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N° 2. Juin - Juillet - Août 2014 - 35 DH www.industries.ma Directeur de publication : Hicham RAHIOUI 54 SUPPLY CHAIN MOHAMED BENOUDA La Logistique outil de compétitivité pour les PME et les écosystèmes industriels 36 RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT LOGICIELS Entretien avec Jamal Benhamou Directeur de SOFT CENTER 50 VIANDES ROUGES Entretien avec Hammou Ouhelli Président de la FIVAR Pneumatique : Première unité de rechapage au Maroc Areva : Changer le monde en changeant au Niger veut passer à la sous-traitance de conception 61 66 58 DOSSIER Plan d'accélération industrielle 2014-2020 CNESTEN Le Maroc exporte son savoir-faire nucléaire 40 Maroc-Afrique : Les Agrumes de la colère Moulay Hafid Elalamy ENTRETIEN 16 18 DDT N° 1463

Industrie du Maroc Magazine N°2

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Tout connaitre sur le plan d'accélération industrielle 2014-2020 au Maroc

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N° 2. Juin - Juillet - Août 2014 - 35 DH www.industries.maDirecteur de publication : Hicham RAHIOUI

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SUPPLY CHAINMOHAMED BENOUDA La Logistique outil de compétitivité pour les PME et les écosystèmes industriels

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RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT LOGICIELS

Entretien avecJamal BenhamouDirecteur de SOFT CENTER

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VIANDES ROUGES

Entretien avec Hammou Ouhelli Président de la FIVAR

Pneumatique :Première unité de rechapage au Maroc

Areva : Changer le monde en changeantau Niger

veut passer à la sous-traitance de conception

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DOSSIER

Plan d'accélération

industrielle 2014-2020

CNESTEN Le Maroc exporte sonsavoir-faire nucléaire

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Maroc-Afrique :Les Agrumes de la colère

Moulay Hafid Elalamy

ENTRETIEN

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DDT N° 1463

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Lafarge contribue à construire des villes meilleures et soutient le développement de logements économiques et sociaux de qualité en proposant à ses partenaires des solutions de construction innovantes : un accompagnement de bout en bout des projets pour une meilleure prise de décision des solutions constructives plus efficaces, plus souples et plus sûres des services pour aller encore plus loin dans la performance et les économies durables de la construction

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AP LAFARGE 21x29,7 Mag EXE.indd 1 20/05/14 11:47

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ÉDITORIAL

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Moulay Hafid Elalamy a les dents longues. Son Plan d’accélération industrielle 2014-2020 promet monts et merveilles. Il compte porter la part de l’industrie au PIB à 23% et créer un demi-million de postes d’emploi sur la période de référence. Pour dire simple, 100.000 créations chaque année, ce qui équivaut à plus de 3 points de croissance. Sur le papier, cela paraissait réalisable. Sauf que seuls le feu de l’action et la complexité de l’écosystème sont en mesure d’éprouver l’endurance de la méthode Elalamy et sa tenabilité. À vrai dire, M. Industrie du Maroc est sur la corde raide. Son modèle, qui n’est autre qu’un prolongement du Plan Émergence avec quelques retouches esthétiques ici et là, puise dans l’hybridation. Un édifice industriel à deux piliers : les IDE et l’industrie -et non pas l’industrialisation!- par substitution aux importations. C’est ce que renferme laconiquement sa carte maîtresse, à savoir les écosystèmes. C’est ce qu’appellent les spécialistes une «biocénose industrielle». Un biotope qui demande beaucoup d’habileté et de moyens pour en sortir. D’autant plus vrai qu’aucun minimum requis au niveau de l’intégration industrielle n’a été fixé contrairement aux pays industrialisés. Le plan Elalamy parle tout court d’une industrie plus intégrée sans en détailler les tenants et les aboutissants.En un mot : une nouvelle relation entre grands groupes et PME. Le doute étant permis, l’on pourrait se demander s’il s’agit d’un mariage de raison ou d’amour. D'autant plus que l’arène économique est le théâtre d’une guerre économique bipolaire sans merci. Plus encore, un écosystème suppose au préalable de mettre en commun et les synergies et les intérêts, chose qui n’aboutit entre Marocains que rarement. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. À la clé : les consortiums d’exportation, les projets d'agrégation, piliers majeurs du

Plan Maroc Vert, les structures de promotion à l’export, etc. Sans parler des dissensions intestines entre les stratégies sectorielles. Et c’est là où le bât blesse. Le Maroc industriel tel qu’il est concocté par le ministre et ses troupes est tenu de jeter les bases de l’économie circulaire, déclinée en stratégie partagée entre un «libéralisme prudent» et un «protectionnisme intelligent». Le temps d’atteindre la taille critique, condition sine qua non pour réduire l’écart qui sépare encore le Maroc des pays émergents et d’en faire une destination industrielle digne

de ce nom. Autre écart, cette fois-ci territorial. «Le couple territoire-industrie, tel que spécifié dans la nouvelle constitution, doit faire l’objet d’une attention particulière», note-t-on. Et voici qu’un nouveau front s’ouvre pour Elalamy, à savoir le grand chantier de la régionalisation élargie et la répartition équitable des fruits de la croissance. Pour boucler la boucle, le Plan Elalamy pose une équation à deux variables : la balance des paiements et l’emploi. La résolution de cette équation table sur la «délocalisation programmée de 85 millions d’emplois chinois». Comme si la météo économique lui livre ses secrets. Et si c’est le cas, il faudrait alors crier «Bingo !»

Bingo !

Hicham RAHIOUI

Le Plan Elalamy pose une équation à deux variables : la balance des paiements et l’emploi. La résolution de cette équation table sur la «délocalisation programmée de 85 millions d’emplois chinois».

Directeur de [email protected]

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SOMMAIRE

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•EATON investit 12 millions de dollars 06

•LAFARGE Maroc lance la nouvelle gamme de ciment et platres 06

•La Gestion intégrée et durable des déchets tient son Forum international 08

•L'OCP acquiert 10% des actions du brésilien Fertilizantes Heringer 08

•Le SMIG porté à 3.000 DH 08

•Défauts de paiement : Attention, le pic ! 08

•23 accords de coopération signés entre le Maroc et la Tunisie 10

•Maroc-France : Les relations économiques au beau fixe 10

•Nouveau portefeuille Motive de solutions OSS 10

•CMC : Baisse de régime en 2014 10

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TECHNOLOGIE

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Directeur de publication | Hicham [email protected]

Directeur administratif et financier | Nadia AYADDirecteur de clientèle | Younes AKOUJANE

Directeur artistique et technique | Youssef WAHBIInfographie |Mohamed NASRAOUI

Ont contribué à ce numéroMohamed MOUNJID

Guy GWETHMohamed BENOUDACheikh Mbacké SENE Hamid EL MAHMOUDI

INDUSTRIE DU MAROC MAGAZINE

est une publication de : INDUSTRICOM

Tél./Fax : (+212) 522 26 04 51Web : www.industricom.ma

Adresse : 26, Avenue Mers Sultan, Apt 3, Étage 1,Casablanca - Maroc

Dépôt légal : 2013 PE 0109ISSN : 2351-7905

Impression/CTP : BahiprintDistribution Sapress

40 NUCLÉAIREVisite guidée au Centre d’Etudes Nucléaires de la Maamoura ‘CENM’

DOSSIERPlan d’accélération industrielle 2014-2020

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50 ÉCONOMIEViandes rouges:Peut mieux faire !

•CE3M au service des énergies renouvelables 12

•Nouvelle application "Le Tourisme en chiffres" 12

•Un train qui roule à 2.900 Km/h 12

•La voiture de Google 14

•Grâce à un semiconducteur SiC, la consommation baisse de 10 % 14

•Chargé complètement votre smartphone en 30 secondes 14

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SOMMAIRE

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58CHRONIQUE D'AFRIQUE Areva : Changer le monde en

changeant au Niger

AGROALIMENTAIRE

NUCLÉAIRE

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•Maroc Export : Maafiri retrousse ses manches 33

• Abbou, le sauveur qui arrive à temps ? 34

•Entretien avec Jamal BENHAMOU DG de Soft Centre 36

•Entretien avec Hassan ROUISSI DG de TNC 38

•Zone industrielle Sidi Bernoussi : Le grand défi de la prise de conscience 57

•Entretien avec Hammou OUHELLI Président de la FIVIAR 52

•Maroc-Afrique :Les Agrumes de la colère 61

•La quatrième énergie : un vrai pilier de la politique énergétique 62

•La gamme BeSAFE des chargeurs de batteries et alimentations DC 69

66USINEIMPERIAL PNEU se lance dans le

rechapage pneumatique

RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT

NOTRE SÉLECTION

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ZONE INDUSTRIELLE

ÉCONOMIE

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COMMERCE EXTÉRIEUR 33

ÉNERGIES

DOSSIER

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54SUPPLY CHAIN

La Logistique outil de compétitivité pour les PME et les écosystèmes

industriels

•Entretien avec Moulay Hafid Elalamy 18

•Metiers mondiaux du Maroc 22

•Avis de specialiste: Mohammed CHIGUER 24

•Avis de specialiste: Hamid ELMAHMOUDI 30

•Entretien avec Khalid El MEDIOURI DG du CNESTEN 42

•Des programmes scientifiques tentaculaires 46

•Entretien avec Bouzekri NACIR Responsable de l'exploitation du réacteur 48

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Lafarge Maroc lance une nouvelle gamme de produits Ciments et Plâtres en sac structurée par usage: fondations, poutres et poutrelles, mortiers, chapes et dalles, enduits… conçue pour répondre aux besoins des individuels et professionnels de la construction. À nouvelle gamme, nouveau packaging: pour mieux faire ressortir ses spécificités, chaque produit a un nom propre, un pictogramme qui représente l’étape dans le processus de construction, et les instructions pour son application. Pour améliorer la durabilité des constructions, deux nouveaux produits ont été lancés:• Dwam55: destiné à la réalisation des structures porteuses. Ce ciment haute

Lafarge Maroc lance une nouvelle gamme de ciments et plâtres

Le 16 juin 2014 à Casablanca, une convention d'investissement a été signée entre le gouvernement marocain et la multinationale spécialisée dans la gestion de l'énergie, l'Américain Eaton. En effet, le groupe américain va investir 12 millions de dollars dans le développement d'une unité de production de modules de distribution de l'énergie dans la zone franche Midparc à Nouaceur (Casablanca). La pose de la première pierre de cette nouvelle usine moderne a été donnée lundi 16 juin par le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie numérique, Moulay Hafid El Alamy, et le président de l'activité électrique d'Eaton dans la région Mena, Frank Campbell. Lors de la première phase du projet, prévue sur une superficie de 9.000 m², Eaton compte transférer 200 employés actuels au Maroc dans la nouvelle unité de Midparc et y développer une nouvelle ligne de fabrication de modules de distribution d'énergie principalement utilisée en application informatique et dans les centres de données. À son achèvement en 2016, cette phase permettra la création de 300 emplois directs supplémentaires sans compter les centaines d'emplois indirects créés grâce à l'augmentation significative de l'approvisionnement local de composants. La réussite de cette première phase amènerait Eaton à étendre sa capacité de production de Midparc pour accueillir d'autres activités du groupe, dont l'aéronautique et l'hydraulique. Cette opération conforte le plan d'accélération industrielle visant à intégrer localement le tissu industriel autour d'entreprises leaders et à prévoir la mise en place d'écosystèmes autour de grands opérateurs dont Eaton.

Eaton investit 12 millions de dollars

performance permet de décoffrer rapidement et donc de construire plus vite.• Préfa: un ciment dédié à la fabrication artisanale des éléments de petite préfabrication: bloc béton en agglos, carreaux dalles, carreaux de ciment. Ce ciment permet d’améliorer la productivité.Cette nouvelle gamme complète ainsi les actions de formation sur le terrain pour les artisans (Kafilat Attakouine) et les programmes radiophoniques de sensibilisation (Assariawa Sasse) destinés au grand public. À travers sa nouvelle gamme de produits Ciments et Plâtres, Lafarge Maroc permet aux constructeurs autonomes et aux artisans de contribuer activement à la qualité de la construction et à sa durabilité.

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La Gestion intégrée et durable des déchets tient son Forum internationalLe ministère Délégué chargé de l’Environnement a organisé, le 20 juin 2014 à Skhirate, en partenariat avec le ministère de l’Intérieur, un Forum international dédié à la ’’Gestion intégrée et durable des déchets’’. Une occasion pour enrichir la réflexion sur les voies et moyens d’assurer la bonne gouvernance des déchets usagers et assimilés, tout en favorisant une coopération internationale en matière de bonnes pratiques dans ce domaine complexe et délicat pour la sauvegarde et la protection de l’environnement ainsi que la sécurisation du bien-être communautaire. Le Maroc, à l’instar de tous les pays, est confronté à la gestion des déchets ménagers et assimilés (DMA), ce qui impose le choix d’une gouvernance axée sur l’assainissement, sachant que le volume à rythme accéléré de la production des déchets, qui atteint environ 5,3 millions de tonnes par an, est appelé à croître sous la pression de l’essor démographique et de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. En effet, la production des déchets avoisinera les 6,2 millions tonnes d’ici 2020.

Le Groupe OCP a annoncé le 11 juin la signature d’un accord pour rentrer dans le capital de l’entreprise brésilienne "FertilizantesHeringer". L’OCP a racheté entre 9,5 et 10,5% des parts de la société pour la somme de 145 millions de reals brésiliens (540 millions de dirhams), et ce, à travers une augmentation du capital de "Fertilizantes Heringer". Cet argent frais va notamment permettre à la société brésilienne spécialisée dans les engrais d’augmenter ses capacités de production, afin qu’elle puisse intégrer le marché international des produits phytosanitaires. À noter aussi qu'un accord d’approvisionnement en phosphate a également été signé entre les 2 parties et, de ce fait, les produits de la marque "Fertilizantes Heringer" utiliseront désormais du phosphate marocain

L'OCP acquiert 10% des actions du brésilien Fertilizantes Heringer

Voilà une nouvelle qui ne fait pas que des contents. Prenant acte de la décision politique du gouvernement d’augmenter le SMIG, le Conseil d'administration de la CGEM tenu, lundi 19 mai 2014, a réitéré son inquiétude: l'alourdissement du coût du travail engendré par la

hausse du SMIG va forcément grever la compétitivité de secteurs fondamentaux de l'économie marocaine, avec le risque d’une nouvelle aggravation du taux de chômage. La Confédération estime nécessaire la mise en place de mesures compensatoires portant notamment sur un allègement des

charges patronales, en vue de sauvegarder la compétitivité du tissu industriel national et de répondre à la forte demande d'emploi. La CGEM exprime également ses craintes de voir des entreprises basculer dans l'informel.

Le SMIG porté à 3.000 DH

Selon les dernières données d'Euler Hermes ACMAR, les défauts de paiement au Maroc ont augmenté de 11% au cours du 1er trimestre par rapport à la même période de l'an dernier. Au terme de l’année 2013, ils culminent déjà à des niveaux record (+19% par rapport à 2012). Les secteurs des transports, de l'acier et de l’électroménager sont particulièrement touchés. Certaines entreprises retardent les payements de 2 à 3 mois, essentiellement en raison des rallongements de leurs cycles d’exploitation, dans un contexte où l’accès au financement bancaire devient plus problématique, est-il souligné.

Défauts de paiement : Attention, le pic !

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Défauts de paiement : Attention, le pic !

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QUAND LES TOITS PARFAITEMENT ÉTANCHES PERMETTENT DE NOUVELLES FORMES D’UTILISATION: THAT’S BUILDING TRUST.

Efficaces et de grande qualité, les solutions de toiture de Sika ouvrent de nouveaux horizons: végétalisation, matériaux réfléchissants garantissant une température fraîche ou toits solaires à haut rendement énergétique, les possibilités sont multiples. Ce ne sont là que quelques exemples des solutions innovantes grâce auxquelles les 16 000 collaborateurs Sika œuvrant sur plus de 160 sites de production répartis dans 84 pays ont su gagner la confiance des clients, partout dans le monde.

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Le Roi Mohammed VI et le Président tunisien Mohamed Moncef Marzouki ont présidé, le 30 mai au palais présidentiel de Carthage à Tunis, la cérémonie de signature de 23 accords de coopération entre les deux pays. Ces accords revêtent un caractère hautement stratégique et couvrent une multitude de secteurs: Accord-cadre en matière d'intégration régionale et de développement commun; Accord de coopération dans le domaine de l'industrie et des technologies; Accord de coopération entre l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM); Programme exécutif en matière de coopération touristique 2014-2016; Protocole de coopération entre la bourse de Tunis et celle de Casablanca; Accord de coopération en matière d'énergie solaire…

23 accords de coopération signés entre le Maroc et la Tunisie

Maroc-France :Les relations économiques au beau fixe Malgré les tractations politiques, la France reste N°1 sur le plan des IDE au Maroc. Et ce ne sont pas les chiffres qui manquent pour corroborer un tel constat. Selon le ministre délégué chargé des petites entreprises et de l'intégration du secteur informel, Mamoun Bouhadhoud, les entreprises françaises représentent près de 1,3 milliard d'euros d'investissements directs étrangers (IDE) sur un total de 3,5 milliards d'euros attirés par le Maroc en 2013. Entre 2012 et 2013, ce chiffre qui représente plus du tiers a connu une hausse de 20%. À noter que la France reste le premier partenaire commercial du pays. Elle est à la fois le 1er client à hauteur de 21% de l'ensemble des exportations marocaines (3,25 milliards d'euros) et le 2eme fournisseur avec 13% des importations du Maroc (4,58 milliards d'euros).

Alcatel-Lucent annonce le lancement d’un nouveau portefeuille de solutions Motive pour les systèmes OSS (Operations Support Systems) au sein du portefeuille global de solutions Motive au service de l’expérience clients, note l'équipementier français dans un communiqué. L’objectif de ce nouveau portefeuille de solutions est d’exploiter pleinement les atouts des technologies cloud, de réduire les coûts et d’améliorer les services proposés grâce à une approche radicalement nouvelle, qui permet aux fournisseurs de services d’automatiser leurs opérations réseau. Motive opérations dynamique (permet aux fournisseurs de services de

Nouveau portefeuille Motive de solutions OSSl'infrastructure OSS agile comme un réseau virtualisé et le centre de données, offrant une vue unifiée et en temps réel des fonctions traditionnellement cloisonnées (phrase à reformuler). Le portefeuille travaillera aux côtés de l'équipement du fournisseur existant. Il peut dynamiquement identifier et suivre toutes les ressources réseau, offre un OSS programmable automatisé qui peut satisfaire les commandes et assurer les services, et fournit un environnement «auto-guérison» soutenu par les analyses de données qui évolue de récupération automatique et la gestion prévisionnelle.

CMC : Baisse de régime en 2014

Selon le Centre marocain de conjoncture (CMC), les pronostics de croissance s’avèrent, au terme du premier trimestre, des plus faibles. Le taux de croissance projeté à la fin de l’exercice ne dépasserait guère dans ces conditions 2,6 %, enregistrant ainsi un repli de plus de 2 points par rapport à l’exercice précédent. La perspective de ralentissement de l’activité ne manquera pas d'influer sur la demande intérieure, les revenus et les niveaux de vie. Il en est de même de la situation de l’emploi qui devrait connaitre une sensible détérioration avec une hausse prévisible du taux de chômage de plus d’un point et demi par rapport à l’exercice précédent.

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Nouvelle application « Le Tourisme en chiffres »

Le laboratoire de la supraconductivité appliquée de l’université Jiaotong de Chengdu a testé avec succès un « super-maglev », un train à grande vitesse qui devrait en théorie être capable d’atteindre 2900 km/h, rapporte un site web chinois. Ce véhicule à sustentation magnétique, c’est-à-dire utilisant des aimants pour se mouvoir en lévitation à quelques centimètres de la voie ferrée plutôt que d’avoir les roues directement sur les rails, se déplace à l’intérieur d’un tube à vide

Un train qui roule à 2900 km/h !

Une première au Maroc. L’application « Le Tourisme en chiffres » offre aux usagers un accès facile, rapide et en temps réel aux données statistiques publiées sur le secteur du Tourisme par l’Observatoire du Tourisme. Quatre volets d’information sont disponibles à savoir: la fréquentation hôtelière, les arrivées aux postes frontières, la capacité litière et les recettes. Les données mensuelles sont consultables à partir de janvier 2010. Conçue pour tous les types de Smartphones (Iphone, Samsung, Blackberry, etc...), cette application est accessible en ligne à partir du 3 juin 2014, via le lien suivant : http://observatoiredutourisme.azurewebsites.net. Elle est téléchargeable sur Widows Store pour tous les Smartphones utilisant le système Windows; elle sera chargée sur Google store et Apple store dans un deuxième temps.

afin de ne pas être freiné par la résistance de l’air. L’équipe de chercheurs a construit le premier modèle réduit d’une ligne en boucle de ce type de train d’un diamètre de 6 mètres afin de tester les déplacements du véhicule. Si le véhicule d’essai n’atteint pour l’instant qu’une vitesse maximale de 50 km/h, le laboratoire serait en mesure d’accroître cette vitesse en ayant recours à des températures plus élevées et à un anneau supraconducteur plus puissant.

L’innovation et la R&D sont des enjeux clés pour soutenir et renforcer la stratégie nationale des énergies renouvelables. C’est dans ce contexte que le Cluster électronique, mécatronique et mécanique, CE3M a organisé le 11 juin en partenariat avec le Groupe EMSI, R&D Maroc, avec l’implication des universités publiques et privées et l’appui du ministère de l’Industrie et du Commerce, la 5e édition du Forum Université-Entreprise, sous le thème: "les énergies renouvelables: défis de l’intégration et des projets collaboratifs de Recherche – Développement et d’innovation". Ce forum a pour objectif: · de présenter le potentiel d’opportunités offertes aux industriels marocains, par l’intégration de nouvelles technologies et savoir-faire dans le domaine des énergies renouvelables.

CE3M au service des énergies renouvelables· de présenter des projets collaboratifs d’innovation, initiés par le cluster CE3M et ses partenaires.· de faire émerger de nouveaux projets collaboratifs et de partenariats qui seront soutenus et accompagnés par les partenaires marocains dans le cadre du projet Européen MAGHRENOV qui vise à créer des synergies entre les pays européens dans le secteur des énergies renouvelables. Le programme des conférences animées par des experts marocains et internationaux couvre les thèmes: Contexte national du secteur des énergies renouvelables et opportunités d’intégration industrielle locale, comment renforcer la relation Université/Entreprise autour de projets collaboratifs.

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Grâce à un semiconducteur SiC, la consommation baisse de 10 %

Initié par Sebastian Thrun, le co-inventeur de Google Earth, le dernier prototype d’une voiture électrique capable de se déplacer toute seule en repérant les obstacles, a été présenté mardi 27 mai. « Le prototype n'a pas d'embrayage, pas de pédale d'accélérateur, pas de frein... parce qu'il n'en a pas besoin. Le logiciel et les détecteurs s'occupent de tout ça. Le véhicule est pour le moment assez rudimentaire – nous voulons nous en servir pour expérimenter et progresser –, mais il vous enverra où vous voulez en appuyant sur un bouton », explique un texte sur le blog de Google. La vitesse de ces prototypes est, pour le moment, limitée à 40 km/h. Deux passagers peuvent embarquer. Ils ont accès à un bouton d'arrêt d'urgence et à un écran qui décrit la navigation. Ils peuvent même appeler le véhicule d'un smartphone. Des capteurs et des caméras présents partout sur la voiture, notamment dans les roues, détectent les obstacles sur près de 200 mètres (deux terrains de football américain, selon les ingénieurs, soit 182,88 mètres) pour permettre à la voiture d'évoluer ou encore de se garer toute seule. Source: le monde.fr

La voiture de Google !

Chargez complètement votre smartphone en 30 secondesC’est à l’occasion du congrès Microsoft Think Next 2014, que StoreDot, une start-up israélienne a dévoilé un son prototype de batterie à charge ultra-rapide basé sur la nanotechnologie.Cette technologie pleine de promesses va peut être changer la vie des possesseurs de smartphones, de tablettes tactiles ou de n’importe quel appareil électronique portable, et ce sans parler des voitures électriques… Seulement 30 secondes suffisent pour charger complètement un smartphone Samsung Galaxy S4.

Toyota Motor Corporation, en partenariat avec Denso Corporation et Toyota Central R&D Labs., a mis au point un semiconducteur de puissance en carbure de silicium (SiC) destiné à l’électronique de

puissance de ses véhicules hybrides. Grâce à ces semiconducteurs en SiC, Toyota espère abaisser de 10 % la consommation d’essence de ses hybrides (selon le cycle d'essais japonais JC08) et réduire de 80 % la taille de l’électronique de puissance par rapport aux systèmes actuels, dotés de semiconducteurs exclusivement constitués de silicium. Dans la mesure où les semiconducteurs SiC perdent peu de puissance à la mise sous tension/hors tension, ils permettent une circulation optimale du courant, même à haute fréquence. C’est ce qui permet de diminuer

la taille de la bobine et du condensateur, lesquels représentent environ 40 % du volume de l’électronique de puissance. Dans les véhicules hybrides, l’électronique de puissance est responsable d’environ 25 % de toutes les pertes électriques, dont 20 % seraient directement liés – selon les estimations – aux seuls semiconducteurs de puissance. Ainsi, une augmentation de leur rendement implique une baisse de la consommation de carburant. Source : www.auto-innovations.com

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Partenaire Presse

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Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie

numérique, a présenté, le mercredi 2 avril 2014, à Casablanca, le Plan d’accélération industrielle 2014-2020. Trois mois après, place aux choses sérieuses. Les premiers écosystèmes ont commencé à prendre forme: l’écosystème automobile afférent à la filière «câblage» (voir encadré). Le ministre érige en priorité aussi le schéma de fonctionnement du Fonds de développement industriel (FDI). Ce dernier est destiné aux investisseurs étrangers ou nationaux et aux

Dossier réalisé parMohamed MOUNJID

LA MÉTHODE ELALAMY

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fédérations professionnelles. Et l’octroi de ses aides sous forme de subventions d’une valeur de 3 milliards de dirhams, soit 21 milliards sur 7 ans, est conditionné à des engagements sur l’emploi, la création de valeur et les exportations comme l’a déclaré le ministre à notre confrère Usine nouvelle. D’autres chantiers ont été également lancés à savoir le foncier devant être mis à la disposition des opérateurs en mode locatif. En effet, le projet de la zone industrielle Ouled Hadda de 147 ha près de Casablanca devrait être bouclé avant la fin de l’année et c’est fort probable que la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM) soit l’aménageur développeur de cette offre locative. Le seul chantier dont le ministre accuse encore du retard a trait aux mesures à prendre en vue d'équilibrer la balance commerciale. Jusque-là, tout semble sur la bonne voie. Sauf que toute décision stratégique qui passe sans concertation avec les opérateurs, en l’occurrence le patronat, est vouée à l’échec. Selon la confédération patronale, le plan d’accélération industrielle devrait trouver dans l’urgence les solutions aux problématiques de délais de paiement, de butoir de TVA ainsi que l'alourdissement des charges des entreprises, qui pénalisent à la fois leur trésorerie et leur compétitivité. «La présidente de la CGEM a insisté sur la gouvernance et a proposé la mise en place d’une commission mixte public-privé de

concertation et de pilotage, dont le rôle sera d’aller au-delà des seules concertations sectorielles entre le ministère et les fédérations de la CGEM, une commission qui mesurerait les efforts entrepris et apporterait les ajustements nécessaires s'il y a lieu», note un communiqué. Autant dire que la relance du processus d’industrialisation n’est pas une mince affaire. Loin s’en faut. C’est une course de longue haleine.

Lancement du premier écosystème automobile Le ministre a procédé, jeudi 19 juin 2014 à Rabat, au lancement du premier écosystème automobile afférent à la filière «câblage». La réorganisation de cette filière en écosystème permettra d’enraciner durablement la filière au Maroc et d’assurer la montée en puissance des acteurs, avec à la clé la génération de 20.000 emplois additionnels et un accroissement substantiel de la valeur ajoutée, dont la moyenne actuellement est de 30%, affirme le ministre. Et d’ajouter que d’autres écosystèmes ont été identifiés avec l’Association marocaine pour le commerce et l’industrie de l’automobile, notamment dans les filières «systèmes intérieurs», «batteries», «emboutissage», «sièges», «équipements moteurs»...

Les grands axes de la nouvelle stratégie • L’accroissement de la capacité d’absorp-tion de nouveaux actifs qu’il est envisagé de porter à 1 million de personnes sur la pro-chaine décennie.• La part de l’industrie dans le PIB qu’il est prévu d’augmenter de 9 points pour la faire passer à 23% en 2020 à travers: le déve-loppement des logiques d’écosystèmes, la compensation industrielle (Offset), l’accom-pagnement de l’informel vers le formel et l’adéquation des compétences aux besoins du marché…• L’amélioration de la productivité, à travers un appui ciblé au tissu industriel: un fonds d’investissement industriel public (FDI), doté d’une enveloppe financière de 20 milliards de DH; une offre de location d’infrastructures d’accueil plus accessible d’une capacité de 1.000 ha…• La capacité d’exportation qu’il faut dyna-miser sur les plans quantitatifs et qualitatifs.• La montée en gamme de la capacité d’ac-cueil et de réactivité aux besoins des inves-tisseurs.

Plan d’accélération industrielle 2014-2020

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IDM : Le Plan d’accélération industrielle 2014-2020 comme son nom l’indique met l’accent sur la vitesse. Comment expliquez-vous cela, et quels sont les secteurs prioritaires ?

MHE: Le lancement du Plan d’accélération industrielle intervient à un moment où l’industrie marocaine est d’ores et déjà engagée dans une dynamique de croissance soutenue; une croissance qui s’est fortement consolidée depuis quelques années.

En effet, des pas importants ont été franchis et de réels succès ont été concrétisés, que ce soit en termes de création d’emplois, d’accroissement des exportations et d’amélioration de l’attractivité de la place Maroc.

Certaines carences persistent, toutefois , elles freinent toujours la pleine expansion du

secteur. Ces carences sont particulièrement perceptibles au niveau de l’atomisation du secteur industriel encore menacé par l’informel, dans la fragilité de la compétitivité, dans la qualification de nos ressources quenous devons mieux préparer aux attentes des opérateurs, dans les infrastructures industrielles non encore exploitées de manière optimale et enfin dans le développement disparate de nos régions, dont les potentialités ne sont pas encore pleinement mises à profit.

Notre objectif, à présent, est donc de capitaliser sur l’ensemble des acquis et d’augmenter la cadence des réalisations pour imprimer un rythme plus soutenu à la croissance du secteur industriel. C’est à cela que tient l’appellation que nous avons donnée à ce Programme.

Par ailleurs, il s’agit d’une stratégie qui se veut inclusive. Elle vise à favoriser un développement harmonisé du tissu productif en déployant, pour chaque secteur, des actions ciblées et adaptées aux besoins qu’il

exprime.

Elle réintègre, pour cela, les industries classiques nationales pour les redynamiser et leur donner une nouvelle impulsion.

Il n’est plus question de soutenir exclusivement l’automobile, l’aéronautique ou l’offshoring, mais il s’agit plutôt de généraliser l’accompagnement à l’ensemble du tissu industriel pour renforcer sa place en tant que pourvoyeur d'emploi et levier de croissance.

Nous avons, à cet effet, conclu, lors de la cérémonie de lancement du Plan d’accélération industrielle, des conventions avec les associations professionnelles qui visent à favoriser un développement équitable

et harmonieux du tissu productif.

IDM : Vous envisagez une industrie davantage intégrée et une nouvelle relation entre

« Ce que nous voulons développer davantage, c’est la migration d’une simple sous-traitance d’exécution à une

sous-traitance intégrée et de conception »

ENTRETIENavec Moulay Hafid Elalamy Ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie Numérique

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grands groupes et PME. Concrètement, comment est-ce possible et à travers quels leviers ?

MHE: Construire une industrie plus intégrée et moins fragmentée est un objectif phare du Plan d’accélération industrielle. La mise en place d’écosystèmes industriels vient répondre à cet impératif de réduire l’atomisation sectorielle.Il s’agit concrètement de favoriser l’établissement d’alliances stratégiques entre grandes entreprises et PME, ou encore entre fournisseurs et donneurs d’ordre. L’idée étant de développer la capacité à offrir à ces derniers l’ensemble des maillons de la chaîne logistique d’approvisionnement pour les aider à gagner en compétitivité, en qualité et en réactivité.

Les PME ont, elles aussi, des avantages substantiels à tirer de cette collaboration stratégique : elles auront davantage de visibilité et de perspective sur leurs activités futures et seront amenées à être plus dynamiques, plus créatives et plus innovantes.Ces « groupements d’intérêt économique» que nous voulons construire nous feront monter en compétitivité par rapport à nos concurrents et développeront la capacité exportatrice de notre tissu productif; un défi majeur que nous avons l’ambition de relever.

IDM : Vous en conviendrez que la valorisation des produits est un pas gagné dans le processus d’industrialisation. Quelle place occupe-t-elle dans votre Plan ?

MHE: Parmi les chantiers phares de la nouvelle stratégie figure l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Le Plan prévoit une batterie de mesures qui visent à accompagner l’entreprise dans son effort de restructuration compétitive et surtout à l’appuyer dans sa quête de parts significatives

sur les marchés extérieurs.

Un des leviers majeurs pour conquérir de nouveaux marchés est, à l’évidence, la valorisation et la diversification des produits. Nous devons impérativement l’améliorer, car c’est grâce à cela, en partie, que nos exportations s’accroîtront. C’est là, d’ailleurs, un défi majeur que nous devons relever pour réduire notre écart avec les pays émergents.

Nous nous emploierons avec détermination à relever ce défi de taille dans le cadre du déploiement de la nouvelle stratégie. À travers un accompagnement ciblé de nos entreprises, nous avons pour ambition de tirer vers le haut l’ensemble de l’appareil productif et de lui donner les moyens d’être plus innovant et plus proactif par rapport aux besoins du marché national et mondial.

IDM : Comment comptez-vous vous attaquer au couple territoire-industrie, tel que spécifié dans votre stratégie, sachant que l’équité territoriale et les écarts de richesse entre régions laissent à désirer ?

MHE: La problématique du couple territoire-industrie est constamment récurrente et se pose toujours avec la même acuité. Nous y accordons toute son importance dans le Programme d’Accélération Industrielle, car il est primordial que chaque région puisse exprimer son plein potentiel pour favoriser une croissance harmonieuse du territoire et éviter l’écueil d’un développement disparate de nos régions. Le rôle régulateur et fédérateur de l’État est primordial, à cet égard ; et la réussite de toute politique sectorielle est tributaire de sa déclinaison au niveau régional.

À titre d’exemple, pour l’accompagnement de la TPE qui constitue un volet important de la nouvelle stratégie industrielle, un cadre de partenariat est en cours de mise en place

avec les différentes initiatives régionales, en vue de déployer le dispositif d’appui aux TPE en créant des synergies public/privé pouvant garantir l’accélération et la massification de l’appui.

Autre volet et non des moindres auquel une déclinaison appropriée au niveau régional s’impose est celui de la mobilisation du foncier industriel. L’offre en parcs industriels locatifs prévue par le Plan d’Accélération Industrielle est déployée en tenant compte des besoins exprimés par chaque région et du potentiel et des spécificités de chaque territoire.

Par ailleurs, nous escomptons aussi des Chambres de Commerce, d’Industrie et de Services qu’elles puissent jouer le rôle qu’il leur incombe au niveau régional d’acteur performant du développement économique des territoires. Pour cela, nous nous investissons de près dans le renforcement de leurs capacités afin qu’elles puissent offrir à leurs adhérents et au tissu économique local des services en phase avec les besoins qu’ils expriment.

IDM : Votre nouvelle stratégie se veut ambitieuse et prometteuse avec un fonds d’investissement industriel public (FDI), doté d’une enveloppe financière de 20 milliards de DH. D’où émanera ce budget colossal ?

MHE: Elle provient du budget de l’État. C’est une enveloppe conséquente que nous avons réunie pour mettre en œuvre le Plan d’Accélération Industrielle. Le Fonds de Développement Industriel (FDI) sera créé dans le cadre de la loi de finances 2015 et bénéficiera de ressources annuelles se chiffrant à 3 milliards de DH sur la période 2014-2020.

Par ailleurs, et compte tenu de l’ampleur et de la diversité des chantiers de la stratégie qui requièrent des ressources financières

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bien supérieures à ce que le seul budget de l’État est en mesure de dégager, nous nous emploierons aussi à renforcer, de manière soutenue, l’activité de mobilisation de fonds auprès de nos partenaires. La coopération internationale constituera encore, un levier fondamental dans la réalisation des objectifs

stratégiques de ce Département.

IDM: Certains disent que le Maroc est plus un pays de sous-traitance industrielle qu’un pays industriel à proprement dit… ?

MHE: Le Maroc a toujours porté un intérêt particulier au secteur industriel qui a constamment occupé une place centrale dans le déploiement des politiques publiques et dans les choix stratégiques de développement. L’objectif a toujours été d’en faire un moteur de croissance, de création de richesses et d’emplois.

Les efforts consentis en faveur du développement du secteur conjugués aux atouts humains et géographiques du pays ont eu pour effet, notamment, d’attirer des investisseurs étrangers qui ont trouvé bénéfice à externaliser leurs activités au Maroc.

Des leaders industriels mondiaux se sont implantés chez nous, et la cadence de leur implantation, dont l’accroissement moyen annuel est de 23% depuis 2009, s’est considérablement accrue.Le Maroc est actuellement une destination prisée de grands constructeurs et de compagnies mondiales dans de nombreux secteurs d’activité.

Les activités de sous-traitance ont, par voie de conséquence, pris davantage d’ampleur. Toutefois, ce qui a commencé à changer depuis quelque temps et ce que nous voulons développer davantage, c’est la migration d’une simple sous-traitance d’exécution à une sous-traitance intégrée et de conception.

Je suis convaincu que nous y parviendrons avec la mise en œuvre de la nouvelle stratégie

industrielle, notamment, avec la création d’écosystèmes performants qui favoriseront une montée en valeur dans les filières en développant chez les PME leur aptitude à créer et à innover.

Si l’on prend le cas du secteur textile et de

l’habillement dans lequel la sous-traitance

est prépondérante, le Plan d’Accélération

Industrielle vise à mettre en place des modèles

d’écosystèmes à forte valeur ajoutée opérant

dans les produits finis. Pour cela, des actions

ciblées sont prévues pour l’intégration

du secteur à travers le développement de

l’amont et de l’aval de la filière.

IDM: On remarque ces dernières années une migration accrue d’industriels vers le BTP. Une tendance qui nourrit en quelque sorte le processus de désindustrialisation. Qu’en pensez-vous ?

MHE: Il est vrai qu’il existe une logique

économique qui fait que les opérateurs optent

plus pour l’investissement dans l’immobilier

que dans l’industrie. C’est pourquoi il faudrait

poursuivre, à une cadence plus soutenue,

les efforts visant à rendre ce dernier plus

attractif. C’est justement là l’ambition du Plan

d’accélération industrielle qui veut faire de

l’industrie un secteur prospère, créateur de

richesses et de valeur.

Il est vrai que le secteur industriel souffre

encore de quelques carences qui constituent

de véritables embûches aux défis qui nous

restent à relever en termes, notamment, de

création d’emplois, d’accroissement de la

part de l’industrie dans le PIB ou encore de

dynamisation qualitative et quantitative de

notre capacité d’exportation.

Néanmoins, et comme en attestent les

chiffres et données du secteur, l’industrie

marocaine a connu, ces dernières années,

un dynamisme particulier. Le secteur s’est

positionné, en 2013, au 1er rang en termes

d’attraction des IDE devant l’immobilier et le

tourisme et ses exportations se sont accrues

de 22%, entre 2008 et 2011.

Et je salue, à ce propos, les opérateurs qui

ont fait le choix d’investir dans l’industrie. Je

tiens à les saluer, car ils croient fermement

que les investissements qu’ils portent sont

la source de leurs futurs revenus. Il nous

appartient de les soutenir dans cette voie,

en veillant à ce que l'investissement reste

soutenable et efficace.

Certes, il reste encore beaucoup à faire pour

ce chantier, mais je suis convaincu qu’avec

la nouvelle stratégie, nous nous sommes

donné les moyens de concrétiser l’objectif

de poursuivre l’édification d’une industrie

forte compétitive, productive et en mesure de

générer des investissements.

Propos recueillis par

Hicham RAHIOUI

©2014 Schneider Electric. All Rights Reserved. Schneider Electric and PlantStruxure are trademarks owned by Schneider Electric Industries SAS or its affiliated companies. All other trademarks are property of their respective owners. www.schneider-electric.com • 998-1211487_GMA-GB_Note3

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le Plan d’accélération industrielle est déployée

en tenant compte des besoins exprimés par

chaque région

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TECHNOLOGIE

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L’aéronautique prend de l’altitudeLe secteur continue son envol avec une croissance moyenne annuelle de 17%. A fin 2013, l’industrie aéronautique exporte pour un total de plus de 7,8 milliard de dirhams, soit un bond de 16,4% en comparaison avec 2012. Sa contribution aux exportations nationales a sauté de moins de 0,5% à plus de 5% aujourd’hui, confirmant l’attractivité sans cesse croissante du Maroc en tant que destination aéronautique de choix. Ainsi, le nombre des entreprises installées dépassent les 107, soit plus de 10.000 postes d’emplois créés.

Coup d’accélérateur pour l’automobileL’industrie automobile marocaine a enregistré ces dernières années un essor notable, comme l’atteste l’accroissement des flux d’investissement étrangers et les performances réalisées au niveau de l’export. Au terme de l’année dernière, les ventes à l’étranger du secteur se sont chiffrées à 31,1 milliards de dirhams (MMDHS) en nette amélioration de 24%. L’activité du câblage a expédié 15,5 MMDHS, soit une progression annuelle de 4,8%. L’activité de construction a réussi pour sa part une prouesse de 74% à 12,7 MMDHS, grâce aux performances du complexe industriel de Renault Tanger. Les

investissements directs étrangers réalisés dans l’industrie automobile ont représenté 43,9% du total de l’industrie manufacturière en 2012, avec un taux d’intégration oscillant entre 40 et 50%.

Le Textile et Cuir peine à retrouver ses couleurs

Contrairement à son poids majeur dans le

passé, le secteur Textile et Cuir ne se porte pas

bien. Sa part dans les exportations totales ne

cesse de baisser pour se situer à 17,3% en

2013 contre 26,1% en 2009. Les expéditions

à l’étranger ont totalisé près de 32 MMDHS

à fin 2013, soit un reflux annuel de 3,3%. Le

secteur emploie près de 175.000 personnes

au Maroc (40% des emplois industriels). A

noter que 27% de la production est orientée

à l’export.

Métiers mondiaux du Maroc

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L’agroalimentaire mi-figue, mi-raisin !Un secteur pas comme les autres. L’agroalimentaire a enregistré plus de 20 MMDHS à l’export en 2013, soit un gain de 7,2% en comparaison annuelle. Ce total des ventes représente plus de 11 % de la valeur totale des exportations marocaines.

Le secteur, qui emploie 108 000 personnes représente 30 % de la production industrielle totale. Il compte plus de 2 050 entités, soit 26 % de l’ensemble des unités industrielles.

L’électronique affiche un voyant peu lumineuxVoilà un secteur qui a manqué son rendez-vous en termes d’objectifs fixés par le plan

Emergence en 2009. En 2013, le chiffre d’affaires à l’export s’est situé à 6,9 MMDHS en perte de 1,5% comparativement à l’année d’auparavant. Le secteur compte aujourd’hui plus de 5.500 emplois alors qu’il devrait grimper à 9.000 postes en 2015 suivant les objectifs de la stratégie. Pas si sûr pour cette activité qui comprend la mécatronique, l’électronique embarquée et la fabrication des cartes à puces.

L’industrie pharmaceutique en bonne formeLe secteur se porte bien. Son chiffre d’affaires à l’export s’est bonifié de 20% en variation annuelle à plus de 1 MMDHS en 2013. Ce chiffre représente près de 20 % de la production nationale globale. L’essor du secteur est confirmé par sa deuxième position au niveau africain, juste après l’Afrique du Sud. Les 32 unités de production produisent près de 280 millions d'unités par an. Ce fleuron de l’industrie nationale assure aujourd'hui plus de 40. 000 emplois directs et indirects.

L’Offshoring à faible débitConsidéré comme nouvelle niche stratégique, l’Offshoring a drainé un chiffre d’affaires de 7,3 milliards de dirhams en 2013 en repli par

rapport à l’année d’avant. Certes le Maroc fait désormais partie du top 30 des destinations offshore de par le monde, mais ces quatre dernières années la cadence ralenti. Plus de 90 entreprises opérantes dans le secteur, comptant parmi elles, des références internationales, emploient plus de 57.000 salariés. A l'horizon 2015, ce secteur devrait créer 100.000 emplois directs et contribuer au PIB à hauteur de 20 milliards de DH.

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IDM : Quelle lecture faites-vous du Plan d’accélération industrielle 2014-2020 lancé au mois d’avril dernier ?

MC : La réponse à cette question peut se faire de deux manières: indirecte, à travers la perception qu’on peut avoir de l’industrialisation, et directe, en examinant le contenu de ce plan.Avant d’aborder le premier point, permettez-moi de saluer les responsables du ministère de l’Industrie qui ont brisé un tabou en élaborant en interne la nouvelle stratégie industrielle. C’est un des rares moments où l’expertise locale est à l’honneur. Or, comme vous le savez, l’expertise, relevant du domaine du savoir ne peut être valorisée et conservée sans être consommée. Par ailleurs, je dois vous rappeler que l’expertise étrangère, ou d’une manière générale l’assistance technique, lorsqu’elle est consommée en

priorité et sans modération, tue l’expertise locale, fait saigner l’économie nationale non seulement en termes de transferts financiers, mais en perturbant son évolution si elle ne la bloque pas par des injections inadaptées faisant partie d’une pharmacopée le moins qu’on puisse dire inappropriée.J’ai tenu à souligner cet aspect, qu’on ne saurait dissocier de la R&D, parce qu’il est en rapport direct avec ce que j’entends personnellement par Industrialisation. Ce n’est pas parce qu’on a des industries

qu’on est industrialisé, loin s’en faut. L’industrialisation est en même temps un processus, une perception et un comportement. Pour faire court, on peut dire que l’industrialisation est une culture. C’est un processus à trois principales séquences: un enseignement de qualité, une R&D soutenue et des industries constamment innovantes. Que Renault ou Bombardier s’installent chez nous, c’est une bonne chose, mais puisqu’elles ne font de nous qu’un simple atelier, elles vont –paradoxalement- retarder notre industrialisation. Certes, elles vont générer du travail complexe à valeur ajoutée relativement élevée (ingénieurs d’application, techniciens), mais c’est un travail qui ne va pas au-delà de l’exécution puisque la conception qui nécessite de la R&D et qui exige un enseignement à la hauteur ne s’« expatrie » pas nécessairement et ne se délocalise pas automatiquement. Sans le transfert technologique, la délocalisation revient à la création d’une cinquième

Sans le transferttechnologique, la

délocalisation revient à la création d’une cinquième

colonne duCapital étranger

ENTRETIENavec Mohammed CHIGUERDoctorat en économie

« Le Maroc n’est pas dans une posture d’industrialisation »

AVIS DE SPECIALISTE

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colonne du Capital étranger. Certes, cette délocalisation est de nature à améliorer la balance commerciale, mais elle peut aussi affecter la balance de paiement à travers les transferts (dividendes, surfacturation, etc.). Cela dit, le retour de manivelle n’est pas à exclure ; en ce sens que la délocalisation peut être suivie par une « dé-délocalisation » (cas de la Tunisie et de l’Égypte suite au printemps arabe) ou même par une relocalisation. Le Capital étranger est une opportunité, j’en conviens, mais c’est aussi une menace. Il faut prendre conscience de la nécessité de transformer la menace en opportunité pour consolider le tout. Pour cela, il faut être intransigeant quant au transfert technologique si on veut se hisser au niveau des émergents et si on tient vraiment à s’approprier l’avenir. Deux conditions au moins sont à remplir pour inscrire l’IDE dans une démarche féconde. L’IDE doit: 1) être pour l’essentiel productif et non de portefeuille et2) se présenter sous forme d’un package

incluant le transfert technologique (cf le cas chinois). L’industrialisation est aussi une perception dans la mesure où elle intègre l’instant dans la durée et où elle s’appuie sur le présent pour se projeter dans l’avenir en

vue de l’approprier. À ce titre, elle fait d’« innover ou périr » sa devise et imprègne ainsi le comportement pour promouvoir l’entrepreneuriat et généraliser le salariat.À la lumière de ces développements et pour répondre d’une manière directe à votre première question, on peut se demander si le Maroc, avec le plan Emergence et celui qu’il

vient d’adopter, s’industrialise.La réponse coule de source. Le Maroc n’est pas dans une posture d’industrialisation. Non seulement il n’a pas pu se doter d’une infrastructure de R&D digne de ce nom et ne semble pas très inquiété de l’état où se trouve l’école publique (permettez-moi de faire ici une digression pour dire que l’enseignement privé ne peut être qu’un appoint. Tant qu’on n’accorde pas à l’école publique l’importance qu’elle mérite, le Maroc risque d’hypothéquer son avenir.) ; mais en plus, il s’est lancé dans une ouverture tous azimuts non maitrisée au point où il est déficitaire avec tous les pays avec qui il a signé des accords de libre-échange ; ouverture qui s’est rejaillie sur l’activité industrielle stricto sensu. La part du secteur industriel dans le PIB n’a cessé de reculer depuis 2000. De 18% de la richesse créée, elle est passée à 14% en 2013. La nouvelle stratégie s’est fixé comme objectif d’améliorer cette part en l’augmentant de 9 points pour la faire passer à 23% en 2020

L’affairisme tend à dominer au détriment de

l’entrepreneuriat qui brille par sa défaillance

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qui reste, néanmoins, en deçà de la norme internationale qui fait qu’un pays est classé parmi les industrialisés. Il est vrai que ce niveau est appréciable et n’est qu’à deux longueurs de la norme, mais il n’est pas moins vrai que sans une activité industrielle intégrée, une telle performance, qui n’est pas évidente, ne ferait pas du Maroc un pays réellement industrialisé.

IDM : Pourquoi ?

MC : Le quantitatif est mystificateur. Il ne renseigne pas sur la nature de l’activité industrielle ; s’inscrit-elle dans un processus d’industrialisation introverti ou relève-t-elle d’une simple production industrielle «apparentée» à un ou plusieurs processus industriels externes ?

IDM: Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Que le plan qui vient d’être dévoilé par le ministère de l’Industrie est plutôt un plan de sous-traitance industrielle ?

MC : Une chose est sûre; le ministère cherche à promouvoir l’industrie et non l’industrialisation. La preuve est qu’il est le seul et unique maître d’ouvrage de ce plan élaboré dans une démarche fragmentée et en l’absence d’une stratégie globale. Chaque département ministériel s’est doté de sa propre stratégie s’intégrant dans une stratégie de Bazar où ce qui importe le plus est l’exposition pêle-mêle de ce qu’on peut offrir et non l’agencement pour plus de cohérence et d’optimalisation.L’examen du contenu de ce nouveau plan montre que le ministère de l’Industrie a procédé à une simple opération de réajustement du plan Emergence.Reprenons les éléments de ce plan tels qu’ils étaient présentés par ce département et essayons de les examiner.La nouvelle stratégie industrielle s’est fixé

deux principaux objectifs à caractère général, à l’horizon 2020 : 1- « La création d’un demi-million d’emplois, pour moitié provenant des IDE, et pour moitié provenant du tissu industriel national rénové.»Deux remarques s’imposent à savoir: a la création d’emploi s’entend brute ; c’est-à-dire que la destruction d’emplois dans le secteur n’est pas prise en considération pour apprécier à sa juste valeur l’impact de ce plan ; b) l’un demi-million étalé sur cinq ans, soit 100.000 postes par an est le moins qu’on puisse dire trop optimiste, eu égard à la capacité d’absorption de l’économie marocaine qui, au demeurant, est très limitée puisqu’elle n’arrive à créer, bon an mal an, que 100.000 à 150.000 postes sur 220.000 à 250.000 nouvelles demandes de recrutement. En plus, l’industrie augmentée de l’artisanat n’a créé en moyenne, entre 2000 et 2010, que 10.000 emplois par an.2- « L’accroissement de la part industrielle dans le PIB de 9 points, passant de 14% à 23% en 2020. » En plus de ce que nous avons dit à ce sujet ci-dessus, le niveau escompté, soit 23%, est sujet à caution. On table sur la rénovation du tissu industriel national comme on a tablé il y a un peu plus de 10 ans sur la mise à niveau de ce même tissu pour finalement aboutir à une tendance à la désindustrialisation. L’industrialisation en tant que processus suppose: un réexamen de la politique économique de fond en comble, car l’industrialisation est un choix de société ; ii) un changement de mentalité qui consiste à faire valoir la démarche entrepreneuriale au détriment de la démarche patrimoniale qui est la marque d’une économie sous-développée comme la nôtre. Or, le changement de mentalité ne se décrète pas. Il suppose aussi la mise en exergue du patriotisme économique dont l’une de ses expressions est l’adoption d’un protectionnisme intelligent à l’instar de ce que font les autres pays, notamment les pays avancés qui ne cessent

de prôner le libre-échange.Par ailleurs, il faut se rendre à l’évidence et arrêter de croire que notre salut est dans les IDE. Le coût supporté par le Maroc en termes financier (transferts), économique (les avantages accordés) et politique (un libéralisme hybride) par rapport au résultat est disproportionné. Le Maroc par rapport à d’autres pays ne capte que des miettes de ces IDE dans des conditions qui ne sont que peu avantageuses. Les améliorations relatives enregistrées ces dernières années ne sont pas appelées à durer parce qu’elles sont en rapport avec l’instabilité momentanée de certains pays concurrents de la région. Se trompe celui qui croit que l’attractivité d’un pays se résume dans ses atouts naturels et géographiques et se réduit à une question de stabilité et de mesures d’incitation.

L’attractivité réside avant tout dans la capacité du pays à se prendre en charge, à faire valoir son génie et sa volonté à jouer dans la cour des grands. Il ne faut pas se leurrer, l’exception marocaine n’a rien d’exceptionnel dans la mesure où l’instabilité de certains pays de la région due aux événements du « printemps arabe » peut se révéler par la suite plus payante en rejaillissant sur leur attractivité. L’important ce n’est pas de constituer une exception, mais d’être un exemple. C’est là le vrai défi dont le politique n’est pas conscient.La nouvelle stratégie, comme vous le savez, se décline en 10 mesures clefs regroupées en 3 classes.1- Des écosystèmes industriels pour une industrie plus intégrée

L’important ce n’est pas de constituer une exception, mais d’être un exemple. C’est là le vrai défi dont le politique n’est

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« Le premier bloc de mesures a pour objectif de réduire l’atomisation sectorielle et de construire une industrie mieux intégrée, reposant sur des logiques d’écosystèmes dont la vocation est de créer une nouvelle dynamique et une nouvelle relation entre grands groupes et PME. »Faut-il comprendre par là que le ministère a déjà identifié les chaînes ou filières manquantes pour venir à bout de la fragmentation du secteur et créer ainsi les conditions de son intégration qui ne peut réussir que si on arrive à adosser les autres activités (agricole, touristique…) au secteur industriel en accordant une attention particulière à la problématique d’articulation inter et intrasectorielle. En d’autres termes, sans une intégration intersectorielle, l’intégration intrasectorielle a peu de chance de réussir.Par ailleurs, la taille de l’unité industrielle est problématique. Plus de 98% des entreprises industrielles sont des Très petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME). Il est difficile dans ce cas de parler d’une nouvelle relation entre grands groupes et PME sans pencher au préalable sur cette problématique et se demander comment on peut inciter ces TPME à avoir la taille critique. D'après notre expérience de terrain, les patrons des TPME ont tendance à ne pas se plaindre de leur taille pour des raisons subjectives et objectives. Comment les amener à contourner la contrainte de la taille tout en les rassurant ? Le réseautage est l’une des formules idoines pour gérer les susceptibilités, vaincre le scepticisme et permettre à ces patrons de garder la main sur leurs actifs tant qu’ils persistent à chosifier l’entreprise et à la percevoir comme une chose au même titre qu’un lopin de terrain ou un appartement. Sans une réorganisation des filières des TPME, leur arrimage à la grande unité aura peu de chance de réussir. Je constate que ce préalable a été évacué par les auteurs de la nouvelle stratégie industrielle.

2. Des outils de soutien adaptés au tissu industriel« L’amélioration de la compétitivité des PME est un enjeu crucial. Le Plan d’accélération industrielle prévoit pour ce chantier une batterie de mesures intégrées qui devraient instiller chez les entreprises une démarche d’innovation et d’amélioration de la qualité, en leur offrant un accès aux investisseurs, au financement et aux marchés. »

Les outils sont nécessaires, mais insuffisants. Sans la prédisposition du secteur industriel à se prendre en charge et à s’approprier le nouveau plan, ces outils ne produiraient pas

l’effet escompté. Le politique n’a pas compris que l’innovation, l’amélioration de la qualité, le financement et j’en passe ne relèvent pas de son bon vouloir. La preuve est que cette disposition qui a quasiment figuré dans les différentes politiques, dites industrielles sous des formulations différentes, n’a eu qu’un impact mitigé.La reconduction de cette disposition sans discernement montre que le politique n’accorde aucune importance à la capitalisation de l’expérience et néglige, par conséquent, son transfert. Chaque nouvelle équipe ministérielle se comporte comme si le département dont elle a la charge n’existait pas auparavant et que tout reste à faire. Elle n’a pas non plus compris que « ceux qui ne gardent pas le passé en mémoire sont condamnés à le répéter » d’une manière

beaucoup plus dramatique. Ce n’est pas la reproduction des mêmes erreurs qui est inquiétante, c’est la perte de temps qui est préoccupante, car elle est synonyme de déception, de défiance et de manque de confiance en soi.

Pour mieux maîtriser ces outils et parer à d’éventuels dérapages, il convient de soumettre le nouveau plan à une procédure claire, précise et transparente de suivi, d’évaluation et de réajustement. Nous avons assez des réformes qui se succèdent et se ressemblent et qui ne sont soumises à aucune évaluation. Le Maroc sait ouvrir des chantiers de réformes, mais il ne sait pas les terminer, à quelques exceptions près, parce qu’il n’a pas su promouvoir la culture de contrôle et de la reddition des comptes.

3. Un positionnement à l’international plus marqué« Le troisième bloc de mesures vise à améliorer le positionnement du Maroc à l’international. S’agissant du positionnement sur les marchés extérieurs, il est prévu d’améliorer la compétitivité de l’offre exportable du Royaume en concentrant les efforts d’accompagnement sur les secteurs à fort potentiel d’exportation. Il est envisagé, également, d’assurer un suivi rapproché des ALE en cours de négociations, et une surveillance sans relâche du respect des dispositions des ALE existants. »J’aurais bien voulu croiser les doigts pour que ce troisième bloc produise ses effets, mais l’expérience de ces trois décennies d’une politique laxiste, résolument tournée vers l’extérieur, en faisant de la compétitivité et de l’attractivité son cheval de bataille, me laisse penser qu’on est en présence d’un vœu plutôt pieux.Quant à la déclinaison de la vocation africaine du Maroc, elle a plus de chance de se concrétiser parce qu’elle est portée par la haute autorité du pays.

La déclinaison de la vocation africaine du Maroc, ellea plus de chance de se

concrétiser ...

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IDM : Quel bilan dressez-vous pour le plan Emergence ?

MC : Je comprends la tentation de l'Administration à brosser un tableau plutôt rose du plan Emergence ; d'aucuns diraient même c’est de bonne guerre ;mais cette tentation peut avoir des conséquences néfastes sur la suite. Un diagnostic partiel ou mal fait biaise la stratégie et la condamne à l’échec. On a beau dire que le diagnostic de l’économie marocaine en général et de certaines questions en particulier est connu, alors que la réalité est autre. C’est le cas du dossier de la compensation ou même de la retraite. Il faut que le politique arrive à intérioriser l’idée selon laquelle un problème bien posé constitue 50% de la solution.Le ministère fait valoir la création par Emergence de 110.000 emplois entre 2008 et 2011, soit 27000 postes par an bruts. Rien sur les destructions de l’emploi ; rien non plus sur la tendance à la désindustrialisation. Il nous parle des exportations du secteur qui se sont accrues de 22%, mais rien sur le déficit commercial. Il fait remarquer que les infrastructures ont connu une nette évolution, des leaders industriels mondiaux se sont implantés, accélérant en cela la cadence des investissements directs étrangers qui ont connu une évolution atteignant un taux moyen annuel de 23% depuis 2009 ; mais il reste muet sur le cap qui se dégage de la comparaison entre les résultats escomptés et les réalisations ainsi que sur les raisons qui sont derrière cette performance relative. Il n’a pas pris la peine de faire la part des choses et de se pencher sur l’impact du conjoncturel sur cette évolution pour mesurer la contribution effective du plan Emergence.Enfin, le nouveau plan renferme des critiques diffuses du plan Emergence et fait ressortir ses limites qu’il a cherchées à dépasser.

IDM: Pensez-vous que l’écosystème des affaires au Maroc est favorable à ce que j’ai déjà évoqué ?

MC : J'ai déjà répondu à cette question d’une manière indirecte. Je ne pense pas. L’affairisme tend à dominer au détriment de l’entrepreneuriat qui brille par sa défaillance. De surcroit, les politiques publiques pèchent par leur incohérence. Le Maroc n’a pas de vision, ne dispose pas d’une stratégie globale. Il court derrière plusieurs lièvres en même temps au point où il risque de devenir un simple lièvre pour des pays comparables qui se sont fixé un cap et qui savent où ils vont.La question qui me taraude est la suivante : où va le Maroc ?

IDM : Partagez-vous l’avis qui dit que les accords de libre-échange signés par le Maroc nuisent à son tissu industriel ?

MC : On devrait en principe évaluer ces accords pour répondre d’une manière précise et objective. Cela dit, la désindustrialisation qui ressort des chiffres que j’ai déjà évoqués m’incite à partager le point de vue de ceux qui pensent que les accords du libre-échange nuisent au tissu industriel. Je dirai même que le libre-échange qui fait valoir le politique et les intérêts catégoriels est de nature à nuire à l’économie dans son ensemble d’autant plus que cette économie ne s’est pas préparée à l’ouverture des frontières. La preuve est qu’elle est peu compétitive. Faut-il rappeler que le Maroc enregistre des déficits avec tous les pays avec qui il a signé des accords de libre-échange ? Le risque est de se retrouver demain avec des comptoirs qui nous rappellent un passé très proche et des ateliers et qu’on se contentera de la représentation et de la sous-traitance.

IDM : À votre avis, comment le Maroc pourra-t-il un jour entrer dans la cour des pays industrialisés comme le Brésil ou du moins la Turquie ?

MC : Le jour où il va comprendre que si le Bon Dieu nous a donné du soleil, il nous a donné aussi de l’intelligence. Ce jour-là, il va se rendre compte de l’importance du message que nous a livré Shahrazade et qu’on peut résumer ainsi : INNOVER OU PERIR.

Propos receuillis parMohamed Mounjid

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La nouvelle stratégie industrielle visant à passer à une forte productivité, a bien identifié les obstacles et mis en avant

l’objectif de mettre l’industrie comme pilier du développement économique et sociale. La stratégie s’appuie bien sur les trois composantes :La vision claire déclinée en objectifs réalisables (passer de 14 à 23% du PIB et surtout 500.000 emplois durables d’ici 2020)• L’environnement international et régional, étudiés à travers des benchmarks bien analysés.• Les ressources et capacités internes ont été identifiées et évaluées, à commencer par l’élaboration de cette stratégie qui, si l’on en croit ’jeune Afrique’ a été menée par des compétences humaines internes et locales.

Les écosystèmes Le premier axe, considéré comme le plus important de la stratégie, passe par la

création des écosystèmes industriels, notion plus intégrée et plus spécifique que les « clusters ». Toutefois et tels que c’est présenté par les medias, les écosystèmes restent rattachés aux métiers de la sous-traitance principalement à l’export. Ce qui est un grand pas pour le « made in Morocco», mais soulève quelques remarques : • Ces écosystèmes pourraient jouer également un rôle pour promouvoir une industrialisation par la substitution des importations. En effet, bien des équipements importés, ont envahi les petites exploitations agricoles car elles répondent aux conditions et exigences des petits et moyens agriculteurs. Ces machines ne représentent aucune difficulté technique et un petit groupement d’industriels locaux pourraient largement les fabriquer et les commercialiser dans les mêmes conditions de prix et services.• Ces écosystèmes devraient être mis en œuvre, coordonnés et accompagnés par

une présence publique forte, puissante et légitime. Le fonctionnement des groupements d’industriels en Europe, est régi par la perception des intérêts individuels dans l’intérêt général. Au Maroc, par manque d’expériences et eu égard à la composition du tissu industriel local, les initiatives propres pour un objectif commun, même décliné en intérêts partagés n’aboutissent que rarement. C’est pour cela que ces entités auront besoin d’autorité sous forme d’agence publique de moyens, qui tire sa force de la chose publique, sa puissance des financements et des solutions qu’elle pourrait proposer et sa légitimité de la compétence technico économique de ses dirigeants et des prestations qu’elle apporterait. Ses services pourraient être l’amélioration de la valeur par le tissage de relation avec les centres de R&D, la prospection de partenariats technologiques, l’exploration et le renforcement de liens privilégiés avec les autres secteurs du tissu

Par Hamid El Mahmoudidu Cabinet franco-marocain spécialisé dans la stratégie

AVIS DE SPECIALISTE

La nouvelle stratégie industrielle visant à passer à une forte productivité,

a bien identifié les obstacles et mis en avant l’objectif de mettre l’industrie

comme pilier du développement économique et social

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économique (tourisme, agriculture, pèches, construction, énergies etc.). Comme l’a signalé le rapport du CNUCED en Juillet 2011 « La technologie et l’innovation sont indispensables pour le développement économique, et l’industrie manufacturière a traditionnellement été la première source d’innovation dans l’économie moderne. En outre L’industrie manufacturière est un très important moyen de diffusion des nouvelles technologies dans les autres secteurs de l’économie ». • Les écosystèmes pourraient proposer une solution à un besoin identifié et ce aussi bien comme force de proposition aux donneurs d’ordre internationaux qu’aux promoteurs des substitutions des importations locales et même régionales. L’agence qui coordonne les écosystèmes pourra également chercher des complémentarités pour répondre aux contraintes logistiques ou de synergie, avec des pays voisins ou les nouveaux pays industrialisés Chine, Inde, Brésil, Malaisie, etc...• Ces écosystèmes pourraient intégrer les éco-industries et anticiper sur les contraintes dictées par la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Ils pourront faire de cette approche une opportunité qui faciliterait l’adaptation aux transitions mais aussi un créneau d’industrialisation à forte valeur ajoutée.

FinancementL’autre pilier de la stratégie est de faciliter le financement de projets industriels en impliquant davantage les banques, mais aussi à travers la création d'un fonds de développement industriel à fonds perdu de 20 milliards de dirhams, porté par l'Etat, qui aura pour objet le soutien d'initiatives d'investissements dans l'industrie, à hauteur de 3 milliards de dirhams par an. Il ne pourra pas prendre de participations dans les projets financés, mais juste les soutenir, les accompagner, à travers des subventions.

Le financement a toujours constitué un impératif à l’investissement industriel. Le recours aux bailleurs de fonds internationaux rajoute à la difficulté de la rareté l’exigence des instances internationales dont notamment l’OMC . Le rapport publié en juillet 2011 par la CNUCED mentionne que les pays africains qui ne sont pas des PMA auront une moins grande latitude pour poursuivre une stratégie de remplacement des importations qui s’abriterait derrière des droits de douane élevés ou qui procèderait à une libéralisation tarifaire progressive et sélective. Cette situation est aggravée par l’insertion du principe relatif au traitement national dans les règles de l’OMC, qui veut que les entreprises

étrangères et les biens étrangers bénéficient du même traitement que les entreprises locales et que les produits locaux du pays.• Les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) interdisent le recours à des instruments de politique industrielle comme les contingents et les prescriptions concernant la teneur minimale en éléments d’origine locale.

C’est pourtant ce qu’a fait le Québec dans l’appel d’offres afférent à la fourniture d’électricité d’origine éolienne et qui a exigé un minimum requis relativement à l’Intégration Industrielle en poussant à la fabrication locale de certaines composantes de ces équipements.

Dans le même secteur de l’industrie éolienne, L’appel d’offres portugais prévoyait une bonification de l’intégration industrielle sous forme de création d’un cluster éolien, à hauteur de 35% de l’évaluation des offres.

L’appel d’offres de l’éolien Offshore français, dont les premiers lots ont été attribués courant 2012, repose sur une plage de tarif fixée dans laquelle les soumissionnaires pouvaient faire leurs propositions. Le poids accordé au tarif de l’électricité produite (40 points sur 100) est le même que celui du volet industriel.Les deux appels d’offre portugais et français n’exigent pas de minimum requis au niveau de l’intégration industrielle mais lui accorde une importance déterminante de respectivement 40% dans le modèle Français et 45% dans le modèle Portugais. Le modèle québécois l’impose à hauteur de 43 %.

Le financement et son mode actuel constitue une vraie difficulté et une entrave à promouvoir une politique d’industrialisation. Il est vrai que la compensation ou l’offset peut générer quelque 30% de contenu local mais souffre de beaucoup de faiblesses :• Dans le cas de projets spécifiques, comme ceux liés aux énergies renouvelables au Maroc la taille du programme est étudiée en fonction d’un ensemble de critères dont le seuil minimum pour une industrialisation viable, la visibilité pour l’industriel et l’effet d’entrainement des autres secteurs d’activité. L’Etat intervient aussi bien dans le véhicule de production que dans la garantie de financement et l’octroi de taux d’intérêts préférentiels. C’est un ensemble d’actions pour faire bénéficier le secteur concerné par l’investissement des retombées industrielles et économiques. C’est une filière à forte valeur ajoutée appelée à se développer aussi bien au Maroc que dans les pays voisins. Ce sont des opportunités pour faire immerger des champions locaux prompts à s’attaquer aux marchés africains et arabes.

« Beaucoup de pays en développement et

de pays en transition sont contraints de revoir leurs

stratégies de développement, par trop dépendantes des

exportations »

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• Les compensations et l’offset s’orientent généralement vers des activités non durables et non porteuses d’une grande valeur ajoutée.

Parmi les solutions d’ingénierie financière que doit trouver l’instrument de financement, celles qui permettent de lever ces obstacles, car malgré les rigidités des directives de l’OMC il y a encore des possibilités de contournement pour permettre l’industrialisation.

Dans tous les cas, il faut distinguer entre les marchés de fournitures de biens et travaux ou services limités à la bonne exécution et les autres généralement régis par des Partenariats Publiques Privés. Ces derniers sont généralement structurants et ont une durée de vie beaucoup plus longue. Dans cette séparation il y a lieu également de s’ingénier à trouver des voies et des argumentations opposables aux règles des organismes internationaux de financement.

Les zones industrielles

Autre levier activé: la refonte du modèle actuel des zones industrielles. Les zones situées souvent à la périphérie des grandes villes devraient être supplantées par l’édification de zones industrielles proches des centres d'activité. La stratégie cherchera à les rendre surtout accessibles aux industriels. C’est l’un des points bloquant l’expansion de l’investissement industriel. L’occasion de cette remise en question est propice pour intégrer le critère de l’économie circulaire et la mutualisation de certains moyens de production. Il reste évident que le schéma du centre ne convient pas à toutes les industries.

Les IDE

La stratégie se veut plus agressive sur

l'attractivité des IDE . Et pour cela, on compte s'appuyer sur des banques d'affaires internationales pour cibler les capitaines d'industrie du monde.Certes les IDE sont primordiaux à la promotion de toute activité. Mais n’oublions pas qu’une grande partie de l’industrialisation chinoise est due à la diaspora de ce pays aux Amériques. La diaspora pourra jouer un rôle, peut-être pas similaire mais surement bénéfique pour l’industrialisation, principalement pour les PME et les TPE. On pourrait éventuellement élargir l’intérêt aux autres communautés africaines si on peut se prévaloir d’une orientation d’intégration régionale ou continentale..

Conclusion

Le rapport de la CNUCED, relève que la production de valeur par l’industrie Considérée comme l’un des moteurs du développement économique, présente des effets de synergie et d’entraînement sur d’autres secteurs. Elle est une source de demande essentielle pour les autres secteurs. Les entreprises manufacturières sont notamment très consommatrices de services de banque, de transport, d’assurance et de communication. En outre, le secteur manufacturier dynamise la croissance du secteur agricole en créant de la demande. Ce secteur a donc d’importants effets d’entraînement en aval et en amont et contribue ainsi à l’investissement intérieur, à l’emploi et à la production aux fins du développement.

Plus de cinq ans après le début de la crise financière mondiale, l'économie est toujours en plein désarroi. Malgré des politiques monétaires, les grands pays développés n'ont pas réussi à relancer l'offre de crédit et la demande globale. L'austérité budgétaire et les compressions salariales observées dans beaucoup de pays développés continuent

d'assombrir les perspectives à court mais aussi à moyen terme. Certains pays en développement et pays en transition, par des politiques particulières, sont parvenus à amortir l'impact de la crise financière et économique qui a frappé les pays développés. Toutefois, l'extinction progressive des effets de ces mesures et la morosité de l'environnement économique extérieur font que ces pays ont bien du mal à renouer avec une croissance dynamique.

Pour s'adapter à ce qui apparait a présent comme une réorientation structurelle de l'économie mondiale, beaucoup de pays en développement et de pays en transition sont contraints de revoir leurs stratégies de développement, par trop dépendantes des exportations.D’ailleurs, des stratégies de croissance qui reposent essentiellement sur les exportations et qui sont appliquées simultanément par de nombreux pays atteignent forcément un jour leurs limites: la concurrence fondée sur le faible coût unitaire du travail et sur une fiscalité basse peut avoir des conséquences sociales catastrophiques. Dans les circonstances actuelles, ou la progression de la demande des pays développés devraient demeurer longtemps faible, il est indispensable de rééquilibrer les moteurs de la croissance au profit de la demande intérieure. C'est un formidable défi pour tous les pays en développement. A la différence de la croissance tirée par les exportations, les stratégies de développement qui privilégient la demande intérieure peuvent être menées par tous les pays simultanément sans concurrence salariale et fiscale contreproductive. De plus, si de nombreux partenaires commerciaux du monde en développement parviennent à accroitre leur demande intérieure simultanément, ils peuvent stimuler le commerce Sud-Sud.

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Zahra Maafiri, DG de Maroc Export, retrousse ses manches. Il ne s’agit pas de préparatifs à une joute oratoire au

féminin, mais bel et bien d’une course contre le temps. Lequel est son ennemi numéro 1. Preuve : elle ne laisse pas le temps au temps pour perdre du temps. A la clef : un agenda trop chargé et des objectifs bien ciblés. Parce que 2016 est déjà aujourd’hui pour cette personnalité aussi influente, elle a mis sur les rails un programme triennal (2014-2016) englobant 530 opérations promotionnelles à destination des quatre coins du monde. Tous les secteurs à fort potentiel à l’export sont concernés : Fruits et Légumes, Agro-Industrie, Produits de la mer, Textile, Cuir, Pharmaceutique, Automobile, Aéronautique, TIC¬-Offshoring, Electrique et Electronique, BTP, IMME, Chimie et Parachimie, Plasturgie, Eau, Avicole. Mais pas seulement. D’autres secteurs potentiellement exportateurs sont encouragés à savoir le Conseil, la R & D ou encore la Formation. Et parce qu’elle a cette fibre exportatrice qui donne à s’ébahir, Dame Promotion des exportations du Maroc ose les secteurs de l’Audio-visiuel et la Culture ! Certes ce cadrage sectoriel veut dire donner

la chance à tout le monde, mais est-ce pour autant la solution « novatrice » adéquate ? Toute la question est là. D’autant plus qu’il

s’agit d’un jeu d’acrobatie entre une obligation de résultat et une obligation de moyens.

D’ailleurs, Maafiri n’a pas à rougir comparativement à ses prédécesseurs. Mieux encore,

sa feuille de route triennale atteste d’une agressivité commerciale new-look. En plus de la

nouvelle approche multisectorielle, elle a mis en place une stratégie de redéploiement et de

diversification géographique bien définie. L’Afrique, les pays du Golfe, l’Amérique du Nord,

l’Asie voire même l’Amérique latine font désormais l’objet de missions prioritaires. Reste à

savoir si les exportateurs marocains sont bien rodés pour trouver une place sur ces marchés

où la concurrence mondiale est des plus farouches. Bien que certaines voix s’élèvent pour

demander un accompagnement personnalisé à l’international…

530 opérations promotionnelles à destination des quatre coins du monde sont programmées au titre du nouveau plan d’action triennal (2014-2016). Pour certains juste un chiffre; pour Dame Promotion des exportations du Maroc,un vrai cap.

Maroc Export : Maafiri retrousse ses manches

84 actions promotionnelles en 2013Maroc Export

2013 fut un exercice qui n’est pas de tout repos pour Maroc Export. Ils sont en fait plus de 15 secteurs à être accompagnés sur une trentaine de marchés ciblés. La déclinaison sectorielle laisse dégager une prédominance de deux activités que sont le Textile-Cuir et l’Agroalimentaire avec une part de 24% chacune. Suivies et de loin par les Produits de la mer, l’Automobile et les TIC-Offshoring avec respectivement 10%, 9% et 6%. Arrivent ensuite les secteurs électrique (5%), pharmaceutique (4%) et IMME (2%). S’agissant de la couverture géographique, l’Union européenne garde encore une longueur d’avance avec 47% des activités promotionnelles. L’Afrique subsaharienne et les pays du CCG bénéficient toujours d’une attention particulière en s’adjugeant respectivement 16% et 8% des parts. La diversification des marchés s’étend aux marchés de l’Amérique du Nord (7%), l’Asie (4%) et les pays de l’UMA (4%).

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Un plan d’urgence pour une situation d’urgence

Partant du principe que les contraintes extérieures rendent plus ingénieux, la nouvelle feuille de route attentivement

concoctée regroupe trois ingrédients de choix. Le premier consiste à renforcer le dispositif de soutien à l’export. Un soutien qui couvre trois dimensions. D’abord un appui commercial de plus en plus consistant à travers les actions promotionnelles de Maroc Export dont le nombre a été révisé à la hausse. Sur le même chapitre, Maroc Taswiq, bras opérationnel de l’export des produits de l’économie solidaire, se verra lui aussi doter des outils avantageux pour aider les coopératives désormais éligibles aux différents programmes d’appui à l’export à mieux maîtriser leur développement international. Ensuite, favoriser la facilitation des procédures administratives en étendant

la dématérialisation des formalités et en accélérant la tendance vers le guichet unique. Conscient de la sous-utilisation des programmes d’appui à l’export (contrats de croissance à l’export, audit à l’export, Export Synergia…) due, entre autres, à un déficit de communication, Abbou a relancé la Caravane nationale de l’export mise en route en 2010, avec un concept revisité allant du changement de la dénomination pour devenir « les Rencontres régionales de l’export » , jusqu’à l’extension du périmètre géographique pour couvrir cette fois-ci les 16 régions du Royaume, et ce du 17 avril au 16 juin 2014. Les recommandations issues de ces Rencontres devraient servir de point de référence au montage définitif du plan d’urgence. Le deuxième ingrédient porte sur une analyse plus affinée des différents accords de libre-échange (ALE), signés par le Maroc et ses partenaires sans pour autant impacter la politique de libéralisation du commerce des biens et des services en

place, en total respect des engagements et des conditions fixées par l‘0MC. Pour rappel, le Maroc a signé des ALE avec 56 pays couvrant un marché de plus d’un milliard de consommateurs. Selon le ministre, il ne s’agit pas de revoir les ALE conclus mais plutôt d’identifier les points où ça ne marche pas, question d’évaluer l'efficacité commerciale en termes de croissance et d’emploi. Il écarte l’éventualité que les ALE sont à l’origine de l’aggravation de notre déficit commercial. A contrario, ils procurent des avantages concurrentiels et offrent des opportunités payantes, mais qui restent sous-utilisées. Pour les futurs ALE, la nouvelle stratégie se veut plus prudente quant à leur négociation. C’est ainsi qu’une instance inter-ministérielle sera dédiée pour faire avancer les accords tout en menant des études d’impacts afin de compenser les éventuels effets négatifs. « Il est envisagé, également, d’assurer un suivi rapproché des ALE en cours de négociations, et une surveillance sans relâche du respect

Gérer les priorités, éviter de reproduire les erreurs du passé et atténuer les déficits commerciaux…tels sont les mots d’ordre du plan d’urgence lancé tout récemment par le ministre chargé du Commerce extérieur, Mohamed Abbou. L’impératif d’une convergence des stratégies sectorielles le fait basculer d’un devoir d’urgentiste à celui d’équilibriste avec des ressources humaines et financières limitées.

Abbou, le sauveur qui arrive à temps ?

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des dispositions des ALE existants », note le Plan d’Accélération Industrielle 2014-2020.A ce titre, il faut dire que certes un ALE n’est pas un mal en soi dans la mesure où il permet de fortifier l’immunité compétitive du tissu entrepreneurial, et de garantir la liberté de commerce sur le même pied d’égalité avec les entreprises du pays partenaire. Seulement que le tissu local se trouve fragilisé par les failles de sa mise à niveau conjuguée à une compétitivité moins satisfaisante. Un constat corroboré par le nouveau Plan industriel soulignant qu’il faut dynamiser la capacité d’exportation sur les plans quantitatifs et qualitatifs. Le troisième ingrédient, qui n’est en réalité qu’un dispositif complémentaire du précèdent, cherche une intégration optimale au commerce mondial sans pour autant compromettre les intérêts de l'économie nationale. En effet, un contrat-programme pour la réglementation des importations est en gestation. Objectif: limiter les importations et favoriser la production locale. Autrement dit, user des instruments de la protection pour protéger ses industries nationales et partant, juguler quoique relativement le déficit extérieur. Et comme l’a bien dit à maintes reprises le ministre d’éviter de tomber dans le piège de se transformer en un pays de consommation par excellence.

Le défi du « consommer local » !

La question qui se pose ici est de savoir exactement le périmètre de jeu pour limiter ses importations massives qui ont culminé à 419 milliards de dirhams à fin 2013 contre 293 milliards de dirhams d’exportations, soit un déficit de 126 milliards au lieu de 22 milliards seulement en 2000. En somme,

le déficit ressort à 14,4% du PIB contre 5,7% sur la même période de référence. Sa détérioration continue porte la capacité de son absorption à seulement 53% au lieu de 132%. Pour plus de détails, la balance commerciale des biens affiche un déficit de 200 milliards en 2013 au moment où celle des services marque un excédent. La langue des chiffres montre également que le taux de couverture des importations par les exportations est tombé à 70% contre 83% en 2000. Tout cela pour dire que la croissance économique tire vers le haut les achats en provenance de l’étranger à un rythme plus soutenu que celui de la production locale, comme l’atteste le taux de pénétration (indicateur qui mesure l’importance des importations par rapport à la consommation globale du marché), qui se situe à 45%. Cette croissance veut que « le déficit commercial en 2011 soit porté par le poids de la facture énergétique (45% du déficit commercial), des demi-produits (29% du déficit commercial) et des produits d’équipement(23% du déficit)», selon les résultats d’une étude sur les leviers de la compétitivité des entreprises marocaines , publiée par la CGEM. Il parait donc que ce déficit demeure difficile à résorber du moins durant cette période de dynamique territoriale constituée autour de grands chantiers d'infrastructures. Il ne reste plus qu’une marge de manœuvre non négligeable quand même, celle des produits finis de consommation, qui représentent 40% de nos importations. Et c’est là, semble-t-il, où le plan Abbou trouverait son compte. Mais là aussi un autre obstacle de taille se dresse, à savoir « la perception mitigée » de la qualité des produits fabriqués localement. D’autant que redonner assurance sur le «

consommer local » est un exercice qui n’est pas de tout repos...

Bilan 2013 des programmes d’appui à l’export

Des programmes sur mesure ont donné plus ou moins leurs fruits. A commencer par les Contrats de croissance à l’export dont le nombre des bénéficiaires s’est élevé à 74 entreprises en 2013. Lesquelles ont bénéficié d’un appui financier de 105 millions de dirhams. Grâce à cette manne elles ont réussi à générer un chiffre d’affaires additionnel à l’export de l’ordre de 935 millions de dirhams. Ce qui veut dire que 1 dirham investi rapporte un retour sur investissement de 8,5 dirhams. A noter qu’en 2014, 149 dossiers de candidature ont été déposés. S’agissant du programme Audit à l’export, 84 entreprises ont été sélectionnées pour bénéficier du dispositif de soutien en place dont le budget global s’élève à 27 millions de dirhams. Enfin, 18 groupements d’exportation (120 entreprises) ont été juridiquement constitués dans le cadre du programme d’appui aux consortiums d’exportation « Export Synergia ».

EXPORT : Chiffres clés

• Le Maroc compte plus de 5.000 entreprises exportatrices contre près de 26.000 sociétés d’import.• Moins de 500 entreprises exercent une activité régulière à l’export.• 4.827 entreprises, soit 91%, réalisent un chiffre d’affaires(CA) inférieur à 50 millions de dirhams.• 52 sociétés drainent un CA supérieur à 500 millions de dirhams.• 415 entreprises ont un CA compris entre 50 et 500 millions de dirhams.

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IDM: Tout d’abord ,pourquoi un Soft Centre ?

JB: Créé le 28 mai 2010, à un moment historique du développement du Maroc dans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, le Soft Centre, comme son nom l’indique, est un centre de R&D spécialisé en développement logiciel et mis à la disposition des opérateurs du secteur des Technologies de l’Information, dans le but de leur permettre de produire du logiciel innovant en faisant appel aux compétences universitaires.

En effet, depuis le démarrage officiel de ses activités en 2011, le Soft Centre (Centre de R&D logiciel, dont la présidence est assurée par l’ANRT - www.anrt.ma), n’a cessé d’œuvrer pour établir un "pont de l’innovation " entre le monde universitaire de la recherche dans le domaine du logiciel et le monde de

l’entreprise privée et de l’entrepreneuriat, au sein du secteur des technologies de l’information. Et ce, dans l’objectif de faire des découvertes capitales sans précédent, dans le domaine de l’innovation logicielle.Ainsi, jusqu'à aujourd’hui, cette dynamique de l’innovation a pu être orchestrée, via l’entremise du Soft Centre, à la fois par la conviction des opérateurs IT, des donneurs d’ordre privés et publics, mais aussi par l’engagement des institutions universitaires de recherche.

IDM: Quelles en sont les retombées à ce jour ?

JB: Depuis 2011, après 3 années d’existence, les chiffres suivants témoignent de la construction progressive de ce pont de l’innovation. Et ce, notamment grâce à la mise en œuvre d’une approche collaborative en termes de Clustering :

• Auprès des établissements universitaires :- Implication de 70 ressources universitaires (chercheurs, thésards et ingénieurs PFE)-Fédération de 20 établissements universitaires- 49% des PFE, qui sont intervenus au sein de nos projets R&D, ont été recrutés (recruter ici est une impropriété : on recrute une personne je ne sais la signification de « PFE ») par nos donneurs d’ordre. Soit la création de 18 emplois indirects pour 37 PFE syndiqués par nos soins.• Auprès des opérateurs IT du marché : - Adhésion de 20 donneurs d’ordre (dont 2 étrangers)- Réalisation de 32 projets de R&D logiciels- Intégration de 8 opérateurs TIC marocains, opérant dans le segment des applications mobiles, au sein du ‘’Skill Center for Mobile Applications’’.• Auprès des donneurs d’ordre publics et privés :

ENTRETIENavec Jamal BENHAMOUDG du SOFT CENTRE

Le Soft Centre se veut une institution d’appui à la promotion

et à l’innovation logicielle, inhérent au Programme Maroc Numeric,

Récit d’un positionnement qui s’est construit progressivement

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de services partagés au profit des Start-up souhaitant s’investir dans ce créneau.

Cette plateforme a démontré – à ce jour - qu’elle permet aux TPE (Très Petites Entreprises) d'accéder à des donneurs d’ordre de grande envergure. Et ce, tout en assurant la genèse de solutions innovantes sur le segment du mobile, via l’implication de ressources universitaires syndiquées par le Soft Centre.

Organisée sous la forme d’un processus de ‘’Clustering’’, cette nouvelle approche nous a ainsi permis de dynamiser le processus d’innovation logicielle, dans le cadre d’un processus collaboratif, syndiquant à la fois la demande utilisatrice, l’offre technologique, ainsi que les compétences universitaires via l’entremise du Soft Centre. En effet, les actions d’accompagnement du ‘’ Skill Center for Mobile Applications ‘’ ont commencé générer un premier retour, sur l’exercice 2012, via la mise en production de nombreux projets. Et ce, tout en notifiant que la dynamique relative à ce domaine d’activité n’a commencé à prendre sa vitesse de croisière qu’à partir de 2013, suite à l’engouement exprimé par les grands donneurs d’ordre publics et privés.

La courbe d’évolution ne fait donc que se confirmer, puisque d’autres institutions marocaines commencent à s’adosser à ce dispositif dans le but de délivrer des services innovants et de proximité à leurs clients et partenaires cibles. Cette dynamique impulsive devrait ainsi nous permettre d’atteindre, d’ici fin 2014, l’objectif d’une mise à disposition de près d’une trentaine de services répondant aux besoins quotidiens du citoyen marocain, via les applications mobiles en question.

IDM: Sur la base de ce retour d’expérience, quelle démarche stratégique adopterons-nous sur l’exercice 2014 ?

JB: Pour l’exercice 2014, notre objectif est d’assurer une duplication à large échelle des activités du Soft Centre, tout en assurant une mise en synergie des différents dispositifs d’appui à l’innovation existants à ce jour au Maroc.

À cet effet, il faut préciser que les résultats tangibles précédemment énoncés, quant

aux réalisations du Soft Centre, ont découlé, de manière structurelle, quant au fort positionnement des activités de R&D du Soft Centre sur le segment des services et applications mobiles.En effet, cette approche nous a permis de faire émerger des solutions innovantes, dans le domaine du mobile, permettant de répondre à des besoins tangibles. Ce constat permet d’engager notre conviction quant au développement soutenu du ‘’Skill Center for Mobile Applications’’ sur l’exercice 2014, ce procédé étant à même capable de générer une dynamique récurrente.C’est en ce sens où sur l’exercice 2014, le Soft Centre continuera à maintenir le développement de ses deux principaux domaines d’activités, à savoir : • La recherche appliquée et le développement logiciel, c’est-à-dire la génération de projets de recherche et développement logiciel ‘’à la demande’’ pour compte de tiers.• Le centre de services partagés (’Skill Center for Mobile Applications’’), via la mise à disposition de ressources mutualisées (infrastructures partagées, données d’intérêt commun, expertise technologique, networking) au profit des opérateurs du secteur des TI, dans le but de favoriser l’essor du tissu des TPE et PME sur le segment des applications mobiles.Pour autant, notre objectif sur l’exercice 2014 consistera à établir les jalons d’un système de gouvernance qui permettrait de dupliquer, à plus large échelle, les premiers niveaux de réalisation du Soft Centre qui ont été réalisés sur une échelle plus réduite, notamment par la syndication des différents acteurs sur des projets e-gov de plus grande envergure ; sans omettre la nécessaire synergie à établir entre les différents dispositifs, existants à ce jour, pour ce qui relève de l’appui au financement de projets innovants dans l’industrie du logiciel.

En effet, notre lecture de l’environnement nous a permis de comprendre que ce ne sont pas les dispositifs de financement qui manquent, mais beaucoup plus les projets de R&D par rapport à la demande. Car il faut nécessairement avoir un donneur d’ordre (demandeur de l’innovation) en face pour justifier le lancement d’un projet R&D innovant répondant à ses besoins.

- Accompagnement de 16 donneurs d’ordres publics, via le ‘’Skill Center for Mobile Applications’’, pour la rédaction des cahiers des charges et CPS relatifs à 20 projets d’applications mobiles- Genèse et la mise en ligne sur les appstores de 8 applications mobiles pour le compte de 8 donneurs d’ordre publics, dont 5 ont bénéficié de l’accompagnement technologique du Soft Centre auprès des adjudicataires finaux.

IDM: Quels enseignements en retirons-nous ?

JB: Bien que la plupart des observateurs sont satisfaits des premiers résultats engendrés, nous estimons que le démarrage opérationnel des activités du Soft Centre a pris du temps en raison de la difficulté à mobiliser les entreprises IT nationales autour de ce projet novateur. Ce premier niveau de résultat a nécessité un véritable travail de fond et de forme, en termes d’approche du marché, pour drainer le maximum d’entreprises marocaines du secteur des Technologies de l’Information vers le Soft Centre.

Nous expliquons ce retour d’expérience par l’existence de plusieurs facteurs. En effet, à la différence des donneurs d’ordre étrangers, qui produisent du progiciel et sont donc à même de pouvoir externaliser une partie de ce dernier dans le cadre de projets R&D, la plupart des entreprises marocaines ne produisent encore que du développement spécifique. Ce dernier point est donc un facteur contraignant quant à la formalisation et à l’externalisation de projets R&D auprès du Soft Centre.

Qui plus est, pour ce qui relève des start-ups, ces dernières ont des propositions de sujets très intéressants. Mais elles ne disposent pas du budget nécessaire à la réalisation des projets en question par le Soft Centre, de plus, la valorisation de ces projets reste faible. D’autant plus que leurs projets ne sont pas ‘’pré-vendus‘’ pour en assurer un débouché commercial tangible. C’est pour répondre à cette dernière problématique (notre ambition étant - à juste titre - d’accompagner les donneurs d’ordre IT, afin de les aider à transformer leurs ambitions technologiques en réalités logicielles) que nous avons mis en œuvre un ‘’Skill Center for Mobile Applications ‘’, en tant que Centre

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ENTRETIENavec Hassan ROUISSIDirecteur de TNC

IDM: Qui est TNC ?

HR :TNC est une start-up créée en 2010, dont l’activité s'articule principalement autour des activités à valeur ajoutée en marketing digital et développements de solutions multimédias et applications mobiles.

IDM: En quoi cet outil de marketing digital est-il innovant ?

HR: De prime abord, la collecte de contacts, ainsi que la constitution d’une base de données de prospects qualifiés, est la règle d’or dans le domaine du marketing digital. C’est en ce sens que le marketing digital repose sur l'utilisation du courrier électronique, des SMS ou du web dans le cadre de campagnes marketing. Qui plus est, à ce niveau, l'e-mail et les SMS en particulier sont très intéressants, car ils permettent d'envoyer à faible coût des messages promotionnels pour essayer d’acquérir de nouveaux clients ou persuader des clients

existants d'acheter de nouveaux produits.

Suite à cette démarche, l'accès à des bases de données d'e-mail ou de numéros de téléphone d'utilisateurs ayant accepté de recevoir de tels messages promotionnels est donc un besoin récurent des entreprises utilisatrices. Pour ce faire, le concept du jeu-concours en ligne est un dispositif intéressant pour pouvoir commercialiser de telles bases de données d’e-mail/numéro de téléphone.

Afin de répondre à ce besoin, TNC – The Next Clic (Start-up bénéficiant de l’accompagnement du Soft Centre) avait réalisé une première version d’un jeu-concours en ligne permettant de faire participer plusieurs marques non concurrentes au même dispositif.

Dans le cadre de ce contexte, avec pour objectif corollaire d’anticiper les besoins du marché, TNC a souhaité industrialiser le concept actuel vers une version plus avancée en termes de maintenabilité et de capacité à répondre à l'augmentation du trafic.

Pour ce faire, le Soft Centre accompagne TNC dans le développement d’un générateur de jeux-concours en ligne, en ce sens où cette solution innovante se veut être la réponse à la problématique du moment, rencontrée par les annonceurs, relative à l’optimisation du coût d’acquisition client en mode B2C.

IDM: Sur quels procédés repose cette innovation logicielle ?

HR: Le but recherché à travers la mise en œuvre de ces jeux-concours mutualisés en ligne, réalisés dans le cadre d’opérations marketing, est :•D'offrir aux annonceurs partenaires, participant à une opération donnée, la possibilité de collecter une liste de contacts OPT-IN, c'est-à-dire acceptant d’être la cible d’une prospection directe effectuée par un canal marketing automatisé, le plus souvent l’e-mail.•De mettre en avant les offres des partenaires, ces offres pouvant être des offres spécialement mises en place pour le jeu ou simplement un renvoi vers les offres

Dans le cadre de son processus d’appui à l’innovation, le Soft Centre accompagne l’entreprise TNC (The Next Clic) dans le

développement d’un outil de marketing digital créateur de valeur : le Générateur de jeux

concours en ligne.

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être un salarié TNC, par exemple un salarié d’un partenaire. Ce qui impliquait donc des contraintes de disponibilité et une robustesse exemplaire, ainsi qu’un outil de gestion back-end convivial et ergonomique, car potentiellement utilisé par des ressources externes à l’entreprise TNC.

Les joueurs pourront donc :• S’inscrire• Consulter les lots• Parrainer• Consulter les offres partenairesLes partenaires pourront :• Se connecter sur leur compte• Voir l’évolution (métriques) du jeu• Télécharger la liste des contacts opt-in. Chaque téléchargement étant historicisé et notifié au partenaire sur son e-mail de contactEt sur chaque jeux, TNC n’a plus qu’à désigner un administrateur métier, qui sera chargé de :• Créer des instances de jeu grâce à l’assistant d’instanciation de jeux• Gérer les instances de jeu par serveur• Gérer les partenaires• Gérer les joueurs• Gérer les alertes (système, sécurité)

IDM: Quel a été le niveau de contribution du Soft Centre sur ce projet innovant ?

HR: La mise en œuvre de ce projet a nécessité la collaboration des équipes de recherche du Soft Centre ainsi que des équipes techniques de TNC - The Next Clic. Le Soft Centre y a participé activement en mettant à disposition des ressources universitaires qualifiées pour sa réalisation.

En termes de contribution, l’équipe de R&D du Soft Centre, a du délivrer les livrables suivants et décrits comme suit :• Un Générateur de jeux / Archétype de jeux :L’industrialisation des processus éprouvés grâce à la version précédente de la plateforme a permis à TNC d’automatiser un maximum de tâches aujourd’hui faites manuellement pour viser qu’un projet de jeu puisse se monter et devenir opérationnel, grâce à une logique d’Archétype de jeux.

Sur ce premier livrable, un Archétype de

jeu est un ensemble de comportements, d’interaction prédéfinie, de ressources graphiques et de variables communes à différentes instances de jeu. C’est donc l’abstraction d’un jeu.• Un Archétype de jeux standardL’Archétype de jeu standard est actuellement l’Archétype le plus souvent distribué par TNC à ses clients, d’où sa priorisation dans la feuille de route. C’est un Archétype qui propose aux joueurs de participer à un jeu avec différents lots à gagner en fonction de parrainages qu’ils pourront faire.Ses principales fonctionnalités sont donc :• L’inscription des participants au jeu• Le parrainage automatique d’autres joueurs à travers les principaux outils de messagerie Gmail, Outlook et Yahoo ou simplement par saisie des e-mails.• La mise en avant des offres partenaires.Ces pages d’interactions des joueurs sont servis par le serveur de la plateforme Jeux dont le rôle est de gérer la logique des jeux, en procédant notamment à :• Une confirmation d'inscription au jeu par e-mail et SMS (via un SMS gateway)• Un calcul du score de chaque participant en fonction du nombre de filleuls inscrits

IDM: Quelles sont les premières retombées de ce projet innovant ?

HR: Le dispositif d’appui à l’innovation logicielle du Soft Centre consiste tout aussi, en aval du projet, à lui apporter la visibilité qui se doit vis-à-vis des potentiels donneurs d’ordre publiques et privés.Pour ce faire, cette solution a été présentée, lors de la 3ème édition de la conférence annuelle des PME marocaines "SMB Roadshow 2014", organisée par le cabinet IDC, le 26 mars 2014 à l'Hôtel Hyatt Regency à Casablanca pour une demi-journée d'échange avec les acheteurs potentiels.

Cet évènement a permis d’expliquer comment l'utilisation efficace de cette innovation peut conduire les PME à réussir dans les conditions actuelles du marché, en exploitant les effets de leviers inhérents à cette solution. A cet effet, des premières intentions de commande ont été émises par des donneurs d’ordres annonceurs auprès de TNC.

du moment de chacun des partenaires.Cette collecte étant mutualisée entre les partenaires, ses coûts le sont aussi, notamment le plan média, permettant à TNC de proposer des coûts d’acquisition par contact opt-in plus compétitif.

Le jeu en question se présente sous forme d’une page Web sur laquelle l’utilisateur peut s’inscrire au jeu et découvrir les lots à gagner lors de l’opération, mais aussi, et surtout, parrainer d’autres joueurs. Une fois passée la phase de validation par mail et SMS, les lots sont attribués aux joueurs en fonction de leur score.

TNC, anticipant la future désaffection du marketing direct via e-mail veut que ce projet prépare les possibilités futures dans le e-marketing, à savoir l’utilisation du mobile, des réseaux sociaux et du datamining.

Le projet de R&D dont il est ici question a consisté à développer une plateforme de jeux-concours en ligne, intitulé ‘’Générateur de jeux-concours en ligne’’ qui industrialise les process actuels chez TNC lors de la création de nouveaux jeux-concours. Projet pour lequel les équipes de R&D du soft Centre ont eu à charge la conception et le développement de ce dernier.

Sur le plan des objectifs cibles, ce projet R&D a dû atteindre le niveau de réalisation décrit comme suit.Cette plateforme de jeux-concours en ligne doit supporter l’ensemble du cycle de vie des différentes instances de jeu, en fournissant les interfaces nécessaires aux différents acteurs concernés (joueurs, partenaires, administrateur métier).Pour ce faire, cette plateforme est respectivement accessible, via 3 interfaces utilisateurs, aux trois principaux types d’utilisateurs du système :• Les partenaires qui achèteront la liste de contacts générée par le jeu et proposent, pour ce faire, des lots à gagner.• Les joueurs qui acceptent de recevoir des offres promotionnelles des partenaires et qui veulent gagner des lots en invitant à participer au jeu un maximum de leurs connaissances.• L’administrateur métier, qui gère l’ensemble de la vie du jeu, de sa création à sa clôture. Qui plus est, il fallait tenir compte du fait que l’administrateur métier pourrait ne pas

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Selon Dr. MARFAK Taib, DRH et responsable de la communication, le Centre d’Etudes nucléaires de la

Mâamora a été mis en service depuis janvier 2003. Les études ont commencé en 1995 et la construction du Centre a pris 36 mois à partir de 1999. Le Centre s’étale sur 25 hectares avec une superficie construite de 22 000 m². Sur le plan ressources humaines, l’effectif du CNESTEN s’élève à 260 personnes dont plus du tiers sont des chercheurs, des docteurs, des ingénieurs, des techniciens qui sont formés sur place sur l’une des applications des techniques nucléaires. L’objectif futur du Centre est d’émerger au niveau national et international en tant que centre d’expertise, de formation et de recherche dans le domaine des technologies nucléaires. Le Centre est ouvert sur les universités, les opérateurs socio-économiques et à la coopération internationale, a-t-il noté. Dans le domaine industriel, le CNESTEN

travaille avec la Confédération marocaine des essais non destructifs (COMEND), organisme qui reconnait le CNESTEN en tant que centre certificateur. Le centre a développé, également, des moyens de mesure et d’instrumentation nucléaires qui utilisent la radioactivité comme outil de contrôle qualité et des process industriels.Le CNESTEN dispose, aussi, d’une quinzaine de conventions avec les universités, les centres de recherche ainsi que les entreprises publiques et privées. Ces conventions portent sur la recherche, le co-encadrement, les services utilisant l’outil nucléaire et la formation professionnelle dans les domaines de la sécurité, la radioprotection et les contrôles non destructifs.En relation avec les universités, le CNESTEN est impliqué dans des masters et a mis en place des unités mixtes de recherche sur plusieurs thématiques tel que la nutrition, la gestion des déchets radioactifs, la biologie moléculaires et autres.

Visite guidée au Centre d’études nucléaires

de la Maamoura ‘CENM’

Dr. MARFAK TAIB, DRH du CNESTEN, nous conduit dans cette plongée au sein du seul et unique centre nucléaire du pays. Fort de ses équipes

de recherche et de ses compétences à renommée mondiale, le Centre ne se contente pas d’exploiter localement son savoir-faire mais s’apprête à

l’exporter. Tour d’horizon.

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Comme le Maroc est engagé dans plusieurs accords, conventions et traités nucléaires, le CNESTEN le représente, dans des instances internationales, tel que l’initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire, le sommet mondial de la sécurité et également au niveau de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique.

Début de la visite, le CENM est constitué de plusieurs bâtiments

1. Bâtiment Réacteur

Le réacteur de recherche est doté d’une puissance de deux mégas watt, dont les principales fonctions sont :•La production des radios isotopes utilisés dans la médecine nucléaire, l’Iode 131 notamment,•L’utilisation des flux de neutron pour des analyses d’échantillons d’origine géologique, biologique, minière ou autres, qui se base sur l’analyse par activation neutronique.En mettant des échantillons sous l’effet des radiations neutroniques, les atomes de l’échantillon absorbent les neutrons et commencent à émettre des radiations, et en mesurant ces radiations on peut remonter aux constituants de base de l’échantillon.Cela donne des précisions très importantes surtout pour la cartographie géologique ou minière, il peut être utilisé dans l’industrie de l’agroalimentaire, pharmaceutique et dans la criminologie pour les éléments en trace•La formation dans le domaine de la technologie des réacteurs c’est à dire les phénomènes physiques de base qui se passent à l’intérieur d’un réacteur, que cela soit un réacteur de recherche ou pour la production de l’électricité.

2. Bâtiment dédié aux applications des techniques nucléaires dans le domaine de l’industrie

Ce bâtiment est dédié aux applications des techniques nucléaires dans le domaine de l’industrie qui dispose des outils de diagnostic et de contrôle des matières premières dans les installations industrielles et qui permet d’optimiser les processus industriels d’une manière générale.

Le bâtiment et en même temps un centre de formation et de certification en contrôle non destructif (CND). Dans ce bâtiment, sont formés et certifiés les opérateurs qui travaillent avec cette technique souvent utilisée et reconnue notamment dans la radiographie industrielle, le contrôle par rayon X, le contrôle par ressuage, magnétoscopie et autres.Ces formations sont d’une durée de deux jours à une semaine et concernent annuellement entre soixante à quatre-vingts opérateurs.

3. Bâtiment Applications aux Sciences de la Terre et l’Environnement

Dans ce bâtiment, le Centre a mis en place des outils qui permettent de mesurer la radioactivité naturelle et de l’utiliser dans l’étude de certains phénomènes naturels.Par exemple, l’évaluation des nappes phréatiques et leur rechargement, le bilan le cycle de l’eau à travers l’évaporation, la tombée de pluie et de neige puis après l’infiltration dans les sols et ensuite le rechargement des nappes phréatiques.Le Centre a noué des partenariats à long terme avec les agences de bassins hydrauliques et la direction générale de l’hydraulique qui dépend du département de secrétariat d’État chargé de l’eau.Le centre travaille, aussi, sur la mesure de la radioactivité pour des fins d’études de l’érosion des sols, la désertification et la lutte contre l’envasement des barrages. Une autre unité travaille sur la pollution. Le CNESTEN a mis en place des moyens pour évaluer la pollution par les métaux lourds dans tous les compartiments de l’environnement notamment dans l’air, l’eau, les sols et autres.

4. Bâtiment des techniques nucléaires dans le secteur de la santé

Dans le bâtiment qui est dédié aux applications des techniques nucléaires dans le secteur de la santé, le CNESTEN a mis en place les moyens pour la production des radios pharmaceutiques utilisés principalement l’iode 131 (radio élément utilisé dans la médecine nucléaires pour le diagnostic du cancer et son traitement) et le

technétium 99m. 5. Bâtiment dédié à la gestion des déchets radioactifs

Deux bâtiments dédiés à la gestion des déchets radioactifs qui figure parmi les missions confiées par les pouvoirs publics au CNESTEN.Le Centre assure la collecte et le traitement et l’entreposage de ces déchets, cela permet aussi la sécurisation des sources radioactives usées et qui étaient auparavant utilisées au milieu industriel tel que le cobalt 60, utilisé pour mesurer la densité dans l’industrie du ciment, raffinerie, papier, bâtiment et autre. D’autres sources radioactives sont concernées comme l’iridium 192 ou le Césium 137 qu’on peut trouver par exemple dans le contrôle des fissures et des ouvrages hydrauliques et pour le contrôle au niveau des bâtiments et au niveau des transports ferroviaires et autre.

Pour préparer le plan de développement 2016 – 2020, le CNESTEN prépare aujourd’hui son bilan pour identifier ses forces et ses faiblesses dans son environnement et retracer de nouveaux objectifs.« L’objectif d’abord est de valoriser le Centre au niveau national notamment à travers la production industrielle des radio-pharmaceutiques et la couverture des besoins du marché national et voir par la suite la possibilité d’exportation vers d’autres pays» selon toujours Dr. Marfak Taib.Le CNESTEN a l’ambition de devenir un Centre d’excellence en matière des utilisations des techniques nucléaires et également de formation ouvert sur l’environnement national et international.

LE PLAN DE DÉVELOPPEMENT 2016 – 2020

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IDM: M. Khalid El MEDIOURI, comment se porte le CNESTEN ?

KM : Créé en 1986, le CNESTEN est un établissement public qui a pour missions principales la promotion et le développement des applications des techniques nucléaires dans les différents secteurs socio-économiques, la préparation des bases technologiques nécessaires pour l’introduction de l’option électronucléaire et l’appui technique à l’Etat en matière de sûreté et sécurité radiologique et nucléaire.Placé sous la tutelle du Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, le CNESTEN a pu développer des compétences, des services et des offres de formation au profit des opérateurs socio-économiques dans plusieurs domaines tels que la santé, la nutrition, l’eau, l’industrie, l’environnement, l’agriculture, les ressources naturelles, les sciences de la matière et la sûreté et sécurité.

En termes de positionnement, le CNESTEN dispose d’un réseau de partenariat avec l’Université, les organismes de recherche, les opérateurs socio-économiques et des organismes similaires dans les pays africains.

Sur le plan international, le Centre a mis en place un cadre de collaboration avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique ‘AIEA’, le programme de coopération africain AFRA et des organismes équivalents en France, aux Etats-Unis d’Amérique, en Belgique et autres.Ce positionnement national et international a été acquis grâce au savoir faire et aux compétences que le Centre met au service du développement des techniques nucléaires dans les différentes secteurs.

Ce positionnement a été, également, consolidé grâce aux infrastructures du Centre d’Etudes Nucléaires ‘CENM’, situé à 25 Km au nord de Rabat, qui comprend un réacteur de recherche de 2 MW de puissance et une

« Nous avons l’ambition d’élargir cette reconnaissance à d’autres domaines

tels que les applications des techniques nucléaires en industrie, les utilisations

des réacteurs de recherche et la gestion des déchets radioactifs »

ENTRETIEN avec Khalid El Mediouri DG du CNESTEN

« Le Centre a mis en place un cadre de collaboration

avec l’Agence internationale de l’énergie atomique

‘AIEA’, le programme de coopération africain AFRA et des organismes équivalents en France, aux États-Unis

d’Amérique »

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en technologie des réacteurs, la sûreté et sécurité, la radioprotection, la gestion des déchets radioactifs, la gestion des situations d’urgence radiologique, la protection de l’environnement, la communication et la coopération internationale.

En effet, en termes de capacités nationales, la plateforme technologique du CNESTEN conjuguée au développement multisectoriel des techniques nucléaires est un atout structurant pour bâtir une assise scientifique et technologique pour l’avènement de l’électronucléaire dans notre pays.Nous considérons tous ces éléments dans le cadre des travaux du Comité de Réflexion sur l’Electronucléaire et le Dessalement de l’Eau de mer par voie nucléaire ‘CRED’, mis en place en 2009 par le département de l’énergie et dont la présidence est confiée au CNESTEN.

Ce Comité est composé de représentants des départements de l’Energie, de l’Eau et de l’Environnement, de l’Office National

de l’Electricité et de l’Eau potable ‘ONEE’, du Centre National de la Radioprotection ‘CNRP’ relevant du Ministère de la Santé, de l’Université et de l’Association des Ingénieurs en Génie Atomique du Maroc ‘AIGAM’.

Il a pour mission l’évaluation des conditions préalables à l’introduction de l’option électronucléaire dans le mix énergétique national notamment au niveau de la prise de connaissance de toutes les implications politiques, technologiques et financières nécessaires à la prise de décision.

IDM : Le CNESTEN ambitionne de devenir un centre d’excellence, de formation et de recherche dans les domaines des sciences et technologies nucléaires. Comment vous y attelez-vous ?

KEM: Effectivement, le CNESTEN est désigné par l’AIEA en tant que centre régional pour l’Afrique en matière de

dizaine de laboratoires spécialisés dans les applications des techniques nucléaires dans les secteurs cités ci-haut.

IDM: Concernant le secteur de l’énergie, quel rôle prétend jouer le CNESTEN pour le développement de l’option électronucléaire ?

KM : Pour rappel, la stratégie énergétique nationale, adoptée en 2009 lors des premières assises de l’énergie, considère l’option électronucléaire à long terme parmi les ressources alternatives une fois les conditions de sa faisabilité technologique, de sûreté, de protection de l’environnement et de compétitivité économique seront justifiées.Compte tenu de ses missions, des infrastructures du CENM, de son capital humain et de son positionnement national et international, le CNESTEN s’avère un pilier central pour le développement d’un programme électronucléaire notamment au niveau de la formation et de l’expertise

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formation et d’expertise dans les domaines de l’hydrologie isotopique, la radioprotection, la nutrition et la sûreté et sécurité nucléaire et radiologique.

Nous avons l’ambition d’élargir cette reconnaissance à d’autres domaines tels que les applications des techniques nucléaires en industrie, les utilisations des réacteurs de recherche et la gestion des déchets radioactifs.

Concernant le volet de la recherche, le Centre œuvre au développement d’une dizaine de programmes, utilisant l’outil nucléaire, couvrant la production des radiopharmaceutiques utilisés en médecine nucléaire, biologie moléculaire, nutrition, eau, climat, environnement, ressources naturelles, agriculture, sciences de la matière, industrie, instrumentation et sûreté et sécurité.

Ces programmes sont développés dans le cadre des accords mis en place par le CNESTEN avec les universités nationales, les organismes de recherche et les opérateurs socio-économiques.

Côté formation professionnelle, nous contribuons à la formation de plus de quatre cents opérateurs dans les domaines des contrôles non destructifs, de la radioprotection, de la sûreté et la sécurité radiologique et nucléaire.

Sur le plan international, dans le cadre de l’accord de coopération établi avec l’AIEA, nos experts interviennent dans plusieurs pays pour le transfert de savoir, la formation et l’expertise.

Dans ce même cadre, nous recevons annuellement une trentaine de stagiaires africains pour des périodes allant jusqu’à trois mois de formation sur l’une des applications des techniques nucléaires et plus de deux cents professionnels qui prennent part aux workshops, cours et séminaires organisés par le Centre.

Côté bilatéral, nous sommes liés avec

plusieurs organismes équivalents en France, aux Etats-Unis, en Espagne et en Belgique, par des accords de coopération, ce qui nous permet d’intégrer plusieurs réseaux de recherches internationaux et travailler sur des problématique de niveau mondial.

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La qualité de service et la sécurité fontpartie intégrante de notre culture

d'entreprise

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Partant de sa triple mission de Centre de recherche, de Conseil à l’État et prestataire de service dans le domaine

nucléaire (CNESTEN) œuvre dans plusieurs secteurs socio-économiques utilisateurs des techniques nucléaires. Il s’agit des secteurs de : la santé, l'eau, l'environnement, l'agriculture, l'industrie, l'énergie, élargis à d’autres domaines transverses, telles la formation professionnelle, la recherche scientifique, la sûreté et la sécurité nucléaire.À noter que les technologies nucléaires seules peuvent apporter des solutions et des réponses efficaces à des problématiques spécifiques, inaccessibles par les outils conventionnels.Pour l’identification de nos secteurs d’intervention, nous nous sommes basé sur les orientations nationales de recherche, notamment les huit programmes prioritaires adoptés par le comité interministériel de développement de la recherche scientifique et technologique, les programmes nationaux de développement sectoriel (eau, santé, agriculture, environnement, industrie,

énergie) et le benchmark international pour identifier les thématiques et problématiques d’actualité où l’outil nucléaire a un rôle à jouer.Pour chaque secteur d’intervention, nous avons mis en place un programme dédié en partenariat avec les principaux acteurs concernés.Pour le secteur de la santé, le CNESTEN mène trois programmes. Le premier concerne la production, par le réacteur de recherche du Centre d’études nucléaires de la Maamora (CENM), de radio-pharmaceutiques avec l’objectif d’assurer à terme l’indépendance stratégique du pays en ce qui concerne ceux les plus utilisés en médecine nucléaire au niveau national (Iode 131 et Technétium 99). La Nutrition est le second programme dans lequel nous contribuons à l’étude de problématiques liées à l’alimentation humaine en relation avec les autorités nationales concernées. L’utilisation de l’outil nucléaire dans la recherche en cancérologie, maladies infectieuses, endocrinologie, pharmacologie et toxicologie constitue notre troisième

programme dans le secteur de la santé. Dans le domaine de l’eau, grâce aux outils isotopiques et nucléaires que nous déployons pour évaluer le taux de renouvellement des aquifères, l’origine de la salinisation des eaux souterraines, la quantifier et la détermination de l’origine de la pollution et la datation des eaux souterraines, nous avons pu bâtir un partenariat solide avec la Direction générale de l’hydraulique et les Agences de bassins.Concernant l’environnement, la valorisation et la préservation des ressources naturelles, le CNESTEN, en partenariat avec les départements et les instituts de recherche concernés et les opérateurs publics et privés, développe les techniques nucléaires avancées, notamment l’analyse et la caractérisation de divers échantillons par les neutrons produits par le réacteur de recherche du centre. Ces projets concernent la caractérisation des matériaux géologiques et miniers, notamment les phosphates, l’évaluation et la caractérisation des contaminants dans différents milieux et l’impact des pratiques phytosanitaires au

Des programmes scientifiques tentaculaires basés sur

la technologie nucléaire…

Ahmed BOUFRAQECH,Chef du pôle Exploitation des installations nucléaires. CNESTEN

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sein des principaux systèmes de cultures, la contribution à l’étude de l’état de salubrité des écosystèmes côtiers (lagunes et estuaires), des processus qui régissent le transfert des polluants dans le littoral marocain ainsi que le développement d’une approche intégrée pour l’étude de la dégradation des sols agricoles et l’efficience des aménagements agraires.Dans le secteur de l’industrie, les interventions de notre centre portent sur trois axes majeurs, à savoir la formation et la certification en contrôle non destructif (CND) et où il est le seul centre du genre au niveau national, les contrôles de sécurité et d’intégrité, par les CND des installations, des équipements et des process industriels au moyen de traceurs radioactifs et de techniques de scan en vue d’identifier les dysfonctionnements éventuels et d’améliorer les rendements des unités industrielles tels que les réacteurs chimiques, les colonnes de distillation pétrochimique... Dans ce secteur, le CNESTEN réalise, également, des expertises en CND pour différentes industries nationales. L’étude de la structure la matière, particulièrement la R&D sur les matériaux utilisés en énergétique, la microélectronique et les biomatériaux par l’étude des propriétés physicochimiques des matériaux en vue de proposer de nouveaux composés plus performants pour les applications ciblées et les matériaux semi-conducteurs à conversion photovoltaïque. Dans le cadre de partenariat national et de consortium international, les équipes du CNESTEN mènent des projets de recherche sur les matériaux et l’utilisation de l’énergie solaire pour la production de l’énergie et le dessalement des eaux saumâtres et y participent.En tant qu’établissement de recherche, le CNESTEN veille à la qualité scientifique de ses projets, qui font l’objet, annuellement, d’une soixantaine de publications scientifiques dans des revues spécialisées et reconnues, et d’autant de communications dans des congrès et conférences tant au niveau national qu’international.

En phase avec ses orientations stratégiques, le CNESTEN a axé ses programmes de coopération en priorité en direction de l’université nationale, par des conventions de coopération et la création d’unités mixtes de recherches intervenantes dans la majorité des thématiques d’activités du Centre. Ce dernier assure, également, l’encadrement et la formation d‘une centaine de doctorants et masters.En direction des opérateurs socio-économiques et des centres de recherche sectoriels, le CNESTEN a développé plusieurs partenariats concrétisés en majorité par des conventions-cadres avec les organismes intéressés.Au niveau de la coopération multilatérale, le CNESTEN a bâti et renforcé son partenariat avec l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l’Organisation mondiale de la Santé, la Commission européenne, etc. Sur le plan bilatéral, le CNESTEN entretient des liens de coopérations avec plusieurs pays, notamment les États-Unis d’Amérique, la France, la Belgique, l’Espagne, la Hongrie, la Slovénie, la Corée du Sud, la Malaisie à travers des conventions avec les départements et institutions de recherche dans ces pays.Grâce aux compétences et à l’expertise développées, le centre est reconnu par

l’AIEA en tant que centre d’excellence dans les domaines de l’hydrologie isotopique, la radioprotection, la nutrition et la sûreté & sécurité nucléaire & radiologique. Dans ce cadre, le CNESTEN fournit des services d’expertise, une quarantaine par an, et d’analyse dans divers domaines de son intervention aux pays africains et du Moyen-Orient. Il reçoit, annuellement, des dizaines de professionnels de ces pays en formation pour des périodes allant jusqu’à six mois.

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IDM: Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quoi est constitué ce réacteur ? Et quel est son mode de fonctionnement ?

BN: Le réacteur nucléaire mis en place par le CNESTEN au Centre d’Etudes de la Mâamora est de type TRIGA MARK II de fabrication américaine. TRIGA présente les initiales de ‘Training, Research and Isotope production General Atomic’ où GA est le nom du fabricant américain. Je note que ce réacteur a été conçu et construit selon les normes et standards internationaux de sûreté nucléaire, notamment ceux exigés par l’AIEA. En général, ce type d’installations comprend une cuve cylindrique en aluminium enfermant le « cœur du réacteur » où est disposé le combustible nucléaire, un alliage métallique en hydrure d’uranium, et qui est couvert d’eau sur une hauteur de neuf mètres.Le combustible en uranium sert à initier et

entretenir la réaction en chaîne grâce aux dispositifs de refroidissement du cœur et d’évacuation d'énergie (chaleur). Quant aux barres de contrôle, elles permettent de piloter le réacteur.Confiné dans une structure en béton, l’ensemble des dispositifs est contrôlé à partir d’une salle de contrôle par des opérateurs hautement qualifiés et habilités conformément aux règles de sûreté et sécurité nucléaire et radiologique.

IDM: Quel est son intérêt ?

BN: Comme son nom l’indique, la principale fonction de ce réacteur vise la production des radioisotopes utilisés en médecine, notamment l’iode 131 servant au diagnostic et au traitement du cancer. Il sert, également, à produire d’autres radioéléments utilisés en industrie, en agriculture et en environnement, tels que le brome et l’argon.La deuxième fonction du réacteur porte

sur l’utilisation des neutrons issus de la réaction en chaîne pour la caractérisation des échantillons géologiques, miniers et environnementaux.Cette technique, connue sous le nom de l’analyse par activation neutronique, est une première au Maroc. Elle ouvre plusieurs opportunités d’application dans le domaine de la géologie et des mines.Elle a la spécificité d’être non destructive,

ENTRETIEN avec Bouzekri NacirIngénieur Génie AtomiqueResponsable de l’exploitation du réacteur nucléaire

« Nous travaillons sur le développement de l’imagerie par neutrons et la diffraction

neutronique utilisées en industrie et en sciences de la matière ».

Le combustible en uranium sert à initier et entretenir la

réaction en chaîne grâce aux dispositifs de

refroidissement du cœur et d’évacuation d'énergie

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de l’électricité peuvent atteindre 1600 MW. Dans le monde, il y a presque 440 réacteurs de puissance qui produisent 15 à 17 % de l’électricité mondiale dans une trentaine de pays.L’autre différence à noter réside au niveau des installations et des équipements auxiliaires, notamment les échangeurs de chaleur, les turbines et les circuits de refroidissement qui sont très importants pour les réacteurs de puissance.

IDM: Que pouvez-vous nous dire sur son dispositif de sécurité et les risques de la radioactivité ?

BN: Je note que les réacteurs de type TRIGA Mark II sont intrinsèquement sûrs et ont été installés dans plus de vingt pays dans des campus et même dans des hôpitaux et des

rapide et multiélémentaire.En relation avec les opérateurs concernés, cette technique peut répondre à des besoins de caractérisation d’échantillons pour la cartographie géologique, géochimique et la valorisation des ressources naturelles.Ce réacteur sert, aussi, à la recherche et la formation en technologie des réacteurs en relation avec les Universités nationales d’une part, et l’AIEA, d’autre part, pour la formation de stagiaires africains. Enfin, dans le cadre du programme d’utilisation du réacteur, nous travaillons sur le développement de l’imagerie par neutrons et la diffraction neutronique utilisée en industrie et en sciences de la matière.

IDM: Quelle est la différence entre le réacteur du CNESTEN qui a un but scientifique et un réacteur électronucléaire ?

BN: La première différence réside dans le fait que les réacteurs de puissance sont destinés à la production d’électricité alors que les réacteurs de recherche s’intéressent beaucoup plus à la recherche, la formation et la production des radioisotopes et autres.La deuxième différence réside au niveau de la puissance, le nôtre est de 2 mégas Watt alors que les réacteurs destinés à la production

La principale fonction de ce

réacteur vise la production des radio-

isotopes utilisés en médecine, notamment l’iode

131 servant au diagnostic et au traitement du cancer.

centres-villes par exemple aux Etats-Unis d’Amérique et en Europe. Depuis 1958, plus de soixante réacteurs ont été construits et n’ont jamais présenté de problème de sûreté nucléaire.En effet, la probabilité qu’un incident survienne dans ce type de réacteur est quasiment nulle, et ce, vu le nombre de barrières de sûreté nucléaire qui y sont mises en place.La succession de ces barrières réside premièrement dans la matrice du combustible qui a une grande rétention des matières radioactives et deuxièmement dans sa gaine.Les autres barrières sont l’eau de la piscine et la structure de blindage en béton armé de haute densité.Enfin, le bâtiment réacteur résiste aux tremblements de terre.

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100.000 nouveaux emplois sur la période de référence. Est-ce le cas sur le terrain ? Aucune information n’est communiquée à ce titre. Pour mémoire, le secteur crée chaque année 1,8 millions d’emplois. Ceci dit, pour répondre aux besoins de l’amélioration projetée de la production, le contrat-programme avait prévu un investissement

de 6 milliards de dirhams, dont 850 millions de dirhams accordés par l’État sous forme de subventions dont 600 millions de DH de primes à l’investissement et 250 millions comme incitations aux organisations professionnelles de la filière. L’accroissement de la production vendue a été accompagné par une amélioration de la demande des viandes rouges. Ainsi, la consommation moyenne par habitant et par an a grimpé à 13 kg en 2013 pour approcher l’objectif 13,4 kg de viandes rouges /habitant/an en 2014. Malgré cela, cette propension reste

Un constat sans appel. La filière des viandes rouges, une des composantes majeures du pilier 1 du plan Maroc

vert, avance à pas timides. La multiplicité des intervenants et les failles d’organisation professionnelles et interprofessionnelles font que la machine tarde à fonctionner. Le contrat-programme 2009-2014 arrivé déjà à terme, d’ailleurs remplacé par un nouveau cadre de référence s’étalant sur la période 2014-2020, fait la part belle uniquement à la langue des chiffres. Il semble que le secteur qui représente 30% du PIB agricole a choisi la voie de la quantité à la qualité ! « La filière a réalisé des progrès indéniables en termes de production de viandes rouges », explique-t-on auprès de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges « FIVIAR ». Ajoutant qu’une meilleure intégration et efficience de tous les maillons de la chaîne de production -de la fourche à la fourchette- exercera certainement un effet haussier sur l’évolution de l’activité.

Des chiffres marquants Pour mieux illustrer la situation actuelle, les données chiffrées du département de tutelle laissent dégager en général des améliorations en dessus des objectifs fixés dans le contrat-programme 2009-2014. En effet, la production des viandes rouges s’est élevée à 490.000 tonnes en 2013 au lieu de 450.000 tonnes prévues auparavant. Cette performance correspond à un total des ventes de l’ordre de 22 milliards de dirhams, selon la profession. Cela veut dire que le chiffre d’affaires s’inscrit sur une courbe ascendante pour passer voire dépasser les 25 milliards de DH pronostiqué pour 2014. En matière d’emploi, le jeu de scénario établi sur papier table sur la création de près de

faible comparativement à d’autres pays. Pour ne prendre que l’exemple de l’Europe où la consommation moyenne par habitant et par an est de 35 Kg. La différence enregistrée est à attribuer, outre le pouvoir d’achat, aux coûts encore élevés de production, en dépit des engagements des professionnels formulés dans le contrat-programme 2009-2014. Lequel s’attendait à la réduction des coûts de production de l’ordre de 15 à 20%. Par voie de conséquence, les prix à la vente sont restés élevés se situant en moyenne à 70 DH/kg pour la viande bovine et 65 DH/kg pour la viande ovine. En raison aussi de la faible transparence du marché et l’armada des intermédiaires.

Jeu de transparence

D’ailleurs, un des objectifs non encore atteints est de garantir des « conditions justes et transparentes pour la commercialisation », fait savoir la fédération. Le manque des mécanismes d'un fonctionnement équilibré et transparent pénalise l’amélioration de la compétitivité. Le processus d’abattage et de transformation est également pointé du doigt. De grands efforts devraient être déployés sur ce registre-là comme le constate la profession, étant donné que l’informel bat son plein avec 80% de l’abattage. D’après le ministère de l’Agriculture, il existe 179 abattoirs municipaux, 674 tueries rurales, 12 unités de découpe et 35 unités de charcuterie. En vue de colmater la brèche et mettre à niveau la réglementation des abattoirs, il a été prévu l’encouragement à l’installation de projets intégrés et d’agrégation. 12 abattoirs à concéder dans le cadre de la gestion déléguée et 8 unités privées intégrées et d’agrégation. Valeur aujourd’hui, le ratage est de mise. Seulement 2 projets d’intégration sont opérationnels à savoir BIOBEEF à Meknès et Univers Genisses Elevages à Béni Mellal. Certes, la transition d’un secteur traditionnel par définition vers un secteur moderne industrialisé ne se fait pas du jour au lendemain. Seulement que les attentes en termes de qualité et d’amélioration des conditions sanitaires et hygiéniques risquent de passer à côté. La Fiviar reconnaît qu’elle devra « faire face à la règlementation sanitaire, à la traçabilité… » La question lancinante du contrôle de la salubrité des viandes foraines est dans tous les cas à l’ordre du jour. Ce défi pour reprendre les propres termes de la profession est couplé d’autres telles l’organisation des marchés à bestiaux, la mise à niveau des ressources humaines, l’application de la loi sur l’interprofession, l’amélioration génétique des races... Il va sans dire que les enjeux sont de taille sauf que tout se joue au niveau de la concertation entre les différentes professions elles-mêmes d’une part et leurs interlocuteurs externes d’autre part.

Mohamed Mounjid

Objectifs 2020•Production des viandes rouges : 550.000 tonnes•Consommation par habitant et par an : 9 kg pour la viande bovine et 5kg pour la viande ovine•Création de près de 100 000 nouveaux emplois •Réduction des coûts de production de l’ordre de 15 à 20%•Chiffre d’affaires : 30,6 milliards de DH ;•Encouragement de la consommation de la viande rouge de 28%•Aménagement de 21 marchés à bestiaux.•Effectifs du cheptel : 27 millions de têtes

Le contrat-programme 2009-2014, arrivé déjà à terme, annonce une récolte mi-figue, mi-raisin. Il semble que le secteur qui représente 30% du PIB agricole a choisi la voie de la quantité avant la qualité !

Viandes rouges :Peut mieux faire !

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RECHERCHE

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IDM: Où en est le contrat-programme 2009-2014 en termes d’état d’avancement par rapport aux objectifs fixés ?

HO: Grâce au développement de l’amont, ce contrat- programme est considéré comme un succès pour l’ensemble des parties prenantes. Quant à la production des viandes rouges, les objectifs du CP viandes rouges ont été dépassés : 490 000 T en 2013 / 450 000 T prévus en 2014, soit un dépassement de 9% et on est à un niveau seulement de 12 % inférieur aux objectifs tracés par le plan Maroc vert à l’horizon 2020. Les efforts déployés ont concerné la réalisation des programmes d’amélioration génétique pour la production des veaux issus du croisement industriel avec les races à viande et la production des reproducteurs ovins et caprins ; l’importation des veaux de race à viande... Pour la consommation, elle actuellement est de l’ordre de 14,32 kg/habitant/an, soit une progression de 4% par rapport aux objectifs de 2014 (13,5 kg). En matière de chiffre d’affaires, il est de l’ordre

de 27 Mds Dhs, soit une hausse de 8% par rapport aux objectifs de 2014 (25 Mds Dhs).

IDM: Qu’en est-il de l’expérience des projets intégrés et/ou d’agrégation ?

HO: Ces projets sont basés sur des modèles d’agrégation portant sur la production et la valorisation. Au cours de la période 2009/2013, 7 projets intégrés et d’agrégation ont été identifiés pour un investissement global de 655 Mdhs :- 1 projet réalisé à Meknès est opérationnel (invest de 70 M Dhs) ;- 1 projet en cours de finalisation à Beni Mellal (invest de 263 M Dhs) ;- 3 projets dont l'unité d'engraissement est achevée et dont les travaux pour la construction d’abattoir non démarrés (Taroudant, El Jadida, Skhirat ; invest. total 230 M Dhs) ;- 1 projet à Oujda avec unité d'engraissement achevée à 50% et dont les travaux pour la construction d’abattoir non démarrés (invest. 79 M Dhs) ;

- 1 projet arrêté (Rhamna ; invest. 13 M Dhs) - Les 5 projets pour lesquels l’abattoir n’est pas encore construit sont conditionnés par l’évolution de la filière (fermeture par l’Etat des tueries / abattoirs municipaux non agréés dans le rayon d’action de l’abattoir privé) avec un accompagnement social (embauche par l’abattoir moderne, formation professionnelle)La mise en place des projets intégrés et d’agrégation s’est heurtée à des difficultés liées à :* Prime à l’investissement modeste de 10% par rapport au montant global d’investissement ; * Importation du matériel d’équipement ;* Difficultés d’application de l’agrégation (subvention forfaitaire liée à l’agrégation faible pour l’Agrégateur, échelonnement de l’attribution de cette subvention, manque de confiance entre l’agrégateur et les agrégés, normes d’éligibilité difficiles à réaliser).

IDM: Selon certains professionnels, les grands problèmes sont enregistrés au

« La modernisation du secteur souffre d’une gestion inadéquate, en l'occurrence

le monopole des communes ».

ENTRETIEN avec Hammou OUHELLI Président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges FIVIAR

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et des équipements ;- Une insuffisance, voire un manque d’entretien des infrastructures et équipements - Une gestion inadéquate (monopole des communes), la non-qualification du personnel et la défaillance de l’organisation du travail.- L’existence du réseau informel.

L’interprofession quant à elle intervient pour :* La mise à niveau des ressources humaines à travers l’organisation des sessions de formation, la formation des professionnels dans les métiers des viandes au zoopole et l’organisation des visites aux foires et salons internationaux en relation avec le secteur ;* L’élaboration des guides de bonnes pratiques pour différents maillons de la filière * Le lancement d’études de recherches et développement sur des thèmes en relation avec le développement du secteur ;* Le lancement des campagnes médiatiques pour la promotion de la qualité des viandes rouges ;* L’organisation du salon international des viandes rouges « MaroCarne » pour montrer les nouvelles technologies et innovations nationales et internationales en matière d’industrie des viandes et d’abattage;* L’incitation à l’organisation professionnelle.

IDM: Considérez-vous que les aides publiques aujourd’hui sont suffisantes pour la mise à niveau du secteur ?

HO: En général, les aides octroyées par l’État pour le développement de l’amont de la filière (primes à la production des issus du croisement industriel avec les races à viande, subvention à la multiplication des races ovines, bâtiments et matériel d’élevage, réduction des droits de douane à l’importation des veaux de race à viande) sont satisfaisantes. Quant à l’aval, la prime à l’investissement en matière d’installation d’unités de valorisation (unités intégrées avec abattoirs) reste faible par rapport au montant global d’investissement. Le projet du nouveau contrat-programme viandes rouges pour la période 2014/2020, prévoit d’autres aides publiques pour le développement de l’aval de la filière.

Dernièrement, les professionnels de l’agriculture ont appelé à l’instauration d’une loi-cadre régissant les orientations générales du plan vert. En quoi ça concerne votre filière oncerne votre filière ?L’instauration de cette loi va permettre une garantie de la pérennité du plan Maroc vert en l’adaptant aux exigences du futur en matière des subventions FDA et de révision des taxes pour l’aval de la filière viandes rouges.

IDM: Pouvez-vous nous fournir des données chiffrées concernant l’évolution de la production ?

HO: Création d’emplois : • 1 100 000 exploitations pratiquent l’élevage animal, soit 74% de l’ensemble des exploitations ;• Génèrent (2013) près de 85 millions de journées de travail touchant 2,5 millions de personnes (soit 44% de la population active agricole) ;• En aval, la mise en place de nouvelles structures d’abattage, de découpe de transformation et de boucherie moderne crée de nombreux emplois.

* Investissements (2009 à 2013): source : comité de préparation du nouveau CP• 21 fermes et centres d'engraissement ;• 2 centres ovins de plus de 50.000 têtes ;• Identifications de 7 projets intégrés et d’agrégation avec abattoirs et réalisation d’un projet ;• Mise à niveau de 51 petites et moyennes fermes ;

* Unités d’abattage : source ONSSA- Ateliers de préparation des viandes rouges et blanches : 30 ;- Ateliers de boucherie : 34 ;- Établissements des produits à base de viande : 48

Propos recueillis parMohamed MOUNJID

niveau de l’aval de la filière. Où en êtes-vous justement ?

HO: En effet, le succès qu’a connu le contrat-programme en amont de la filière n’a pas été accompagné par un développement adéquat de l’aval de la filière, notamment la valorisation et la commercialisation de la production. Pour pallier cette problématique, l’aménagement et l’organisation des marchés à bestiaux ainsi que la mise à niveau et la modernisation des abattoirs s’avèrent nécessaires. Pour la première action, les efforts déployés en matière d’identification des souks à aménager, l’élaboration des masters, plans et études des projets sont entravés par la non-contribution financière des communes concernées. Par ailleurs, nous poursuivrons les négociations avec le ministère de l’Intérieur pour trouver des arrangements adéquats. La deuxième action a connu des progrès considérables en matière de révision de la réglementation en vigueur et de la mise à niveau des abattoirs. Les réalisations phares ont concerné :• La publication du décret n° 2-12-612 relatif au contrôle de la salubrité des viandes foraines et à la libre circulation des viandes provenant des abattoirs agréés ;• La libre circulation des viandes entre régions et la dynamisation du fonctionnement des marchés des viandes rouges.• La validation de 2 CPS, l’un sur les conditions sanitaires et hygiéniques des abattoirs de viandes rouges et l’autre sur leur gestion déléguée ;• L’Agrément d'un abattoir privé à Meknès et d'un abattoir intercommunal à Al Hoceima ;• La mise à niveau de l’abattoir municipal de Taounate, l’équipement d’un nouvel abattoir construit à Laâyoune et le lancement de la construction d’un nouvel abattoir à Missour ;

IDM: Les abattoirs et le contrôle de la salubrité des viandes posent encore problème. Pourquoi ? Et quelles sont les mesures préconisées par votre fédération ?

HO: Malgré les multiples efforts déployés par l’État pour la modernisation du secteur, ce dernier souffre encore de :- Une vétusté des locaux, des infrastructures

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SUPPLY CHAIN

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Le plan d’accélération industrielle

2014 – 2020 vise à renforcer la résilience

économique du Maroc, à conforter

sa place parmi les nations émergentes et

à tracer son chemin économique afin que

notre pays atteigne son plein potentiel. Ce

plan vise à créer une nouvelle dynamique et

une nouvelle relation entre grands groupes

et les PME via l’instauration entre autres des

écosystèmes industriels. L’implémentation

des solutions logistiques support aux

écosystèmes industriels constitue une

arme stratégique influençant directement

les résultats financiers des entreprises

constituant ces écosystèmes.

Le rôle de la logistique consiste à piloter et

coordonner la chaîne de l’offre en fonction

des objectifs de service client aux meilleures

conditions économiques et de développement

durable. Bien comprise, cette fonction, qui

commence à être déployée avec succès dans

les grandes entreprises, reste cependant

méconnue et sous exploitée dans les PME.

Alors qu’à l’heure de la mondialisation

et des échanges globalisés, il n’est pas

de développements, de rentabilités et de

performances économiques possibles sans

la prise en compte de tout ce qui constitue

« la chaîne logistique ». Ceci ne se fera à

notre sens que par la prise en conscience

des dirigeants de la PME de l’importance de

cette fonction et de son impact direct sur la

finance de l’entreprise, sur la productivité et

La Logistique outil de compétitivité pour les PME et les écosystèmes industriels

Mohamed BENOUDADG SNTL SUPPLY CHAIN

le service client.

Prise de conscience n°1 : « Mutualisation

logistique support aux écosystèmes

industriels »

Les caractéristiques de la situation actuelle

de la logistique au Maroc reposent sur un

premier constat simple : « chaque industriel/

producteur possède son propre entrepôt

et son propre réseau de distribution ». Ce

schéma au Maroc commence à avoir ses

limites :

• Des entrepôts logistiques non adaptés et

non optimisés

• Des coûts de transport élevés (faible taux

de remplissage et absence de retour à vide,

circuit long, temps d’immobilisation élevés)

Page 55: Industrie du Maroc Magazine N°2

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SUPPLY CHAIN

N2°. Juin-Juillet-Août

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• Des petits flux éclatés

• Absence de planification de transport et

des systèmes d’information associés

Avec cette ambition de déploiement d’un

plan d’accélération industrielle, nous devons

développer un modèle intégré de la logistique

qui sera support à des écosystèmes

industriels. Les fondamentaux de ce modèle

reposent sur :

• La concentration des flux autour des plateformes logistiques plus facilement accessibles et multimodales • Des économies d’échelles via la massification des volumes stockés et transportés• Mutualisation des infrastructures pour réduire les coûts Prise de conscience n°2 : « d’une logistique physique vers l’implémentation d’une fonction transversale» Les PME au Maroc, voire même dans

certains grands groupes, associent d'abord et avant tout la logistique à des opérations de transport, de manutention et d’entreposage et que nous pourrions classer en 5 catégories : - Les opérations de déplacement (i.e. transport)- Les opérations de manutention (i.e. transbordements, chargement/déchargements…)- Les opérations statiques (i.e. stockage, entreposage)- Les opérations accessoires (i.e. emballage, conditionnement, préparation de commandes…) et qui sont à valeur ajoutée pour les prestataires logistiques- Les opérations de suivi-information (i.e. gestion des stocks, localisation des produits…)Les PME considérant la logistique ainsi ignorent trop souvent le potentiel des gains de productivité que peuvent leur procurer une vision transversale de la logistique et des

outils technologiques performants afin de servir au mieux les opérations de fabrication et de vente. Qu'on pense à la gestion informatisée des inventaires, au partage de l'information entre les responsables de la production et les représentants des ventes, à l’implémentation du plan industriel et

commercial, les technologies numériques

en logistique « Advanced Planning System»

peuvent accélérer la croissance de

l'entreprise en modernisant ses processus.

À l’heure de la mondialisation et de

l’hyper-concurrence, une logistique sous-

performante a pour conséquence de

disqualifier l’entreprise auprès de ses clients

et de l’affaiblir sur son marché. Elevée

au rang de compétence distinctive à fort

potentiel concurrentiel dans les entreprises

leaders telles que Wal-Mart, Zara, Dell ou

Figure 1: Schéma actuel de la logistique au Maroc

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SUPPLY CHAIN

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Amazon, la logistique est éminemment

stratégique. Sans logistique efficace, aucune

chance de développer ses ventes !

Pour la fabrication, la logistique planifie

les ressources et est la garante de la mise

à disposition de la matière première, des

pièces de rechange ou des consommables

de production à travers la mise en place des

cahiers de charges services et de pilotage

des flux.

En procédant de la sorte, il est possible

d’arriver à une optimisation des dépenses de

l’ordre de 20% à 30% pour la PME marocaine.

La perception de la logistique en tant que

simple support ou fonction d’exécution

doit ainsi devenir marginale. La logistique

doit être clairement considérée comme un

vecteur de compétitivité par les directions

des entreprises.Figure 2 : Schéma cible logistique qui sera support

aux écosystèmes industriels

Figure 3 : Les gisements de compétitivité logistique arme stratégique de la performance financière de l’entreprise

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ZONEINDUSTRIELLE

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du PIB de la région du Grand Casablanca, selon l’Association des opérateurs économiques des zones industrielles de Sidi Bernoussi (Izdihar). Cette dernière est forte de ses entreprises-membres qui opèrent dans tous les grands secteurs d’activités économiques du Royaume, de l’industrie métallurgique à celle agroalimentaire, en passant par le textile, le cuir, la chimie, la parachimie, l’électrique ou encore l’électronique. L’objectif de cette association est de défendre les intérêts des opérateurs économiques des zones industrielles de la préfecture de Sidi Bernoussi. Il s’agit aussi d’aider au désenclavement de la zone, à la restructuration du réseau d'assainissement, à la création d'espaces verts et à la défense de l'environnement. Dans le cadre d’un programme d’économie d’énergie et d’eau, Izdihar effectue un diagnostic énergétique et environnemental qui identifie les gains potentiels, ainsi que les montants à investir,

Créé dans les années 1960, le parc d'activités se compose des zones industrielles (AhlLoghlam,

Sidi Bernoussi, Sidi Moumen, Karea, Beaulieu) situées dans la préfecture des arrondissements de Sidi Bernoussi. Il est situé au bord de mer, sur l'axe autoroutier qui relie Casablanca à Rabat, à seulement 20 min du port de Casablanca, 15 km de son centre, 30 min de l'aéroport Mohammed V, et 10 km de Mohammedia. Installé sur une superficie de 1 000 ha, le parc compte plus de 600 unités industrielles, dont 10% des 500 plus importantes entreprises du Maroc. Il génère plus de 60 000 emplois directs et près de 150 000 emplois indirects. Il offre des avantages aux investisseurs grâce à sa proximité des centres de décision et de gestion, et des centres nationaux de flux de marchandises. Ces entreprises génèrent un chiffre d'affaires de plus de 67 milliards MAD par an, soit 8,21% du PIB du Maroc et 30%

Zone industrielle Sidi Bernoussi : Le grand défi de la prise de conscienceenvironnementale

Le parc d’activités compte plus de 600 unités industrielles et procure plus de 60 000 emplois salariés

avec une participation financière limitée de l’entreprise. Il a été recommandé à la plupart des entreprises participantes de : réduire les pertes d’eau dans les process industriels ; réduire les pertes d’air comprimé ; remplacer l’éclairage des tubes de 40 W par des tubes de 36 W ; vérifier l’adéquation du contrat d’électricité souscrit au profil de la consommation ; améliorer l’efficacité des équipements électriques ; optimiser globalement les systèmes thermiques et d’eau. La réalisation de ces recommandations a économisé 13% en électricité, 17% de fioul et 24% en eau. De plus, les plans de gestion et de suivi énergétique spécifiques mis en place au sein des entreprises ont grandement facilité l'atteinte des résultats et leur amélioration continue dans le temps.

Par: Mohamed MOUNJID

Le grand défi de la prise de conscience environnementale

Zone industrielle Sidi Bernoussi :

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CHRONIQUED'AFRIQUE

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Areva, n’est pas une société comme les autres. Si le ministère français de l’intérieur est présent au dernier

étage du siège, c’est parce qu’il s’agit d’une entreprise hautement stratégique. Pour les anciens de la maison, 18 mois de négociations avec Niamey sont bien la preuve que les choses changent. Car pour beaucoup, le Niger continue d’être regardé comme une ex-petite colonie de 1. 267 000 km², peuplée comme Paris et Marseille réunis, où le groupe tire 20 des 75% de la production française d’électricité d’origine nucléaire depuis 40 ans. De plus, l’actuel chef de l’Etat nigérien a passé plus de 10 années au sein d’une filiale du groupe Areva. Pendant 11 ans, Mouhadoud youssifi a été tour à tour stagiaire (1976-1980), secrétaire général (1985-1986), directeur des exploitations (1986-1991) et directeur technique (1991-1992) de Somaïr. L’application de la loi 2006, qui constituait la pomme de discorde entre les parties, fera croître la redevance minière de 5,5 à 12%, en échange d’une exemption de TVA à Somaïr et Cominak, deux entités d’Areva.

Le groupe accepte par ailleurs de financer « la route de l’uranium » dans le nord du pays à hauteur de 90 millions d’euros, un programme de développement agricole d’un montant de 17 millions d’euros, ainsi qu’un nouveau siège social à Niamey regroupant toutes les sociétés nigériennes liées à ses activités. L’accord engage enfin le groupe français à privilégier la nomination de directeurs généraux de nationalité nigérienne aux conseils d’administration de la Somaïr et de la Cominak en 2014 et 2016. De mémoire d’analyste, jamais accord entre Paris et Niamey n’avait été aussi favorable au Niger. Et si Areva changeait?

Premier partenaire industriel

Areva participe déjà au développement économique du Niger, dont il est le principal partenaire industriel. Depuis 2006, le groupe estime avoir « redéfini et renforcé sa politique de soutien au développement des populations vivant à proximité des mines (communes urbaines et communes rurales avoisinantes) ». Mais les populations concernées attendent

des résultats plus concrets. Le groupe a par ailleurs prévu de consacrer 30 millions d’euros sur cinq ans à « des projets de développement économique en faveur du Niger. » Le problème, c’est qu’à travers ses initiatives locales de développement durable, de de micro-finance, ou d’appui à la formation pour contribuer à la croissance, c’est encore et toujours les alliés du groupe qui en bénéficient.En 2012, l’uranium représentait 43% des exportations du Niger, et seulement 5,8% de son PIB. La même année, le chiffre d’affaires d’Areva a atteint 9 milliards d’euros contre 2 milliards pour le budget de l’Etat nigérien. S’il existe des opportunités dans les industries extractives, agroalimentaires et même manufacturières, la faiblesse de l’appareil de production du Niger ne permet pas une pleine insertion à court terme dans les chaînes de valeur mondiales. S’il le souhaitait, le groupe français pourrait également contribuer à résorber ce déficit, sans se ruiner, ni outrepasser ses missions sociales, mais en usant de son influence auprès des autorités locales.

Areva : changer le monde en changeant au Niger

Au Niger, depuis 1970, Areva est un Etat dans l’Etat. Le 26 mai 2014, le groupe français et l’Etat nigérien ont renouvelé un contrat d’exploitation

de deux mines d’uranium après 18 mois de négociations. L’accord le plus favorable jamais

consenti par Areva au Niger.

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CHRONIQUE

D'AFRIQUE

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Premier employeur privé

Premier employeur privé du Niger avec près de 6000 emplois directs et indirects dans le pays, Areva déclare s’être engagée,« dès le début de son implantation au Niger, à assurer les meilleures conditions sanitaires à ses collaborateurs. » Cette déclaration ne tient pas compte des cas de litiges où la « responsabilité fautive » du groupe a souvent été engagée. Areva signale unilatéralement que « plus de 25 millions d’euros sont consacrés depuis 6 ans à des actions de développement économique et sociétal (…) et plus de 37 millions d’euros de taxes diverses payées au Niger en 2009, auxquels s’ajoutent 3 millions d’euros de contributions sociétales. »

Le groupe français oublie de signaler qu’en 40 ans, il a bénéficié de près de 598 millions d’euros d’exonérations fiscales qui auraient pu contribuer à la création de milliers d’emplois locaux. De plus, c’est grâce à l’accord du 26 mai 2014 que les Nigériens pourront enfin occuper les fonctions de directeurs généraux

très documentés de plusieurs ONG telles que Médecins du Monde, Oxfam ou Sherpa permettent de mesurer l’impact des activités d’Areva en Afrique après plus de 40 ans d’exploitation. Depuis 2000, la formule bien connue d’Areva aux victimes de radiations radioactives en Afrique : « il convient de prouver scientifiquement que ces maladies sont dues à l’activité professionnelle » n’est plus sans rappeler Irina Brockovich, seule contre tous du réalisateur américain Steven Soderbergh. Devant les avancées de la recherche scientifique, le groupe français serait bien inspiré de changer de discours.Premier agent d’insécuritéAreva peut-il continuer à exploiter l’uranium en étant inquiet (?), le petit peuple nigérien continuer à se plaindre (?) et les ONG à se mobiliser pour la justice ? Ce triple questionnement dépasse la sphère humanitaire. Il va jusqu’à interroger la stabilité du pays et la géopolitique de la région. La littérature de recherche démontre que la plupart des problèmes sociaux que connait le Niger actuel reposent sur l’injustice et les

au sein du groupe. Une avancée tardive mais appréciable. Appliquer au Niger les normes éthiques qu’il respecte en France pourrait contribuer à donner à Areva l’image d’un leader ayant une vraie dimension mondiale en termes de transparence et de justice sociale. C’est donc une réelle opportunité pour le groupe de raconter une autre histoire.

Premier pollueur du pays

Selon Areva, les activités minières de Somaïr et de Cominak font l’objet d’une surveillance environnementale rigoureuse. « Cette démarche, déclare le groupe, est complétée par une politique de prévention des risques pour assurer le plus haut niveau de sûreté des installations et protéger l’environnement». Si Areva a effectivement intégré la sécurité comme une composante de son métier et développé une politique de prévention, la transparence prônée par la charte du groupe reste imparfaite. Le groupe pourrait non seulement reconnaître et indemniser les personnes affectées par ses activités, mais aussi améliorer sa communication.La littérature de recherche et les rapports

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inégalités. Les autorités locales observent que « pendant 40 ans, le Niger a été un des plus grands producteurs mondiaux d’uranium mais qu’il est resté, dans le même temps, un des pays les plus pauvres. Au cours de cette même période, Areva s’est développée pour devenir une des plus grandes compagnies dans le monde.» Même à 12%, la taxation nigérienne restera inférieure aux 13% du Canada et aux 18.5% du Kazakhstan. Mais grâce à cette augmentation, l’uranium pourra contribuer à hauteur de 20% au budget nigérien, contre 5% au début des négociations. La question de l’injustice que vivent les Nigériens au sujet de l’exploitation de leur uranium déborde également les tableaux statistiques. Depuis plusieurs années, l’injustice attaque la sphère des représentations. Plusieurs enquêtes révèlent, en effet qu’elle génère des sentiments d’infériorité, d’exploitation, l’angoisse, le ressentiment et produit la violence et l’insécurité. Les forces spéciales peuvent protéger les infrastructures, mais pas la réputation d’une entreprise, encore moins l’affectio societatis.

Premier espoir de changement

Au premier trimestre 2014, la production journalière de pétrole du Niger avoisinait les 80.000 barils/jour dont 6000 destinés à l’exportation. Avec le site d’Imouraren, le Niger occupera le deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium. Au regard de sa proximité avec les pouvoirs exécutif et législatif du pays, Areva pourrait inciter et aider à la création de deux instruments essentiels de sécurité : un fonds de stabilisation pour amortir les chocs liés à la volatilité des cours des matières premières et un fonds spécial

dédié aux générations futures.Il convient toutefois de rappeler qu’Areva n’est pas la solution miracle à tous les problèmes du Niger. Loin s’en faut. Le pays doit diversifier son économie, en boostant le secteur agricole en particulier, pour minimiser son exposition aux aléas climatiques et aux fluctuations des cours d’uranium. Il doit impérativement renforcer la gouvernance dans les finances publiques pour s’assurer que les revenus de l’uranium et du pétrole notamment contribuent à la réduction de la pauvreté, à la construction des infrastructures et au bien-être des populations. Il doit enfin améliorer le climat des affaires pour attirer et retenir d’autres investisseurs internationaux, notamment ceux des pays africains, à l’instar du Maroc, dans un pays où tout reste à construire.La société civile ne demande pas à Areva d’aller jusqu’au capitalisme philanthropique prôné par Bill Gates en janvier 2008 à Davos. Elle réclame simplement un capitalisme juste et responsable. Le Niger ne demande pas à

la France de faire du bien pour faire du bien, mais d’intégrer le bien dans sa stratégie. Fort heureusement, Areva semble avoir compris qu’aucune entreprise ne peut plus se contenter de développer sa croissance en faisant fi des conséquences de ses actes, même dans une ex-colonie... En acceptant de réinventer son rôle, le groupe français pourrait non seulement améliorer son image, mais contribuer à rendre le monde meilleur.

Guy GwethConseil en intelligence économiqueKnowdys Consulting Group

Knowdys Consulting Group est le leader du conseil en intelligence économique et due diligence en Afrique centrale, de l’Est et de l’Ouest. Pour accompagner la prospection et le développement sécurisé des entreprises sur le continent, le Groupe produit des notes et rapports à haute valeur ajoutée dans 10 secteurs clés des marchés africains : agroalimentaire, assurances, aéronautique, automobile, énergies, banques, BTP, industrie pharmaceutique, télécoms et matières premières stratégiques. Plus d’informations sur : www.knowdys.comtourisme.

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AGROALIMENTAIRE

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de pouvoir l’acheter directement chez le producteur et priver le secteur formel d’une source d’approvisionnement », souligne-t-il.D’autres freins ont été décelés, lors de cette journée, notamment sur les plans institutionnels, commerciaux, logistiques et juridiques. Malgré le renforcement des accords bilatéraux avec la plupart des pays précités, certains accords signés sont restés lettre morte ou se limitent à une liste de produits estimés courte, selon l’Ascam. Sur le plan logistique, le manque d’infrastructures

de transports inter-Etat adéquates (terrestre et maritime), génère des coûts supplémentaires et étire les délais de livraisons des produits. La législation de la plupart des pays n’autorise pas encore la possibilité de versement de fonds chez les banques marocaines établies dans la région. Le Maroc produit en moyenne 1,3 million tonnes d’agrumes chaque année. 530.000 tonnes sont réservées à l’export, ce qui représente un volume de près de 3

L’Association des conditionneurs d’agrumes du Maroc (ASCAM) a organisé le 14 juin 2014 à Casablanca

une journée d’étude dont l’objectif était de se pencher sur l'exportation d’agrumes du Maroc vers l’Afrique subsaharienne, dont les principaux marchés destinataires sont la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Gabon et la Guinée. Il s’agissait pour les acteurs du secteur d’identifier, de fixer les problématiques et de réfléchir sur un plan d’action à mettre en place. Dans cet examen des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne qui a regroupé les opérateurs du secteur (privé) et les autorités de tutelle, un chiffre a retenu l’attention: la croissance des exportations marocaines en direction de l’Afrique subsaharienne, à +70% en quatre ans, passant de 9.425 t en 2009 à 16.082 t en 2013 produits made in Maroc exportés. A la comparaison des volumes et valeurs d’exportations des filières agrumicoles avec la demande réelle de ces marchés d’Afrique subsaharienne (48 pays, 910 millions d’habitants soit 80% de la population globale du continent, une croissance moyenne de 5,6 %, dont 7% en Éthiopie et au Rwanda), l’Ascam estime que le Royaume « peu mieux faire ». N’eurent été quelques engrenages liés en priorité à une concurrence féroce et quelque peu déloyale de l’informel. « Le secteur informel jette un pavé dans la mare, en provoquant un écart qualitatif et donc de valeur sur les exportations normalisées », se désole Khalid Bounajma, secrétaire général de l’Ascam. « Le secteur informel génère de grandes marges bénéficiaires et peut se targuer, dans le cas de la rareté du produit,

milliards de dirhams. Selon l’ASCAM, on prévoit de dépasser les 2 millions de tonnes de production à partir de la campagne 2013-2014. Le secteur contribue à la création de 21 millions de jours de travail par an d’après le ministère de tutelle, qui recense 13 000 producteurs d’agrumes exploitant une superficie globale de 92 000 hectares. La même source fait savoir que moins de la moitié (47%) des exploitations nationales sont équipées en système d’irrigation. Les principales régions de production sont

Souss-Massa (38%), Gharb-Loukkos (20%), Moulouya (17%), Tadla (14%) et El Haouz (6%). Les principales variétés des agrumes marocaines sont la Clémentine (39%), Maroc Late (29%), Navel (22%), Oranges demi-saison (5%) ainsi que d’autres variétés.

Par : Cheikh Mbacké SENE

Les exportateurs en direction d’Afrique subsaharienne prennent leur destin en main

Maroc - Afrique : les agrumes de la colère

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ÉNERGIES

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On rencontre de plus en plus lors de conférences ou forums sur l’évolution énergétique, la notion de

quatrième énergie: l’efficacité énergétique. Ce classement chronologique ou d’ordre d’importance n’enlève en rien à l’efficacité énergétique le mérite d’être à ce jour la première source d’énergie: celle que nous n’avons pas consommée.Un aspect, de point de vue conceptuel pourrait aider aussi à cette perception. L’efficacité énergétique a été associée, à travers les politiques d’un grand nombre de pays, aux énergies renouvelables. Il est presque paradoxale, de point de vue conceptuel, de parler d’efficacité énergétique qui caractérise un comportement rationnel responsable et anti-gaspillage dans un contexte de discours sur des énergies de flux sensées être renouvelables à volonté et donc potentiellement inépuisables.

Il est vrai que l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables contribuent toutes les deux à la diminution des rejets

de GES (gaz à effet de serre), et à avoir des alternatives énergétiques durables. Les énergies renouvelables devraient faire bénéficier l’efficacité énergétique d’un effet d’entrainement généré par cet engouement aussi bien des investisseurs que des laboratoires de R&D à développer de nouvelles sources d’énergie. Les bonnes pratiques et les innovations technologiques réalisées grâce à l’efficacité énergétique tout au long de sa longue expérience doivent profiter aux nouvelles énergies et permettre ainsi de prévenir les erreurs de l’utilisation de l’énergie.

Ce sont plutôt des considérations économiques et de compétitivité qui ont présidé à la mise en place de politique d’efficacité énergétique dans des structures industrielles énergivores et cela depuis les années soixante. Sa mise en place a généré des gains durables et a ouvert la voie sur des procédés et des équipements à haut rendement énergétique.

Bien avant la viabilité économique et le retour en grâce des ENR, L’efficacité énergétique a permis des gains en intensité énergétique

( la quantité d’énergie qu’il faut pour produire une unité de richesse) et efficacité environnementale (moins de GES par unité de richesse produite) et donc en compétitivité économique durable, indépendamment des sources d’énergie. Elle a ouvert des potentialités d’amélioration aussi bien de processus et d’organisation industrielle, que de procèdes technologiques, d’équipements industriels et a fait même émerger de nouveaux produits et équipements. Ce dernier acquis ne saurait exister sans le développement de la R&D liée à l’efficacité énergétique.

Dans une étude publiée récemment, l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie) qualifie l’efficacité énergétique de « principale ressource énergétique » entre 1974 et 2010. Selon elle, les actions s’y rapportant ont permis d’économiser l’équivalent de 32 000 Mtep sur cette période. Durant la seule année 2010, une consommation de près de 1 400 Mtep a pu être évitée grâce à ces mesures, soit davantage que la consommation annuelle de pétrole dans le monde.Une étude récente commandée par le gouvernement du Canada décrit l’efficacité énergétique comme étant « une ressource abondante, propre et peu couteuse. C’est un outil de politique publique essentiel pour réduire le coût de l’énergie, augmenter la productivité, stimuler la croissance économique et réduire les émissions GES ».

La quatrième énergieUn vrai pilier de la politique énergétique

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Cette étude n’a fait que réitérer ce qu’a dit l’AIE en 2011 : « Le degré d’investissement global en efficacité énergétique et les économies d’énergie qui en résultent sont si massives qu’elles soulèvent la remarque suivante : l’efficacité énergétique ne serait donc pas seulement un carburant caché, mais le premier carburant au monde ». Ne disons-nous pas que l’énergie la moins couteuse est celle que nous ne consommons pas ?

A l’occasion des réévaluations des politiques énergétiques, illustrées par la nouvelle formulation : « la transition énergétique », ne pourra-t-on pas donner une place encore plus importante à l’efficacité énergétique ?Pour comprendre l’intérêt et la raison d’être de l’efficacité énergétique, il faut comprendre les grands principes de l’énergie, ses différentes formes et ses différentes déclinaisons.

L’énergie se conserve, mais se convertit mal.

L’énergie, qui vient du latin « énergeia » est définie, au moins dans le sens de la physique, comme étant la capacité qu’a un corps, un système, à produire un travail susceptible d’entrainer un mouvement, une production de chaleur ou d’ondes électromagnétiques. A en croire le premier principe de la thermodynamique, l’énergie ne peut ni se créer ni disparaître. Dans l’absolu, il n y a que des transferts d’énergie d’un système à un autre, ou des changements de la forme de l’énergie. Sa problématique repose sur sa transformation et son transfert. Si l’énergie se conserve et se transforme, certaines transformations sont faciles ou réversibles d’autres non. Selon le second principe de la thermodynamique, la conversion d’énergie engendre une dégradation d’une partie, généralement en chaleur. Ceci rend le taux de récupération fini, car une partie dite « fatale » ne peut être valorisée.

service énergétique recherché : alimenter un lave-linge, éclairer une pièce ou chauffer un bâtiment.Les pertes dues à la mise à disposition de cette énergie ainsi qu’aux différentes conversions entre énergie finale et énergie utile varient en fonction de la forme et du mode de conversion.

Pour pouvoir comparer et analyser les différentes ressources d’énergie, on rapporte toutes les consommations d’énergie à leur équivalent en énergie primaire. (Par exemple Tep (Tonne équivalente pétrole) = 42 Gigas joules = 11,63 MW. L’énergie primaire ici étant le pétrole).

Pour produire l’électricité, on utilise des centrales thermiques avec des rendements de conversion différents (30 – 50% pour le charbon, 40% en cycle simple pour le gaz et 55% en cycle combiné, 35% pour le nucléaire, 35% pour la biomasse). On utilise également des centrales hydrauliques avec un rendement de 90%, mais le taux d’utilisation reste sujet aux conditions de pluviométrie. On exploite aussi des éoliennes dans des endroits ou le vent est disponible, avec une limite théorique de rendement de 59% (limite de BETZ). On peut produire directement l’électricité à partir de panneaux photovoltaïques, avec des rendements dans l’état des connaissances actuelles entre 8 et 22%.

Le rendement d’utilisation est impacté, en plus de la forme de conversion, par le choix des équipements utilisés pour répondre aux besoins énergétiques. Utiliser l’électricité pour une plaque de cuisson n’a pas le même rendement que l’utiliser pour une plaque à induction, encore moins quand on utilise du Gaz pour une gazinière. Pour illustrer les pertes d’énergie : on peut citer l’exemple d’une lampe à incandescence (rendement 12%) qui utilise une électricité produite par une centrale à charbon. L’énergie utile n’est que de 4% de l’énergie primaire. En remplaçant l’ampoule à incandescence par une à fluorescence (rendement 70%), nous passons à un rendement de 23%. De même, un moteur à explosion ne produit que 18%

Les formes de l’énergie

Quand on parle de l’énergie chimique contenue dans un combustible fossile (charbon, gaz, pétrole), ou de l’énergie de l’eau d’un barrage, il s’agit d’énergie potentielle. Elle peut être libérée par un changement d’état (brûler du bois ou du charbon dans une chaudière pour produire de la chaleur), ou la rendre en mouvement quand on soumet l’eau d’un barrage à la force de gravité et la transformer en énergie cinétique (énergie d’une masse en mouvement) dans une centrale hydraulique. Cette énergie cinétique de l’eau est transformée en énergie cinétique de la turbine et de l’alternateur, ce qui permet de produire l’énergie « électrique », (l’électricité n’est qu’un vecteur de l’énergie). Celle-ci sera transformée en énergie mécanique pour les moteurs ou thermique pour la cuisson ou le chauffage, ou lumière pour l’éclairage. L’autre forme de l’énergie est électromagnétique. Elle permet de produire l’électricité à partir d’un panneau photovoltaïque.

Les déclinaisons de l’énergie

L’énergie est déclinée en quatre étapes : primaire, secondaire, finale et utile.L’énergie primaire caractérise les produits énergétiques non transformés, exploités directement. Ce sont le pétrole brut, le gaz naturel, le charbon, la biomasse, mais aussi le rayonnement solaire, l’énergie de l’eau, l’énergie du vent, la géothermie et l’énergie liée à la fission de l’uranium. L’énergie secondaire est obtenue par transformation d’une énergie primaire. Elle est transportée vers le consommateur et peut subir des pertes. Arrivée sur le lieu de consommation elle est appelée énergie finale. L’énergie finale est donc l’énergie disponible à l’utilisation comme l’électricité domestique, l’essence ou le diesel à la pompe, le gaz pour le chauffage ou la cuisson.L’énergie utile : caractérise la façon dont est utilisée l’énergie finale pour assurer le

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de l’énergie primaire (le pétrole brut) pour faire avancer un véhicule. On peut continuer comme ça des exemples aussi bien dans l’industrie, l’habitat que le transport, les trois secteurs gros consommateurs d’énergie.La notion de rendement renvoie à une comparaison par rapport à la source initiale, autrement appelée énergie primaire et aussi par rapport à la régularité de la production dans le temps. Dans le premier cas, il s’agit du rendement de conversion d’une technologie avec un taux de déperdition. Dans le second cas, il s’agit du rendement d’une technologie sur la durée. Plusieurs facteurs de déperdition entrent en jeu, avec tout d’abord ceux liés aux dispositifs techniques. Par leur fonctionnement même, les différentes technologies sont capables de plus ou moins bien récupérer la source d’énergie primaire. Au sein d’une même technologie, le choix de l’équipement peut faire varier le rendement. A cela vient s’ajouter un second facteur impactant : le transport. L’efficacité énergétique peut concerner aussi bien l’offre, c’est-à-dire des entreprises, organismes ou groupements qui développent, fabriquent et mettent sur le marché des technologies, procédés ou produits à haut rendement d’utilisation. Mais aussi la demande qui émane des industriels exploitants les équipements susceptibles de permettre des gains comme les fours, les échangeurs de chaleur, les équipements de séparation et de séchage, la cogénération, l’intégration énergétique des procédés, les utilités comme les chaudières, les systèmes de production ou d’utilisation de la vapeur, la séparation des fluides, les systèmes de froid, d’air comprimé, de ventilation, de pompage, d’éclairage….etc.

L’efficacité énergétique dans le monde

Selon une étude de l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) et le Conseil Mondial de l’Énergie , l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le monde a ralenti. L’intensité énergétique (quantité d’énergie nécessaire pour produire une unité de PIB (Produit Intérieur Brut)) est passée d’une baisse moyenne annuelle de 1,3% depuis 1990 à seulement 0,6% depuis 2008. Si le constat global reste plutôt positif et montre l’implication des différents

gouvernements dans des politiques d’efficacité énergétique, les raisons invoquées par l’étude relèvent de (i) la crise économique qui freine les investissements, (ii) le poids grandissant des économies à forte intensité énergétique comme la chine et aussi (iii)les pertes engendrées par la forte utilisation de l’électricité. L’intensité énergétique dans le secteur du transport s’est améliorée malgré le développement du transport marchandises par camions. Un autre rapport sorti le 9 octobre par l’Agence Européenne de l’Énergie annonce que les objectifs européens 20-20-20 qui consistent à l’horizon 2020 de réduire de 20% les émissions de GES, d’utiliser 20% d’énergie provenant de sources renouvelables et d’augmenter l’efficacité énergétique dans l’UE (Union européenne) de 20% ont été variablement évalués. Le premier objectif sera probablement atteint voir dépassé (18% en 2012), le second devrait être atteint de justesse (13% en 2011). Le troisième sera plus difficile à atteindre. Dans sa présentation publique de l’étude citée plus haut, l’AIE évoque notamment le cas du Japon qui a réalisé d’importants efforts qui lui ont valu d’être cité comme exemple, dans les actions d’efficacité énergétique.

Une étude de l’ADEME & TOTAL faite sur cinq pays (États-Unis, Allemagne, Japon, Norvège et France) cite parmi les freins à l’amélioration de l’efficacité énergétique :-le manque de motivation des collaborateurs, -la résistance au changement, -les coûts masqués (temps de coordination, pertes d’exploitation), -TRI (retour sur investissement) trop long, -manque d’information sur les meilleures technologies disponibles, -manque de lisibilité des gains énergétiques, -manque de moyens de financement des nouveaux équipements, -perception d’un impact négatif sur la qualité des produits et -parfois le faible coût de l’énergie n’est pas incitatif.

Nous avons bien là, les pistes d’actions possibles pour une meilleure considération de cette «quatrième énergie».

Par Hamid El MahmoudiIngénieur EMI en mécanique énergétique,

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Bonne nouvelle pour les poids lourds

au Maroc. IMPERIAL PNEU, une des

entreprises leader dans l’importation

et la distribution de pneumatiques au

Maroc, vient de monter sa première usine

de rechapage de pneumatique camions au

Maroc. Fruit d’un partenariat stratégique et

exclusif avec le groupe mondial GOODYEAR

INTERNATIONAL, ce projet industriel

d’envergure permettra ainsi de mettre sur

le marché des pneus beaucoup moins

chers (autour de 2.500 DH HT /unité), mais

également de préserver l’environnement en

recyclant proprement les pneus usagés.

Implantée dans la zone industrielle d’Ain

Sebaa, sur une surface d’exploitation de

1600m², cette unité moderne de rechapage a

nécessité un coût d’investissement de l’ordre

de 20 Millions de dirhams. 80 emplois, dont

20 directs, sont créés pour assurer dans une

première étape la production de 30 pneus/

jour, soit près de 8.580 pneus réchappés sur

l’année pour un Chiffre d’Affaires d’environ

21 Millions de MAD. Pour IMPERIAL PNEU,

l’objectif est de doubler sa capacité chaque

année jusqu’en 2016 pour atteindre 120

pneus/jour.

Le marché marocain est estimé à

550.000 pneus camions par an, dont

50.000 correspondent à une première monte.

Par rapport à ce segment de remplacement,

IMPERIAL PNEU compte donc miser gros et

se positionner fortement. Avec cette stratégie

de rechapage, la société fait d’une pierre

deux coups. D’abord, offrir une alternative

économique viable pour les entreprises, leur

assurant une meilleure maîtrise des coûts

d’exploitation de leurs flottes (6 à 7.000 DH

/ pneu neuf), sachant que les pneus font

partie des trois plus importantes dépenses

pour un parc de camions (15% des charges

en moyenne). Un coup dur pour l’informel.

Ensuite, le projet participera au recyclage

propre de ces pneus usagés à travers la

collecte des pneus usés sur tout le Royaume

pour leur rechapage. La deuxième vie donnée

aux pneus grâce au recyclage permettra

à IMPERIAL PNEU de se positionner en

tant que société responsable soucieuse de

l’environnement, avec un label vert citoyen !

Le processus de rechapage comprend les étapes suivantes:

1-Inspection initialeUn bon rechapé doit reposer sur des bases

solides. L’inspection initiale permet de déterminer si une carcasse peut être utilisée pour le rechapage ou doit être rejetée. Cette inspection préliminaire est peut-être l’étape la plus importante du processus de rechapage. C’est ce qui détermine que la carcasse ne présente aucun défaut de fabrication, ni dommage irréparable ou usure excessive. Les carcasses qui ne pourraient supporter un rechapage supplémentaire sont rejetées. En décidant d’accepter un pneu pour le rechapage, la société qui « commercialise son procédé de rechapage » appose le nom Goodyear sur les bandes de roulement des pneus rechapés. L’inspection préliminaire est fondamentale pour le succès du processus entier de rechapage.

IMPERIAL PNEU se lance dans le rechapage pneumatique

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l’indique, la semelle de caoutchouc utilisée ici est moulée et pré-vulcanisée par le fabricant de semelles de caoutchouc. Le rechapeur sélectionne la semelle appropriée, en bandes ou en unités circulaires, de différents designs, largeurs et épaisseurs. Dans le procédé de rechapage pré-vulcanisé, une couche de gomme adhésive est placée entre la semelle et la carcasse. La semelle appropriée est appliquée à la carcasse de façon linéaire et uniforme. Le pneu est ensuite amené à la chambre de vulcanisation.Imperial Pneu utilise le procédé à froid.

5-VulcanisationLa vulcanisation est le procédé de liaison de la

semelle neuve à la carcasse préparée. Durant

le procédé de vulcanisation, le caoutchouc

non vulcanisé passe d’une substance molle,

collante et étirable à une bande de roulement

dure et robuste qui résiste à l’abrasion et

procure une excellente traction et un excellent

rendement kilométrique.

Dans le procédé de vulcanisation en moule,

la carcasse préparée, amenée au bon

diamètre avec un caoutchouc non vulcanisé,

est placée dans un moule. Une fois le moule

fermé

2-PonçageLa bande de roulement usée est retirée de la carcasse d’un pneu par ponçage. Faire le ponçage de la façon appropriée est crucial pour la performance future du pneu rechapé. La carcasse est montée sur la ponceuse, une machine qui ressemble à un tour, et gonflée. On la fait ensuite tourner tandis qu’une râpe de ponçage retire le caoutchouc usé, amenant la surface de la carcasse à la forme, taille et texture idéales pour la réception d’une nouvelle semelle. Chaque dimension/modèle de pneu a un format précis en matière de largeur, de profil et de rayon. La carcasse doit être poncée pour atteindre cette dimension précise, qui permettra un contact optimal entre la bande de roulement et la route. L’expertise d’un réchappeur repose en partie sur sa faculté de poncer une carcasse conforme aux dimensions recommandées.

3-Préparation/réparation de la carcasseLes défauts qui se trouvent sur la carcasse

après le ponçage peuvent désormais être

réparés si les dommages sont dans une limite

acceptable. Le professionnel de la réparation

est formé pour reconnaître quel défaut peut

être réparé et quel défaut ne peut pas l’être.

Lorsque les dommages sont trop étendus, la

carcasse est rejetée. L’étape de la réparation

est cruciale dans le processus de rechapage.

Une réparation faite adéquatement sera au

moins aussi résistante que la construction

originale, sinon plus résistante encore. Le

réparateur doit être un spécialiste qualifié,

dédié à son travail et conscient de sa

responsabilité envers le futur utilisateur qui

roulera avec des pneus que ce réparateur a

restaurés pour donner aux pneus rechapés

une nouvelle vie.

4-Application de la semelleUne fois que toutes les réparations ont été effectuées, la carcasse poncée est prête à recevoir une nouvelle bande de roulement. Il y a deux types de procédés de vulcanisation qui sont utilisés pour faire adhérer la semelle à la carcasse: la vulcanisation en moule (procédé dit à chaud) et la pré-vulcanisation (procédé dit à froid). Chacun de ces procédés procurera un produit de qualité supérieure mais chacun doit aussi être accompli par des professionnels qualifiés.Le procédé de vulcanisation en moule (à chaud) utilisé dans la production de masse (usine pour +100 000 pneus / an) : L’application de la semelle avec le procédé de vulcanisation en moule ressemble beaucoup à la fabrication d’un pneu neuf. En utilisant l’une des différentes méthodes, le caoutchouc non vulcanisé de la semelle est appliqué sur le dessus de la surface poncée de la carcasse (et dans le cas du rechapage talon à talon, aussi sur les flancs). La carcasse préparée, amenée au bon diamètre avec le caoutchouc non vulcanisé, est maintenant prête à être placée dans le moule pour la vulcanisation. Le procédé de pré-vulcanisation (à froid) utilisé dans la production moyenne (usine pour -30 000 pneus/ an) : Comme son nom

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et le pneu gonflé à la pression appropriée,

l’expansion de la carcasse amène le matériau

non vulcanisé à se conformer au moule,

formant ainsi le dessin de la semelle. De la

chaleur est ensuite fournie (cycle Pression

Température) pendant une durée spécifique

pour que la vulcanisation se produise.

Dans le procédé de pré-vulcanisation, la

vulcanisation se produit dans un autoclave

pressurisé où l’air est chauffé à l’électricité,

à la vapeur ou à l’huile. La carcasse préparée

est placée dans cette chambre où la pression

et la température, appliquées pendant la

durée appropriée, vulcanisent la couche

de caoutchouc adhésif qui lie la bande de

roulement au pneu.

Bien que ces descriptions du procédé de

rechapage soient très brèves, l’élément à

retenir : peu importe si le procédé utilisé est

la vulcanisation en moule ou l’application

d’un caoutchouc pré-vulcanisé, le résultat

final est un pneu rechapé avec au moins

autant de robustesse et de durabilité que le

pneu neuf initial.

6-Inspection finaleLa dernière étape du processus de rechapage est l’inspection finale. Dans cette section de l’usine de rechapage, tous les pneus rechapés sont inspectés méticuleusement pour s’assurer que c’est un produit sûr et attrayant qui sera livré au client.Compte tenu des volumes à traiter, IMPERIAL PNEU a opté pour un procédé à froid de GOODYEAR. Ce procédé, qui est conforme aux normes internationales, est déjà mis en œuvre dans toutes les régions du monde.

CHIFFRES CLÉS•En France, une vente sur deux correspond à la vente d’un pneu rechapé : environ 900.000 pneus poids lourds rechapés par an.

•En Europe: 7 millions de pneus rechapés par an

•Dans le domaine de l'aéronautique les pneumatiques sont rechapés jusqu’à 7 fois. Les pneus rechapés sont devenus si fiables que toutes les compagnies aériennes importantes les utilisent. Il faut savoir que les pneus d'avion, qu'il s'agisse d'appareils de ligne ou des plus sophistiqués chasseurs militaires, sont rechapés entre 6 et 10 fois !

•En se référant à des études menées par un producteur mondial, le niveau de rechapage

des pneus poids lourds dans les pays du

Golfe atteint les 20%.

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