au repos et deviennent permanentesaffectant des gestes simples de la vie courante : redres-sement après station assise ou retournement dans le lit,avec recrudescence à la toux, la défécation, les rapportssexuels. . . La poursuite du sport devient impossible.

Ces douleurs sont le témoin d’une pathologie du canalnguinal : arguments cliniques comme la localisation et learactère impulsif des douleurs, arguments anatomiquespportés par les constatations opératoires, et argumentshérapeutiques surtout en constatant l’indéniable bénéficepporté par les gestes chirurgicaux comportant une répara-ion pariétale.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

éférences

[1] Courroy JB. Sémiologie clinique de la pubalgie. Sport Med1982;22:21—4.

[2] Spinelli A. Una nuova malattia sportiva : la pubalgia degli scher-mitori. Orthop Traum App Mot 1932;4:11.

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