33
Department of Economics, Universite Catholique de Louvain L'emploi en 1964 et les premiers résultats du recensement Author(s): Robert Leroy Source: Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review, 31e Année, No. 4, LA BELGIQUE EN 1964 (juin 1965), pp. 239-270 Published by: Department of Economics, Universite Catholique de Louvain Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40723042 . Accessed: 28/06/2014 08:46 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Department of Economics, Universite Catholique de Louvain is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA BELGIQUE EN 1964 || L'emploi en 1964 et les premiers résultats du recensement

Embed Size (px)

Citation preview

Department of Economics, Universite Catholique de Louvain

L'emploi en 1964 et les premiers résultats du recensementAuthor(s): Robert LeroySource: Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review, 31e Année, No. 4, LABELGIQUE EN 1964 (juin 1965), pp. 239-270Published by: Department of Economics, Universite Catholique de LouvainStable URL: http://www.jstor.org/stable/40723042 .

Accessed: 28/06/2014 08:46

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Department of Economics, Universite Catholique de Louvain is collaborating with JSTOR to digitize, preserveand extend access to Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'emploi en 1964 et les premiers résultats du recensement

PAR

Robert Leroy (*)

Cette année, deux points retiennent l'attention, dans le domaine de l'emploi. D'une part, la situation conjoncturelle : les diagnostics de conjoncture ont relevé plusieurs indices d'un ralentissement, voire d'un arrêt de la hausse conjoncturelle qui se poursuit depuis 1960. Une telle évolution affecte-t-elle le marché du travail? Assiste-t-on à une recrudescence du chômage ? Une image globale de l'année, à travers des moyennes annuelles par exemple, n'apporte pas de réponse à ces questions : dans son ensemble, 1964 apparaît comme une année de haute conjoncture, dont l'analyse ne présente pas un intérêt particulier par rapport à celle de l'année précédente; car l'éventuelle modification de la conjoncture n'a été, au plus, qu'annoncée par certains indices et seulement vers la fin de l'année. Aussi, pour déterminer s'il y a, ou non, une dégradation de la situation sur le marché du travail, l'analyse doit-elle être menée au niveau des données mensuelles, en rencontrant la difficulté de départager le saisonnier du conjoncturel (section I).

D'autre part, la publication progressive des résultats du Recen- sement de 1961 constitue un événement important, au plan de la connaissance de l'emploi. Depuis le dernier recensement, qui datait de 1947, l'analyse de l'emploi devait se baser sur de multiples statistiques partielles, d'origine souvent indirecte et de portée parfois discutable. Un recensement permet de confronter ces statistiques à une autre source d'information, de combler les lacunes et d'obtenir une vue d'ensemble.

En particulier, l'avantage d'un recensement de la population réside dans la saisie globale de la population, avec toutes ses carac- téristiques (de sexe, d'âge, d'état civil, d'instruction, de localisation

(*) Cet article a été élaboré en collaboration avec M. Hees, J.C. Koeune et H. Zoller, au sein du Département Travail de FI.R.E.S.P. Plusieurs analyses ont été préparées dans le cadre d'une recherche effectuée à la demande de l'Office Belge pour l'Accroissement de la Productivité.

239

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

géographique), dans sa relation à l'activité économique, en tant que producteur. L'emploi, qui constitue la rencontre effective de l'offre et de la demande de travail, est ainsi abordé du côté de l'offre et situé dans le contexte de l'offre globale, effective et potentielle.

En fonction des données déjà disponibles, nous tenterons une première analyse de trois composantes de l'offre : la composante démographique (le mouvement de la population dû à la natalité et à la mortalité), une composante de nature démo-économique (l'apport des migrations extérieures) et une composante socio- économique (le comportement à l'égard de l'activité, mesuré par le taux d'activité) (x). Pour la facilité de l'exposé, nous envisagerons d'abord la population et l'activité en général (section H), puis l'activité féminine (section III) et enfin l'apport des travailleurs étrangers (section TV).

I - La situation conjoncturelle

Le sens dans lequel évolue la demande de travail peut être dégagé grâce à la statistique des emplois vacants, tenue à l'ONEM. Compte tenu des fluctuations saisonnières, la demande est en hausse depuis 1960; la hausse s'est accélérée en 1963. Mais les chiffres de 1964 sont inférieurs à ceux correspondants de l'année précédente et de mars à décembre, l'écart grandit; les deux dernières données de 1964 sont retombées à un niveau voisin de 1960.

TABLEAU I - Offres d'emploi non satisfaites (en fin de mois)

mars juin septembre décembre

1960 8.243 8.455 11.301 6.095 1961 11.746 15.588 17.277 11.356 1962 15.601 16.349 17.108 11.854 1963 16.058 20.628 20.289 14.160 1964 15.218 15.616 12.680 6.985

Source : ONEM.

0) Nous ne reviendrons pas ici sur la composante la plus directement économique : le chômage. La dernière composante (la durée du travail) n'est pas couverte par le recensement.

240

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Si cette série fournit un bon indice du mouvement de la demande, elle ne permet pas de quantifier les mouvements (l'ONEM est loin de pouvoir connaître la totalité des emplois vacants). De toute façon, une diminution des besoins, non satisfaits, de main- d'œuvre n'implique pas automatiquement une réduction de l'emploi ni un développement du chômage. Elle en indique cependant la possibilité. Qu'en est-il en fait?

Considérons d'abord le chômage complet (2), dans son évolu- tion mensuelle, d'année en année (graphique I). Depuis la récession de 1958-1959, le chômage complet est en baisse : par delà les varia- tions saisonnières, la courbe de chaque année se situe plus bas que

Graphique I - Taux de chômage complet depuis 1959

(2) Sauf mention contraire, le chômage complet comprend les indemnisés, les dispensés du contrôle et les chômeurs mis au travail par les pouvoirs publics.

241

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

la précédente. La baisse cependant se ralentit, comme en témoignent les droites de régression calculées sur les périodes d'avril à novembre ou leurs coefficients angulaires (chômage masculin) :

1959 -0,143 1961 -0,088 1963 -0,025 1960 -0,106 1962 -0,071 1964 -0,003

L'écart entre les courbes se réduit d'année en année, pour disparaître en fin 1964 et s'inverser en janvier 1965, qui est à un niveau plus élevé que janvier 1964.

La prudence s'impose, pour passer de cette description à un jugement. Il est logique que la résorption du chômage complet, rapide au cours des premières années, devienne plus lente au fur et à mesure que les chômeurs restants comportent plus de travail- leurs âgés ou peu aptes ou jugés tels. Cependant, au courant de 1963, soit après trois ans de conjoncture favorable, la résorption avait encore été sensible, tandis qu'elle disparaît quasiment en 1964. Et d'ailleurs, la baisse simultanée de la demande de travail incite à penser que la tendance à la résorption a dû perdre de sa force.

Ensuite, le phénomène, se localisant à la fin de l'année, pourrait être faussé par les conditions climatiques. En fait, l'hiver précédent avait été particulièrement rude; il s'était traduit surtout par une «intensité» exceptionnelle^) du chômage partiel. Le nombre de jours de gel montre que le dernier hiver a été moins rude que l'hiver 1963-1964 :

nov. déc. janv. févr. mars

Hiver 1963-1964 3 27 20 9 12 Hiver 1964-1965 5 15 12

Les variations saisonnières n'ont donc pas joué dans le sens d'une remontée des taux de chômage.

Une modification, certes légère, semble donc s'être produite dans l'évolution du chômage complet. Pour le chômage partiel, il y a une nette remontée des niveaux dans certaines branches d'activité : textile, vêtement, cuir, céramique et peut-être construc- tion (tableau II). La hausse frappe plus les ouvrières que la main- d'œuvre masculine, et comme plusieurs de ces branches comptent

(8) Voir notre chronique précédente, dans le n° 4, 1964.

242

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

parmi les secteurs les plus importants de l'emploi féminin, le total du chômage partiel féminin dépasse le niveau de l'année précédente dès le mois de mai; en fin d'année, l'écart est devenu sensible.

TABLEAU II - Principales branches où le chômage partiel est plus élevé en 1964 qu'au mois correspondant de 1963

Début du novembre décembre dépassement

Mois

Nombre % Nombre % Nombre %

Hommes Textile 1963 avril 574 0,7 345 0,4 899 1,1 1964 735 0,9 1.279 1,4 2.774 2,9

Constr. 1963 nov. 912 0,4 62.040 27,8 1964 4.713 1,9 38.346 15,7

Total 1963 nov. 8.807 0,5 84.515 5,3 1964 12.333 0,8 53.492 4,2

Femmes Textile 1963 mars 1.045 1,4 673 0,9 1.385 1,9 1964 1.358 1,9 2.489 3,2 4.474 5,8

Vêtements 1963 avril 1.856 2,6 2.427 3,3 5.189 7,2 1964 2.014 2,7 3.856 6,5 6.871 11,6

Cuir 1963 sept. 305 2,3 328 2,4 547 4,1 1964 396 2,7 532 3,7 750 5,2

Céramique 1963 nov. 500 10,4 163 3,4 1964 821 13,9 888 14,7

Total mai 5.811 1,0 4.946 0,9 9.170 1,7 5.897 1,0 8.925 1,6 14.968 2,6

Total sept. 10.651 0,5 13.753 0,6 93.685 4,3 12.923 0,6 21.258 1,0 68.460 3,1

Parmi les ouvriers, une hausse apparaît également dans le textile, dès avril. Pour la construction, il y a un dépassement en novembre, mais non en décembre; cependant, compte tenu des conditions climatiques très défavorables de décembre 1963, il est possible que le taux de 15,7% en décembre 1964, certes inférieur à celui de décembre 1963, ne soit pas dû uniquement aux variations saisonnières.

Ces signes d'une certaine détérioration de la situation sur le marché du travail n'empêchent pas que la moyenne annuelle du chômage soit inférieure à celle de 1963, dans toutes les catégories

243

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

de chômage, sauf le partiel féminin. L'image globale de 1964 reste donc celle d'une année de haute conjoncture.

TABLEAU III - Niveau annuel du chômage

Complet Partiel-accidentel Total

H F. Total H. F. Total H. F. Total

C) 1957 3,8 4,3 3,9 1,7 2,2 1,8 5,5 6,5 5,7 1959 6,8 6,4 6,7 3,7 3,1 3,5 10,5 9,5 10,2 1963 3,0 2,9 3,0 2,7 1,1 2,3 5,7 4,1 5,3 1964 2,6 2,6 2,6 1,3 1,2 1,3 3,8 3,8 3,8

Nombre 1963 48.313 16.644 64.957 43.798 6.407 50.205 92.111 23.051 115.162 1964 42.136 14.494 56.630 20.278 7.006 27.284 62.414 21.500 83.914

(*) En % des Assurés

Ce chômage de haute conjoncture est marqué par le chômage complet des âgés. Au delà de 50 ans, le taux de chômage reste élevé; il passe de 3,6% à 50-55 ans, à 7,1% à 55-60 ans et 17,5% de 60 à 65 ans. Nous reviendrons sur ce problème, dont la gravité est trop souvent ignorée, en considérant l'ensemble de l'activité des âgés, grâce aux renseignements du Recensement de 1961.

TABLEAU IV - Chômage complet masculin selon l'âge En % des Assurés

Moins de 25-40 40-50 50-65 Total 25 ans ans ans ans

18.11.1957 2,0 1,9 3,3 9,2 4,0 15. 5.1959 5,3 4,1 6,5 13,9 7,3 30. 6.1963 0,4 0,7 1,9 7,8 2,8 30. 6.1964 % 0,3 0,6 1,6 7,0 2,4

Nombre 816 3.768 4.771 29.909 39.264

244

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

En conclusion, le volume du chômage, en 1964, est très restreint; seul, le taux de chômage complet des âgés pose un problème. Cependant plusieurs indices d'une modification possible de l'évo- lution sont apparus : arrêt de la résorption du chômage complet, développement d'un chômage partiel dans plusieurs secteurs. Si ces phénomènes restent, en eux-mêmes, sans gravité, ils appellent cependant qu'on en suive l'évolution avec attention : ils peuvent en effet constituer les premiers signes d'une détérioration conjonc- turelle plus grave, telle que la Belgique en a connue, par trois fois, dans l'après-guerre.

II - Population et activité

La parution progressive des résultats du Recensement de la Population au 31 décembre 1961 incite à se pencher sur des évolu- tions de plus longue période, notamment sur l'évolution de l'offre de travail. Dans les pays développés, où la croissance démographique est modérée et où l'ensemble de la population est déjà intégré dans le processus économique, l'offre de travail devient un facteur important de la croissance économique, par delà les variations conjoncturelles.

Donnons d'abord une vue d'ensemble de l'évolution des actifs (4) entre 1947 et 1961. À 14 ans de distance, le nombre global d'actifs est quasi identique : une diminution de la population active masculine est compensée par un accroissement des femmes actives.

TABLEAU V - Évolution de la population active

H F Total

1947 (Recensement) 2.660.111 820.916 3.481.027 1961 (Recensement) 2.540.445 932.825 3.473.270 Évolution : nombre - 1 19.666 + 1 1 1 .909 - 7.757

% -4,5 +13,6 -0,2

1961 (Min. de l'Emploi) 2.484.300 1.106.700 3.591.000 Différence : nombre - 56.100 + 173.800 + 117.700

% -2,2 +18,6 +3,4

(4) Sauf mention contraire, la définition des actifs comprend les chômeurs mais exclut les miliciens.

245

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

En taux d'accroissement, l'évolution des actives constitue un phénomène plus accentué que la réduction des actifs masculins.

Il est intéressant de comparer les données du Recensement aux estimations auxquelles on a dû avoir recours jusqu'à présent. Entre les chiffres du Recensement au 31 décembre 1961 et l'esti- mation du Ministère de l'Emploi pour l'année 1961, certains écarts apparaissent. Compte tenu des aléas inévitables et de la divergence dans les dates (31 décembre et moyenne annuelle), l'écart parmi la population masculine semble minime. L'écart pour les chiffres féminins est plus important, tant en nombre absolu (173.000) qu'en nombre relatif (18%); il réside principalement dans le secteur des services (différence de 144.000). Il n'est pas évident a priori que la vérité se trouve d'un côté ou de l'autre; notons qu'une enquête par sondage, effectuée à l'initiative de la C.E.E. en 1960, aboutit également à un chiffre plus élevé, voisin de celui du Minis- tère de l'Emploi (le taux de 23,8% correspond à environ 1.114.000 actives).

L'analyse doit ensuite déterminer l'origine de l'évolution des actifs. Par définition, l'évolution de la population active résulte, soit d'une variation du volume de la population en âge de travail, soit d'une modification du comportement de cette population quant à l'exercice d'une activité, le comportement étant exprimé par le taux d'activité.

Comme ce comportement présente des différences systémati- ques en fonction de l'âge, la simple variation du nombre global de la population en âge de travail ne suffit pas à traduire les aspects démographiques de l'évolution. Aussi est-on amené à dissocier l'évolution démographique en deux processus distincts : d'une part, la simple évolution globale du nombre de personnes en âge de travail, d'autre part, les transformations de la composition par âge, intervenues à l'intérieur de la population d'âge actif.

De même, l'évolution du comportement doit être mesurée en tenant compte de l'âge. Il ne suffit pas de considérer le taux d'acti- vité global, dont l'évolution peut dépendre de la structure d'âge de la population d'âge actif; il faut mesurer l'évolution du taux qui s'est produite dans chaque classe d'âge déterminée.

Les trois processus - nombre global de personnes d'âge actif, structure d'âge de ces personnes et taux d'activité à chaque âge - une fois définis, il reste à en déterminer l'influence respective sur l'évolution effective des actifs. Nous utilisons une formule où

246

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

révolution des actifs, de 1947 à 1961, se décompose en une somme de trois termes (plus un résidu) exprimant chacun la variation d'actifs que chaque processus isolément devait entraîner (5). Pour simplifier la présentation, l'évolution est exprimée, non pas en chiffres absolus (exemple : -119.666 actifs masculins) mais en % par rapport aux actifs de 1947 (-4,5%).

a = p + s + t (+ r) a = variation du nombre d'actifs, en % des actifs de l'année de

base (ici 1947). p = variation du nombre d'actifs (également en % des actifs 1947)

qui eut résulté de révolution de la population âgée de 14 à 74 ans, abstraction faite de modifications de la structure d'âge et à taux d'activité constant; le pourcentage exprime simul- tanément le taux d'évolution de la population d'âge actif.

s = variation du nombre d'actifs (en % des actifs 1947) qui eut résulté de modifications de la structure d'âge à l'intérieur de la population 14-74 ans, pour un volume constant de cette population et avec un taux d'activité inchangé dans chaque classe d'âge.

t = variation du nombre d'actifs (en % des actifs 1947) qui eut résulté de modifications du taux d'activité de chaque classe d'âge, à structure d'âge constante (et le taux par définition fait abstraction de l'évolution du volume global); le pourcen- tage exprime simultanément l'évolution (en %) du taux d'activité global, standardisé sur la population de 1947.

r = un double résidu, provenant du jeu combiné des processus : les modifications du taux d'activité, appliquées à l'évolution de la population et à l'évolution de sa structure d'âge.

Appliquée à l'évolution entre 1947 et 1961, la formule donne les résultats suivants :

(5) La formulation mathématique est donnée en annexe. La population en âge de travail comprend ici les personnes âgées de 14 à 74 ans. D'un point de vue formel, cette définition introduit une certaine inexactitude, puisque les actifs de plus de 74 ans, certes peu nombreux, sont rapportés à la population de 14 à 74 ans ou de la dernière classe (65-74 ans). Mais de cette façon, les variations, en fait assez fortes, de la population de plus de 74 ans, où la propen- sion à travailler est très réduite, ne viennent pas influencer exagérément la mesure du comportement des actifs et de la structure d'âge de la population en âge de travail.

247

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Actifs = population + structure + taux d'activité + résidu

Hommes - 4,5 +1,0 -0,7 - 4,8 +0,03 Femmes +13,6 +3,2 -4,3 +16,0 -1,3

Total - 0,2 +1,6 -1,6 + 0,1 -0,3

La première composante de l'évolution, le nombre de personnes en âge de travailler, relève de la démographie, à la réserve cependant des migrations extérieures, qui dépendent étroitement des conditions économiques. Si Ton n'envisage que la population belge, l'accrois- sement masculin paraît légèrement plus élevé que si l'on considère le total des hommes belges et étrangers (+ 1,4% au lieu de + 1,0%), celui des femmes belges légèrement plus faible (+ 2,7% au lieu de + 3,2%); la divergence entre l'évolution masculine et féminine s'amoindrit. C'est dire que, si les étrangères ont aug- menté, les migrations extérieures n'ont pas accru le potentiel de travail masculin (la dernière section sera consacrée à cette question).

Ce léger accroissement du potentiel d'actifs est contrebalancé par l'évolution de la structure d'âge. Toutes les classes au delà de 50 ans s'accroissent, tandis que le nombre de jeunes adultes (15- 29 ans) diminue. Au total, les deux processus démographiques impliquaient un volume de travail stationnaire.

Ces deux éléments étant isolés, les modifications du compor- tement se dégagent clairement, puisque la formule exprime ces modifications en neutralisant l'incidence de l'évolution démogra- phique; la troisième composante représente l'influence, sur le

TABLEAU VI - Évolution du taux d'activité En % de la population 14-74 ans

Hommes Femmes Total

Taux en 1947 81,7 24,5 52,7 Taux en 1961 77,2 27,0 51,5

Différence entre les taux -4,5 + 2,5 -1,2 Évolution des taux bruts, en % des taux

1947 -5,5 +10,1 -2,3 Évolution des taux standardisés, en % des

taux 1947 -4,8 +16,0 +0,1

248

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

volume des actifs, des changements de taux d'activité dans chacune des classes d'âge. Le tableau VI compare cette mesure standardisée sur la population de 1947 à d'autres mesures plus élémentaires.

Ainsi ce sont les modifications du comportement d'activité qui ont joué le rôle déterminant dans l'évolution des actifs. Du côté féminin, l'évolution est très accentée, surtout si l'on tient compte de l'évolution de la structure d'âge (+ 16% au lieu de + 10% pour le taux non standardisé); elle le serait plus encore s'il fallait retenir l'estimation du Ministère de l'Emploi. L'activité féminine fera l'objet de la section suivante.

Du côté masculin, l'évolution du comportement présente une baisse de 4,8%, en relation avec le développement de la scolarité et la réduction de l'activité parmi les âgés. La baisse des taux parmi les jeunes entraîne une réduction du volume global d'actifs masculins de l'ordre de 4%. De 25 à 59 ans, l'activité a très légèrement aug- menté; le phénomène a probablement joué aussi entre 20 et 24 ans, masquant ainsi le développement du nombre d'étudiants, qui n'apparaît guère dans l'évolution du taux d'activité (de 82,2 le taux passe à 82,0).

TABLEAU VII - Évolution du taux d'activité masculin par âge

Classes 1947 1961 Évolution Groupes 1947 1961 Évolution d'âge en% d'âge en%

14 ans 26,4 17,6 -33,4 15-19 ans 66,8 43,2 -33,2 14-24 ans 70,7 56,7 -19,8 20-24 ans 82,2 82,0 - 0,3

25-29 ans 95,2 96,5 + 1,4 30-34 ans 96,5 97,8 + 1,4 35-39 ans 96,3 96,6 + 0,3 25-59 ans 93,3 93,9 + 0,7 40-44 ans 95,5 95,6 + 0,1 45-49 ans 93,8 94,0 + 0,2 50-54 ans 89,6 91,1 + 1,6 55-59 ans 82,9 85,1 + 2,7

60-64 ans 73,4 70,8 - 3,6 ^ , .. , ._ _ 65 ans et plus 24J 9,8 - 60^ 60 ^ ans et plus , 40,6

.. , 30,5 ._ _

-24,9

Total 14 ans et plus 78,9 73,6 - 6,6

249

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Parmi les âgés, l'activité a diminué, du moins à partir de 60 ans. Il est intéressant d'observer également le niveau des taux. Dès 50-54 ans, 8% des hommes n'exercent plus d'activité; le taux d'inactivité double dans la classe suivante et atteint 30% dès avant l'âge habituel de la pension.

Une comparaison avec d'autres pays est nécessaire pour apprécier ces chiffres. Certes les recensements n'utilisent pas exacte- ment les mêmes définitions. Mais une enquête par sondage, effec- tuée à l'initiative de la C.E.E., pallie cette déficience. D'ailleurs pour la France et l'Allemagne, les résultats de l'enquête sont remarquablement proches de ceux des recensements; pour la Belgique, la C.E.E. donne des taux un peu inférieurs, entre 55 et 64 ans, mais sensiblement plus élevés pour les deux dernières classes.

D'une façon générale, que l'on choisisse l'une ou l'autre base de comparaison, la Belgique a des taux inférieurs à ceux des pays considérés (à la seule exception de l'Italie pour la classe 60-64 ans). Par rapport à la Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, la différence est accentuée à tous les âges. Vis-à-vis des autres pays, la diffé- rence paraît moindre dans les classes 50-64 ans; il ne faut cependant pas perdre de vue que sous l'angle de l'inactivité, une différence relativement minime de taux d'activité peut représenter une forte disparité dans les taux d'inactivité (entre un taux d'activité de 92% et un taux de 96% par exemple, il y a doublement de l'inac- tivité, dont le taux passe de 4% à 8%).

TABLEAU VIII - Comparaison internationale des taux d*acttvité masculins

Belgique France Allemagne Italie Pays- Grande- Bas Bretagne

1961 1960 1962 1960 1961 1960 1960 1960 1961 (Ree.) (C.E.E.) (Ree.) (C.E.E.) (Ree.) (C.E.E.) (C.E.E.) (C.E.E.) (Ree.)

50-54 ans 91,1 91,4 93,0 94,1 94,1 94,0 93,1 96,7 95,0 55-59 ans 85,1 83,9 85,2 85,8 89,1 88,5 86,6 95,6 94,5 60-64 ans 70,8 68,7 71,1 71,0 74,0 71,4 61,4 85,1 90,0 65-69 ans 14,7 26,2 41,8 42,3 35,2 31,1 39,7 39,4 44,0 70 ans et plus 6,8 11,4 18,6 22,6 16,3 15,2 20,2 16,6 17,0

250

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Encore y a-t-il lieu de rappeler que la définition des actifs englobe le chômage qui, en Belgique, est élevé parmi les âgés, même en haute conjoncture. Si on groupe les inactifs et les chômeurs, le taux d'inactivité atteint 12% à 50-54 ans, 20% à 55-59 ans et 37% à 60-64 ans, à un moment où le chômage est en baisse depuis deux ans. Les chiffres similaires pour la France sont de 8%, 16% et 30%; et la France est le pays dont les taux d'activité, pour ces classes d'âge, sont parmi les plus bas des pays considérés.

III - L'activité féminine

A. Évolution générale

Á la réduction des actifs, due à une modification du compor- tement des hommes, correspond un accroissement du nombre des actives. Si la population féminine en âge de travail (14-74 ans) a augmenté de 3,2%, les accroissements se sont situés dans les classes au delà de 50 ans, tandis que les classes connaissant la plus forte participation à l'activité économique (15-24 ans) se sont réduites; au total, les composantes démographiques impliquaient une légère diminution du nombre d'activés (- 1,1 %; voir ci-dessus la formule d'évolution). La source de l'accroissement de l'offre de travail ne fut donc pas la démographie, mais la modification du compor- tement vis-à-vis de l'activité économique.

Par rapport à l'état du comportement en 1947, la modifi- cation est grande : en tenant compte de l'évolution défavorable de la structure d'âge, elle représente une hausse de 16%. Mises à part une minime baisse en dessous de 20 ans et une réduction d'acti- vité au delà de 60 ans (d'ailleurs relativement faible par rapport à la chute des taux masculins), la hausse des taux féminins s'étend à toutes les classes entre 20 et 60 ans (graphique II). Il est intéres- sant de noter l'allure des hausses aux différents âges : l'accroissement relatif est élevé parmi les jeunes (20-24 ans), puis s'estompe, pour remonter à partir de 40 ans. Le deuxième âge d'activité des femmes s'esquisse, même si le niveau des taux n'est pas encore devenu plus élevé à cet âge que dans la trentaine.

Cependant au point de vue de l'apport de main-d'œuvre, l'évolution paraît de moindre ampleur : les 120.000 actives supplé- mentaires n'accroissent la quantité de travail que de 3,2%. De même,

251

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Graphique II - Évolution des taux d'activité féminins

Graphique III - Comparaison internationale des taux d'activité féminins

252

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

si l'on considère les niveaux des taux de participation, la différence ne représente que 2,5% des femmes susceptibles de travailler, puisque le taux passe de 24,5 à 27,0% (14-74 ans).

Pour apprécier le niveau de ces taux, il faut recourir une fois encore à des comparaisons internationales. L'enquête par sondage effectuée par la C.E.E. présente l'avantage de l'uniformité des définitions. Mais les résultats diffèrent assez largement des chiffres issus des Recensements. D'après la C.E.E., les taux belges, à tous les âges, seraient plus élevés qu'ils n'apparaissent au Recen- sement. Le fait est à rapprocher de la comparaison avec l'estimation du Ministère de l'Emploi, qui, elle aussi, donnait un volume plus grand d'activés. Une même divergence apparaît dans les taux

TABLEAU IX - Comparaison internationale des taux d'activité féminins

Belgique France Allemagne Italie Pays- Bas

1947 1961 1960 1962 1960 1961 1960 1960 1960 (Ree.) (Ree.) (C.E.E.) (Ree.) (C.E.E.) (Ree.) (C.E.E.) (C.E.E.) (C.E.E.)

14 ans 16,2 11,7 9,5 ... 18,5 20,0 32,5 33,2 12,8 15-19 ans 41,8 40,6 43,9 35,5 50,5 74,0 76,6 48,0 63,9 20-24 ans 40,5 52,2 57,0 61,5 68,3 75,8 74,6 48,7 62,6

25-29 ans 29,5 36,5 42,5 45,3 49,5 52,3 51,0 36,9 25,8 30-34 ans 25,6 31,2 34,7 38,7 46,0 43,5 44,0 34,0 20,1 35-39 ans 25,1 30,0 35,1 39,5 45,2 44,7 44,6 34,6 18,2 40-44 ans 24,0 30,0 33,3 41,2 46,6 44,6 43,6 33,4 19,0 45-49 ans 22,0 28,4 33,7 45,0 52,7 40,8 40,5 33,0 22,1

50-54 ans 19,8 25,3 31,5 45,3 52,2 37,5 36,5 30,2 20,3 55-59 ans 17,3 20,1 23,8 42,2 45,7 32,7 31,6 24,2 17,3 60-64 ans 13,3 9,4 13,6 33,9 38,3 21,6 19,9 17,7 12,8

65-69 ans ' SA* 8,4 19,2 21,3 13,5 11,9 11,7 5,7 70 ans et + }

5'4 2,7* 7,5 7,0 9,5 5,4 4,9 4,7 2,7

Total (14- 100 ans) 23,4 25,3 ... 36,1** ... 41,6

Total (0- 100 ans) 19,0 19,9 23,8 27,6 32,0 32,8 33,1 24,6 19,3

(*) 65 ans et plus : 3,7 (♦*) 15 ans et plus.

253

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

français, tandis que les deux sources convergent étroitement pour l'Allemagne.

Même avec une éventuelle surestimation, la position de la Belgique paraît fort inférieure à celle de l'Allemagne et de la France; elle est proche de l'Italie, tandis que les Pays-Bas se distinguent par un taux très faible. La courbe de la France accuse très nettement le phénomène du second âge d'activité des femmes : la courbe a un deuxième sommet vers 45-50 ans.

B. Caractéristiques de V activité

Essayons tout d'abord de préciser l'évolution de l'activité féminine, au point de vue du type d'emploi exercé. Le tableau X reprend les catégories les plus nombreuses. L'accroissement de l'emploi féminin réside essentiellement parmi les employées. Á part l'évolution très marquée de cette catégorie, la répartition socio- professionnelle donne plutôt une impression de stabilité.

Le nombre des patrons et indépendants, qui a très fortement diminué pour les hommes, s'accroît parmi les femmes, tant dans l'agriculture que dans le commerce ou les hôtels-cafés-restaurants. La réduction des aidantes dans l'agriculture est compensée par des accroissements dans divers secteurs. La diminution, assez limitée, des ouvrières se localise dans le textile (et des services domestiques, bien que pour ce dernier secteur, la statistique soit très aléatoire); elle est partiellement compensée par des hausses dans d'autres branches.

En regard des caractéristiques de la demande de travail, il faudrait analyser l'activité féminine selon les caractéristiques des personnes, comme l'âge, l'état civil (mariée-célibataire) et le nombre d'enfants; les renseignements relatifs à ces deux dernières carac- téristiques ne sont pas encore disponibles, mais il est possible d'analyser l'activité selon l'âge et d'obtenir ainsi, de façon indirecte, une vue sur le déroulement des carrières.

Au préalable, deux remarques méthodologiques s'imposent. La statistique donne la répartition par âge des actives de telle ou telle catégorie, à une date déterminée. Il ne s'agit donc pas d'une statistique biographique, qui retracerait directement les carrières professionnelles. Les répartitions par âge ne traduisent pas seule- ment les profils professionnels (par exemple le fait que des femmes s'installent comme indépendantes à l'âge de 40 ans) mais aussi des

254

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

TABLEAU X - L'emploi féminin par statut social et branche d'activité

Évolution 1947 1961 Nombre I %

Patrons et indépendantes Agriculture 18.548 20.390 + 1.842 + 9,9 Confection 16.800 6.172 -10.628 -63,3 Commerce 69.182 82.200 +13.018 +18,8 Hôtels, cafés, restaurants 25.464 42.689 + 17.225 + 67,6 Autres 18.906 28.726 + 9.820 +51,9

Total 148.900 180.177 +31.277 +21,0

Aidantes Agriculture 39.733 19.696 -20.037 -50,4 Commerce 28.869 28.589 - 280 - 1,0 Autres 20.523 38.423 +17.900 +87,2

Total 89.125 86.708 - 2.417 - 2,7

Ouvrières Alimentation 21.499 20.945 - 554 - 2,6 Textile 96.360 66.421 -29.939 -31,1 Confection 65.704 66.041 + 337 + 0,5 Fabrications métalliques 21.252 29.549 + 8.297 +39,0 Services domestiques 66.003 40.880 -25.123 -38,1 Autres 106.227 129.998 +23.771 +22,4

Total 377.045 353.834 -23.211 - 6,2

Employées 189.770 288.586 +98.816 +52,1

Chômeuses 16.076 22.842 + 6.766 +42,1 Inconnues - 678 - -

Total 820.916 932.825 +111.909 +13,6

évolutions historiques (par exemple un nombre élevé déjeunes dans une catégorie en 1961 peut simplement indiquer un accroissement récent de cette catégorie). En second lieu, pour cerner le compor- tement selon l'âge, il faut tenir compte du volume de la population totale (active et non active), qui varie d'une classe d'âge à l'autre. Aussi les chiffres d'activés de chaque classe d'âge sont-ils exprimés en pour cent de la population totale de la classe. Ces nombres relatifs forment une mesure plus abstraite mais expriment mieux les profils de comportement.

255

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Graphique IV - Structure d'âge de différentes catégories d'emplois FÉMININS

Unité : dans chaque catégorie, le nombre d'activés de chacune des classes d'âge est exprimé en pour cent de la population féminine totale (active et inactive) de cet âge.

Catégories : Ouvrières : total. Employées : enseignantes, cadres supérieurs, autres. Indépendantes : professions libérales, agriculture, autres. Aidantes : total.

Remarque : pour les Cadres et les Professions libérales, l'échelle est agrandie 10 fois.

Le graphique IV fait apparaître des profils professionnels très différenciés. Les trois grandes catégories de salariées (ouvrières,

256

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

employées, enseignantes) ont en commun une forte concentration aux âges jeunes, suivie d'une brusque chute après 25 ans. Mais ultérieurement, les profils diffèrent. Parmi les enseignantes, la baisse des nombres relatifs s'arrête à 35 ans, ils remontent même légèrement; on assiste vraisemblablement à une reprise de l'activité, une fois que la charge des enfants en bas âge devient moins contrai- gnante; c'est le phénomène qui apparaissait clairement dans les taux français. Ce qui surprend, c'est que la tendance apparaît, certes faiblement, parmi les ouvrières mais nullement parmi les autres employées. Peut-être s'agit-il d'un phénomène de revenus, les revenus plus élevés des ménages des employés n'incitant pas à l'exercice d'une activité rémunérée; peut-être aussi les conditions d'emploi jouent-elles . il serait plus difficile, après 35 ans, de retrou- ver un emploi d'employée qu'un emploi d'ouvrière.

Les profils professionnels des indépendantes sont fort différents. Le nombre relatif d'indépendantes est en hausse constante jusque 45-49 ans, même au delà dans l'agriculture. Le deuxième âge d'activité féminine semble donc se traduire principalement, en Belgique, par l'exercice de professions indépendantes, surtout dans le commerce, les cafés-restaurants et les services.

Il est intéressant de noter le profil de deux catégories hautement qualifiées (cadres supérieurs et professions libérales). Leurs courbes sont beaucoup plus régulières : l'activité se maintient à un âge plus avancé. N'oublions pas cependant que les effectifs de ces deux catégories ne sont guère importants (4.500 et 4.000 pour les totaux tous âges).

C. Conclusion

L'activité féminine est un fait que nos statistiques ne cernent pas avec précision. Malgré le recensement, une assez large incer- titude plane sur le nombre effectif d'activés.

Quoi qu'il en soit, ce nombre a fortement augmenté depuis 1947 et cette évolution ne tient pas à un simple accroissement démographique : c'est le comportement, mesuré par le taux d'acti- vité, qui s'est modifié.

Est-ce à dire que la hausse importante qui s'est produite ait épuisé cette réserve de main-d'œuvre ou, au contraire, peut-on envisager un prolongement de cet apport? Plusieurs éléments appuient la seconde hypothèse.

257

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les comparaisons internationales montrent que les taux belges sont largement dépassés par des pays comme la France ou l'Alle- magne. En particulier, le deuxième âge d'activité des femmes est peu marqué en Belgique; il ne prend de l'extension que parmi les indépendantes, dans le commerce de détail et le secteur des cafés et restaurants. On a vu par ailleurs que dans certains emplois très qualifiés, l'activité féminine se maintient à un âge avancé; aussi le développement, très vraisemblable, des qualifications laisse-t-il présager un nouvel accroissement de l'activité des femmes.

L'évolution de la structure de l'emploi conduit à une con- clusion semblable. L'emploi féminin se développe principalement dans le secteur des employés, dont la demande connaît une forte expansion. En outre, cette demande n'est pas aussi concentrée géographiquement, aussi limitée à certaines régions, que ne l'est la demande d'ouvrières. Dans la mesure où l'offre de travail est conditionnée par la demande locale de travail, un développement et une extension géographique de cette demande peuvent entraîner un accroissement important de l'offre de travail.

IV - Population et travailleurs étrangers

Pour beaucoup de pays d'Europe Occidentale, les travailleurs étrangers ont constitué un apport important à l'offre de travail : la Suisse, la France ou l'Allemagne en sont des exemples typiques. On a vu que la démographie belge, compte tenu de sa structure d'âge, n'impliquait aucun accroissement des forces de travail; aussi était-il logique que la croissance économique fit appel à la main- d'œuvre étrangère.

Dans ce domaine, la Belgique dispose d'un vaste matériau statistique : statistique des immigrations et émigrations selon la nationalité, recensements de la police des étrangers, présentation détaillée des permis de travail. Toutefois, pour de multiples raisons, chacune de ces sources est sujette à caution. Aussi le Recensement Général de la Population est-il particulièrement précieux.

A. La population étrangère en 1947 et en 1961

En 1961, on compte 85.000 étrangers de plus qu'en 1947 : l'accroissement paraît important, puisqu'il représente 23%. De ce

258

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

fait, la proportion d'étrangers dans la population totale passe de4,3% à 4,9%. Mais la portée de cette évolution se modifie, si on la détaille selon Tage et le sexe (tableau XI). Les neuf dixièmes de l'accrois- sement se situent parmi les jeunes, âgés de moins de 15 ans, dont le nombre double. Par contre, les adultes sont pratiquement station- naires et ceci, à travers une réduction des hommes, compensée par un accroissement des femmes. En outre, les âgés sont en forte hausse relative.

TABLEAU XI - Évolution de la population étrangère

1947 1961 Évolution Nombre %

Enfants (0-14 ans) 71.273 150.023 +78.750 +110,5 Adultes (15-64 ans) hommes 172.763 158.707 -14.056 - 8,1

femmes 102.577 119.131 +16.554 + 16,1 Agés (65 ans et +) 21.006 25.625 + 4.619 + 22,0

Total 367.619 453.486 +85.867 + 23,4

On peut en conclure que la population étrangère présente actuellement une composition plus « normale », comportant vrai- semblablement plus de familles complètes. Mais en même temps, on doit constater que le potentiel d'actifs n'a pas bénéficié d'un apport supplémentaire d'étrangers. Or ceci est assez inattendu, par rapport aux informations partielles dont on disposait. Aussi faut-il s'interroger sur la portée de ces chiffres.

L'information fournie par le Recensement présente certes des faiblesses. Certaines catégories d'étrangers sont, en fait, mal couvertes par les recensements, que ce soit le personnel des ambas- sades et des institutions européennes, dont le nombre s'est accru, ou les travailleurs entrés clandestinement, encore que, dans ce cas, les situations soient en général régularisées assez rapidement.

De plus, il ne faut pas oublier les naturalisations (et déclara- tions d'indigénat), qui font diminuer le nombre d'étrangers alors qu'elles constituent un phénomène de stabilisation de l'apport migratoire. Elles se chiffrent à 55.000 pour les quatorze années.

Mais le point le plus discutable est que les recensements donnent seulement la situation à un moment déterminé. Ceci ne présente

259

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

pas d'inconvénients si l'on a à observer un phénomène dont l'évolution se déroule de façon assez continue. Au contraire, dans les cas où le phénomène fluctue fortement d'une année à l'autre, il y a lieu d'examiner si les deux dates, à partir desquelles on se représente l'évolution, ne se situent pas à des phases trop différentes de ces fluctuations.

Or précisément les migrations présentent d'importantes fluc- tuations d'année en année, et celles-ci sont nettement conjonctu- relles. De plus, divers indices indiquent une grande instabilité de la population étrangère. Aussi importe-t-il de caractériser l'évo- lution annuelle des étrangers, pour voir si la comparaison basée sur 1947 et 1961 fournit une image fidèle de la tendance de longue période.

B. Caractérisation de révolution

Le graphique V présente deux estimations visant à situer les deux recensements par rapport à l'évolution annuelle de la popu- lation étrangère :

- la balance migratoire extérieure des étrangers : de 1948 à 1961, les deux importants rectificatifs (personnes parties dont la nouvelle résidence est inconnue et rectificatif du Recensement 1961) sont considérés comme portant totalement sur les étrangers et le

Graphique V - Population étrangère : nombres annuels et soldes migratoires (Estimations)

260

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

second est réparti annuellement au prorata des émigrations; pour 1946 et 1947, les chiffres comprennent également les migrations extérieures des Belges; les chiffres de 1962 et 1963 devront vraisembla- blement être réduits rétrospectivement lors du prochain recen- sement;

- le nombre annuel d'étrangers, estimé à partir des naissances, décès, naturalisations, déclarations d'indigénat et migrations : de 1948 à 1961 deux estimations sont retenues, l'une (A) se fondant sur la donnée intermédiaire de 1954 (Recensement de la Police des Etrangers) dont la valeur est discutable, l'autre (B) l'ignorant; pour 1962 et 1963 il s'agit de l'estimation de l'I. N. S. qui peut sures- timer quelque peu le nombre d'étrangers (6).

Qu'en conclure? Tout d'abord, il est clair que le nombre d'étrangers a fortement augmenté depuis 1961. La conjoncture ascendante a entraîné des hausses importantes, plus importantes même que celles de 1948 et de 1957; la hausse s'est d'ailleurs poursuivie en 1964 (d'après la Police des Etrangers, les étrangers âgés de 12 ans et plus sont passés de 310.594 au 31 mai 1963 à 362.874 au 31 décembre 1964).

Si on met à part cette évolution récente, la confrontation de 1947 et 1961 traduit-elle correctement la tendance qui a marqué les quinze années d'après-guerre ? Elle ne la traduit pas parfaitement, dans la mesure où 1947 se situait vraisemblablement au milieu d'une hausse et que 1961 ne représente que le début d'une remontée. Toutefois, si on retient les deux sommets de la période (1948 et 1958) on obtient un rythme d'évolution très comparable, même légèrement inférieur. Aussi la comparaison des deux recensements semble-t-elle ne pas fausser fortement l'image de la réalité.

Évidemment ces estimations ne tiennent pas compte de la répartition par âge et sexe. L'année 1961 suivait une période de reflux de la main-d'œuvre étrangère; ce reflux pouvait affecter sur- tout les adultes hommes, qui constituent la partie la plus mobile de la population étrangère. Dans cette mesure, la régression de cette catégorie serait étroitement liée au moment conjoncturel.

Peut-être la conclusion finale à retenir porte-t-elle sur ce qui constitue le fondement même des difficultés d'interprétation : la profonde instabilité de la population étrangère. Plusieurs indices

(6) Nous ne pouvons entrer ici dans le dédale des commentaires et réserves qui s'imposeraient; une note séparée y sera consacrée.

261

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

en témoignent. Le solde migratoire paraît se situer à environ 107.000 étrangers; or on sait qu'il y a eu 566.000 entrées d'étrangers pendant les mêmes quatorze années. C'est dire qu'en moyenne, quand 100 étrangers arrivent en Belgique, il y en a en même temps 80 qui quittent le pays.

Autre indice : seulement un tiers des étrangers de 1947 se trouvent encore en Belgique en 1961. Le Recensement indique encore la date d'entrée (par migration ou naissance) en Belgique des étrangers qui s'y trouvent en 1961. Confronté au nombre d'entrées de ces années, le chiffre permet de dire qu'après moins d'un an de séjour, 15% des immigrants (ou des nouveaux-nés de l'année) sont déjà partis; qu'après moins de deux ans, le taux de départ se monte à 32%. Autrement dit, la durée de séjour ne dépasse pas l'an pour 15% d'étrangers, pas deux ans pour 32%.

En conclusion, l'apport de main-d'œuvre étrangère a été fort limité dans l'après-guerre, même si récemment il a été plus impor- tant; il a été marqué par l'instabilité et les aléas conjoncturels. En outre la population étrangère comprend une plus large proportion de femmes et d'enfants.

C. Les travailleurs étrangers L'analyse selon l'âge et le sexe laissait prévoir une diminution

des actifs étrangers, de 1947 à 1961. C'est effectivement ce qui s'est produit, mais avec une ampleur plus grande que ne le suggérait l'analyse de la population. Les travailleurs étrangers sont en baisse de 17%; l'augmentation des étrangères actives ne représente qu'un nombre minime et est relativement moindre que l'accroissement des femmes en âge de travailler. TABLEAU XII - Évolution des actifs et des adultes (15-64 ans) étrangers

Actifs Adultes

1947 1961 Évolution Évolution Nombre % %

Hommes 161.935 134.008 -27.927 -17,2 - 8,1 Femmes 31.716 35.473 + 3.757 +11,8 +16,1

Total 193.651 169.481 -24.170 -12,5 + 0,9

262

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

La formule (sur base 14-74 ans) précise les composantes de cette évolution :

Actifs = population + structure + taux d'activité + résidu Hommes - 17,2 - 6,0 - 2,1 - 9,8 + 0,7 Femmes +11,8 +17,5 -2,5 -1,1 -2,1 Total -12,5 - 2,2 -2,1 -8,4 +0,2

Du point de vue démographique, la structure d'âge a joué défavorablement; en plus du vieillissement de la population étran- gère, les classes 20-29 ans, parmi les hommes, se sont réduites de moitié.

Mais pour les hommes, la contraction des actifs résulte moins des composantes démographiques que de la baisse du taux d'activité. Alors que ce facteur ne diminuait que de 4,8% pour le total des Belges et des étrangers, il entraîne une réduction de 10% des actifs

TABLEAU XIII - Taux d'activité masculins des étrangers et des Belges

Étrangers Différence Belges (étrangers

1961 par rapport 1947 1961 Évolution aux Belges)

14 ans 26,1 17,4 -33,6 17,6 - 1,1 15-19 ans 72,4 52,6 -27,9 42,7 +23,3 20-24 ans 93,7 80,9 -13,7 82,0 - 1,3

25-29 ans 96,1 92,6 - 3,6 96,8 - 4,3 30-34 ans 96,4 94,1 - 2,4 98,1 - 4,0 35-39 ans 95,8 89,0 - 7,1 97,3 - 8,5 40-44 ans 93,6 86,4 - 7,8 96,3 -10,3 45-49 ans 91,7 85,2 - 7,0 94,4 - 9,8

50-54 ans 88,2 80,6 - 8,6 91,6 -12,0 55-59 ans 84,6 73,3 - 13,4 85,6 - 14,3 60-64 ans 75,9 65,3 -13,9 71,0 - 8,0

65 ans et + 34,4 18,0 - 47,5 9,6 + 87,4

Total (14 et +) 87,8 76,8 -12,5 73,5 + 4,5 Rem. 14-65 ans 90,6 80,9 - 10,7 84,0 - 3,6

263

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

étrangers. Le taux diminue dans toutes les classes d'âge, mais surtout à partir de 35 ans. Les taux d'activité des étrangers devien- nent ainsi nettement inférieurs à ceux des Belges. Ce fait est assez surprenant. Il faudrait l'analyser plus en détail, pour voir dans quelle mesure il y aurait là un contrecoup de la fermeture des charbonnages.

Du côté féminin, le taux d'activité, compte tenu de la structure d'âge, est en légère baisse. Il semble donc que l'augmentation des femmes résulte du fait que des familles complètes arrivent en Belgique, plutôt que de l'arrivée de personnes venant chercher un emploi en Belgique.

D. Uemploi des travailleurs étrangers masculins Le recrutement des travailleurs étrangers fut initialement lié

aux besoins de l'industrie charbonnière; la crise de celle-ci pouvait entraîner une réduction de la main-d'œuvre étrangère. Toutefois, on pouvait s'attendre à ce que de nombreux étrangers essaient de s'installer dans des emplois moins pénibles et rencontrent ainsi le besoin général de main-d'œuvre dans tous les secteurs.

Qu'en est-il? La réduction des effectifs dans les mines est forte, mais elle ne dépasse pas la réduction globale des actifs. La contraction des étrangers affecte aussi les indépendants et les ouvriers de nombreux secteurs. Inversement, les augmentations ne concernent qu'un nombre limité de branches et ne portent que sur des nombres assez restreints de personnes.

Tout se passe donc comme si l'économie belge n'avait guère modifié son appel de travailleurs étrangers, les seules modifications notables jouant dans le sens de la réduction (cas des mineurs et des indépendants). Il faut certes se souvenir que cette analyse s'arrête à la fin 1961 et qu'ultérieurement les étrangers sont venus plus nombreux. Mais, pour l'ensemble de l'économie, décembre 1961 ne constitue nullement un moment de basse conjoncture : le creux de la récession se situe en 1959; au moment du recensement, l'emploi est en hausse depuis deux ans.

L'analyse par secteur confirme donc la conclusion générale, que l'économie belge, dans les quinze années d'après-guerre, n'a que faiblement recouru aux réserves de main-d'œuvre étrangère. La situation paraît se modifier ces dernières années; encore faudra-t- il voir si le mouvement pourra se maintenir, au delà de la phase conjoncturelle ascendante que la Belgique vit depuis 1960.

264

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

TABLEAU XIV - État social et branche d'activité des étrangers (hommes)

1947 1961 Évolution

Patrons 20.549 13.446 - 7.103 Aidants 2.366 2.386 + 20 Employés 14.437 16.258 + 1.821 Ouvriers

Agriculteurs 2.077 886 - 1.191 Ind. extractives Charbon 64.943 38.891 - 26.052

Pierre 2.627 1.676 - 951 Ind. manufacturières Métal 20.579 24.362 + 3.783

Chimie 1.651 1.016 - 635 Miner, non métall. 3.877 4.791 + 914 Alimentation (+ boisson, tabac, huile) 2.135 1.816 - 319 Textile 2.290 1.946 - 344 Confection et cuir 2.294 1.085 - 1.209 Autres 4.079 2.629 - 1.450

Total 36.905 37.645 + 740 Construction 6.662 8.178 + 1.516 Transport 3.252 2.845 - 307 Commerce et Service 4.400 7.123 -f 2.723

Total 120.866 97.244 -23.622

Chômeurs 3.717 4.219 + 502

Total 161.935 134.008 -27.927

V - Conclusion : Les composantes de l'évolution de l'offre DE TRAVAIL

Après avoir analysé successivement l'évolution de la popu- lation active, l'activité masculine et féminine et l'apport des travail- leurs étrangers, il est intéressant de faire la synthèse de l'évolution de l'offre de travail, au point de vue de la nature des phénomènes qui l'ont déterminée. Cette démarche exige un regroupement des divers processus analysés.

En principe, il faudrait distinguer, dans l'évolution globale des actifs des deux sexes :

265

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

- une composante de nature démographique : l'influence du mouvement naturel (natalité et mortalité) de la population d'âge actif (14-74 ans) sur le volume des actifs, compte tenu de l'âge et à taux d'activité constant dans chaque classe; pour la vie écono- mique de la période 1947-1961, ce phénomène constituait une donnée, de nature démographique;

- une composante démo-économique : l'influence des migrations extérieures; bien que les migrations relèvent de l'analyse démo- graphique, elles constituent le plus souvent un phénomène dépendant de la vie économique et de la politique économique;

- une composante socio-économique : l'influence des modi- fications du taux d'activité de chaque catégorie d'âge et de sexe; le comportement d'offreur de travail peut dépendre de nombreux facteurs, tant économiques que sociologiques. En fait, les statistiques ne permettent pas d'isoler exactement

la composante démo-économique. Mais une approche indirecte est possible. À défaut de quantifier l'incidence des migrations extérieures (qui comprennent aussi des Belges), nous mesurerons l'influence de l'évolution de la population étrangère (qui comprend également les étrangers fixés en Belgique) sur le volume des actifs. L'analyse des deux autres composantes portera exclusivement sur la population belge.

De plus, la composante de comportement mériterait d'être fractionnée en fonction des principaux phénomènes qu'elle recouvre : développement de la scolarité, prise anticipée de la retraite, évolu- tion du comportement des adultes, tant masculins que féminins. Comme première approche, nous mesurerons l'incidence de la réduction du taux d'activité qui apparaît dans les classes jeunes et dans les classes âgées, ainsi que l'incidence de la hausse des taux parmi les adultes masculins et féminins. Notons cependant que ces mesures indirectes tendent à sous-estimer les différents phénomènes, dans la mesure où des facteurs de hausse et des facteurs de baisse d'activité jouent simultanément dans une même classe d'âge; il est très possible, par exemple, que les classes féminines jeunes ont connu un développement de la scolarité en même temps qu'un accroissement de la propension à l'exercice d'une activité; l'évolu- tion du taux d'activité ne reflète que le solde des tendances contraires.

Le tableau XV donne une image synthétique des composantes qui ont joué dans l'évolution des actifs, de 1947 à 1961. L'influence de chacune des composantes est mesurée « à l'état pur » : les chiffres

266

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

représentent l'augmentation ou la diminution du nombre d'actifs (en milliers et en pour cent des 3,4 millions d'actifs de 1947) que chaque composante a entraînée isolément, en supposant, chaque fois, que l'influence des autres composantes soit restée constante; aussi faut-il encore tenir compte de leur influence conjointe (le double résidu de la formule d'évolution).

À la base, le mouvement naturel de la population (belge) impliquait un volume d'actifs stationnaire. Certes la population d'âge actif devait augmenter, entraînant un accroissement de 59.000 actifs, mais les évolutions allaient se produire au détriment des classes d'âge où la propension à travailler était la plus élevée; l'évolution de la structure d'âge, à l'intérieur de la population 14-74 ans, devait quasiment neutraliser cet accroissement des actifs (-53.000; au total donc, +6.000 actifs) (7).

TABLEAU XV - Composantes de l'évolution des actifs

Influence Terme

Composante de la Population Age formule en en % des

milliers Actifs 1947

I. démogra- phique p + s belge 14-74 ans + 6,0 +0,2

II. démo-éco- nomique a étrangère 14-74 ans - 24,2 -0,7

III. socio-éco- nomique / belge Jeunes 14-19 ans - 84,8 -2,4

Hommes 20-59 ans 4- 28,6 +0,8 Femmes 20-59 ans +153,8 +4,4 Agés 60-74 ans - 77,1 -2,2 Total 14-74 ans + 20,5 +0,6

Influence con- jointe (I et III) r belge 14-74 ans - 10,0 -0,3

Total a totale 14-74 ans - 7,7 -0,2

Base : formule d'évolution des actifs : a =p + s + t + r (voir section II et Annexe).

(7) En tenant compte de l'évolution conjointe du taux d'activité, on aboutit à une baisse de 10.000 actifs, qui porte essentiellement sur la population féminine : la baisse démographique a plus d'influence quand en même temps le taux d'activité s'accroît.

267

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Face à une telle donnée, la croissance économique, si elle est intense, recoure généralement à la population étrangère pour combler ses pénuries de main-d'œuvre. La Belgique a effectivement eu recours à l'immigration, puisqu'on a enregistré plus d'un demi- million d'entrées d'étrangers; et la population étrangère, par la natalité ou l'immigration, a augmenté de 23% (+ 86.000 personnes). Mais les travailleurs étrangers sont moins nombreux en 1961 qu'en 1947 (- 12,5%, soit - 24.170 actifs). Même en tenant compte des naturalisations et déclarations d'indigénat (55.000 personnes de tout âge), l'accroissement d'actifs issu des pays étrangers, si accroissement il y a, ne peut dépasser 0,5% des actif totaux de 1947.

La réduction des actifs étrangers ne tient pas seulement à une diminution du nombre des hommes adultes. Si la composante démographique, qui tient compte de l'âge et du sexe, tend à une baisse de 8.400 actifs, la réduction du taux d'activité entraîne une baisse de 16.200 actifs. Le taux d'activité des adultes masculins étrangers est devenu sensiblement inférieur à celui des belges.

Pour l'ensemble de la période, l'offre de travail ne s'est donc guère accrue par cette composante démo-économique. Certes, on peut noter que la population étrangère a une composition moins «anormale», qu'elle compte vraisemblablement plus de familles complètes; ce pourrait être un premier pas vers une fixation durable de cette population en Belgique; cependant aucun indice ne fait penser que la très grande instabilité de la population étrangère se soit réduite.

Ce sont les diverses composantes socio-économiques qui ont exercé les plus fortes influences sur la variation de la population active. L'extension de la scolarité, même si elle constitue potentielle- ment un dévoloppement qualitatif de l'offre, a dû réduire, dans l'im- médiat, le volume de la population active d'au moins 2,4%. Une ana- lyse plus détaillée, qui mesurerait directement les effectifs scolaires, aboutirait certainement à un chiffre plus élevé (8).

La réduction de l'activité au delà de 60 ans a fait baisser la population active d'environ 2,2%, peut-être légèrement plus.

Du côté des adultes masculins, on a noté un léger relèvement des taux d'activité. Comparativement aux autres composantes, le phénomène ne paraît pas négligeable. En 1947, les taux d'activité des

(8) La diminution des actifs paraîtrait plus forte pour ce processus et serait contrebalancée par une hausse plus importante de la composante taux d'activité.

268

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

hommes, dès l'âge de 40 ans, étaient assez bas, par rapport à plusieurs pays. Même si les taux des hommes relativement âgés demeurent inférieurs à ceux de la plupart des pays voisins, il y a eu un certain relèvement, probablement en relation avec la réduction du chômage.

Mais cette comparaison des processus fait surtout apparaître l'importance de l'activité féminine; c'est le processus qui a exercé l'influence la plus grande sur l'évolution de l'offre de travail. Il ne relève pas de la démographie, qui, compte tenu de l'âge, aurait réduit le nombre d'activés de 13.600; il provient d'une modifi- cation du comportement à l'égard de l'exercice d'une activité.

Toutefois, cette très grande importance relative ne doit pas faire perdre de vue l'ampleur, malgré tout limitée, de cet accrois- sement de l'offre (+ 4,4%) ni le niveau encore assez bas des taux d'activité féminins, par rapport à des pays comme la France ou l'Allemagne. Divers indices d'ailleurs permettent de croire qu'un accroissement de la demande de travail rencontrerait encore des disponibilités de main-d'œuvre féminine.

Peut-on finalement faire remarquer, avec regret, que cet aspect, le plus important, de l'offre de travail en Belgique, est un des plus mal cernés par nos statistiques, qui présentent des écarts de plus de 15%?

ANNEXE

Formule de révolution de la population active

Symboles utilisés : 1 = 1947 2 = 1961 P = population d'âge actif (14-74 ans) A = population active T = taux d'activité (= A/P) i = classes d'âge (14-15 ans, 15-19 ans,... 65-74 ans).

Étant donné que A = PT, l'évolution de la population active, pour une classe d'âge i, se décompose au départ en trois éléments : Ai2 - Aii = (P¿2 - Pii) Tu (I)

+ (Ti2 - Tu) Pii (H) + (Pi2 - Pii) (Ti2 - Til) (III)

où (I) = influence de l'évolution de la population d'âge actif, à taux d'acti- vité constant;

(II) = influence de la variation du taux d'activité, la population d'âge actif restant constante;

269

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

(ni) = influence conjointe des évolutions de la population adulte et du taux d'activité.

La formule pour toutes les classes d'âges réunies s'obtient en faisant précéder tous les termes de l'équation originale du signe de sommation S.

Le terme (I) incluant à la fois la variation de population active due à l'évolution globale de la population adulte, et la variation due aux modifi- cations de la structure d'âge de cette population, il importe de pouvoir le décomposer.

Faire l'hypothèse que la structure d'âge ne s'est pas modifiée revient à supposer que chaque classe d'âge a varié dans la même proportion que la population adulte totale.

Dans ce cas, pour tout i, P<2=a Pu, où a, facteur constant pour toutes les SPi2

classes d'âge, égale =-r - 2i P<1

La variation de population active due à l'évolution globale de la popu- lation adulte (à structure d'âge et taux d'activité constants) s'écrit dans ce cas :

S(aPii-Pa)Ta= (a-l)SPuTu

= (a-l)SAm (10

L'influence de la modification de la structure d'âge s'écrit (1) : S (P<2 - aP<i) Ti = S Pi2 Tu - aS An (I'O

Les termes (II) de l'équation originale exprimant l'influence de la variation du taux d'activité, demeurent inchangés, soit :

S (Ti2 - Tu) Pu, ou encore

SPüTí2 -S Au (U0

Le terme résiduel (lu) de l'équation originale peut (facultativement) se décomposer en

S(T<2-Tii)[Pi(a-l)]

= (a - 1) (S Pu Ti2 - S Au) (IIIO

et S (Ti2 - Tu) (Pi2 - a Pu)

= S Ai2 - a S Pu Ti2 - (S Pi2 Tu - a S A«) (III' 0

La formule finale exprime donc l'évolution de la population active comme la somme algébrique de 4 ou 5 composantes, selon qu'on a décomposé ou non le terme résiduel.

En divisant tous les termes de l'équation par 2 Au, on obtient le résultat en taux d'accroissement par rapport à la population active de l'année de base.

Í1) On vérifie aisément que (10 + (T) égale bien le terme (I) de l'équation originale.

270

This content downloaded from 193.105.245.35 on Sat, 28 Jun 2014 08:46:28 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions