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22 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416 L’étendue des méfaits d’une exposi- tion professionnelle à certains pes- ticides ne cesse d’augmenter. Des épidémiologistes français viennent de préciser le lien suspecté depuis des années entre cette exposition et la survenue de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs. Cette équipe a comparé les niveaux d’exposition à différents pesticides chez 224 sujets atteints de maladie de Parkinson, comparés à 557 per- sonnes saines appariées sur l’âge et le sexe et habitant dans le même département. Tous les sujets inclus étaient agri- culteurs, affiliés à la même mutuelle. L’analyse s‘est pour la première fois attachée à préciser quantitativement et qualitativement le risque, incluant et détaillant dans l’interrogatoire les 29 produits les plus fréquemment utilisés en tant qu’insecticides, fon- gicides ou herbicides. Les résultats de cette étude cas- témoins sont édifiants, car ils mon- trent clairement une augmentation du risque qui dépend à la fois de la durée d’exposition aux pesticides et du type de substance manipulée par les agriculteurs. Un lien statistique signi- ficatif entre une exposition globale au pesticide et la survenue de la maladie de Parkinson est ainsi démontré, avec un risque relatif à 1,8 (IC 95 % : 1,1-3,1). Ce risque augmente avec la durée d’exposition et apparaît surtout plus net avec les insectici- des (RR = 2.2, IC 95 % : 1,1-4,3), en tête desquels on retrouve les organochlorés (RR = 2,4, IC 95 % : 1,2-5,0), qui étaient très utilisés en France entre les années 1950 et 1990. Ce travail, qui pourrait faire classer comme maladie professionnelle la maladie de Parkinson chez les agri- culteurs, confirme surtout l’hypothèse d’une participation environnementale dans la pathogenèse de certaines formes de cette maladie. Elbaz A, Clavel J, Rathouz PJ et al. Ann Neurol, Published Online:13 Apr 2009. Pesticides et risque de maladie de Parkinson Des perturbations du métabolisme lipidi- que sont fréquemment observées lors de l’infection par le VIH, notamment chez les sujets traités par les multithérapies très acti- ves antirétrovirales (HAART) contenant des anti-protéases. La prise en charge efficace de ces perturbations est un enjeu majeur, notamment pour diminuer chez ces patients le risque de complications cardiovasculaires à long terme. L’efficacité des hypolipémiants oraux (stati- nes et fibrates) est bien démontrée chez le sujet dyslipidémique non infecté, mais reste encore peu évaluée chez le sujet VIH+. Une étude rétrospective, portant sur près de 8 000 sujets ayant débuté un traitement hypolipé- miant entre 1996 et 2005, a comparé son efficacité chez les sujets infectés par le VIH (n = 829) à celle observée chez des sujets contrôles non infectés (n = 6 941). Après 12 mois de traitement d’une hyper- cholestérolémie par une statine, la diminu- tion du LDL cholestérol est moindre chez les patients infectés (- 25,6 %) que celle observée chez les témoins non infectés (- 28,3 %, p = 0,001). Aucun impact du type de traitement antirétroviral n’apparaît sur ce paramètre. La baisse des triglycérides après un an de mise sous fibrate est éga- lement moindre en cas de séropositivité, puisqu’elle est de 44,2 % pour les sujets VIH+ contre 59,3 % pour les sujets séro- négatifs (p < 0,001). Dans ce cas, le type d’antirétroviral semble en revanche jouer un rôle puisque la réponse redevient similaire à celle des sujets contrôles (- 60,3 %) chez les sujets VIH positifs ne recevant pas d’anti- protéase mais traités par un inhibiteur non nucléotidique de la reverse transcriptase. En dépit de son caractère rétrospectif et de la non-uniformité des techniques de dosages lipidiques réalisés, cette étude suggère une moindre efficacité des traitements hypoli- pémiants chez les patients infectés par le VIH sous HAART. Silberberg MJ Leyden W, Hurley L, et al. Ann Intern Med 2009;150:301-13. Hypolipémiants moins efficaces chez le sujet VIH+ Moindre baisse du LDL et des TG, l’anti-protéase sur la sellette Lorsqu’un couple ayant des difficultés à concevoir consulte un médecin afin d’obtenir un bilan de fertilité et qu’on lui propose une fécondation in vitro (FIV), la question majeure est alors de savoir si ce traitement permettra la naissance d’un enfant viable. Les statisti- ques couramment citées permettent d’éva- luer la capacité fertile par cycle en fonction de l’âge maternel. La raison principale de l’utilisation récente de ces statistiques en cross-over est la simplicité avec laquelle peut être calculée cette capacité. Une étude réalisée par une équipe de cher- cheurs américains a permis d’estimer le taux cumulé de naissance chez les patientes recevant un premier embryon congelé. Les couples ont été suivis entre 2000 et 2005 jusqu’à ce que le traitement aboutisse à une naissance. Les analyses ont été clas- sées en fonction de l’âge maternel et réa- lisées selon des méthodes optimistes. Ces méthodes sont basées sur le fait qu’une patiente cessant les cycles de FIV a les mêmes chances de grossesse menant à une naissance vivante qu’une patiente conti- nuant son traitement. Les autres méthodes n’envisagent pas de grossesse chez les patientes arrêtant le traitement par FIV après un seul cycle. Les résultats montrent que parmi les 6 164 patients ayant subi plus de 14 000 cycles, le taux cumulatif de nais- sances vivantes après 6 cycles de FIV est de 72 % avec les méthodes optimistes et de 51 % avec les autres. Parmi les patientes de moins de 35 ans, le taux de naissance après 6 cycles est respectivement de 86 % et de 65 %. Parmi les patientes de plus de 40 ans, les taux sont seulement de 42 % et de 23 %, le taux cumulé de naissance diminuant avec l’âge. Ces résultats indiquent donc que les FIV sont une solution médicale adéquate chez les patientes infertiles, essentiellement chez les plus jeunes, mais ne permettent pas d’augmenter la fertilité en fonction de l’âge maternel. Cependant, dans cette étude, il n’existe pas de classification des patientes en fonction de l’origine de leur infertilité bien que d’autres études aient montré que le taux cumulé de naissances vivantes ne varie pas en fonction de l’indication de la FIV. Malizia B, Hacker M. NEJM 2009;360:236-44. FIV : quelles sont les chances de réussite ?

Hypolipémiants moins efficaces chez le sujet VIH+

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22 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2009 - N°416

L’étendue des méfaits d’une exposi-tion professionnelle à certains pes-ticides ne cesse d’augmenter. Des épidémiologistes français viennent de préciser le lien suspecté depuis des années entre cette exposition et la survenue de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs. Cette équipe a comparé les niveaux d’exposition à différents pesticides chez 224 sujets atteints de maladie de Parkinson, comparés à 557 per-sonnes saines appariées sur l’âge et le sexe et habitant dans le même département.Tous les sujets inclus étaient agri-culteurs, affiliés à la même mutuelle. L’analyse s‘est pour la première fois attachée à préciser quantitativement et qualitativement le risque, incluant et détaillant dans l’interrogatoire les 29 produits les plus fréquemment utilisés en tant qu’insecticides, fon-gicides ou herbicides.Les résultats de cette étude cas- témoins sont édifiants, car ils mon-trent clairement une augmentation du risque qui dépend à la fois de la durée d’exposition aux pesticides et du type de substance manipulée par les agriculteurs. Un lien statistique signi-ficatif entre une exposition globale au pesticide et la survenue de la maladie de Parkinson est ainsi démontré, avec un risque relatif à 1,8 (IC 95 % : 1,1-3,1). Ce risque augmente avec la durée d’exposition et apparaît surtout plus net avec les insectici-des (RR = 2.2, IC 95 % : 1,1-4,3), en tête desquels on retrouve les organochlorés (RR = 2,4, IC 95 % : 1,2-5,0), qui étaient très utilisés en France entre les années 1950 et 1990.Ce travail, qui pourrait faire classer comme maladie professionnelle la maladie de Parkinson chez les agri-culteurs, confirme surtout l’hypothèse d’une participation environnementale dans la pathogenèse de certaines formes de cette maladie.

Elbaz A, Clavel J, Rathouz PJ et al. Ann Neurol, Published Online:13 Apr 2009.

Pesticides et risque de maladie de Parkinson

Des perturbations du métabolisme lipidi-que sont fréquemment observées lors de l’infection par le VIH, notamment chez les sujets traités par les multithérapies très acti-ves antirétrovirales (HAART) contenant des anti-protéases. La prise en charge efficace de ces perturbations est un enjeu majeur, notamment pour diminuer chez ces patients le risque de complications cardiovasculaires à long terme.L’efficacité des hypolipémiants oraux (stati-nes et fibrates) est bien démontrée chez le sujet dyslipidémique non infecté, mais reste encore peu évaluée chez le sujet VIH+. Une étude rétrospective, portant sur près de 8 000 sujets ayant débuté un traitement hypolipé-miant entre 1996 et 2005, a comparé son efficacité chez les sujets infectés par le VIH (n = 829) à celle observée chez des sujets contrôles non infectés (n = 6 941).Après 12 mois de traitement d’une hyper-cholestérolémie par une statine, la diminu-tion du LDL cholestérol est moindre chez les patients infectés (- 25,6 %) que celle observée chez les témoins non infectés (- 28,3 %, p = 0,001). Aucun impact du type de traitement antirétroviral n’apparaît sur ce paramètre. La baisse des triglycérides

après un an de mise sous fibrate est éga-lement moindre en cas de séropositivité, puisqu’elle est de 44,2 % pour les sujets VIH+ contre 59,3 % pour les sujets séro-négatifs (p < 0,001). Dans ce cas, le type d’antirétroviral semble en revanche jouer un rôle puisque la réponse redevient similaire à

celle des sujets contrôles (- 60,3 %) chez les sujets VIH positifs ne recevant pas d’anti-protéase mais traités par un inhibiteur non nucléotidique de la reverse transcriptase.En dépit de son caractère rétrospectif et de la non-uniformité des techniques de dosages lipidiques réalisés, cette étude suggère une moindre efficacité des traitements hypoli-pémiants chez les patients infectés par le VIH sous HAART.

Silberberg MJ Leyden W, Hurley L, et al. Ann Intern Med 2009;150:301-13.

Hypolipémiants moins efficaces chez le sujet VIH+

Moindre baisse du LDL et des TG, l’anti-protéase sur la sellette

Lorsqu’un couple ayant des difficultés à concevoir consulte un médecin afin d’obtenir un bilan de fertilité et qu’on lui propose une fécondation in vitro (FIV), la question majeure est alors de savoir si ce traitement permettra la naissance d’un enfant viable. Les statisti-ques couramment citées permettent d’éva-luer la capacité fertile par cycle en fonction de l’âge maternel. La raison principale de l’utilisation récente de ces statistiques en cross-over est la simplicité avec laquelle peut être calculée cette capacité.Une étude réalisée par une équipe de cher-cheurs américains a permis d’estimer le taux cumulé de naissance chez les patientes recevant un premier embryon congelé. Les couples ont été suivis entre 2000 et 2005 jusqu’à ce que le traitement aboutisse à une naissance. Les analyses ont été clas-sées en fonction de l’âge maternel et réa-lisées selon des méthodes optimistes. Ces méthodes sont basées sur le fait qu’une patiente cessant les cycles de FIV a les mêmes chances de grossesse menant à une naissance vivante qu’une patiente conti-nuant son traitement. Les autres méthodes n’envisagent pas de grossesse chez les

patientes arrêtant le traitement par FIV après un seul cycle.Les résul tats montrent que parmi les 6 164 patients ayant subi plus de 14 000 cycles, le taux cumulatif de nais-sances vivantes après 6 cycles de FIV est de 72 % avec les méthodes optimistes et de 51 % avec les autres. Parmi les patientes de moins de 35 ans, le taux de naissance après 6 cycles est respectivement de 86 % et de 65 %. Parmi les patientes de plus de 40 ans, les taux sont seulement de 42 % et de 23 %, le taux cumulé de naissance diminuant avec l’âge.Ces résultats indiquent donc que les FIV sont une solution médicale adéquate chez les patientes infertiles, essentiellement chez les plus jeunes, mais ne permettent pas d’augmenter la fertilité en fonction de l’âge maternel. Cependant, dans cette étude, il n’existe pas de classification des patientes en fonction de l’origine de leur infertilité bien que d’autres études aient montré que le taux cumulé de naissances vivantes ne varie pas en fonction de l’indication de la FIV.

Malizia B, Hacker M. NEJM 2009;360:236-44.

FIV : quelles sont les chances de réussite ?