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by Clara Bove

Isabelle, conte graphique

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«Isabelle» est un conte que j’ai écrit dans le cadre d’un devoir en expression écrite et orale. J’ai abordé le thème du conte de sorte à ce qu’il y ait deux sens de lecture: l’un est enfantin et simple, l’autre plus dur et critique. Partant du sujet de la société consumériste, j’ai voulu sensibilisé un public jeune aux dangers de la surconsommation. À travers le personnage d’Isabelle, une vache sans histoire, j’ai tracé le parcours d’une véritable combattante contre la société consumériste, prônant parfois la philosophie végétarienne.

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by Clara Bove

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Dans l’heureux temps où le Champ des Pâquerettes fleurissait tous les printemps, les vaches sauvages vivaient en communauté. Isabelle jouait avec ses copines, non loin de sa mère: celle-ci n’aimait pas

qu’Isabelle s’éloigne de trop, de peur qu’elle ne rencontre les monstres de la Forêt. La légende voulait que la Forêt Noire en bas du Champ était peuplée de

monstres mangeurs de vache.

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Mais un jour, alors qu’Isabelle jouait à cache-cache avec ses copines, elle alla se cacher derrière un arbre tout proche de la Forêt. Elle s’était si bien cachée, que ses

copines ne parvinrent pas à la trouver. La nuit tombait et Isabelle était toujours cachée derrière cet arbre.

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Tout à coup, un bruit retentit derrière elle. De peur, elle courut pour s’éloigner. Il faisait si noir qu’Isabelle ne

s’était pas rendue compte qu’elle s’enfonçait petit à petit dans la Forêt. Elle aperçut une lumière à quelques mètres

d’elle. La peur paralysait la pauvre petite. La lumière se rapprochait de plus en plus. Alors Isabelle fermit les yeux

comme pour se cacher des monstres mangeurs.

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En quelques secondes, la lumière s’était rapprochée et Isabelle sentait sa présence tout proche d’elle.

Isabelle: - S’il vous plaît, ne me mangez pas..Comme rien ne se passait, Isabelle ouvrit les yeux. Ce n’était pas un monstre qui se tenait devant elle,

mais une fée.

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La fée: - Bonsoir petite vache, comment t’appelles-tu?Isabelle: - Je m’appelle Isabelle, j’habite le Champ d’à

côté. J’ai cru que vous étiez un monstre mangeur de vache ! J’ai eu si peur !

La fée: - Oh! Mais les monstres mangeurs de vache n’habitent pas la Forêt tu sais! D’ailleurs, ils ne sont pas

comme tu l’imagines. Non, ils habitent de l’autre côté de la Forêt.

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Isabelle: - Alors s’ils habitent de l’autre côté, pourquoi ne traversent-ils pas la Forêt pour venir nous manger?

La fée: - Vois-tu ma petite, il y a de l’autre côté de cette Forêt un monde bien complexe, où les monstres font

leurs lois. Ils se réservent de grands domaines pour faire travailler vos cousines, pour les manger par la suite. Elles

sont des millions à vivre de l’autre côté. Elles sont si malheureuses...

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Isabelle, qui écoutait la fée attentivement, prit conscience de la triste vie de ses cousines qui vivaient de l’autre côté de la Forêt. Aussi bien, elle voulut leur venir

en aide.

Isabelle: - C’est terrible... Pauvres vaches... Mais comment pouvons-nous leur venir en aide ?

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La fée: - Il serait trop risqué pour une vache pure comme toi de s’aventurer plus loin dans ces bois. Mais il existe bien un moyen mais je doute que tu sois assez mature

pour y parvenir...Isabelle: - Je vous en prie, ma vie n’a pas de sens de ce côté là du monde. Si je pouvais réunir toutes mes amies pour qu’en ce monde, heureuses elles soient, je donnerai

n’importe quoi...

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La fée: - Bon, écoute-moi. Il existe un moyen de parvenir de l’autre côté de la Forêt : il faudra prendre l’apparence

de ces monstres pour parvenir à s’intégrer parmi eux. Une fois cette intégration faite, tu devras leur proposer

un autre repas. Si tu parviens à les convaincre, les vaches seront libres et tu pourras les réunir...

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La fée: - Mais tu comprends bien que cela ne peut se faire que si tu troques ta peau de Vache, contre celle de ces monstres...Ils se tiennent sur deux pattes et

cachent leur pelage avec de longues robes noires. On les appelle les Quidam.

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Isabelle comprit que ce ne serait pas facile, et qu’il faudrait faire beaucoup de sacrifices pour parvenir

à sauver toutes les vaches.

Isabelle: - Je n’ai pas peur, je suis prête.La fée: - Ferme les yeux et répète ceci: «Quidam recto».Isabelle prononça alors ces mots... «Quidam recto». En

moins d’une seconde, Isabelle se transforma en Quidam.

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La fée: - Chaque fois que tu prononceras ces mots, tu prendras l’apparence d’un Quidam. Pour retrouver ta

forme de vache, tu devras prononcer le mot «Verso». Attention, prends garde de ne pas prononcer ce mot

lorsque tu seras en présence de Quidam. Tu pourrais te faire démasquer et être capturée.

Isabelle : - Je ferai attention, je vous promets. Merci beaucoup pour votre aide, je m’en vais de suite.

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La fée: - Au revoir Isabelle, fais attention à toi....

Isabelle quitta la fée et s’enfonça encore plus loin dans la Forêt. Elle était déterminée à sauver ses cousines. Elle

marcha des heures en direction de l’Ouest. Il était tard et Isabelle commençait à être fatiguée,

alors elle s’allongea près d’un arbre et s’endormit.

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Quand elle se réveilla, il faisait jour et elle entendit quelqu’un parler au loin. Isabelle se leva pour mieux voir. Il y avait, quelques arbres plus loin, deux Quidam qui se

baladaient. Qu’ils étaient laids et effrayants... Leurs doigts étaient si longs et leurs dents si pointues...

Isabelle avait peur mais décida de les suivre discrètement, espérant qu’ils la mèneraient hors de cette Forêt.

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Ils finirent par sortir de la Forêt pour rejoindre le village voisin, Bourg Marguerite. Isabelle laissa les deux Quidam poursuivre leur chemin. Elle alla se mêler à la foule de monstres. Ce jour là, c’était jour de marché! Il y avait

des étalages de produits laitiers, des bouchers avec leurs trophées accrochés, des vendeurs de tapis en peau de vache... Isabelle découvrait au fur et à mesure ce spec-

tacle de mauvais goût.

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Puis elle vit une marchande de fruits et légumes. Elle prit son courage à deux mains et alla discuter avec elle.

Isabelle: - Bonjour, je m’appelle Isabelle et je suis nou-velle dans le coin. Pouvez-vous m’indiquer un endroit où

travailler et dormir? Violette: - Miracle, mes voeux se sont exaucés. Bonjour,

je m’appelle Violette.

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Violette: - Je cherche actuellement quelqu’un pour tra-vailler avec moi à plein temps, m’aider dans les récoltes et

la vente !

Isabelle était contente d’avoir pu trouver du premier coup un endroit où dormir et travailler, afin de bien s’intégrer. Elles discutèrent un peu et, à la fermeture du marché,

elles rangèrent et rentrèrent chez Violette.

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Isabelle: - Vous aimez les légumes et les fruits. Vous ne mangez donc pas de vache?

Violette: - Il y a bien longtemps que je n’en ai pas mangé! Je ne raffolais pas de ça quand j’étais petite...J’essaye de

me nourrir avec ce que m’offre la nature ! Isabelle: - Je peux vous confier un secret alors, mais il ne

faudra le dire à personne.Violette: - Oh, mais oui, bien-sûr. Je vous écoute.

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Isabelle: - Je ne suis pas humaine, je suis une vache. Grâce à la fée des bois, j’ai pu prendre l’apparence des

Quidam, pour venir sauver les vaches dans votre monde.

Isabelle prononça alors ce mot «Verso» ... En moins d’une seconde, Isabelle se transforma en vache.

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Violette: - Incroyable ! Vous dîtes vrai alors! Vous ne devez pas perdre de temps, car votre mission est impor-tante. Je vous donnerai le nécessaire pour vivre dans la Grande Ville. C’est là que vous devez vous rendre pour

sauver vos cousines.

Elle apprécia le geste de Violette et l’en remercia.

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Isabelle prononça les mots... «Quidam recto». En moins d’une seconde, Isabelle se re-transforma en Quidam.

Elle travailla pour Violette le temps de pouvoir récolter assez d’argent pour aller à la Grande Ville. Le jour de son

départ, Violette lui avait préparé un sac dans lequel se trouvait de quoi manger et s’habiller,

le temps de sa mission.

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Elle l’accompagna au Bus pour la Grande Ville.

Violette: - Surtout, faites attention à vous Isabelle. Ce que vous verrez en Ville ne doit pas vous déconcentrer. Les choses sont différentes là-bas. Les Quidam sont bien plus méchants et ne veulent pas ternir leur réputation ! Isabelle: - Merci infiniment Violette. Je n’oublierai jamais

ce que vous avez fait pour moi.

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Isabelle monta dans le bus. Le voyage fut long. Elle eut le temps de regarder le paysage qui défilait sous ses yeux.

Ce qu’elle vit avait pour don de la déprimer. De grands champs lui rappelaient sa vie

avant que tout ne bascule. Mais ces champs étaient vides. Pas la moindre vache à l’horizon. Où étaient-elles

donc toutes passées?

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Elle n’était plus très loin de la ville désormais. Le paysage à travers la fenêtre du bus avait

radicalement changé. Ce n’était plus des champs qui défilaient. Mais des usines, noires, avec de la fumée. Le

monde ici était gris.

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Elle aperçut soudain une chaîne de prisonnières. Ces pauvres vaches étaient enchaînées les unes derrières les

autres. Elles marchaient vers l’abattoir au rythme des coups de fouets de ces monstres.

Isabelle ne put s’en empêcher. Cette usine «Vache qui rit» ne la faisait pas rire

mais pleurer.

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Lorsque le Bus arriva à son terminus, Isabelle descendit avec son sac. Tout autour d’elle se trouvaient d’immenses

bâtiments, qui touchaient presque le ciel tant ils étaient haut.

Elle tentait de s’orienter dans cette ville où tout parais-sait si grand et si rapide... Elle se dirigea vers un magasin

pour acheter de quoi boire un peu.

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Lorsqu’elle entra, tout était grand, à l’image de la ville. Des allées entières de viandes de vache, des allées

entières de fromages... des allées entières pour tout.Et des images accrochées au plafond qui descendaient

jusqu’en bas. Elle reconnut l’image de l’usine qu’elle avait vu en chemin: il y avait des vaches qui riaient et man-

geaient du fromage. Ce n’était qu’un mensonge !

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Elle voulait crier mais savait qu’il fallait se faire discrète. Elle vit alors une nouvelle image où là aussi, une vache

courrait dans un champ. Cette vache était peinte de violet et mangeait du chocolat. Elle savait aussi que c’était un mensonge car elle n’avait vu aucune vache

dans ces champs lors de son voyage...Isabelle se dirigea vers la sortie,

voulant cacher ses larmes.

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Violette lui avait indiqué l’adresse d’une amie à elle qui pouvait l’héberger le temps de sa mission. Elle trouva faci-

lement l’adresse indiquée et s’en félicita. Une jeune Quidam vînt à sa rencontre.

Andréa: - Vous devez être Isabelle ! Bonjour, je m’appelle Andréa. Je suis une amie de Violette. Elle m’a prévenue de

votre visite.

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Isabelle: - Bonjour Andréa. Oh si vous saviez, comme il est dur de découvrir ce genre d’endroit.

J’en reste sans voix. Je suis fatiguée de mon voyage. Pourriez-vous m’offrir un peu d’eau je vous prie?

Andréa: - Mais tout naturellement! Je vous en prie, entrez donc.

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Isabelle entra chez Andréa. Cette dernière ne se nour-rissait que de fruits et légumes. Isabelle n’avait donc pas

besoin de lui cacher sa vraie nature. «Verso» et en moins d’une seconde,

Isabelle se transforma en vache. Elle était bien plus confortable ainsi.

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S’en suivit une longue conversation entre Isabelle et Andréa toute la soirée. Isabelle expliqua comment elle comptait parvenir à sauver les vaches. Il lui faudrait être rusée car dans ce monde où tout allait vite et l’argent

faisait loi, la vache était un terrain de jeu propice. Isabelle estimait que l’avenir de ce monde appartenait aux Qui-

dam qui ne se nourriraient que de fruits et légumes.

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Le lendemain matin, Isabelle se prépara à passer une longue journée. C’était aujourd’hui qu’elle comptait agir. Elle prit de quoi se remplir le ventre et prononça alors

ces mots... «Quidam recto». En moins d’une seconde, Isa-belle se transforma en Quidam. Elle prit son sac et partit

conquérir le coeur des Quidam. Elle se rendit à l’adresse indiquée par Andréa

pour défendre ses droits.

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Isabelle se tenait juste devant désormais, La Grande Maison de Loi. Tous les mois, se déroulait en ces lieux un congrès où chacun pouvait venir défendre sa cause. Les

Grands Quidam qui font la loi s’inspirent de ce que chacun peut dire pour rendre leur monde plus juste.

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Isabelle ne voulait pas rater sa chance ce mois-ci de défendre celles pour qui sa vie avait été sacrifiée. Tout le monde s’installa. Plusieurs Quidam passèrent et défen-

dirent leurs causes. Puis vînt le tour d’Isabelle....

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Isabelle:- Mesdames, Messieurs, je serai brève. Je viens à vous car les vaches sont maigres. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de bouches à nourrir. Nos vaches à lait ne peuvent nourrir tant de bouches. Serions-nous prêts à

priver certains pour le plaisir des autres? Alors que tant de champs restent déserts et inexploités? Envers ceaux

qui vous sont....

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D’un coup, Isabelle trembla. Son discours pourtant bien préparé, cette dernière -sans doute à cause du stress- fit une faute de prononciation qui lui aura été fatale.

Au lieu d’avoir prononcé -ceux, celle-ci bafouilla et prononça -ceaux.

Le mot magique avait été prononcé, sans le vouloir.

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Isabelle prononça le mot «‘vers ceaux» ... et en moins d’une seconde, elle se transforma en vache.

L’assemblée de monstres affamés ne pouvant résister à ce festin gratuit, tous se ruèrent vers leur victime pour

n’en faire qu’une bouchée.

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Fin