La mobilité géographique et l’insertion professionnelle des

jeunes docteurs au Québec

Frédéric Deschenaux, Ph.D.Professeur

Le cheminement dans le système scolaire québécois

Source: MELS, 2005

Une minorité négligée?

Traditionnellement, lorsqu’il est question de l’insertion professionnelle, les diplômés du doctorat ne sont pas souvent étudiés.

Pourtant, l’effectif étudiant au doctorat est en croissance depuis 1999.

De plus, les conditions de travail se sont détériorées pour les titulaires d’un doctorat.

Augmentation des effectifs

Source: MELS, 2005

Effectif étudiant inscrit au doctorat au trimestre d'automne

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2000

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1999 2000 2001 2002 2003 2004

Années

Nombre

Augmentation des effectifs

Source: MELS, 2005

Effectif étudiant inscrit au trimestre d'automne à un programme d'études menant au doctorat, selon le domaine d'études Domaines 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Écart

Arts 186 200 209 237 278 310 124 Lettres 665 607 583 579 601 630 -35 Sciences de l'administration 463 494 508 558 623 695 232 Droit 108 109 110 120 127 153 45 Sciences de l'éducation 560 558 504 526 553 565 5 Sciences humaines 2746 2721 2685 2749 2989 3251 505 Sciences pures 1347 1351 1355 1408 1522 1641 294 Sciences appliquées 1446 1389 1446 1711 2020 2304 858 Sciences de la santé 1041 1114 1149 1246 1353 1447 406 Autres 117 110 110 146 176 178 61 Total 8679 8653 8659 9280 10242 11174 2495

Provenance des données

Les données de cette communication proviennent de deux sources distinctes, en raison de la rareté des études sur les jeunes docteurs au Québec.

Les données sur l’insertion professionnelle sont tirées des enquêtes Relances du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.

Les données sur la mobilité géographiques sont tirées d’un sondage auprès de 5998 jeunes de 20 à 34.

Les données sont pondérées selon l’âge, le genre, la langue et la scolarité à partir des données de l’Institut de la statistique du Québec.

50 diplômés de doctorat composent l’échantillon, ce qui respecte la proportion du 0,8% de la population détenant un doctorat.

L’insertion professionnelle des diplômés du doctorat au Québec

L’emploi après les études

Taux de placement

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1987 1990 1992 1999 2005

Année de diplomation

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)

Taux de placement

Taux de placement dans un emploi à temps plein

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20

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50

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90

100

1987 1990 1992 1999 2005

Année de diplomation

Tau

x d

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lace

men

t (%

)

Taux de placement

Taux d'emploi à temps plein

Taux de placement des titulaires de doctorat, deux ans après la diplomation

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60

70

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1987 1990 1992 1999 2005

Année de diplomation

Tau

x d

e p

lac

em

en

t (%

) Taux de placement

Taux d'emploi à temps plein

Taux d'emploi à temps plein,lié au domaine d'études etpermanent

Source: Audet (1997); MEQ (2001) et Girard, Michel et Sylvain (2006)

20,6 % de stagiaires

postdoctoraux

Le revenu hebdomadaire moyen

Salaire hebdomadaire moyen

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200

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1987 1990 1992 1999 2005

Année de diplomation

Sal

aire

($)

Salaire hebdomadairemoyen, dollars courants

Salaire hebdomadaire moyen

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200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1987 1990 1992 1999 2005

Années de diplomation

Sal

aire

($)

Salaire hebdomadairemoyen, dollars courants

Salaire hebdomadairemoyen, dollars constants de2005

Hausse de 30,9

%

Baisse de 15,7 %

Source: Audet (1997); MEQ (2001) et Girard, Michel et Sylvain (2006)

Le placement au regard du domaine d’études

Domaines 1987 1990 1992 1999 2005 Écart

Sciences de la santé 100,0 100,0 95,0 77,1 54,2 -45,8 Sciences mathématiques et physiques 100,0 96,2 92,1 88,7 58,6 -41,4 Sciences biologiques et agronomiques 95,4 96,2 92,1 88,8 58,6 -36,8 Sciences appliquées 100,0 100,0 90,4 88,7 64,0 -36,0 Sciences humaines 97,3 93,4 99,2 83,0 75,0 -22,3 Sciences de l'éducation 96,4 100,0 97,3 94,1 90,6 -5,8 Lettres et langues 100,0 100,0 100,0 84,1 77,8 -22,2

Source: Audet (1997); MEQ (2001) et Girard, Michel et Sylvain (2006)

Que retenir?

Les conditions d’insertion professionnelle des docteurs se dégradent.Taux de placement en baisse, de plus en plus de docteurs continuent leurs parcours au post-doctorat.Inflation des diplômes?Passeron (1982) a été l’un des premiers à décrire ce phénomène de « dévaluation produit par l’accroissement des effectifs scolarisés sur la « valeur » du diplôme » (p.551).Il mentionne également que « la logique de l’inflation impose globalement des stratégies de même sens, même si la modalité, l’intensité et surtout les moyens de ces stratégies d’adaptation varient fortement selon les enjeux propres aux différents groupes sociaux » (p.559).Peut-on penser que le post-doctorat est une stratégie d’adaptation à l’inflation des diplômes au doctorat?Pourtant, certains parlent d’une pénurie de docteurs dans plusieurs domaines…

La mobilité géographique des diplômés du doctorat au Québec

Vaste territoire. . .

La région d’origine

La très grande majorité des jeunes docteurs au Québec sont originaires d’une région métropolitaine (59,1 %).

29,0 % sont originaires des régions intermédiaires

1,9 % sont originaires des régions périphériques.

10,0 % proviennent de l’extérieur du Québec.

À peu près les mêmes proportion se répètent quant au lieu de résidence des jeunes docteurs.

Ce constat pose des questions sur l’accessibilité et la démocratisation des études supérieures (Deschenaux et Laflamme, 2007).

Dans les régions métropolitaines, la proximité des universités semble expliquer à la fois la plus forte diplomation des jeunes et la rétention de ces jeunes docteurs pour y occuper un emploi.

Profil de mobilité géographique

Profil Ensemble des 20-34 ans Docteurs de 20-34 ans Non mobiles 37,6 29,1 Mobiles intrarégionaux 9,5 2,8 Mobiles interrégionaux 53,0 68,1 Total 100,0 100,0

Source: GRMJ, 2004-2005

Âge du départ et caractéristique du foyer familial

Les jeunes docteurs ont quitté le domicile familial beaucoup plus tardivement que l’ensemble des jeunes de 20 à 34 ans.

Les jeunes docteurs sont 55,8 %55,8 % à quitter le domicile familial après l’âge de 25 ans par rapport à 12,5 %12,5 % pour l’ensemble des jeunes de 20 à 34 ans.

Ils sont majoritairement partis du domicile familial pour les études universitaires (92,0 %).

La moitié des jeunes docteurs (50,0 %) ont des parents fortement scolarisés (deux parents universitaires). 28,2 % d’entre eux ont des parents faiblement scolarisés.

Perception du marché de l’emploi

Trois jeunes docteurs sur quatre (75,5 %) estiment que la situation économique est difficile.

Ils sont toutefois très confiants de toujours avoir un emploi malgré les conditions (97,3 %).

La très grande majorité (94,1 %) se disent satisfaits de leurs conditions de travail.

Plusieurs d’entre eux (44,2 %) mentionnent que leurs contacts personnels les ont grandement aidé pour se trouver un emploi.

Un peu plus de huit jeunes docteurs sur dix (87,4 %) estiment que leur personnalité a joué un rôle important dans l’obtention de leur emploi.

Serait-ce l’illusion de l’improvisation (Bourdieu, 1980)?